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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : La genèse et la structure du symbole des apôtres

Le 28 février  2023 - (E.S.M.) - A la vue des traces humaines du texte de la profession de foi, on pourrait demander s'il est bien à propos de le prendre comme fil conducteur pour une introduction aux vérités fondamentales de la foi chrétienne. N'est-ce pas s'engager sur un terrain très équivoque ?

Le Concile de Florence - Pour agrandir l'image ► Cliquer   

 

Benoît XVI : LE VISAGE ECCLÉSIAL DE LA FOI

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REMARQUE PRÉLIMINAIRE SUR LA GENÈSE ET LA STRUCTURE DU SYMBOLE DES APOTRES 16

    Jusqu'à présent, nous en sommes restés à la question formelle de la foi en général ; nous avons étudié son point d'insertion possible dans la pensée moderne et son rôle. Les questions relatives à son contenu sont forcément restées ouvertes et peut-être l'ensemble apparaît-il encore trop pâle et trop imprécis. Pour trouver les réponses, il faudra analyser la foi chrétienne dans sa forme concrète, que nous examinerons maintenant à l'aide du Symbole des Apôtres, qui nous servira de fil conducteur. Il sera utile de donner d'abord quelques dates concernant son origine et sa structure. Cela permettra en même temps de souligner le bien-fondé de notre façon de procéder. La structure générale de notre Symbole s'est constituée au cours des IIe et IIIe siècles, en connexion avec la cérémonie du baptême. Pour ce qui est de son origine géographique, nous sommes en présence d'un texte romain. Quant au milieu vital, où il a pris naissance, il s'agit du culte et plus précisément de la célébration du baptême. La forme fondamentale de ce sacrement est inspirée à son tour par les paroles de Jésus ressuscité, rapportées en Matthieu 28, 19 : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Trois questions, conformément à ce texte, sont posées au néophyte : « Crois-tu en Dieu, le Père tout-Puissant ? Crois-tu en Jésus-Christ, le Fils de Dieu... ? Crois-tu au Saint-Esprit...17 ? » Le néophyte répond à chacune de ces trois questions : « Je crois » et chaque fois on le plonge dans l'eau. La plus ancienne forme du Symbole est constituée par un dialogue en trois parties, avec question et réponse, intégré à la célébration du baptême.  

    Probablement dès le IIe, mais surtout au IIIe siècle, cette formule toute simple, calquée sur le texte de Matthieu, reçoit des ajouts en sa partie centrale, concernant le Christ. Il s'agissait de ce qui était spécifiquement chrétien ; c'était le moment de dire en résumé, dans ce cadre, ce que le Christ représente pour le chrétien. De même, la troisième partie, celle relative au Saint-Esprit, au présent et à l'avenir de la réalité chrétienne, fut explicitée et développée. Au IVe siècle, nous trouvons un texte continu, débarrassé du schéma question-réponse. Le fait d'une rédaction encore en langue grecque laisse supposer qu'il date du IIIe siècle, car au IVe siècle à Rome, le latin avait passé définitivement dans la liturgie. Une traduction latine parut bientôt. En vertu de la position particulière dont l'Église de Rome jouissait dans tout l'Occident, la profession de foi baptismale romaine (appelée symbolum = symbole) se répandit rapidement dans tout le territoire de langue latine. Cela entraîna encore une série de légères modifications du texte. Finalement, Charlemagne imposa pour tout son empire un texte - sur la base du vieux texte romain - qui avait reçu sa forme définitive en Gaule. Ce texte fut adopté à Rome au IVe siècle. Dès le Ve siècle, peut-être déjà au IVe, s'était créée la légende de l'origine apostolique du symbole, et bientôt (probablement encore au Ve siècle) on en vint à attribuer à chacun des Apôtres la composition de l'un des douze articles, que l'on distinguait désormais dans l'ensemble du symbole.

    Ce symbole romain resta inconnu en Orient. Grande fut la surprise des représentants romains au concile de Florence (XVe siècle) lorsqu'ils apprirent des Grecs que ce fameux symbole, attribué aux Apôtres, leur était inconnu. L'Orient en effet n'avait jamais élaboré un symbole uniforme, pour la bonne raison que chez eux aucune Église particulière ne jouissait d'une position comparable à celle de Rome en Occident, comme siège apostolique unique en terre occidentale. L'Orient resta toujours caractérisé par la pluralité des symboles, dont le genre théologique s'écartait un peu du symbole romain. Le Credo romain (et par suite le Credo occidental tout court) met davantage l'accent sur l'histoire du salut, sur l'élément christologique. Il se concentre pour ainsi dire à l'intérieur de la positivité de l'histoire chrétienne ; il accepte simplement le fait de l'incarnation de Dieu pour notre salut, sans se préoccuper des causes de cet événement, sans en chercher la connexion avec l'ensemble de l'histoire. L'Orient, en revanche, a toujours essayé de comprendre la foi chrétienne dans une perspective cosmo-métaphysique. On le voit dans les différentes confessions de foi, où la christologie est toujours mise en relation avec la doctrine de la création, en sorte que cet événement unique de l'histoire et le fait permanent et universel de la création se trouvent intimement liés. Plus tard, nous verrons comment cette vue élargie reçoit aujourd'hui, grâce à l'impulsion des œuvres de Teilhard de Chardin, un écho toujours croissant dans la conscience occidentale.

LIMITE ET IMPORTANCE DU TEXTE

    Cette esquisse à gros traits de l'histoire du symbole appelle peut-être une explication complémentaire. Car ce coup d'œil rapide sur la genèse du texte fait apparaître toute la tension de l'histoire de l'Église du premier millénaire, sa splendeur et sa misère. A mon avis, cet aspect a également son importance pour la foi chrétienne elle-même, il découvre sa physionomie spirituelle. D'abord, le symbole exprime par de-là toutes les divisions et toutes les tensions, la foi commune en la Trinité. Il est la réponse à l'appel de Jésus de Nazareth : « De toutes les nations faites des disciples et baptisez-les ». En Lui, il reconnaît la proximité de Dieu et le véritable avenir de l'homme. Mais il marque aussi les origines de la division entre l'Orient et l'Occident; on y perçoit la position privilégiée qui revient à Rome, en tant que chef-lieu de tradition apostolique, et la tension qui en résulta pour l'Église tout entière. Finalement ce texte reflète encore l'uniformisation de l'Église occidentale, due à la politique, l'aliénation de la foi, utilisée comme moyen d'unification de l'empire. A travers ce texte, proposé comme « romain » et imposé de l'extérieur à Rome sous cette forme, nous découvrons toute la détresse de la foi, acculée à la sauvegarde de son autonomie, au milieu des intérêts de la politique. Le sort de ce texte nous montre à quel point la réponse à l'appel venu de la Galilée a été mêlée, au cours de sa réalisation historique, à toutes sortes de côtés humains, aux intérêts particuliers d'une région, à des dissensions parmi les appelés à l'unité, aux intrigues des puissants de ce monde. Il importe, à mon sens, d'en prendre conscience, car cela aussi fait partie de la réalité de la foi dans le monde ; il importe de constater que le saut audacieux, exigé par la foi, ne s'effectue que dans les mesquineries humaines. Au moment même où il accomplit pour ainsi dire son exploit le plus grandiose, le saut par-delà l'ombre de son être vers le Sens qui le porte, à ce moment-là l'homme n'est pas pure grandeur et noblesse ; là encore son action trahit les oppositions de son être, misérable dans sa grandeur et cependant toujours grand dans sa misère. Ainsi apparaît un aspect central de la foi : elle implique et doit impliquer le pardon ; elle veut amener l'homme à reconnaître qu'il ne peut se réaliser qu'en recevant le pardon et en l'accordant aux autres ; qu'il a besoin de ce pardon, même pour ses actions les plus belles et les plus pures. A la vue des traces humaines du texte de la profession de foi, on pourrait demander s'il est bien à propos de le prendre comme fil conducteur pour une introduction aux vérités fondamentales de la foi chrétienne. N'est-ce pas s'engager sur un terrain très équivoque ? La question doit se poser. Mais un examen approfondi fera voir que, en dépit de ses avatars historiques, cette profession reste pour l'essentiel le fidèle écho de la foi de l'Église primitive et représente fidèlement le noyau de la Bonne Nouvelle. Les différences, relevées plus haut, entre l'Orient et l'Occident ne sont que des différences d'une accentuation théologique et non de profession de foi. En tout état de cause, dans cet essai d'interprétation, nous centrerons sans cesse l'ensemble sur le Nouveau Testament et l'expliquerons dans son optique.

 CONFESSION DE FOI ET DOGME.

    II nous reste encore à considérer un autre aspect. Dans ce texte, lié par son origine au sacrement du baptême, nous trouvons l'amorce du sens de la « doctrine », de la « confession de foi » dans le christianisme, du sens aussi de ce qu'on appellera plus tard « dogme ». Le Credo, comme nous l'avons vu, consistait en une triple réponse à une triple question, dans le cadre de la célébration du baptême : « Crois-tu en Dieu, en Jésus-Christ, au Saint-Esprit ? » Ajoutons maintenant qu'il représente l'affirmation positive, opposée à la triple renonciation antérieure : « Je renonce à Satan, à sa pompe, à ses œuvres18. » Cela revient à dire que la foi est essentiellement un acte de conversion, un retournement. Le croyant se détourne de l'idolâtrie du visible et du technique, pour se tourner plein de confiance vers l'invisible. Ce mot « Je crois » pourrait être rendu par « Je m'abandonne à..., je donne mon adhésion à... 19 ». De par son caractère de profession de foi, de par son origine, la foi n'est pas une récitation de leçons, ni une acceptation de théories relatives à des choses dont on ignore tout mais que l'on professe avec d'autant plus d'assurance ; elle est l'expression d'une mutation existentielle de l'homme. Dans le langage de Heidegger, l'on pourrait dire qu'elle constitue un « tournant » (Kehre) total, qui structure dès lors constamment l'existence de l'homme. Par la triple renonciation et la triple affirmation, par la triple immersion, symbolisation de la mort et de la résurrection à une vie nouvelle, est manifestée clairement la signification de la foi : conversion, tournant de l'existence, retournement de l'être.

    Dans le processus de conversion qui caractérise la foi, le « Je » et le « Nous », le « Je » et le « Tu » s'entrelacent de manière à exprimer toute une image de l'homme. D'une part, cette conversion concerne au plus haut point la personne, dont le caractère singulier et irremplaçable est traduit clairement par le triple « Je crois » et le triple « Je renonce » : c'est mon existence qui doit changer et se transformer. Mais à côté de cet élément éminemment personnel, se trouve également un autre élément : l'option du « Moi » se présente sous la forme d'une réponse à une question ; elle s'exprime dans l'alternance des formules : « Crois-tu ? » -« Je crois ». Cette forme primitive du symbole, en questions et réponses, me paraît être une bien meilleure expression de la structure de la foi que la forme collective ultérieure, se réduisant à « Je ». Quand on essaye, en tâtonnant, de découvrir l'essence de la foi chrétienne, il me semble que, par-delà les textes doctrinaux postérieurs, on devrait voir dans cette forme primitive dialoguée de la foi, son expression la plus pertinente, issue de sa nature même. Cette forme est aussi bien plus adéquate que la forme du pluriel « Nous » créée en Afrique chrétienne et dans les conciles orientaux20. Ce nouveau type de confession de foi n'a plus de rapport avec le processus sacramentel de conversion, de retournement de l'être, il n'est plus enraciné dans le lieu d'origine de la foi. Né de la lutte des évêques réunis en concile pour la défense de la vraie doctrine, il constitue le premier pas vers la forme future du dogme. Il est heureux malgré tout que l'on n'ait pas eu le souci déjà de formuler des dogmes dans ces conciles. La lutte pour la vraie doctrine était une lutte pour l'intégrité de la confession de foi ecclésiale, lutte par le fait même pour assurer la vraie nature de cette conversion, de ce retournement de l'être que signifie l'existence chrétienne.

    Un exemple typique nous en est fourni par la fameuse querelle au sujet de la question : « Qui est, qui était le Christ ? », querelle qui a secoué l'Église aux IVe et Ve siècles. Dans ce débat, il ne s'agissait pas de spéculations métaphysiques ; celles-ci n'auraient pas pu remuer aussi profondément ces deux siècles, intéresser jusqu'aux plus simples. Le problème était plutôt celui-ci : que m'arrivera-t-il personnellement si je deviens chrétien, si je me mets sous l'obédience de ce Christ et si par là j'affirme qu'il est le prototype de l'homme, la mesure de l'humain ? Quel retournement de l'être s'opérera ainsi ? Quelle attitude à l'égard de la réalité humaine ma démarche impliquera-t-elle, à quelle profondeur se situera-t-elle et quel jugement sur l'ensemble comportera-t-elle ?

16. L'étude décisive en ce domaine reste encore toujours l'ouvrage classique de F. KATTÏNBUSCH, Das apostolische Symbol, 1,1894, II, 1900 (édition nouvelle inchangée, Darmstadt, 1962; citée dans la suite : KATTENBUSCH). - Comme étude importante, il y a aussi J. DE GHELUNCK, Patristique et Moyen Age, I, Paris, 1949; - de plus, l'aperçu général de J. N. D. KELLY, Early Christian Creeds, London, 1950; - également W. TRILLHAAS, Das apostolische Glaubensbekenntnits, Geschlchte, Text, Auslegung, Witten, 1953. - On pourra trouver un bref résumé et d'autres indications bibliographiques dans les Patrologies, telles que B. ALTANER, Précis de Patrologie, Mulhouse, 1961, pp. 87 ss.; - J. QUASTEN, Initiation aux Pères de l'Église, I, Paris, 1955, pp. 29-36; - cf. aussi J. N. D. KELLY, Apostolisches Glaubensbekenntnits, dans LTHK, I, pp. 760 ss.
17. Cf. par exemple le texte du Sacramentaire Gélasien (éd. Wilson), p. 86, cité dans KATTENBUSCH, II, p. 485, et surtout le texte dans la Tradition apostolique d'Hippolyte (éd. Botte), Munster, 1963, pp. 48 ss.
18. HIPPOLYTB, op. cit., p. 46 : Renuntio tlbi, Satana, et omni servitio tuo et omnibus operibus tuis.
19. KATTENBUSCH, II, p. 503.
20. Cf. A. HAHN, Bibtiothek der Symbole und Glaubentregeln der alten Kirche, 1897; Nouvelle édition Hildesheim, 1962; - G. L. DOSETTI, // simboh di Nicea et di Costantinopoli, Rome, 1967.

A suivre...

Un bon résumé : Benoît XVI ouvre l'Année de la Foi : Homélie du Saint-Père
En savoir plus sur le Concile de Florence :  Le concile de Florence et l'union des Églises - Diocèse de Paris

Pour en savoir plus : Le concile de Florence et l'union des Églises - Diocèse de Paris


  

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 28.02.2023

 

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