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19 Avril 2005
 

Le pape Benoît XVI bien présent dans le dialogue islamo-chrétien

 

Rome, le 31 juillet 2008 - (E.S.M.) - Pas de paix mondiale sans paix entre les religions, d’autant plus que chrétiens et musulmans constituent plus de la moitié de la population mondiale. Quelques réflexions autour du contenu doctrinal de la lettre des 138 musulmans et de la réponse de Benoît XVI.

Dieu, c'est Celui qui nous habite,
qui veut habiter au cœur de tous les hommes 
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Le pape Benoît XVI bien présent dans le dialogue islamo-chrétien

UNE PAROLE COMMUNE ENTRE VOUS ET NOUS
P. Roger Michel, du Secrétariat pour les relations avec l'Islam 

Pour rappel : A l’occasion de la Fête de la rupture du Jeûne, le 13 octobre 2007, et du premier anniversaire de la Lettre de 38 savants musulmans au pape Benoît XVI suite à la conférence de Ratisbonne, 138 personnalités musulmanes avaient adressé une Lettre ouverte à Benoît XVI et aux principaux représentants d’Églises chrétiennes. Cette initiative sans précédent a reçu un accueil très favorable de responsables chrétiens. Pour sa part, par l’intermédiaire du cardinal Bertone, secrétaire d’État, le pape Benoît XVI a répondu à cette Lettre le 19 novembre 2007. Le pape y exprime « sa profonde reconnaissance devant ce geste, pour l’esprit positif qui a inspiré ce texte et pour l’appel d’un engagement commun à promouvoir la paix dans le monde ». Il y voit « un fond commun » qui pousse chrétiens et musulmans à baser le dialogue autour de quatre points :

un respect effectif de la dignité de chaque personne ;
une connaissance objective de la religion de l’autre ;
le partage de l’expérience religieuse ;
un engagement commun à promouvoir un respect et une acceptation mutuelle parmi les plus jeunes génération

La Lettre des 138 musulmans est une invitation à « une parole commune » entre chrétiens et musulmans, sur la base d’un verset coranique bien connu (3,64). Elle affirme sans détour : « Conformément au Coran, nous, en tant que musulmans, invitons les chrétiens à s’accorder avec nous sur ce qui nous est commun et qui constitue également l’essentiel de notre foi et de notre pratique : les Deux commandements de l’amour ».Cette invitation pressante et inédite au dialogue rejoint la perspective de l’important discours du pape Jean-Paul II à la jeunesse musulmane (Casablanca, le 19 août 1985). Ce discours appelait déjà chrétiens et musulmans à « un témoignage commun sur le sens de Dieu et sur la dignité de l’homme ».

C’est dans cet esprit de dialogue que nous proposons ici quelques réflexions autour du contenu doctrinal de la lettre des 138 musulmans et de la réponse de Benoît XVI.

1 –L’amour du Dieu unique :

Sur l’Unité divine, la Lettre des 138 musulmans cite la sourate 112 du Coran, intitulée « le culte pur ». Cette sourate brève et lapidaire clôt doctrinalement le recueil coranique (les deux dernières sont des prières sans doute ajoutées). L’unicité divine absolue y est fortement affirmée. En islam, tout ce qui porte atteinte à cette unicité est dénoncé comme de « l’associationisme » (qui s'écrit aussi associationnisme) ( shirk). Historiquement, ce reproche concerne les polythéistes de la Mecque, mais aussi le monothéisme « douteux » des chrétiens. Sur l’amour de Dieu, le Coran dit : « Invoque sans cesse le Nom de ton Seigneur et communie intensément avec Lui » (73, 8). Aimer Dieu, en islam, c’est Lui être totalement dévoué. Non seulement adorer le seul Dieu, mais n’adorer que Dieu Seul. Dans la langue arabe, le mot mahhaba (amour) est employé par la Bible pour nommer Dieu (Dieu est amour, St Jean 4,8). Le Coran emploie des Noms divins équivalents, comme Al-Wadûd, le Très aimant. Sur l’amour du Dieu unique dans la Bible, la Lettre des 138 musulmans se plait à citer l’évangile de Marc (12, 29-31) qui fait précéder les Deux commandements de l’amour par la grande profession de foi juive : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est Un ».

2- L’amour du prochain :

Selon l’enseignement de Jésus, l’amour du prochain est inséparable de l’amour de Dieu : « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là ». C’est un hadîth – une parole attribuée à Mohammed – que cite la Lettre des 138 musulmans pour exprimer l’amour du prochain : « Aucun d’entre vous n’est croyant tant que vous n’aimerez pas pour votre prochain ce que vous aimez pour vous-mêmes ». Par voie de conséquence, « la justice et la liberté de religion sont des aspects centraux de l’amour du prochain ».

Quelques remarques s’imposent ici :

Selon la Lettre des 138 musulmans, la Torah, l’Évangile et le Coran se rejoignent dans la croyance en l’Unité divine révélée par Dieu lui-même. Il ne s’agit pas d’une approche philosophique, mais théologique. La notion de révélation et la nomination de Dieu sont ici des questions à débattre.

Le reproche coranique et traditionnel de trithéisme et d’associationisme à l’encontre des chrétiens est passé sous silence. Toute une littérature polémique semble ainsi abandonnée.

Les Écritures saintes (juive et chrétienne) sont réhabilitées. Elles sont citées abondamment, avec un souci d’exactitude exemplaire. Ici encore, la théorie traditionnelle de la falsification des Écritures antérieures au Coran est de fait abandonnée.

L’islam est présenté comme un rappel de la révélation judéo-chrétienne, non comme une nouveauté qui apporterait « un plus » à cette révélation.

On peut voir en tout cela un saut qualitatif, une étape importante sur le chemin du dialogue islamo-chrétien.

3 – Venez à une parole commune entre vous et nous :

Cette invitation coranique (3, 64), reprise par la Lettre des 138 musulmans, part d’un constat : pas de paix mondiale sans paix entre les religions, d’autant plus que chrétiens et musulmans constituent plus de la moitié de la population mondiale. Elle implique une exigence clairement formulée : musulmans, chrétiens et juifs devraient être libres de suivre leur religion respective, selon ce qui est écrit dans le Coran : « Nulle contrainte en religion » (2, 256). Justice et liberté religieuse sont incluses dans l’amour du prochain. La réponse du pape Benoît XVI insiste sur une éthique à promouvoir ensemble : « La vie de tout être humain est sacrée, pour les chrétiens comme pour les musulmans. Il y a de nombreuses choses à faire ensemble au service des valeurs morales fondamentales ». Il nous semble que ces questions d’ordre anthropologique nous invitent à approfondir le rapport de l’homme à Dieu et à son semblable. En islam, l’homme est institué « calife de Dieu », son lieu-tenant sur la terre ; en christianisme, l’homme est créé à « l’image de Dieu ». Les deux notions sont voisines et complémentaires ; elles fondent une éthique de responsabilité sur laquelle nous pourrions nous entendre. L’invitation à « une parole commune » comporte un versant théologique sur le sens de Dieu et un versant anthropologique sur la dignité de l’homme. Explorer ces deux versants, c’est découvrir au sommet l’amour du Dieu unique et l’amour du prochain si fortement soulignés dans la lettre des 138 musulmans.

4 – Regarder ce qui nous unit :

Dans sa réponse à cette lettre ouverte, le pape Benoît XVI déclare : « Sans ignorer ou minimiser nos différences entre chrétiens et musulmans, nous pouvons, et même nous devons regarder ce qui nous unit : la croyance en un seul Dieu, Créateur bienveillant et Juge universel qui, à la fin des temps, regardera chaque personne en fonction de ses actions. Nous sommes tous appelés à nous engager totalement envers lui et à obéir à sa volonté ». En cette déclaration se trouve le fondement d’un dialogue théologique possible entre chrétiens et musulmans. Pour en saisir toute la portée, il faut se reporter à la sourate 5 du Coran. Chronologiquement, c’est la dernière révélée. Sur fond de polémique contre les Gens de l’Ecriture (Juifs et Chrétiens), elle comporte aussi, par contraste, les versets les plus ouverts à ceux qui ne sont pas musulmans (cf. Le Festin - Une lecture de la sourate Al-Mâ’ida - par Michel Cuypers, éd. Lethielleux, Paris, 2007, pp 242 – 246). Le verset 69 de cette sourate, selon l’analyse rhétorique, fait partie des versets essentiels, par opposition à ceux qui sont circonstanciels :5, 69

a) Certes, ceux qui croient
b) et ceux qui pratiquent - le - judaïsme et les sabéens et les chrétiens
c) et quiconque croit en Dieu et au dernier Jour
d) et fait œuvre bonne
e) il n’y a pas de crainte sur eux
f) et ils ne seront pas affligés

Le deuxième segment, 69 c et d, énonce les conditions générales du salut : la foi en Dieu et au dernier jour d’une part, les œuvres bonnes d’autre part. Selon les plus grands penseurs musulmans, tel le réformiste Mohammed Abduh (m.1905), l’unicité de Dieu, la croyance au jugement dernier, l’action comme mesure du mérite humain sont les dogmes essentiels qui font le cœur de la foi islamique. La déclaration de Benoît XVI rejoint donc l’essentiel du dogme musulman. On touche ici au « fond commun » qui unit chrétiens et musulmans. Le concile Vatican II le disait à sa manière : « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d’Abraham et adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour » (Lumen Gentium 16).

5 – Où situer la différence entre foi musulmane et foi chrétienne ?

En Islam comme en Christianisme, une profession de foi explicite caractérise la différence islamo-chrétienne. Dans un cas comme dans l’autre, cette profession de foi a la même structure littéraire, que l’analyse rhétorique désigne sous le terme de symétrie complémentaire.

1 – La shahâda :

Cette profession de foi est la condition sine qua non pour être musulman. Elle est formulée ainsi :

Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité sinon Dieu
Et je témoigne que Mohammed est l’envoyé de Dieu.
Selon cet énoncé, le musulman se définit comme témoin de l’unicité divine absolue. Mohammed n’est que le transmetteur du message coranique considéré comme la parole même de Dieu.

2 – L’évangile de Jean 17,3 :

Cet évangile contient un verset qui exprime la foi chrétienne, formulé, lui aussi, en terme de symétrie complémentaire :

La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu
Et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

Selon cet énoncé, le chrétien entre dans la connaissance de Dieu qui est vie éternelle dès ici-bas, grâce au Christ. Dans son discours à Casablanca, le pape Jean-Paul II explicite ainsi cet énoncé : « La loyauté exige aussi que nous reconnaissions et respections nos différences. La plus fondamentale est évidemment le regard que nous portons sur la personne et l’œuvre de Jésus de Nazareth. Vous savez que, pour les chrétiens, ce Jésus les fait entrer dans une connaissance intime du mystère de Dieu et dans une communion filiale à ses dons, si bien qu’ils le reconnaissent et le proclament Seigneur et Sauveur ». On peut en conclure que la différence entre foi musulmane et foi chrétienne concerne le statut accordé à l’ Envoyé de Dieu. Un Imam l’exprime en ces termes : « Pour nous, musulmans, la naissance de Jésus est un événement très important qui est souligné à plusieurs reprises dans le Coran. Nous avons un grand respect pour Jésus, mais nous ne célébrons pas sa naissance, de la même manière que nous ne célébrons pas celle de Mahomet. Pour nous, Jésus et Mahomet ont le même statut, ce sont deux grands prophètes qui ont révélé la parole d’Allah ». Nous touchons ici à ce qui fait la singularité de la foi musulmane et de la foi chrétienne. En islam, pourrait-on dire, c’est le Message divin qui compte, et non pas le messager ; par contre, en christianisme, le message divin est identique au Messager.

Chrétiens et musulmans ont sans doute beaucoup de choses à se dire sur ce chapitre qui concerne la prophétologie et la christologie. Dans sa réponse à la Lettre des 138 musulmans, le pape Benoît XVI souligne l’attention qui y est donnée au double commandement de l’amour, comme en écho à son encyclique Deus Caritas est. Cette convergence de fond pose des questions aux chrétiens comme aux musulmans.

En quel Dieu croyons-nous ? Que signifie l’Unique dans nos vies ?
Quel est le sens de la destinée humaine ? Comment comprendre la croyance au Jugement dernier ?
Quelle est l’articulation entre la foi et les œuvres ? Comment la responsabilité humaine y est-elle engagée ?

Il est à souhaiter que le dialogue amorcé au plus haut niveau soit mis en œuvre en tous lieux où chrétiens et musulmans sont appelés à se rencontrer et à collaborer au service de tous.

Liens utiles :
Les musulmans attendent une réponse adaptée du pape Benoît XVI : (ici)
Les 100 signataires :
Lettre ouverte à sa sainteté Benoît XVI
Les raisons qui séparent le pape Benoît XVI des musulmans :
(ici)
Quel est en revanche le dialogue avec l’islam voulu par Benoît XVI ? (ici)
Quand les turbans iraniens rendent hommage au pape : (ici)
Les relations entre chrétiens et musulmans : (ici)
Le pape fait peur parce qu’il propose un vrai dialogue universel : (ici)
Le cardinal Jean-LouisTauran satisfait de la première rencontre avec les musulmans :
(ici)
 

Sources :  AMITIÉ MISSIONNAIRE - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 31.07.08 - T/Œcuménisme

 

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