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Benoît XVI : Mauvaise Nouvelle ou Bonne
Nouvelle - un tribunal au-dessus de moi
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Le 03 janvier 2025 -
E.S.M.
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Nous poursuivons
l'entretien de Peter Seewald avec le
Cardinal Ratzinger/Benoît XVI,
par une mise en garde.
Celui qui lit l'Évangile voit que le Christ a proclamé la Bonne
Nouvelle, mais qu'elle va de pair avec la nouvelle du tribunal. Il y
a dans l'Évangile, à propos du tribunal, des paroles dramatiques qui
peuvent vous faire frissonner.
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Le jugement dernier (Pierre Paul
Rubens - 1616) -
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Le chapitre qui suit est le prolongement d'un entretien de Peter Seewald avec
le Cardinal Ratzinger/Benoît XVI, alors préfet de
la congrégation pour la doctrine de la foi et traduit de
l'allemand par Nicole Cazanova
Pages précédentes:
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Appartenir à l'Église a t'il encore un sens ?
-
Le bien de l'Église est plus important que ses biens
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Les leitmotivs de la critique
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1) Les leitmotivs de la critique
-
2) Le dogme de l'infaillibilité
3) Mauvaise Nouvelle au lieu de Bonne Nouvelle
La morale traditionnelle de l'Église catholique, dit une critique, se fonde
en réalité sur des sentiments de culpabilité. Elle est avant tout
particulièrement négative quand il s agit de porter un jugement sur la
sexualité. L'Eglise a imposé à l'homme des fardeaux supplémentaires qui
n'ont rien à voir avec la révélation. Maintenant, on en vient à se dire
qu'il ne faut pas fonder plus longtemps la théologie chrétienne sur le péché
et la contrition. Au-delà de la normalisation religieuse, on doit et peut
précisément redécouvrir le mystère de l'expérience vécue religieuse.
Cette opposition simpliste entre Bonne et Mauvaise (ou «
Menaçante ») Nouvelle,
(Froh-Botschaft et Droh-Botschaft) je n'ai à vrai dire jamais pu
vraiment la saisir. Celui qui lit l'Évangile voit que le Christ a proclamé
la Bonne Nouvelle, mais qu'elle va de pair avec la nouvelle du tribunal. Il
y a dans l'Évangile, à propos du tribunal, des paroles dramatiques qui
peuvent vous faire frissonner.
On ne devrait pas passer cela sous silence.
Le Seigneur lui-même ne voit aucune contradiction
entre la nouvelle qu'il existe un tribunal et la nouvelle du
salut, au contraire pour ceux qui sont traités injustement, c'est un
véritable espoir, et dans cette mesure, c'est une bonne nouvelle. Se sent
tout d'abord menacé celui qui compte lui-même parmi les oppresseurs et les voit manifestement aucune contradiction entre la
nouvelle qu'il existe un tribunal et la nouvelle du salut, au contraire.
Qu'il y ait un tribunal, qu'il y ait une justice, en tout cas pour les opprimés,
pour ceux qui sont traités injustement, c'est un véritable espoir, et dans
cette mesure, c'est une bonne nouvelle. Se sent tout d'abord menacé celui
qui compte lui-même parmi les oppresseurs et les fauteurs de torts.
Adorno a dit lui aussi qu'il ne pouvait y avoir de justice
que s'il y avait une résurrection des morts, afin que l'injustice passée
soit rétroactivement réparée. Il faut donc qu'il y ait quelque part une
réparation de l'injustice, une victoire du droit ; c'est en tout cas ce que
nous attendons. Le Christ et son tribunal ne sont pas non plus une victoire
du mal, mais II est la victoire du bien : ainsi, le fait que Dieu soit juste
et que ce soit Lui le juge est très profondément une bonne nouvelle. Bien
sûr, cette bonne nouvelle m'impose des devoirs. Mais si je n'y vois qu'une
simple confirmation de ce que je suis, alors elle est au bout du compte sans
signification, elle est quelque part une sorte de narcose. Aussi
devons-nous, en regardant les souffrants et ceux auxquels aucune justice n'a
été accordée, mais qui ont un droit à la justice, nous familiariser de
nouveau avec l'idée de ce tribunal — puis nous résigner à être soumis à ce
critère et essayer de ne pas compter parmi les fauteurs de tort.
Naturellement, il y a dans la nouvelle du tribunal un élément inquiétant, et
cela aussi est bien. Je veux dire que si l'on considère combien de torts ont
causés les détenteurs du pouvoir au Moyen Âge, mais ensuite, en songeant
qu'ils seraient jugés, comme ils ont essayé par de bonnes fondations, par de
bonnes actions, de réparer le mal qu'ils avaient fait, on voit que la
conscience du tribunal était aussi un facteur politique et social. La
conscience que je ne peux pas sortir ainsi tout simplement du monde, que je
dois d'une manière quelconque régler mes dettes, et qu'une menace supérieure
pèse même sur les très puissants, était extrêmement salutaire. C'est
concrètement utile à tout le monde.
Cela ne dit pas encore tout. Nous savons par le Christ que ce juge
n'applique pas froidement les articles d'un code, mais qu'il sait faire
grâce et qu'à la fin nous pourrons paraître devant lui sans peur. Mais je
crois que chacun doit trouver intérieurement cet équilibre, sentir
l'existence du
tribunal, reconnaître :
je ne peux pas tout bonnement n'en faire qu'à ma tête, il y a un tribunal
au-dessus de moi — et d'un autre côté ne pas se laisser aller aux scrupules
et à l'angoisse.
C'est, me semble-t-il, suivant cette ligne que l'Église et le pastorat
doivent parler
du tribunal. L'Église doit pouvoir aussi menacer les
puissants, elle doit aussi devant ceux qui gâchent leur vie, l'emploient
mal, la détruisent eux-mêmes, pouvoir se présenter avec une attitude
menaçante, au nom du droit et du bien et de leur véritable bien-être, de
leur vrai bonheur. Mais elle ne doit pas devenir une puissance qui inspire
la crainte, elle doit aussi savoir à qui elle parle. Il y a des âmes
sensibles, presque malades déjà, que l'on précipite rapidement dans la peur.
On doit écarter d'elles les images effrayantes, dans ces âmes-là il faut de
toutes nos forces faire briller la parole de la grâce. Et il y a des gens à
la peau épaisse sur lesquels il faut littéralement cogner. Je crois que tout
cela va ensemble, mais de telle manière que le tribunal soit aussi une bonne
nouvelle, parce qu'il nous donne une certitude :
le monde est juste, et le bien est victorieux.
(Le mot tribunal est utilisé 13 fois dans ce texte)
Pour compléter votre information quand vous en
aurez le temps :
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Nous vous proposons ci-dessous la lecture intégrale du livre de Joseph Ratzinger/Pape Benoît
XVI
Cet ouvrage est considéré comme
l'une des œuvres majeures de la théologie du XXe siècle. En 2000, le
cardinal Ratzinger lui a donné une longue et substantielle préface ;
une excellente introduction aux grandes lignes de fonds de sa pensée
théologique et philosophique. LIRE le
livre, table des matières et chapitres, 250 p. :
LIRE ►
La Foi Chrétienne Hier et Aujourd'hui de Joseph Ratzinger /
Benoît XVI
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A suivre ...
4)
Nous sommes le peuple de Dieu
5) Autorité sacrée et amour fraternel
6) Le célibat des prêtres
7) La contraception
8) L'avortement
9) Les divorcés remariés
10) L'ordination des femmes
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Sources :Texte original des pensées du Cardinal J.
Ratzinger-
E.S.M.
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constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.01.2025
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