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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : la version pneumatologique de la notion de Tradition

 

Le 17 décembre 2008 - (E.S.M.) - De la promulgation de l'Évangile par le Christ, qui est transmise sous deux formes, orale et écrite, par les apôtres, dans lesquelles la composante pneumatologique apparaît comme unie à l'apostolique, dans la mesure où l'on distingue deux sortes de traditions apostoliques, celles qui remontent au Christ et celles qui remontent à l'Esprit Saint.

Le Cardinal Cervini, devenu pape Marcel II (Wilkipédia) - Pour agrandir l'image Cliquer

Benoît XVI : la version pneumatologique de la notion de Tradition

LA PAROLE DE DIEU
Rubrique : Théologie

Chapitre II : Essai sur la question du concept de Tradition
I. RÉVÉLATION ET TRANSMISSION DE LA PAROLE DE DIEU.
ESSAI D'ANALYSE DE LA NOTION DE TRADITION (suite du n° 3)

1) La question du concept de Tradition
2) La Révélation surpasse, l'Écriture
3)
La Tradition a son organe dans l'autorité de l'Église
4) La transmission de la foi est, par sa nature, toujours interprétation
II. INTERPRÉTATION DU DÉCRET SUR LA TRADITION DU CONCILE DE TRENTE

II paraît important de considérer la notion de Tradition en remontant aux questions débattues avant l'adoption du décret, plutôt que de revenir à l'analyse de Geiselmann relative au partim-partim remplacé par le « et »; ceci ne fait que reconduire le problème à la question de la suffisance de l'Écriture.

5) La version pneumatologique de la notion de Tradition dans le projet du Cardinal Cervini

Le contenu

II convient de rappeler certains discours qui firent largement avancer le débat. À cet égard, celui que le Cardinal Cervini prononça le 18 février 1546 revêt une importance fondamentale pour la suite de la discussion. (Marcello Cervini, né le 6 mai 1501 à Montefano, dans les Marches - mort le 1er mai 1555 était un religieux italien du XVIe siècle, qui devint le 222e pape de l'Église catholique, en 1555, sous le nom de Marcel II).

Il a l'avantage de faire reconnaître assez clairement les principes directeurs, et ce plus que le Décret lui-même, qui a perdu de sa transparence suite à toutes sortes de recherches de compromis. Pour mieux comprendre ce discours, il faut citer une lettre du Cardinal Cervini au Cardinal Alexander Farnese datant du 28 Février 1546. Elle contient les grandes lignes de sa pensée sur ce sujet. Cervini avance l'existence de trois principes et fondements de notre foi :

1- Les livres saints, qui furent écrits sous l'inspiration de l'Esprit Saint.
2- L'Évangile, que notre Seigneur n'a pas écrit, mais que sa bouche enseigna et implanta dans les cœurs : certaines paroles furent consignées par écrit plus tard par les évangélistes, tandis que beaucoup d'autres restèrent simplement confiées aux cœurs des croyants.
3 - Comme le Fils de Dieu ne resta pas toujours présent corporellement parmi nous, il envoya l'Esprit Saint, qui devait révéler les Mystères dans les cœurs des croyants et enseigner à l'Église toute Vérité jusqu'à la fin des temps.

Cette pensée se développe encore davantage dans un deuxième jet, plus précis, du discours. La Révélation - nous est-il dit ici -, s'est faite en de temps différents et de manières différentes.

1 - Aux patriarches, dont la foi est gardée dans les Écritures que nous appelons Ancien Testament.
2 - En la personne du Christ, qui n'a pas semé son Évangile scripturairement, mais oralement, non « in charta » mais « in corde ». Des paroles émanant du Christ, on en consigna certaines par écrit (quae a christo emanarunt) ; d'autres restèrent dans le cœur des hommes (quaedam in cordibus hominum relicta fuerunt). Tout cet ensemble, l'Évangile du Christ, subsistant sous ces deux formes, est le secundum principium fidei nostrae (après l'Ancien Testament, qui est le premier principe).
3 - À cela s'ajoute, comme troisième principe (tertium autem) l'élément suivant : comme le Fils de l'Homme ne devait pas toujours rester avec nous, il envoya son Esprit Saint dans le monde, afin qu'il explique aux hommes les Mystères de Dieu, et tout ce dont ils doutaient encore.

De la même manière, cette lettre au Cardinal Farnese parle de deux étapes (due passi) : la première est que la Révélation de notre Seigneur ne fut pas entièrement écrite, mais qu'une partie resta dans les cœurs des hommes et dans la Tradition de l'Église; l'autre étape étant le constat quello che e suggerito lo Sancto Spirito in la chiesa, maxime medianti i concilii doppo l'ascensione in cielo del Signore.
      
Ici sont donc affirmés non pas deux, mais trois principes : Écriture Sainte - Évangile - Révélation de l'Esprit dans l'Église.

II est donc important de souligner que par « Écriture », on entend ici l'Ancien Testament, et à côté de celui-ci, qui est l'Écriture au sens propre, l'Évangile apparaît comme deuxième principe. Dans tout cela, l'Événement du Christ figure sous le concept d' « Évangile », qui de son côté englobe les dimensions d' « écrit » et d' « inscrit dans le cœur des croyants », si bien que le deuxième principe indique déjà une supériorité pneumatique sur l'écrit. Selon cette conception, l'Évangile est autre chose que l'Écriture et n'est donc qu'en partie un écrit. Puis vient finalement, et c'est ce qui nous étonne le plus, l'action révélante de l'Esprit Saint dans le temps de l'Église, en tant que troisième principe. Ainsi, ce que nous appelons communément Tradition, ou que nous imaginons comme tel, n'apparaît pas ici comme un unique principe. Au contraire, elle repose sur deux principes différents: sur l'Évangile, comme principe dont une partie seulement est classifiable en tant qu'Écriture, et sur l'action de l'Esprit Saint dans le temps de l'Église. Nous pouvons encore constater que l'Écriture néotestamentaire n'apparaît pas en tant qu'un unique principe à côté de la tradition apostolique, et que l'ensemble Nouveau Testament -Ancien Testament figure encore moins comme une entité « Écriture », face à laquelle on pourrait alors situer « la Tradition » telle une deuxième entité. Le complexe Événement - Réalité du Nouveau Testament apparaît plutôt comme un principe à deux ramifications, formant cependant un tout, c'est-à-dire en tant qu'Évangile, et en tant que tel, différent, d'abord de l'Ancien Testament, ensuite du contexte de vie postérieur, spécifique au temps de l'Église. Son unité intérieure est visiblement plus forte et plus importante que sa division en écrit et non écrit, si bien qu'il peut être opposé à l'Ancien Testament en tant que principe unique malgré ses deux formes d'accomplissement différentes. On perçoit ici une grande influence de saint Paul et de l'Église primitive, pour lesquels il était impossible de considérer le Nouveau Testament comme « Écriture ».

Autre déduction de ce texte : dans aucun de ces deux principes concernant la notion de transmission de la Révélation, la Tradition n'apparaît en tant que tradition « verbale ». Elle est plutôt présentée dans les deux cas comme étant une « réal-tradition », la réalité ayant prééminence sur la parole qui en témoigne. Cela devrait être clair s'agissant du troisième principe pneumatologique, mais ceci est tout aussi valable pour ce qui est relatif, dans le deuxième principe, à l'implantation de l'Évangile dans le cœur, qui dépasse ce qui a commencé à être mis dans les Écritures.

Le rôle que ces considérations ont joué dans les débats du Concile se ressent à travers les « auctoritates » avancées en présence de Cervini, parmi lesquelles figurent Jn 16,12 (...Spiritus sanctus suggeret...) et Ph 3,15Quicumque perfecti sumus, haec sentiamus, et si quid aliter sentitis, haec quoque Deus vobis revelabit »), les deux passages étant très orientés sur le présent du pneuma. Il ressort de toute une série d'interventions des Pères du Concile que ces pensées ne leur étaient pas étrangères. Nous entendons ainsi l'Évêque d'Aquin dire qu'en dehors des Saintes Écritures, il y aurait dans l'Église du Seigneur bien des choses qui se seraient transmises de la main à la main, qui nous seraient parvenues à partir des apôtres, et qu'il y a encore bien des choses « quae etsi scripta apostoli nobis non reliquerunt,per Spiritus Sancti revelationem nobis (tradita) sunt ». En conclusion de tout ceci, on pourrait qualifier la tradition comme étant la composante pneumatologique de l'Événement du Christ.

L'influence de l'essai du Cardinal Cervini sur différentes décisions du Concile

Force est de constater que cette conception en trois points est fortement atténuée dans le décret officiel sur la Tradition, mais il ressort de deux autres textes du Concile qu'on ne les a nullement laissés tomber quant à leur fond. L'introductior du décret sur l'Eucharistie (Denz 873 a) dit ceci « sacrosancta synodus, sanam (...) doctrinam tradem quant semper catholica Ecclesia ipso lesu Christ Domino nostro et eius Apostolis erudita, atque Spiritu Sancto illi omnem veritatem in dies suggeren (Jn 14,16) edocta retinuit... »

Le rôle propre du Concile est décrit comme étant de « tradere », et ce « tradere » remonte à un double arrière-plan : d'une part l'enseignement de Jésus et des apôtres (ce qui correspond à la notion d'Évangile chez Cervini, et qui mentionne bien les deux structures du premier message évangélique : écrit et implanté dans les cœurs) ; d'autre part l'enseignement par l'Esprit Saint, qui « in dies », dans le temps présent, conduit à la Vérité.

L'autre texte que l'on peut évoquer ici se trouve dans le préambule à la doctrine sur le Purgatoire (Denz 983), qui dit ceci: «... catholica Ecclesia, Spiritu Sancto edocta, ex sacris Litteris et antiqua Patrum traditione in sacris Conciliis et novis-sime in hac [...] Synodo docuerit ».

Dans le chapitre sur le sacrement de l'Ordre, il est mentionné d'ailleurs aussi que le Concile a le rôle de « tradere » (Denz 910).

On découvre enfin aussi « les trois moments » en toile de fond du Décret sur la Tradition, où il est question :

1 - de la promesse de l'Évangile annoncée par les prophètes dans les Saintes Écritures, ce qui continue d'attribuer la qualité d'Écriture Sainte, au sens strict du terme, à l'Ancien Testament.

2 - De la promulgation de l'Évangile par le Christ, qui est transmise sous deux formes, orale et écrite, par les apôtres, dans lesquelles (à la différence de chez Cervini) la composante pneumatologique apparaît comme unie à l'apostolique, dans la mesure où l'on distingue deux sortes de traditions apostoliques, celles qui remontent au Christ et celles qui remontent à l'Esprit Saint. Ainsi, face à l'essai de Cervini, il existe un certain processus d'historisation, qui renforce le rattachement au commencement historique et qui en même temps semble déplacer sur la « verbal-tradition » l'accent qui était mis sur la « real-tradition ».

3 - Puis on revient encore à la notion d'Écriture Sainte, et à la fin seulement, on trouve une formulation de la notion de Tradition décrite comme étant « vel oretenus a Christo vel a Spiritu Sancto dictatas et continua successione in Ecclesia catholica conservatas ». Il manque ici l'allusion aux apôtres; on peut considérer l'ensemble comme une reprise de ce qui précède et ajouter que les traditions sont d'abord dictées chez les apôtres puis ensuite transmises (le rajout de la continua successio suggère cette interprétation). Cependant, un certain flou subsiste, laissant ouverte la possibilité de trouver ici encore les traces de la troisième composante de Cervini, précisément du principe pneumatique. Il est clair aussi que cette conception est refoulée, et que l'on cherche à la compenser par une conception nettement plus axée sur l'histoire.

Si nous revenons sur tout ce propos, nous ne pouvons éviter de nous demander ce qu'on entend concrètement par la conception pneumatologique, comment surtout on peut comprendre de manière sensée l'idée de « revelatio » qui continue à s'effectuer, en regard de « l'une fois pour toutes » et du rattachement historique de la Révélation; il est clair que cette question n'a pas échappé à Cervini et à toute la tradition patristique et médiévale qui le précédait. Il convient de se demander quelles sont les intentions théologiques qui prévalent ici, lesquelles évidemment ne finissent par s'exprimer qu'imparfaitement, dans un texte qui est une synthèse, un compromis de plusieurs conceptions, à l'origine très éloignées les unes des autres. Une présentation détaillée ferait voler en éclats les limites de cette tentative; quelques remarques sommaires pourront suffire.

à suivre : La relation entre Tradition et vie de l'Église dans diverses interventions au concile de Trente

Chapitre I : Primauté, épiscopat et succession apostolique
1ère partie   ► Le papisme
2ème partie "Tradition" et "succession", furent originellement très proches
3ème partie La succession apostolique et le Verbe
4ème partie Les deux formes de succession apostolique
5ème partie Une catholicité qui renoncerait à Rome ne serait plus catholique
 

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Sources: "La Parole de Dieu", cardinal Ratzinger/Benoît XVI - Traduit de l'allemand par Monique Guisse
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité)  17.12.2008 - T/Théologie

 

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