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Benoît XVI : Il n’y a jamais eu une théorie de la substitution

Le 24 octobre 2023 - E.S.M. -  Il m’a paru nécessaire de clarifier le concept de « substitution » et de mieux connaître la « théorie de la substitution », car c’est d’elle que dépend la réponse aux questions essentielles du dialogue entre juifs et chrétiens.

Benoît XVI : l'alliance irrévocable - Pour agrandir l'image ► Cliquer  

Benoît XVI : Il n’y a jamais eu une « théorie de la substitution »

Pas la mission, mais le dialogue

Herder-Korrespondenz 12, décembre 2018, p. 13-14. Mise au point
Joseph Ratzinger - Benoit XVI, Traduit par Jean-Robert Armogathe

Le judaïsme et le christianisme représentent deux façons d’interpréter les Écritures. Pour les chrétiens, les promesses faites à Israël sont l’espérance de l’Église. Ceux qui s’y tiennent ne remettent nullement en cause les fondements du dialogue judéo-chrétien.

Herder-Korrespondenz a jugé bon de publier, après l’article objectif de Thomas Söding, en août, sur mes notes sur le judaïsme publiées dans la revue Communio, un autre article de Michael Böhnke (sept. 2018, p. 50-51), qui répète les critiques dominantes en Allemagne sur mon essai. Devant cette situation, qui, pour ainsi dire, ne rapporte qu’une seule opinion globalement négative, il me semble juste et raisonnable de m’exprimer de nouveau, indépendamment du dialogue, beaucoup plus agréable, que j’ai entretenu avec le grand rabbin de Vienne, Arie Folger – qui doit paraître prochainement dans Communio [1].

Je voudrais aborder brièvement deux points.

Il n’y a jamais eu une « théorie de la substitution »

Premier point : l’affirmation essentielle du texte de Michaël Böhnke est que j’ai remis en question la pierre angulaire du dialogue judéo-chrétien. Cette affirmation est tout simplement fausse. À l’origine de mon article, fut la demande du Père Norbert Hofmann, sbd, secrétaire de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, de donner mon avis sur le petit document : « Questions théologiques sur les relations judéo-catholiques » (10 décembre 2015 [2]). Le document dans son ensemble m’a semblé être une synthèse réussie de la réflexion théologique après le Concile Vatican II. En réponse à la demande du P. Hofmann, j’ai rédigé quelques notes que je voulais lui soumettre. Au cours du travail, il m’a semblé plus approprié de réunir ces remarques dans un texte complet. C’est ici l’origine de l’essai publié par Communio. Ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’un bouleversement radical de ce qui a été jusqu’à présent élaboré, mais de la poursuite du dialogue en accord avec l’enseignement de l’Église.

Tout d’abord, il m’a paru nécessaire de clarifier le concept de « substitution » et de mieux connaître la « théorie de la substitution », car c’est d’elle que dépend la réponse aux questions essentielles du dialogue entre juifs et chrétiens. J’ai toujours été étonné de n’avoir jamais entendu parler de cette « théorie de la substitution ». Même si je n’ai jamais abordé directement le problème christianisme-judaïsme, il me semblait étonnant d’ignorer la plus importante théorie sur ce sujet. Je me suis donc mis à la chercher, et j’ai dû constater qu’une telle théorie n’a jamais existé avant le Concile. J’ai toujours trouvé important de savoir comment par la suite l’idée d’une « théorie de la substitution » désormais dépassée a pu être construite. En tout cas, je n’ai pas renoncé à un consensus sur ce point essentiel, j’ai seulement constaté qu’il n’existait pas de « théorie de la substitution » cohérente en tant que telle.

En second lieu : j’ai fait une distinction entre l’Ancien et le Nouveau testament plus claire qu’elle a pu l’être par ailleurs. L’Ancien testament est la Bible commune des juifs et des chrétiens. Après la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, dans la communauté de ceux qui croyaient en sa Résurrection, s’est développée une interprétation nouvelle de l’Ancien testament, fondée sur sa vie, sa mort et sa résurrection, qui a été présentée dans l’espoir d’être reconnue par tout Israël. Cet espoir, comme on sait, n’a pas été rempli, de sorte que deux façons d’interpréter la Bible se sont toujours davantage séparées et affrontées. La communauté de ceux qui ont lu l’Écriture à partir de Jésus a reconnu, au cours des premiers siècles, un certain nombre d’écrits comme « canoniques », c’est-à-dire comme la représentation authentique de leur nouvelle lecture. Ce groupe d’écrits qui s’est ajouté au canon précédent porte maintenant le nom de « Nouveau testament », tandis que ce qui était jusqu’alors la seule Bible a été désormais appelée par les chrétiens « Ancien testament ». Les deux « Bibles » se trouvaient désormais si proches que pour les chrétiens le Nouveau testament prescrivait l’interprétation correcte de l’Ancien. Ce qui fait que les deux communautés, toutes deux fondées sur la Bible des juifs, ont fini par se séparer en deux communautés, deux « religions », le judaïsme et le christianisme.

Le christianisme comme nouvelle interprétation de l’Ancien testament

Le dialogue entre les deux restait bien entendu une nécessité intérieure en raison de ce fondement commun de l’Ancien testament. Il n’a jamais totalement disparu, mais il fut de plus en plus éclipsé depuis le pouvoir politique de la chrétienté jusqu’à la tentative de destruction du judaïsme par le national-socialisme. Devant les souffrances du peuple juif, l’Église catholique a cherché, au deuxième Concile du Vatican, un nouveau fondement au dialogue, dont la meilleure expression reste le document Le peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24 mai 2001 [3]). Par sa méthode comme par son contenu, ce document devrait désormais tracer la voie du dialogue judéo-chrétien.

Une mission vers les Juifs n’est ni envisageable ni nécessaire

C’est ce que soutient mon essai publié dans Communio. En conséquence, j’ai essayé d’interpréter les grandes promesses faites à Israël comme espérance pour l’Église et de présenter à la fois ce qui divise et ce qui unit. C’est avec une grande joie que j’ai pu constater à quel point le nouveau travail de l’exégèse des deux côtés rendait possibles des rapprochements jusque-là difficilement imaginables, notamment sur des points de division traditionnels comme la figure du Messie et le problème de la Loi et de la liberté. À mon âge, je ne peux pas espérer continuer à travailler là-dessus, mais c’est pour moi un grand réconfort de voir s’ouvrir tant de nouvelles possibilités.

Qu’il me soit permis une courte remarque : l’Évangile de saint Matthieu se termine sur la mission donnée aux disciples : aller dans le monde et faire de toutes les nations des disciples de Jésus (Matthieu 28, 19). La mission chez tous les peuples et dans toutes les cultures est le commandement que le Christ a laissé aux siens. Il s’agit de faire connaître à l’homme le « Dieu inconnu » (Actes 17 : 23). L’homme a le droit de connaître Dieu, car seul celui qui connaît Dieu peut vivre vraiment l’humanité. C’est pourquoi la mission est universelle – à une exception près : une mission vers les Juifs n’est ni envisageable ni nécessaire, parce que, de tous les peuples, eux seuls connaissent le « Dieu inconnu ». Il n’y a donc pas eu et il ne peut pas y avoir pour Israël de mission, mais seulement le dialogue pour savoir si Jésus de Nazareth, « le Fils de Dieu, le Logos », est attendu par Israël en vertu des promesses faites à son peuple et, sans le savoir, par toute l’humanité. Renouveler ce dialogue est la tâche que cette heure nous demande.

Ce que Michael Böhnke [4] a écrit dans Herder-Korrespondenz est un non-sens grotesque, qui n’a rien à voir avec ce que j’ai dit à ce sujet. Je rejette donc son article comme une insinuation totalement infondée.

Notes :

[1] Il est paru depuis dans l’édition allemande de Communio, novembre-décembre 2018, p.611 et dans J. Ratzinger-Benoît XVI, L’Alliance irrévocable, Communio - Parole et silence, Paris, 2018
[2] « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11, 29) – Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Aetate (n° 4)      [10 décembre 2015]
[3] Texte publié dans le vol. cité n. 1
[4] Michael Böhnke, né en 1955, est depuis 2004 professeur de théologie systématique à l’Université de Wuppertal .

Sur le même sujet :

- Benoît XVI : Observations sur le traité De Judaeis
- Benoît XVI : Vatican II et la nouvelle vision du problème

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Sources : Extraits du Testament spirituel de Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 24.10.2023

 

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