Benoît XVI : la transmission de la
foi est, par sa nature, toujours interprétation |
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Le 05 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- La transmission de la foi est, par sa nature,
toujours interprétation; elle n'existe pas en elle-même, mais en tant
qu'explication, en tant qu'interprétation « conformément aux Écritures
».
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Les
quatre évangélistes
(Évangéliaire de Lorsch - Wilkipédia) -
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Benoît XVI : la transmission de la foi est, par sa nature, toujours
interprétation
LA PAROLE DE DIEU
Rubrique : Théologie
Chapitre
II : Essai sur la question du concept de
Tradition
I. RÉVÉLATION ET TRANSMISSION DE LA PAROLE
DE DIEU.
ESSAI D'ANALYSE DE LA NOTION DE TRADITION
(suite du n° 3)
1)
La question du concept de Tradition
2)
La Révélation surpasse, l'Écriture
3)
La Tradition a son organe dans
l'autorité de l'Église
La fonction de l'exégèse
Nous n'avons pratiquement abordé jusqu'à présent que les questions
concernant les limites de la stricte lecture de la notion d'Écriture, celle
de la liberté de l'Esprit et de l'autorité de l'Église.
Mais un élément important est, a contrario, inhérent à l'ensemble de toutes
ces considérations ; il renvoie, explique Benoît XVI, aux soucis légitimes de Luther à partir
desquels nous avons débuté ce propos. En effet, si nous constatons que la
Révélation devient présente à travers la prédication, mais que la
prédication est interprétation, il est nécessaire d'ajouter une précision.
La transmission de la foi est, par sa nature, toujours interprétation; elle
n'existe pas en elle-même, mais en tant qu'explication, en tant
qu'interprétation « conformément aux Écritures
». Ceci est déjà valable
s'agissant de la prédication de Jésus-Christ lui-même, puisqu'elle apparaît
comme un accomplissement, et donc comme une interprétation, plus exactement
comme une interprétation d'autorité. Elle ne vient pas avec quelque chose de
nouveau, dont l'Écriture - l'Ancien Testament ici -, n'aurait pas encore
témoigné; au contraire, elle proclame la réalité de ce qui a été écrit et le
fait naître à une vie nouvelle, que le simple historien ne pouvait lui
conférer. Ce qui vaut pour le message du Christ, qui apparaît seulement sous
la forme de l'interprétation, vaut à plus forte raison pour la prédication
par les apôtres, et encore plus pour la prédication par l'Église: en tant
que « tradition », elle aussi doit finalement rester interprétation «
conformément aux Écritures », se savoir soumise et reliée à l'Écriture.
Certes, elle non plus n'est pas interprétation, au sens d'interprétation
purement exégétique ; elle est au contraire sous l'autorité spirituelle qui
lui vient du Seigneur et qui se déploie dans toute l'existence de l'Église,
dans sa foi, dans sa vie, dans son culte. Mais, bien au-delà encore de
l'Événement Christ fondant l'Église, elle demeure l'interprétation rattachée
à l'Événement sauveur qui s'est produit et aux paroles qui ont été
prononcées. En cela, souligne Benoît XVI, s'exprime son rattachement à
l'agir concret de Dieu dans notre Histoire et dans l'Événement d'une
seule fois dans l'Histoire, l'έφάπαξ,
le « une seule fois » qui est tout
aussi essentiel dans la réalité de la Révélation christique que le «
pour toujours ».
Ici apparaît clairement l'unité existant entre le Christ de la Foi et le
Jésus de l'Histoire : le Jésus de l'Histoire n'est pas autre que le
Christ de la foi, même si la foi est toujours plus que l'Histoire.
De ce point de vue, on peut dire que, de même que
l'Église a la charge de veiller sur la conservation du témoignage
inspiré par l'Esprit Saint, de même l'exégèse doit rechercher le
sens littéral et veiller, contre toute gnose, à ce que soit maintenu le
rattachement à la sarx (chair) du
logos. Il y a alors une sorte d'autonomie de l'Écriture, devenant un
critère indépendant, et à maints égards complètement indiscutable face
au Magistère de l'Église. C'est sans aucun doute le juste examen fait
par Luther, auquel on n'a pas encore donné assez de place dans l'Église
catholique sous dépendance du Magistère,
dont les limites internes n'ont pas toujours été vues assez clairement.
On va devoir, à partir de ce point, affirmer une sorte de double
critériologie en matière de foi : d'une part il y a ce que l'ancienne
Église a appelé « règle de foi », et par là, la fonction régulative des
témoins officiels à l'égard de l'Écriture et de son interprétation. Mais
d'autre part, il y a aussi la limite de la littera scriptura, du
sens de la Parole de l'Écriture compris historiquement. Certes précise
Benoît XVI, il ne représente pas un modèle absolu, mais il est tout de
même un critère relativement indépendant dans le contrepoint dualiste du
croire et du savoir. Ce que l'Écriture permet de confesser de façon
claire et nette, par une simple lecture ou suite à des recherches
scientifiques, a la fonction d'un véritable critère, face auquel les
déclarations du Magistère doivent faire leurs preuves. Certes, il s'agit
ici de la composante inférieure, celle de l'élément cognitif, qui ne
juge pas la foi, mais qui, justement, existe aussi comme une instance
critique dans la foi en tant que telle, elle a un rôle de première
importance : veiller à la pureté de l'έφάπαξ,
au témoignage de l'événement unique, défendre la sarx de
l'histoire contre l'autopuissance de la gnose, qui a sans cesse la
prétention de s'imposer.
Une mission considérable incombe à la reformatio vers laquelle
l'Église tend de nos jours et qui va peut-être ouvrir de nouvelles
possibilités, ouvrant un dialogue sur l'autre désir de reformatio
qui avait finalement entraîné la rupture au sein de l'Église
occidentale. En s'ordonnant à la charge souveraine du témoignage de
l'Église, qui puise force et légitimité dans la
présence d l'Esprit Saint et dans la présence concomitant du
Christ avec nous tous les jours, lui le Christ toujours et aujourd'hui,
il conviendra de donner une nouvelle force et une nouvelle légitimité à
la charge de témoigner qu'a la Parole de l'Écriture, prononcée
une seule fois et une fois pour toutes.
Elle tire la permanence de sa valeur de « l'unique fois » de l'événement
du Salut dans l'Histoire accompli par Jésus-Christ, qui une fois pour
toutes s'est livré au Père par son Corps crucifié, rendant ainsi
parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie (He 10,
14), Lui, le Christ hier, aujourd'hui et à jamais
(He 13, 8).
à suivre :
Interprétation du décret sur le
tradition du Concile de Trente
►
Chapitre
I :
Primauté, épiscopat et succession apostolique
1ère partie
►
Le papisme
2ème
partie ►
"Tradition" et "succession", furent
originellement très proches
3ème partie
►
La succession apostolique et le Verbe
4ème
partie ►
Les deux formes de succession apostolique
5ème partie
►
Une catholicité qui renoncerait à Rome ne serait plus catholique
Sources:
La Parole de Dieu, cardinal
Ratzinger/Benoît XVI - Traduit de l'allemand par Monique Guisse
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
05.12.2008 -
T/Théologie
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