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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : le pouvoir du mensonge et de l'orgueil

Le 31  janvier 2023 - (E.S.M.) - L'invitation à la vigilance a déjà été un thème de fond de l'annonce à Jérusalem et maintenant elle apparaît ici avec une urgence imminente. Pourtant, tout en étant lié précisément à cette heure, cet appel renvoie à l'avance à l'histoire à venir de la chrétienté.

L'agonie de Jésus - Pour agrandir l'image ► Cliquer 

Benoît XVI : le pouvoir du mensonge et de l'orgueil

2. La prière du Seigneur


    Nous avons cinq relations de la prière sur le Mont des Oliviers qui suit maintenant : d'abord dans les trois Evangiles synoptiques (cf. Mt 26,36-46 ; Mc 14,32-42 ; Lc 22,39-46); à cela s'ajoute un bref passage dans L'Évangile de Jean, qui toutefois est inséré par Jean dans la série de discours tenus au Temple le « dimanche des Rameaux » (cf. 12,27s.) ; et enfin un texte de la Lettre aux Hébreux, qui se fonde sur une tradition particulière (cf. 5,7s.). Essayons maintenant, en prêtant attention à tous ces textes, de nous approcher autant que possible du mystère de cette heure de Jésus.

    Après la récitation rituelle commune des Psaumes, Jésus prie seul - comme au long de tant de nuits auparavant. Il laisse toutefois proche de lui le groupe des trois - que l'on connaît grâce à d'autres contextes, en particulier par le récit de la Transfiguration : Pierre, Jacques et Jean. Ainsi, même s'ils sont à plusieurs reprises vaincus par le sommeil, ceux-ci deviennent les témoins de son combat nocturne. Marc nous raconte que Jésus commence à « ressentir effroi et angoisse ». Le Seigneur dit aux disciples : « Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez » (14,33s.).

    L'invitation à la vigilance a déjà été un thème de fond de l'annonce à Jérusalem et maintenant elle apparaît ici avec une urgence imminente. Pourtant, tout en étant lié précisément à cette heure, cet appel renvoie à l'avance à l'histoire à venir de la chrétienté. La somnolence des disciples demeure tout au long des siècles l'occasion favorable pour les puissances du mal. Cette somnolence est un engourdissement de l'âme qui ne se laisse pas émouvoir par le pouvoir du mal dans le monde, par toute l'injustice et toute la souffrance qui dévastent la terre. Il s'agit d'une insensibilité qui préfère ne pas percevoir tout cela; elle se tranquillise en se disant qu'au fond tout cela n'est pas si grave, afin de pouvoir rester ainsi dans la jouissance d'une vie satisfaite d'elle-même. Mais cette insensibilité des âmes, ce manque de vigilance aussi bien à l'égard de la présence toute proche de Dieu qu'à l'égard de la puissance menaçante du mal, confère au Malin un pouvoir sur le monde. En présence des disciples ensommeillés et peu disposés à s'alarmer, le Seigneur dit : « Mon âme est triste à en mourir. » C'est une parole du Psaume 43,5, où se retrouvent aussi d'autres expressions des Psaumes.

    Dans sa Passion aussi - au Mont des Oliviers comme sur la Croix - Jésus parle de lui et à Dieu Père, en utilisant les mots des Psaumes. Mais ces paroles, prises des Psaumes, sont devenues tout à fait personnelles. Elles sont absolument propres à Jésus dans son épreuve : il est de fait le véritable priant de ces Psaumes, leur véritable sujet. La prière la plus personnelle et l'action de prier avec les paroles d'invocation de l'Israël croyant et souffrant sont ici une seule et même chose.

    Après cette exhortation à la vigilance, Jésus s'éloigne un peu. Commence alors la prière proprement dite du Mont des Oliviers. Matthieu et Marc nous disent que Jésus tombe la face contre terre - c'est l'attitude de prière qui exprime la soumission absolue à la volonté de Dieu, le plus radical abandon à lui ; c'est une attitude que la liturgie occidentale prévoit encore le Vendredi saint et pour la Profession monastique comme aussi pour l'ordination diaconale, ainsi que pour les ordinations presbytérale et épiscopale.

    Luc dit, par contre, que Jésus prie à genoux. D'après cette position de prière, il introduit ce combat nocturne de Jésus dans le contexte de l'histoire de la prière chrétienne : Étienne, durant sa lapidation, fléchit les genoux et prie (cf. Ac 7,60); Pierre s'agenouille avant de ressusciter Tabitha (cf. Ac 9,40) ; Paul se met à genoux au moment de prendre congé des anciens d'Éphèse (cf. Ac, 20,36), et une autre fois encore lorsque les disciples lui disent de ne pas monter à Jérusalem (cf. Ac, 21,5). À ce propos, A. Stôger fait remarquer: « Tous ceux-là, devant la mort, prient à genoux; le martyre ne peut être supporté que grâce à la prière. Jésus est le modèle des martyrs » (Das Evangelium nach Lukas, p. 247).

    Vient alors la vraie prière où est présent tout le drame de notre rédemption. Marc commence par dire, comme en résumé, que Jésus priait afin que « s'il était possible, cette heure passât loin de lui » (14,35). Puis il rapporte ainsi la phrase essentielle de la prière de Jésus : «Abba (Père)! tout t'est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux! » (14,36s.).

    Nous pouvons distinguer dans cette prière de Jésus trois éléments. Il y a tout d'abord l'expérience primordiale de la peur, le trouble devant le pouvoir de la mort, l'épouvante devant l'abîme du néant qui le fait trembler et même, selon Luc, lui fait répandre une sueur comme de gouttes de sang (cf. 22,44). En Jean (cf. 12,27), ce bouleversement est exprimé, comme chez les Synoptiques, en référence au Psaume 43,5, mais en employant un mot qui rend de manière particulièrement évidente le caractère abyssal de la peur de Jésus : tetâraktai - c'est le même mot tarâssein que Jean utilise pour montrer le trouble profond de Jésus devant le tombeau de Lazare (cf. 11,33), comme aussi son trouble intérieur lorsqu'au Cénacle il annonce la trahison de Judas (cf. 13,21).

    De cette manière, Jean exprime sans nul doute l'angoisse primordiale de la créature à l'approche de la mort, mais il y a toutefois quelque chose de plus : le trouble particulier de Celui qui est la Vie même devant l'abîme de tout le pouvoir de la destruction, du mal, de ce qui s'oppose à Dieu et qui maintenant le submerge, qu'il doit maintenant et sans délai prendre sur lui, bien plus, qu'il doit accueillir en lui au point d'être personnellement « fait péché » (2 Co 5,21).

    Et justement, parce qu'il est le Fils, il peut voir avec une extrême clarté toute la marée immonde du mal, tout le pouvoir du mensonge et de l'orgueil, toute la ruse et l'atrocité du mal qui met sur lui le masque de la vie et œuvre continuellement à détruire l'être, à défigurer et à anéantir la vie. Précisément parce qu'il est le Fils, il éprouve en profondeur l'horreur, tout le dégoût et la perfidie qu'il doit boire dans ce « calice » qui lui est destiné : tout le pouvoir du péché et de la mort. C'est tout cela qu'il doit accueillir en lui, afin qu'en lui, tout cela soit privé de pouvoir et vaincu.

    Bultmann dit avec justesse : Jésus est là « non seulement comme le prototype en qui le comportement demandé à l'homme devient visible de manière exemplaire... mais il est aussi et surtout Celui qui révèle, celui dont le seul choix rend possible l'option humaine pour Dieu en une telle heure » (p. 328). L'angoisse de Jésus est quelque chose de beaucoup plus radical que l'angoisse qui assaille tout homme face à la mort : c'est l'affrontement même entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort - le drame véritable du choix qui caractérise l'histoire humaine. En ce sens, nous pouvons, avec Pascal et de manière tout à fait personnelle, appliquer l'événement du Mont des Oliviers à nous-mêmes : mon péché à moi aussi était présent dans ce calice d'épouvanté. « Ces gouttes de sang, je les ai versées pour toi », telles sont les paroles que Pascal entend comme lui étant adressées par le Seigneur en agonie sur le Mont des Oliviers (cf. Pensées VII 553).

    Les deux parties de la prière de Jésus apparaissent comme l'opposition de deux volontés : la « volonté naturelle » de l'homme Jésus, qui regimbe devant l'aspect monstrueux et destructif de l'événement et qui voudrait demander que le calice « s'éloigne » ; et la « volonté du Fils », qui s'abandonne entièrement à la volonté du Père. Si nous voulons, autant que cela soit possible, essayer de comprendre ce mystère des « deux volontés », il nous est utile de jeter une fois encore un regard sur la version johannique de cette prière. Chez Jean aussi, nous trouvons les deux demandes de Jésus: « Père, sauve-moi de cette heure ! »; « Père, glorifie ton nom ! » (12,27s.).   


    En Jean, le lien entre les deux demandes n'est pas fondamentalement différent de celui que l'on retrouve dans les Synoptiques. Le tourment de l'âme humaine de Jésus (« mon âme est troublée »; Bultmann traduit « j'ai peur », p. 327), pousse Jésus à demander d'être sauvé de cette heure. Mais la conscience de sa mission, le fait qu'il soit venu justement pour cette heure, lui fait prononcer la deuxième demande - la demande que Dieu glorifie son nom. La Croix précisément, l'acceptation de cette chose horrible, le fait d'entrer dans l'ignominie de l'anéantissement de la dignité personnelle, dans l'ignominie d'une mort infamante, tout cela devient la glorification du nom de Dieu. C'est en effet ainsi précisément que Dieu se manifeste pour ce qu'il est : le Dieu qui, dans l'abîme de son amour, dans le fait de se donner lui-même, oppose à toutes les puissances du mal le vrai pouvoir du bien. Ces demandes, Jésus les a énoncées toutes les deux, mais la première, celle d'être « sauvé », se fond avec la seconde, qui demande la glorification de Dieu dans la réalisation de sa volonté - et ainsi l'opposition dans l'existence humaine intime de Jésus est recomposée en unité.

Table tome 2

Chapitre 5
La dernière Cène   Benoît XVI
1. La date de la dernière Cène Benoît XVI
2. L'institution de l'Eucharistie
Benoît XVI
3. La théologie des paroles de l'institution
Benoît XVI
4. De la Cène à l'Eucharistie du dimanche matin
Benoît XVI

Chapitre 6
1. En marche vers le Mont des Oliviers Benoît XVI
2. La prière du Seigneur
Benoît XVI
3. La volonté de Jésus et la volonté du Père

 

Jésus de Nazareth, tome 1 Benoît XVI

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 31.01.2023

 
 

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