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19 Avril 2005
 

Mgr Gänswein : Dans l'appartement du pape

Le 02 juin 2023 - E.S.M. - Aujourd'hui nous publions la suite du livre de Mgr Gänswein, Rien d'autre que la vérité, notamment le récit du matin du 20 avril 2005, le lendemain de l'élection du pape Benoît XVI.

Le pape Benoît XVI et Mgr Gänswein - Pour agrandir l'image ► Cliquer

Mgr Gänswein : Dans l'appartement du pape

Le 02 juin 2023 - E.S.M. - Le matin du 20 avril 2005, le lendemain de son élection, un moment très émouvant a été son entrée par l'escalier noble dans l'appartement papal de la troisième loggia, après que le chambellan Martmez Somalo ait brisé les scellés qu'il avait précédemment placés sur la porte d'accès. Benoît XVI connaissait bien ces pièces où il était entré tant de fois pour converser avec Jean-Paul II, et il a fait ses premiers pas presque timidement, comme s'il ne voulait pas rompre l'équilibre délicat qui s'y était établi pendant les presque vingt-sept ans de pontificat du pape Wojtyla. Comme il me l'a dit plus tard, le franchissement de ce seuil avait fait remonter d'innombrables souvenirs qui faisaient presque physiquement réapparaître son prédécesseur dans sa mémoire.

     Il y avait une forte odeur d'hôpital, notamment parce que les fenêtres avaient été fermées pendant longtemps et que la moquette qui recouvrait le sol s'était imprégnée des odeurs de médicament pendant la longue agonie du pontife polonais. Nous avons tous compris qu'il était impossible d'y emménager immédiatement, surtout après que les techniciens nous ont expliqué qu'aucun travail de rénovation n'avait été effectué depuis des décennies, au point que le système électrique était encore divisé en deux lignes de tensions différentes, tandis que dans le plafond se trouvait une cavité avec des récipients pour recueillir l'eau des infiltrations.

     Nous avons alors visité la tour de San Giovanni, qui avait déjà été aménagée à l'époque de Jean XXIII pour accueillir les personnalités illustres en visite au Saint-Siège. Mais c'était trop humide et, de plus, les espaces de circulation se sont montrés très inconfortables. La décision a donc été prise : Benoît XVI s'installerait pour l'instant dans l'appartement dit patriarcal de la Maison Sainte-Marthe (celui qu'utilisé actuellement François, marqué du n° 201), tandis que je m'installerais dans la chambre voisine.
Nous sommes restés à Sainte-Marthe jusqu'au 30 avril. Je m'en souviens bien, car cette date est la fête liturgique de saint Pie V, le saint patron du Saint-Office. Durant une dizaine de jours, un nettoyage complet de l'appartement avait été effectué, afin que nous puissions y rester pendant les deux mois suivants, en commençant doucement à nous organiser.

     L'ingénieur Paolo Sagretti, responsable de la Floreria (l'organisme responsable, entre autres, de l'aménagement des locaux du Vatican), a expliqué que Paul VI avait souhaité une teinte grise pour la tapisserie et que Jean-Paul II n'avait pas demandé de changements particuliers. Benoît a demandé que le tapis soit enlevé et que le splendide marbre du XVIe siècle soit restauré, ce qui a rendu le sol très lumineux, rafraîchissant ainsi un peu les murs sur lesquels se détachent de très belles peintures.
Il a ensuite exprimé le souhait que le bureau, qui l'avait toujours suivi depuis qu'il était professeur en Allemagne, et une partie des étagères de la place de la Cité léonine soient placés dans son bureau, afin qu'il puisse avoir à portée de main les documents dont il pourrait avoir besoin (après avoir renoncé à la papauté, tout fut transféré au monastère Mater-Ecclesiae au Vatican, sa résidence jusqu'à sa mort).(111)

Benoît aimait dire qu'il avait l'impression d'être entouré d'amis lorsqu'il regardait les livres sur les étagères. Mais il n'y était pas jalousement attaché, à tel point que depuis longtemps, il avait pris la décision que si l'un d'eux entrait dans la maison, un autre devait sortir en cadeau. En fait, il y avait une table spéciale dans la congrégation où il plaçait les volumes qui pouvaient être pris librement par quiconque le souhaitait.

     Du 11 au 28 juillet, nous nous sommes déplacés dans les Combes, en Val-d'Aoste, pour quelques jours de repos que, dans l'Angélus du 17 juillet, il a clairement qualifiés de « cadeau vraiment providentiel de Dieu, après les premiers mois de l'exigeant service pastoral que la divine Providence m'a confié ». En effet, cette période avait été résolument intense, et même au cours de ce seul mois, les sources d'anxiété avaient été multiples en raison des nombreuses attaques terroristes dans le monde: le 2, l'ambassadeur d'Egypte avait été enlevé puis tué en Irak; le 7, cinquante-deux morts à Londres (et le 21, de nouvelles explosions, sans victimes) ; le 12, cinq morts à Netanya (Israël) ; le 14, l'évêque Luigi Locati avait été assassiné au Kenya; le 16, cinq victimes à Kusadasi (Turquie) ; le 23, quatre-vingt-huit morts à Sharm el-Sheikh (Egypte) ; le 27, deux diplomates algériens assassinés en Irak. Peu après, le 16 août, il y a eu aussi l'assassinat du fondateur de la communauté de Taizé, Fr. Roger Schiitz, des mains d'une femme déséquilibrée, pendant la récitation des vêpres. Le matin même, Benoît XVI avait reçu une lettre de lui, dans laquelle il exprimait son désir de venir à Rome le plus tôt possible pour le rencontrer et l'assurait que « notre communauté de Taizé veut marcher en communion avec le Saint-Père ».
    
     Nous sommes revenus de la montagne directement au Palais apostolique de Castel Gandolfo, où nous sommes restés jusqu'à la fin du mois de septembre. À notre retour au Vatican, nous avons trouvé tous les travaux terminés, vraiment en un temps record, au point que le pape Benoît a voulu recevoir tous ceux qui avaient collaboré à la rénovation en audience spéciale pour les remercier personnellement. Et il l'a fait avec des mots particulièrement affectueux: « Je suis convaincu - parce que j'ai fait construire une petite maison pour moi en Allemagne - qu'ailleurs, ce travail aurait pris au moins un an ou probablement plus. Je ne peux qu'admirer les choses que vous avez faites, comme ces magnifiques sols. J'aime aussi particulièrement ma nouvelle bibliothèque, avec ce plafond ancien. C'est le moment de vous dire "merci" pour tout cela, pour votre travail qui m'encourage - comme vous avez tout donné — à donner autant que je peux en cette heure tardive de ma vie. »

     La configuration de l'appartement était fonctionnelle pour les activités du pape et de la famille papale. Après l'entrée de l'escalier d'honneur, sur le palier duquel un garde suisse montait toujours la garde, il y avait un atrium avec un ascenseur. Tous les soirs, un des hauts responsables du Vatican arrivait pour une audience dans la bibliothèque privée : lundi le secrétaire d'État, mardi le député aux Affaires générales, mercredi le secrétaire pour les Relations avec les États, jeudi le préfet de la congrégation pour l'Évangélisation des Peuples, vendredi le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, samedi le préfet de la congrégation pour les Évêques. Par respect pour son rôle, le secrétaire d'État venait de son appartement de la Première Loggia et je l'accompagnais dans l'ascenseur d'honneur, tandis que les autres venaient de façon autonome devant l'appartement et sonnaient à la porte, où j'allais les accueillir.
    
     La porte de la bibliothèque privée donnait sur le hall d'entrée ; sur le côté avec vue sur la place Saint-Pierre se trouvaient également un petit bureau, la chambre du secrétaire personnel (la chapelle était tournée vers l'intérieur), le bureau personnel du pape et la chambre à coucher. Du côté de la via di Porta Angelica se situaient la salle de bains, une bibliothèque plus personnelle (avec le cabinet médical équipé pour Jean-Paul II), un salon, la salle à manger, la cuisine et les quartiers des Memores.
    
     Dans cette zone nord-ouest se trouve l'ascenseur dit « de Sixte-V », qui permet d'accéder directement à l'appartement depuis la cour du même nom. Mais son usage est strictement réservé aux propriétaires de la clé électronique qui ouvre la porte et met en marche le mécanisme, sous le contrôle constant de la gendarmerie : comme il était d'usage sous le pontificat de Benoît, seuls les membres de la famille papale restreinte en disposaient.
    
     L'ascenseur de Sixte-V pouvait s'arrêter à la Première Loggia dans l'appartement du secrétaire d'État et à la Deuxième Loggia pour permettre au pape de se rendre à la bibliothèque où étaient reçus les dignitaires. Après l'appartement de la Troisième Loggia, il continuait au quatrième étage, où il y avait des chambres pour les secrétaires et pour d'éventuels invités, et se terminait sur la terrasse, que Paul VI avait fait construire avec une structure en briques que nous avons rebaptisée « le chalet » : il y avait encore le téléviseur à tube cathodique avec lequel le pape Montini avait regardé la mission Apollo 11 se poser sur la lune le 20 juillet 1969. Cette terrasse était équipée d'une petite cuisine et d'un téléviseur couleur que Benoît XVI avait offert en cadeau et, traditionnellement, chaque dimanche soir, nous y dînions tous. Il y avait aussi une pièce avec une petite piscine jacuzzi, souhaitée par Paul VI, mais que nous n'avons jamais utilisée.(110 -115 )
    
Avec trois personnes de service
    
     Pour la gestion quotidienne de l'appartement, j'ai pu compter immédiatement sur Angelo Gugel, qui travaillait au Vatican depuis 1955 et qui, en 1978, avait été personnellement choisi par Jean-Paul Ier pour son service personnel parce qu'il l'avait véhiculé dans Rome pendant le concile Vatican II et l'avait invité plusieurs fois à dîner chez lui, car ils étaient proches depuis qu'il était évêque de Vittorio Veneto.
    
     Après la mort du pape Luciani, Jean-Paul II l'a confirmé dans ses fonctions et sa silhouette massive s'est imposée sur d'innombrables photographies au cours de tous les événements publiques du pontificat. Il nie racontait que, dans les premiers temps, le pape Wojtyla lui lisait les discours en italien pour qu'il lui montre où mettre l'accent correctement; puis il citait des anecdotes amusantes, comme lorsque le président Sandro Pertini refusait de dire qu'il dégustait des « strozzapreti » (étouffe-prêtre en italien - N.d.T.) à table, parce qu'il avait peur d'offenser le pontife qui était à ses côtés !
    
     C'est lui, connaissant le mécanisme, qui m'a aidé à ouvrir le vieux coffre-fort mural de la bibliothèque privée, duquel don Stanislaw m'avait donné les deux clés et le code au début du mois de juin, lors d'une rapide passation de pouvoir (un autre, plus petit, se trouvait dans le bureau du pape, au cas où il voulait garder quelque chose de privé, mais Benoît ne l'a jamais utilisé). Fort de son expérience de vingt-sept ans au Vatican en tant que secrétaire de Jean-Paul II, don Stanislaw a été très clair en me disant : « Je ne peux vous suggérer que deux choses. Le plus important est que vous devrez agir comme un toit au-dessus de la tête du Saint-Père, vous devrez le protéger de tout ce qui pourrait l'écraser. Vous devez ensuite trouver le bon rythme pour collaborer avec lui, avec votre cerveau, votre cœur et aussi votre intuition pour garder la situation sous contrôle : le monde entier est maintenant son ami et beaucoup voudront quelque chose de lui. »
    
     À l'intérieur du coffre, il y avait tout un amas, avec de nombreux objets datant des papes précédents : anneaux épis-copaux, croix pectorales, médailles frappées par la Monnaie du Vatican pour les derniers pontificats. Il nous a fallu un certain temps pour dresser un inventaire complet, mais nous avons finalement réussi à le faire, en utilisant également les notes qui accompagnaient de nombreux objets, afin de pouvoir remonter aussi loin que possible jusqu'à leur provenance.
    
     Don Stanislaw m'a également remis une enveloppe avec les détails et le montant du compte à l'IOR au nom du secrétariat particulier de Sa Sainteté, dont la signature était réservée au pape, seul le secrétaire étant délégué. De ce compte, alimenté par des dons explicitement destinés à la charité du Saint-Père, étaient prélevées des sommes destinées à la charité en faveur de cas particulièrement significatifs, à propos desquels Benoît XVI avait jugé opportun d'intervenir rapidement et en personne.
    
     Enfin, le père Stanislaw m'a accompagné à la petite chapelle de la mezzanine du quatrième étage, qui avait été aménagée par Mgr Pasquale Macchi à l'époque de Paul VI, où se trouvait, dans un ordre quelque peu dispersé, une énorme quantité de reliquaires accumulés principalement en raison des nombreuses béatifications et canonisations durant le pontificat de Jean-Paul IL II y avait également de nombreux calices et vêtements liturgiques, que Benoît XVI a décidé de remettre en grande partie au secrétaire du pape Wojtyla, afin qu'il puisse les utiliser comme cadeaux en mémoire du saint pontife.
    
     Dans les jours qui ont suivi l'élection, Gugel a eu soixante-dix ans, l'âge limite de la retraite au Vatican, mais il a accepté de rester quelques mois de plus pour permettre une transition efficace avec son successeur. Entre-temps, des enquêtes avaient été lancés pour choisir un remplaçant, et la proposition la plus crédible est venue de l'archevêque James Michael Harvey, qui a proposé Paolo Gabriele, un employé du Vatican initialement employé comme agent d'entretien à la secrétairerie d'État.
    
     L'homme avait parfois travaillé comme serveur dans la résidence vaticane de Harvey, qui était à l'époque chef de la section anglophone et plus tard consulteur; son attitude avait été appréciée. Ainsi, lorsque l'archevêque a été promu à la tête de la Maison pontificale en 1998, il a appelé Gabriele comme collaborateur pour remplacer un employé parti à la retraite. Gugel l'a rejoint pour une période d'essai et, après quelques semaines, a rendu un avis plutôt défavorable. Cependant, il n'y avait pas d'autres personnes immédiatement disponibles ; peut-être que l'erreur à ce moment-là a été de ne pas avoir cherché de meilleures alternatives.
    
     Après l'affaire Vatileaks, qui a conduit à la condamnation de Gabriele en 2012, avec des circonstances générales atténuantes, à dix-huit mois de prison pour le vol et la diffusion de documents classifiés du Saint-Siège, il a été remplacé par Sandro Mariotti (dit « Sandrone » en raison de sa taille imposante), qui l'avait déjà remplacé dans l'antichambre pontificale, après avoir été longtemps à Floreria. Je dois dire que lorsque je lui ai proposé le poste, il m'a répondu très honnêtement: « Je n'ai pas fait d'études spéciales, je suis un simple ouvrier. C'est trop bien pour moi, mais je n'en suis pas digne. » Je lui ai donc donné deux semaines pour réfléchir et demander un avis en toute confidentialité. Finalement, après avoir parlé personnellement avec le Saint-Père, il a accepté et il a continué à jouer ce rôle auprès du pape François.
    
     C'est également sur les conseils de l'archevêque Harvey que Mgr Alfred Xuereb a été choisi comme deuxième secrétaire à la place du père Mietek. Depuis 2003, il travaillait à la préfecture de la Maison pontificale en tant que prélat de l'antichambre et était chargé d'accompagner les personnalités en audience avec le saint-père à la bibliothèque privée de la Deuxième Loggia. Benoît avait donc déjà appris à le connaître, notamment parce qu'il parlait bien l'allemand, et avait apprécié ses qualités de courtoisie et de discrétion. L'une de ses tâches spécifiques était de recueillir pour la prière personnelle du pape les intentions qui lui parvenaient du monde entier et de placer les feuilles avec les noms des personnes et les raisons de la demande dans une boîte à côté de son prie-Dieu.
    
     J'ai été ému lorsque, dans une interview après la renonciation, j'ai lu son témoignage: « Ce qui m'a frappé, c'est que le pape, après quelques jours, me demandait : "Avez-vous eu des nouvelles de ce monsieur/dame - il précisait le nom — dont vous m'aviez parlé ? " Dans certains cas, j'ai dû répondre que malheureusement la personne était décédée, et j'ai été frappé par la réaction du Saint-Père car, habituellement, lorsque nous savons que quelqu'un est malade et que le message arrive qu'il est décédé, nous nous arrêtons là. Mais pas le pape. Il avait immédiatement récité le Requiem aeternam, m'invitant à le prier aussi. Donc pas seulement le souvenir, mais aussi la présence. Le pape, qui avait mille choses en tête, considérait la prière pour les malades comme un "ministère pastoral" très important ».(115 - 119)

A suivre : Les autres membres de la famille

Extraits de "Rien que la vérité" de Mgr Gänswein (à suivre ...)

- Mgr Gänswein : Jean-Paul II était un saint (33 - 37)
- Ratzinger comme un chef d'orchestre de Jean Paul II (47 -54)
- Benoît XVI : la campagne électorale à l'envers (55-69)
- Benoît XVI : Des racines en Bavière (93 - 97)
- La foi chrétienne sous le bras ( 102 - 106)
- Mgr Gänswein au quotidien avec Benoît XVI (106 - 110)
  Mgr Gänswein : Dans l'appartement du pape (115 - 119)
- Mgr Georg Gänswein : Rien d'autre que la vérité - ma vie aux côtés de Benoît XVI - Postface (341 - 344)

 

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Sources : Rien d'autre que la vérité - édition Artège -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.)
02.06.2023

 

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