Benoît XVI présente Jésus comme le pasteur qui
devient l'agneau |
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Rome, le 22 août 2007 -
(E.S.M.) - Le chapitre huit se termine par
l'image du pasteur devenu agneau. Dans cette page Benoît XVI se réfère
tout d'abord à l'ancien testament et nous détaille quelques versets
d'Ézéchiel et de Zacharie.
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Le
pasteur qui devient l'agneau -
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Benoît XVI présente Jésus comme le pasteur qui devient l'agneau
Chapitre 8 : Les
grandes images de l'Évangile de Jean -
Pages
précédentes concernant ce chapitre, voir à la fin du texte
11) Le pasteur (1/4) - Le
pasteur qui devient l'agneau (p.299 à 302)
Le pasteur
L'image du pasteur, par laquelle Jésus présente sa mission aussi bien dans
les Évangiles synoptiques que dans celui de Jean, recèle une longue
histoire. Dans l'Orient ancien, commente Benoît XVI, dans les inscriptions royales sumériennes
tout comme dans les milieux assyro-babyloniens, le roi se définit comme le
pasteur intronisé par Dieu. « Paître » est une image qui représente la
charge de gouverner. Partant de cette image, le souci des faibles fait
partie des tâches du souverain juste. On pourrait donc dire qu'en raison de
ses origines, l'image du Christ comme le bon pasteur est un Évangile du
Christ en tant que roi, faisant apparaître la royauté du Christ.
La référence immédiate du discours imagé de Jésus se trouve cependant dans
l'Ancien Testament, où Dieu lui-même apparaît comme le pasteur d'Israël.
Cette image a profondément marqué la piété d'Israël, elle est devenue un
message de consolation et de confiance, surtout dans les moments de
détresse. La plus belle formulation de cette piété confiante, nous la
trouvons dans le Psaume 23 [22], le
Seigneur est mon berger : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne
crains aucun mal, car tu es avec moi » (v.
4). Cette image de Dieu comme pasteur est dépeinte plus en détail
chez Ézéchiel, dans les chapitres 34-37, dont la vision est concrètement
actualisée en tant que prophétie du ministère de Jésus dans les paraboles du
pasteur des Évangiles synoptiques et dans le discours johannique du pasteur.
Face aux pasteurs égoïstes qu'Ézéchiel trouve et dénonce à son époque,
il proclame la promesse que Dieu lui-même chercherait
ses brebis pour en prendre soin. « Je les ferai sortir des pays
étrangers, je les rassemblerai, et je les ramènerai chez elles... C'est moi
qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer. La brebis
perdue, je la chercherai ; l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée,
je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui
est grasse et vigoureuse, je la garderai »
(Ez 34, 13.15-16).
Face au mécontentement des pharisiens et des scribes provoqué par le repas
pris avec les pécheurs, le Seigneur raconte la parabole des
quatre-vingt-dix-neuf brebis restées à la maison et de celle qui était
perdue et que le pasteur va chercher pour la prendre avec grande joie sur
ses épaules pour la ramener. Par cette parabole, note Benoît XVI,
Jésus dit à ses adversaires : n'avez-vous pas lu la
parole de Dieu chez Ézéchiel ? Je ne fais que ce que Dieu a annoncé
en tant que vrai pasteur : j'irai à la recherche des brebis perdues, et je
reconduirai les égarées au bercail.
À un moment tardif de la prophétie vétérotestamentaire, se produit encore
une fois une transformation surprenante et profonde dans la représentation
de l'image du pasteur, transformation qui nous fait entrer directement dans
le mystère de Jésus Christ. Matthieu nous raconte que, après la dernière
Cène, sur le chemin du mont des Oliviers, Jésus annonce aux disciples
qu'allait se produire maintenant ce qui avait été annoncé en Zacharie 13, 7
: « Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées
» (Mt 26, 31). En effet,
apparaît ici chez Zacharie la vision d'un pasteur qui « selon la volonté de
Dieu subit la mort en introduisant ainsi le dernier tournant
(J. Jeremias, in ThWNT, vol. 6, p. 487)
».
Cette vision surprenante du pasteur tué, qui par la mort devient le sauveur,
est étroitement liée à une autre image du Livre de Zacharie : « Je
répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit
qui fera naître en eux bonté et supplication. Ils lèveront les yeux
vers celui qu'ils ont transpercé ; ils feront
une lamentation sur lui comme sur un fils unique
; ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né. En ce jour-là,
il y aura grande lamentation dans Jérusalem comme la lamentation de Hadad
Rimmôn dans la plaine de Megiddôn... En ce jour-là, il y aura une source qui
jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem :
elle les lavera de leur péché et de leur souillure
» (Za 12, 10-11 ; 13, 1).
Hadad Rimmôn était une des divinités de la végétation mourant et
ressuscitant, que nous avons rencontrées précédemment, comme le rappelle
Benoît XVI dans le contexte
du pain qui, lui, présuppose la mort et la résurrection du grain de blé.
Sa mort suivie de la résurrection était célébrée par des lamentations
rituelles effrénées. Ceux qui y ont assisté, et le prophète et ses lecteurs
en font apparemment partie, y voyaient pour ainsi dire l'archétype du deuil
et de la lamentation. Pour Zacharie, Hadad Rimmôn est une des divinités
pitoyables qu'Israël méprise et dénonce comme des chimères mythiques. Et
pourtant, par le rite de la lamentation, il devient une préfiguration
mystérieuse de Celui qui existe vraiment.
Un lien intrinsèque avec le serviteur de Dieu du
Deutéro-Isaïe se fait jour. La prophétie tardive d'Israël voit le
rédempteur souffrant et mourant, le pasteur qui
devient l'agneau, sans pouvoir expliquer cette figure plus en
détail. K. Elliger dit à ce propos : « Mais d'autre part, son regard [celui
de Zacharie] se porte au loin, avec une précision étrange, dans une nouvelle
direction et tourne autour de la figure de celui qui est transpercé sur la
croix du Golgotha, il est vrai, sans pouvoir discerner clairement la figure
du Christ, bien qu'avec l'évocation de Hadad Rimmôn, on effleure étrangement
le mystère de la résurrection, mais on ne fait que l'effleurer [...] surtout
sans apercevoir clairement le lien profond entre la croix et la source
contre tout péché et toute souillure
(K. Elliger, Das Buch der zwôlf Kleinen Propheten,
p. 172, voir bibliographie, p. 402). » Si chez Matthieu, au début
du récit de la Passion, Jésus évoque lui-même Zacharie 13, 7 et l'image du
pasteur tué, Jean clôt le récit de la crucifixion en se référant à Zacharie
12, 10 : « Ils lèveront les yeux vers celui
qu'ils ont transpercé » (Jn
19, 37). Dès lors, affirme Benoît XVI, tout est clair :
celui qui est tué et qui sauve, c'est Jésus Christ, le crucifié.
(à suivre)
JE CONNAIS MES BREBIS
(suite des réflexions de cours sur l'Évangile
de Jean)
La foi ce n'est pas seulement « venir » au Christ, c'est encore marcher à sa
lumière (12.35) et demeurer en
lui (6.56 ; 15.4), c'est
connaître la vérité (6.31,32),
l'accueillir au plus intime (12.48),
et, en la gardant, la faire véritablement nôtre
(12.47). En adhérant de tout
notre être à la vérité révélée par Jésus Christ
(1-17), nous connaîtrons par
expérience sa plénitude ; nous en serons visités et remplis
(1.16), et notre communion au
Christ se faisant plus étroite, nous accéderons ainsi à la vie qui ne finit
pas (5.24).
Tout cela est dit dans ces mots si pleins et si suaves tout ensemble :
Je connais mes brebis et mes brebis me
connaissent (I0.I4)...
Et il ne s'agit pas ici, le texte le dit bien, d'une simple réponse mais
d'une réciprocité active. La connaissance de foi et d'amour de l'homme pour
le Christ découle nécessairement de cette connaissance humaine et divine
dont le Christ l'a d'abord visité. C'est parce
qu'elles ont été « connues » que les brebis à leur tour peuvent connaître.
La foi est une grâce qui nous vient toute du Christ... Ainsi est soulignée
cette réceptivité qui demande que pour croire, nous accueillions le Christ,
nous nous ouvrions à lui. Sans cet accueil, que déjà le Prologue donnait
comme le secret de la foi : « A ceux qui l'ont reçu
(I.I2)...» elle resterait
stérile, elle ne pourrait donner naissance en nous à l'« enfant de Dieu
(I.I2) ».
Cette réceptivité, loin de rendre l'âme passive, stimule en
elle la réponse d'amour qui rend sa foi vive, féconde. Tant vaut l'accueil
réservé par l'âme au Christ, tant vaut aussi notre foi en lui. Accepter
activement, amoureusement, d'être connu par le Christ, et qu'en nous soit
imprimée sa vivante image, son sceau brûlant, entraîne l'âme à se tourner
vers lui dans un regard et un mouvement de foi qui la conduisent sur les
chemins de l'intimité et de l'union.
Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et
elles me suivent
(10.27).
Elles suivent, parce qu'elles se sentent et se savent connues d'une
connaissance d'amour. Cet amour les pénètre. A son tour leur connaissance en
est imprégnée, et devient génératrice d'une fidélité qui se veut sans
défaillance...
Le Christ nous l'a dit : cette "fidélité rencontrera bien des obstacles,
connaîtra bien des épreuves ; le monde nous haïra
(15-18,19), il nous
persécutera (15.20).
Et non seulement dans le monde nous aurons à souffrir
(16.33), mais
intérieurement aussi notre foi connaîtra des heures douloureuses, des
obscurcissements, elle risquera de se laisser séduire et détourner par de
mauvais bergers..
Satan se déchaînera contre nous, essayant d'envahir de ses ténèbres la
lumière qui est en nous, de nous tromper par ses illusions, lui le père du
mensonge (8.44)
; mais le Christ est là qui veille sur les siens et leur répète : « gardez
courage, j'ai vaincu le monde 16.38
» par ma croix ; j'ai non seulement « jugé le monde », maïs « jeté bas le
prince de ce monde (12.31,32)
».
Après le Maître, l'apôtre à son tour, dans sa première Épître, insiste sur
toutes les difficultés qui viendront assaillir notre foi. Pour la conserver
il nous faudra rompre avec le péché en demeurant dans la vérité
(1 Jn 2.4),
pratiquer les commandements, spécialement celui de l'amour de nos frères, (1
Jn 2. 10), nous garder du monde et de tout ce qui
est dans le monde (1 Jn 2.15)
combattre victorieusement le Mauvais
(1 Jn 2.14) . Alors
nous serons fidèles, nous serons de Dieu
(1 Jn 4, 6), nous
serons « nés de Dieu
(1 Jn
4, 7)».
Éprouvée et victorieuse de tous les obstacles :
Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde.
Et telle est la victoire qui a triomphé du monde : notre foi.
Quel est le vainqueur du monde
sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu
(1 Jn 5. 4,5) ?
notre foi prend alors son sens véritable, elle devient «
fidélité... »
Chapitre 8 : Les grandes images de l'Evangile de Jean -
Pages précédentes
1) Introduction : la question johannique (p.
245 à 249)
L'image de Jésus proposée par Jean
2) C'est le Paraclet qui interprète et conduit à la
vérité (p. 249 à 255)
Benoît XVI
3) Le caractère Ecclésial du 4e Évangile
(p. 255 à 259)
Benoît XVI
4) L'Évangile de Jean repose entièrement sur l'Ancien
Testament (p. 260 à 264)
Benoît XVI
5) L'eau (1) - Les grandes images de l'Évangile de
Jean (p. 265 à 268)
Benoît XVI
6) L'eau (2) - Jésus est le rocher vivant, dont
jaillira l'eau nouvelle (p. 269 à 274)
Benoît XVI
7) La vigne et le vin (1)
- Les
éléments fondamentaux des sacrements de l'Église
(p. 275 à 279)
Benoît XVI
8) La vigne et le vin (2)
- Le
chant de la vigne
(p. 280 à 284)
Benoît XVI
9) Le pain de vie (1) - Moïse n'aperçoit que le dos de
Dieu (p. 290
à 293)
Benoît XVI
10) Le pain de vie (2) - Moi, je
suis le pain de la vie (p.
294 à 299)
Benoît XVI
11) Le pasteur (1/4) - Le pasteur
qui devient l'agneau (p.299 à 302)
Sources: P.PAUL MARIE-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.08.2007 - BENOÎT XVI -
Table Jésus |