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Quand le pape répond aux critiques : la dernière interview fleuve de
François
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Le 25 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Dans une interview accordée à l'agence Associated Press,
le pape François est notamment revenu sur les conséquences de la
mort de Benoît XVI.
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François -
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Quand le pape répond aux critiques : la dernière interview fleuve de
François
Le 25 janvier 2023 - E.
S. M. - Dans une interview accordée à l'agence Associated
Press, le pape est notamment revenu sur les conséquences de la
mort de Benoît XVI.
Le pape François, 86 ans, accorde régulièrement des interviews
fleuves. La dernière en date a été recueillie mardi - et publiée ce
mercredi - par Nicole Winfield, en charge du Vatican pour l'agence
américaine Associated Press. Cet entretien est sa première
parole publique, hors cérémonies, depuis la mort de Benoît XVI le 31
décembre 2022. François en a profité pour répondre aux polémiques
qui ont suivi, dont celles du secrétaire particulier du pape
allemand, Mgr Georg
Gänswein, du cardinal Gerhard Ludwig
Müller,
allemand, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la
foi et du cardinal George
Pell, australien, décédé le 10 janvier. Ce
dernier aurait qualifié le pontificat de « catastrophe » et de «
désastre » selon un texte d'abord anonyme, désormais authentifié.
«La critique est un droit»
Réponses de François : « La critique permet de grandir et
d'améliorer les choses ». Le pape préfère d'ailleurs qu'elle
s'exprime même si elle « dérange un peu » et perturbe « la
tranquillité ». Il préférerait qu'il « n'y ait pas de
critiques » mais « elles signifient qu'il y a une liberté de
parole ». Et même
si elles ne sont que des « éruptions cutanées », les voix contraires
sont un antidote à « la dictature de la distance, quand l'empereur
est là et que personne ne peut rien lui dire ».
Le pape récuse tout « lien » entre la mort de Benoît XVI et la
dernière salve de critiques en date. Il les attribue plutôt « à
l'usure d'un gouvernement de 10 ans ». Le 13 mars 2023, François
fêtera en effet le dixième anniversaire de son élection. Il observe
que « quand certains ont commencé à voir (ses) défauts, ils ne les
ont pas aimés. » Et ne « demande qu'une chose » : que l'on s'exprime
« en face » et non dans son dos. À ce titre, il rend hommage au
cardinal Pell, qui ne mâchait pas ses mots. « C'était un type
formidable, génial » dit-il du prélat à qui il avait confié la
réforme des finances du Vatican. « Il avait le droit » de le
critiquer, car « la critique est un droit humain ».
«Etre homosexuel n'est pas un crime »
Les récentes charges conduiraient-elles François à renoncer ? Il
répète que s'il avait à le décider, ce qui n'est pas à l'ordre du
jour, il se ferait appeler « évêque émérite de Rome » et non «
pape
émérite » et qu'il habiterait dans une maison de prêtres du diocèse.
Il juge par ailleurs prématuré le fait de statuer juridiquement sur
la situation d'un pape retraité. À ce titre, il rend un hommage
appuyé à Benoît XVI, qui fut comme un « père » pour lui. « Si
j'avais un doute, je demandais une voiture et je montais le
consulter » révèle-t-il. « C'était un seigneur, à l'ancienne
». Il
ajoute : « certains voulaient l'utiliser, il s'en défendait ».
François s'est montré en revanche très critique sur l'actuel
synode de l'Église allemande, mené, selon lui, par « l'élite » et non par «
le peuple de Dieu » : « le danger est que quelque chose de très,
très idéologique s'infiltre » alors « le Saint-Esprit rentre chez
lui car l'idéologie l'emporte sur le Saint-Esprit ». Et ouvert sur
l'homosexualité : « Être homosexuel n'est pas un crime, mais un
péché ». Il faut distinguer « entre un péché et un crime » espérant
que les évêques qui soutiennent des législations anti-homosexuelles
« injustes » aient « un processus de conversion » car « Dieu nous
aime tel que nous sommes ».
Le pape a par ailleurs livré une série de détails sur lui-même.
François se dit « en bonne santé » mais reconnaît que la
diverticulose pour laquelle il fut opéré dans l'intestin le 4
juillet 2021 est « revenue », assurant toutefois que « tout est sous
contrôle ».
De Jean-Marie Guénois
sur le site du Figaro :
Extraits parus sur le site de la
Cité du Vatican
Les sujets abordés par le Pape François dans une nouvelle interview
publiée mercredi 25 janvier par l'agence de presse américaine
Associated Press (AP) sont nombreux et actuels. Il s'agit de la
première interview du Souverain Pontife après la mort, le 31
décembre dernier, de son prédécesseur Benoît XVI, dont il parle dans
cet entretien avec la correspondante de l’AP Nicole Winfield,
rencontrée à la maison Sainte-Marthe.
En cas de doute, j’allais chez Benoît XVI
Le Pape qualifie Benoît XVI de «gentilhomme» et confie qu'avec sa
mort il a «perdu un père»: «Pour moi, il était une sécurité. En
cas de doute, je demandais la voiture, j'allais au monastère et je
demandais». Jorge Mario Bergoglio, à nouveau interrogé sur son
éventuelle démission, déclare que s'il abandonnait un jour le
ministère pétrinien, il serait «évêque émérite de Rome» et irait
«vivre dans la Casa del Clero [maison d’accueil pour
ecclésiastiques, ndlr] à Rome». « L'expérience de Benoît,
ajoute-t-il, donne déjà naissance à de nouveaux papes qui
démissionnent pour s'intégrer plus librement ». François
explique que son prédécesseur était encore lié à une certaine
conception de la papauté: « En cela, il n'était pas entièrement
libre, car il aurait pu vouloir retourner dans son Allemagne natale
et y poursuivre ses études de théologie. Mais il a fait tout ce
qu'il pouvait pour être aussi proche que possible. Et c'était un bon
compromis, une bonne solution », commente le Saint-Père.
La critique aide à grandir
François réfléchit aussi sur son pontificat, qui franchira le cap
des dix ans le 13 mars prochain. Au début, rappelle-t-il, la
nouvelle d'un Pape sud-américain a été accueillie avec surprise par
de nombreuses personnes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église,
puis, dit-il, « ils ont commencé à voir mes défauts et ils ne les
ont pas appréciés ». Au sujet des critiques reçues dernièrement,
à travers des livres ou des documents circulant entre cardinaux sous
des pseudonymes, François déclare que pour lui comme pour tout le
monde il serait toujours mieux de ne pas avoir de critiques «
pour la tranquillité d'esprit » : « Elles sont comme de
l'urticaire, elles sont un peu ennuyeuses, mais je les préfère,
parce que cela signifie qu'il y a la liberté de parole ».
L'important toutefois est qu'elles soient dites « en face, car
c'est ainsi que nous grandissons tous, n'est-ce pas ? » C'est
pire, selon le Pape, « s’il s’agit d’une action sournoise ».
Il ajoute avoir discuté personnellement avec certains des auteurs de
ces critiques: « Certains d'entre eux sont venus ici et oui, j'en
ai discuté. Normalement, comme on parle entre personnes matures. Je
ne me suis pas disputé avec qui que ce soit, mais j'ai exprimé mon
opinion et ils l'ont exprimée. Sinon, on crée une dictature de la
distance, comme je l'appelle, où l'empereur est là et personne ne
peut lui dire quoi que ce soit. Non, laissez-les dire parce que la
compagnie, la critique, aide à grandir et à faire avancer les choses
».
Distinguer le péché du crime
Dans cette interview, François est ensuite interrogé sur
l'homosexualité, qui, affirme-t-il, «n'est pas un crime» mais
une «condition humaine », et sur les droits de la communauté
LGBT: « Nous sommes tous des enfants de Dieu et Dieu nous veut
tels que nous sommes et avec la force que chacun de nous combat pour
sa dignité. Être homosexuel n'est pas un crime », déclare-t-il.
Puis, comme souvent dans ses prédications ou dans ses interviews,
mimant une conversation entre deux personnes, il dit que quelqu'un
pourrait prétendre que « c'est un péché ». « Faisons
d'abord la distinction entre péché et crime », précise François.
« C'est aussi un péché de manquer de charité les uns envers les
autres ». Et le Pape de critiquer des lois, qu'il qualifie d'«injustes»,
qui criminalisent l'homosexualité: « Je pense qu'il y a plus de
50 pays qui ont une condamnation légale et parmi ceux-ci, je pense
qu'environ dix, un peu plus ou moins, ont la peine de mort. Ils ne
le mentionnent pas directement, mais ils disent "ceux qui ont des
attitudes contre nature"».
Le Saint-Père appelle également à une attitude différente les
évêques qui font preuve de discrimination à l'encontre des personnes
homosexuelles et de la communauté LGBT. À cet égard, le Souverain
Pontife rappelle le Catéchisme de l'Église catholique, qui affirme «
que les personnes ayant des tendances homosexuelles doivent être
accueillies, et non marginalisées, accompagnées si on leur donne une
place ». Personne ne devrait faire l'objet de discrimination,
insiste l'évêque de Rome. Et cela ne concerne pas seulement
l'homosexualité: « Même le plus grand meurtrier, le plus grand
pécheur ne doit pas être discriminé. Chaque homme et chaque femme
devrait avoir une fenêtre dans sa vie vers laquelle il puisse
orienter son espérance et où il puisse voir la dignité de Dieu
».
L’affaire Rupnik: une surprise et une
blessure
L’interview aborde ensuite longuement la question des abus du
clergé, avec une référence immédiate à l'affaire concernant le
prêtre jésuite Marko Rupnik, mosaïste bien connu, qui est
aujourd'hui accusé d'abus sexuels, psychologiques et de conscience
de la part de religieuses, avec des faits qui auraient eu lieu il y
a environ 30 ans en Slovénie puis en Italie. Interrogé à ce sujet,
François déclare: « Pour moi, ce fut une surprise, vraiment.
Ceci, une personne, un artiste de ce niveau, pour moi ce fut une
grande surprise et une blessure ». Toute l'affaire a été traitée
par la Compagnie de Jésus, tandis que l'instruction du procès a été
confiée au responsable des affaires juridiques des Dominicains,
explique le Pape, assurant qu'il n'avait joué aucun rôle dans le
traitement de l'affaire et qu'il n'était intervenu que sur le plan
procédural « dans un petit procès qui est parvenu à la
Congrégation de la Foi dans le passé ».
François précise qu'il a donné des indications pour que les deux
séries d'accusations soient traitées par le même tribunal qui avait
examiné la première: « Que cela continue avec le tribunal
normal... Sinon les voies de la procédure se divisent et tout
s'embrouille ». Quant au fait que le Vatican n'ait pas renoncé à
la prescription dans ce cas, le Souverain Pontife convient qu'il est
juste de renoncer «toujours» à la prescription dans les cas
impliquant des mineurs et des « adultes vulnérables », et de
maintenir en revanche les garanties légales traditionnelles dans les
cas impliquant d'autres adultes, comme ce fut le cas pour Rupnik.
Relations avec la Chine et chemin synodal
allemand
Le Pape évoque ensuite le travail de la Commission pour la
protection des mineurs ainsi que le travail diplomatique effectué
par le Saint-Siège. À cet égard, il aborde la question des relations
avec la Chine et répète: « Nous devons cheminer patiemment ».
En ce qui concerne les ouvertures possibles, « nous prenons des
mesures »: les autorités chinoises « sont parfois un peu
fermées, parfois pas ». « L'essentiel est que le dialogue ne
soit pas interrompu », explique le Pape. À propos du cardinal
Zen, évêque émérite de Hong Kong, qu'il a reçu au Vatican le 6
janvier, François dit qu'il est «fascinant»: à présent,
explique-t-il, il exerce son travail pastoral en prison « et il
est en prison toute la journée. Il est l'ami des gardiens
communistes et des prisonniers. Tout le monde l'accueille bien.
C'est un homme de grande sympathie ». Le cardinal Zen est
courageux, reconnaît-il, mais il a aussi « une âme tendre »
et il a pleuré comme un enfant devant la statue de Notre-Dame de
Sheshan qu'il a vue dans son appartement à Sainte-Marthe.
Concernant le synode allemand, qui met en avant des demandes telles
que l'abolition du célibat des prêtres, le sacerdoce féminin et
d'autres réformes possibles, François avertit que cela risque de
devenir «idéologique», de manière dommageable. Le dialogue
est une bonne chose, mais « l'expérience allemande ne nous aide
pas », déclare le Saint-Père, soulignant que le processus en
Allemagne a jusqu'à présent été mené par «l'élite» et
n'implique pas « l'ensemble du peuple de Dieu ». « Le
danger est que quelque chose de très, très idéologique entre en jeu.
Lorsque l'idéologie s'immisce dans les processus ecclésiaux, le
Saint-Esprit rentre chez lui, car l'idéologie l'emporte sur le
Saint-Esprit », avertit le Souverain Pontife.
Santé et humour
Le Pape François est enfin interrogé sur sa santé, qu’il juge «bonne»,
compte tenu de ses 86 ans et malgré le fait que la diverticulite qui
lui avait valu une opération du côlon en juillet 2021 soit
«revenue»: « mais elle est sous contrôle », assure-t-il. Le
Souverain Pontife parle aussi d'une petite fracture au genou due à
une chute, guérie sans intervention chirurgicale: « Le genou,
grâce à une bonne thérapie et à la magnétothérapie, le laser… l'os
s'est soudé... Je marche déjà, je m'aide avec le déambulateur, mais
je marche ». Pour son âge, tout est «normal»: « Je peux aussi
mourir demain, mais allez, tout est sous contrôle. Ma santé est
bonne. Et je demande toujours la grâce, que le Seigneur me donne le
sens de l'humour », conclut le Saint-Père.
Salvatore Cernuzio -
Cité du Vatican
Addendum du 28.01.2023
(Yves
Daoudal)
François avait dit l’autre jour que les « actes homosexuels »
ne sont pas un crime, mais qu’ils sont un péché : « Ce n'est pas
un crime. Oui, mais c'est un péché. » Non sans ajouter aussitôt
: « C'est aussi un péché de manquer de charité à l'égard
d'autrui. »
Le P. James Martin, du haut de son poste de porte-parole LGBT
officieux de l’Eglise catholique, avait demandé à François de
clarifier son propos. François s’est exécuté, par une lettre au P.
James Martin.
Il répète que « la criminalisation n’est ni bonne ni juste »,
que « celui qui veut criminaliser l'homosexualité a tort », et
que lorsqu’il parle de péché il se « réfère simplement à
l'enseignement moral catholique, qui dit que tout acte sexuel en
dehors du mariage est un péché », étant entendu que l’on doit «
toujours considérer les circonstances, qui peuvent diminuer ou
éliminer une faute ». Et il insiste : « J'aurais dû dire :
''c'est un péché, comme tout acte sexuel en dehors du mariage''.»
En bref, François renverse la morale catholique, et tout simplement
la morale naturelle. Car les actes sexuels contre nature ne sont pas
« comme tout acte sexuel en dehors du mariage ». C’est tout de même
très clair dans la Bible, très explicite dans saint Paul, et ce
l’est pour quiconque n’a pas encore sombré dans l’idéologie de la
perversion contemporaine.

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Sources : belgicatho.be
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.01.2023
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