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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : Jésus a renversé l'histoire

Le 30 janvier 2023 - (E.S.M.) - ici Jésus a fait l'expérience de la solitude ultime, et de toute la tribulation de l'être homme. Ici, l'abîme du péché et du mal dans tous ses aspects a pénétré dans les profondeurs de son âme. Ici, il a été frappé par le bouleversement de la mort imminente. Ici, le traître l'a embrassé. Ici, tous les disciples l'ont abandonné.

Benvenuto di Giovanni (1436-1509/1517) Le Christ au jardin des oliviers , 1491 - Pour agrandir l'image ► Cliquer  

Benoît XVI : Jésus a renversé l'histoire

1. En marche vers le Mont des Oliviers

« Après le chant des psaumes, ils partirent pour le Mont des Oliviers » - par ces mots, Matthieu et Marc concluent leur récit de la dernière Cène (Mt 26,30; Mc 14,26). Le dernier repas de Jésus — qu'il s'agisse d'un repas pascal ou non - est avant tout un événement cultuel. La prière d'action de grâce et de louange y occupe une place centrale, et il se termine encore dans la prière. Tout en priant, Jésus sort avec les siens dans la nuit, nuit qui rappelle celle où les premiers-nés de l'Egypte ont été frappés et où Israël fut sauvé par le sang de l'agneau (cf. Ex 12) - il sort dans cette nuit où il doit prendre sur lui le destin de l'agneau.

    On peut penser que Jésus, dans le contexte de la Pâque qu'il avait célébrée à sa manière, aura chanté sans doute quelques psaumes du hallel (113 - 118 et 136), dans lesquels Dieu est remercié d'avoir libéré Israël de l'Egypte; psaumes aussi où est évoquée la pierre rejetée par les constructeurs, devenue maintenant, de manière prodigieuse, pierre d'angle. Dans ces psaumes, l'histoire passée devient toujours à nouveau un moment présent. L'action de grâce pour la libération est en même temps une invocation pour demander de l'aide au milieu de tribulations et de menaces toujours nouvelles; en outre, par l'évocation de la pierre rejetée sont rendues présentes à la fois l'obscurité et la promesse de cette nuit.


    Jésus récite avec ses disciples les psaumes d'Israël. Ceci est une donnée fondamentale pour la compréhension de la figure de Jésus, d'une part, mais aussi, d'autre part, pour celle de ces psaumes eux-mêmes qui, d'une certaine manière, reçoivent en lui un nouveau sujet, un nouveau mode de présence avec un élargissement au-delà d'Israël, vers l'universalité.

    Nous verrons qu'en cela également apparaît une nouvelle vision de la figure de David : dans le Psautier canonique, David est considéré comme l'auteur principal des psaumes. Il apparaît ainsi comme celui qui guide et inspire la prière d'Israël, celui qui résume en lui toutes les souffrances et les espérances d'Israël, qui les porte en lui et les transforme en prière. Israël peut donc continuellement prier avec lui et s'exprimer par les psaumes desquels il reçoit aussi toujours une nouvelle espérance au milieu de toutes les obscurités. Dans l'Église naissante, Jésus a été considéré très rapidement comme le nouveau et véritable David, et c'est sans rupture mais cependant d'une manière nouvelle, que les psaumes ont pu être récités comme prière en communion avec Jésus Christ. Cette manière chrétienne de prier avec les psaumes - une manière qui s'est développée très rapidement - a été expliquée à la perfection par Augustin qui dit que, dans les psaumes, c'est toujours le Christ qui parle, tour à tour comme Chef, ou comme Corps (cf. par ex. En. in PS ., 60,1s.; 61,4; 85,1.5). Mais, par lui, Jésus Christ, nous sommes maintenant un unique sujet et nous pouvons ainsi, avec lui, parler véritablement avec Dieu.

    Ce processus de l'assomption et de la transposition, qui commence par la prière des psaumes de la part de Jésus, est caractéristique pour l'unité des deux Testaments comme lui-même nous l'enseigne. Jésus prie en parfaite communion avec Israël, et pourtant il est lui-même Israël d'une manière nouvelle: l'antique Pâque apparaît maintenant comme un grand avant-projet. La nouvelle Pâque, toutefois, c'est Jésus lui-même et la véritable « libération » s'accomplit maintenant dans son amour qui embrasse l'humanité tout entière.


    Cette compénétration de fidélité et de nouveauté, que nous avons pu remarquer dans la figure de Jésus au long de tous les chapitres de ce livre, est également rendue évidente par un autre détail du récit du Mont des Oliviers. Au cours des nuits précédentes, Jésus s'était retiré à Béthanie. En cette nuit qu'il célèbre comme sa nuit de Pâque, il suit la prescription de ne pas quitter le territoire de la ville de Jérusalem, dont les limites avaient été élargies pour cette nuit-là afin de donner à tous les pèlerins la possibilité d'être fidèles à cette loi. Jésus respecte cette norme et en cela justement il va consciemment au-devant du traître et vers l'heure de la Passion.

    Si, arrivés à ce point, nous jetons encore un regard rétrospectif sur tout le parcours de Jésus, nous voyons ici aussi le même mélange de fidélité et de nouveauté totale : Jésus est un « observant ». Il célèbre avec les autres les fêtes juives. Il prie dans le Temple. Il se conduit selon Moïse et les prophètes. Mais, en même temps, tout devient nouveau : de son explication sur le sabbat (cf. Mc 2,27; à ce sujet cf. aussi p. 128-135 dans la première partie) aux prescriptions sur la pureté rituelle (cf. Mc 7), à la nouvelle interprétation du Décalogue dans le Discours sur la montagne (cf. Mt 5,17-48), jusqu'à la purification du Temple (cf. Mt 21,12s. et par.), qui anticipe la fin du temple de pierre et annonce le Temple nouveau, l'adoration nouvelle « en esprit et vérité » (Jn 14,24).

    Nous avons vu que cela est en parfaite continuité avec la volonté de Dieu depuis les origines et qu'il y a en même temps un tournant décisif de l'histoire des religions, tournant qui, avec la Croix, devient réalité. C'est justement cette intervention - la purification du Temple - qui a contribué essentiellement à sa condamnation à la mort en Croix. Ainsi s'est vraiment accomplie sa prophétie et commence le culte nouveau.


    « Ils parviennent à un domaine du nom de Gethsémani, et il dit à ses disciples: "Restez ici tandis que je prierai" » (Mc 14,32). À ce propos, Gerhard Kroll note: « Au temps de Jésus, sur ce territoire, sur les pentes du Mont des Oliviers, se trouvait une ferme avec un pressoir où les olives étaient pressées... Il a donné le nom de Gethsémani à la ferme... Dans le voisinage, il y avait une grande caverne naturelle qui pouvait offrir à Jésus et à ses disciples un abri sûr, même s'il n'était pas très confortable, pour passer la nuit » (p. 404). Déjà à la fin du IVe  siècle, la pèlerine Éthérie trouvait en cet endroit une « église magnifique » qui, à la suite de périodes mouvementées, est tombée en ruines, mais qui a été redécouverte au XXe siècle par les franciscains. « L'actuelle église de l'Agonie de Jésus, achevée en 1924, réunit ensemble l'espace correspondant à la "ecclesia elegans" [l'église d'Éthérie] et, de nouveau, la roche sur laquelle selon la tradition,... Jésus a prié » (Kroll, p. 410).

    C'est un des lieux les plus vénérables de la chrétienté. Certes, les arbres ne remontent pas au temps de Jésus; durant le siège de Jérusalem, Titus fit abattre tous les arbres sur un vaste espace autour de la ville. Le Mont des Oliviers demeure toutefois identique à ce qu'il était alors. Celui qui s'arrête en ce lieu, se trouve devant un sommet dramatique du mystère de notre Rédempteur: ici Jésus a fait l'expérience de la solitude ultime, et de toute la tribulation de l'être homme. Ici, l'abîme du péché et du mal dans tous ses aspects a pénétré dans les profondeurs de son âme. Ici, il a été frappé par le bouleversement de la mort imminente. Ici, le traître l'a embrassé. Ici, tous les disciples l'ont abandonné. Ici, il a combattu aussi pour moi.

    Saint Jean reprend toutes ces expériences et donne à ce lieu une interprétation théologique quand il dit: « ... de l'autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin » (Jn 18,1). Le même mot-clé revient à la fin du récit de la Passion : « Or il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié, et, dans ce jardin, un tombeau neuf, dans lequel personne n'avait encore été mis » (19,41). Il est évident que Jean, avec ce mot « jardin » fait allusion au récit du Paradis et du péché originel. Il veut nous dire qu'ici cette histoire est reprise. C'est dans le « jardin » qu'a eu lieu la trahison, mais le jardin est aussi le lieu de la Résurrection. Dans le jardin, en effet, Jésus a accepté jusqu'au bout la volonté du Père, il l'a faite sienne et ainsi il a renversé l'histoire.


    Après la prière commune des psaumes, encore en route vers le lieu du repos nocturne, Jésus fait trois prophéties. Il applique à lui-même la prophétie de Zacharie qui avait dit que le « pasteur serait frappé - c'est-à-dire qu'il serait mis à mort - et que par conséquent les brebis seraient dispersées (cf. Za 13,7; Mt 26,31). Zacharie, dans une vision mystérieuse, avait annoncé un Messie qui subirait la mort avec pour conséquence une nouvelle dispersion d'Israël. C'est en passant à travers ces tribulations extrêmes qu'il attendait de Dieu le salut. À cette vision qui demeure en soi obscure et qui se réfère à un avenir inconnu, Jésus donne une forme concrète : oui, le Berger est frappé. Jésus lui-même est le Pasteur d'Israël, le Pasteur de l'humanité. Et il prend sur lui l'injustice, le poids destructeur de la faute. Il se laisse frapper. Il se met du côté des perdants de l'histoire. Maintenant, à cette heure-ci, cela signifie aussi que la communauté des disciples se disperse, que cette nouvelle famille de Dieu, à peine née, se défait avant même d'avoir commencé à exister vraiment. « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). Cette parole de Jésus, en référence à Zacharie, apparaît dans une lumière nouvelle: l'heure est venue où elle s'accomplit.


    La prophétie annonciatrice de malheur est toutefois immédiatement suivie d'une promesse de salut: « Mais après ma Résurrection, je vous précéderai en Galilée » (Mc 14,28). « Précéder » est un mot typique du langage des bergers. Jésus, passant à travers la mort, vivra de nouveau. Comme Ressuscité, il est en plénitude ce Pasteur qui, à travers la mort, conduit sur le chemin de la vie. Les deux éléments sont constitutifs du Bon Pasteur : donner sa vie et précéder. Ou mieux : le fait de donner sa vie entraîne celui de précéder. C'est précisément parce qu'il donne sa vie qu'il nous guide. Précisément à travers ce « donner », il ouvre la porte vers l'immensité de la réalité. À travers la dispersion se réalise le rassemblement définitif des brebis. Au début de la nuit sur le Mont des Oliviers, retentit donc la parole mystérieuse des coups portés et de la dispersion mais aussi la promesse que Jésus, précisément ainsi se manifestera comme le vrai Pasteur, qu'il rassemblera ceux qui sont dispersés et les mènera vers Dieu en les faisant entrer dans la vie.


    La troisième prophétie représente un nouvel aspect des discussions qui se sont déroulées avec Pierre au moment de la dernière Cène. Pierre ne fait pas attention à la prophétie de la Résurrection. Il n'appréhende que l'annonce de la mort et de la dispersion, et cela lui donne l'occasion de mettre en avant son courage intrépide et sa fidélité radicale à l'égard de Jésus. Parce qu'il s'oppose à la Croix, il ne peut pas entendre la parole sur la Résurrection et il voudrait - comme précédemment près de Césarée de Philippe - le succès sans la Croix. Il met sa confiance dans ses propres forces.

    Qui ne pourrait voir dans son attitude un reflet de la tentation constante des chrétiens, et même de l'Église : obtenir le succès sans la Croix ? C'est pourquoi il a besoin d'entendre l'annonce de sa faiblesse, de son triple reniement. Personne n'a assez de force en soi pour parcourir jusqu'au bout la voie du salut. Tous ont péché, tous ont besoin de la miséricorde du Seigneur, de l'amour du Crucifié (cf. Rm 3,22).


Chapitre 5
La dernière Cène   Benoît XVI
1. La date de la dernière Cène Benoît XVI
2. L'institution de l'Eucharistie
Benoît XVI
3. La théologie des paroles de l'institution
Benoît XVI
4. De la Cène à l'Eucharistie du dimanche matin
Benoît XVI



Chapitre 6
1. En marche vers le Mont des Oliviers
Benoît XVI

2. La prière du Seigneur



Jésus de Nazareth Tome II
 

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 30.01.2023

 
 

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