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Synode : Beaucoup de bruit pour rien ?
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Le 31 octobre 2023 -
E.S.M.
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Beaucoup de bruit pour rien ? Oui et non. Les
questions épineuses que le document final garde sous
silence ont en réalité fait l’objet d’une double
intervention du Pape François et de son très fidèle
Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi,
l’Argentin Victor Manuel Fernández, en réponse aux « dubia » de certains cardinaux.
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Benoît XVI -
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Synode : Beaucoup de bruit pour rien ?
Après un mois de synode, voilà ce qui reste
Le 31 octobre 2023 -
E.S.M. -
Il est difficile de déterminer ce qui reste d’un mois de synode en
lisant les 42 pages du
document final.
On peut y lire (partie I, section 1, proposition j, k, q et r) que le
nouveau « visage de l’Église synodale » reste encore entièrement à définir.
Parce qu’il faut encore en « éclaircir la signification », tout comme son
rapport avec la collégialité épiscopale et avec la synodalité très
différente des Église orientales. Et on propose « l’institution
d’une commission intercontinentale de théologiens et de canonistes à
cet effet, en vue de la seconde session de l’assemblée » en
octobre 2024, et de « lancer une étude préliminaire ».
Les 270 propositions du document, plus l’introduction et la conclusion,
ont toutes été approuvées une par une à plus de deux tiers de 365 votants,
évêques, prêtres, laïcs, hommes et femmes. Çà et là, quelques dizaines de
« non » témoignent cependant des divergences sur plusieurs questions
rassemblées dans le texte parmi celles qui « restent à affronter » à
l’avenir.
Mais on trouve également des divergences sur des questions sur lesquelles
le documents présente des « convergences ». Par exemple là où l’on affirme
(partie I, section 3, proposition c) que « les processus synodaux permettent
de vérifier l’existence de ce consensus des fidèles (« consensus fidelium’)
qui constitue un critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique
particulière appartient à la foi apostolique ». Ici on retrouve 26 « non »,
vraisemblablement dubitatifs sur cet abandon du magistère doctrinal à un
vague « consensus des fidèles », vérifié on se sait comment.
On retrouve également 32 « non » qui trouvent hors de propos la demande
aux missionnaires d’assumer la responsabilité des erreurs commises par
l’Église dans le passé, là où « l’annonce de l’Évangile a été associé à la
colonisation et même au génocide » (partie I, section 5, proposition e).
La proposition de « développer davantage les missions confiées au
ministère institué de lecteur » (partie II, section 8, proposition n), qui
« pourrait inclure également la prédication » récolte quant à elle 38
« non ».
Mais le plus grand nombre de « non », 69, est allé à « l’accès des femmes
au ministère diaconal », y compris parmi les « questions à affronter »
(partie II, section 9, proposition j). Voici comment le document énumère les
« positions diverses » qui ont émergé des débats :
Pour certains, il s’agit d’un pas « inacceptable », « en discontinuité
avec la Tradition ». Pour d’autres, en revanche, concéder aux femmes l’accès
au diaconat rétablirait une pratique de l’Église primitive. D’autres encore
y voient « une réponse appropriée et nécessaire aux signes des temps, fidèle
à la Tradition susceptible de trouver un écho dans le cœur de beaucoup de
ceux qui cherchent une vitalité et une énergie renouvelées dans l’Église ».
Enfin, il y a ceux qui expriment « la crainte que cette demande ne soit
l’expression d’une dangereuse confusion anthropologique, en acceptant que
l’Église s’aligne sur l’esprit du temps ».
Et 67 « non » expriment même les divergences d’opinion sur la
« proposition » connexe formulée de la sorte : « Que l’on poursuive la
recherche théologique et pastorale sur l’accès des femmes au diaconat, en
utilisant les résultats des commissions spécialement constituées par le
Saint-Père et les recherches théologiques, historiques et exégétiques déjà
effectuées: Si possible, les résultats devront être présentés lors de la
prochaine session de l’Assemblée » (partie II, section 9, proposition n).
Une certaine méfiance ressort également des 39 « non » à une adaptation
de la liturgie « à l’usage d’un langage inclusif » tout comme à
« l’insertion d’une gamme de mots, d’images et de récits qui touchent avec
davantage de vitalité à l’expérience féminine » (partie II, section 9,
proposition q).
Le célibat du clergé est défini dans le document comme « un thème qui
n’est pas neuf et qui demande à être réexaminé ultérieurement » (partie II,
section 11, proposition f). Mais l’hypothèse qu’il puisse être dépassé
« surtout là où le contexte ecclésial et culturel le rend plus difficile »
s’est heurté à 55 « non », deux en plus de ceux qui ont également rejeté la
proposition (partie II, section 11, proposition 1), « d’insérer des prêtres
qui ont abandonné le ministère dans un service pastoral qui valorise leur
formation et leur expérience ». Dans cette même section (proposition i),
« la question de l’accès des femmes au diaconat » a de nouveau émergé,
rejetée par 61 « non ».
Concernant le rôle de l’évêque, 29 « non » ont émergé concernant la
proposition d’activer « des structures et des processus de vérification
réguliers » de son travail (partie II, section 12, proposition j).
Concernant les « thèmes relatifs à la corporéité et à la sexualité », on
sait à quel point le Synode était attendu au tournant. Et pourtant le
document final ne fait que les effleurer. Une proposition salomonique telle
que celle-ci a trouvé un consensus presque général, avec à peine 10 voix
contre : « Si on utilise la doctrine avec dureté et une attitude de
jugement, on trahit l’Évangile ; si on pratique une miséricorde bon marché,
on ne transmet pas l’amour de Dieu » (partie III, section 15, proposition
f).
Tandis que 39 « non » vont à cette autre proposition un peu plus
orientée, où la question du « gender » est cependant mêlée à d’autres de
nature très différente : « Certaines questions, comme celles qui sont
relatives à l’identité de genre et à l’orientation sexuelle, à la fin de
vie, aux situations matrimoniales difficiles, aux problématiques éthiques
attenant à l’intelligence artificielle, constituent des controverses non
seulement dans la société mais également dans l’Église, parce qu’elles
présentent posent des questions nouvelles. Parfois, les catégories
anthropologiques que nous avons élaborées ne suffisent pas à appréhender la
complexité des éléments qui émergent de l’expériences ou du savoir des
sciences et demandent à être affinées et étudiées davantage. Il est
important de prendre le temps nécessaire pour cette réflexion et d’y
investir les meilleures énergies, sans céder à des jugements simplistes qui
blessent les personnes et le Corps de l’Église. De nombreuses indications
sont déjà offertes par le magistère et attendent d’être traduites en
initiatives pastorales appropriées » (partie III, section 13, proposition
g).
L’invitation des conférences épiscopales africaines à « promouvoir un
discernement théologique et pastoral sur le thème de la polygamie et sur
l’accompagnement des personnes dans des unions polygames qui s’approchent de
la foi » (partie III, section 16, proposition q), n’a pas été partagée par
43 votants.
La proposition de ne pas exclure des fonctions d’Église les « hommes et
femmes qui vivent dans des situations affectives complexes » enregistre
quant à elle 35 « non » (partie III, section 18, proposition f).
Et pas moins de 34 « non » sanctionnent également un renforcement
possible (partie III, section 19, proposition g) de l’autorité « doctrinale
et juridique » des conférences épiscopales sur les diocèses locaux.
En revanche, la mise en discussion de la « présence d’autres membres, en
plus des évêques, en qualité de témoin du chemin synodal » trouve un large
consensus, avec à peine 19 « non ». Après toute la publicité autour de leur
admission, le document admet (partie II, section 20, proposition d) que « la
question concernant l’incidence de leur présence en tant que membres à part
entière sur le caractère épiscopal de l’assemblée » reste ouverte.
« Certaine y voient le risque que le rôle spécifique des évêques ne soit
plus correctement compris. Il faudrait également éclaircir sur base de quels
critères les membres non-évêques pourraient être appelés à faire partie de
l’assemblée ».
Bref, beaucoup de bruit pour rien ? Oui et non. Les questions épineuses
que le document final garde sous silence ont en réalité fait l’objet d’une
double intervention du Pape François et de son très fidèle Préfet du
Dicastère pour la Doctrine de la foi, l’Argentin Victor Manuel Fernández, en
réponse aux « dubia » de certains cardinaux.
Et ces
deux réponses (l’une datée du 11 juillet et l’autre du 25 septembre) ont
été publiées le 2 octobre, à la veille du Synode, en ignorant complètement
que le synode était appelé à débattre de ces mêmes questions : de la
bénédiction des couples homosexuels à la communion aux divorcés remariés, en
passant par l’ordination des femmes et la synodalité étendue aux laïcs.
En substance, les réponses étaient que la doctrine reste intacte mais que
la pratique peut changer, au sein d’un « processus » évolutif qui n’a pas
d’objectifs préétablis mais qui constitue lui-même le visage de la nouvelle
Église synodale. Dans laquelle celui qui décide c’est lui, le Pape, et
personne d’autre.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 31.10.2023
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