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Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et
le Pape
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Le 17 mai 2023 -
E.S.M.
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De tous les leaders rencontrés par Volodymir
Zelensky à Washington et dans les capitales d’Europe,
c’est certainement le Pape François qui a les positions
les plus éloignées, voire divergentes par rapport aux
siennes.
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Le président ukrainien Zelenski
et Bergoglio -
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Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et le Pape
Le 17 mai 2023 -
E.S.M. -
De tous les leaders rencontrés par Volodymir Zelensky à Washington
et dans les capitales d’Europe, c’est certainement le Pape François
qui a les positions les plus éloignées, voire divergentes par
rapport aux siennes.
Le samedi 13 mai après-midi, dans un
communiqué inhabituel publié peu après la fin de l’entretien
entre eux deux à Rome, le Pape François a tenu à souligner qu’il n’y
avait qu’un seul point sur lequel ils étaient tombés d’accord : les
« efforts humanitaires » pour les victimes de la guerre, en
particulier – comme a ensuite précisé Zelensky dans son communiqué –
pour la libération des prisonniers et le rapatriement des enfants
ukrainiens déportés en Russie.
En effet, le Pape avait déjà
annoncé sa coopération pour la libération des prisonniers en
septembre dernier, lors de la rencontre au Kazakhstan des jésuites
de cette région. Il avait révélé qu’un « chef militaire qui s’occupe
de l’échange des prisonniers » était venu le rencontrer au Vatican
« en compagnie d’un conseiller pour les questions religieuses » de Zelensky, et que lui, François, avait immédiatement appelé
« l’ambassadeur russe pour voir si on pouvait faire quelque chose ».
Ce qui a été le cas avec l’échange le 22 septembre de plus de 200
combattants et de plusieurs autres par la suite. Et à présent avec
l’engagement du Pape à faire ce qui était possible également pour
les enfants.
Mais c’est en revanche le Président ukrainien qui aura mis en
évidence le principal point de divergence entre eux deux après leur
entretien du 13 mai : « Avec tout le respect pour le Pape, nous
n’avons pas besoin de médiateurs », a-t-il dit. « Étant donné que la
guerre se déroule sur le territoire de l’Ukraine, le plan de paix ne
peut qu’être ukrainien », en référence au
plan en dix points diffusé par Zelensky en février dernier.
La « médiation » vaticane entre Moscou et Kiev rejetée par Zelensky
est celle qui a été à plusieurs reprises attribuée à la volonté du
Pape, la dernière fois après les déclarations de François lui-même à
bord du vol de retour de son voyage à Budapest le 30 avril, quand il
avait
annoncé qu’une « mission était en cours » pour la paix en
Ukraine « mais qu’elle n’était pas encore publique » et que « quand
elle sera publique, j’en parlerai ».
Après cette annonce sibylline, le professeur Stefano Zamagni, qui
était jusqu’au 31 mars le président de l’Académie pontificale pour
les sciences sociales et promoteur en octobre dernier d’un
plan de paix en sept points – immédiatement
très critiqué pour son déséquilibre en faveur de la Russie –
avait
relancé son plan en insistant sur le fait qu’il était plus
actuel que jamais et qu’il l’avait en son temps confié aux bons
soins de la Secrétairerie d’État. Sans cependant aucune confirmation
de la part de cette dernière.
À Moscou comme à Kiev, personne ne semble être au courant de
l’initiative annoncée par le Pape, alors que le Secrétaire d’État
Pietro Parolin a en revanche
confirmé que quelque chose était en train d’avancer. Mais il ne
s’agirait pas de « médiation » mais de « mission », du mot latin « missio »,
qui signifie envoi. Le Pape François aurait en fait l’intention
d’envoyer à Moscou et à Kiev deux cardinaux, chacun avec un appel
écrit du Pape pour un cessez-le-feu, exactement comme Jean-Paul II
avait envoyé les cardinaux Pio Laghi et Roger Etchegaray à
Washington et à Bagdad en 2003, avec la demande écrite du Pape
d’arrêter le conflit imminent en Irak. Sans trouver d’oreille
attentive, comme on s’en rappelle.
Parmi les différents cadeaux échangés à l’occasion de la rencontre
du 13 mai, le Pape François a offert à Zelensky un
livre contenant un recueil de ses interventions sur la paix en
Ukraine. Dans l’une d’entre elles, le Pape prononce des paroles
claires en faveur de la lutte armée des Ukrainiens contre les
Russes. Il s’agit de la « Lettre
du Saint-Père aux peuple ukrainien » publiée le 24 novembre
2022, dans laquelle le Pape écrit à un certain moment : « Je pense à
vous, jeunes, qui, pour défendre courageusement votre patrie, avez
dû prendre les armes au lieu de réaliser des rêves que vous aviez
cultivés pour l’avenir ».
Et plus loin : « Je suis impressionné par votre bonne ardeur. Malgré
l’immense tragédie qu’il subit, le peuple ukrainien ne s’est jamais
découragé et n’a jamais cédé à l’apitoiement. Le monde a reconnu un
peuple audacieux et fort, un peuple qui souffre et prie, pleure et
lutte, résiste et espère : un peuple noble et martyr. Je continue à
vous être proche”. »
Cette lettre était le fruit, notamment par son style de rédaction,
de la rencontre survenue à Rome le 7 novembre entre le Pape François
et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne
Sviatoslav Shevchuk, fortement solidaire avec la guerre patriotique
combattue notamment par ses fidèles. Sa publication avait d’ailleurs
marqué un tournant dans les prises de position du pape, qui n’avait
jamais déclaré jusque-là approuver sans réserve la défense par les
armes de l’Ukraine contre l’agression russe.
Mais cette première intervention du Pape pour soutenir la guerre de
résistance ukrainienne aura également été la dernière. Refroidissant
encore un peu plus les relations entre Kiev et le Vatican sans
obtenir pour autant la moindre amélioration des rapports avec
Moscou.
Depuis le début de la guerre, en effet, le Pape François n’a pas
encore réussi à établir un contact direct avec Vladimir Poutine. Le
6 novembre dernier, pendant le vol de retour de son voyage au
Bahreïn, le Pape
a déclaré avoir demandé dès les premiers jours, via
l’ambassadeur russe près le Saint-Siège, de pouvoir se rendre à
Moscou pour rencontrer Poutine. Ce qui lui valut une fin de
non-recevoir de la part du ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, qui lui a répondu que « pour le moment, ce n’était
pas nécessaire ». La demande et la réponse qui s’en suivit se firent
par courrier et depuis lors Poutine a continué à demeurer
inaccessible. Une dernière lettre de François à Poutine aurait été
remise le 11 mai dernier encore une fois à l’ambassadeur russe
Alexander Avdeev, reçu par le Pape en visite au terme de sa mission.
On ignore avec quel résultat, pendant que l’on attend la nomination
de son successeur.
Et pourtant, les prises de position très compréhensives des
« raisons » du Kremlin n’ont pas manqué dans le chef de François, en
particulier ces « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie »
plusieurs fois
pointés du doigt par le Pape comme étant la cause qui aurait
déclenché l’agression contre l’Ukraine, « sans comprendre que les
russes sont impériaux et craignent l’insécurité à leurs
frontières ».
Cette affirmation du Pape François, comme d’autres, ont contribué à
faire émerger la thèse selon laquelle le Pape actuel marque un
réalignement géopolitique de l’Église de Rome, non plus avec
l’Occident solidaire avec Kiev, mais avec le reste du monde, avec
l’Amérique latine, avec l’Afrique, avec l’Asie, avec des États tous
très réticents à s’opposer à la Russie.
C’est notamment la thèse du célèbre vaticaniste américain John L.
Allen qui a fait remarquer dans la revue « The
Atlantic » que, sur la guerre en Ukraine, le Pape se trouvait
dans les faits plus proche des positions de l’Inde et de la Chine
que des positions européennes et atlantistes.
Avec pour conséquence de se retrouver très à la marge et désormais
privé de toute capacité à influer sur les décisions de New Dehli et
encore moins de Pékin, une superpuissance qui, de plus, ne craint
pas d’opprimer les catholiques et d’humilier la papauté, encore
dernièrement avec la
nomination unilatérale à la tête du diocèse de Shanghai d’un
évêque issu de l’appareil du régime de Xi Jinping.
Mais certains tirent une autre thèse concernant l’Ukraine des libres
faits et gestes du Pape François.
Dans la revue « Il
Regno », un autre vaticaniste renommé, Luigi Accattoli, après
avoir énuméré quelques-unes des plus téméraires sorties de François,
des « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » à « l’enfant de
chœur de Poutine » en parlant de Cyrille, le patriarche de Moscou,
loin de les critiquer, y voit le signal d’une bienfaisante « sortie
de la tradition étatique et diplomatique » du Vatican, faisant
partie intégrante du plus général « projet d’Église en sortie que
François a érigé en devise de son pontificat ».
Selon Accattoli, « les premiers pas ne peuvent se faire qu’à
tâtons », mais « c’est quand même un bien que l’entreprise soit
tentée. Ce sera l’œuvre de plusieurs pontificats ».
Une thèse hardie s’il en est. Quoi qu’il en soit, pendant ce temps,
cette diplomatie vaticane tant vantée vole en éclats notamment à
cause de François et ce ne sera certainement pas la Chine, qui est
ces derniers jours très active sur le front russe et européen avec
son envoyé spécial
Li Hui, qui pourra lui servir de nouveau modèle à suivre.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.05.2023
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