Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI : La prière sacerdotale de Jésus

Le 24 janvier 2023 - (E.S.M.) - Dans l'Évangile de Jean, après le lavement des pieds suivent les discours d'adieu de Jésus (ch. 14-16). À la fin, au chapitre 17, ils s'épanouissent en une grande prière pour laquelle le théologien luthérien David Chytraeus (1530-1600) a forgé le terme de « prière sacerdotale ».

Yom Kippour (jour du pardon) est le jour le plus saint et le plus solennel du calendrier juif.

Benoît La prière sacerdotale de Jésus

Chapitre 4

    Dans l'Évangile de Jean, après le lavement des pieds suivent les discours d'adieu de Jésus (ch. 14-16). À la fin, au chapitre 17, ils s'épanouissent en une grande prière pour laquelle le théologien luthérien David Chytraeus (1530-1600) a forgé le terme de « prière sacerdotale ». Au temps des Pères de l'Église, ce fut surtout Cyrille d'Alexandrie (†444) qui souligna le caractère sacerdotal de cette prière. André Feuillet, dans sa monographie sur Jean 17, cite un texte de Rupert de Deutz († 1129/1130), dans lequel le caractère essentiel de la prière est résumé de façon très belle: « Haecpontifex summuspropitiator ipse et propitia-torium, sacerdos et sacrificium, pro nobis oravit — Ainsi a prié pour nous le Grand Prêtre, qui était lui-même propitiatoire et offrande d'expiation, prêtre et sacrifice » (Joan., in: PL 169, coll. 764B; cf. Feuillet, p. 35).

1. La fête juive des Expiations comme arrière-plan biblique de la Prière sacerdotale


   J'ai trouvé la clé de compréhension de ce grand texte dans le livre déjà mentionné de Feuillet. Il montre que cette prière n'est compréhensible que sur l'arrière-fond de la liturgie de la fête juive des Expiations (Yom Kippour). Le rituel de la fête avec son riche contenu théologique est réalisé dans la prière de Jésus - « réalisé » au sens littéral : le rite est traduit dans la réalité qu'il signifie. Ce qui y était représenté en actes rituels a lieu maintenant de façon réelle et de manière définitive.

    Pour comprendre cela, nous devons tout d'abord regarder le rituel de la fête des Expiations décrit dans le Lévitique aux chapitres 16 et 23, 26-32. En ce jour-là, le grand prêtre, par les sacrifices respectifs (deux boucs pour un sacrifice expiatoire, un bélier pour un holocauste, un jeune taureau, cf. Lv 16,5s.), doit accomplir l'expiation d'abord pour lui-même, ensuite pour « sa maison », c'est-à-dire pour la classe sacerdotale d'Israël en général, et enfin pour la communauté d'Israël tout entière (cf. 16,17). « II fera ainsi le rite d'expiation sur le sanctuaire pour les impuretés des Israélites, pour leurs transgressions et pour tous leurs péchés. Ainsi procédera-t-il pour la Tente du Rendez-vous qui demeure avec eux au milieu de leurs impuretés » (Lv 16,16).

    À l'occasion de ces rites, pour l'unique fois dans l'année, le grand prêtre prononce devant Dieu le saint Nom, normalement indicible, que Dieu avait révélé auprès du buisson ardent — ce nom par lequel il s'était, pour ainsi dire, rendu touchable par Israël. Le but du grand jour de l'Expiation est donc de redonner à Israël, après les transgressions d'une année, sa qualité de « peuple saint », de le ramener à nouveau à sa destination : être le peuple de Dieu au milieu du monde (cf. Feuillet, p. 56 et 78). En ce sens, il s'agit de l'objectif le plus profond de la création dans son ensemble : donner naissance à un espace de réponse à l'amour de Dieu, à sa sainte volonté.

    Selon la théologie rabbinique, en effet, l'idée d'alliance, l'idée de créer un peuple saint comme « interlocuteur » de Dieu et en union avec lui précède l'idée de la création du monde, et en est même la raison profonde. Le cosmos est créé non pour que s'y multiplient les astres et tant d'autres choses, mais pour que s'y trouve un espace pour l'« alliance », pour le « oui » de l'amour entre Dieu et l'homme qui lui répond. La fête des Expiations rétablit chaque fois cette harmonie, ce sens du monde, troublée à maintes reprises par le péché, et pour cette raison elle constitue le sommet de l'année liturgique.


    La structure du rite décrit en Lévitique 16 est précisément reprise dans la prière de Jésus: de même que le Grand Prêtre accomplit l'expiation pour lui-même, pour la classe sacerdotale et pour toute la communauté d'Israël, ainsi Jésus prie pour lui-même, pour les Apôtres et enfin pour tous ceux qui, à cause de leur parole, croiraient en lui par la suite - pour l'Église de tous les temps (cf. Jn 17,20). Il se sanctifie « lui-même » et procure la sainteté aux siens. Nous devrons encore réfléchir sur le fait qu'en cela - malgré la démarcation à l'égard du « monde » (cf. 17,9) - il s'agit en fin de compte du salut de tous, de la « vie du monde » dans sa totalité (cf. 6,51). La prière de Jésus le montre comme le Grand Prêtre du grand jour de l'Expiation. Sa Croix et son élévation constituent le jour de l'Expiation du monde, dans lequel l'histoire du monde tout entière, en dépit de toute la faute humaine et de toutes ses destructions, trouve son sens, est introduite dans son véritable « pourquoi » et « où ».

    Ainsi la théologie de Jean 17 correspond parfaitement à ce que la Lettre aux Hébreux développe en détail. L'interprétation du culte vétérotestamentaire dans la perspective de Jésus Christ, qui y est présentée, est aussi l'âme de la prière de Jean 17. Mais la théologie de saint Paul s'oriente elle aussi vers ce point central qui, dans la Deuxième lettre aux Corinthiens, résonne en une imploration dramatique: « Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu ! » (5,20).

    N'est-il pas vrai que le fait d'être des hommes non réconciliés avec Dieu, avec le Dieu silencieux, mystérieux, apparemment absent et pourtant omniprésent, constitue le problème essentiel de toute l'histoire du monde ?


    La Prière sacerdotale de Jésus est la mise en acte du jour de l'Expiation, elle est pour ainsi dire la fête toujours accessible de la réconciliation de Dieu avec les hommes. Ici s'impose la question de la relation entre la Prière sacerdotale de Jésus et l'Eucharistie. Il existe des tentatives d'interpréter cette prière comme une espèce de « prière eucharistique », de la présenter, pour ainsi dire, comme la version johannique de l'institution du Sacrement. Ces tentatives ne sont pas défendables. Mais il existe une relation plus profonde.
 
    Dans l'échange de Jésus avec son Père, le rituel du jour de l'Expiation est transformé en prière: ici est rendu tangible le renouvellement du culte auquel visaient la purification du Temple et les paroles prononcées par Jésus pour expliquer cet événement. Les sacrifices d'animaux sont dépassés. Prend leur place ce que les Pères grecs appelaient la thysia logikè, le sacrifice comme parole, et que Paul qualifie de manière semblable comme la logikè latrei, le culte modelé sur la parole, correspondant à la raison (cf. Rm 12,1).

    Certes, cette « parole », qui prend la place des sacrifices, n'est pas simplement parole. Elle est d'abord non seulement un parler humain, mais elle est parole de celui qui est « la Parole » et qui entraîne donc toutes les paroles humaines dans le dialogue intérieur de Dieu, dans sa raison et dans son amour. Mais encore, sous un autre aspect, elle est plus que parole, parce que cette Parole éternelle a dit : « Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps » (He 10,5; cf. PS 40,7). La Parole est chair; bien plus : elle est un corps donné, elle est un sang versé.

    Avec l'institution de l'Eucharistie, Jésus transforme son être tué en « parole », dans la radicalité de son amour qui se donne jusqu'à la mort. Ainsi devient-il lui-même « Temple ». Parce que la Prière sacerdotale est une forme de réalisation du don de Jésus lui-même, elle constitue le nouveau culte et elle est reliée de l'intérieur à l'Eucharistie : quand nous traiterons de l'institution de ce Sacrement, nous devrons revenir sur tout cela.

    Avant de porter notre attention sur chaque thème de la Prière sacerdotale, il faut toutefois mentionner encore une autre référence à l'Ancien Testament, également mise en lumière par André Feuillet. Celui-ci relève que l'approfondissement spirituel et le renouveau de l'idée du sacerdoce, rencontrés en Jean 17, ont déjà été anticipés dans les Chants d'Isaïe sur le Serviteur de Dieu, spécialement en Isaïe 53. Le Serviteur de Dieu, qui charge sur ses épaules l'iniquité de tous (53,6), qui s'offre lui-même en expiation (53,10), qui porte le péché des multitudes (53,12), manifeste en tout cela le ministère du Grand Prêtre ; il accomplit de l'intérieur la figure du sacerdoce. Il est en même temps prêtre et victime et, de cette façon, il réalise la réconciliation. Ainsi les Chants du Serviteur de Dieu reprennent tout le processus d'approfondissement de l'idée du sacerdoce et du culte, comme cela avait déjà été fait dans la tradition prophétique, spécialement chez Ézéchiel.

    Même si en Jean 17 il ne se trouve aucune référence directe aux Chants du Serviteur de Dieu, la vision d'Isaïe 53 est, toutefois, fondamentale pour la nouvelle conception du sacerdoce et du culte qui apparaît dans tout l'Évangile de Jean et, de façon particulière, dans la Prière sacerdotale. Nous avons déjà rencontré ce lien de manière visible dans le chapitre sur le lavement des pieds; il est également clairement perceptible dans le discours sur le Bon Pasteur, où par cinq fois Jésus dit de ce Pasteur qu'il offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,11.15.17.18s.), reprenant ainsi de façon évidente Isaïe 53.

    À travers la nouveauté de la figure de Jésus Christ - visible dans la rupture extérieure avec le Temple et avec ses sacrifices -, l'unité profonde avec l'histoire du salut de l'Ancienne Alliance est toutefois conservée. Si nous pensons à la figure de Moïse qui, intercédant pour le salut d'Israël, offre sa vie à Dieu, cette unité, dont la démonstration constitue un but essentiel de l'Évangile de Jean, est évidente une fois encore.

Cette page correspond au 1 du chapitre 4 du livre du saint Père Benoit XVI

 

Le TOME II Benoît XVI
 

Extrait de l’audience générale donnée par le pape Benoit XVI le 25 janvier 2012
 

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 24.01.2023

 
 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante