Le pape Benoît XVI "liturge",
la leçon à Paris et à Lourdes |
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Rome, le 16 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- Pendant son voyage en France, Benoît XVI n'a pas seulement
défendu le rite ancien de la messe. A plusieurs reprises, il a expliqué
et montré ce que signifie réellement selon lui la liturgie catholique
d'aujourd’hui et de toujours. Et sur la musique sacrée, il a déclaré...
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Le pape Benoît XVI "liturge", la leçon à Paris et à Lourdes
Le 16 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Pendant son voyage en France, Benoît XVI n'a pas seulement défendu le rite
ancien de la messe. A plusieurs reprises, il a expliqué et montré ce que
signifie réellement selon lui la liturgie catholique d'aujourd’hui et de
toujours. Et sur la musique sacrée, il a déclaré...
par Sandro Magister
Au cours des trois messes célébrées pendant son voyage à Paris et à
Lourdes, Benoît XVI a suivi le rite postconciliaire. Mais il l’a
volontairement enrichi d’éléments caractéristiques du rite ancien: la croix
au centre de l’autel, la communion donnée dans la bouche aux fidèles
agenouillés, la sacralité de l’ensemble.
L’"enrichissement" mutuel entre les deux rites est l’objectif principal qui
a poussé Benoît XVI à promulguer en 2007 le
Motu Proprio "Summorum
Pontificum" qui a libéralisé le recours au rite ancien de la messe, celui du
missel romain de 1962.
Les opposants au motu proprio estiment en revanche que le recours au rite
ancien n’enrichit pas mais vide les conquêtes du Concile Vatican II dans son
ensemble. Les évêques français ont été parmi les plus critiques à l’égard de
l‘initiative du pape, avant et après la promulgation du motu proprio.
Le dimanche 14 septembre, lors de sa rencontre avec les
évêques français à
Lourdes, le pape Joseph Ratzinger les a encouragés à être des pasteurs
accueillants envers tous, y compris les fidèles qui se sentent plus "chez
eux" dans l’ancien rite.
Le pape avait exprimé en avant-première ses idées sur les deux rites de la
messe en répondant aux
journalistes présents dans l’avion qui l’a conduit en
France, le vendredi 12 septembre.
Mais Benoît XVI en a dit bien davantage à ce sujet pendant les quatre jours
de son voyage à Paris et à Lourdes.
Dans son discours au Collège des
Bernardins, le 12 septembre, il a évoqué la
naissance de la grande musique occidentale dans les monastères du Moyen Age,
en des termes qui obligent à réfléchir à la médiocre qualité de la musique
sacrée actuelle et à la nécessité de lui redonner vie conformément à son
sens premier.
Lors des
Vêpres à la cathédrale Notre-Dame, le pape a appelé de ses vœux,
pendant l’homélie, une "beauté" qui rapprocherait les liturgies terrestres
de celles du ciel. Et il a exhorté les prêtres à rester fidèles à la prière
quotidienne de la liturgie des heures.
Pendant la messe sur l’Esplanade des
Invalides, le 13 septembre, il a parlé,
dans son homélie, de la doctrine de l’eucharistie et de la "présence réelle"
du corps et du sang du Christ en des termes très exigeants qui obligent à
célébrer la messe avec une sacralité qui a été largement négligée au cours
des dernières décennies.
Benoît XVI est revenu sur cette "présence réelle" dans la méditation qui a
clôturé la
procession eucharistique à Lourdes, le soir du 14 septembre. Avec
un passage consacré à ceux qui "ne peuvent pas recevoir Jésus dans le
sacrement mais qui peuvent Le contempler avec foi et amour et exprimer le
désir de pouvoir s’unir finalement à Lui". On peut compter parmi eux les
catholiques divorcés et remariés, auxquels l’Église ne donne pas la
communion. Mais leur "désir", a dit le pape, "a une grande valeur devant
Dieu".
Outre ces rappels à l’esprit authentique de la liturgie, Benoît XVI a donné,
le 14 septembre à Lourdes, une illustration du sens profond de l’Angélus, la
prière mariale qu’il récite en public tous les dimanches de l’année, à midi.
On trouvera ci-dessous ce que Benoît XVI a dit, jour après jour, sur chacun
de ces points:
Sur la messe selon le rite ancien
Extrait de la conférence de presse à bord de l’avion du pape, le 12
septembre 2008
Q. – Que dites-vous à ceux qui, en France, craignent que le motu proprio "Summorum
Pontificum" marque un retour en arrière sur les grandes intuitions du
Concile Vatican II?
R. – C'est une peur infondée parce que ce motu proprio est simplement un
acte de tolérance, dans un but pastoral pour des personnes qui ont été
formées dans cette liturgie, l'aiment, la connaissent, et veulent vivre avec
cette liturgie. C'est un petit groupe parce que cela suppose une formation
en latin, une formation dans une culture certaine. Mais pour ces personnes
avoir l'amour et la tolérance de permettre de vivre avec cette liturgie cela
me semble une exigence normale de la foi et de la pastorale d'un évêque de
notre Église.
Il n'y a aucune opposition entre la liturgie renouvelée par le Concile
Vatican II et cette liturgie. Chaque jour, les pères conciliaires ont
célébré la messe selon l'ancien rite et, en même temps, ils ont conçu un
développement naturel pour la liturgie dans tout ce siècle car la liturgie
est une réalité vivante qui se développe et conserve dans son développement
son identité. Il y a donc certainement des accents différents, mais quand
même une identité fondamentale qui exclue une contradiction, une opposition
entre la liturgie renouvelée et la liturgie précédente.
Je pense quand même qu'il y a une possibilité d'un enrichissement des deux
parties. D'un côté les amis de l'ancienne liturgie peuvent et doivent
connaître les nouveaux saints, les nouvelles préfaces de la liturgie, etc.
D'autre part, la liturgie nouvelle souligne plus la participation commune
mais, toujours, n'est pas simplement une assemblée d'une certaine communauté
mais toujours un acte de l'Église universelle, en communion avec tous les
croyants de tous les temps, et un acte d'adoration. Dans ce sens, il me
semble qu'il y a un enrichissement réciproque et c'est clair que la liturgie
renouvelée est la liturgie ordinaire de notre temps.
►
Conférence de presse de Benoît XVI dans l'avion
Sur la naissance de la grande musique occidentale
Extrait du discours au Collège des Bernardins, Paris, le 12 septembre 2008
Les Psaumes contiennent en plusieurs endroits des instructions sur la façon
dont ils doivent être chantés et accompagnés par des instruments musicaux.
Pour prier sur la base de la Parole de Dieu, la seule labialisation ne
suffit pas, la musique est nécessaire. Deux chants de la liturgie chrétienne
dérivent de textes bibliques qui les placent sur les lèvres des Anges: le
"Gloria" qui est chanté une première fois par les Anges à la naissance de
Jésus, et le "Sanctus" qui, selon Isaïe 6, est l’acclamation des Séraphins
qui se tiennent dans la proximité immédiate de Dieu. Sous ce jour, la
Liturgie chrétienne est une invitation à chanter avec les anges et à donner
à la parole sa plus haute fonction. À ce sujet, écoutons encore une fois
Jean Leclercq: «Les moines devaient trouver des accents qui traduisent le
consentement de l’homme racheté aux mystères qu’il célèbre: les quelques
chapiteaux de Cluny qui nous aient été conservés montrent les symboles
christologiques des divers tons du chant» (cf. ibid., p. 229).
Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines
est la parole du Psaume: "Coram angelis psallam Tibi, Domine" – en présence
des anges, je veux te chanter, Seigneur (cf. 138, 1). Se trouve ici exprimée
la conscience de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute
la cour céleste, et donc d’être soumis à la mesure suprême: prier et chanter
pour s’unir à la musique des esprits sublimes qui étaient considérés comme
les auteurs de l’harmonie du cosmos, de la musique des sphères.
À partir de là, on peut comprendre la sévérité d’une méditation de saint
Bernard de Clairvaux qui utilise une expression de la tradition
platonicienne, transmise par saint Augustin, pour juger le mauvais chant des
moines qui, à ses yeux, n’était en rien un incident secondaire. Il qualifie
la cacophonie d’un chant mal exécuté comme une chute dans la "regio
dissimilitudinis", dans la "région de la dissimilitude". Saint Augustin
avait tiré cette expression de la philosophie platonicienne pour
caractériser l’état de son âme avant sa conversion (cf. "Confessions", VII,
10.16): l’homme qui est créé à l’image de Dieu tombe, en conséquence de son
abandon de Dieu, dans la "région de la dissimilitude", dans un éloignement
de Dieu où il ne Le reflète plus et où il devient ainsi non seulement
dissemblable à Dieu, mais aussi à sa véritable nature d’homme. Saint Bernard
se montre ici évidemment sévère en recourant à cette expression, qui indique
la chute de l’homme loin de lui-même, pour qualifier les chants mal exécutés
par les moines, mais il montre à quel point il prend la chose au sérieux. Il
indique ici que la culture du chant est une culture de l’être et que les
moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la
grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle
beauté.
De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les
mots qu’Il a Lui-même donnés est née la grande musique occidentale. Ce
n’était pas là l’œuvre d’une «créativité» personnelle où l’individu, prenant
comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un
monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec
les «oreilles du cœur» les lois constitutives de l’harmonie musicale de la
création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans
le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en
même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette
dignité.
►
Benoît XVI s'adresse au monde de la culture au collège des Bernardins
Sur la liturgie des heures
Extrait de l’homélie des vêpres dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le
12 septembre 2008
Dieu a pris chair dans le sein d'une Femme, d’une Vierge. Votre cathédrale
est une vivante hymne de pierre et de lumière à la louange de cet acte
unique de l'histoire de l'humanité: la Parole éternelle de Dieu entrant dans
l'histoire des hommes à la plénitude des temps pour les racheter par
l’offrande de lui-même dans le sacrifice de la Croix. Nos liturgies de la
terre, tout entières ordonnées à la célébration de cet Acte unique de
l'histoire ne parviendront jamais à en exprimer totalement l'infinie
densité. La beauté des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez
soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est
la Beauté infinie. Nos liturgies de la terre ne pourront jamais être qu'un
pâle reflet de la liturgie céleste, qui se célèbre dans la Jérusalem d'en
haut, objet du terme de notre pèlerinage sur terre. Puissent, pourtant, nos
célébrations s'en approcher le plus possible et la faire pressentir!
Dès maintenant, la Parole de Dieu nous est donnée pour être l'âme de notre
apostolat, l'âme de notre vie de prêtres. Chaque matin, la Parole nous
réveille. Chaque matin, le Seigneur Lui-même nous "ouvre l'oreille"
(Is 50,
5) par les psaumes de l'Office des lectures et des Laudes. Tout au long de
la journée, la Parole de Dieu devient la matière de la prière de l'Église
tout entière, qui veut ainsi témoigner de sa fidélité au Christ. Selon la
célèbre formule de saint Jérôme, qui sera reprise au cours de la XIIe
Assemblée du Synode des Évêques, au mois d’octobre prochain : "Ignorer les
Écritures, c'est ignorer le Christ" (Prologue du commentaire d'Isaïe). Chers
frères prêtres, n'ayez pas peur de consacrer beaucoup de temps à la lecture,
à la méditation de l'Écriture et à la prière de l'Office Divin! Presque à
votre insu la Parole lue et méditée en Église agit sur vous et vous
transforme. Comme manifestation de la Sagesse de Dieu, si elle devient la
"compagne" de votre vie, elle sera votre "conseillère pour le bien", votre
"réconfort dans les soucis et dans la tristesse"
(Sg 8, 9).
►
Benoît XVI préside les Vêpres à Notre-Dame de
Paris
Sur la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie
Extrait de l’homélie de la messe sur l’Esplanade des Invalides, le 13
septembre 2008
Comment parvenir à Dieu? Comment parvenir à trouver ou retrouver Celui que
l'homme cherche au plus profond de lui-même, tout en l'oubliant si souvent?
Saint Paul nous demande de faire usage non seulement de notre raison, mais
surtout de notre foi pour le découvrir. Or, que nous dit la foi? Le pain que
nous rompons est communion au Corps du Christ ; la coupe d'action de grâce
que nous bénissons est communion au Sang du Christ. Révélation
extraordinaire, qui nous vient du Christ et qui nous est transmise par les
Apôtres et par toute l'Église depuis deux millénaires: le Christ a institué
le sacrement de l'Eucharistie au soir du Jeudi Saint. Il a voulu que son
sacrifice soit de nouveau présenté, de manière non sanglante, chaque fois
qu'un prêtre redit les paroles de la consécration sur le pain et le vin. Des
millions de fois, depuis deux mille ans, dans la plus humble des chapelles
comme dans la plus grandiose des basiliques ou des cathédrales, le Seigneur
ressuscité s'est donné à son peuple, devenant ainsi, selon la formule de
saint Augustin, "plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes"
(cf. Confessions III, 6. 11).
Frères et sœurs, entourons de la plus grande vénération le sacrement du
Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle
du Seigneur à son Église et à toute l'humanité. Ne négligeons rien pour lui
manifester notre respect et notre amour! Donnons-lui les plus grandes
marques d'honneur! Par nos paroles, nos silences et nos gestes, n'acceptons
jamais de laisser s'affadir en nous et autour de nous la foi dans le Christ
ressuscité présent dans l'Eucharistie! Comme le dit magnifiquement saint
Jean Chrysostome lui-même: "Passons en revue les ineffables bienfaits de
Dieu et tous les biens dont il nous fait jouir, lorsque nous lui offrons
cette coupe, lorsque nous communions, lui rendant grâce d'avoir délivré le
genre humain de l'erreur, d'avoir rapproché de lui ceux qui en étaient
éloignés, d'avoir fait, des désespérés, et des athées de ce monde, un peuple
de frères, de cohéritiers du Fils de Dieu" (Homélie 24 sur la Première
Lettre aux Corinthiens, 1). En effet, poursuit-il, "ce qui est dans la
coupe, c'est précisément ce qui a coulé de son côté, et c'est à cela que
nous participons" (ibid.). Il n'y a pas seulement participation et partage,
il y a "union", dit-il.
La Messe est le sacrifice d'action de grâce par excellence, celui qui nous
permet d'unir notre propre action de grâce à celle du Sauveur, le Fils
éternel du Père. En elle-même, la Messe nous invite aussi à fuir les idoles,
car, saint Paul insiste, "vous ne pouvez pas en même temps prendre part à la
table du Seigneur et à celle des esprits mauvais" (1 Co 10, 21). La Messe
nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu et ce qui,
en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal. Dans la Messe, nous ne voulons
appartenir qu'au Christ et nous reprenons avec gratitude le cri du
psalmiste: "Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'Il m'a fait?"
(Ps
115, 12). Oui, comment rendre grâce au Seigneur pour la vie qu'Il nous a
donnée? Là encore, la réponse à la question du psalmiste se trouve dans le
psaume lui-même, car la Parole de Dieu répond miséricordieusement elle-même
aux questions qu'elle pose. Comment rendre grâce au Seigneur pour tout le
bien qu'il nous fait sinon en se conformant à ses propres paroles:
"J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur"
(Ps 115,13)
?
Élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur, n'est-ce pas
précisément le meilleur moyen de "fuir les idoles", comme nous le demande
saint Paul? Chaque fois qu'une Messe est célébrée, chaque fois que le Christ
se rend sacramentellement présent dans son Église, c'est l’œuvre de notre
salut qui s'accomplit. Célébrer l’Eucharistie signifie reconnaître que Dieu
seul est en mesure de nous offrir le bonheur en plénitude, de nous enseigner
les vraies valeurs, les valeurs éternelles qui ne connaîtront jamais de
couchant. Dieu est présent sur l'autel, mais il est aussi présent sur
l'autel de notre cœur lorsque, en communiant, nous le recevons dans le
Sacrement eucharistique. Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de
la pensée.
Or, chers frères et sœurs, qui peut élever la coupe du salut et invoquer le
nom du Seigneur au nom du peuple de Dieu tout entier, sinon le prêtre
ordonné dans ce but par l'Évêque? Ici, chers fidèles de Paris et de la
région parisienne, mais aussi vous tous qui êtes venus de la France entière
et d'autres pays limitrophes, permettez-moi de lancer un appel confiant en
la foi et en la générosité des jeunes qui se posent la question de la
vocation religieuse ou sacerdotale : n'ayez pas peur! N'ayez pas peur de
donner votre vie au Christ! Rien ne remplacera jamais le ministère des
prêtres au cœur de l'Église! Rien ne remplacera jamais une Messe pour le
Salut du monde!
►
Homélie du pape Benoît XVI en la fête de St Jean
Chrysostome
Sur la prière de l’Angélus
Extrait du message de l’Angélus à midi, Lourdes, le 14 septembre 2008
Chaque jour, la prière de l’Angélus nous offre la possibilité de méditer
quelques instants, au plein milieu de nos activités, sur le mystère de
l'Incarnation du Fils de Dieu. A midi, alors que les premières heures du
jour commencent déjà à faire peser sur nous leur poids de fatigue, notre
disponibilité et notre générosité sont renouvelées par la contemplation du
"oui" de Marie. Ce "oui" limpide et sans réserve s'enracine dans le mystère
de la liberté de Marie, liberté pleine et entière devant Dieu, dégagée de
toute complicité avec le péché, grâce au privilège de son Immaculée
Conception.
Ce privilège concédé à Marie, qui la distingue de notre condition commune,
ne l'éloigne pas, mais au contraire la rapproche de nous. Alors que le péché
divise, nous éloigne les uns des autres, la pureté de Marie la rend
infiniment proche de nos cœurs, attentive à chacun de nous et désireuse de
notre vrai bien. Vous le voyez ici à Lourdes, comme dans tous les
sanctuaires mariaux, des foules immenses accourent aux pieds de Marie pour
lui confier ce que chacun a de plus intime, ce qui lui tient
particulièrement à cœur. Ce que, par gêne ou par pudeur, beaucoup n'osent
parfois pas confier même à leurs proches, ils le confient à Celle qui est la
toute pure, à son Cœur immaculé: avec simplicité, sans fard, en vérité.
Devant Marie, en vertu même de sa pureté, l'homme n'hésite pas à se montrer
dans sa faiblesse, à livrer ses questions et ses doutes, à formuler ses
espérances et ses désirs les plus secrets. L'amour maternel de la Vierge
Marie désarme tout orgueil; il rend l'homme capable de se regarder tel qu'il
est et il lui inspire le désir de se convertir pour rendre gloire à Dieu.
Marie nous montre ainsi la juste manière d'avancer vers le Seigneur. Elle
nous apprend à nous approcher de lui dans la vérité et la simplicité. Grâce
à elle, nous découvrons que la foi chrétienne n'est pas un poids, mais elle
est comme une aile qui nous permet de voler plus haut pour nous réfugier
entre les bras de Dieu.
La vie et la foi du peuple des croyants manifestent que la grâce de
l'Immaculée Conception faite à Marie n'est pas seulement une grâce
personnelle, mais elle est pour tous. Elle est une grâce faite au peuple de
Dieu tout entier. En Marie, l'Église peut déjà contempler ce qu'elle est
appelée à devenir. Chaque croyant peut dès à présent contempler
l'accomplissement parfait de sa propre vocation. Puisse chacun de nous
demeurer toujours dans l'action de grâce pour ce que le Seigneur a voulu
révéler de son plan de salut à travers le mystère de Marie. Mystère dans
lequel nous sommes impliqués de la plus belle des manières, puisque du haut
de la Croix, que nous fêtons et que nous exaltons aujourd'hui, il nous est
révélé, de la bouche même de Jésus, que sa Mère est notre mère. En tant que
fils et filles de Marie, nous profitons de toutes les grâces qui lui ont été
faites, et la dignité incomparable que lui procure sa Conception Immaculée
rejaillit sur nous, ses enfants.
►
Paroles du saint-Père à l'Angélus
Encore sur la messe selon le rite ancien
Discours aux évêques de France, Lourdes, le 14 septembre 2008
Le culte liturgique est l'expression suprême de la vie sacerdotale et
épiscopale, comme aussi de l'enseignement catéchétique. Votre charge de
sanctification du peuple des fidèles, chers frères, est indispensable à la
croissance de l'Église. J'ai été amené à préciser, dans le motu proprio "Summorum
Pontificum", les conditions d'exercice de cette charge, en ce qui concerne
la possibilité d'utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII
(1962) que celui du pape Paul VI (1970). Des fruits de ces nouvelles
dispositions ont déjà vu le jour, et j’espère que l'indispensable
pacification des esprits est, grâce à Dieu, en train de se faire. Je mesure
les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez
parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous,
afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul
n'est de trop dans l'Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir
chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en
perdre aucun nous confie cette mission de pasteurs, en faisant de nous les
bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l'honneur et
de la confiance qu'Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d'être des
serviteurs de l'unité.
►
Discours de Benoît XVI aux évêques de France
Encore sur la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie
Extrait de la méditation qui a clôturé la procession eucharistique, Lourdes,
le 14 septembre 2008
L'Hostie Sainte est le Sacrement vivant, efficace de la présence éternelle
du Sauveur des hommes à son Église. [...] Une foule immense de témoins est
invisiblement présente à nos côtés, tout près de cette grotte bénie et
devant cette église voulue par la Vierge Marie; la foule de tous ceux et de
toutes celles qui ont contemplé, vénéré, adoré, la présence réelle de Celui
qui s’est donné à nous jusqu'à sa dernière goutte de sang; la foule de tous
ceux et de toutes celles qui ont passé des heures à L'adorer dans le Très
Saint Sacrement de l'autel. [...] Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout,
lorsqu'il s'écrie: "La sainte Eucharistie, c'est Jésus-Christ passé, présent
et futur".
Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où
nous ramène toute célébration de la sainte Messe.
Jésus-Christ présent, parce qu'il nous dit: "Prenez et mangez-en tous, ceci
est mon corps, ceci est mon sang". "Ceci est", au présent, ici et
maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l'histoire des hommes.
Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres cœurs,
nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près
de cette grotte où Marie s'est révélée comme l’Immaculée Conception.
L'Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque
nous contemplons l'Hostie Sainte, son Corps de gloire transfiguré et
ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l'éternité, en y
découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son
histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous
Le contemplons, nous L'annonçons, jusqu'à ce qu'Il revienne, "donec veniat".
C'est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect.
Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans
le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer
le désir de pouvoir s’unir à Lui. C’est un désir qui a une grande valeur aux
yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d’ardeur; Ils attendent
Jésus-Christ à venir.
►
Benoît XVI à Lourdes

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Sources : La chiesa.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 16.09.2008 -
T/Lourdes |