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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : ma liberté compromise par la volonté de Dieu ?

Le 01 février 2023 - (E.S.M.) -  A partir de la création, la volonté humaine est orientée vers la volonté divine. Dans l'adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction.

Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère - Pour agrandir l'image ► Cliquer

Benoît XVI : ma liberté compromise par la volonté de Dieu ?  

3. La volonté de Jésus et la volonté du Père


    Mais qu'est-ce que cela signifie ? Que veut dire « ma » volonté opposée à « ta » volonté ? Qui sont ceux qui s'opposent ? Le Père et le Fils ? Ou bien l'homme Jésus et Dieu, le Dieu trinitaire ? En aucun autre lieu de l'Écriture sainte nous ne pouvons scruter aussi profondément le mystère intérieur de Jésus comme dans la prière sur le Mont des Oliviers. Ce n'est donc pas un hasard si la recherche passionnée de l'Église primitive pour comprendre la figure de Jésus a trouvé sa forme achevée dans la réflexion, éclairée par la foi, sur la prière du Mont des Oliviers.

     À ce point, il est sans doute nécessaire de jeter rapidement un regard sur la christologie de l'Église antique, pour comprendre sa conception de la compénétration de la volonté divine et humaine en Jésus Christ. Le concile de Nicée (325) avait clarifié le concept chrétien de Dieu. Les trois Personnes - Père, Fils et Esprit Saint - sont une seule chose dans l'unique « substance » de Dieu. Plus de cent ans après, le concile de Chalcédoine (451) a tenté de saisir de manière conceptuelle l'union de la divinité et de l'humanité de Jésus Christ par la formulation qui, en lui, l'unique Personne du Fils de Dieu embrasse et porte les deux natures - l'humaine et la divine - « sans confusion et dans l'unité ».

    C'est ainsi que la différence infinie entre Dieu et l'homme, entre le Créateur et la créature est préservée : l'humanité reste humanité et la divinité reste divinité. L'humanité en Jésus n'est pas absorbée ou diminuée par la divinité. Elle existe entièrement comme telle et cependant, elle est soutenue par la Personne divine du Logos. En même temps, dans la diversité non annulée des natures, est exprimée par l'expression « unique Personne », l'unité radicale dans laquelle, dans le Christ, Dieu est entré avec l'homme. Cette formulation - deux natures, une unique Personne - a été conçue par le pape Léon le Grand, dans une intuition qui dépassait de beaucoup le moment historique et qui a reçu immédiatement l'assentiment enthousiaste des Pères conciliaires.


    Pourtant il s'agissait là d'une anticipation : sa signification concrète n'avait pas encore été explorée jusqu'au bout. Que veut dire « nature » ? Mais surtout, que veut dire « personne » ? Comme cela ne fut pas du tout expliqué, de nombreux évêques dirent après Chalcédoine qu'ils préféraient penser à la manière des pêcheurs et non comme Aristote ; la formule resta donc obscure. C'est pour cette raison que la réception de Chalcédoine a progressé de manière très confuse et au milieu de litiges acharnés. C'est finalement la division qui est demeurée : seules les Eglises de Rome et de Byzance ont accepté définitivement le Concile et sa formule. Alexandrie (Egypte) préférait garder la formule une « nature divinisée » (monophysisme) ; à l'Orient, la Syrie resta sceptique devant ce concept d'une « unique personne » en ce que, justement, celui-ci semblait compromettre l'humanité réelle de Jésus (nestorianisme). Mais plus que les concepts, c'étaient certaines formes de dévotion qui avaient le plus d'impact. Elles s'opposaient les unes aux autres et accentuaient la différence par la charge émotionnelle des sentiments religieux, et la rendaient ainsi impossible à surmonter.

    Le concile œcuménique de Chalcédoine reste pour l'Église de tous les temps l'indication contraignante de la voie qui introduit dans le mystère de Jésus Christ. Mais il nous revient de nous l'approprier à nouveau dans le contexte de la pensée contemporaine où les concepts de nature et de personne ont pris une autre signification par rapport à cette époque-là. Et cet effort en vue d'une nouvelle compréhension doit aller de pair avec le dialogue œcuménique qu'il faut poursuivre avec les Églises préchalcédoniennes, en vue de retrouver l'unité perdue précisément en ce qui est au cœur de notre foi, la confession du Dieu qui s'est fait homme en Jésus Christ.


    Dans les grandes luttes qui se sont développées après Chalcédoine spécialement dans le milieu byzantin, il s'agissait essentiellement de la question suivante: si en Jésus il n'y a qu'une unique personne divine qui embrasse les deux natures, qu'en est-il alors de la nature humaine ? Est-ce qu'elle peut, soutenue par l'unique personne divine, subsister vraiment comme telle dans sa particularité et dans son essence ? Est-ce qu'elle ne doit pas nécessairement être absorbée par le divin, au moins dans sa partie la plus élevée, dans la volonté ? Et ainsi, la dernière grande hérésie christologique s'appelle « monothélisme ». En s'en tenant à l'unité de la personne - affirme-t-on - il ne peut exister qu'une unique volonté; une personne avec deux volontés serait schizophrène : la personne, en fin de compte, se manifeste dans la volonté, et s'il n'y a qu'une seule personne, alors il ne peut y avoir qu'une seule volonté. Contre cette affirmation surgit cependant cette question : quel genre d'homme est celui qui ne possède pas une volonté humaine propre ? Un homme sans volonté est-il véritablement un homme? Dieu s'est-il vraiment fait homme en Jésus, si cet homme n'avait pas une volonté ?

    Le grand théologien byzantin Maxime le Confesseur (|† 662) a élaboré la réponse à cette question au cours des controverses pour la compréhension de la prière de Jésus sur le Mont des Oliviers. Maxime est avant tout et surtout un adversaire acharné du monothélisme : la nature humaine de Jésus n'est pas amputée à cause de l'unité avec le Logos, mais elle demeure complète. Et la volonté fait partie de la nature humaine. Cette dualité irrécusable en Jésus d'un vouloir humain et d'un vouloir divin ne doit pas, toutefois, conduire à la schizophrénie d'une double personnalité. C'est pourquoi nature et personne doivent être considérées chacune selon le propre mode d'être. Ce qui veut dire qu'il existe en Jésus la « volonté naturelle » de la nature humaine, mais qu'il n'y a qu'une seule « volonté de la personne », qui accueille en elle la « volonté naturelle ». Et cela est possible sans destruction de l'élément essentiellement humain, parce que, à partir de la création, la volonté humaine est orientée vers la volonté divine. Dans l'adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction. Maxime dit à ce propos que la volonté humaine, selon la création, tend à la synergie (à la coopération) avec la volonté de Dieu, mais, à cause du péché, cette synergie s'est transformée en opposition. L'homme, qui trouve l'accomplissement de sa volonté dans son adhésion à la volonté de Dieu, sent alors sa liberté compromise par la volonté de Dieu. Il voit dans le « oui » à la volonté de Dieu non pas la possibilité d'être pleinement lui-même, mais une menace pour sa liberté, et il y oppose alors sa résistance.
   
    Le drame du Mont des Oliviers consiste en ce que Jésus ramène la volonté naturelle de l'homme de l'opposition à la synergie et rétablit ainsi l'homme dans sa grandeur. Dans la volonté humaine naturelle de Jésus est en quelque sorte présente en Jésus lui-même toute la résistance de la nature humaine contre Dieu. Notre obstination à tous, toute l'opposition à Dieu est là, et Jésus entraîne dans son combat la nature récalcitrante vers le haut, vers son essence véritable.

    Christoph Schönborn dit à ce propos que « le passage de l'opposition entre les deux volontés vers leur communion se réalise par la Croix de l'obéissance. Dans l'agonie de Gethsémani ce passage s'accomplit » (Christus-Ikone, p. 131). Ainsi, la prière « non pas ma volonté, mais la tienne » (cf. Lc 22,42) est vraiment une prière du Fils au Père, dans laquelle la volonté humaine naturelle a été totalement attirée à l'intérieur du « Je » du Fils, dont l'essence s'exprime justement par ce « non pas moi, mais toi » - dans l'abandon total du « Moi » au « Toi » de Dieu le Père. Ce « Moi », toutefois, a accueilli en lui l'opposition de l'humanité et l'a transformée, si bien que maintenant, dans l'obéissance du Fils, nous sommes tous présents, nous sommes entraînés dans la condition de fils.


    Ceci nous amène au dernier moment de cette prière, à sa véritable clé d'interprétation, à l'invocation: « Abbà, Père » (Mc 14,36). Joachim Jeremias a écrit en 1966 un livre important sur cette parole de la prière de Jésus ; livre dont je voudrais citer deux réflexions essentielles : « Alors que dans la littérature hébraïque de prière il n'existe aucune preuve de cette appellation Abbà adressée à Dieu, Jésus (à l'exception du cri de la Croix, Mc 15,34 et par.) a toujours appelé Dieu ainsi. Nous nous trouvons donc face à une caractéristique absolument évidente de l'ipsissima vox lesu » (Abbà, p. 59). En outre, Jeremias montre que cette parole « Abbà » appartient au langage des enfants - c'est ainsi que dans une famille l'enfant s'adresse à son père. « Pour la sensibilité hébraïque, il aurait été irrévérencieux et donc impensable de s'adresser à Dieu en utilisant cette parole familière. C'était chose nouvelle et incroyable que Jésus ose franchir ce pas. Il parlait avec Dieu comme un enfant parle avec son père... Cet Abbà par lequel Jésus avait coutume d'appeler Dieu nous dévoile l'essence intime de sa relation avec Dieu » (p. 63). Il est donc complètement absurde que certains théologiens pensent que, dans la prière sur le Mont des Oliviers, l'homme Jésus ait pu s'adresser au Dieu trinitaire. Non, ici c'est vraiment le Fils qui parle, lui qui a pris sur lui toute volonté humaine et qui l'a transformée en volonté du Fils.

Table tome 2

Chapitre 5
La dernière Cène   Benoît XVI
1. La date de la dernière Cène Benoît XVI
2. L'institution de l'Eucharistie
Benoît XVI
3. La théologie des paroles de l'institution
Benoît XVI
4. De la Cène à l'Eucharistie du dimanche matin
Benoît XVI

Chapitre 6
1. En marche vers le Mont des Oliviers Benoît XVI
2. La prière du Seigneur
Benoît XVI
3. La volonté de Jésus et la volonté du Père Benoît XVI
4. La prière de Jésus sur le Mont des Oliviers, dans la Lettre aux Hébreux

 

Jésus de Nazareth, tome 1 Benoît XVI

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 1er février 2023

 
 

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