Benoît XVI préside les Vêpres à
Notre-Dame de Paris |
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Paris, le 12 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- A 18h, le pape Benoît XVI s'est rendu à la cathédrale Notre
Dame de Paris pour présider les Vêpres avec le clergé, les religieuses
et religieux, les séminaristes et diacres. A son arrivée, le saint-Père
s'est recueilli devant le saint Sacrement et devant la couronne d'épine.
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Le pape Benoît XVI -
Benoît XVI préside les Vêpres à Notre-Dame de Paris
Le 12 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- A 18h, le pape Benoît XVI s'est rendu à la cathédrale Notre Dame de Paris
pour présider les Vêpres avec le clergé, les religieuses et religieux, les
séminaristes et diacres. A son arrivée, le saint-Père a été accueilli par le
recteur archiprêtre, Mgr Patrick Jacquin sur le parvis de la cathédrale.
Benoît XVI a ensuite avoir remonté la nef de la cathédrale et a prié devant
le Saint Sacrement quelques minutes dans une chapelle du déambulatoire, puis
a vénéré la Couronne d'épines du Christ que lui a présenté Mgr François
Fleischmann, doyen du Chapitre, entouré de deux chevaliers du Saint
Sépulcre. Jean Paul II avait honoré également cette cathédrale de sa visite
lors de son pontificat. Le pape Benoît XVI a commencé son discours par
adresser une prière à Dieu :
Paroles du Saint-Père
Chers Frères Cardinaux et Évêques,
Messieurs les Chanoines du Chapitre,
Messieurs les Chapelains de Notre-Dame,
Chers prêtres et diacres,
Chers amis membres des Églises et Communautés ecclésiales non catholiques,
Chers frères et sœurs !
Béni soit Dieu qui nous permet de nous retrouver en un lieu si cher au
cœur des Parisiens, mais aussi de tous les Français ! Béni soit Dieu qui
nous donne la grâce de Lui faire l’hommage de notre prière vespérale pour
Lui rendre la louange qu’Il mérite avec les paroles que la liturgie de
l’Église a héritées de la liturgie synagogale pratiquée par le Christ et par
ses premiers disciples ! Oui, béni soit Dieu de venir ainsi à notre aide –
in adiutorium nostrum – pour nous aider à faire monter vers Lui l’offrande
du sacrifice de nos lèvres !
Nous voici dans l’église mère du diocèse de Paris, la cathédrale Notre-Dame,
qui se dresse au cœur de la cité comme un signe vivant de la présence de
Dieu au milieu des hommes. Mon prédécesseur Alexandre III en posa la
première pierre, les Papes Pie VII et Jean-Paul II l’honorèrent de leur
visite, et je suis heureux de m’inscrire à leur suite, après y être venu
voici un quart de siècle pour y prononcer une conférence sur la catéchèse.
Il est difficile de ne pas rendre grâce à Celui qui a créé la matière aussi
bien que l’esprit, pour la beauté de l’édifice qui nous reçoit. Les
chrétiens de Lutèce avaient déjà construit une cathédrale dédiée à saint
Étienne, premier martyr, mais, devenue trop exiguë, elle fut remplacée
progressivement, entre le XIIe et le XIVe siècle, par celle que nous
admirons de nos jours. La foi du Moyen Âge a bâti les cathédrales, et vos
ancêtres sont venus ici pour louer Dieu, lui confier leurs espérances et lui
dire leur amour. De grands événements religieux et civils se sont déroulés
dans ce sanctuaire où les architectes, les peintres, les sculpteurs et les
musiciens ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Qu’il suffise de rappeler,
parmi bien d’autres, les noms de l’architecte Jean de Chelles, du peintre
Charles Le Brun, du sculpteur Nicolas Coustou et des organistes Louis Vierne
et Pierre Cochereau. L’art, chemin vers Dieu, et la prière chorale, louange
de l’Église au Créateur, ont aidé Paul Claudel, venu assister aux vêpres du
jour de Noël 1886, à trouver le chemin vers une expérience personnelle de
Dieu. Il est significatif que Dieu ait illuminé son âme précisément pendant
le chant du Magnificat, dans lequel l’Église écoute le cantique de la Vierge
Marie, sainte Patronne de ces lieux, qui rappelle au monde que le
Tout-Puissant a exalté les humbles (cf. Lc 1, 52).
Théâtre de conversions moins connues, mais non moins réelles, chaire où des
prédicateurs de l’Évangile, comme les Pères Lacordaire, Monsabré et Samson,
ont su transmettre la flamme de leur passion aux auditoires les plus variés,
la cathédrale Notre-Dame demeure à juste titre l’un des monuments les plus
célèbres du patrimoine de votre pays. Les reliques de la Vraie Croix et de
la Couronne d’épines, que je viens de vénérer, comme on le fait depuis saint
Louis, y ont trouvé aujourd’hui un écrin digne d’elles, qui constitue
l’offrande de l’esprit des hommes à l’Amour créateur.
Témoin (…) de l’échange incessant que Dieu a voulu établir entre les hommes
et Lui, la Parole vient de retentir sous les voûtes historiques de cette
cathédrale pour être la matière de notre sacrifice du soir, souligné par
l’offrande de l’encens qui rend visible notre louange à Dieu.
Providentiellement, les paroles du psalmiste décrivent l’émotion de notre
âme avec une justesse que nous n’aurions osé imaginer : «
Quelle joie quand on m’a dit : nous irons dans la
maison du Seigneur ! » (Ps 121, 1.)
Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi : la joie du psalmiste,
enclose dans les paroles mêmes du psaume, se répand dans nos cœurs et y
suscite un profond écho. Notre joie est bien d’aller dans la maison du
Seigneur, car, les Pères nous l’ont enseigné, cette maison n’est autre que
le symbole concret de la Jérusalem d’en haut, celle qui descend vers nous
(cf. Ap 21, 2) pour nous
offrir la plus belle des demeures. « Si nous y séjournons, écrit
saint Hilaire de Poitiers, nous sommes concitoyens des saints et membres de
la famille de Dieu, car c’est la maison de Dieu »
(traité sur le Psaume 121, 2). Et saint Augustin renchérit : «
Ce psaume aspire à la Jérusalem céleste… C’est un cantique des degrés, qui
ne sont pas faits pour descendre, mais pour monter… Dans notre exil, nous
soupirons, mais nous rencontrons parfois des compagnons qui ont vu la cité
sainte et qui nous invitent à y courir » (Enarratio
sur le Psaume 121, 2). Chers amis, au cours de ces vêpres , nous
rejoignons par la pensée et dans la prière les innombrables voix de ceux et
de celles qui ont chanté ce psaume, ici même, avant nous, depuis des siècles
et des siècles. Nous rejoignons ces pèlerins qui montaient vers Jérusalem et
vers les degrés de son Temple, nous rejoignons les
milliers d’hommes et de femmes qui ont compris que leur pèlerinage sur la
terre trouverait son terme au ciel, dans la Jérusalem éternelle, et
qui ont fait confiance au Christ pour les y mener.
Quelle joie, en effet, de nous savoir invisiblement entourés par une telle
foule de témoins !
Notre marche vers la cité sainte ne serait pas possible si elle ne se
faisait en Église, germe et préfiguration de la Jérusalem d’en haut. « Si
le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain »
(Ps 126, 1). Qui est ce Seigneur, sinon Notre
Seigneur Jésus Christ. C’est Lui qui a fondé son Église, qui l’a bâtie sur
le roc, sur la foi de l’Apôtre Pierre. Comme le dit encore saint Augustin, «
c’est Jésus Christ, Lui-même, Notre Seigneur, qui construit son temple.
Beaucoup se fatiguent à bâtir, mais si le Seigneur n’en construit un, c’est
en vain que travaillent ceux qui construisent »
(Traité sur le Psaume 126, 2). Or, chers amis, Augustin se pose
la question de savoir quels sont ces travailleurs ; et il répond lui-même :
« Ceux qui prêchent dans l’Église la parole de Dieu, qui administrent les
sacrements. Nous courons tous maintenant, nous travaillons tous, nous
édifions tous », mais c’est Dieu seul qui, en nous, « édifie, qui
avertit, qui ouvre l’intelligence, qui applique notre esprit aux vérités de
la foi » (ibid.). Quelle merveille revêt
notre action au service de la Parole divine ! Nous sommes les instruments de
l’Esprit ; Dieu a l’humilité de passer par nous pour répandre sa Parole.
Nous devenons sa voix, après avoir tendu l’oreille vers sa bouche. Nous
mettons sa Parole sur nos lèvres pour la donner au monde. L’offrande de
notre prière est agréé par Lui et Lui sert pour se communiquer à tous ceux
que nous rencontrons. En vérité, comme Paul le dit aux Éphésiens, « Il
nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ »
(1, 3), puisqu’il nous a choisis pour être ses
témoins jusqu’aux extrémités de la terre et qu’il nous a élus dès avant
notre conception, par un don mystérieux de sa grâce.
Le Verbe, Sa Parole, qui depuis toujours était auprès de Lui
(cf. Jn 1, 1), est né d’une Femme, est né sujet de la Loi, «
pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi et pour faire de nous des
fils » (Ga 4, 4-5). Dieu a pris chair dans
le sein d’une Femme, d’une Vierge. Votre cathédrale est une vivante hymne de
pierre et de lumière à la louange de cet acte unique de l’histoire de
l’humanité : la Parole éternelle de Dieu entrant dans l’histoire des hommes
à la plénitude des temps pour les racheter par l’offrande de lui-même dans
le sacrifice de la Croix. Nos liturgies de la terre,
tout entières ordonnées à la célébration de cet Acte unique de l’histoire,
ne parviendront jamais à en exprimer totalement l’infinie densité. La beauté
des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez
travaillée, puisque rien n’est trop beau pour Dieu, qui est la Beauté
infinie. (…) Nos liturgies de la terre ne
pourront jamais être qu’un pâle reflet de la liturgie céleste, qui se
célèbre dans la Jérusalem d’en haut, objet du terme de notre pèlerinage sur
terre. Puissent, pourtant, nos célébrations s’en approcher le plus possible
et la faire pressentir !
Dès maintenant, la Parole de Dieu nous est donnée pour être l’âme de notre
apostolat, l’âme de notre vie de prêtres. Chaque matin, la Parole nous
réveille. Chaque matin, le Seigneur Lui-même nous « ouvre l’oreille »
(Is 50, 5) par les psaumes de l’Office des
lectures et des Laudes. Tout au long de la journée, la Parole de Dieu
devient la matière de la prière de l’Église tout entière, qui veut ainsi
témoigner de sa fidélité au Christ. Selon la célèbre formule de saint
Jérôme, qui sera reprise au cours de la XIIe Assemblée du Synode des
Évêques, au mois d’octobre prochain : « Ignorer les
Écritures, c’est ignorer le Christ » (Prologue
du commentaire d’Isaïe). Chers frères prêtres, n’ayez pas peur de
consacrer beaucoup de temps à la lecture, à la méditation de l’Écriture et à
la prière de l’Office Divin ! Presque à votre insu la
Parole lue et méditée en Église agit sur vous et vous transforme.
Comme manifestation de la Sagesse de Dieu, si elle devient la « compagne
» de votre vie, elle sera votre « conseillère pour le bien », votre «
réconfort dans les soucis et dans la tristesse » (Sg
8, 9).
« La Parole de Dieu est vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à
deux tranchants », comme l’écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux »
(He 4, 12). À vous, chers
séminaristes, qui vous préparez à recevoir le sacrement de l’Ordre,
afin de participer à la triple charge d’enseigner, de gouverner et de
sanctifier, cette Parole est remise comme un bien précieux. Grâce à elle,
que vous méditez quotidiennement, vous entrez dans la vie même du Christ que
vous serez appelés à répandre autour de vous. Par sa parole, le Seigneur
Jésus a institué le Saint Sacrement de son Corps et de son Sang ; par sa
parole, il a guéri les malades, chassé les démons, pardonné les péchés ; par
sa parole, il a révélé aux hommes les mystères cachés du Royaume.
Vous êtes destinés à devenir dépositaires de cette Parole efficace, qui fait
ce qu’elle dit. Entretenez toujours en vous le goût de la Parole de
Dieu ! Apprenez, grâce à elle, à aimer tous ceux qui seront placés sur votre
route. Personne n’est de trop dans l’Église, personne ! Tout le monde peut
et doit y trouver sa place.
Et vous, chers diacres, qui êtes d’efficaces
collaborateurs des Évêques et des prêtres, continuez à aimer la Parole de
Dieu : vous proclamez l’Évangile au cœur de la célébration eucharistique ;
vous le commentez dans la catéchèse pour vos frères et vos sœurs : mettez-le
au centre de votre vie, de votre service du prochain, de votre diaconie tout
entière. Sans chercher à remplacer les prêtres, mais en les aidant avec
amitié et efficacité, soyez de vivants témoins de la puissance infinie de la
Parole divine !
À un titre particulier, les religieux, les religieuses
et toutes les personnes consacrées vivent de la Sagesse de Dieu, exprimée
par sa Parole. La profession des conseils évangéliques vous a configurés,
chers consacrés, à Celui qui, pour nous, s’est fait pauvre, obéissant et
chaste. Votre seule richesse – la seule, à dire vrai, qui franchira les
siècles et le rideau de la mort –, c’est bien la Parole du Seigneur. C’est
Lui qui a dit : « Le ciel et la terre passeront,
mes paroles ne passeront jamais » (Mt 24, 35).
Votre obéissance est, étymologiquement, une écoute, puisque le mot « obéir »
vient du latin obaudire, qui signifie tendre l’oreille vers quelque
chose ou quelqu’un. En obéissant, vous tournez votre âme vers Celui qui est
le Chemin, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14, 6)
et qui vous dit, comme Benoît l’enseignait à ses moines : « Écoute, mon
fils, les instructions du maître et prête l’oreille de ton cœur »
(Prologue de la Règle de saint Benoît). Enfin, vous vous laissez
purifier chaque jour par Celui qui nous a dit : « Tout sarment qui donne
du fruit, mon Père le nettoie, pour qu’il en donne davantage »
(Jn 15, 2). La pureté de la Parole divine est le
modèle de votre propre chasteté ; elle en garantit la fécondité spirituelle.
Avec une confiance indéfectible en la puissance de Dieu qui nous a sauvés «
en espérance » (cf. Rm 8, 24) et qui veut
faire de nous un seul troupeau sous la houlette d’un
seul pasteur, le Christ Jésus, je prie pour l’unité de l’Église. Je
salue à nouveau avec respect et affection les représentants des Églises
chrétiennes et des communautés ecclésiales, venus prier fraternellement les
Vêpres avec nous dans cette cathédrale. La puissance de la Parole de Dieu
est telle que nous pouvons tous lui être confiés, comme le fit jadis saint
Paul, notre intercesseur privilégié en cette année. Prenant congé à Milet
des anciens de la ville d’Éphèse, il n’hésitait pas à les confier « à
Dieu et à son message de grâce » (Ac 20, 32),
tout en les mettant en garde contre toute forme de division. C’est le sens
de cette unité de la Parole de Dieu, signe, gage et garante de l’unité de
l’Église, que je demande ardemment au Seigneur de faire grandir en nous :
pas d’amour dans l’Église sans amour de la Parole, pas d’Église sans unité
autour du Christ rédempteur, pas de fruits de la rédemption sans amour de
Dieu et du prochain, selon les deux commandements qui résument toute
l’Écriture sainte !
Chers frères et sœurs, en Notre Dame, nous avons le plus bel exemple de la
fidélité à la Parole divine. Cette fidélité fut telle qu’elle s’accomplit en
Incarnation : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi
selon ta parole ! » (Lc 1, 38), dit Marie avec
une confiance absolue. Notre prière du soir va reprendre le Magnificat de
Celle que toutes les générations diront bienheureuse, car elle a cru en
l’accomplissement des paroles qui lui avaient été dites de la part du
Seigneur (cf. Lc 1, 45) ; elle a espéré contre
toute espérance en la résurrection de son Fils ; elle a aimé l’humanité au
point de lui être donnée pour Mère (cf. Jn 19, 27).
Ainsi, « dans la Parole de Dieu, Marie est vraiment chez elle, elle en sort
et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la
Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de
la Parole de Dieu » (Deus
Caritas est, n. 41). Nous pouvons lui dire avec
sérénité : « Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire,
à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers son règne ! »
(Spe
Salvi, n. 50).
Amen.
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 12.09.2008 -
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