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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : Le point de départ de la foi en Dieu un et trine

Le 20 mai 2023 - E.S.M. -  A cette nouvelle expérience de Dieu, s'ajoute finalement une troisième, celle de l'Esprit, de la présence de Dieu en nous, dans notre intimité. Or, il se trouve encore une fois que cet « Esprit » n'est pas simplement identique au Père et au Fils, sans constituer pour autant un troisième être entre Dieu et nous ; il est la manière dont Dieu lui-même se donne à nous, de sorte que, tout en étant dans l'homme, il est cependant, dans cette immanence même, infiniment au-dessus de lui.

Très Sainte Trinité - Pour agrandir l'image ► Cliquer   

Benoît XVI : Nous devons nous demander ce que signifie la confession de foi en Dieu un et trine

LA FOI AU DIEU UN ET TRINE

    Les réflexions précédentes nous ont amenés à un point, où la confession du Dieu unique nous fait passer, par une sorte de nécessité interne, à la confession du Dieu trinitaire. Mais, il faut bien le dire, nous touchons ici un domaine où la théologie chrétienne doit prendre conscience de ses limites, plus qu'elle ne l'a fait bien souvent par le passé ; un domaine où toute fausse hardiesse d'une science qui se voudrait trop parfaitement au courant, devient fatalement une folie lourde de conséquences ; un domaine où seul l'humble aveu de notre ignorance peut devenir une vraie science, et où l'admiration devant le mystère insondable peut constituer une vraie confession de Dieu. L'amour est toujours mystère : il déjoue tous nos calculs et tous nos raisonnements. C'est pourquoi, l'Amour même - le Dieu incréé et éternel - doit être éminemment mystère ; il doit être le mystère même.

    Cependant, malgré toute la discrétion dont la raison doit faire preuve ici, et qui est la seule manière pour la pensée de rester fidèle à elle-même et à sa mission, nous devons nous demander ce que signifie la confession de foi en Dieu un et trine. Il n'est pas possible de poursuivre pas à pas - comme l'exigerait une réponse adéquate - le développement historique de cette confession de foi, ni d'expliquer les différentes formules utilisées par la foi pour se protéger contre de fausses interprétations. Quelques indications devront suffire.

I. APPROCHES

a) Le point de départ de la foi en Dieu un et trine

    La doctrine trinitaire n'est pas née d'une spéculation sur Dieu, d'une tentative de la pensée philosophique pour mettre au clair la constitution intime du Principe de tout l'être ; elle résulte des efforts d'élaboration de certaines expériences historiques. La foi biblique dans l'Ancien Testament a d'abord rencontré Dieu comme père d'Israël, comme père des nations, comme créateur et seigneur du monde. Au temps du Nouveau Testament, où sont posés les fondements de la foi chrétienne, il se produit un événement tout à fait inattendu, où Dieu se montre sous un jour inconnu jusque-là. En Jésus-Christ, on trouve un homme qui se sait et se proclame Fils de Dieu. Dieu apparaît sous la figure de l'Envoyé, pleinement Dieu, non pas un être intermédiaire, et qui cependant avec nous s'adresse à Dieu, en lui disant « Père ». D'où un singulier paradoxe : d'une part, cet homme appelle Dieu son Père, il s'adresse à Lui comme à un « Toi » qui lui fait face ; si ce n'est pas là simple mise en scène, mais vérité - seule digne de Dieu - alors il doit être nécessairement différent de ce Père auquel il s'adresse et auquel nous nous adressons. Mais d'autre part, il est lui-même, réellement, la proximité de Dieu, venant à notre rencontre ; il est la médiation de Dieu par rapport à nous, parce qu'il est Dieu, existant comme homme dans la forme et la nature d'un homme : Dieu-avec-nous (Emmanuel). S'il n'était pas Dieu, s'il était un être intermédiaire, sa médiation serait nulle en définitive ; au lieu de médiation, il y aurait plutôt séparation. Au lieu de nous rapprocher de Dieu, il nous en éloignerait. En tant que médiateur, il doit donc être Dieu même et « homme même », aussi réellement et aussi totalement l'un que l'autre. Cela revient à dire que Dieu se présente ici, non comme Père, mais comme Fils, et comme mon frère ; ce qui - pour la déroute et en même temps la grande satisfaction de notre intelligence - fait apparaître une dualité en Dieu, Dieu apparaît à la fois comme « Je » et comme « Tu ». A cette nouvelle expérience de Dieu, s'ajoute finalement une troisième, celle de l'Esprit, de la présence de Dieu en nous, dans notre intimité. Or, il se trouve encore une fois que cet « Esprit » n'est pas simplement identique au Père et au Fils, sans constituer pour autant un troisième être entre Dieu et nous ; il est la manière dont Dieu lui-même se donne à nous, de sorte que, tout en étant dans l'homme, il est cependant, dans cette immanence même, infiniment au-dessus de lui.

    Ainsi la foi chrétienne, au cours de son évolution historique, s'est trouvée d'abord devant la réalité de ce triple visage de Dieu. Il est clair qu'elle a dû commencer très vite à réfléchir pour voir comment concilier ces différentes données. Elle a dû se demander comment ces trois formes de rencontre de Dieu dans l'histoire s'accordent avec la réalité intime de Dieu. Cette triple forme de l'expérience de Dieu serait-elle simplement son masque historique, sous lequel, en des rôles différents, c'est toujours l'Unique et le même Dieu qui vient vers l'homme ? Cette « triade » nous renseigne-t-elle seulement sur l'homme et sur ses différents modes de relation à Dieu, ou bien manifeste-t-elle aussi quelque chose de la constitution intime de Dieu ? Si nous sommes enclins aujourd'hui à considérer trop rapidement la première interprétation comme seule pensable, et à croire que nous avons ainsi résolu tous les problèmes, nous devrions, avant de recourir à cette échappatoire, prendre conscience de l'ampleur de la question. Il s'agit en effet de savoir si l'homme, dans sa relation à Dieu, est livré aux mirages de sa propre conscience, ou s'il lui est possible de saisir une réalité au-delà de lui, de rencontrer Dieu même. Les conséquences, dans l'un et l'autre cas, sont d'importance : dans le premier cas, la prière ne serait qu'un dialogue de l'homme avec lui-même ; la racine pour une véritable adoration, et aussi pour la prière de demande, est coupée. N'est-ce pas là d'ailleurs une conclusion que l'on tire de plus en plus ? Mais il est d'autant plus urgent de savoir si cette conclusion n'est pas une solution de facilité pour la pensée qui, sans se poser beaucoup de problèmes, s'engage sur le chemin de la moindre résistance. Mais si l'autre réponse est la bonne, alors l'adoration et la prière, non seulement sont possibles, mais obligatoires ; elles constituent une exigence pour cet être ouvert à Dieu qu'est l'homme.

    Celui qui prend conscience ainsi de la profondeur de la question, comprendra en même temps la lutte passionnée menée autour d'elle par l'Église ancienne ; il comprendra qu'il s'agissait là de tout autre chose que d'un ergotage conceptuel et d'un culte de formules, comme il pourrait sembler à un observateur superficiel. Il se rendra compte que la lutte de ce temps-là est à nouveau engagée aujourd'hui, la même, la lutte perpétuelle de l'homme à la recherche de Dieu et de lui-même ; il comprendra que nous ne saurions subsister comme chrétiens si nous croyons pouvoir nous en tirer à moins de frais que nos ancêtres. Anticipons la réponse qui fut trouvée alors ; elle constitue le point de séparation entre le chemin de la foi et un autre chemin qui aurait conduit à une simple apparence de foi : Dieu est tel qu'il se montre ; Dieu ne se montre pas autrement qu'il n'est. Sur cette affirmation repose la relation chrétienne à Dieu ; en elle s'enracine la doctrine trinitaire, elle est cette doctrine.

b) Les thèmes dominants

    Comment la foi est-elle arrivée à se déterminer en ce sens ? Trois attitudes fondamentales de la pensée chrétienne ont joué ici un rôle décisif. On pourrait désigner la première comme la foi dans l'immédiateté de la relation de l'homme avec Dieu. Ce qui est en question, c'est que l'homme, en prenant contact avec le Christ, rencontre en Jésus - en cet homme, semblable à lui, qu'il peut atteindre et aborder - Dieu lui-même, non pas un être mixte qui s'interposerait entre eux. La préoccupation de l'Église primitive pour défendre la vraie divinité de Jésus a la même racine que la préoccupation de sa véritable humanité. Il ne saurait être notre médiateur, s'il n'était véritablement homme ; il ne saurait faire aboutir la médiation, s'il n'était véritablement Dieu comme Dieu. Il n'est sans doute pas difficile de voir que c'est l'option fondamentale du monothéisme, l'identification, décrite plus haut, du Dieu de la foi et du Dieu des philosophes, qui est ici en question et qui reçoit ici sa forme la plus incisive : seul le Dieu qui est à la fois le fondement réel du monde et le Tout-Proche par rapport à nous, peut devenir l'objet d'une piété qui doit répondre aux exigences de la vérité. Par là se trouve déjà indiquée la deuxième attitude fondamentale : l'attachement indéfectible à une option strictement monothéiste, à la confession de foi au Dieu unique. II fallait à tout prix éviter de créer finalement à nouveau, par le biais du médiateur, toute une sphère d'êtres intermédiaires, et par le fait même une sphère de dieux sans consistance de vérité, où l'homme adore ce qui n'est pas Dieu.

    La troisième attitude fondamentale pourrait être désignée comme l'effort de prendre au sérieux l'histoire de Dieu avec les hommes. En d'autres termes : si Dieu se présente comme Fils et qu'il s'adresse au Père en lui disant « Tu », ce n'est pas là une mise en scène pour l'homme, un bal masqué sur la scène de l'histoire de l'humanité, mais l'expression d'une réalité. L'idée d'un drame divin joué sur la scène du monde avait été émise dans l'Église ancienne par les monarchiens. Les trois personnes seraient trois rôles dans lesquels Dieu se serait montré au cours de l'histoire. Il faut noter ici que le mot « personne » et son correspondant grec prosopon appartiennent à la langue du théâtre. On désignait ainsi le masque qui faisait d'un acteur l'incarnation d'un autre que lui. Ce sont des considérations de ce genre qui, au début, firent passer le mot dans le langage de la foi ; ensuite seulement la foi, à travers les efforts d'une difficile recherche, le redéfinit de telle manière qu'il en résulte l'idée de « personne », étrangère à l'antiquité.

    D'autres - appelés Modalistes - ont pensé que les trois formes sous lesquelles Dieu apparaissait, étaient trois « modes », trois manières dont notre conscience perçoit Dieu et se l'explique à elle-même. Bien que, il est vrai, nous ne connaissions Dieu qu'à travers son reflet dans la pensée humaine, la foi chrétienne a maintenu fermement que c'est pourtant bien Lui que nous reconnaissons dans ce reflet. Même si nous sommes incapables de nous dégager de l'étroitesse de notre conscience, Dieu, Lui, peut s'y engager et s'y montrer lui-même. On ne niera nullement pour autant qu'à travers ces efforts des monarchiens et des modalistes s'amorçait, de façon remarquable, la réflexion orthodoxe sur Dieu : le langage de la foi a finalement adopté la terminologie qu'ils avaient préparée ; celle-ci reste encore toujours en vigueur dans la confession des trois personnes en Dieu. Ce n'est pas de leur faute si le mot prosopon - persona ne pouvait, au début, traduire toute la réalité qu'il s'agit d'exprimer ici. L'extension des limites de la pensée humaine, nécessaire pour élaborer intellectuellement l'expérience chrétienne de Dieu, ne s'est pas faite toute seule. Elle a exigé une lutte, dans laquelle l'erreur elle-même a été féconde. Elle obéissait ainsi à une loi fondamentale à laquelle l'esprit humain est soumis dans sa marche en avant.

A suivre :
Benoît XVI : Les échappatoires, voies sans issue

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 20.05.2023

 

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