Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

LÉON XIV

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI : De la parole annoncée à la prise de risque

Le 05 février  2023 - (E.S.M.) - Pour les membres du Sanhédrin cela devait apparaître politiquement privé de sens et théologiquement inacceptable, puisque, de fait, une proximité de la « Puissance », une participation à la nature même de Dieu était alors exprimée, et cela était considéré comme un blasphème. Pourtant Jésus n'avait fait que mettre en relation certaines paroles de l'Écriture et avait exprimé sa mission « selon les Écritures », avec les paroles mêmes de l'Écriture. Mais pour les membres du Sanhédrin, à l'évidence, cette application des paroles sublimes de l'Écriture à Jésus apparut comme une attaque insupportable à la grandeur de Dieu, à son unicité.

Jésus devant le Sanhédrin- Pour agrandir l'image ► Cliquer  

Benoît : De la parole annoncée à la prise de risque

Jésus devant le Sanhédrin


La décision fondamentale pour un procès contre Jésus, prise lors de la réunion du Sanhédrin, fut mise à exécution, avec son arrestation, dans la nuit du jeudi au vendredi, sur le Mont des Oliviers. Alors qu'on était encore en pleine nuit, Jésus fut conduit dans le palais du grand prêtre, où le Sanhédrin (sanhédrin/synedrium) avec ses trois composantes - prêtres, anciens, scribes -, était évidemment déjà réuni.

Les deux « procès » contre Jésus, devant le Sanhédrin et devant le gouverneur romain Pilate, ont fait l'objet d'abondantes discussions jusque dans les moindres détails de la part d'historiens du droit et d'exégètes. Nous ne voulons pas ici entrer dans ces questions historiques subtiles, d'autant plus que nous ne connaissons pas - comme l'a montré Martin Hengel - les détails du droit criminel sadducéen et qu'il n'est pas permis de tirer des conclusions à partir du traité postérieur de la Mishna, « Sanhédrin », pour les appliquer à l'usage du temps de Jésus (cf. Hengel/Schwemer, p. 592). Aujourd'hui, on peut considérer comme vraisemblable, que dans le cas de l'audience contre Jésus devant le Sanhédrin, il ne s'agissait pas d'un procès véritable, mais d'un interrogatoire approfondi, qui s'est achevé par la décision de livrer Jésus au gouverneur romain pour la condamnation.


Regardons maintenant de plus près les récits des Évangiles, gardant toujours l'objectif d'apprendre à mieux connaître et à mieux comprendre la figure de Jésus même. Nous avons déjà vu que, après l'épisode de la purification du Temple, deux accusations contre Jésus circulaient: la première concernait l'interprétation de l'action symbolique de chasser du Temple les animaux et les commerçants, qui semblait être une attaque contre le lieu sacré lui-même et par là contre la Torah sur laquelle était fondée la vie d'Israël.

Je tiens pour important le fait que ce n'est pas l'acte de la purification du Temple comme tel qui a été l'objet de discussions, mais uniquement l'interprétation que le Seigneur en a donnée pour expliquer son geste. On peut déduire de ce fait que l'acte symbolique est resté contenu dans certaines limites et n'a pas suscité une agitation publique, qui aurait offert un motif pour une intervention juridictionnelle. Le danger venait plutôt de l'interprétation donnée, de l'apparente attaque contre le Temple et de la revendication par Jésus lui-même de sa pleine autorité.

D'après les Actes des Apôtres, nous savons que la même accusation fut portée contre Étienne, qui avait repris la prophétie de Jésus sur le Temple — ce qui provoqua sa lapidation, parce que cela était considéré comme un blasphème. Dans le procès de Jésus, des témoins se sont présentés qui voulaient rapporter les paroles de Jésus. Mais il n'y avait pas de versions concordantes : il n'était pas possible d'éclaircir de manière indiscutable ce que Jésus avait vraiment dit. Le fait que, en conséquence, ce point d'accusation ait été abandonné, montre que l'on s'efforçait de mettre en œuvre une procédure juridiquement correcte.

À partir des discours de Jésus dans le Temple, il y avait dans l'air une seconde accusation: Jésus aurait soulevé une prétention messianique, par laquelle il se mettait en quelque manière aux côtés de Dieu lui-même, et semblait ainsi entrer en conflit avec le fondement de la foi d'Israël, la profession de foi dans le seul et unique Dieu. Il est intéressant de souligner que ces deux accusations sont l'une et l'autre de nature purement théologique. Mais conformément à l'impossibilité évoquée plus haut d'arriver à séparer l'un de l'autre le niveau religieux et le niveau politique, de telles accusations avaient aussi une dimension politique : le Temple en tant que lieu du sacrifice d'Israël, vers lequel tout le peuple se dirige en pèlerinage au moment des grandes fêtes, est la base de l'unité intérieure d'Israël. La prétention messianique est une revendication de royauté sur Israël. C'est pourquoi l'expression « Roi des juifs » sera ensuite aussi inscrite sur la Croix comme motif de l'exécution capitale de Jésus.

Comme le montrèrent les événements de la guerre juive, il existait sûrement au sein du Sanhédrin des cercles qui étaient favorables à une libération d'Israël par des moyens politiques et militaires. Mais la manière dont Jésus présentait sa revendication leur apparaissait évidemment comme peu adaptée pour servir vraiment un tel but. Dans ce cas, il était préférable d'opter plutôt pour le statu quo, dans lequel Rome respectait au moins les fondements religieux d'Israël et, ainsi, le Temple et le peuple pouvaient être considérés comme assez sûrs de leur subsistance.

Après la vaine tentative de présenter, à partir de la déclaration de Jésus concernant la destruction et le renouvellement du Temple, une accusation nette et motivée contre lui, on arrive à la confrontation dramatique entre le grand prêtre d'Israël en charge, instance suprême du peuple élu, et Jésus, en qui les chrétiens reconnaîtraient « le grand prêtre des biens à venir » (He 9,11), le grand prêtre pour l'éternité « selon l'ordre de Melchisédech » (Ps 110,4; He 5,6 etc.).

Dans les quatre Évangiles, ce moment de l'histoire du monde apparaît comme un drame où se compénètrent trois niveaux, qu'il faut voir ensemble pour comprendre l'événement dans sa complexité (cf. Mt 26,57-75 ; Mc 14,53-72 ; Lc 22,54-71 ; Jn 18,12-27). Au moment même où Caïphe interroge Jésus et lui pose finalement la question sur son identité messianique, Pierre est assis dans la cour du palais et renie Jésus. Jean a spécialement montré l'entrelacement chronologique des deux événements de manière touchante ; Matthieu, dans sa version de la question messianique, rend visible surtout la connexion intérieure entre la profession de Jésus et le reniement de Pierre. Mais, en relation immédiate avec l'interrogatoire de Jésus se placent aussi les outrages contre lui de la part des serviteurs du Temple (ou des membres mêmes du Sanhédrin ?), outrages qui, dans le procès devant Pilate, seront suivis de ceux infligés par les soldats romains.


Nous voici arrivés au point décisif : à la question posée par Caïphe et à la réponse de Jésus. En rapportant leurs formulations, Matthieu, Marc et Luc divergent entre eux au niveau des détails. Leur composition du texte est déterminée, entre autres, par tout le contexte de leur Évangile et par leur souci des possibilités de compréhension de leurs destinataires. Comme dans le cas des paroles de la dernière Cène, là aussi, il n'est pas possible de faire une reconstitution précise de la question de Caïphe et de la réponse de Jésus. L'essentiel du déroulement apparaît toutefois de manière absolument indiscutable dans les trois relations différentes. Il y a de bons motifs de penser que la version de saint Marc nous permet de saisir davantage ce qu'était l'expression originaire de ce dialogue dramatique. Mais, dans la version différente de Matthieu et de Luc, apparaissent des aspects importants qui nous aident à mieux comprendre la profondeur de l'ensemble.

Selon Marc, la question du grand prêtre est : « Tu es le Christ, le Fils du Béni ? » Jésus répond : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel » (14,62). Le fait que le nom de Dieu et le mot « Dieu » soit évités et remplacés par les expressions « le Béni » et « la Puissance » montre que nous sommes en présence d'un texte original. Le grand prêtre interroge Jésus sur sa messianité et il la définit à partir du Psaume 2,7 (cf. PS 110,3) par l'expression « Fils du Béni » - Fils de Dieu. Dans la perspective de la question, cette appellation appartient à la tradition messianique, tout en laissant ouvert le type de filiation. On peut supposer que Caïphe, en posant cette question, ne s'en est pas seulement tenu à des traditions théologiques, mais qu'il l'a formulée en se référant à l'annonce de Jésus telle qu'elle était parvenue à ses oreilles.

Matthieu met dans la formulation de la question un accent particulier. Selon lui, Caïphe dit : « Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? » (cf. 26,63). De cette manière il fait écho directement à la profession de foi de Pierre dans la région de Césarée de Philippe: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (16,16). Au moment même où le grand prêtre adresse à Jésus, sous la forme d'une question, les paroles de la profession de foi de Pierre, Pierre lui-même, séparé de Jésus par une simple porte, dit qu'il ne le connaît pas. Tandis que Jésus rend « son beau témoignage » (I Tm 6,13), celui qui, le premier, avait prononcé une telle profession nie ce qu'alors il avait reçu du « Père qui est dans les cieux » ; maintenant la source de ses paroles n'est plus que « la chair et le sang » (cf. Mt 16,17).


Selon Marc, à la question dont dépendait son destin, Jésus répond de manière très simple et claire: « Je le suis » (n'entendons-nous pas résonner ici Exode 3,14: « Je suis celui qui est » ?). Cependant, avec une parole extraite du Psaume 110,1 et du Livre de Daniel 7,13, Jésus définit ensuite plus précisément comment il faut comprendre messianité et filiation. Matthieu exprime la réponse de Jésus de manière plus discrète : « Tu l'as dit. D'ailleurs, je vous le déclare... » (26,64). Ainsi, Jésus ne contredit pas Caïphe; toutefois, il oppose à sa formulation la manière dont lui-même entend que l'on comprenne sa mission - et il le fait en utilisant les paroles de l'Écriture. Luc, enfin, distingue deux interventions différentes (cf. 22,67-70). À la première requête du Sanhédrin : « Si tu es le Christ, dis-le-nous », le Seigneur répond par une affirmation énigmatique, qui n'acquiesce pas ouvertement, mais qui ne nie pas non plus clairement. Puis vient sa déclaration personnelle, formulée à partir du Psaume 110 et de Daniel 7 entremêlés; et finalement, devant l'insistance du Sanhédrin qui demande: « Tu es donc le Fils de Dieu ! », il répond : « Vous le dites : je le suis. »

II dérive donc de tout cela ce qui suit : Jésus a accepté le titre de Messie qui avait diverses significations selon la tradition, mais en même temps, il l'a précisé d'une manière telle qu'il provoquait une condamnation qu'il aurait pu éviter par un refus ou une interprétation atténuée du messianisme. Il ne donne aucune place à des idées qui pourraient conduire à une compréhension politique ou agressive de l'activité du Messie. Non, le Messie - lui-même - viendra comme Fils de l'homme sur les nuées du ciel. Objectivement, cela a plus ou moins la même signification que l'affirmation que nous trouvons en Jean : « Mon royaume n'est pas de ce monde » (18,36). Il revendique le droit de siéger à la droite de la Puissance, c'est-à-dire de venir à la manière du Fils de l'homme dont parle le Livre de Daniel, de venir de Dieu, pour ériger à partir de lui le Royaume définitif.

Pour les membres du Sanhédrin cela devait apparaître politiquement privé de sens et théologiquement inacceptable, puisque, de fait, une proximité de la « Puissance », une participation à la nature même de Dieu était alors exprimée, et cela était considéré comme un blasphème. Pourtant Jésus n'avait fait que mettre en relation certaines paroles de l'Écriture et avait exprimé sa mission « selon les Écritures », avec les paroles mêmes de l'Écriture. Mais pour les membres du Sanhédrin, à l'évidence, cette application des paroles sublimes de l'Écriture à Jésus apparut comme une attaque insupportable à la grandeur de Dieu, à son unicité.

Aux yeux du grand prêtre et des autres avec lui, la matérialité du blasphème était de fait avérée par la réponse de Jésus et Caïphe « déchira ses vêtements en disant : "II a blasphémé!" » (Mt 26,65). « L'acte de déchirer ses vêtements accompli par le Grand Prêtre n'est pas dû à un mouvement d'irritation, mais il est prescrit au juge en charge comme signe d'indignation quand il entend proférer un blasphème » (Gnilka, Matthâusevangelium II, p. 429). Maintenant s'abattent sur Jésus, qui a prédit sa venue dans la gloire, les outrages brutaux de ceux qui se savent les plus forts et qui lui font sentir leur pouvoir et tout leur mépris. Celui dont ils avaient eu peur, peu de jours auparavant encore, est maintenant entre leurs mains. L'ignoble conformisme d'âmes faibles se sent fort pour agresser celui qui semble dès lors être seulement impuissance.

Ils ne se rendent pas compte que, justement en le tournant en dérision et en le frappant, ils accomplissent à la lettre, en Jésus, le destin du Serviteur de Dieu (cf. Gnilka, p. 430) : humiliation et exaltation s'entremêlent d'une manière mystérieuse. C'est justement parce qu'il est frappé, qu'il est le Fils de l'homme, qu'il vient de Dieu dans la nuée ténébreuse et qu'il établit le Royaume du Fils de l'homme, le Règne de la bienveillance humaine qui vient de Dieu. « Dorénavant, vous verrez... » avait dit Jésus, selon Matthieu (26,64), en un paradoxe irritant. Dorénavant - quelque chose de nouveau commence. Tout au long de l'histoire, les hommes regardent le visage déformé de Jésus et reconnaissent précisément en lui la gloire de Dieu.


En ce même moment, Pierre affirme pour la troisième fois qu'il n'a rien à voir avec Jésus. « Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Et Pierre se ressouvint... » (Mc 14,72). Le chant du coq était considéré comme la fin de la nuit : il inaugurait la journée. Pour Pierre aussi, le chant du coq marque la fin de la nuit de l'âme dans laquelle il avait sombré. Tout à coup, la parole de Jésus à propos de son reniement avant le chant du coq, s'impose à lui de nouveau et maintenant dans toute sa terrible vérité. Luc ajoute en outre la précision que, à cet instant, Jésus, enchaîné et condamné, est emmené pour être présenté devant le tribunal de Pilate. Jésus et Pierre se rencontrent. Le regard de Jésus plonge dans les yeux et dans l'âme du disciple infidèle. Et Pierre, « sortant dehors, pleura amèrement » (Lc 22,62).


Avant-propos - Jésus de Nazareth Tome II
Et Table des chapitres 1 à 5 Benoît XVI

Chapitre 6
1. En marche vers le Mont des Oliviers Benoît XVI
2. La prière du Seigneur
Benoît XVI
3. La volonté de Jésus et la volonté du Père Benoît XVI
4. La prière de Jésus sur le Mont des Oliviers, dans la Lettre aux Hébreux
Benoît XVI

Chapitre 7
Le procès de Jésus Benoît XVI
1. Le débat préliminaire au Sanhédrin
Benoît XVI
2. Jésus devant le Sanhédrin
Benoît XVI
3. Jésus devant Pilate


Chapitre 8
Le crucifiement et la mise au tombeau de Jésus
    1. Réflexion préliminaire : parole et événement

        dans le récit de la Passion

    2. Jésus en Croix

        La première parole de Jésus en Croix :

        « Père, pardonne-leur »

        Jésus outragé 

        Le cri d'abandon de Jésus

        Le tirage au sort des vêtements

        « J'ai soif »
        Les femmes près de la Croix — la Mère de Jésus

        Jésus meurt sur la Croix

        La mise au tombeau de Jésus

    3. La mort de Jésus comme réconciliation
        (expiation) et salut


Chapitre 9
La Résurrection de Jésus d'entre les morts
    1. Ce qui est enjeu dans la Résurrection de Jésus

    2. Les deux différents types de témoignage
        de la Résurrection

        2.1 La tradition sous forme de profession

           La mort de Jésus

           La question du tombeau vide

           Le troisième jour

           Les témoins

        2.2 La tradition sous forme de narration

           Les apparitions de Jésus à Paul

           Les apparitions de Jésus dans les Évangiles

    3. Résumé : la nature de la Résurrection
        et sa signification historique


Perspective
II est monté au ciel - il siège à la droite
de Dieu le Père et il reviendra dans la gloire


- Prochainement la suite des liens -

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 02.02.2023

 
 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante