Homélie du pape Benoît XVI en
la fête de St Jean Chrysostome |
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Paris, le 13 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- C'est devant une immense foule très enthousiaste que le pape
Benoît XVI est arrivé ce matin sur l'Esplanade des Invalides à Paris.
Cet accueil très chaleureux nous rappelait celui réservé au pape Jean
Paul II. Voici le texte de l'homélie célébrée par le Saint-Père.
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Le podium devant les
Invalides
Homélie du pape Benoît XVI en la fête de St Jean Chrysostome
Le 13 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- C'est devant une immense foule très enthousiaste que le pape Benoît XVI
est arrivé ce matin sur l'Esplanade des Invalides à Paris. Voici le texte de
l'homélie célébrée par le Saint-Père en ce jour où l'Église célèbre la fête
de
St Jean Chrysostome, Docteur de l'Église, évêque de Constantinople.
Homélie du Saint-Père
Monsieur le Cardinal Vingt-Trois,
Messieurs les Cardinaux et Chers Frères dans l'Épiscopat,
Frères et soeurs dans le Christ,
Jésus-Christ nous rassemble en cet admirable lieu, au coeur de Paris, en ce
jour où l'Église universelle fête saint Jean Chrysostome, l'un de ses plus
grands Docteurs qui par son témoignage de vie et son enseignement, a montré
efficacement aux chrétiens la route à suivre. Je salue avec joie toutes les
Autorités qui m'ont accueilli en cette noble cité, tout spécialement le
Cardinal André Vingt-Trois, que je remercie pour ses aimables paroles. Je
salue aussi tous les Évêques, les Prêtres, les Diacres qui m'entourent pour
la célébration du sacrifice du Christ. Je remercie toutes les Personnalités,
en particulier Monsieur le Premier Ministre, qui ont tenu à être présentes
ici ce matin ; je les assure de ma prière fervente pour l'accomplissement de
leur haute mission au service de leurs concitoyens, déclare Benoît XVI.
La
première Lettre de saint Paul, adressée aux Corinthiens, nous fait
découvrir, en cette
Année Paulinienne
qui s'est ouverte le 28 juin dernier, à quel point les conseils donnés par
l'Apôtre restent d'actualité. « Fuyez le culte des idoles »
(1Co 10, 14),
écrit-il à une communauté très marquée par le paganisme et partagée entre
l'adhésion à la nouveauté de 'Évangile et l'observance de vieilles pratiques
héritées de ses ancêtres. Fuir les idoles, cela voulait dire alors, cesser
d'honorer les divinités de l'Olympe et de leur offrir des sacrifices
sanglants. Fuir les idoles, c'était se mettre à l'école des prophètes de
l'Ancien Testament qui dénonçaient la tendance humaine à se forger de
fausses représentations de Dieu. Comme le dit le Psaume 113 à propos des
statues des idoles, elles ne sont qu’ « or et argent, ouvrages de mains
humaines. Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas,
des oreilles et n'entendent pas, des narines et ne sentent pas »
(4-5). Hormis le
peuple d'Israël, qui avait reçu la révélation du Dieu unique, le monde
antique était asservi au culte des idoles. Très présentes à Corinthe, les
erreurs du paganisme devaient être dénoncées, car elles constituaient une
puissante aliénation et détournaient l'homme de sa véritable destinée. Elles
l'empêchaient de reconnaître que le Christ est le seul et le vrai Sauveur,
le seul qui indique à l'homme le chemin vers Dieu.
Cet appel à fuir les idoles reste pertinent aujourd'hui. Le monde
contemporain ne s'est-il pas créé ses propres idoles ? N'a-t-il pas imité,
peut-être à son insu, les païens de l'Antiquité, en détournant l'homme de sa
fin véritable, du bonheur de vivre éternellement avec Dieu ? C'est là une
question que tout homme, honnête avec lui-même, ne peut que se poser.
Qu'est-ce qui est important dans ma vie ? Qu'est-ce que je mets à la
première place ? Le mot « idole » vient du grec et signifie «
image
», « figure
», « représentation
», mais aussi «
spectre », «
fantôme », «
vaine apparence
». L'idole est un leurre, car elle détourne son
serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume des apparences.
Or n'est-ce pas une tentation propre à notre époque,
la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement
?
Tentation d'idolâtrer un passé qui n'existe plus, en
oubliant ses carences, tentation d'idolâtrer un avenir qui n'existe pas
encore, en croyant que, par ses seules forces, l'homme réalisera le bonheur
éternel sur la terre ! Saint Paul explique aux
Colossiens que la cupidité insatiable est une
idolâtrie
(Cf. 3,5)
et il rappelle à son disciple Timothée que
l'amour de l'argent est la racine de tous les maux.
Pour s'y être livrés, précise-t-il, «
certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des
tourments sans nombre »
(1 Tm6, 10).
L'argent, la soif de l'avoir, du pouvoir et même du
savoir n'ont-ils pas détourné l'homme de sa Fin véritable, de sa propre
Vérité ?
Chers frères et soeurs, la question que nous pose la liturgie de ce jour
trouve sa réponse dans cette même liturgie, que nous avons héritée de nos
Pères dans la foi, et notamment de saint Paul lui-même
(Cf. 1 Co 11, 23).
Dans son commentaire de ce texte, saint Jean Chrysostome fait remarquer que
saint Paul condamne sévèrement l'idolâtrie, qui est une « faute grave », un
« scandale », une véritable « peste »
(Homélie
24
sur la première Lettre aux Corinthiens, 1).
Immédiatement, il ajoute que cette condamnation radicale de l'idolâtrie
n'est en aucun cas une condamnation de la personne de l'idolâtre. Jamais,
dans nos jugements,
nous ne devons confondre le péché qui est
inacceptable, et le pécheur dont nous ne pouvons pas juger l’état de la
conscience et qui, de toute façon, est toujours susceptible de conversion et
de pardon. Saint Paul en appelle à la raison de
ses lecteurs : « Je vous parle comme à des gens réfléchis : jugez
vous-mêmes de ce que je dis »
(1 Co 10, 15).
Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice
de sa raison !
Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec
la foi
! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé
notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la
recevoir comme un don précieux. C'est le culte des idoles qui détourne
l'homme de cette perspective, et la raison elle-même peut se forger des
idoles. Demandons donc à Dieu qui nous voit et nous entend, de nous aider à
nous purifier de toutes nos idoles, pour accéder à la vérité de notre être,
pour accéder à la vérité de son être infini !
Mais comment parvenir à Dieu ? Comment parvenir à trouver ou retrouver Celui
que l'homme cherche au plus profond de lui-même, tout en l'oubliant si
souvent ? Saint Paul nous demande de faire usage non seulement de notre
raison, mais surtout de notre foi pour le découvrir. Or, que nous dit la foi
? Le pain que nous rompons est communion au Corps du Christ; la coupe
d'action de grâce que nous bénissons est communion au Sang du Christ.
Révélation extraordinaire, qui nous vient du Christ et qui nous est
transmise par les Apôtres et par toute l'Église depuis deux millénaires : le
Christ a institué le sacrement de l'Eucharistie au soir du Jeudi Saint. Il a
voulu que son sacrifice soit de nouveau présenté, de manière non sanglante,
chaque fois qu'un prêtre redit les paroles de la consécration sur le pain et
le vin. Des millions de fois, depuis deux mille ans, dans la plus humble des
chapelles comme dans la plus grandiose des basiliques ou des cathédrales, le
Seigneur ressuscité s'est donné à son peuple, devenant ainsi, selon la
formule de saint Augustin, « plus intime à nous-mêmes que nous mêmes
»
(cf.
Confessions III, 6. 11).
Frères et soeurs, entourons de la plus grande
vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très
Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Église et à toute
l'humanité.
Ne négligeons rien pour lui manifester notre respect et notre amour
!
Donnons-lui les plus grandes marques d'honneur
!
Par nos paroles, nos silences et nos gestes,
n'acceptons jamais de laisser s'affadir en nous et autour de nous la foi
dans le Christ ressuscité présent dans l'Eucharistie
! Comme le dit magnifiquement saint Jean Chrysostome
lui-même : « Passons en revue les ineffables bienfaits de Dieu et tous
les biens dont il nous fait jouir, lorsque nous lui offrons cette coupe,
lorsque nous communions, lui rendant grâce d'avoir délivré le genre humain
de l'erreur, d'avoir rapproché de lui ceux qui en étaient éloignés, d'avoir
fait, des désespérés, et des athées de ce monde, un peuple de frères, de
cohéritiers du Fils de Dieu »
(Homélie
24
sur la Première Lettre aux Corinthiens, 1).
En effet, poursuit-il, « ce qui est dans la coupe, c'est précisément ce
qui a coulé de son côté, et c'est à cela que nous participons »
(ibid.). Il n'y
a pas seulement participation et partage, il y a «
union
», dit-il.
La Messe est le sacrifice d'action de grâce par excellence, celui qui nous
permet d'unir notre propre action de grâce à celle du Sauveur, le Fils
éternel du Père. En elle-même, la Messe nous invite aussi à fuir les idoles,
car, saint Paul insiste, « vous ne pouvez pas en même temps prendre part
à la table du Seigneur et à celle des esprits mauvais »
(1 Co 10, 21).
La Messe nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu
et ce qui, en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal. Dans la Messe, nous
ne voulons appartenir qu'au Christ et nous reprenons avec gratitude le cri
du psalmiste : « Comment rendrai je au Seigneur tout le bien qu'Il m'a
fait ? »
(Ps 115, 12).
Oui, comment rendre grâce au Seigneur pour la vie qu'Il nous a donnée ? Là
encore, la réponse à la question du psalmiste se trouve dans le psaume
lui-même, car la Parole de Dieu répond miséricordieusement elle-même aux
questions qu'elle pose. Comment rendre grâce au Seigneur pour tout le bien
qu'il nous fait sinon en se conformant à ses propres paroles : «
J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur »
(Ps 115,13)
?
Élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur, n'est-ce pas
précisément le meilleur moyen de « fuir les idoles », comme nous le demande
saint Paul ? Chaque fois qu'une Messe est célébrée, chaque fois que le
Christ se rend sacramentellement présent dans son Église, c'est l’oeuvre de
notre salut qui s'accomplit. Célébrer l’Eucharistie signifie reconnaître que
Dieu seul est en mesure de nous offrir le bonheur en plénitude, de nous
enseigner les vraies valeurs, les valeurs éternelles qui ne connaîtront
jamais de couchant. Dieu est présent sur l'autel, mais il est aussi présent
sur l'autel de notre coeur lorsque, en communiant, nous le recevons dans le
Sacrement eucharistique. Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de
la pensée.
Or, chers frères et soeurs, qui peut élever la coupe du salut et invoquer le
nom du Seigneur au nom du peuple de Dieu tout entier, sinon le prêtre
ordonné dans ce but par l'Évêque ? Ici, chers fidèles de Paris et de la
région parisienne, mais aussi vous tous qui êtes venus de la France entière
et d'autres pays limitrophes,
permettez-moi de lancer un appel confiant en la foi et
en la générosité des jeunes qui se posent la question de la vocation
religieuse ou sacerdotale
:
n'ayez pas peur
!
N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ
! Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au coeur de l'Église !
Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde ! Chers jeunes ou
moins jeunes qui m'écoutez,
ne laissez pas l'appel du Christ sans réponse.
Saint Jean Chrysostome, dans son
Traité sur le sacerdoce,
a montré combien la réponse de l'homme pouvait être lente à venir, cependant
il est l'exemple vivant de l'action de Dieu au coeur d'une liberté humaine
qui se laisse façonner par sa grâce.
Enfin, si nous reprenons les Paroles que le Christ nous a laissées dans son
Évangile, nous verrons qu'Il nous a lui-même appris à fuir l'idolâtrie, en
nous invitant à bâtir notre maison « sur le roc »
(Lc 6, 48). Qui
est ce roc, sinon Lui-même ? Nos pensées, nos paroles et nos actions
n'acquièrent leur véritable dimension que si nous les référons au message de
l'Évangile. « Ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du coeur »
(Lc 6, 45).
Lorsque nous parlons, cherchons-nous le bien de notre interlocuteur ?
Lorsque nous pensons, cherchons-nous à mettre notre pensée en accord avec la
pensée de Dieu ?
Lorsque nous agissons, cherchons-nous à répandre l'Amour qui nous fait vivre
? Saint Jean Chrysostome dit encore : « maintenant, si nous participons
tous au même pain, et si tous nous devenons cette même substance, pourquoi
ne montrons-nous pas la même charité ? Pourquoi, pour la même raison,
ne devenons-nous pas un même tout unique ? … ô homme, c'est le Christ
qui est venu te chercher, toi qui étais si loin de lui, pour s'unir à toi ;
et toi, tu ne veux pas t'unir à ton frère ? »
(Homélie
24 sur la
Première Lettre aux Corinthiens, 2).
L'espérance demeurera toujours la plus forte ! L'Église, bâtie sur le roc du
Christ, possède les promesses de la vie éternelle, non parce que ses membres
seraient plus saints que tous les autres hommes, mais parce que le Christ a
fait cette promesse à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je
bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle.
»
(Mt 16, 18).
Dans cette espérance indéfectible de la présence éternelle de Dieu à chacune
de nos âmes, dans cette joie de savoir que le Christ est avec nous jusqu'à
la fin des temps, dans cette force que l'Esprit donne à tous ceux et à
toutes celles qui acceptent de se laisser saisir par lui, je vous confie,
chers chrétiens de Paris et de France, à l'action puissante et
miséricordieuse du Dieu d'amour qui est mort pour nous sur la Croix et
ressuscité victorieusement au matin de Pâques.
À tous les hommes de bonne volonté qui m'écoutent, je
redis comme saint Paul : Fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de
faire le bien
!
Que Dieu notre Père vous conduise à Lui et fasse briller sur vous la
splendeur de sa gloire ! Que le Fils unique de Dieu, notre Maître et notre
Frère, vous révèle la beauté de son visage de Ressuscité ! Que l'Esprit
Saint vous comble de ses dons et vous donne la joie de connaître la paix et
la lumière de la Très Sainte Trinité, maintenant et dans les siècles des
siècles !
Amen !
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Mgr Vingt Trois accueille Benoît XVI aux Invalides
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 13.09.2008 -
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