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Catéchèse de Benoît XVI - mercredi 07 novembre

 

Cité du Vatican, le 07 novembre 2007 - (E.S.M.) - Lors de l'Audience Générale de ce mercredi, le pape Benoît XVI a poursuivi son cycle de catéchèses sur les Pères Apostoliques, et s'est arrêté sur la figure de saint Jérôme.

Le pape Benoît XVI - Pour agrandir l'image Cliquer

Catéchèse de Benoît XVI - Saint Jérôme

Audience Générale du Saint Père

Chers frères et sœurs !

Nous porterons aujourd'hui notre attention sur saint Jérôme, un Père de l'Eglise qui a placé la Bible au centre de sa vie: il l'a traduite en langue latine, il l'a commentée dans ses œuvres, et il s'est surtout engagé à la vivre concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu'il avait reçu de la nature.

Jérôme naquit à Stridon vers 347 dans une famille chrétienne, qui lui assura une formation soignée, l'envoyant également à Rome pour perfectionner ses études. Dès sa jeunesse, il ressentit l'attrait de la vie dans le monde (cf. Ep 22, 7), mais en lui prévalurent le désir et l'intérêt pour la religion chrétienne. Après avoir reçu le Baptême vers 366, il s'orienta vers la vie ascétique et, s'étant rendu à Aquilée, il s'inséra dans un groupe de fervents chrétiens, qu'il définit comme un "chœur de bienheureux" (Chron. ad ann. 374) réuni autour de l'Evêque Valérien. Il partit ensuite pour l'Orient et vécut en ermite dans le désert de Calcide, au sud d'Alep (cf. Ep 14, 10), se consacrant sérieusement aux études. Il perfectionna sa connaissance du grec, commença l'étude de l'hébreu (cf. Ep 125, 12), transcrivit des codex et des œuvres patristiques (cf. Ep 5, 2). La méditation, la solitude, le contact avec la Parole de Dieu firent mûrir sa sensibilité chrétienne. Il sentit de manière plus aiguë le poids de ses expériences de jeunesse (cf. Ep 22, 7), et il ressentit vivement l'opposition entre la mentalité païenne et la vie chrétienne: une opposition rendue célèbre par la "vision" dramatique et vivante, dont il nous a laissé le récit. Dans celle-ci, il lui sembla être flagellé devant Dieu, car "cicéronien et non chrétien" (cf. Ep 22, 30).

En 382, il partit s'installer à Rome: là, le Pape Damase, connaissant sa réputation d'ascète et sa compétence d'érudit, l'engagea comme secrétaire et conseiller; il l'encouragea à entreprendre une nouvelle traduction latine des textes bibliques pour des raisons pastorales et culturelles. Quelques personnes de l'aristocratie romaine, en particulier des nobles dames comme Paola, Marcella, Asella, Lea et d'autres, souhaitant s'engager sur la voie de la perfection chrétienne et approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu, le choisirent comme guide spirituel et maître dans l'approche méthodique des textes sacrés. Ces nobles dames apprirent également le grec et l'hébreu.

Après la mort du Pape Damase, Jérôme quitta Rome en 385 et entreprit un pèlerinage, tout d'abord en Terre Sainte, témoin silencieux de la vie terrestre du Christ, puis en Egypte, terre d'élection de nombreux moines (cf. Contra Rufinum 3, 22; Ep 108, 6-14). En 386, il s'arrêta à Bethléem, où, grâce à la générosité de la noble dame Paola, furent construits un monastère masculin, un monastère féminin et un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, "pensant que Marie et Joseph n'avaient pas trouvé où faire halte" (Ep 108, 14). Il resta à Bethléem jusqu'à sa mort, en continuant à exercer une intense activité: il commenta la Parole de Dieu; défendit la foi, s'opposant avec vigueur à différentes hérésies; il exhorta les moines à la perfection; il enseigna la culture classique et chrétienne à de jeunes élèves; il accueillit avec une âme pastorale les pèlerins qui visitaient la Terre Sainte. Il s'éteignit dans sa cellule, près de la grotte de la Nativité, le 30 septembre 419/420.

Sa grande culture littéraire et sa vaste érudition permirent à Jérôme la révision et la traduction de nombreux textes bibliques: un travail précieux pour l'Eglise latine et pour la culture occidentale. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, il effectua la révision des quatre Evangiles en langue latine, puis du Psautier et d'une grande partie de l'Ancien Testament. En tenant compte de l'original hébreu et grec, des Septante et de la version grecque classique de l'Ancien Testament remontant à l'époque pré-chrétienne, et des précédentes versions latines, Jérôme, ensuite assisté par d'autres collaborateurs, put offrir une meilleure traduction: elle constitue ce qu'on appelle la "Vulgate", le texte "officiel" de l'Eglise latine, qui a été reconnu comme tel par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure le texte "officiel" de l'Eglise de langue latine. Il est intéressant de souligner les critères auxquels ce grand bibliste s'est tenu dans son œuvre de traducteur. Il le révèle lui-même quand il affirme respecter jusqu'à l'ordre des mots dans les Saintes Ecritures, car dans celles-ci, dit-il, "l'ordre des mots est aussi un mystère" (Ep 57, 5), c'est-à-dire une révélation. Il réaffirme en outre la nécessité d'avoir recours aux textes originaux: "S'il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l'original, c'est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l'Ancien Testament, s'il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l'hébreu; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux" (Ep 106, 2). En outre, Jérôme commenta également de nombreux textes bibliques. Il pensait que les commentaires devaient offrir de nombreuses opinions, "de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions - à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie" (Contra Rufinum 1, 16).

Il réfuta avec énergie et vigueur les hérétiques qui contestaient la tradition et la foi de l'Eglise. Il démontra également l'importance et la validité de la littérature chrétienne, devenue une véritable culture désormais digne d'être comparée avec la littérature classique: il le fit en composant le De viris illustribus, une œuvre dans laquelle Jérôme présente les biographies de plus d'une centaine d'auteurs chrétiens. Il écrivit également des biographies de moines, illustrant à côté d'autres itinéraires spirituels également l'idéal monastique; en outre, il traduisit diverses œuvres d'auteurs grecs. Enfin, dans le fameux Epistolario, un chef-d'œuvre de la littérature latine, Jérôme apparaît avec ses caractéristiques d'homme cultivé, d'ascète et de guide des âmes.

Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme? Je pense en particulier ceci: aimer la Parole de Dieu dans l'Ecriture Sainte. Saint Jérôme dit: "Ignorer les Ecritures, c'est ignorer le Christ". C'est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l'Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions: d'une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l'Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l'Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s'adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l'individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C'est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l'Eglise. Nous devons donc la lire en communion avec l'Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l'écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd'hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l'éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l'éternel, la vie éternelle.

Et ainsi, je conclus par une parole de saint Jérôme à saint Paulin de Nola. Dans celle-ci, le grand exégète exprime précisément cette réalité, c'est-à-dire que dans la Parole de Dieu, nous recevons l'éternité, la vie éternelle. Saint Jérôme dit: "Cherchons à apprendre sur la terre les vérités dont la consistance persistera également au ciel" (Ep 53, 10).

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins de la diaconie du Var et les jeunes. À la suite de saint Jérôme, je vous invite à lire et à méditer la Parole de Dieu, qui nous est donnée dans la Bible. Faites-en tous les jours votre nourriture spirituelle ! Que Dieu vous bénisse et vous garde dans l’espérance !

© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana

Lire la deuxième catéchèse sur Saint Jérôme Catéchèse du Saint-Père, mercredi 14 novembre

Synthèse de la catéchèse du saint Père Benoît XVI évoque Saint Jérôme
Le Saint Père s'adresse aux pèlerins francophones Benoît XVI nous conseille la Bible comme nourriture spirituelle
Texte intégral original du discours du Saint Père UDIENZA GENERALE

Biographie

Je suis à la fois, disait Jérôme, philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien, expert en hébreu, grec et latin ; il fut aussi un polémiste redoutable, parfois injuste, tel ce jour où il invectiva saint Augustin, son cadet d’à peine cinq ans : Écoute mon conseil, jeune homme : ne viens pas, dans l'arène des Écritures, provoquer un vieillard ! Tu troubles mon silence. Tu fais la roue avec ta science.

« Hierônumos en grec (celui dont le nom est sacré) ; Hieronymus, en latin, fils d'Eusèbe, je naquis à Stridon, ville maintenant détruite par les Goths, mais qui se situait alors sur les confins de la Dalmatie et de la Pannonie (Hongrie) », écrit-il, en 392, à la dernière page du De viris illustribus, ajoutant : « Je suis né chrétien, de parents chrétiens. Dès le berceau, je fus nourri du lait catholique. » Il dit encore de lui-même : « Je suis à la fois philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien, expert en hébreu, grec et latin. »

Enfant unique pendant treize ans, Jérôme fut terriblement gâté par les siens jusqu’à ce que naquissent sa sœur et son frère. Il étudia à Milan, puis à Rome où il suivit les cours du célèbre grammairien Aelius Donatus. Élève doué mais difficile et facétieux, Jérôme respira les parfums de cette ville puissante, maîtresse du monde, alors gouvernée par Julien l'Apostat. Admirateur de Cicéron, il déclamait les grands plaidoyers les exordes sonores qui lui servirent lors d’un stage auprès des tribunaux. Il se lia avec Bonose et Rufin, deux compagnons d'étude. Avec soin et à grands frais, il acquit des livres et, peut-être, goûta-t-il de furtifs amours au milieu des danses des jeunes filles romaines.

Cependant, confia-t-il dans son commentaire d’Ezéchiel (XI 5) « Quand j’étais à Rome, jeune étudiant ès arts libéraux, j’avais accoutumé, le dimanche, avec d’autres de même âge et de même résolution, de visiter les tombeaux des apôtres et des martyrs. Souvent nous entrions dans ces cryptes creusées dans les profondeurs de la terre où l’on avance entre des morts ensevelis à droite et à gauche le long des parois. Tout est si obscur que la parole du Prophète est presque réalisée : qu’ils descendent vivants dans les enfers ! Ici et là, une clarté venue d’en haut tempère l’horreur des ténèbres : moins une fenêtre qu’un trou foré, croirait-on, par la clarté qui tombe. Puis, pas à pas, on revient, et dans la nuit noire qui vous entoure, le vers de Virgile est obsédant : Tout suscite l’horreur et le silence même. » Il reçut le baptême, en 366, sans doute des mains du pape Libère.

Jérôme, hébergé par son ami Bonose, séjourna d'abord à Trèves, résidence impériale de Valentinien I°, où il approfondit la théologie ; en 373, il était à Aquilée, centre économique et littéraire, où, avec Rufin et Bonose, il fonda une académie sous l'égide de l'évêque Chromatius ; « les clercs d’Aquilée forment comme un chœur de bienheureux », dira-t-il dans la Chronique.

Quand, pour d’obscures raisons, le groupe se disloqua, Jérôme partit à Antioche de Syrie où, un jour du carême 375, il tomba si gravement malade qu'on le crut aux portes de la mort. Ce lui fut une expérience mystique : « En esprit, je m'imaginai transporté devant le tribunal du Souverain Juge. Voici la confrontation. Interrogé sur ma conduite, je déclare : Je suis chrétien. - Tu mens, me réplique le Juge suprême : Tu es cicéronien, non pas chrétien ; là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. Je m'exclame alors : Seigneur, si jamais je retiens les livres du siècle, c'est que je t'aurai renié. » (Epître XX 30). Rétabli mais sans cesse taraudé par fautes passées, il se retira dans la solitude de Chalcis, au sud de Beroea (Alep) ; il s’imposait une rude ascèse mais, en même temps, il s’adonnait à l’étude du grec et de l'hébreu. « Combien de fois, installé au désert, en cette vaste solitude torréfiée d'un ardent soleil, affreux habitat offert aux moines, je me suis cru mêlé aux plaisirs de Rome ! ... Les jeûnes avaient pâli mon visage, mais les désirs enflammaient mon esprit, le corps restant glacé. Devant ce pauvre homme déjà moins chair vivante que cadavre, grondaient seulement les incendies de la volupté. » (Lettre CCXXVII, à Eustochium)

Dans sa solitude, les âpres controverses sur la Trinité, ne manquèrent pas de lui parvenir ; il écrivit par deux fois au pape Damase, sans recevoir la moindre réponse. Pour accepter d’être ordonné prêtre par Paulin d'Antioche, en 378, Jérôme, soucieux de son indépendance, avait posé deux conditions aussi singulières que paradoxales : ne pas être astreint aux fonctions ministérielles pastorales et demeurer libre de ses mouvements. Cependant, se jugeant indigne de monter à l'autel, il ne célébra jamais la messe.

En 379, il partit auprès de saint Grégoire de Nazianze [+ (2)] qui réorganisait l’Église de Constantinople. Jérôme traduisit et compléta la Chronique d'Eusèbe de Césarée et les Homélies d'Origène [+ (2)]. Epiphane de Salamine et Paulin d’Antioche, convoqués à Rome pour un concile sur les affaires d'Orient, emmenèrent Jérôme qu’ils présentèrent au Pape (382). Le pape Damase vit tout le parti qu’il pouvait tirer de ce moine érudit, en provenance de Constantinople qui venait de lui dédier une traduction des Deux homélies d'Origène sur le Cantique ; il l’engagea comme conseiller pour les affaires d'Orient et consulteur biblique : Révisez donc le texte peu satisfaisant des Évangiles, lui demanda-t-il : Je m'y appliquerai d'après les sources complémentaires : manuscrits grecs et textes en hébreu. Ce fut fait, avec une correction complète du Psautier.

Connaissez-vous Jérôme, demandait-on à Rome, ce stupéfiant érudit ? Savez-vous qu'il donne des conférences très doctes et fort suivies ? - En quel lieu je vous prie ? - Mais sur l'Aventin, au palais de la veuve Marcella et de la noble Albine, sa mère. Bientôt, les dames de la société dont Paula et ses deux filles, Eustochium et Blésilia, coururent se faire conseiller par le savant personnage, rassembleur de matrones qui ne manqua pas de se faire de solides ennemis parmi les jaloux qui, à la mort de Damase (11 décembre 384) dénoncèrent ce moine, coqueluche des dames ; ulcéré, Jérôme qui proclamait que la virginité consacrée doit rester reine, rugit contre Helvidius qui prétendait que tous les états de vie se valent. Sois la cigale des nuits ! Veille comme le passereau, sur un toit désert... Ne faut-il pas pleurer et gémir, quand le serpent nous présente encore le fruit défendu ? Que me veux-tu, volupté qui passe si vite ? ... Je t'en conjure, ma chère Eustochium, ma fille, ma souveraine, ma compagne, ma soeur. Je t'appelle de ces noms puisque mon âge, ta vertu, notre profession, me le permettent. Laisse, au-dehors, errer les vierges folles (S. Matthieu XXV 8-13). Reste au dedans. Ferme la porte et prie (Epître XXII 18 : Voeux à Eustochium, vierge fidèle).

Au mois d’août 385, calomnié et persécuté, à bout de patience, il secoua sur l'ingrate Rome la poussière de ses sandales (Matthieu VI 11) : D'après eux, je serais donc : fourbe, séducteur, suppôt de Satan. Il en est qui me baisent les mains et, d'autre part, me déchirent d'une langue de vipère. Ils affectent de me plaindre mais, au tréfonds, ils se réjouissent de mon malheur, l'un calomnie ma démarche et mon rire ; l'autre soupçonne ma simplicité. Et je vécus près de trois ans avec ces Romains ! C'est à la hâte que je vous confie ces souffrances. Je m'embarque aujourd'hui, triste et les yeux gonflés de larmes (Epître XLV à Asella).

Parti vers la Palestine avec une dizaine de dames romaines, il logea chez Epiphane de Salamine, à Chypre, où Paula et Eustochium vinrent le rejoindre avant qu’il partît pour l’Egypte. En Alexandrie, il consulta Didyme l'aveugle, voyant spirituel, exégète subtil et vulgarisateur génial (Lettre CXII 4). Les pèlerins enthousiasmèrent et édifièrent les monastères de Nitrie, puis ils entrèrent en Terre-Sainte. Notre chère Paula y fit visite de la crèche du Sauveur. Quand elle vit la sainte retraite de la Vierge et l'étable, elle protesta en ma présence qu'elle voyait, comme si elle les eût sous les yeux : l'Enfant enveloppé de langes, le Seigneur vagissant dans l'étable, les mages l'adorant, l'étoile brillant sur la crèche, la Vierge devenue mère, Joseph lui prodiguant ses soins, les pasteurs veillant de nuit, pour contempler la vérité du Verbe (Epître CVIII 6, 14 : éloge funèbre de Paula).

Depuis 377, après avoir séjourné six ans en Égypte, près de Didyme l’aveugle, Tyrannius Rufin d'Aquilée, l’ami de Jérôme, ordonné prêtre par l’évêque Jean, s’était établi à Jérusalem comme conseiller spirituel de Mélanie l'ancienne, noble dame romaine, avec qui, sur le Mont des Oliviers, il animait un monastère double (moines d'un côté et moniales de l'autre) ; en 386, Jérôme et Paula imitèrent son exemple à Bethléem : Jérôme priait, se mortifiait, étudiait, travaillait manuellement, faisait la direction spirituelle de ses moniales : Cette solitude m'est un vrai paradis !

Dès 389, il a révisé la version latine de l'Ancien Testament, selon les Hexaples d'Origène (du grec Hexaplos, sextuple : texte en hébreu, même version en lettres grecques, quatre versions grecques différentes). Vint ensuite un seconde révision du Psautier pour le rendre plus conforme à la Septante (version grecque établie, entre 250 et 130 avant J. C. , par 70 rabins d'Alexandrie), puis le Livre de Job, les Paralipomènes et les livres salomoniens.

En même temps, sous la conduite du juif Baranina, Jérôme se remit à l'étude systématique de l'hébreu et entreprit une nouvelle relecture annotée de l'Ancien Testament, recherchant à en rendre le mot, la pensée et le style, mais se heurtant à la pauvreté du latin, soit pour sauvegarder l'hebraïca veritas, soit pour rendre la nuance grecque. Pour ma part, non seulement je confesse mais encore je professe, sans gêne et tout haut : quand je traduis les Grecs - sauf dans les Saintes Écritures où l'ordre des mots est aussi un mystère - ce n'est pas un mot par un mot mais une idée par une idée que j'exprime. (Lettre LVII 5, adressée à Pammachius).

Origène (+ 254), fut un puissant génie dont l'œuvre gigantesque fut amplement exploitée par les Pères cappadociens et latins : saint Athanase l’opposa aux ariens, saint Grégoire de Nazianze [+ (2)]  y puisa sa mystique, saint Hilaire de Poitiers s’en imprégna, saint Ambroise le plagia, et saint Augustin s'en pénétra ; saint Jérôme lui-même se déclara tributaire d’Origène le Grand, après que saint Grégoire de Naziance le réputa la pierre qui nous aiguise tous, et que Didyme l’aveugle l’appela le maître des églises après l’apôtre. Il n’en reste pas moins que la doctrine origéniste, conservée par Evagre le Pontique et professée par des moines égyptiens et palestiniens est hétérodoxe [1].

Au début de 393, le moine Artabius visitant les monastères, présenta un formulaire accablant contre Origène qui erra, sur les questions dogmatiques : trinité, incarnation, résurrection, jugement dernier. Jérôme signa la condamnation que Rufin refusa. A Pâque, Epiphane de Salamine, en pèlerinage à Jérusalem, accusa l'évêque Jean d'origénisme. L'opinion publique s'agita, des bagarres éclatèrent dans la basilique du Saint-Sépulcre entre moines de clans opposés. Soutenu par Rufin Jean durcit sa position, tandis qu’Epiphane se retirait à Bethléem, dans un monastère hiéronymite. Pour conjurer le schisme, le subtil Théophile, patriarche d'Alexandrie, força Rufin et Jérôme à la réconciliation, mais, en réalité, tous deux campaient sur leurs positions.

Retourné à Rome, Rufin publia une traduction des Principes d'Origène, en biffant les passages qu'il jugeait contraires à la foi chrétienne, réputés simples interpolations faites par des mains étrangères. Il écrivit à Jérôme : Jadis admiratif d'un génie, premier mainteneur de l'Église après les apôtres, tu le pourfends aujourd'hui ! Indigne volte-face ! A quoi Jérôme répliqua : J'ai loué sa doctrine et son intelligence, non pas sa foi : j'approuve le philosophe et je désapprouve l'apôtre. Rufin adressa sa première Apologie au pape Anastase (400) et, cinq ans plus tard, il rédigea la deuxième pour répondre aux objections de Jérôme. Rufin poursuivit ses travaux jusqu'à sa mort (410), laissant vociférer le lion de Bethléem qui le qualifiait de scorpion, hydre, serpent, porc aux grognements indécents. La question dogmatique ne sera close qu'en 553, au II° concile de Constantinople.

Voilà qu’un dangereux exalté, le moine Pélage (360-422), venu de Grande-Bretagne, s’établit successivement à Rome, en Afrique et en Palestine. C’était un disciple d'Origène qui commentait les épîtres de saint Paul selon une exégèse fallacieuse dont on pouvait conclure que le péché originel ne serait qu'un mythe, puisque, même avant sa faute, Adam aurait été créé mortel et déjà sujet à la concupiscence ; donc, après la chute, parce que le vouloir et le faire de l'homme serait demeurés intacts, le baptême n’effacerait que les péchés actuels et ce serait une simple d'entrée dans l'Église.

Dans les Dialogues contre les pélagiens, Jérôme réfuta ces propositions hérétiques et accentua ses critiques dans la Lettre à Ctésiphon. Il félicitera saint Augustin de ses pamphlets antipélagiens. Les hérétiques réagirent vivement, surtout Julien d'Eclane, réfugié en Orient, et la lutte fut si féroce que certains commentateurs attribuèrent aux troupes pélagiennes une expédition punitive contre les monastères hiéronymiens (416) où l’on tua un diacre et incendia les bâtiments ; assiégé dans une tour fortifiée, Jérôme échappa de justesse : Notre maison, par rapport aux ressources matérielles, fut complètement ruinée par les persécutions des hérétiques. Toutefois, le Christ est avec nous. La demeure reste donc remplie de richesses spirituelles. Mieux vaut mendier son pain que de perdre la foi (Conclusion de l'épîtreCXXIV).

Pendant quinze ans, de rudes coups accablèrent le vieil exégète acharné à son travail, mais taraudé par des maux d'estomac. Paula mourut le 26 janvier 404 : Adieu, Paula. Par tes prières, tu soutenais la vieillesse défaillante d'un homme qui tant te vénéra. Maintenant que ta foi et tes oeuvres t'unissent au Christ, tu intercèderas plus facilement pour lui. En 410, quand le wisigoth Alaric envahit l'Italie et pilla Rome. le vieux patriote vit, dans ce crépuscule des aigles, l'écroulement d'un monde : Elle s'est donc éteinte, la lumière la plus brillante de tous les continents. Plus précisément, l'empire vient d'avoir la tête tranchée. Pour dire l'entière vérité : en une ville, c'est l'univers entier qui périt (Prologue au commentaire sur Ezéchiel ", XXV 16 a). A la fin de l'année 418, la deuxième fille de Paula, Eustochium, meurt subitement : Cette mort soudaine me laisse désemparé. Elle a changé ma vie. Effectivement, à partir de là, et pendant deux ans, Jérôme, d'ordinaire si loquace, se tait. Nous ne savons rien des derniers jours de Jérôme qui mourut en 419 ou en 420, âgé, dit la Chronique de Prosper, de quatre-vingt-onze ans.

[1] La création est conçue comme un acte éternel. La toute puissance et la bonté de Dieu ne peuvent jamais rester sans objet d’activité. Dans une émanation éternelle, le Fils procède de Dieu et du Fils procède le Saint-Esprit. Un monde d’esprits également parfaits a précédé le monde visible actuel, mais a fait défection une partie de ces esprits à qui appartenaient aussi les âmes préexistantes, et c’est pourquoi ces esprits ont été exilés dans la matière créée seulement alors. Les différences entre les hommes sur la terre et la mesure des grâces que Dieu donne à chacun, se règlent sur leur culpabilité dans un monde antérieur. Les âmes de ceux qui ont commis des péchés sur la terre, vont après la mort dans un feu de purification, mais peu à peu toutes, aussi les démons, montent de degré en degré pour, finalement, entièrement purifiées, ressus­citer dans des corps éthérés, et Dieu sera tout en tous.

Repères :
Oeuvres de St Jérôme (Abbaye Saint Benoît de Port-Valais) : SAINT JÉRÔME
Oeuvres complètes de Saint Jérôme : livres
La fragilité et la vanité des créatures : TRAITES DE MORALE
Télécharger les lettres de saint Jérôme :
C'est ici
 

Sources: www.vatican.va - E.S.M.

© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 07.11.2007 - BENOÎT XVI

 

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