Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI rappelle que la Tradition a son organe dans l'autorité de l'Église

 

Le 28 août 2008  - (E.S.M.) - La Tradition existe concrètement comme présence dans la foi, qui, en tant qu'habitation par le Christ, passe avant toutes les autres révélations explicitées, affirme Benoît XVI, et qui traverse les siècles, vivante, portant ses fruits, et par conséquent s'explicitant elle-même.

L'Église une et indivise - Pour agrandir l'image Cliquer

Benoît XVI rappelle que la Tradition a son organe dans l'autorité de l'Église

LA PAROLE DE DIEU
Rubrique : Théologie

Chapitre II : Essai sur la question du concept de Tradition

I. RÉVÉLATION ET TRANSMISSION DE LA PAROLE DE DIEU.
ESSAI D'ANALYSE DE LA NOTION DE TRADITION (suite du n° 3)

1) La question du concept de Tradition
2) La Révélation surpasse, l'Écriture


Le Christ, la Révélation de Dieu

La réalité événementielle de la Révélation chrétienne n'est rien moins que le Christ lui-même. Il est la Révélation dans tout son sens : « Celui qui me voit, voit le Père », dit le Christ en saint Jean (14,9). Il faut donc en déduire que recevoir la Révélation signifie entrer dans la réalité-Christ, d'où jaillit cette double relation que saint Paul décrit dans les expressions « Christ en nous » et « nous dans le Christ ».

Tout le reste prend sens comme explication du mystère du Christ. Dès lors, la question de la suffisance du contenu de l'Écriture s'éclaire, cette question qui, depuis les travaux de Geiselmann, fait l'objet de tant de discussions. La question qui s'impose ici est la suivante : que peut bien pouvoir dire, s'agissant du Christ, « suffisance de contenu » ? La réalité-Christ est uniquement « suffisante ». Elle peut plus ou moins s'expliquer « matériellement », là n'est pas l'essentiel, précise Benoît XVI, et de ce fait, il peut aussi bien y avoir des explications « matérielles » d'après l'Écriture, ce dont il s'agira plus loin.

On peut aussi considérer cet état de fait sous un autre angle, pour avancer un peu. L'accueil de la Révélation, par laquelle nous est accordée la réalité du Christ, s'appelle, en langage biblique, la « foi ». On peut à partir de là mieux comprendre que dans le Nouveau Testament avoir la foi signifie la même chose qu'être habité par le Christ. Et nous avancerons encore si nous constatons que, pour l'Écriture, la présence de la Révélation est synonyme de la présence du Christ. La présence du Christ se caractérise de deux façons dans l'Écriture. Elle apparaît d'une part comme identique à la Foi (Ep 3,17), par laquelle l'homme rencontre le Christ et entre dans le champ de sa puissance salvatrice. Mais elle se cache aussi dans l'expression paulinienne de « Corps du Christ », qui caractérise l'assemblée des croyants - l'Église -, « l'être-là » du Christ dans notre monde, dans lequel il vient rassembler l'humanité, et par lequel il la rend participante de sa présence Toute-Puissante.

Ces deux dimensions signifient que la foi est l'entrée dans l'être présent du Christ, dans la réalité du Christ présent, dont témoigne l'Écriture mais qui n'est pas l'Écriture elle-même. Il s'ensuit donc, souligne Benoît XVI, que la présence de la Révélation est essentiellement en rapport avec les réalités « foi » et « Église », qui sont toutes deux dans leur substance en étroite relation. Ceci nous ramène à la première thèse de ce propos, selon laquelle la Révélation surpasse l'Écriture en un double mouvement - en allant vers Dieu, et en allant vers l'homme qui l'accueille. Cette notion, restée encore un peu floue au début de ce propos, se trouve essentiellement concrétisée au regard des réalités effectives du Christ.

La nature de la Tradition

L'explication de la réalité du Christ qu'est la Révélation, qui a sa présence unique sous les deux formes de la foi et de l'Église, se fait dans l'annonce de l'Évangile. L'annonce de l'Évangile est par conséquent, en raison de sa nature, interprétation (explication) et, en fonction de la forme dualiste de la Révélation dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, elle se fait sous deux aspects :

a- Elle est interprétation de l'Ancien Testament à partir de l'Événement du Christ et en regard de l'Événement du Christ.

b- Elle est interprétation de l'Événement du Christ lui-même, à partir du Pneuma et en même temps à partir de Sa présence dans l'Église. Ce dernier point est uniquement possible en ce sens que le Christ n'est pas mort, mais qu'il est vivant, et qu'il est non pas simplement le Christ d'hier, mais tout aussi intensément le Christ d'aujourd'hui et de demain. Vivant et présent, il l'est précisément dans son Église qui est son Corps, et dans laquelle son Esprit agit. Cet état de fait nécessite encore un certain éclaircissement sous l'angle de la nature de l'Église. Comme le Nouveau Testament nous le fait entendre, le message de Jésus est d'abord et avant tout un message eschatologique, dont l'objectif est le Royaume de Dieu, non l'Église. Le fait que l'Église existe n'est certes pas en contradiction avec ce message, mais il n'arrive qu'en deuxième place dans les étapes successives des Révélations du Christ. De même que tout le ministère des Douze après la Pentecôte ne vise pas d'abord l'Église, mais le Royaume de Dieu, ce que nous pouvons retenir de plus marquant dans les Actes des Apôtres est le fait que les Douze n'envisagèrent pas en premier lieu d'évangéliser les nations, mais qu'ils tentèrent d'abord de convertir Israël et de créer ainsi les conditions de la venue du Royaume. C'est seulement après toute une série de revers historiques, parmi lesquels il faudrait citer en particulier la lapidation d'Étienne, l'exécution de Jacques, et finalement l'arrestation puis la fuite de Pierre, que la première communauté fut contrainte de constater l'échec de sa tentative d'évangélisation d'Israël. Elle décida alors d'aller chez les païens et de construire l'Église plutôt que le Royaume. En agissant ainsi - cela ressort clairement du chapitre 15 -, elle prend une décision en union avec l'Esprit Saint. Les apôtres inaugurent ainsi cette nouvelle interprétation du message du Christ, sur laquelle repose l'Église dans son essence même.

Que l'Église soit fondée sur une décision prise « en union avec l'Esprit Saint » justifie une interprétation ecclésiale du Nouveau Testament, comme il y a une interprétation christologique de l'Ancien Testament. Nous avons à examiner les deux points suivants, avec ce qu'ils ont de différences, mais de liens aussi, dans l'analogia fidei :

a - Il y a une théologie vétérotestamentaire de l'Ancien Testament, que l'historien puise à l'intérieur de cette source et qui se développe en une quantité de couches superposées, où des textes anciens se relisent et se réinterprètent sous l'éclairage d'événements nouveaux. Le phénomène de la continuation de textes en situations nouvelles, de la continuation de la Révélation à partir d'une nouvelle interprétation de l'Ancien Testament structure déjà, de manière tout à fait essentielle, le cœur même de l'Ancien Testament.

b - Il y a une théologie néotestamentaire de l'Ancien Testament, qui ne se recoupe pas avec la théologie propre et interne à l'Ancien Testament, mais qui est reliée à elle dans l'unité de l'analogia fidei. De ce point de vue, remarque Benoît XVI, on peut peut-être dire d'une autre manière ce que signifie l'analogia fidei entre les deux Testaments. La théologie néotestamentaire de l'Ancien Testament n'est certes pas identique à la théologie vétérotestamentaire, qui lui est propre et qui dans son contenu est historiquement vérifiable, mais elle est une nouvelle interprétation à la lumière de l'événement du Christ. Cette interprétation ne ressort pas seulement d'une considération purement historique de l'Ancien Testament. En accomplissant un tel bouleversement dans l'interprétation., elle ne fait cependant rien qui soit totalement étranger à l'essence même de l'Ancien Testament, qui lui parviendrait de l'extérieur; au contraire, elle donne une suite à la structure interne de l'Ancien Testament, qui vit et croît à travers de tels bouleversements d'interprétation.

c - II y a une théologie néotestamentaire du Nouveau Testament, correspondant à la théologie vétérotestamentaire de l'Ancien Testament, une théologie donc, que l'historien peut puiser à l'intérieur du Nouveau Testament ; elle se caractérise et se structure d'ailleurs encore grâce à la nouvelle compréhension de l'Ancien en situation nouvelle.

d - II y a une théologie ecclésiale du Nouveau Testament, que nous appelons dogmatique. Elle se comporte vis-à-vis de la théologie néotestamentaire du Nouveau Testament comme la théologie néotestamentaire de l'Ancien Testament se comporte vis-à-vis de la théologie vétérotestamentaire de l'Ancien testament. Ce « plus » caractéristique, qui différencie donc la dogmatique de la théologie biblique, nous l'appelons dans un sens très précis la Tradition. Ici aussi il faudrait constater que la théologie ecclésiale du Nouveau Testament n'est pas purement identique à la théologie néotestamentaire du Nouveau Testament au contenu historiquement compréhensible, mais qu'elle la transcende sans cependant lui être purement extérieure. Car là encore commence déjà, au sein du Nouveau Testament même, le début de l'interprétation ecclésiale du transmis. La théologie ecclésiale du Nouveau Testament pénètre, en tant que processus, au cœur du Nouveau Testament même, et c'est dans l'histoire de la transmission synoptique que cela pourrait se voir le plus clairement.

Une petite remarque s'impose encore. Si nous mettons d'emblée sur le même plan la théologie ecclésiale du Nouveau Testament et la dogmatique, il faut, en regardant de plus près, faire une différence. La dogmatique en tant que science inclut toujours, par-delà l'interprétation ecclésiale du Nouveau Testament, la théologie personnelle de chaque théologien. On pourrait dans cette mesure, et dans un sens bien précis, ne qualifier que le dogme lui-même de théologie ecclésiale du Nouveau Testament. De toute façon, ce schéma n'est bien sûr qu'une ébauche grossière, et pour plus d'exactitude, il faudrait préciser certains détails. Les gros traits suffisent pour notre problématique. Si nous résumons tout ce que nous venons de voir, nous constatons plusieurs fondements à la réalité « Transmission de la Révélation », ainsi que plusieurs éléments à l'intérieur même de celle-ci.

1re racine : la transcendance de la réalité « Révélation » par rapport à l'« Écriture ».

2e racine : le caractère spécifique de la Révélation néotestamentaire en tant que pneuma en opposition au gramma, et par là, ce que dans la langue de Bultmann, on pourrait appeler sa non objectivabilité. La praxis de l'Église, et la théorie médiévale qui lui fit suite, a exprimé cet état de fait en affirmant la primauté de la fides sur la scriptura, c'est-à-dire de la profession de foi comme règle de foi prévalant sur les détails de l'Écrit. La profession de foi apparaît comme la clé herméneutique qui fait entrer dans l'Écriture, cette dernière étant, sans l'herméneutique, vouée au silence.

3e racine : le caractère de présent de l'événement du Christ et la présence souveraine de l'Esprit du Christ dans son Corps, l'Église. En lien avec cela, la souveraineté de l'explication du fait du Christ d'hier allant jusqu'au Christ d'aujourd'hui, qui nous a été donnée à l'origine par les apôtres avec leur recentrage sur l'Église du message du Royaume.

Conformément à ces trois fondements de la notion de Tradition (ou mieux, de la réalité de la Tradition) on peut déduire différents moments dans la transmission de la foi :

a- À l'origine de toute la Tradition, il y a le fait que Dieu le Père envoie son Fils dans le monde et qu'à son tour le Fils se livre (napaôiôotai) - en signe -, à toutes les « nations ». Ce processus de Tradition, paradosis, avec son caractère salvifique, se poursuit dans la présence permanente du Christ, dans son Corps : l'Église. En ce sens, c'est tout le mystère de la présence du Christ qui constitue en premier lieu l'ensemble de la réalité transmise par la Tradition. Cette réalité fondamentale, qui passe avant toutes les autres révélations explicitées, y compris celles de l'Écriture, indique Benoît XVI, représente ce qui est effectivement à transmettre.

b- La Tradition existe donc concrètement comme présence dans la foi, qui, en tant qu'habitation par le Christ, passe avant toutes les autres révélations explicitées, et qui traverse les siècles, vivante, portant ses fruits, et par conséquent s'explicitant elle-même.

c- La Tradition a son organe dans l'autorité de l'Église, c'est-à-dire chez ceux qui, en son sein, ont l'autorité.

d- Mais la Tradition s'exprime déjà dans ce qui, émanant de la suprématie de la foi, est déjà devenu règle de foi (Symbole, fides quae). La question de savoir si d'autres paroles prononcées furent transmises dans le même temps et parallèlement à l'Écriture, si donc il y a eu dès le début un principe matériel autre que l'Écriture, paraît ici bien secondaire; il faudra y répondre probablement par la négative.

à suivre : La fonction de l'exégèse

Chapitre I : Primauté, épiscopat et succession apostolique
1)  Le papisme
2) "Tradition" et "succession", furent originellement très proches
3) La succession apostolique et le Verbe
4) Les deux formes de succession apostolique
5) Une catholicité qui renoncerait à Rome ne serait plus catholique
 

Sources:  La Parole de Dieu, cardinal Ratzinger/Benoît XVI - Traduit de l'allemand par Monique Guisse - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 28.08.08 - T/Théologie

 

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante