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Benoît XVI et la crédibilité historique des
récits...
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Le 26 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Benoit XVI précède les difficultés et écrit : il faudra examiner les textes qui nous renseignent sur la
dernière Cène de Jésus : on y traitera alors de la question de la
crédibilité historique de ces récits.
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La Cène d'après Raphaël -
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Benoît XVI et la crédibilité historique des récits sur la dernière Cène de
Jésus
La dernière Cène
Plus encore que le discours eschatologique de Jésus, dont
nous avons traité dans le deuxième chapitre de ce volume, les récits
concernant la dernière Cène de Jésus et l'institution de l'Eucharistie
sont
empreints d'un enchevêtrement d'hypothèses discordantes entre elles, et cela
semble empêcher l'accès au véritable événement au point de ne pas avoir
l'espérance de le saisir. Pour un texte qui se rapporte au noyau fondamental
du christianisme et qui, de fait, pose des questions historiques difficiles,
ce n'est pas surprenant.
Mon intention est de suivre le même chemin que celui déjà
emprunté pour le discours eschatologique. Pénétrer dans les questions
nombreuses, et tout à fait justes, qui sont spécifiques à chaque fragment de
parole et d'histoire n'est pas l'objet de ce livre, qui cherche à
reconstituer la figure de Jésus en laissant aux spécialistes les problèmes
particuliers. Nous ne pouvons toutefois nous dispenser d'affronter la
question de l'historicité réelle des événements essentiels.
Le message néotestamentaire n'est pas seulement une idée; ce
qui est arrivé dans l'histoire réelle du monde est justement déterminant
pour lui : la foi biblique ne raconte pas des légendes comme symboles de
vérités qui vont au-delà de l'histoire, mais elle se fonde sur une histoire
qui s'est déroulée sur le sol de cette terre (cf.
première partie, p. 11).
Si Jésus n'a pas donné à ses disciples du pain et du vin comme son Corps et
son Sang, alors la célébration eucharistique est vide de sens - ce n'est
alors qu'une pieuse fiction, non une réalité qui fonde la communion avec
Dieu et des hommes entre eux.
Dans ce contexte se pose bien sûr encore une fois la question
du moyen possible et approprié d'une vérification historique. Nous devons
bien nous rendre compte qu'une recherche historique ne peut que toujours
conduire uniquement à un haut degré de probabilité, et jamais à une
certitude dernière et absolue sur tous les détails. Si la certitude de la
foi se basait exclusivement sur une vérification historico-scientifique,
elle demeurerait toujours révisable.
Je prends un exemple dans l'histoire récente de la recherche
exégétique. Devant la confusion croissante des hypothèses exégétiques, le
grand exégète allemand Joachim Jeremias a cherché à filtrer de la masse du
matériel transmis les « ipsissima verba lesu » - les paroles
authentiques de Jésus —, avec la plus grande érudition historique et
philologique et avec la plus grande précision méthodologique, pour y trouver
le roc assuré de la foi : nous pouvons construire sur ce que Jésus lui-même
a dit. Même si les résultats de Jeremias sont toujours considérables et - du
point de vue scientifique - de grande importance, il y a toutefois des
questions critiques motivées, qui, tout au moins, montrent que la certitude
atteinte a ses limites.
À quoi pouvons-nous donc nous attendre? Et, à l'inverse, que
ne devons-nous pas attendre ? Du point de vue théologique, il faut dire que,
si l'historicité des paroles et des événements essentiels pouvait être
démontrée comme impossible de façon vraiment scientifique, la foi aurait
perdu son fondement. D'autre part, comme il a déjà été dit, en raison de la
nature même de la connaissance historique, des preuves de certitude absolue
ne peuvent pas être attendues sur chaque détail. Il est donc important pour
nous de vérifier si les convictions de fond de la foi sont historiquement
possibles et crédibles, même confrontées au sérieux des connaissances
exégétiques actuelles.
Beaucoup de questions accessoires peuvent demeurer ouvertes.
Mais le « factum est » du Prologue de Jean (1,14) vaut comme
catégorie chrétienne fondamentale non seulement pour l'Incarnation en tant
que telle, mais également pour la dernière Cène, la Croix et la Résurrection
: l'Incarnation de Jésus est ordonnée au sacrifice de lui-même pour les
hommes et celui-ci à la Résurrection, autrement le christianisme ne serait
pas vrai. Nous pouvons regarder la vérité de ce « factum est » -
comme on l'a dit - non à la manière de la certitude historique absolue, mais
en reconnaître le sérieux en lisant de façon juste l'Écriture comme telle.
L'ultime certitude, sur laquelle nous fondons toute notre
existence, nous est donnée par la foi - par l'humble fait de croire ensemble
avec l'Église de tous les siècles, guidée par l'Esprit Saint. À partir de là
d'ailleurs, nous pouvons regarder tranquillement les hypothèses exégétiques
qui, de leur côté, se présentent trop souvent comme un pathos de certitude
qui est réfuté déjà du fait que des positions contraires sont proposées
continuellement avec la même attitude de certitude scientifique.
À partir de ces principes méthodologiques, je voudrais
choisir dans l'ensemble de la discussion les questions essentielles pour la
foi. Cela se fera en quatre sections. En premier lieu, il faut réfléchir sur
le problème de la date de la célébration de la dernière Cène de Jésus : il
s'agit essentiellement de savoir si celle-ci fut un repas pascal ou non. En
deuxième lieu, il faudra examiner les textes qui nous renseignent sur la
dernière Cène de Jésus : on y traitera alors de la question de la
crédibilité historique de ces récits. En troisième lieu, je voudrais tenter
une interprétation des contenus théologiques essentiels de la tradition
concernant la dernière Cène. Enfin, dans la quatrième section, il nous
faudra jeter un coup d'œil qui va au-delà de la tradition néotestamentaire
pour réfléchir sur la formation de la Célébration eucharistique de l'Église
- ce processus qu'Augustin a décrit comme un passage du
au « don matinal » (cf. En. in PS., 140,5).
Chapitre 5
La dernière Cène
►
Benoît XVI
1. La date de la dernière Cène
►
Benoît XVI
2. L'institution de l'Eucharistie
3. La théologie des paroles de l'institution
4. De la Cène à l'Eucharistie du dimanche matin
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.01.2023
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