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Benoît XVI dénonce les éternelles
rengaines visant à affaiblir l'Église
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Le 29 décembre 2024 -
E.S.M.
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Dans cet extrait d'un entretien de Peter Seewald avec le
Cardinal Ratzinger/Benoît XVI, le Saint-Père insiste sur le fait
qu'il ne s’agit pas d’intimider les gens ; mais nous ne devons pas
non plus leur cacher le danger auquel ils sont confrontés et dont
ils ne peuvent être sauvés que par le Seigneur Jésus.
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Le ciel et la terre passeront, mais mes Paroles
ne passeront point
(Luc 21-33) -
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Le chapitre qui suit est le prolongement d'un entretien de Peter Seewald avec
le Cardinal Ratzinger/Benoît XVI, alors préfet de
la congrégation pour la doctrine de la foi et traduit de
l'allemand par Nicole Cazanova
Pages précédentes:
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Appartenir à l'Église a t'il encore un sens ?
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Le bien de l'Église est plus important que ses biens
1) Les leitmotivs de la critique
Question : A propos des
critiques que l'on adresse à l'Église, vous avez
parlé un jour du « canon classique des questions » : ordination des femmes, contraception,
célibat, remariage des divorcés... Cette énumération des points critiques date
de 1984. Le référendum sur des sujets concernant le christianisme, organisé
en 1995 en Autriche, en Allemagne et en Suisse, montre
que ce canon n'a pas changé d'un iota. La discussion semble tourner en rond
et se fatiguer. Peut-être certains éclaircissements aideraient-ils à
avancer. Il me semble que bien des gens ne savent pas de quoi il s'agit
exactement quand ils parlent de la papauté ou du sacerdoce, qu'ils ne
connaissent pas la signification de ces concepts.
Le
Cardinal Ratzinger/Benoît XVI : Je
soulignerais encore une fois que ce sont là certainement de vrais problèmes,
mais je crois que nous nous égarons quand nous les élevons au rang de
questions clés et que nous en faisons l'unique sujet de la chrétienté. Un
argument très simple (que d'ailleurs
Johann Baptist
Metz a
exprimé dans un article sur les référendums religieux) s'élève contre cette
façon de voir : ces problèmes sont résolus dans le protestantisme qui a
suivi en cela un autre chemin. Il est cependant notoire qu'il n'a pas trouvé
ainsi la meilleure manière d'être chrétien dans le monde d'aujourd'hui et
que la problématique du christianisme, la difficulté d'être chrétien, est
pour lui tout aussi dramatique qu'auparavant. Metz, si je me souviens bien,
a demandé pourquoi nous devrions faire de nous un double de la chrétienté
protestante. Il est bon, dit-il, que l'expérience ait été faite. Car il
s'avère que ce n'est pas cela, ce ne sont pas ces problèmes qui pourraient
causer aujourd'hui l'échec du christianisme. Que la solution de ces choses
ne rend pas l'Évangile plus attrayant ni l'existence du chrétien plus
facile, et ne parvient même pas à obtenir cet accord qui rétablirait la
cohésion de l'Église. Je crois qu'il faudrait comprendre une fois pour
toutes que ce ne sont définitivement pas de ces problèmes dont souffre
l'Église.
2) Le dogme de l'infaillibilité
Alors commençons, s'il vous plaît, par un point sur lequel les protestants
ont tranché depuis très longtemps déjà, le dogme de l'infaillibilité. Que
signifie ce dogme réellement ? Est-il bien ou mal interprété si l'on
considère que tout ce que dit le Saint-Père est automatiquement sacré et
juste ? Je voudrais poser cette question en abordant ces leitmotives de la
critique, parce qu'elle touche visiblement les gens, pour quelque raison que
ce soit.
Vous venez déjà de dénoncer une erreur. Ce dogme
ne signifie effectivement pas que le pape est infaillible dans tout ce qu'il
dit. Il signifie tout simplement ceci : qu'il existe dans le christianisme,
du moins selon la foi catholique, une ultime instance de décision.
Pour
qu'en fin de compte on puisse décider absolument sur les questions
essentielles et que nous puissions être sûrs que l'héritage du Christ est
interprété avec exactitude. Sous une forme quelconque, ce caractère absolu
est présent dans toute communauté de foi chrétienne, mais il ne se rapporte
précisément pas au pape.
Pour l'Église orthodoxe aussi, il est clair que les décisions du concile
sont infaillibles, en ce sens que je peux leur faire confiance quand elles
affirment : ici, l'héritage du Christ est bien interprété, c'est notre foi
commune. Chacun ne doit pas pour ainsi dire distiller à nouveau cet héritage
et l'extraire de la Bible, mais à l'Église est donnée la possibilité d'une
certitude commune. La différence avec l'orthodoxie, c'est seulement que le
christianisme romain reconnaît une autre instance, outre le concile
œcuménique, qui soit capable de donner cette assurance : le successeur de
saint Pierre. Le pape est naturellement tenu à des conditions qui
garantissent — et l'engagent en outre très profondément — qu'il ne décidera
pas selon sa conscience subjective, mais dans la grande communauté de la
tradition.
Il a toutefois fallu très longtemps pour trouver cette
solution.
Il y a eu aussi des conciles avant l'existence
d'une théorie des conciles. Les Pères du concile de Nicée, en 325, le
premier concile, ne savaient pas ce qu'est un concile, c'était l'empereur
qui l'avait réuni. Malgré tout, ils comprenaient déjà qu'ils n'avaient pas
parlé seulement eux-mêmes, mais qu'ils pouvaient dire (ce que dit aussi le
concile des Apôtres) : «
L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé...»
(Actes des Apôtres, XV, 28), c'est-à-dire : le Saint-Esprit a décidé avec
nous, à travers nous. Le concile de Nicée parle ensuite de trois primats
qu'il y a dans l'Église, Rome, Antioche et Alexandrie. Il nomme ainsi des
instances de contrôle, rattachées toutes les trois à la tradition de saint
Pierre. Rome et Antioche sont les sièges épiscopaux de saint Pierre,
Alexandrie, siège épiscopal de saint Marc, fut reliée également à la
tradition de Pierre pour former cette triade.
Les évêques de Rome ont su très tôt et très clairement qu'ils restaient dans
la tradition de saint Pierre et qu'ils avaient aussi, en même temps que la
responsabilité, la promesse qui les aide à l'assumer. C'est devenu très net
durant la crise arienne, quand Rome était la seule instance capable de tenir
tête à l'empereur. L'évêque de Rome, qui naturellement doit écouter
l'ensemble de l'Église et n'est pas lui-même créateur de foi, a une fonction
qui se situe dans la ligne de la promesse faite à Pierre. Dans la réalité,
cela n'a été formulé conceptuellement qu'en 1870.
Peut-être devrait-on encore noter qu'entre-temps on comprend de plus en
plus, même hors de la chrétienté catholique, qu'une instance capable de
maintenir l'unité est nécessaire à l'ensemble. Cela s'est manifesté par
exemple dans le dialogue avec les anglicans. Les anglicans sont prêts à
reconnaître que l'on s'est pour ainsi dire laissé guider par la Providence
en fixant la tradition du primat à Rome, même s'ils ne veulent pas rapporter
directement au pape la promesse faite à Pierre. Dans d'autres parties du
protestantisme aussi, on reconnaît que la chrétienté doit avoir un
porte-parole qui l'incarne en personne. Et dans
l'Eglise orthodoxe aussi, des voix s'élèvent pour s'exprimer de façon
critique sur la dislocation de l'Église en autocéphalies (églises
nationales) et considèrent en revanche comme utile le retour au principe de
Pierre. Ce n'est pas une reconnaissance du dogme romain, mais les
convergences deviennent de plus en plus évidentes.
A suivre ...
3) Mauvaise Nouvelle au lieu de Bonne Nouvelle
4)
Nous sommes le peuple de Dieu
5) Autorité sacrée et amour fraternel
6) Le célibat des prêtres
7) La contraception
8) L'avortement
9) Les divorcés remariés
10) L'ordination des femmes
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Sources :Texte original des pensées du Cardinal J.
Ratzinger-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.12.24
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