|
Le Pape François, monarque de droit divin. Ce qu’aucun pape n’avait
osé dire avant lui
|
Le 31 mai 2023 -
E.S.M.
-
La nouvelle loi fondamentale de l’État de la Cité du
Vatican a été publiée le 13 mai dernier, le jour même où
le monde entier avait les yeux fixés sur la rencontre
entre le Pape François et le président ukrainien
Volodymyr Zelensky. Ce qui a eu pour effet qu’on en a
peu parlé, et mal. Cette loi constitue un revirement
spectaculaire et sans précédent dans l’histoire et dans
la conception de la papauté
|
|
Bergoglio-
Pour agrandir
l'image ►
Cliquer
Le Pape François, monarque de droit divin. Ce qu’aucun pape n’avait osé dire
avant lui
Le 31 mai 2023 -
E.S.M. -
La nouvelle
loi fondamentale de l’État de la Cité du Vatican a été publiée
le 13 mai dernier, le jour même où le monde entier avait les yeux
fixés sur la rencontre entre le Pape François et le président
ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce qui a eu pour effet qu’on en a peu
parlé, et mal. Alors que pourtant, dès ses toutes premières lignes,
cette loi constitue un revirement spectaculaire et sans précédent
dans l’histoire et dans la conception de la papauté.
Attention. Ce revirement ne se trouve pas dans l’article 1 de la
nouvelle loi fondamentale, dans laquelle il est écrit que « le
Pontife suprême, Souverain de l’État de la Cité du Vatican, possède
la plénitude de l’autorité de gouvernement, qui comprend le pouvoir
législatif, exécutif et judiciaire ».
Jusque-là, rien n’a changé, même si on ne pourra s’empêcher d’être
frappé par le contraste entre l’évolution « synodale » du
gouvernement de l’Église sous des atours plus démocratiques que
François prétend chaque jour vouloir promouvoir, et l’absolutisme
monarchique sans limite dont il fait preuve pour commander aussi
bien l’Église que le petit État dont il est le « pape roi », en
concentrant tous les pouvoirs entre ses mains et en les exerçant
selon son bon plaisir.
Le véritable revirement se trouve dans le préambule, lui aussi signé
par le Pape François, qui commence ainsi : « Appelé à exercer en
vertu du ‘munus pétrinien’ les pouvoirs souverains également sur
l’État de la Cité du Vatican… ».
C’est ce « en vertu du ‘munus pétrinien’ » qui constitue la
nouveauté sans précédent. C’est-à-dire le fait de faire découler les
pouvoirs temporels du Pape de son service religieux rendu à l’Église
en tant que successeur de l’apôtre Pierre. Ou pour le dire
autrement : de considérer comme étant de droit divin non seulement
le gouvernement spirituel de l’Église mais également le gouvernement
temporel de l’État de la Cité du Vatican.
En réalité, dans la doctrine de l’Église catholique, le « munus
pétrinien » conféré par Jésus au premier des apôtres n’a rien à voir
avec quelque pouvoir temporel que ce soit. Et l’histoire l’a bien
confirmé. Depuis ses origines et pendant plusieurs siècles, la
papauté n’a pas eu d’État propre. Et après avoir perdu en 1870 ce
qui lui restait des États pontificaux, elle a d’ailleurs été privée
de tout territoire pendant soixante ans.
Le minuscule État de la Cité du Vatican est né en 1929 après la
signature d’un
traité entre le Saint-Siège et l’Italie. Et aussi bien avant
qu’après, c’est bien le Saint-Siège, et non pas l’État, qui est
sujet titulaire de la souveraineté internationale. Entre 1870 et
1929, quand les États pontificaux n’existaient plus et que l’État de
la Cité du Vatican n’existait pas encore, le Saint-Siège a conservé
son droit de légation actif et passif, en ouvrant de nouvelles
nonciatures et en accréditant auprès de lui les représentants
diplomatiques des nouveaux pays, tout comme il a continué à ratifier
des concordats, qui appartiennent par leur nature au droit
international, et il a été impliqué dans des missions et des
arbitrages internationaux. Sous le seul pontificat de Benoît XV,
être 1914 et 1922, le Saint-Siège a ouvert des relations
diplomatiques avec pas moins de dix nouveaux États.
En cela évitant toujours avec le plus grand soin de céder à des
doctrines théocratiques de fusion entre le trône et l’État. On n’a
jamais rien vu de pareil, ni dans le traité de 1929, ni dans aucun
autre document précédent ou ultérieur, en l’espace de plusieurs
siècles, jusqu’à la date fatidique du 3 juin de cette année, le jour
où la nouvelle loi fondamentale de l’État de la Cité du Vatican
entrera en vigueur.
Certes, dans l’histoire de l’Église catholique, des tentations de
revêtir de droit divin les pouvoirs du « pape roi » sont bien
apparues çà et là. Mais elles ont toujours été rejetées. Et surtout
par des membres de l’Église de tendance ultra-conservatrice, qu’on
imaginerait justement comme étant plus disposés à céder.
Dans un article du quotidien « Domani »
du 21 mai, Giovanni Maria Vian, professeur de littérature chrétienne
antique et ancien directeur de « L’Osservatore Romano », citait à
juste titre le grand juriste et canoniste Nicola Picardi, qui
définissait la conception théocratique comme étant
« substantiellement étrangère à la doctrine catholique »,
« s’appuyant sur ce que formulait en 1960 le cardinal conservateur
Alfredo Ottaviani : ‘Ecclesia non competit potestas directa in res
temporales’, c’est-à-dire qu’il n’appartient pas à l’Église
d’exercer une autorité directe dans les affaires temporelles ».
Avant cela, on pourrait également citer Pie IX, le pape qui a été
dépossédé des États pontificaux et qui, un an après leur perte, dans
l’encyclique « Ubi
nos » de 1871, protestait en revendiquant la nécessité d’un État
susceptible de protéger « la liberté maximale » du pape d’ « exercer
sur toute l’Église le pouvoir suprême et l’autorité », mais il
écrivait que « la principauté civile du Saint-Siège a été donnée au
Pontife romain par volonté singulière de la Providence ». Rien de
plus qu’une « volonté singulière » ; rien à voir avec « en vertu du
‘munus pétrinien’ », comme dans l’actuelle loi fondamentale de
l’État de la Cité du Vatican !
Mais on trouvera plus à propos encore ce qu’écrivait en 2011
l’historien de l’Église et professeur à la Grégorienne Roberto
Regoli, dans la revue « Barnabiti
Studi », dans un essai érudit sur le cardinal Luigi Lambruschini,
secrétaire d’État sous le Pape Grégoire XVI (1831-1846), l’un et
l’autre avec la réputation – pas toujours historiquement fondée
d’ailleurs – d’être des « réactionnaires acharnés ».
Appelé à juger un texte en cours de publication en « défense de la
souveraineté temporelle » du Saint-Siège, Lambruschini a
immédiatement commencé par objecter que « le primat a été donné à la
personne de Pierre et non pas au Siège ».
Quant au fond de la question, c’est-à-dire à l’origine du pouvoir
temporel de l’Église romaine, Lambruschini admettait que oui, il
était opportun « pour le bien même de la Religion que le chef
suprême de cette dernière ait un État indépendant, pour pouvoir
gouverner avec la liberté et l’impartialité nécessaire l’Église et
les Fidèles répandus dans le monde catholique ». Mais pour mieux
rejeter ensuite le présupposé de l’auteur du texte, pour qui
« l’origine des domaines temporels du Saint-Siège est divine, tout
comme l’est l’origine de la Cathèdre de saint Pierre, fixée à
Rome ».
Pour Lambruschini, lier le pouvoir temporel des papes à la « divine
origine de la Cathèdre de saint Pierre » – c’est-à-dire comme
aujourd’hui au « munus pétrinien » – « est insoutenable et
dangereux », parce que « si les domaines temporels étaient
absolument nécessaires au chef suprême de l’Église de la manière
dont l’auteur l’exprime, cela aurait pour conséquence que Jésus
Christ aurait abandonné son Église « in necessariis », dès le début
de l’époque qui l’a vu naître, étant donné que pendant des siècles,
les pontifes suprêmes n’étaient clairement pas des souverains
temporels ».
Lambruschini a été écouté et le texte fut retiré. Jusqu’à
aujourd’hui, où cette thèse « insoutenable et dangereuse » est
devenue officielle, avec la signature du pape régnant.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
Articles les plus
récents :
-
Humanae vitae, une encyclique audacieuse et prophétique : sa pertinence aujourd’hui
-
Cardinal Sarah: je crains qu'il n'en résulte une grande crise de toute l'humanité
-
Benoît XVI : L'unité engendrée par l'amour est plus réelle que l'unité de l'atome
-
Benoît XVI : Les échappatoires, voies sans issue
-
François, Poutine et Xi. Les déboires de la diplomatie parallèle
-
Benoît XVI : Le point de départ de la foi en Dieu un et trine
-
Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et le Pape
Les lecteurs qui
désirent consulter les derniers articles publiés par le site
Eucharistie Sacrement de la Miséricorde, peuvent
cliquer sur le lien suivant
► E.S.M.
sur Google actualité |
Sources :
diakonos.be
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.05.2023
|