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Mgr Gänswein au quotidien avec
Benoît XVI
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Le 14 mai 2023 -
E.S.M.
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Poursuivons le livre de Mgr Georg
Gänswein "Rien d'autre que la vérité" et découvrons le
quotidien du secrétaire personnel du pape Benoît XVI.
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Le pape Benoît XVI et Mgr
Georg Gänswein-
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Benoît XVI
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La foi chrétienne sous le bras
Le 14 mai 2023 -
E.S.M. -
Le soir où le cardinal Ratzinger a été élu et que, par le fait même, je me
suis retrouvé impliqué à ses côtés, j'ai soudain compris que personne ne
vous apprend à être le secrétaire du pape : il n'y a pas de manuel de
comportement, pas d'apprentissage à suivre car, soudainement, vous êtes
projeté de l'arrière à la ligne de front. J'ai ressenti intimement le même
sentiment que mes frères et amis m'avaient décrit lorsqu'ils s'étaient
trouvé un nouveau-né dans les bras et qu'ils ne savaient pas trop comment se
comporter, craignant plutôt de faire mal.
Au début, l'aide principale est venue du P. Mietek, qui a travaillé à mes
côtés en tant que deuxième secrétaire pendant
quelques années : c'est le cardinal Marian Franciszek Jaworski qui a suggéré
cet excellent choix à Benoît XVI, qui l'avait accueilli à Lvov le 16 juillet
2007 comme archevêque coadjuteur, puis comme successeur de l'ordinaire du
lieu. J'ai dû apprendre rapidement de nombreuses choses, de la gestion des
relations avec la secrétairerie d'État à la coordination de l'agenda du
pape, à harmoniser avec le préfet de la Maison pontificale et le maître des
célébrations liturgiques pontificales. Il y avait aussi des questions
mineures, mais tout aussi importantes, comme la logistique de l'appartement
et le traitement des questions les plus pratiques, y compris une dernière
vérification pour voir si tout fonctionnait dans le studio papal pour
l'Angélus du dimanche!
La journée était vraiment dense, commençant par le réveil vers 6 heures, en
même temps que le pape, puis la messe, la méditation et le bréviaire. Après
le petit-déjeuner, je m'occupais de la correspondance interne, qui arrivait
dans de grands sacs en cuir noir, déformés par le poids, tandis que Benoît
XVI se rendait à l'étude pour lire la documentation sur les questions les
plus récentes et la revue de presse internationale. Pendant une demi-heure,
je le rejoignais, afin de le mettre au courant de tout ce qui était
important et de lui l'informer sur les rendez-vous qui l'attendaient.
Ensuite, je l'accompagnais à la Seconde Loggia pour les audiences privées,
ou dans les lieux adaptés pour les groupes plus importants, et pendant le
reste de la matinée, je recevais les personnes et répondais aux appels
téléphoniques et aux courriels.
Après le déjeuner de 13 h 30, une promenade d'une dizaine de minutes sur la
terrasse - protégée des regards indiscrets Par des arcs recouverts de lierre
(car on pouvait être vus depuis la coupole panoramique de Saint-Pierre) -,
et une
courte pause, je reprenais les sacs de courrier supplémentaires qui avaient
été déposés dans mon bureau entre-temps, afin de soumettre au pape les
documents qu'il devait lire et signer personnellement. Avant les audiences
privées avec les principaux fonctionnaires du Vatican, qui avaient lieu tous
les jours à 18 heures, je l'informais des questions les plus importantes qui
avaient été soulevées et je prenais note de ce qu'il me demandait de faire à
leur sujet. À 18 h 45, si le temps le permettait, nous nous rendions en
voiture à la grotte de Lourdes, dans les jardins du Vatican, où nous
faisions une promenade en récitant le chapelet. Si le temps était mauvais,
nous allions au jardin sur le toit, au dernier étage, d'où l'on pouvait voir
tout Rome.
C'était le moment où nous échangions quelques mots en toute liberté et je
lui racontais, par exemple, les questions que les enfants envoyaient dans
les petites lettres ornées de leurs dessins naïfs : « Quand le pape est seul
à la maison, enlève-t-il sa robe blanche et reste-t-il en costume ou en robe
? J'ai lu qu'il aimait les Don Camillo, est-ce vrai ? Mais vraiment, les
chaussures rouges qu'il porte sont-elles Prada ? » Désormais, je peux me
permettre de répondre : non, Benoît a toujours porté la soutane blanche,
parce que don Mietek lui avait fait remarquer que c'était ce que Jean-Paul
II faisait déjà, et il avait décidé de s'y conformer ; oui, à tel point
qu'en janvier 2011 le curé et le maire de Brescello, les « héritiers » des
protagonistes de Guareschi, ont assisté à l'audience générale au Vatican,
apportant en cadeau le coffret avec les cinq DVD de la saga
cinématographique; non, l'association d'idées était probablement due à la
couleur rouge, caractéristique d'une ligne de la maison de couture Prada,
qui avait incité par erreur le magazine Esquire à qualifier ces chaussures
d' « accessoire élégant » en 2007.
Vers 19 h 30, il y avait le dîner et ensuite nous regardions généralement
les nouvelles. Enfin, Benoît se retirait en privé pour lire et prier une
dernière fois, tandis que je retournais à mon bureau de secrétaire ou dans
ma chambre sur la mezzanine supérieure pour terminer les dernières tâches.
Le dimanche, nous regardions parfois un film d'époque (mais il aimait aussi
les épisodes de don Matteo), ou écoutions de la musique classique (surtout
Mozart, Bach et Beethoven), et parfois il jouait lui-même du piano (Schubert
et Mozart étaient parmi les partitions qu'il aimait le plus jouer).
Je me suis vite rendu compte que le rythme que je m'étais fixé était trop
élevé : partir en pôle position à fond est une chose, boucler tous les tours
et parvenir à la ligne d'arrivée en est une autre. J'ai dû lutter un peu
pour trouver la bonne cadence dans la myriade d'engagements quotidiens. En
particulier, au cours des premiers mois, j'ai eu du mal à gérer les
innombrables demandes d'audiences privées et autres réunions, toutes
motivées par d'honorables causes: « Juste une exception... Le Pape me
connaît depuis longtemps... Il sera sûrement satisfait des retrouvailles...
» Je sais que j'ai mécontenté de nombreuses personnes, certainement dignes
d'égards, mais mon rôle était d'agir comme le « chasse-neige » du pape, de
le protéger d'une avalanche de papiers et de pressions.
J'ai redécouvert dans un vieux journal les notes que j'avais écrites pour un
court témoignage il y a plusieurs années, et je me suis retrouvée dans ces
mots : « Plus un verre est propre, plus il atteint son but. Si un verre
commence à se salir ou à se casser, c'est toujours un verre, mais il ne
fonctionne pas comme il le devrait. Et j'avoue franchement que j'ai vu, je
vois et je verrai toujours mon rôle, mon service, comme du verre : je dois
laisser entrer le soleil, mais ne pas apparaître, si possible. Le verre, en
fait, moins il apparaît, mieux c'est.
C'est, non pas ma devise, mais la toile de fond de ma vision du rôle de
secrétaire particulier de Sa Sainteté. Et j'essaierai de mettre ce concept
en pratique, chaque jour, avec mon cœur, avec mon cerveau, avec mon âme,
avec toutes les forces dont je dispose. » (106 -
110)
Extraits de "Rien que la vérité" de Mgr Gänswein (à
suivre ...)
-
Mgr Gänswein : Jean-Paul II était un saint
(33 - 37)
-
Ratzinger comme un chef d'orchestre de Jean Paul II
(47 -54)
-
Benoît XVI : la campagne électorale à l'envers
(55-69)
-
Benoît XVI : Des racines en Bavière (93 - 97)
-
La foi chrétienne sous le bras ( 102 - 106)
-
Mgr Gänswein au quotidien avec Benoît XVI (106 - 110)
Mgr Gänswein : Dans l'appartement du pape (115 - 119)
-
Mgr Georg Gänswein : Rien d'autre que la vérité - ma vie aux côtés
de Benoît XVI - Postface (341 - 344)
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Sources
: Rien d'autre que la vérité - édition Artège
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.05.2023
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