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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : le cas Jésus

Le 3 février  2023 - (E.S.M.) -  C'est seulement par la foi au Crucifié, en Celui qui est privé de tout pouvoir terrestre et est ainsi élevé, qu'apparaît la nouvelle communauté, la nouvelle manière par laquelle Dieu domine dans le monde.

Benoît XVI : Jésus je t'aime - Pour agrandir l'image ► Cliquer  

Le procès de Jésus

Le débat préliminaire au Sanhédrin


    D'après le récit des quatre Évangiles, la prière nocturne de Jésus prit fin au moment où, sous la conduite de Judas, une troupe armée dépendante des autorités du Temple arriva et arrêta Jésus, tandis que les disciples n'étaient pas inquiétés.

    Comment en est-on venu à cette arrestation, ordonnée évidemment par les autorités du Temple et donc par le grand prêtre Caïphe ? Comment en est-on arrivé à livrer Jésus au tribunal du gouverneur romain Pilate et à sa condamnation à mort sur la Croix ?

    Les Évangiles nous permettent de distinguer trois étapes qui conduisent à la sentence juridique de condamnation à mort: une réunion du Conseil dans la maison de Caïphe, l'interrogatoire devant le Sanhédrin et pour finir le procès devant Pilate.


1. Le débat préliminaire au Sanhédrin

    Dans un premier temps, l'apparition de Jésus et le mouvement qui se formait autour de lui avaient suscité peu d'intérêt chez les autorités du Temple; tout cela semblait être une affaire provinciale - un de ces mouvements qui de temps à autre naissaient en Galilée et ne méritaient aucune attention particulière. La situation change lors du « dimanche des Rameaux » : l'hommage messianique rendu à Jésus à l'occasion de son entrée à Jérusalem; la purification du Temple avec le commentaire qui semblait annoncer la fin du Temple comme tel et un changement radical du culte contrastant avec les commandements donnés par Moïse ; les discours de Jésus dans le Temple, où l'on pouvait percevoir une revendication de pleine autorité, et qui semblait donner à l'espérance messianique d'Israël une forme nouvelle mettant en péril son monothéisme ; les miracles que Jésus accomplissait publiquement et l'affluence croissante du peuple autour de lui - tout cela représentait des réalités qu'il n'était plus possible d'ignorer.

    Dans les jours avoisinant la Pâque, alors que la ville était envahie de pèlerins et que les espérances messianiques pouvaient facilement se transformer en un mélange explosif à caractère politique, l'autorité du Temple devait prendre ses propres responsabilités et surtout chercher à comprendre comment évaluer cet ensemble de faits, et de quelle manière il convenait de réagir. Seul Jean fait allusion à une réunion préalable du Sanhédrin en vue de clarifier les idées des uns et des autres et de délibérer sur le « cas » Jésus (cf. 11,47-53). Il la place d'ailleurs avant le « dimanche des Rameaux » et considère que son motif immédiat est le mouvement populaire suscité par la résurrection de Lazare. Sans une telle réunion préalable, l'arrestation de Jésus dans la nuit de Gethsémani est impensable. Il est évident que Jean en a conservé un souvenir historique dont les Synoptiques parlent aussi de manière plus brève (cf. Mc 14,1 par.).

    Selon Jean, se trouvent réunis ensemble les chefs des prêtres et les pharisiens, les deux groupes - opposés sur bien des points — qui dominaient dans le judaïsme au temps de Jésus. Leur préoccupation commune est celle-ci: « Les Romains viendront et ils supprimeront notre Lieu Saint (c'est-à-dire le Temple, le lieu sacré de la vénération de Dieu) et notre nation » (11,48). On est tenté de dire que le motif pour agir contre Jésus a été une préoccupation politique où, en partant de points de vue différents, l'aristocratie sacerdotale et les pharisiens se sont rencontrés ; mais cette façon de voir dans une perspective politique la figure et l'œuvre de Jésus met en évidence une méconnaissance de ce qui, en lui, était justement essentiel et nouveau. Et de fait: par son annonce, Jésus a réalisé une séparation de la dimension religieuse de la dimension politique, séparation qui a changé le monde et qui véritablement appartient à l'essence de sa nouvelle voie.

    Cela étant, il convient de se garder d'une condamnation hâtive de la perspective « purement politique », qui était celle des adversaires de Jésus. Dans l'ordre qui était jusqu'alors en vigueur, en effet, les deux dimensions - politique et religieuse - étaient justement absolument inséparables l'une de l'autre. Le politique « seul » ni le religieux « seul » n'avaient d'existence. Le Temple, la Cité sainte et la Terre sainte avec son peuple n'étaient pas des réalités purement politiques, mais elles n'étaient pas davantage des réalités seulement religieuses. Là où il s'agissait du Temple, du peuple et de la Terre, étaient enjeu le fondement religieux de la politique et les conséquences religieuses de cette dernière. Prendre la défense du « lieu » et de la « nation » était en définitive une affaire religieuse, parce qu'il s'agissait là de la maison de Dieu et du peuple de Dieu.

    Il faut toutefois distinguer dans cette motivation à la fois religieuse et politique, fondamentale pour les responsables d'Israël, l'intérêt spécifique de la dynastie d'Anne et Caïphe pour le pouvoir, intérêt qui, de fait, conduisit par la suite à la catastrophe de l'an 70, provoquant ainsi ce que précisément, selon leur vrai devoir, ils auraient dû éviter. En ce sens, il y a dans la décision de faire mourir Jésus une étrange superposition de deux niveaux : d'une part, la légitime préoccupation de protéger le Temple et le peuple et, de l'autre, l'obsession égoïste du pouvoir de la part du groupe dominant.

    Cette superposition correspond à ce que nous avions observé à propos de la purification du Temple. Comme nous l'avons vu à cette occasion, Jésus combat, d'une part, contre l'abus égoïste dans le domaine du sacré, mais son geste prophétique et l'interprétation qu'il en donne vont bien plus profond : le culte ancien du Temple de pierre est arrivé à son terme. Voici qu'est arrivé le moment de la nouvelle adoration de Dieu « en esprit et vérité ». Le Temple de pierre doit être abattu pour qu'il puisse être remplacé par la nouveauté, la Nouvelle Alliance et sa nouvelle manière d'adorer Dieu. Cela signifie que Jésus doit lui-même passer à travers la crucifixion pour devenir, en tant que Ressuscité, le nouveau Temple.

    Arrivés à ce point, revenons une fois encore au thème de l'entrelacement de la religion et du politique et de leur dénouement réciproque. Nous avons dit que Jésus, par son annonce et, avec tout ce qu'il a accompli, avait inauguré un règne non politique du Messie et avait commencé à détacher l'une de l'autre ces deux réalités qui jusqu'alors étaient inséparables. Mais cette séparation entre politique et foi, entre peuple de Dieu et politique, appartenant à l'essence de son message, n'était possible, en définitive, qu'à travers la Croix: c'est seulement à travers la perte vraiment absolue de tout pouvoir extérieur, à travers le dépouillement radical de la Croix, que la nouveauté devenait réalité. C'est seulement par la foi au Crucifié, en Celui qui est privé de tout pouvoir terrestre et est ainsi élevé, qu'apparaît la nouvelle communauté, la nouvelle manière par laquelle Dieu domine dans le monde.

    Ceci signifie que la Croix répondait à une « nécessité » divine et que Caïphe, par sa décision, devint finalement l'exécuteur de la volonté de Dieu, même si sa motivation personnelle était impure, qu'elle ne répondait pas à la volonté de Dieu, mais avait des visées égoïstes.


    Jean a très clairement exprimé cet étrange enchevêtrement entre l'exécution de la volonté de Dieu et l'aveuglement égoïste de Caïphe. Devant la perplexité des membres du Sanhédrin quant à ce qu'il convenait de faire, face au danger que représentait le mouvement créé autour de Jésus, c'est lui qui donna la réponse décisive : « Vous ne songez même pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière » (11,50). Jean qualifie explicitement une telle affirmation comme une parole « d'inspiration prophétique », que Caïphe a prononcée en raison du charisme lié à sa charge de grand prêtre et non de lui-même.

    Cette parole fait ressortir avant tout que, jusqu'alors, le Sanhédrin, siégeant en assemblée, reculait avec effroi devant la perspective d'une condamnation à mort et cherchait d'autres manières de sortir de la crise, sans toutefois trouver une solution. Seule une parole du grand prêtre, motivée théologiquement et exprimée avec l'autorité liée à sa charge, pouvait dissiper leurs doutes et les rendre en principe disposés à prendre une décision de cette gravité.

    Le fait que Jean reconnaisse explicitement comme moment décisif dans l'histoire du salut, le charisme lié à la charge de celui qui en était le détenteur indigne, correspond à la parole de Jésus rapportée par Matthieu : « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les pharisiens: faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes » (23,2s.). Aussi bien Matthieu que Jean ont certainement voulu rappeler à la mémoire de l'Église de leur temps cette distinction, car en elle aussi, existait la contradiction entre l'autorité découlant de la charge et la manière de se comporter dans la vie, entre ce « qu'ils disent » et ce « qu'ils font ».


    Le contenu de la « prophétie » de Caïphe est d'abord et avant tout absolument pragmatique et, sous cet angle, il possède une justesse immédiate : si, par la mort d'un seul homme (et seulement de cette manière), il est possible de sauver le peuple, la mort de ce seul individu est un moindre mal et la voie est politiquement juste. Mais ce qui apparaît ainsi et qui est saisi avant tout dans un sens purement pragmatique, atteint en fait, à cause de l'inspiration « prophétique », une tout autre profondeur. Jésus, l'unique, meurt pour le peuple : le mystère de la fonction vicaire, qui est le contenu le plus profond de la mission de Jésus, apparaît ici.

    L'idée de fonction vicaire est diffuse dans toute l'histoire des religions. En de multiples manières on s'efforce de détourner du roi, du peuple, de sa propre vie, la menace du malheur, en la transférant sur des substituts. Le mal doit être expié et ainsi doit être rétablie la justice. Mais on fait tomber sur d'autres la punition, le malheur inéluctable et l'on cherche ainsi à se libérer. Pourtant, cette substitution, par le biais de sacrifices d'animaux ou même humains reste en dernière analyse sans consistance. Ce qui est alors offert en représentation n'est qu'un succédané de ce qui est proprement personnel et ne peut en aucun cas prendre la place de celui qui doit être sauvé de cette manière. Le succédané n'est pas une représentation dans le sens d'une fonction vicaire, et pourtant l'histoire tout entière est à la recherche de Celui qui véritablement peut intervenir à notre place ; Celui qui véritablement est capable de nous prendre en lui et de nous conduire ainsi vers le salut.

    Dans l'Ancien Testament l'idée de la fonction vicaire apparaît d'une façon tout à fait centrale quand Moïse, après l'idolâtrie du peuple au Sinaï, dit au Dieu en courroux: « Pourtant, s'il te plaisait de pardonner leur péché... Sinon efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit ! » (Ex 32,32). Il est vrai qu'il reçoit cette réponse: « Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre » (Ex 32,33), mais d'une certaine manière Moïse demeure toutefois le substitut qui porte sur lui et qui, par son intercession, change toujours de nouveau le destin du peuple. Dans le Deutéronome, enfin, est dessinée l'image de Moïse souffrant, qui pâtit à la place d'Israël et qui, en fonction vicaire pour Israël, doit mourir hors de la Terre sainte (cf. von Rad I 293). Cette idée de la fonction vicaire apparaît pleinement développée en lsaïe 53 avec l'image du Serviteur de Dieu souffrant, qui prend sur lui la faute des multitudes les rendant ainsi justes (cf. 53,11). Chez Isaïe, cette figure reste pleine de mystère ; le chant du Serviteur de Dieu est comme un regard scrutateur vers le loin pour voir Celui qui doit venir. « Un seul meurt pour les multitudes »- cette parole prophétique du grand prêtre Caïphe réunit ensemble les aspirations de l'histoire des religions du monde et les grandes traditions de la foi d'Israël et les applique à Jésus. Toute sa vie et sa mort sont résumées dans le mot « pour »; c'est - comme en particulier Heinz Schùrmann l'a maintes fois souligné - une « existence pour ».


    À la parole de Caïphe qui correspondait en fait à une condamnation à mort, Jean a ajouté un commentaire dans la perspective de foi des disciples. Il commence par souligner - comme nous l'avons déjà vu - que la parole concernant le fait de mourir pour le peuple aurait comme origine une inspiration prophétique et il poursuit alors en disant que « Jésus allait mourir [...] non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (11,52). Cela correspond avant tout, effectivement, au langage hébraïque et exprime l'espérance, qu'au temps du Messie, les Israélites dispersés dans le monde seraient réunis dans leur propre pays (cf. Barrett, p. 403).

    Mais, dans la pensée de l'évangéliste, cette parole prend une signification nouvelle. Le rassemblement n'est plus orienté vers un pays géographiquement déterminé, mais vers l'unification des enfants de Dieu: ici résonne déjà le mot-clé de la Prière sacerdotale de Jésus. Le rassemblement a comme objectif l'unité de tous les croyants et renvoie ainsi à la communauté de l'Église et, sans nul doute, au-delà d'elle, à l'unité eschatologique définitive.

    Les enfants de Dieu dispersés ne sont plus seulement les Juifs, mais les enfants d'Abraham dans le sens profond développé par Paul : des personnes qui, comme Abraham, sont à la recherche de Dieu ; des personnes qui sont prêtes à l'écouter et à répondre à son appel - des personnes, pourrions-nous dire, qui sont dans une attitude « d'Avent ». Ainsi la nouvelle communauté des Hébreux et des païens se rend visible (cf. Jn 10,16). Dès lors, s'ouvre aussi une nouvelle approche de la parole de la dernière Cène sur les « multitudes » pour lesquelles le Seigneur donne sa vie : il s'agit de la réunion des « enfants de Dieu », c'est-à-dire de tous ceux qui se laissent appeler par Lui.


Avant-propos - Jésus de Nazareth Tome II
Et Table des chapitres 1 à 5 Benoît XVI

Chapitre 6
1. En marche vers le Mont des Oliviers Benoît XVI
2. La prière du Seigneur
Benoît XVI
3. La volonté de Jésus et la volonté du Père Benoît XVI
4. La prière de Jésus sur le Mont des Oliviers, dans la Lettre aux Hébreux
Benoît XVI

Chapitre 7
Le procès de Jésus Benoît XVI
1. Le débat préliminaire au Sanhédrin
Benoît XVI
2. Jésus devant le Sanhédrin

3. Jésus devant Pilate


Chapitre 8
Le crucifiement et la mise au tombeau de Jésus
    1. Réflexion préliminaire : parole et événement

        dans le récit de la Passion

    2. Jésus en Croix

        La première parole de Jésus en Croix :

        « Père, pardonne-leur »

        Jésus outragé 

        Le cri d'abandon de Jésus

        Le tirage au sort des vêtements

        « J'ai soif »
        Les femmes près de la Croix — la Mère de Jésus

        Jésus meurt sur la Croix

        La mise au tombeau de Jésus

    3. La mort de Jésus comme réconciliation
        (expiation) et salut


Chapitre 9
La Résurrection de Jésus d'entre les morts
    1. Ce qui est enjeu dans la Résurrection de Jésus

    2. Les deux différents types de témoignage
        de la Résurrection

        2.1 La tradition sous forme de profession

           La mort de Jésus

           La question du tombeau vide

           Le troisième jour

           Les témoins

        2.2 La tradition sous forme de narration

           Les apparitions de Jésus à Paul

           Les apparitions de Jésus dans les Évangiles

    3. Résumé : la nature de la Résurrection
        et sa signification historique


Perspective
II est monté au ciel - il siège à la droite
de Dieu le Père et il reviendra dans la gloire


- Prochainement la suite des liens -

Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.02.2023

 
 

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