Catéchèse du Saint-Père, mercredi 14
novembre |
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Cité du Vatican, le 14 novembre 2007 -
(E.S.M.)
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L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30 Place Saint Pierre où
le Saint-Père a poursuivi sa catéchèse commencée la semaine
dernière, sur
Saint Jérôme.
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Le pape Benoît XVI -
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Catéchèse du Saint-Père, mercredi 14 novembre
Saint Jérôme IIè partie
L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30 Place Saint Pierre où le Saint
Père a continué le cycle de catéchèses sur les Pères Apostoliques, s'est arrêtée
une deuxième fois sur la figure de
Saint Jérôme.
Le Pape a souligné que pour l'auteur de la 'Vulgate' « un critère
méthodologique fondamental pour l'interprétation des Écritures, était la
syntonie avec le Corps enseignant de l'Église ».
Catéchèse du Saint Père Benoît XVI
Chers frères et sœurs !
Nous poursuivons aujourd'hui la présentation de la figure de saint Jérôme.
Comme nous l'avons dit mercredi dernier, il consacra sa vie à l'étude de la
Bible, au point d'être reconnu par l'un de mes prédécesseurs, le pape Benoît
XV, comme « docteur éminent dans l'interprétation des Saintes
Écritures ».
Jérôme soulignait la joie et l'importance de se familiariser avec les textes
bibliques : « Ne te semble-t-il pas habiter - déjà ici, sur terre - dans le
royaume des cieux, lorsqu'on vit parmi ces textes, lorsqu'on les médite,
lorsqu'on ne connaît ni ne recherche rien d'autre ? »
(Ep 53, 10). En
réalité, dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une
présence du Ciel, c'est-à-dire une présence de Dieu. S'approcher des textes
bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car
« ignorer l'Écriture, c'est ignorer le Christ ». C'est à lui qu'appartient
cette phrase célèbre, également citée par le Concile Vatican II dans la
Constitution
Dei Verbum (n. 25)
Réellement « amoureux » de la Parole de Dieu, il se demandait : « Comment
pourrait-on vivre sans la science des Écritures, à travers lesquelles on
apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants »
(Ep
30, 7). La Bible, instrument « avec lequel Dieu parle chaque jour aux
fidèles » (Ep 133, 13), devient ainsi un encouragement et la source de la
vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire
l'Écriture signifie converser avec Dieu : « Si tu pries, — écrit-il à une
noble jeune fille de Rome — tu parles avec l'Époux ; si tu lis, c'est Lui
qui te parle » (Ep 22, 25). L'étude et la méditation de l'Écriture rendent
l'homme sage et serein (cf. In Eph., prol.). Assurément, pour entrer
toujours plus profondément dans la Parole de Dieu, une application constante
et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien
: « Lis avec une grande fréquence les divines Écritures ; ou mieux, que le
Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois
enseigner » (Ep 52, 7). Il donnait les conseils suivants à la matrone
romaine Leta pour l'éducation chrétienne de sa fille : « Assure-toi qu'elle
étudie chaque jour un passage de l'Écriture. Qu'à la prière elle fasse
suivre la lecture, et à la lecture la prière. Au lieu des bijoux et des
vêtements de soie, qu'elle aime les Livres divins »
(Ep 107, 9.12). Avec la
méditation et la science des Écritures se « conserve l'équilibre de l'âme »
(Ad Eph., prol.). Seul un profond esprit de prière et l'assistance de
l'Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible : «
Dans l'interprétation des Saintes Écritures, nous avons toujours besoin de
l'assistance de l'Esprit Saint » (In Mich. 1, 1, 10, 15).
Un amour passionné pour les Écritures imprégna donc toute la vie de Jérôme,
un amour qu'il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il
recommandait à l'une de ses filles spirituelles : « Aime l'Écriture Sainte
et la sagesse t'aimera ; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera ;
honore-la et tu recevras ses caresses. Qu'elle soit pour toi comme tes
colliers et tes boucles d'oreille »
(Ep 130, 20). Et encore : « Aime la
science de l'Écriture, et tu n'aimeras pas les vices de la chair »
(Ep 125,
11).
Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l'interprétation des
Écritures était l'harmonie avec le magistère de l'Église. Nous ne pouvons
jamais lire l'Écriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous
glissons facilement dans l'erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de
Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l'inspiration de l'Esprit Saint. Ce
n'est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons
réellement entrer avec le « nous » au centre de la vérité que Dieu lui-même
veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait
toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l'Église catholique.
Il ne s'agit pas d'une exigence imposée à ce Livre de l'extérieur ; le Livre
est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n'est que dans
la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité
pour comprendre l'Écriture Sainte. Il admonestait donc : « Reste fermement
attaché à la doctrine traditionnelle qui t'a été enseignée, afin que tu
puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent
» (Ep 52, 7). En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son
Église sur Pierre, chaque chrétien - concluait-il - doit être en communion «
avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l'Église est
édifiée »
(Ep 15, 2). Par conséquent, et de façon directe, il déclarait : «
Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre
» (Ep 16).
Jérôme ne néglige pas, bien sûr, l'aspect éthique. Il rappelle au contraire
souvent le devoir d'accorder la vie avec la Parole divine et ce n'est qu'en
la vivant que nous trouvons également la capacité de la comprendre. Cette
cohérence est indispensable pour chaque chrétien, et en particulier pour le
prédicateur, afin que ses actions, si elles étaient discordantes par rapport
au discours, ne le mettent pas dans l'embarras. Ainsi exhorte-t-il le prêtre
Népotien : « Que tes actions ne démentent pas tes paroles, afin que, lorsque
tu prêches à l'église, il n'arrive pas que quelqu'un commente en son for
intérieur : Pourquoi n'agis-tu pas précisément ainsi ? Cela est vraiment
plaisant de voir ce maître qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne ;
même un voleur peut blâmer l'avarice ; mais dans le prêtre du Christ,
l'esprit et la parole doivent s'accorder »
(Ep 52, 7). Dans une autre
lettre, Jérôme réaffirme : « Même si elle possède une doctrine splendide, la
personne qui se sent condamnée par sa propre conscience se sent honteuse »
(Ep
127, 4). Toujours sur le thème de la cohérence, il observe : l'Évangile doit
se traduire par des attitudes de charité véritable, car en chaque être
humain, la Personne même du Christ est présente. En s'adressant, par
exemple, au prêtre Paulin (qui devint ensuite Évêque de Nola et saint),
Jérôme le conseillait ainsi : « Le véritable temple du Christ est l'âme du
fidèle : orne-le, ce sanctuaire, embellis-le, dépose en lui tes offrandes et
reçois le Christ. Dans quel but revêtir les murs de pierres précieuses, si
le Christ meurt de faim dans la personne d'un pauvre ? »
(Ep 58, 7). Jérôme
concrétise : il faut « vêtir le Christ chez les pauvres, lui rendre visite
chez les personnes qui souffrent, le nourrir chez les affamés, le loger chez
les sans abri » (Ep 130, 14). L'amour pour le Christ, nourri par l'étude et
la méditation, nous fait surmonter chaque difficulté : « Aimons nous aussi
Jésus Christ, recherchons toujours l'union avec lui : alors, même ce qui est
difficile nous semblera facile »
(Ep 22, 40).
Jérôme, défini par Prospère d'Aquitaine « modèle de conduite et maître du
genre humain » (Carmen de ingratis, 57), nous a également laissé un
enseignement riche et varié sur l'ascétisme chrétien. Il rappelle qu'un
courageux engagement vers la perfection demande une vigilance constante, de
fréquentes mortifications toutefois, avec modération et prudence, un travail
intellectuel ou manuel assidu pour éviter l'oisiveté
(cf. Epp 125, 11 et
130, 15), et surtout l'obéissance à Dieu : «
Rien ne plaît autant à Dieu
que l'obéissance, qui est la plus excellente et l'unique vertu »
(Hom. de
oboedientia : CCL 78,552). La pratique des pèlerinages peut également
appartenir au chemin ascétique. Jérôme donna en particulier une impulsion à
ceux en Terre Sainte, où les pèlerins étaient accueillis et logés dans des
édifices élevés à côté du monastère de Bethléem, grâce à la générosité de la
noble dame Paola, fille spirituelle de Jérôme
(cf. Ep 108, 14).
Enfin, on ne peut pas oublier la contribution apportée par Jérôme dans le
domaine de la pédagogie chrétienne
(cf. Epp 107 et 128). Il se propose de
former «une âme qui doit devenir le temple du Seigneur»
(Ep 107, 4), une
«pierre très précieuse» aux yeux de Dieu
(Ep 107, 13). Avec une profonde
intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pécher,
d'exclure les amitiés équivoques ou débauchées
(cf. Ep 107, 4 et 8-9 ; cf.
également Ep 128, 3-4). Il exhorte surtout les parents pour qu'ils créent un
environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu'ils les incitent
à l'étude et au travail, également par la louange et l'émulation
(cf. Epp
107, 4 et 128, 1), qu'ils les encouragent à surmonter les difficultés,
qu'ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu'ils les préservent
d'en prendre de mauvaises car - et il cite là une phrase de Publiulius Syrus
entendue à l'école - « difficilement tu réussiras à te corriger de ces
choses dont tu prends tranquillement l'habitude »
(Ep. 107, 8). Les parents
sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie.
Avec une grande clarté, Jérôme, s'adressant à la mère d'une jeune fille et
mentionnant ensuite le père, admoneste, comme en exprimant une exigence
fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence : «
Qu'elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée
regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne
voie jamais d'attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être
imitées. Rappelez-vous que vous pouvez davantage l'éduquer par l'exemple
que par la parole » (Ep 107, 9). Parmi les principales intuitions de Jérôme
comme pédagogue, on doit souligner l'importance attribuée à une éducation
saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière
reconnue aux parents, l'urgence d'une sérieuse formation morale et
religieuse, l'exigence de l'étude pour une formation humaine plus complète.
En outre, un aspect assez négligé à l'époque antique, mais considéré vital
par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le
droit à une formation complète : humaine, scolaire, religieuse,
professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd'hui que l'éducation de
la personnalité dans son intégralité, l'éducation à la responsabilité devant
Dieu et devant l'homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute
paix, de toute réconciliation et d'exclusion de la violence. L'éducation
devant Dieu et devant l'homme : c'est l'Écriture Sainte qui nous indique la
direction de l'éducation et ainsi, du véritable humanisme.
Nous ne pouvons pas conclure ces rapides annotations sur le grand Père de
l'Église sans mentionner la contribution efficace qu'il apporta à la
préservation d'éléments positifs et valables des antiques cultures juive,
grecque et romaine au sein de la civilisation chrétienne naissante. Jérôme a
reconnu et assimilé les valeurs artistiques, la richesse des sentiments et
l'harmonie des images présentes chez les classiques, qui éduquent le cœur et
l'imagination à de nobles sentiments. Il a en particulier placé au centre de
sa vie et de son activité la Parole de Dieu, qui indique à l'homme les
chemins de la vie, et lui révèle les secrets de la sainteté. Nous ne pouvons
que lui être profondément reconnaissants pour tout cela, précisément dans le
monde d'aujourd'hui.
Saint Jérôme 1ère
partie ►
Mercredi 07 novembre 2007
Texte original du discours du Saint Père ►UDIENZA
GENERALE
Synthèse de la catéchèse
►
Benoît XVI et le riche enseignement de Saint Jérôme
Le
saint Père s'adresse aux pèlerins francophones
►
Présentation du docteur de l'interprétation de la Sainte Ecriture
Le Saint Père prie devant les reliques de Ste Thérèse de Lisieux - 14.11.07
Tragédie de Nasiriya, Benoît XVI rend hommage aux victimes
Saint Albert le Grand cité en exemple par
Benoît XVI pour les jeunes
Sources:
www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 du texte original- Libreria Editrice Vatican -
Traduction ZF
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.11.2007 - BENOÎT XVI |