Avec le Christ, précise Benoît XVI,
nous devons résorber le mal par l'amour |
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ROME, le 5 Juin 2007 -
(E.S.M.) -
Toute faute entre des hommes, indique Benoît XVI, comporte d'une façon
ou d'une autre une violation de la vérité et de l'amour, et s'oppose
ainsi à Dieu, qui est la Vérité et l'Amour.
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Jérôme
Bosch, Le portement de la Croix --
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C'est ici (âmes sensibles
s'abstenir)
Avec le Christ, précise Benoît XVI, nous devons résorber le mal par l'amour
LA PRIÈRE DU SEIGNEUR - Analyse du pape Benoît XVI
(p. 181 à 184)
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons
aussi à ceux qui nous ont offensés
La cinquième demande du Notre Père présuppose un monde où il y a des
offenses - offenses des hommes les uns envers les autres, offenses envers
Dieu. Toute faute entre des hommes, indique
Benoît XVI, comporte d'une façon ou d'une autre une
violation de la vérité et de l'amour, et s'oppose ainsi à Dieu, qui est
la Vérité et l'Amour. Le dépassement de la faute est une question
centrale de toute existence humaine. L'histoire des religions gravite autour
de cette question. La faute appelle la vengeance, et ainsi se crée une
escalade de l'endettement où le mal de la faute ne cesse de croître et dont
il devient de plus en plus difficile de sortir. Par cette demande, le
Seigneur nous dit : la faute ne peut être dépassée que par le Pardon, et non
par la vengeance. Dieu est un Dieu qui pardonne, parce qu'il aime ses
créatures. Mais le Pardon ne peut entrer et agir que dans celui qui,
lui-même, pardonne.
Le thème du Pardon traverse tout l'Évangile. Nous le rencontrons tout au
début du Sermon sur la montagne, dans la nouvelle interprétation du
cinquième commandement, où le Seigneur nous dit : « Donc, lorsque tu vas
présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord
te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande »
(Mt 5, 23-24). Celui qui n'est
pas réconcilié avec son frère ne peut se présenter devant Dieu. Le devancer
dans le geste du Pardon, aller vers lui, telle est la condition pour rendre
un juste culte à Dieu. À ce sujet, fait
remarquer Benoît XVI, on pense spontanément que Dieu
lui-même, sachant que nous, les hommes, nous étions rebelles et en
opposition avec lui, est sorti de sa divinité pour venir à notre
rencontre et pour nous réconcilier. Nous nous souviendrons
qu'avant le don de l'Eucharistie, Jésus s'est agenouillé devant ses
disciples et il a lavé leurs pieds sales, il les a purifiés par son humble
amour. Au centre de l'Évangile de Matthieu
(cf. 18, 23-35), se trouve la
parabole du serviteur sans pitié. À ce haut dignitaire royal a été remise la
dette inimaginable de 10 000 talents
(c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent) ; et lui-même
n'est pas prêt à remettre la somme comparativement dérisoire de 100 pièces
d'argent. Quel que soit ce que nous avons à nous pardonner, quoi que ce
soit, c'est peu de chose par rapport à la bonté de Dieu qui nous pardonne.
Et tout à la fin, nous entendons, venant de la croix, la prière de Jésus : «
Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font »
(Lc 23, 34).
Si nous voulons pleinement comprendre cette demande et la faire nôtre, nous
devons faire un pas de plus et nous demander : qu'est véritablement le
Pardon ? Qu'advient-il dans le Pardon ? La faute est une réalité, une
réalité objective ; elle a causé une destruction qui doit être surmontée.
C'est pourquoi le Pardon doit être plus qu'une volonté d'ignorer ou
d'oublier. La faute doit être assumée, réparée et ainsi surmontée. Le Pardon
a un coût, et d'abord pour celui qui pardonne. Le mal qui lui a été fait, il
doit le surmonter intérieurement, le brûler au-dedans de lui et ainsi se
renouveler, de sorte qu'il fasse entrer l'autre, le coupable, dans ce
processus de transformation et de purification intérieures, que tous deux se
renouvellent en souffrant le mal jusqu'au fond et en le surmontant. C'est là
que nous butons sur le mystère de la croix du Christ. Mais tout d'abord,
observe Benoît XVI, nous butons sur les limites de notre force à guérir et à
surmonter le mal. Nous butons sur la supériorité du mal, que nous ne pouvons
vaincre avec nos seules forces. Reinhold Schneider dit à ce sujet : « Le mal
vit sous des milliers de formes ; il occupe les sommets du pouvoir... ; il
sourd de l'abîme. L'amour n'a qu'une forme : celle de ton fils.» (R. Schneider, Das Vatemnser, op. cit., p. 68.)
L'idée que, pour la remise de notre faute, la guérison
des hommes à partir de l'intérieur, Dieu ait payé le prix de la mort de son
Fils nous est devenue aujourd'hui très étrangère. Que le Seigneur ait
« porté nos souffrances et supporté nos douleurs », qu'il ait été «
transpercé à cause de nos fautes, [que] c'est par nos péchés qu'il a été
broyé » et que c'est « par ses blessures que nous sommes guéris »
(cf. Is 53, 4-5), cela n'est plus
une évidence pour nous aujourd'hui. S'y oppose, d'une part,
la banalisation du mal, dans laquelle nous nous
réfugions, alors que nous utilisons, en même temps, les atrocités de
l'histoire humaine, et notamment de la plus récente, comme un prétexte
irréfutable pour nier un Dieu bon et pour blasphémer sa créature, l'homme. À
la compréhension du grand mystère de l'expiation s'oppose, d'autre part,
notre conception individualiste de l'homme. Nous ne pouvons plus comprendre
la signification vicaire, parce que, selon nous, tout homme vit isolé en
lui-même. Nous ne sommes plus capables de comprendre le profond
enchevêtrement de toutes nos existences et leur enlacement par l'existence
de l'Unique, du Fils incarné. Nous devrons revenir sur
ces questions lorsque nous aborderons la crucifixion du Christ.
Pour l'instant, indique Benoît XVI, nous nous contenterons d'une remarque du
Cardinal John Henry Newman disant un jour que Dieu, avec un seul mot, avait
pu créer tout l'univers à partir de rien, mais que pour la faute et la
souffrance des hommes, il ne pouvait les surmonter qu'en s'impliquant
lui-même, en connaissant lui-même la souffrance en son propre Fils, qui a
porté ce fardeau et l'a surmonté en se donnant lui-même. Vaincre la faute
exige la mobilisation de notre cœur, plus encore, la mobilisation de toute
notre existence. Et même cette mobilisation reste insuffisante, elle ne peut
agir que dans la communion avec celui qui a porté notre fardeau à tous.
La demande de Pardon est plus qu'un appel moral, ce qu'elle est aussi par
ailleurs. Et en tant que telle, c'est un défi quotidien qui nous est lancé.
Mais elle est profondément, tout comme les autres demandes, une prière
christologique. Elle nous rappelle celui qui, par le Pardon, a payé le prix
de la descente dans la misère de l'existence humaine et de la mort sur la
croix. Elle nous appelle à en être reconnaissants, mais aussi
à résorber, avec lui, le mal par l'amour, à le
consumer par la souffrance. Et si nous devons reconnaître, jour après jour,
à quel point nos forces sont insuffisantes, combien de fois nous-mêmes ne
redevenons-nous pas débiteurs ? Alors cette prière nous donne le grand
réconfort de savoir que notre prière est assumée par son amour et, avec lui,
par lui et en lui, elle peut malgré tout devenir force de guérison.
(à suivre)
La prière du Seigneur, cinquième chapitre du livre
du Saint-Père Benoît XVI, "Jésus de Nazareth :
1) La vérité, indique Benoît XVI, c'est d'abord
Dieu, le Royaume de Dieu :►
Benoît XVI
2) Benoît XVI désigne le Malin comme l'ultime
menace pour l'homme :►
Benoît XVI
3) Notre Père qui es aux cieux : ►
Benoît XVI
4) Que ton nom soit sanctifié : ►
Benoît XVI
5) Que ton règne vienne : ►
Benoît XVI
6)
Benoît XVI commente que la terre devienne "ciel" : ►
Benoît XVI
7)
Benoît XVI explique que nous pouvons demander
et nous devons demander
:
►
03.06.07
8) Si nous appartenons au Christ, le reste n'a plus
aucun pouvoir :
►
04.06.07
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.06.2007 - BENOÎT XVI -
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