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Rien d'autre que la vérité, de Mgr Gänswein, un trésor inestimable
des homélies de
Benoît XVI
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Le 13 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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En effet, alors que le battage médiatique entourant la publication
s’est concentré sur cette situation particulière – la révocation de
Mgr Gänswein, Secrétaire de Benoît XVI, en tant que préfet de la maison papale – et a présenté
Mgr Gänswein comme étant prêt à chercher la tension, presque à placer un
pontificat contre l’autre, le livre, "Rien que la
vérité, ma vie aux côtés de Benoît XVI" , offre bien plus que cela.
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Mgr Gänswein -
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"Rien d'autre que la vérité" de Mgr Gänswein, un trésor inestimable
des homélies de
Benoît XVI
Analyse : Que lire dans le livre de « révélations » du secrétaire de Benoît
XVI ?
Le 13 janvier 2023 - E.
S. M. - Pour Andrea Gagliarducci, le secrétaire Mgr Gänswein,
ne recherche pas la confrontation, et Benoît XVI n’a jamais cherché
à s’opposer à François. Les polémiques qui ont émaillé la
cohabitation entre les deux papes – et nous n’en saurons
probablement jamais plus – sont évoquées, bien sûr du point de vue
de l’auteur. Le livre contient quelques inédits précieux, dont les
homélies privées de Benoît XVI prononcées au monastère Mater
Ecclesiae, à l’usage exclusif de la « famille » pontificale.
Une raison, même pour les critiques, de lire le livre.
Dans le dernier livre de l’archevêque Georg Gänswein, secrétaire
personnel du pape Benoît XVI pendant 20 ans, il y a bien plus que de
l’amertume d’avoir été fait « préfet réduit de moitié » par le pape
François.
En effet, alors que le battage médiatique entourant la publication
s’est concentré sur cette situation particulière – la révocation de
Mgr Gänswein en tant que préfet de la maison papale – et a présenté
Georg Gänswein comme étant prêt à chercher la tension, presque à placer un
pontificat contre l’autre, le livre offre bien plus que cela.
En fait, son contenu le plus précieux est peut-être constitué par
les extraits des homélies que Benoît XVI a prononcées au monastère
Mater Ecclesiae, où il a passé les dernières années de sa vie.
Ces homélies constituent probablement l’élément le plus novateur du
livre, que Mgr Gänswein a écrit avec le journaliste Saverio Gaeta.
Intitulé « Nient’altro che la verità. La mia vita accanto a
Benedetto XVI », (Rien d'autre que la vérité, ma vie au
côté de Benoît XVI) le livre est sorti en italien le 12 janvier, mais CNA a
pu le consulter en avant-première.
Tant que sa voix le lui permettait, Benoît XVI préparait
personnellement ses homélies, avec des notes écrites au crayon dans
un carnet qui lui servait ensuite de fil conducteur pour ce qu’il
allait dire. Il s’agissait d’homélies simples, précises, directes,
que les quatre Memores Domini (les laïques consacrées de Communion
et Libération) qui servaient de famille à Benoît XVI enregistraient
et transcrivaient.
Seules quelques personnes ont pu écouter certaines de ces homélies,
car Benoît XVI recevait rarement du monde, aussi le compte rendu de
ces homélies est-il un trésor inestimable.
Que peut-on trouver d’autre dans ce livre ? Tout d’abord, bien sûr,
il y a la colère et la surprise ouvertes de Mgr Gänswein d’avoir été
brusquement relevé de son poste de préfet de la maison papale par le
pape François, sans aucune explication.
D’autres anticipations évoquaient l’amertume de Benoît XVI en
apprenant l’existence de
Traditionis custodes, la lettre apostolique
du pape François par laquelle il a annulé les décisions de l’ex-pape
d’étendre la célébration de l’ancienne messe.
Aussi « juteux » que soient ces détails pour les médias, ils ne
constituent certes pas l’élément le plus nouveau du livre.
Sans filtre diplomatique, utilisant le langage direct que ceux qui
le connaissent ont l’habitude d’entendre, Mgr Gänswein expose diverses
situations intéressantes et partiellement inédites. Il s’agit
notamment de l’affaire du livre du cardinal Robert Sarah, qui
désignait Benoît XVI comme coauteur ; des contacts avec le cardinal
Jorge Bergoglio avant et après qu’il soit devenu pape ; de la longue
lettre que Benoît XVI a écrite au pape François pour commenter sa
première interview accordée à La Civiltà Cattolica en 2013, et d’un
nouveau détail sur la façon dont la décision de Benoît XVI de
renoncer au pontificat a été prise.
Le livre offre un aperçu de ces histoires, et d’autres, à travers
les yeux d’un témoin direct. Il doit être compris comme un mémorial,
et non comme un acte d’accusation. Il fournit un compte rendu fidèle
des situations et des histoires telles que Mgr Gänswein les a vécues.
La renonciation
Dans certains cas, de nouveaux faits sont donnés et des récits
connus précédemment sont présentés sous un jour différent. Par
exemple, Mgr Gänswein explique pourquoi Benoît XVI a placé le pallium
sur la tombe de saint Célestin V, le pape qui a renoncé à son
pontificat en 1294. Sa tombe se trouve à L’Aquila, dans le centre de
l’Italie, où Benoît XVI s’était rendu en 2009 pour visiter les
régions touchées par un tremblement de terre.
Le geste de Benoît XVI a été interprété comme l’indication d’une
volonté de démissionner qui interviendrait plusieurs années plus
tard.
Cependant, ce n’était pas le cas, révèle Mgr Gänswein. Il explique que
Benoît XVI a voulu faire un acte d’hommage à son prédécesseur. Il a
donc placé un pallium, que l’archevêque Piero Marini, à l’époque
maître des célébrations liturgiques pour le pape Jean-Paul II, avait
fait coudre. Ce pallium tombait inconfortablement sur les épaules de
Benoît XVI, qui a donc profité de l’occasion pour lui rendre hommage
et en faire don. Cette décision en dit également long sur la manière
dont Benoît XVI abordait les problèmes : il cherchait des solutions
élégantes sans offenser personne tout en essayant d’unir tout le
monde.
Cependant, les détails de la
décision de démissionner sont plus
dramatiques. Mgr Gänswein explique comment Benoît XVI avait déjà
commencé à se retirer dans une prière plus profonde après son voyage
à Cuba et au Mexique en 2012. Certains indices laissaient penser
qu’il envisageait de renoncer, déclenchant quelques questions du
cardinal Tarcisio Bertone, alors secrétaire d’État. Mais une telle
décision était inconcevable.
Lorsque Benoît XVI prit sa décision, il n’y eut aucun moyen de le
faire changer d’avis, rapporte Mgr Gänswein.
Bertone et Mgr Gänswein
réussirent seulement à le convaincre de ne pas faire l’annonce lors
de ses vœux annuels de Noël à la Curie le 21 décembre 2012, mais de
la reporter un peu. Si l’annonce avait été faite ce jour-là, et que
le pontificat avait pris fin le 25 janvier, Noël n’aurait pas été
célébré, écrit Gänswein.
Dans le récit de Mgr Gänswein, Benoît XVI apparaît comme un homme
ironique – savant, méthodique et brillant – mais surtout comme un
homme de foi.
Naturellement introverti, Benoît XVI se repliait sur lui-même et
dans le silence quand des questions importantes se présentaient. Et
il priait. Il priait plus intensément. Il priait fort. Il le faisait
mû par une foi inébranlable et le besoin de vivre et de comprendre
le sens des événements.
Au fur et à mesure que la mort de Jean-Paul II se rapprochait, le
cardinal Joseph Ratzinger devenait de plus en plus pensif.
Finalement, lorsqu’il devint évident qu’on pensait à lui pour la
succession, il faillit se retirer. Mais ensuite, après la prière,
après avoir mûri les décisions, Ratzinger était un homme serein,
convaincu et déterminé.
Ratzinger était également loyal, proche de ses collaborateurs,
attentif à ne léser aucun de ses amis. Benoît XVI recherchait
l’harmonie – un fait qui ressort clairement du récit de Gänswein.
L’affaire Sarah
La recherche de l’harmonie est également perceptible dans l’affaire
Sarah, ou « l’imbroglio Sarah », comme le définit Gänswein. La
référence est le livre du cardinal Sarah, « Du plus profond de nos
cœurs », qui incluait également un essai de Benoît XVI. Cet essai
était consacré à la question du célibat des prêtres, et l’on pensait
qu’il sortirait après la publication de l’exhortation postsynodale
Querida Amazonia en février 2020.
Cependant, il est sorti plus tôt, le 15 janvier 2020, car le pape
François n’avait approuvé le texte que le 27 décembre 2019, ce qui a
donné l’impression que le livre était destiné à influencer les
réflexions du pape sur le synode d’Amazonie.
Ce motif n’était pas vrai, écrit Mgr Gänswein. Il n’était pas non plus
vrai que Benoît XVI avait été informé qu’il apparaîtrait en tant que
coauteur.
Gänswein explique la situation en rappelant que Sarah avait demandé
à Benoît XVI de signer un communiqué de presse pour défendre
l’opération. Gänswein s’y est opposé, Benoît XVI a pris le temps de
réfléchir puis a rédigé une déclaration renvoyant la décision à ses
supérieurs. Et le pape François a fait savoir qu’il était préférable
de ne pas publier.
À ce moment-là, des tweets sont arrivés du compte de Sarah,
affirmant que Benoît XVI avait lu et approuvé les projets. Il y a
également eu une confrontation dramatique entre Gänswein et le
cardinal, au cours de laquelle ce dernier a mis en cause Nicolas
Diat, le journaliste qui avait écrit plusieurs livres avec Sarah et
qui était décrit comme le « directeur de l’ouvrage. »
Le récit de Mgr Gänswein révèle beaucoup de ressentiment face à cette
situation. Mais il comprend aussi une longue lettre que Benoît XVI
lui-même a envoyée au pape François, publiée presque dans son
intégralité, pour expliquer sa position et son rôle dans l’affaire
et pour dissiper toute idée possible d’une opposition entre François
et le pape émérite.
Benoît XVI, l’interview à La Civiltà Cattolica et les Jésuites
La lettre de Benoît XVI au pape François n’est pas la seule œuvre
inédite du pape émérite incluse dans le livre. Le pape François
s’est exprimé en 2013 dans la revue jésuite La Civiltà Cattolica
et
a envoyé à Benoît XVI les notes utilisées pour l’interview, en lui
demandant des commentaires. Benoît XVI l’a fait en écrivant une
longue lettre au pape, datée du 27 septembre 2013. Dans celle-ci,
Benoît XVI insiste sur deux aspects : qu’il faut lutter contre le
« déni concret et pratique du Dieu vivant » accompli par
l’avortement et l’euthanasie, et être conscient de l’idéologie du
genre, définie comme une manipulation.
Mais Benoît XVI et François se sont presque « confrontés » en
d’autres occasions. Au début du pontificat de Benoît XVI, certaines
situations de la Compagnie de Jésus ont été discutées, et un
commissaire a même été envisagé. Le cardinal Bergoglio a soutenu
qu’il n’y avait pas besoin d’un commissaire, obtenant la promesse
que cette disposition n’aurait jamais lieu.
Mgr Gänswein
Globalement, dans son livre, Mgr Gänswein ne mâche pas ses mots à propos
des situations critiques. Il ne craint pas d’admettre qu’il s’est
trompé dans certains cas, mais il n’hésite pas non plus à dénoncer
les reconstitutions erronées sur le pape et ses collaborateurs.
De la narration du livre, tout à la première personne, émerge un
secrétaire privé travaillant encore pour son supérieur. Chaque
situation considérée comme controversée ou mal jugée par la presse
est réexpliquée dans les moindres détails.
Mgr
Gänswein regarde Benoît XVI presque comme un père, avec de la
bienveillance pour ce qui semble de la naïveté et l’admiration de
quelqu’un qui sait que Benoît XVI est parfaitement capable de
poursuivre son travail parce qu’il sait, étudie et s’implique.
Son rôle est d’être « une vitre » – c’est-à-dire transparent, propre
et honnête – mais aussi un gardien pour ceux qui veulent s’approcher
du pape. C’est ce qu’il a toujours fait et tente de faire dans ce
livre.
On pourrait discuter longuement pour savoir s’il était prudent ou
non de publier ce livre juste après la mort du pape émérite.
Cependant, le message que Mgr Gänswein veut faire passer n’est pas celui
de la polémique. Mgr Gänswein raconte ses années avec Benoît XVI, en se
retirant aussi quelques épines du pied, mais sans entrer dans un ton
polémique avec qui que ce soit.
Pour l’instant, cette publication a probablement fait plus de mal
que de bien à Mgr Gänswein, car elle a permis une campagne contre lui
et, par conséquent, contre le pontificat de Benoît XVI.
Et pourtant, les pages écrites par le secrétaire personnel du défunt
pape émérite semblent sincères, pleines d’écrits inédits et
d’histoires inconnues. Ce sont les pages d’un serviteur fidèle et
d’un homme élevé à l’école de Benoît XVI, c’est-à-dire habitué à
faire de Dieu le centre de tout.
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Sources : Benoit-et-moi
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.01.2023
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