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Catéchèse de
Benoît XVI : la prière “sacerdotale” de Jésus
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Le 24 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Audience Générale du 25 janvier 2012 en la salle Paul VI
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Benoît XVI
Catéchèse de
Benoît XVI : la prière “sacerdotale” de Jésus
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 25 janvier 2012
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse d’aujourd’hui, nous concentrons notre attention
sur la prière que Jésus adresse au Père à l’« Heure » de son
élévation et de sa glorification (cf. Jn 17, 1-26). Comme l’affirme
le Catéchisme de l’Eglise catholique : « La tradition chrétienne
l’appelle à juste titre la prière “sacerdotale” de Jésus. Elle est
celle de notre Grand Prêtre, elle est inséparable de son Sacrifice,
de son “passage” [pâque] vers le Père où il est “consacré” tout
entier au Père » (n. 2747).
Cette prière de Jésus est compréhensible dans son extrême richesse
surtout si nous l’inscrivons dans le cadre de la fête juive de
l’expiation, le Yom kippour. Ce jour-là, le Grand Prêtre accomplit
l’expiation d’abord pour lui-même, puis pour la classe sacerdotale
et enfin pour toute la communauté du peuple. Le but est de redonner
au peuple d’Israël, après les transgressions d’une année, la
conscience de la réconciliation avec Dieu, la conscience d’être un
peuple élu, un « peuple saint » au milieu des autres peuples. La
prière de Jésus, présentée dans le chapitre 17 de l’Evangile selon
saint Jean, reprend la structure de cette fête. Jésus, cette
nuit-là, s’adresse au Père au moment où il s’offre lui-même. Lui,
prêtre et victime, prie pour lui-même, pour les apôtres et pour tous
ceux qui croient en Lui, pour l’Eglise de tous les temps (cf. Jn 17,
20).
La prière que Jésus fait pour lui-même est la demande de sa propre
glorification, de son « élévation » à son « Heure ». En réalité
c’est davantage qu’une demande et qu’une déclaration de pleine
disponibilité à entrer, librement et généreusement, dans le dessein
de Dieu le Père qui s’accomplit dans le fait de se remettre et dans
la mort et la résurrection. Cette « Heure » a commencé avec la
trahison de Judas (cf. Jn 13, 31) et culminera dans la montée de
Jésus ressuscité vers le Père (Jn 20, 17). La sortie de Judas du
cénacle est commentée par Jésus avec ces mots : « Maintenant le Fils
de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jn 13, 31).
Ce n’est pas par hasard qu’il commence la prière sacerdotale en
disant : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le
Fils te glorifie » (Jn 17, 1). La glorification que Jésus demande
pour lui-même, en tant que Grand Prêtre, c’est l’entrée dans une
pleine obéissance au Père, une obéissance qui le conduit à la pleine
condition filiale : « Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de
toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le
commencement du monde » (Jn 17, 5). Cette disponibilité et cette
requête sont le premier acte du sacerdoce nouveau de Jésus qui est
un don de soi total sur la croix, et c’est sur la croix — l’acte
d’amour suprême — qu’Il est glorifié, parce que l’amour est la
gloire véritable, la gloire divine.
Le deuxième moment de cette prière est l’intercession de Jésus pour
les disciples qui ont été avec Lui. Ces derniers sont ceux dont
Jésus peut dire au Père : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes
que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi,
tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. (Jn 17,
6). « Manifester le nom de Dieu aux hommes » est la réalisation
d’une présence nouvelle du Père au milieu du peuple, de l’humanité.
Ce « manifester » n’est pas seulement un mot, mais c’est une réalité
en Jésus ; Dieu est avec nous, et ainsi le nom — sa présence avec
nous, être l’un de nous — est « réalisé ». Cette manifestation se
réalise donc dans l’incarnation du Verbe. En Jésus, Dieu entre dans
la chair humaine, il devient proche de manière unique et nouvelle.
Et cette présence atteint son sommet dans le sacrifice que Jésus
réalise dans sa Pâque de mort et de résurrection.
Au centre de cette prière d’intercession et d’expiation en faveur
des disciples se trouve la demande de consécration ; Jésus dit au
Père : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du
monde. Consacre-les par la vérité: ta parole est vérité. De même que
tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le
monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux
aussi, consacrés par la vérité » (Jn 17, 16-19). Je pose la question
: que signifie « consacrer » dans ce cas ? Tout d’abord, il faut
dire que le « Consacré », ou « Saint » n’est à proprement parler que
Dieu. Consacrer veut donc dire transférer une réalité — une personne
ou une chose — dans la propriété de Dieu. Et en cela sont présents
deux aspects complémentaires : d’une part, ôter des choses communes,
séparer, « mettre à part » du milieu de la vie personnelle de
l’homme pour être totalement donnés à Dieu ; et de l’autre, cette
séparation, ce transfert dans le domaine de Dieu, a précisément la
signification d’« envoi », de mission : précisément parce qu’elle
est donnée à Dieu, la réalité, la personne consacrée existe « pour »
les autres, est donnée aux autres. Donner à Dieu signifie ne plus
être pour soi-même, mais pour tous. Le consacré est celui qui, comme
Jésus, est séparé du monde et mis à part pour Dieu, en vue d’un
devoir et qui, précisément pour cette raison, est totalement à la
disposition de tous. Pour les disciples, il s’agira de continuer la
mission de Jésus, être donnés à Dieu pour être ainsi en mission pour
tous. Le soir de Pâques, le Ressuscité, apparaissant à ses
disciples, leur dira : « La paix soit avec vous ! De même que le
Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21).
Le troisième acte de cette prière sacerdotale étend le regard
jusqu’à la fin des temps. Dans celle-ci, Jésus s’adresse au Père
pour intercéder en faveur de tous ceux qui seront conduits à la foi
grâce à la mission inaugurée par les apôtres et poursuivie dans
l’histoire : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais
encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi ».
Jésus prie pour l’Eglise de tous les temps, il prie également pour
nous (Jn 17, 20). Le Catéchisme de l’Eglise catholique commente : «
Jésus a tout accompli de l’œuvre du Père et sa prière, comme son
Sacrifice, s’étend jusqu’à la consommation du temps. La prière de
l’Heure emplit les derniers temps et les porte vers leur
consommation » (n. 2749).
La requête centrale de la prière sacerdotale de Jésus dédiée à ses
disciples de tous les temps est celle de la future unité de tous
ceux qui croiront en Lui. Cette unité n’est pas un produit
terrestre. Elle provient exclusivement de l’unité divine et nous
parvient par le Père au moyen du Fils et dans l’Esprit Saint. Jésus
invoque un don qui provient du Ciel, et qui a son effet — réel et
perceptible — sur la terre. Il prie afin « que tous soient un, comme
toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous,
eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).
L’unité des chrétiens est, d’une part, une réalité secrète qui est
chère au cœur des personnes croyantes. Mais, dans le même temps,
elle doit apparaître de façon très claire dans l’histoire, elle doit
apparaître afin que le monde croie, elle a un objectif très pratique
et concret, elle doit apparaître afin que tous soient réellement un.
L’unité des futurs disciples, étant une unité avec Jésus — que le
Père a envoyé dans le monde — est également la source originelle de
l’efficacité de la mission chrétienne dans le monde.
Nous pouvons dire que dans la prière sacerdotale de Jésus se réalise
l’institution de l’Eglise... C’est précisément ici, dans l’acte de
la Dernière Cène, que Jésus crée l’Eglise. Car, qu’est-ce que
l’Eglise, sinon la communauté des disciples qui, à travers la foi en
Jésus Christ comme envoyé du Père, reçoit son unité et participe à
la mission de Jésus de sauver le monde, en le conduisant à la
connaissance de Dieu ? Nous trouvons ici réellement une véritable
définition de l’Eglise. L’Eglise naît de la prière de Jésus. Et
cette prière n’est pas seulement une parole : elle est l’acte dans
lequel il « se consacre » lui-même et donc « se sacrifie pour la vie
du monde » (cf.
Jésus de Nazarethii, 117sq.).
Jésus prie afin que ses disciples soient un. En vertu d’une telle
unité, reçue et préservée, l’Eglise peut marcher « dans le monde »
sans être « du monde » (cf. Jn 17, 16) et vivre la mission qui lui a
été confiée afin que le monde croie dans le Fils et dans le Père qui
l’a envoyé. L’Eglise devient alors le lieu dans lequel se poursuit
la mission même du Christ : conduire le « monde » hors de
l’aliénation de l’homme à l’égard de Dieu et de lui-même, hors du
péché, afin qu’il redevienne le monde de Dieu.
Chers frères et sœurs, nous avons examiné certains éléments de la
grande richesse de la prière sacerdotale de Jésus, que je vous
invite à lire et à méditer, afin qu’elle nous guide dans le dialogue
avec le Seigneur, qu’elle nous enseigne à prier. Nous aussi alors,
dans notre prière, nous demandons à Dieu qu’il nous aide à entrer,
de façon plus pleine, dans le projet qu’il a sur chacun de nous;
demandons-Lui d’être « consacrés » à Lui, de lui appartenir toujours
plus, pour pouvoir toujours plus aimer les autres, ceux qui sont
proches et ceux qui sont loin ; nous Lui demandons d’être toujours
capables d’ouvrir notre prière aux dimensions du monde, en ne la
renfermant pas dans la demande d’aide pour nos problèmes, mais en
rappelant notre prochain devant le Seigneur, en apprenant la beauté
d’intercéder pour les autres; demandons-Lui le don de l’unité
visible entre tous les croyants dans le Christ — nous l’avons
invoqué avec force au cours de cette Semaine de prière pour l’unité
des chrétiens — prions afin d’être toujours prêts à répondre à
quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1
P 3, 15). Merci.
* * *
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement le groupe Notre
Dame de l’Écoute de Paris. Chers amis, puisse la méditation de la
Prière sacerdotale de Jésus nous aider à entrer, comme lui, dans le
projet de Dieu sur nous et à élargir notre prière aux dimensions du
monde. Demandons-lui de lui appartenir toujours plus pour pouvoir
aimer les autres et témoigner de l’espérance qui est en nous. Bon
pèlerinage à tous !
Sources : © Copyright 2012 - Libreria Editrice Vaticana
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.01.2023
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