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19 Avril 2005
 

Benoît XVI: entrer dans le silence de Dieu

 

CITE DU VATICAN, le 30 Janvier 2007 - (E.S.M.) - Liturgie: Une autre attitude consiste à promouvoir une critique de la réforme et parfois à défendre l’idée d’une « réforme de la réforme ».  Ce type de position se revendique parfois des écrits du Cardinal Ratzinger devenu depuis le Saint Père Benoît XVI.

Entrer dans le silence de Dieu

 

Le pape Benoît XVI:entrer dans le silence de Dieu pour arriver à la source même de la Parole rédemptrice.

Nous devons nous concentrer sur le mystère de la foi, sur le Christ qui est au milieu de nous, et qui s'est donné au Père pour nous et pour la multitude des hommes. C'est sa mort et sa résurrection que nous annonçons, afin qu'elles se réalisent au milieu de nous. C'est le centre de notre foi, sa source et son sommet comme le rappelle sans cesse le Concile.

Le Père Patrick Prétot, Moine bénédictin, Directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie à l’institut Catholique de Paris.
Au terme du colloque qui a marqué le 50e anniversaire de la naissance de I.S.L. (Institut Supérieur de Liturgie - Paris),  le P. Prétot a effectué une vaste réflexion sur la responsabilité propre d’un institut de liturgie à l’égard de la vie de l’Église alors que nous approchons du cinquantenaire de la convocation du Concile Vatican II.

Ce texte dont nous vous communiquons le lien est complexe et s'adresse à un public expérimenté, nous nous sommes donc contentés d'en extraire quelques passages:

(...) La relation étroite entre la foi et la liturgie, si fortement soulignée jadis par saint Pie X dans son Catéchisme, et à sa suite par tout le Mouvement Liturgique du XXe siècle, interdit de séparer la considération des pratiques liturgiques, celles du passé et celles d’aujourd’hui, la réflexion théologique et enfin la formation en ce domaine.

Parce que la liturgie est « sommet et source de la vie de l’Église » (SC 10), sa pratique et son enseignement ne peuvent sans risques pour la vie du peuple chrétien devenir un lieu de remises en question ou un objet de débats mal engagés. Si le monde contemporain croit, parfois avec une certaine naïveté, faire de l’inédit, le liturgiste sait que la nouveauté en ce domaine sort d’une longue familiarité avec le passé. C’est là que le n. 23 de Sacrosanctum Concilium - Constitution conciliaire  sur la Sainte Liturgie, en posant les exigences de la réforme qui allait être faite, demeure un repère très éclairant pour toute recherche et une sorte de programme pour un institut de liturgie :

« Afin, dit le Concile, que soit maintenue la saine tradition, et que pourtant la voie soit ouverte à un progrès légitime, pour chacune des parties de la liturgie qui sont à réviser, il faudra toujours commencer par une soigneuse étude théologique, historique, pastorale. (...)  Enfin, on ne fera des innovations que si l’utilité de l’Église les exige vraiment et certainement, et après s’être bien assuré que les formes nouvelles sortent des formes déjà existantes par un développement en quelque sorte organique.»  Sacrosanctum Concilium

(...) Reprenant une homélie du Saint Père Benoît XVI prononcée début octobre devant la Commission théologique internationale (Benoît XVI : "chercher l'obéissance à la vérité" avant tout), je voudrais en mode conclusif, exprimer ce qui est à mes yeux, l’âme du service de l’Église à travers les études liturgiques, l’âme aussi d’une pastorale qui vise la promotion de ce que Dom Lambert Beauduin a désigné avec bonheur comme la «piété de l’Église». Les études et la pastorale en liturgie ne peuvent qu’être polarisées par le souci de la vie spirituelle du peuple de Dieu, une tâche dont l’horizon est profondément théologal puisqu’il s’agit de conduire à la glorification du Dieu trinitaire révélé en Jésus Christ et manifesté dans le mystère pascal.

« L’Institut, dit Dom Botte, Fondateur de l'Institut, a pour objet la liturgie et non la pastorale. Ce n’est pas arbitrairement que nous avons évité le titre de « pastorale liturgique » qui n’aurait pas répondu à notre but (...) Il serait donc tout à fait faux de se figurer l’Institut comme une sorte de laboratoire où l’on fabrique des solutions pour la pastorale liturgique. Ce serait sortir de notre domaine de compétence. (...) Nous entendons nous en tenir à notre domaine : l’étude scientifique de la liturgie. »

« Cela n’implique aucune désaffection vis-à-vis de la pastorale, et nous espérons pouvoir servir indirectement ceux qui travaillent dans ce domaine. Mais il faut que chacun soit à sa place, et on ne doit pas mettre la charrue devant les bœufs. (...) Nous espérons que nos élèves (...), pourront aider efficacement leurs évêques selon les directives du Saint-Siège, dans le domaine de la pastorale. Mais notre devise est : formation d’abord ! »

En définitive, l’étude de la tradition et la formation à une intelligence des textes et des rites, deux réalités fondamentales aux yeux de Dom Botte, sont au service de la capacité des liturgistes formés à faire face à la diversité et à la complexité des réalités pastorales. C’est pourquoi la recherche doit conduire à mettre à jour les structures et les dynamismes de la pratique liturgique pour que cet ajustement permanent puisse reposer sur des bases solides.

De cette réflexion, nous pouvons retenir une conséquence toujours actuelle. C’est à la mise en œuvre avec intelligence et fidélité des livres liturgiques que vise une formation liturgique. Et cette intelligence prend sa source dans une connaissance approfondie de ce que l’on peut appeler l’épaisseur de la tradition mais aussi la largeur de l’anthropologie des rites. Cette tâche, à laquelle doit se consacrer également l’action pastorale, est permanente comme le soulignait Jean-Paul II dans la lettre pour le 25e anniversaire de Sacrosanctum Concilium. [7] Il s’agit donc de permettre à nos contemporains, en tenant compte des repères culturels qui sont les leurs, de découvrir la richesse des institutions liturgiques dont nous avons héritées de la tradition à travers l’œuvre de Vatican II. C’est donc à la mise en place des fondements théologiques que doit se consacrer le travail des liturgistes, en ne quittant jamais le double horizon de la tradition de l’Église et des conditions actuelles de la société contemporaine dans laquelle s’exerce la mission de l’Église.

Former en liturgie au temps de la mondialisation et de la crise de la transmission
Beaucoup de formateurs aujourd’hui et pas seulement en liturgie s’interrogent sur leur responsabilité et sur la tâche à laquelle ils sont appelés. La lettre au Catholiques de France de 1996 a mis en lumière l’arrière-fond qui préside à cette perplexité et qu’elle désigne sous le thème de la « crise généralisée de la transmission. » La liturgie qui est à la fois une pratique et un art, se transmettant si j’ose dire corporellement par l’usage et la répétition, est bien sûr touchée de plein fouet par cette crise de la transmission. La formation en liturgie doit donc trouver de nouveaux repères pour faire face à un monde qui n’est plus celui du milieu du XXe siècle.

Dès lors, l’heure est à la recherche d’une sagesse de la formation dans un temps de mutations rapides. C’est souvent sur des questions très concrètes que se manifestent avec le plus d’intensité les défis de l’acte de formation dans ce temps de crise de la transmission. Je cite quelques exemples de questions soulevées récemment lors d’une rencontre de formateurs :

« Comment prier sans imposer sa sensibilité ? Comment développer des capacités d’adaptation aux publics divers ? »

La crise de la transmission nous empêche de nous contenter de vouloir expliquer les textes et les rites. La question est désormais celle de notre capacité à initier à la liturgie et plus encore d’initier par la liturgie, je veux dire ici entrer dans le mystère de la foi de l’Église, par le chemin de la vie liturgique.

Plus encore, Dom Botte réfléchissait encore dans le contexte de stabilité rituelle qui a marqué l’Église Catholique depuis le Concile de Trente, même s’il ne faut jamais sous-estimer les multiples transformations qui eurent lieu, notamment en France, durant la période moderne, transformations dont le combat de dom Guéranger pour le retour des églises de France à la liturgie romaine ne fut pas le moindre des moteurs. (Lire également: Le premier de nos liturgistes modernes, Dom Guéranger: Benoît XVI)

(...) Ce paradigme explicatif hérité d’un Concile de Trente qui demandait aux pasteurs d’expliquer la liturgie aux fidèles et dont l’Explication de la messe de Bossuet est un des exemples les plus remarquables, n’est pas suffisant pour faire face aux nouvelles requêtes que la crise de la transmission dans un temps de mondialisation rapide impose à la formation liturgique. La responsabilité actuelle des formateurs se trouve dans la nécessité de rendre accessible à nos contemporains, non seulement les textes et les rites, ce qui n’est déjà pas simple, mais l’expérience de la liturgie elle-même. Et cela pour répondre à une double requête qui traverse nos sociétés au moins en Occident, celle de fournir des chemins d’identité et d’expérience à la fois humainement crédibles et spirituellement fécondes.

La tâche du formateur en liturgie est donc de nos jours beaucoup plus complexe et cela d’autant plus que la vie liturgique est prise en tension entre des mouvements contradictoires tendant les uns aux particularismes et les autres à l’uniformisation. Je ne pense pas que nous ayons trouvé les moyens pour parvenir à avancer sur ces chemins difficiles, mais le fait d’identifier les questions est une première étape importante.

La liturgie comme expérience et proposition de la foi dans un monde éclaté
Parce que la liturgie suscite les expériences croyantes qui font l’Église, elle est le lieu où se conjuguent, dans un même mouvement, la dimension personnelle de la confession de foi qui fait dire « je crois », et la dimension collective qui fait vivre un corps animé par l’Esprit et tourné avec le Fils vers le Père en disant : « Notre Père... Donne-nous... »

À un monde éclaté et traversé par tant de questions et de contradictions, elle propose donc une identité relationnelle qui édifie les personnes et les communautés en inscrivant dans une tradition. En effet, on ne fabrique pas la liturgie, mais on y « entre », c’est-à-dire qu’elle se reçoit comme un agir qui porte une précédence. Mais en accueillant cet agir qui s’origine jusque dans l’Ancien Testament et même dans le fonds des religions de l’humanité, il redevient contemporain et se trouve projeté dans le monde qui est le nôtre. L’inculturation de la liturgie ne peut se jouer de l’extérieur par la recherche fébrile d’éléments de la culture moderne que l’on pourrait intégrer dans les vieilles outres de la tradition. Elle se joue de l’intérieur comme une genèse sans cesse renouvelée. Ainsi la liturgie est-elle toujours neuve car elle est le lieu d’une rencontre entre la précédence du rite et la disponibilité de celui qui accepte de se laisser façonner par lui.

Ceci n’est pas nouveau et c’est ainsi que la tradition liturgique s’est forgée peu à peu dans son irréductible pluralité. La rencontre entre le donné de la foi et les diverses cultures a forgé des rites.

Mais la diversité des pratiques est plus difficile à réguler lorsque la circulation immédiate de l’information tend à l’unification des modes de vie. Grâce à internet, on accède aujourd’hui directement à des propositions liturgiques émanant de communautés autrichiennes ou québécoises mais aussi à la troisième édition de la Présentation Générale du Missel Romain qui entrera en vigueur en France lorsque la traduction en aura été approuvée par la Congrégation pour le Culte divin. (La traduction française de la Nouvelle Présentation Générale du Missel Romain)

Il est impossible aujourd’hui, même pour des équipes de spécialistes, de maîtriser une masse énorme de documentation à laquelle des millions de personnes accèdent d’un simple clic sur un ordinateur, sans avoir toujours les repères nécessaires pour en vérifier la provenance et la qualité. Ainsi, grâce à certains portails ou à des moteurs de recherches, l’internaute peut aussi bien lire les homélies d’un curé ou d’un pasteur protestant, le compte-rendu d’une réunion d’équipe liturgique ou les orientations en pastorale sacramentelle proposées par un évêque diocésain.

Ce régime de communication généralisée où toutes les questions peuvent être abordées et débattues pose de réels problèmes à la régulation des croyances et suscite des questions majeures quand on considère les pratiques. En effet si une conception réductrice de la tolérance conduit à accepter que « chacun pense ce qu’il veut », quand il s’agit de pratiques liturgiques communautaires ou même de pratiques rituelles individuelles mais publiques, il est impossible, si l’on veut assurer la possibilité d’un vivre ensemble, d’esquiver la question d’une instance de régulation. C’est là que se joue l’importance pour une formation en liturgie du rapport ecclésiologie et liturgie, ce qui passe aussi par une prise au sérieux du droit canonique.

Au regard de vingt siècles d’histoire, il s’agit là d’une situation tout à fait nouvelle pour la liturgie dont nous n’avons pas encore eu le temps de prendre la mesure. Pendant des siècles, les usages liturgiques se sont transmis comme une tradition vivante à l’intérieur d’un espace géographique.

(...) En célébrant l’eucharistie, nous avons accès à ce qui est le plus universel, le cœur de la foi chrétienne, ce qui unit le peuple de Dieu dans l’espace et dans le temps, à savoir l’action de grâces de l’Église qui offre sans cesse au Père le sacrifice du Christ offert une fois pour toutes sur la croix. Or on sait depuis Irénée que ce sacrifice rejoint le désir humain le plus universel :

« Ce n’est pas qu’il (Dieu) ait besoin de notre sacrifice, mais celui qui offre est lui-même glorifié en ce qu’il offre. » ( IRÉNÉE DE LYON, Adversus Haereses, IV,18,1)

Trois modèles pour comprendre l’acte de formation
À la lumière de cette désignation du présent, et afin d’essayer de mettre un peu d’ordre dans la réflexion, je voudrais proposer une typologie comprenant trois grandes attitudes possibles en matière de formation. Cette typologie entend éclairer le champ de l’acte de formation dans le temps dont je viens d’essayer de mettre en lumière certaines caractéristiques.

1) La première attitude consiste en une forme d’apologétique de la réforme de Vatican II qui tendrait à en manifester la pertinence et la nécessité, ce qui conduit parfois à une critique des pratiques antérieures. Le risque d’une telle posture est que la fréquente confusion entre liturgie vécue et liturgie prescrite, rend suspecte la valorisation des institutions liturgiques héritées de la réforme au nom des défaillances constatées dans leur mise en œuvre. On le sait trop bien, l’expérience vient protester contre une vision idéalisée des bénéfices de la réforme : des pratiques liturgiques qui se réclament de Vatican II ne sont pas forcément conformes à ce qu’est la liturgie réformée.

(...) Il faut rappeler que la réforme liturgique fut une œuvre d’Église et qu’elle a été voulue et contrôlée par le magistère notamment Paul VI mais aussi Jean Paul II et avant déjà par Pie XII.

2) La deuxième attitude consiste à promouvoir une critique de la réforme et parfois à défendre l’idée d’une « réforme de la réforme ».  Ce type de position se revendique parfois des écrits du Cardinal Ratzinger devenu depuis le Saint Père Benoît XVI. (Cf. le colloque de Fontgombault de 2001 avec la conférence du Cardinal Ratzinger : « La théologie de la liturgie » ou l’article de l’abbé Q. SAUVONNET  intitulé «Pensées de Benoît XVI sur la crise liturgique actuelle» : « S’inspirant de Romano Guardini, pionnier du mouvement liturgique, le cardinal Ratzinger rappelait dans son livre Un Chant nouveau pour le Seigneur les trois dimensions ontologiques dans lesquelles se déploie la liturgie : le cosmos, l’histoire et le mystère. Si le cardinal a formulé des réserves sérieuses sur la réforme liturgique, c’est que ces aspects en sont absents. La nouvelle liturgie, en effet : a) n’est pas cosmique, étant limitée au groupe. b) Elle n’a pas d’histoire, puisqu’elle affirme son émancipation par rapport à toute donnée extrinsèque et à tout héritage. c) Elle ne connaît pas le mystère, tout s’y expliquant et devant être expliqué. »)

Il me paraît essentiel de rappeler que la liturgie est un art spirituel, un lieu où la grâce se fait miséricorde pour nos défauts, et donc une pratique dans laquelle nous sommes tous et toujours des débutants, qui doivent se tenir à distance d’une quête de performance.

(...) C’est l’histoire des pratiques qui manifeste combien la liturgie fut à chaque époque une tâche difficile, un combat sans cesse à reprendre et dans lequel les failles de nos réalisations peuvent être, si elles ne sont pas la marque du laisser-aller, l’ouverture à la grâce qui seule fait de nous des liturges qui plaisent à Dieu parce qu’ils se tournent vers Lui en répétant sans cesse « Dieu viens à mon aide... »

3) C’est vers une troisième attitude que j’essaie de m’orienter : elle consiste à prendre appui sur le Concile Vatican II et la réforme liturgique en les considérant comme un acte de Tradition, c’est-à-dire un acte de plus haut degré magistériel, qui ayant considéré à nouveaux frais le trésor bimillénaire de l’histoire de la liturgie, a voulu tirer de ce trésor, comme le scribe de l’Evangile, du neuf et de l’ancien, c’est-à-dire les vivres dont l’Église contemporaine avait besoin. Dès lors, nous pouvons nous considérer comme des héritiers de l’œuvre de Vatican II, reconnaissant dans ce Concile l’œuvre de l’Esprit Saint agissant dans l’Église. (Les analyses des courants traditionalistes qui contestent le Concile et les papes qui l’ont conduit, notamment Jean XXIII et Paul VI sont, à notre avis, irrecevables au nom même des principes qu’ils entendent défendre).

L’âme de la formation en liturgie

Le formateur en liturgie doit être un formateur qui rappelle par son existence et surtout par sa manière d’être (plus encore que par son enseignement) que la liturgie est un art qui se déploie dans la grâce et qui s’exerce dans la fragilité, qu’elle l’a toujours été et que c’est ce qui fait son caractère le plus précieux.

En ce domaine, on est dans l’ordre du « savoir être » et non du « savoir » y compris du « savoir faire » (même s’il y a une part de savoir faire en la matière.) Et le « savoir être » de l’enseignant de liturgie est plus important que son savoir en liturgie. Former en liturgie, c’est témoigner de l’humilité dans laquelle nous place l’action liturgique. « Nous ne savons pas prier comme il faut » ... Nous ne « saurons » jamais célébrer.

Dans un monde de la technologie, former au discernement théologique et pastoral est par conséquent une tâche primordiale et indispensable : la liturgie séparée de la réflexion théologique se transforme vite en technique qui peut devenir néfaste dans la mesure où elle n’est pas accompagnée d’un véritable respect des personnes et des communautés. Il y a ici une sagesse spirituelle qui préfère la charité et s’éloigne de l’exercice d’une volonté de puissance sur les personnes et les groupes. La vie liturgique et la science liturgique impliquent une réelle « démaîtrise » : pour dire notre confiance à Dieu, il convient d’accepter de se confier à l’acte lui-même en tant qu’il est prescrit par l’Église. Il s’agit aussi d’accepter que nos savoirs ne soient que des préalables car le don de Dieu dans la liturgie s’adresse aussi bien aux pauvres et aux petits (enfants, handicapés mentaux etc.) qu’aux liturgistes !

Liturgie, contemplation et silence

C’est au Saint Père, Benoît XVI que je voudrais emprunter cette ultime réflexion. Dans une homélie adressée le 6 octobre dernier aux membres de la Commission théologique internationale, le Pape évoquait la belle figure de saint Bruno qui était fêté ce jour-là, en soulignant que la mission du fondateur des Chartreux « fut de silence et de contemplation qui lui servirent à trouver une profonde union avec Dieu dans la dispersion de la vie quotidienne. »

Ces propos de circonstances constituaient cependant, aux yeux de Benoît XVI, une sorte de définition de la vocation du théologien. Car c’est en s’appuyant sur cette figure monastique singulière, que Benoît XVI précise que la mission du théologien est « aujourd’hui comme hier, dans le bruit de la société et l’inflation des propos, de rendre présent les paroles essentielles. »

Dès lors, la vocation d’un lieu de formation théologique, et plus encore celle d’un institut de liturgie, consiste à rendre possible cette présence des « paroles essentielles. » Dans la crise actuelle de la transmission, l’étude de la liturgie en lien étroit avec la pratique de la liturgie, renvoie à un approfondissement de la foi et de la vie spirituelle. L’itinéraire de cet approfondissement passe pas trois étapes décisives que notre exposé a permis d’identifier : l’initiation, la construction d’identités en relation et la recherche de moyens de régulation qui allient le respect des institutions liturgiques et des impulsions du magistère et en même temps le discernement responsable des acteurs sur le terrain.

Il nous faut aller plus loin dans la question de savoir ce que la liturgie nous dit du mystère de Dieu, par quelles médiations elle fait accéder à la révélation, et de quelle écoute de la Parole de Dieu, elle est le lieu. De ce point de vue, la tâche de la science liturgique rejoint celle que doit accomplir la théologie systématique dans un destin commun que les circonstances et les conditions actuelles rendent de plus en plus urgente.

Le Saint Père ajoutait en effet que cette tâche doit passer « par une purification de nos paroles, de celles du monde, et par le silence qui nous est nécessaire et qui devient contemplation, qui nous fait entrer dans le silence de Dieu pour arriver à la source même de la Parole rédemptrice. »

Il y a dans ces propos quelque chose de fondamental pour les liturgistes, une attitude profonde que le Pape décrit ainsi :

« Notre mode de penser et de parler devrait tendre à donner un espace d’écoute dans le monde à ce que Dieu dit. Nous sommes ainsi invités à renoncer à nos propres paroles, à nous engager dans la voie de la purification afin que nos propos ne soient que des instruments par lesquels Dieu parle, lui qui n’est en fait pas l’objet mais le sujet de la théologie. ».

Puissent ces paroles nous guider pour le travail des années à venir afin que nous devenions les serviteurs de la paix que Dieu accorde aux hommes de bonne volonté qui célèbrent son nom par toute leur vie.

Extrait de: Une parole pour un cinquantenaire
12 janvier 2007 par Patrick Prétot
 

Sources: cinquantenaire - E.S.M.

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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 30.01.2007 - BENOÎT XVI - Liturgie

 

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