L'eau, écrit Benoît XVI, est l'un des
éléments originaires de la vie |
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Rome, le 07 août 2007 -
(E.S.M.) - L'Esprit et l'eau, le ciel et
la terre, le Christ et l'Église, forment un tout. Ainsi, la «
renaissance » a lieu. Dans le sacrement, précise Benoît XVI, l'eau
représente la terre maternelle, la sainte Église, qui reçoit la création
en elle et qui la représente.
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La piscine de
Béthesda -
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L'eau,
écrit Benoît XVI, est l'un des éléments originaires de la vie
Chapitre 8 : Les grandes images de l'Evangile de Jean -
Pages précédentes
1) Introduction : la question johannique (p.
245 à 249)
L'image de Jésus proposée par Jean
2) C'est le Paraclet qui interprète et conduit à la
vérité (p. 249 à 255)
Benoît XVI
3) Le caractère Ecclésial du 4e Évangile
(p.255 à 259)
Benoît XVI
4) L'Évangile de Jean repose entièrement sur l'Ancien
Testament (p.260 à 264)
Benoît XVI
5) Les grandes images de l'Évangile de Jean - L'eau
(1)
(p.265 à 268)
Le symbolisme de l'eau dans l'Évangile de Jean
L'eau, écrit Benoît XVI, est l'un des éléments originaires de la vie et par conséquent aussi
l'un des symboles premiers de l'humanité. Elle se présente à l'homme sous
différents aspects et donc aussi sous différentes acceptions.
Tout d'abord nous avons la source, l'eau jaillissant toute fraîche du sein
de la terre. La source est origine, commencement dans sa pureté ; elle est
encore limpide et intacte. Ainsi, la source apparaît comme l'élément
proprement créateur, mais aussi comme le symbole de fécondité, de maternité.
Ensuite, nous avons le fleuve. Les grands fleuves
- le Nil, l'Euphrate, le
Tigre - sont les grands dispensateurs de vie, quasi divins, dans les grands
pays qui entourent Israël. En Israël, c'est le Jourdain qui donne vie à ce
pays. Lors du baptême de Jésus cependant, nous avons vu que le symbolisme du
fleuve présente également une autre face. Par sa profondeur, il représente
aussi le danger. La descente dans la profondeur peut par conséquent
signifier la descente dans la mort, et la remontée à la surface, la
renaissance.
Pour finir, explique Benoît XVI, nous avons la mer comme puissance admirée et sidérante par sa
majesté, mais surtout comme antipode, redouté de tous, de la terre, qui est
l'espace vital de l'homme. Le créateur a assigné à la mer sa limite, qu'elle
n'a pas le droit de dépasser. Elle n'a pas le droit d'engloutir la terre. La
traversée de la mer Rouge est devenue pour Israël avant tout un symbole de
salut, tout en renvoyant naturellement aussi à la menace qui fut fatale aux
Égyptiens. Si les chrétiens considéraient la traversée de la mer Rouge comme
une préfiguration du Baptême, c'est pourtant la mer comme symbole de mort
qui domine. Elle devient l'image du mystère de la Croix. Pour renaître,
l'homme doit d'abord entrer avec le Christ dans la « mer Rouge », descendre
avec lui dans la mort, pour accéder de nouveau à la vie avec le Ressuscité.
Après ces remarques d'ordre général, nous abordons, dans la perspective de
l'histoire des religions, le symbolisme de l'eau dans
l'Évangile de Jean. Ce symbolisme de l'eau traverse l'Évangile de
bout en bout. Nous le rencontrons d'abord dans l'entretien avec Nicodème au
troisième chapitre. Pour pouvoir entrer dans le royaume de Dieu, l'homme
doit devenir autre, il doit naître de nouveau d'eau et d'Esprit
(cf. Jn 3, 5). Qu'est-ce que cela
signifie ?
Le Baptême comme entrée dans la communauté du Christ est interprété comme
une" renaissance, qui, par analogie avec la naissance naturelle par
fécondation de l'homme et conception de la femme, implique un double
principe : l'esprit divin et « l'eau, comme "mère universelle de la vie
naturelle — élevée dans le sacrement par la grâce, à la ressemblance de la
Theotokos virginale" (Theotokos : littéralement « celle qui a enfanté Dieu ». P. Rech, Inbild
des Kosmos. Eine Symbolik der Schôpfung, vol. II, p. 303, voir
bibliographie, p. 401) ».
En d'autres termes, la renaissance implique le pouvoir créateur de l'Esprit
de Dieu, mais par le sacrement, elle implique aussi le sein maternel de
l'Église qui accueille et qui accepte. Photina Rech cite Tertullien : «
Jamais le Christ n'est sans l'eau (Tertullien, Traité du baptême, IX,
4 in SCh, n. 35, p. 79) », et interprète correctement cette
expression un peu énigmatique de l'écrivain ecclésiastique.
«Jamais le Christ ne fut et n'est sans l'ecclesia
(P. Rech, Inbild des Kosmos, op. cit., vol.
II, p. 304) ». L'Esprit et l'eau, le ciel
et la terre, le Christ et l'Église, forment un tout. Ainsi, la «
renaissance » a lieu. Dans le sacrement,
précise Benoît XVI, l'eau représente la terre
maternelle, la sainte Église, qui reçoit la création en elle et qui
la représente.
Immédiatement après, au chapitre 4, nous rencontrons Jésus au puits de
Jacob. Le Seigneur promet à la Samaritaine l'eau qui deviendra une source,
une source jaillissant en vie éternelle (cf.
Jn 4, 14) en celui qui la boit, de sorte que celui qui en boit ne
connaîtra plus la soif. Ici, le symbolisme du puits est lié à l'histoire du
salut d'Israël. Lors de la vocation de Nathanaël,
Jésus s'était déjà révélé comme le nouveau, le plus grand Jacob.
Au-dessus de la pierre qui lui servait d'oreiller pendant son sommeil, Jacob
avait vu, dans une vision nocturne, les anges de Dieu monter et descendre.
Jésus prédit à Nathanaël que ses disciples verront le ciel ouvert au-dessus
de lui, et qu'ils verront monter et descendre les anges de Dieu
(cf. Jn 1, 51). Ici, près du puits
de Jacob, nous rencontrons Jacob comme le grand ancêtre qui a donné le puits
et, avec le puits, l'eau, l'élément fondamental de la vie. Mais l'homme
ressent une soif plus grande, au-delà de l'eau du puits, parce qu'il est en
quête d'une vie qui transcende la sphère biologique.
Nous allons rencontrer la même tension intrinsèque à l'être humain dans le
chapitre sur le pain. Moïse a donné la manne, il a donné le pain venu du
ciel. Mais c'était tout de même du « pain » terrestre. La manne est une
promesse. Le nouveau Moïse donnera de nouveau du pain.
Et il faudra donner plus, plus que ce que la manne a pu être. On voit de
nouveau que l'homme est tendu vers l'infini, vers un autre « pain », qui
sera vraiment le « pain venu du ciel ».
Ainsi, les promesses de l'eau nouvelle et du
pain nouveau se correspondent. Elles correspondent à l'autre
dimension de la vie, à laquelle l'homme aspire inévitablement. Jean
distingue entre bios et zoé, la vie biologique et la vie plus
vaste qui, étant elle-même source, n'est pas soumise à la mort ni à la
destinée qui marquent la création tout entière. Dans l'entretien avec la
Samaritaine, l'eau redevient, certes sous une forme différente, le symbole
du Pneuma, de la véritable puissance de vie qui étanche la soif la
plus profonde de l'homme en lui donnant la vie intégrale qu'il attend sans
la connaître.
Dans le chapitre suivant, le cinquième, l'eau apparaît plutôt en passant.
C'est l'histoire de l'homme, infirme depuis trente-huit ans, qui attend la
guérison de la descente dans la piscine de Béthesda, mais qui ne trouve
personne pour l'aider à y entrer. Jésus le guérit par son pouvoir. Il
accomplit sur le malade ce que ce dernier attendait du contact avec l'eau
thérapeutique. Dans le septième chapitre, qui selon une hypothèse
convaincante des exégètes modernes, suivait à l'origine sans doute
directement le cinquième, nous trouvons Jésus à la fête des Tentes avec son
rituel solennel du don de l'eau ; nous allons y revenir en détail.
Et puis, nous rencontrons de nouveau le symbolisme de l'eau au chapitre 9.
Jésus guérit un aveugle de naissance. Le processus de guérison implique que
l'aveugle, sur ordre de Jésus, doit se laver dans la piscine de Siloé.
Ainsi, il recouvre la vue. Siloé, « ce nom signifie : Envoyé », commente
l'évangéliste pour ses lecteurs qui ne connaissent pas l'hébreu
(Jn 9, 7). Mais c'est plus qu'une
simple note philologique. Cela nous indique la véritable raison du miracle.
Car « l'Envoyé », c'est Jésus. En fin de compte, c'est Jésus par lequel et
dans lequel il se laisse purifier pour recouvrer la vue. Le chapitre tout
entier, signale Benoît XVI, s'avère une explication du baptême qui nous rend
la vue. Le Christ dispense la lumière et, par
l'intermédiaire du sacrement, il nous ouvre les yeux.
Dans un sens analogue, mais tout de même différent, l'eau apparaît au
chapitre 13, à l'heure de la dernière Cène, lors du lavement des pieds.
Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se
ceint. Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les
pieds des disciples (cf. 13, 4-5).
L'humilité de Jésus, qui se fait serviteur des siens, est le bain de pieds
purificateur qui rend les hommes dignes de s'asseoir à la table de Dieu.
Et pour finir, l'eau apparaît à nos yeux encore une fois, grande et
mystérieuse, à la fin de la Passion. Jésus mort, ses jambes ne furent pas
brisées, mais un des soldats « avec sa lance lui perça le côté ; et
aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau »
(Jn 19, 34).
Indubitablement, Jean a voulu indiquer les deux sacrements principaux de
l'Église, le Baptême et l'Eucharistie, qui jaillissent du cœur transpercé de
Jésus et par lesquels, de cette manière, l'Église naît du côté de Jésus.
(à suivre)
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"Jésus de Nazareth"
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.08.2007 - BENOÎT XVI -
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