Benoît XVI donne une "leçon magistrale"
sur l'exégèse |
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ROME, le 25 avril 2007 -
(E.S.M.)
- Lors de l'Audience Générale de ce mercredi, le Pape Benoît XVI s'est arrêté sur la figure d'Origène.
"Prions le Seigneur de nous donner aujourd'hui des penseurs,
théologiens, exégètes qui trouvent cette dimension, cette actualité
permanente de la Sainte Écriture, sa nouveauté pour aujourd'hui" a
conclu le Saint Père.
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Le pape Benoît XVI -
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Le pape Benoît XVI donne une "leçon magistrale" sur l'exégèse
Audience Générale du Saint Père
L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30 Place Saint
Pierre où le Saint Père Benoît XVI a rencontré des groupes de pèlerins et de
fidèles provenant d'Italie et de chaque partie du monde.
Dans le discours en langue italienne, le Pape, en continuant le cycle de catéchèses sur les Pères Apostoliques, s'est arrêté sur la figure d'Origène.
Après avoir repris ses catéchèses en différentes langues, Benoît XVI a
adressé des salutations aux groupes de fidèles
présents.
En présentant pendant la catéchèse de l'Audience Générale de ce matin la
figure et l'oeuvre d'Origène d'Alexandrie, le Pape Benoît XVI a expliqué
comment le chrétien doit lire, interpréter et méditer les Écritures Saintes,
en soulignant que "dans la la lecture priante de l'Écriture et dans
l'engagement cohérent de la vie, l'Église se rajeunit toujours, elle
est toujours nouvelle".
Texte intégral de la catéchèse du pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Dans nos méditations sur les grandes personnalités de l'Eglise antique, nous
faisons aujourd'hui connaissance de l'une des plus importantes. Origène
d'Alexandrie est réellement l'une des personnalités déterminantes pour tout
le développement de la pensée chrétienne. Il recueille l'héritage de Clément
d'Alexandrie, sur lequel nous avons médité mercredi dernier, et le relance
vers l'avenir de manière tellement innovatrice, qu'il imprime un tournant
irréversible au développement de la pensée chrétienne. Ce fut un véritable «
maître », et c'est ainsi que ses élèves se souvenaient de lui avec nostalgie
et émotion : non seulement un théologien brillant, mais un témoin exemplaire
de la doctrine qu'il transmettait : « Il enseigna », écrit Eusèbe de
Césarée, son biographe enthousiaste, « que la conduite doit correspondre
exactement à la parole, et ce fut surtout pour cela que, aidé par la grâce
de Dieu, il poussa un grand nombre de personnes à l'imiter »
(Hist. Eccl. 6, 3, 7).
Toute sa vie fut parcourue par une aspiration incessante au martyre. Il
avait dix-sept ans lorsque, en la dixième année du règne de l'empereur
Septime Sévère, la persécution contre les chrétiens fut lancée à Alexandrie.
Clément, son Maître, abandonna la ville, et le père d'Origène, Léonide, fut
jeté en prison. Son fils désirait ardemment le martyre, mais il ne put
réaliser ce désir. Il écrivit alors à son père, l'exhortant à ne pas
abandonner le témoignage suprême de la foi. Et lorsque Léonide fut décapité,
le petit Origène sentit qu'il devait accueillir l'exemple de sa vie.
Quarante ans plus tard, alors qu'il prêchait à Césarée, il fit cette
confession : « A rien ne me sert d'avoir eu un père martyre, si je n'observe
pas une bonne conduite et ne fais pas honneur à la noblesse de ma famille,
c'est-à-dire au martyre de mon père et au témoignage qui l'a rendu illustre
dans le Christ » (Hom. Ez. 4, 8).
Dans une homélie successive - lorsque grâce à l'extrême tolérance de
l'empereur Philippe l'Arabe, l'éventualité d'un témoignage sanglant semblait
s'être évanouie - Origène s'exclama : « Si Dieu m'accordait d'être lavé dans
mon sang, recevant ainsi le second baptême après avoir accepté la mort pour
le Christ, je m'éloignerais certainement de ce monde. Mais ceux qui méritent
ces choses sont bienheureux » (Hom. Iud.
7, 12). Ces expressions révèlent toute la nostalgie d'Origène
pour le baptême du sang. Et finalement, cette aspiration irrépressible fut,
tout au moins en partie, exaucée. En 250, au cours de la persécution de
Dèce, Origène fut arrêté et cruellement torturé. Affaibli par les
souffrances endurées, il mourut quelques années plus tard. Il n'avait pas
encore soixante dix ans.
Nous avons mentionné ce « tournant irréversible » qu'Origène imprima à
l'histoire de la théologie et de la pensée chrétienne. Mais en quoi consiste
ce « tournant », cette nouveauté si riche de conséquences ? Il correspond
substantiellement à la fondation de la théologie dans l'explication des
Ecritures. Faire de la théologie était pour lui essentiellement expliquer,
comprendre l'Ecriture ; ou nous pourrions également dire que sa théologie
est la parfaite symbiose entre théologie et exégèse. En vérité, la marque
caractéristique de la doctrine d'Origène semble précisément résider dans
l'invitation incessante à passer de la lettre à l'esprit des Ecritures, pour
progresser dans la connaissance de Dieu. Et ce que l'on appelle l'«
allégorisme », a écrit Urs von Balthasar, coïncide précisément avec le
développement du dogme chrétien réalisé par l'enseignement des docteurs de
l'Eglise », qui - d'une façon ou d'une autre - ont accueilli la « leçon »
d'Origène. Ainsi, la tradition et le magistère, fondement et garantie de la
recherche théologique, parviennent à se configurer comme une « Ecriture en
acte » (cf. Origène : le monde, le Christ
et l'Eglise, tr. it., Milan 1972, p. 43). Nous pouvons donc
affirmer que le noyau central de l'immense œuvre littéraire d'Origène
consiste dans sa « triple lecture » de la Bible. Mais avant d'illustrer
cette « lecture », il convient de jeter un regard d'ensemble sur la
production littéraire de l'Alexandrin. Saint Jérôme, dans son Epistola 33,
dresse la liste des titres de 320 livres et de 310 homélies d'Origène.
Malheureusement, la majeure partie de cette œuvre a été perdue, mais le peu
qu'il en reste fait de lui l'auteur le plus fécond des trois premiers
siècles chrétiens. Son domaine d'intérêt s'étend de l'exégèse au dogme, à la
philosophie, à l'apologétique, à l'ascétique et à la mystique. C'est une
vision fondamentale et globale de la vie chrétienne.
La source inspiratrice de cette œuvre est, comme nous l'avons dit, la «
triple lecture » de l'Ecriture développée par Origène au cours de sa vie.
Par cette expression, nous entendons faire allusion aux trois modalités les
plus importantes - qui ne se suivent pas l’une l’autre, mais en réalité le
plus souvent se superposent - avec lesquelles Origène s'est consacré à
l'étude des Ecritures. Il lut tout d'abord la Bible avec l'intention d'en
vérifier le mieux possible le texte et d'en offrir l'édition la plus fiable.
Cela, par exemple, est le premier pas : connaître réellement ce qui est
écrit et connaître ce que cette Ecriture voulait intentionnellement et
initialement dire. Il a mené une étude importante dans ce but et a rédigé
une édition de la Bible avec six colonnes parallèles, de gauche à droite,
avec le texte hébreu en caractères hébreux - il a également eu des contacts
avec les rabbins pour bien comprendre le texte original de la Bible -, puis
le texte hébreu translittéré en caractères grecs, et puis quatre traductions
différentes en langue grecque, qui lui permettaient de comparer les
différentes possibilités de traduction. D'où le titre d'Esapla (six
colonnes) attribué à cette immense synopse. C'est le premier point :
connaître exactement ce qui est écrit, le texte comme tel. Dans un deuxième
temps, Origène lut systématiquement la Bible en l'accompagnant de ses
célèbres Commentaires. Ils reproduisent fidèlement les explications que le
maître offrait pendant ses leçons à l'école, à Alexandrie comme à Césarée.
Origène procède presque verset par verset, de manière minutieuse, ample et
approfondie, avec des notes à caractère philologique et doctrinal. Il
travaille avec une grande exactitude, pour bien comprendre ce que voulaient
dire les auteurs saints.
Enfin, même avant son ordination sacerdotale, Origène se consacra
intensément à la prédication de la Bible, s'adaptant à un public très
divers. Dans tous les cas, dans ses Homélies également, c'est le maître que
l'on retrouve, qui se consacre entièrement à l'interprétation systématique
de l'épisode étudié, progressivement divisé selon les versets successifs.
Dans les Homélies également, Origène saisit toutes les occasions pour
rappeler les diverses dimensions du sens de l'Ecriture Sainte, qui aident ou
expriment un chemin dans la croissance de la foi : il y a le sens « littéral
», mais celui-ci cache des profondeurs qui n'apparaissent pas dans un
premier temps ; la deuxième dimension est le sens « morale » : que
devons-nous faire en vivant la Parole ; et enfin le sens « spirituel »,
c'est-à-dire l'unité de l'Ecriture, qui dans tout son développement parle du
Christ. C'est l'Esprit Saint qui nous fait comprendre le contenu
christologique et ainsi l'unité de l'Ecriture dans sa diversité. Il serait
intéressant de montrer cela. J'ai un peu tenté, dans mon Livre « Jésus de
Nazareth », de montrer dans la situation d'aujourd'hui ces multiples
dimensions de la parole, de l'Ecriture Sainte, qui doit avant tout être
respectée, précisément au niveau du sens historique. Mais ce sens nous
transcende vers le Christ, dans la lumière de l'Esprit Saint, et nous montre
la voie, comment vivre. On en trouve, par exemple, la mention dans la
neuvième Homélie sur les Nombres, où Origène compare l'Ecriture aux noix : «
Ainsi est la doctrine de la Loi et des Prophètes à l'école du Christ »,
affirme l'auteur de l'homélie ; « amère est la lettre, qui est comme
l'écorce ; en deuxième lieu, tu parviendras à la coquille, qui est la
doctrine morale ; en troisième lieu, tu trouveras le sens des mystères, dont
se nourrissent les âmes des saints dans la vie présente et future »
(Hom. Nom. 9, 7).
C'est en particulier par cette voie qu'Origène parvient à promouvoir de
manière efficace la « lecture chrétienne » de l'Ancien Testament, en
réfutant de manière brillante le défi des hérétiques - surtout gnostiques et
marcionites - qui opposaient les deux Testaments entre eux, jusqu'à rejeter
l'Ancien. A ce propos, dans la même Homélie sur les Nombres, l'Alexandrin
affirme : « Je n'appelle pas la Loi un “Ancien Testament”, si je la
comprends dans l'Esprit. La Loi ne devient un “Ancien Testament” que pour
ceux qui veulent la comprendre charnellement », c'est-à-dire en s'arrêtant à
la lettre du texte. Mais « pour nous, qui la comprenons et l'appliquons dans
l'Esprit et dans le sens de l'Evangile, la Loi est toujours nouvelle, et les
deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non pas en raison de la
date temporelle, mais de la nouveauté du sens... En revanche, pour le
pécheur et pour ceux qui ne respectent pas le pacte de la charité, les
Evangiles eux aussi vieillissent » (Hom.
Nom. 9, 4).
Je vous invite - et je conclus ainsi - à accueillir dans votre cœur
l'enseignement de ce grand maître de la foi. Il nous rappelle avec un
profond enthousiasme que, dans la lecture priante de l'Ecriture et dans
l'engagement cohérent de la vie, l'Eglise se renouvelle et rajeunit
toujours. La Parole de Dieu, qui ne vieillit jamais et ne s'épuise jamais,
est le moyen privilégié pour y arriver. C'est en effet la Parole de Dieu
qui, par l'œuvre de l'Esprit Saint, nous guide toujours à nouveau à la
vérité tout entière (cf. Benoît XVI, Aux participants au Congrès
international pour le XLe anniversaire de la Constitution dogmatique «Dei
Verbum», in: Insegnamenti, vol. I, 2005, pp. 552-553) et prions le Seigneur
pour qu'il nous donne aujourd'hui des penseurs, des théologiens, des
exégètes qui trouvent cette dimension multiple, cette actualité permanente
de l'Ecriture Sainte, sa nouveauté pour notre époque. Prions afin que le
Seigneur nous aide à lire de façon orante l'Ecriture Sainte, à nous nourrir
réellement du vrai Pain de la vie, de sa Parole.
Texte original des paroles du pape Benoît XVI
► Italien
Autres synthèses:
►
Benoît XVI nous a invités à accueillir
l'enseignement de ce grand maître de la foi
►
Benoît XVI nous demande de prier pour de
nouvelles vocations
►
Benoît XVI nous parle d'Origène, Maître de la
pensée chrétienne
►
Benoît XVI évoque Saint Marc, patron de la
ville de Venise
►
Benoît XVI appelle à un plus grand sens des
responsabilités sur la route
Sources: ZF -
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.04.2007 - BENOÎT XVI |