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19 Avril 2005
 

Benoît XVI a été l'écho de la Parole faite chair, cet écho du Logos

Le 13 août 2024 - E.S.M. -  Pourquoi donc la parole de Benoît XVI a-t-elle retenti avec une telle force dans tant de cœurs et d'âmes ? Certes Joseph Ratzinger est un génie intellectuel, mais au-delà, la Parole chez lui est devenu profondément sacerdotale, enracinée dans celle de l'unique grand-prêtre qu'il fréquentait avec assiduité. Comment ne pas entendre dans sa voix un écho de celle du Christ enseignant sur les routes de Galilée ?

Benoît XVI est à genoux, devant le Saint-Sacrement lors des nuits Madrilènes - Pour agrandir l'image ► Cliquer  


    Certains diront que nous avons eu un pape théologien dont les enseignements demeureront, de nombreuses années, un phare dans la nuit. C'est vrai, mais c'est très insuffisant. Bien entendu  les homélies de Benoît XVI resteront indémodables, tant elles sont nourries de l'essentiel. Elles garderont toujours ce style, cette force, cette profondeur qui leur assignent une place à la suite des grandes homélies des Pères de l'Église. Que Benoît XVI soit un théologien majeur, tout le monde en convient. Mais il nous faut entrer bien plus profondément dans le mystère de Benoît XVI. Il n'est pas seulement un professeur qui enseigne une doctrine de manière tout extérieure.

    Pourquoi donc la parole de Benoît XVI a-t-elle retenti avec une telle force dans tant de cœurs et d'âmes ? Certes Joseph Ratzinger est un génie intellectuel, mais au-delà, la Parole chez lui est devenu profondément sacerdotale, enracinée dans celle de l'unique grand-prêtre qu'il fréquentait avec assiduité. Comment ne pas entendre dans sa voix un écho de celle du Christ enseignant sur les routes de Galilée ? Sa petite voix discrète et timide, ses discours sans recherche, ni effets rhétoriques ont ébranlé le monde. Souvenons-nous de sa si belle méditation devant le Saint-Sacrement au pied de la grotte de Lourdes, de ses paroles toutes paternelles aux prêtres réunis pour l'année sacerdotale place Saint-Pierre, de ses discours magistraux aux Bernardins à Paris, au Bundestag à Berlin, ou encore de ses commentaires de l'Écriture avec les séminaristes.

    À chaque fois, les assistants sont repartis transformés, bouleversés. Que s'est-il passé ? La parole est devenue un événement, une expérience. Ecouter Benoît XVI, c'est faire l'expérience d'une rencontre avec Dieu, c'est se laisser conduire, comme dit saint Augustin, à aimer Dieu par Dieu. Puisque l'Esprit-Saint est Dieu, aimons Dieu par Dieu (Saint Augustin, P.L., 38, 210-213, Sermons 34 sur le psaume 140 - CXL page 186 et ss).

    Dans une très belle homélie, longtemps inédite, le jeune Joseph Ratzinger s'interrogeait sur la place de la parole dans la vie du prêtre : « II y a d'abord la parole. Nous sommes tentés de dire : finalement, ce n'est qu'une parole. Seuls les faits comptent. Les mots ne valent rien. Or quiconque réfléchit un peu se rend compte de la force de la parole qui crée des faits. Une seule parole de travers peut détruire une vie entière. Une seule parole pleine de bonté peut transformer une personne que rien d'autre ne pouvait aider. Nous devons nous rendre compte à quel point il est important pour l'humanité que l'on ne parle pas seulement d'argent et de guerre, de pouvoir et de profit, qu'il n'y ait pas seulement les ragots du quotidien, mais que l'on parle de Dieu. [...] Un monde dans lequel cela ne se produirait plus serait infiniment ennuyeux et vide. Il serait sans espoir. [...] Il est difficile de proclamer la parole de Dieu dans un monde repu de tout type de sensations. Il est dur de proclamer la parole de Dieu dans un monde où le prêtre lui aussi doit avancer à tâtons dans l'obscurité et se voit placé devant l'alternative de dire ce que personne ne comprend ou de traduire dans notre monde, avec hésitations et approximations, ce qui est si loin de notre quotidien. Le service de la parole est devenu difficile. [...] Parfois le prêtre préférerait s'arracher à cette parole qui fait de lui un solitaire, un fou, cette parole qui le marque et dont personne ne veut se préoccuper. Mais il doit porter le poids de la parole. Et c'est justement ainsi qu'il sert les hommes qui ne veulent pas le comprendre. (Joseph Ratzinger, Méditation le jour d'une première messe, in Dogme et Annonce, Paris, p. 389-390.) »
    En s'adressant au jeune prêtre qui célébrait sa première messe ce jour-là, Joseph Ratzinger dressait prophétiquement le portrait du futur Benoît XVI ! Il a été cet écho de la Parole faite chair, cet écho du Logos. Vraiment sa parole aura selon son expression « créé des faits ». [...]
    Pour chacun de nous cette expérience demeure inoubliable. Par sa parole Benoît XVI a fait entrer toute l'Église dans une expérience : la Parole de Dieu nous a été adressée, elle a retenti pour nous aujourd'hui. Rassemblée autour de son Pasteur, l'Eglise a refait l'expérience des disciples réunis autour de Jésus sur le mont des Béatitudes. « Dans la vie ecclésiale, on fait une expérience de Dieu qui est plus élevée que celle que l'on atteint par la réflexion : à travers elle, nous touchons réellement le cœur de Dieu. (Benoît XVI, Audience du 14 mai 2008.) » C'est à cette expérience que le Bon Pape Benoît a conduit toute l'Église à travers sa parole. Le Pasteur a conduit son troupeau jusqu'à la rencontre avec le Christ. Souvenons-nous des premiers mots si décisifs de l'encyclique Deus Caritas est : « À l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive (§ 1). »
    Avec sa bonté rayonnante Benoît XVI nous a pris par la main pour nous conduire à cette rencontre personnelle. Comment a-t-il procédé ? Il nous le dit lui-même : « On rencontre le Ressuscité dans la Parole et dans les sacrements ; le culte est la manière dont il devient tangible pour nous et reconnaissable comme le Vivant. » En vérité, il nous fait goûter la joie de la rencontre avec le Christ-Vivant au cœur de la liturgie.
    C'est certainement l'un des sommets de l'action pastorale et magistérielle du pape Benoît. Plutôt que d'enseigner sur la liturgie, il l'a célébrée ! Les liturgies pontificales sont devenues grâce à lui de véritables lieux théologiques et magistériels. Dans le plus parfait esprit du Concile, la basilique Saint-Pierre est devenue le lieu du déploiement en acte de l'ecclésiologie du Concile. Dans les liturgies du pape Benoît l'Église a mieux compris qui elle était parce qu'elle a fait une expérience de Dieu. « C'est uniquement en faisant une certaine expérience que l'on peut ensuite comprendre. (Benoît XVI souligne la priorité d'approcher les jeunes de l'Evangile) »
    En réconciliant la liturgie avec elle-même, avec son histoire, avec sa tradition, Benoît XVI nous a permis de retrouver le goût de Dieu et sa place centrale dans nos vies. En vérité nous avons fait l'expérience de la beauté de Dieu, de sa grandeur. Qui de nous n'a ressenti cette crainte joyeuse, cette donation humble et jubilante en participant aux liturgies dans la Basilique Saint-Pierre ? Nous avons littéralement senti combien la liturgie « porte en elle le fruit de l'expérience de foi de toutes les générations précédentes. Même si les participants ne comprennent pas toutes les paroles, ils perçoivent leur signification profonde, la présence du mystère qui transcende toute parole». Joseph Ratzinger, « La nouvelle évangélisation », conférence donnée à Rome le 10 décembre 2000. « La nouvelle évangélisation », conférence donnée à Rome le 10 décembre 2000 .
    Benoît XVI demeurera pour les siècles le pape liturge par excellence. Par son enseignement, par son magistère liturgique, et notamment le Motu Proprio Summorum Pontificum, le pape Benoît a profondément renouvelé le sens liturgique des chrétiens. Il a indiqué en quelle direction il fallait poursuivre l'œuvre du Concile. « La liturgie de l'Église a été pour moi l'activité centrale de ma vie [...], le centre de mon travail théologique, » a-t-il écrit. (Préface à la version allemande des œuvres complètes sur la liturgie, 29 juin 2008.(La liturgie de l’Église est pour Benoît XVI l’activité centrale de sa vie)  Cette théologie n'est pas une réflexion rationnelle. Elle est une expérience de Dieu en acte. Qui n'a pas été frappé par le recueillement simple du célébrant Joseph Ratzinger ? Lorsqu'il déployait à l'autel un ars celebrandi humble et attentif, la joie de son âme devenait palpable pour tous les participants. Chacun retrouvait sa place dans la grande famille de l'Église.
    On m'a rapporté le cas d'une personne en rupture avec l'Église catholique qui, après avoir participé à une messe sur la place Saint-Pierre, s'est tout simplement exclamé : « Là est l'Église », et a rejoint la pleine communion.
    Benoît-le-liturge, en réconciliant la liturgie avec elle-même, a réconcilié l'Église avec elle-même. Animé de cette certitude que « le véritable renouveau de la liturgie est la condition fondamentale pour le renouveau de l'Église (Préface à la version russe des œuvres complètes sur la liturgie, 11 juillet 2015.) », Benoît XVI a agi très concrètement, très simplement : il a célébré en remettant Dieu au centre, et ainsi, en remettant Dieu au centre de la vie de l'Église, au centre de la vie des chrétiens, Benoît nous a fait faire l'expérience ecclésiale d'une vie dont Dieu est le centre ! « L'existence de l'Église tire sa vie de la célébration correcte de la liturgie. L'Église est en danger lorsque la primauté de Dieu n'apparaît plus dans la liturgie et par conséquent dans la vie. La cause la plus profonde de la crise qui a bouleversé l'Église se trouve dans l'obscurcissement de la priorité de Dieu dans la liturgie. (Ibid) ».
Cette primauté de Dieu était encore soulignée par la personne de Joseph Ratzinger. À l'autel, revêtu, grâce au bon goût de son cérémoniaire, d'ornements parfois splendides, le pape apparaissait faible, courbé, comme humainement impuissant. Aucune impression de pouvoir écrasant ou de domination ne se dégageait de lui. Au contraire le célébrant irradiait la douceur, la paix et une joie profonde et intérieure. En voyant cette frêle silhouette aux cheveux blancs si petite aux pieds des colonnes du baldaquin du Bernin, comment ne pas penser à cette si belle méditation : « Jésus est le roi de ceux qui ont le cœur libre de la soif de pouvoir et de richesse, de la volonté de domination sur l'autre. Jésus est le roi de ceux qui ont cette liberté intérieure qui rend capable de surmonter l'avidité, l'égoïsme qui règne dans le monde, et qui savent que Dieu seul est la richesse. Jésus est le roi pauvre parmi les pauvres, doux parmi ceux qui veulent être doux. De cette façon, il est roi de paix, grâce à la puissance de Dieu, qui est la puissance du bien, la puissance de l'amour. [...] Le mal se vainc par le bien, par l'amour (Audience générale du 26 octobre 2011).»
    Benoît XVI aura été ce puissant par la douceur. Il a fait faire à l'Eglise entière cette expérience d'un Dieu qui manifeste sa toute-puissance dans la faiblesse. Comment oublier l'image quasi eschatologique de ce pape fatigué et souriant au milieu des millions de jeunes aux JMJ de Madrid. On le pressait de se mettre à l'abri de l'orage et du vent qui soufflait en tempête. Il demeurait là, au milieu de ses enfants, silencieux, doux. Il se tenait debout comme Marie au pied de la Croix. Des millions de regards se tournaient vers lui, vers cette soutane blanche battue par le vent. Son silence, son sourire au cœur de l'orage irradiaient la paix et la douceur. « La toute-puissance de Dieu ne s'exprime pas dans la destruction de tout pouvoir adverse comme nous le désirons, mais elle s'exprime dans l'amour, dans la miséricorde, dans le pardon, dans l'acceptation de notre liberté et dans l'appel inlassable à la conversion du cœur, dans une attitude qui n'est faible qu'en apparence. Dieu semble faible, si nous pensons à Jésus-Christ qui prie, qui se laisse tuer. Une attitude faible en apparence, faite de patience, de douceur et d'amour démontre que telle est la vraie façon d'être puissant ! Telle est la puissance de Dieu ! Et cette puissance vaincra (Audience du 30 janvier 2013.) ! »
    Comme ces paroles disent bien le mystère du pape Benoît ! Une faiblesse apparente, mais qui manifeste la puissance de Dieu !
    Benoît ira jusqu'au bout de cette logique. Il entrera dans un vrai chemin de croix. Ses amis le trahissent, il pardonne ! Ses collaborateurs l'abandonnent, il excuse ! Doit-on parler de faiblesse dans l'art du gouvernement ? Je crois qu'il y a plutôt la volonté mystique de faire goûter à l'Église comment s'exerce le gouvernement divin. Le livre de Nicolas Diat dit sobrement la vérité. On le lui a reproché. L'étalage des bassesses des ennemis de l'Église, qui sont parfois aussi ses enfants, est certes choquant. Les noms et les œuvres de ces intrigants tomberont dans les oubliettes de l'histoire. La « faiblesse victorieuse » de Benoît demeurera et donnera du fruit.
    Attaqué de toute part, sali, calomnié, trahi, Benoît-le-Grand enseigne : « Tant que nous serons des agneaux, nous vaincrons, et même si nous sommes entourés par de nombreux loups, nous réussirons à vaincre, dit Jean-Chrysostome, mais si nous devenons des loups, nous serons vaincus, car nous serons privés de l'aide du Pasteur. Les chrétiens ne doivent jamais céder à la tentation de devenir des loups parmi les loups. Ce n'est pas avec le pouvoir, avec la force, avec la violence que le royaume de paix du Christ s'étend, mais avec le don de soi, avec l'amour porté à l'extrême, même à l'égard de ses ennemis (Audience générale du 26 octobre 2011). » Par ces mots, il annonçait de quelle mort il devait mourir ! Il offrait sa personne en sacrifice pour l'Église. Il nous enseignait comment dans l'Église s'obtient la victoire. Cette audience est littéralement l'offertoire de la vie de Benoît-le-doux. Désormais, sa vie devient la liturgie du sacrifice. Il est le prêtre et l'hostie de ce drame qui commence. « Celui qui veut être un disciple du Seigneur, son envoyé, doit être également prêt à la passion et au martyre, à perdre sa vie pour Lui, afin que dans le monde triomphe le bien, l'amour, la paix. [...] Nous devons être disposés à payer de notre personne, à souffrir en première personne l'incompréhension, le refus, la persécution. Ce n'est pas l'épée du conquérant qui construit la paix, mais l'épi de celui qui souffre, de celui qui sait donner sa vie (.Ibid.) »
    II donnera sa vie pour l'Église, Vicaire du Crucifié jusqu'au bout. Sa démission a eu pour nous une saveur de Vendredi-Saint. Le sacrifice était consommé. Pourtant Benoît-le-mystique ne s'est pas arrêté-là. Il a entraîné l'Église dans une nouvelle expérience : celle du silence et de l'incessante prière. Son retrait dans le minuscule monastère des jardins du Vatican a inauguré une sorte de Samedi-Saint, un temps de silence, de prière, de recueillement.
    À nouveau il a fait comprendre à tous, cette fois par son silence contemplatif, combien seul Dieu compte. Sa vie est devenue la manifestation de cette primauté de Dieu : « La primauté de l'intériorité, nous devons la réapprendre et la mettre au-dessus de tout notre activisme, la composante mystique du christianisme doit retrouver sa vigueur (Joseph Ratzinger, « L'Église au seuil du troisième millénaire », conférence à Notre-Dame de Paris, 8 avril 2001.)» Son silence a été ces dernières années comme un défi à l'agitation mondaine, aux calculs politiques, aux mesquineries humaines.
Dans un monde qui cherche à se créer une religion liquide à la mesure de sa tiédeur, il nous a fait expérimenter le tout de Dieu. Dieu seul suffit !
Et nous voilà donc au soir de ce Samedi-Saint, disciples perdus et orphelins. Quel Ange viendra nous annoncer le Dimanche de Pâques ? Qui nous donnera la lumière ? Benoît nous donne la réponse : « Rien ne saura nous mettre davantage au contact avec la beauté du Christ que le monde du beau créé par la foi, et la lumière sur le visage des Saints, à travers laquelle sa propre lumière devient visible. » (Joseph Ratzinger, «Blessé par la flèche de ce qui est beau», conférence à Rimini le 23 août 2002.)
    Dans la nuit de notre temps, l'humble et grand visage de Benoît XVI sera pour longtemps notre lumière !

 

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Extraits d'une préface du Cardinal Sarah -  E.S.M
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 13 aout 2024

 

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