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19 Avril 2005
 

Benoît XVI nous invite à prendre exemple sur Denis l'Aéropagite

 

Cité du Vatican, le 14 mai 2008  - (E.S.M.) - « L'Amour voit et rend possible l'expérience d'un chemin humble et réaliste jour après jour », où « nous touchons réellement le cœur de Dieu ». Le pape Benoît XVI a repris par ces paroles, pendant la traditionnelle Audience Générale du Mercredi, l'enseignement de Denis l'Aéropagite, ancien auteur chrétien et Père de l'Église du VIe siècle.

Le pape Benoît XVI - Pour agrandir l'image Cliquer

Benoît XVI nous invite à prendre exemple sur Denis l'Aéropagite

Synthèse de la catéchèse du Saint-Père - Texte intégral en 2e partie

Durant l'audience générale, qui s'est déroulée Place St. Pierre, Benoît XVI a repris le cycle patristique et proposé une réflexion sur le Pseudo-Denys qui entendit mettre la sagesse grecque au service de l'Évangile. Cet écrivain du VIe siècle, qui vécut les grandes polémiques suscitées par le Concile de Chalcédoine, affirma que "la lumière de la Vérité élimine les erreurs et resplendir ce qui est juste; et c'est avec ce principe qu'il purifia la pensée grecque en la confrontant à l'Évangile".

Le pseudo Aréopagite utilisa le polythéisme "pour montrer la vérité du Christ et transformer cet univers de divinités en un cosmos créé par Dieu", où toutes les créatures reflètent ensemble la vérité de Dieu". Puis le Pape a rappelé que la créature étant à l'image de Dieu, la théologie de Denys "est devenue liturgique. Dieu se rencontre avant tout en priant et non seulement en raisonnant". Ce penseur chrétien inaugura, a souligné le Pape, la "première grande théologie mystique. Avec lui ce terme est devenu plus personnel, plus intime, pour expliquer le cheminement de l'âme vers de Créateur. Il montre que le chemin vers Dieu est Dieu lui-même qui s'est rapproché de nous en Jésus-Christ".

Le Pseudo-Denys retrouve une actualité en tant que "médiateur du dialogue contemporain entre christianisme et mystiques asiatiques, pour lesquelles on peut définir Dieu ni dire qui il est. On ne peut l'évoquer que par questions négatives et on ne peut l'atteindre que par l'expérience du non être". Le dialogue, a ajouté le Saint-Père Benoît XVI, "n'accepte aucune superficialité. C'est en entrant dans les profondeurs de la rencontre avec le Christ que s'ouvre le vaste champ du dialogue. Lorsqu'on trouve la lumière de la Vérité on constate qu'elle s'applique à tous. Les polémiques disparaissent et il est possible de se parler ou pour le moins de se rapprocher".

Le Pseudo-Denys l'Aréopagite est l’auteur de traités chrétiens de théologie mystique. D'inspiration néo-platonicienne, il est influencé par les écrits de Proclus, auxquels il fait de larges emprunts. Écrivant en langue grecque, et ayant vécu au Ve siècle ou VIe siècle, il fut longtemps identifié à tort avec saint Denys l'Aréopagite, premier évêque d’Athènes (Ier siècle).

L'influence du Pseudo-Denys s'est étendue dans le monde grec durant les trois siècles suivant sa mort.

Le corpus dionysien fait partie des trois grands courants philosophiques et spirituels qui ont formé la pensée de l'Occident médiéval, avec la philosophie grecque et l'œuvre de saint Augustin. Le traité "la Théologie mystique" valut au Pseudo-Denys le titre de père de la mystique[6]. C'est, en occident, le plus influent des pères Grecs.

Une importante spécificité de son apport à la théologie chrétienne est aussi d'avoir défini les trois polarités de la théologie : la théologie mystique qui est le plus haute connaissance de Dieu dans la ténèbre et le silence, au-delà de tout langage, de tout concept, de toute idée, de toute image et de tout symbole; la théologie symbolique qui exprime la connaissance de Dieu dans le langage de l'image et du symbole; et la théologie spéculative.

Texte intégral de la catéchèse

Chers frères et sœurs,

Aujourd'hui, je voudrais, dans le cadre des catéchèses sur les Pères de l'Eglise, parler d'une figure très mystérieuse : un théologien du sixième siècle, dont le nom est inconnu, qui a écrit sous le pseudonyme de Denys l'Aréopagite. Par ce pseudonyme, il faisait allusion au passage de l'Ecriture que nous venons d'entendre, c'est-à-dire à l'histoire racontée par Saint Luc dans le chapitre XVII des Actes des Apôtres, où il est rapporté que Paul prêcha à Athènes sur l'Aréopage, pour une élite du grand monde intellectuel grec, mais à la fin, la plupart des auditeurs montrèrent leur désintérêt et s'éloignèrent en se moquant de lui ; toutefois certains, un petit nombre nous dit saint Luc, s'approchèrent de Paul en s'ouvrant à la foi. L'évangéliste nous donne deux noms : Denys, membre de l'Aréopage, et une certaine femme, Damaris.

Si l'auteur de ces livres a choisi cinq siècles plus tard le pseudonyme de Denys l'Aréopagite, cela veut dire que son intention était de mettre la sagesse grecque au service de l'Évangile, d'aider la rencontre entre la culture et l'intelligence grecque et l'annonce du Christ ; il voulait faire ce qu'entendait ce Denys, c'est-à-dire que la pensée grecque rencontre l'annonce de Saint Paul ; en étant grec, devenir le disciple de Saint Paul et ainsi le disciple du Christ.

Pourquoi cacha t-il son nom et choisi ce pseudonyme ? Une partie de la réponse a déjà été donnée : il voulait précisément exprimer cette intention fondamentale de sa pensée. Mais il existe deux hypothèses à propos de cet anonymat et de ce pseudonyme. Une première hypothèse dit que c'était une falsification voulue, avec laquelle, en relatant ses œuvres au premier siècle, au temps de saint Paul, il voulait donner à sa production littéraire une autorité presque apostolique. Mais mieux que cette hypothèse - qui me semble peu crédible - il y a l'autre qui dit qu'il voulait précisément faire un acte d'humilité. Ne pas rendre gloire à son propre nom, ne pas créer un monument pour lui-même avec ses œuvres, mais servir réellement l'Évangile, créer une théologie ecclésiale, non individuelle et basée sur lui-même. En réalité, il réussit à construire une théologie que nous pouvons certainement dater du VIe siècle, mais pas attribuer à l'une des figures de cette époque : c'est une théologie un peu désindividualisée, c'est-à-dire une théologie qui exprime une pensée et un langage commun. C'était une époque de dures polémiques après le Concile de Chalcédoine, mais lui, en revanche, dans sa Septième Epître dit : « Je ne voudrais pas faire de polémiques; je parle simplement de la vérité, je cherche la vérité ». Et la lumière de la vérité fait d'elle-même disparaître les erreurs et fait resplendir ce qui est bon. Et avec ce principe, il purifia la pensée grecque et la mit en rapport avec l'Évangile. Ce principe, qu'il affirme dans sa septième lettre, est également l'expression d'un véritable esprit de dialogue : ne pas chercher les choses qui séparent, chercher la vérité dans la Vérité elle-même, ensuite celle-ci resplendit et fait disparaître les erreurs.

La théologie de cet auteur, tout en étant donc pour ainsi dire « suprapersonnelle », réellement ecclésiale, peut être située au VIe siècle. Pourquoi ? Il rencontra dans les livres d'un certain Proclus, mort en 485 à Athènes, l'esprit grec qu'il plaça au service de l'Évangile : cet auteur appartenait au platonisme tardif, un courant de pensée qui avait transformé la philosophie de Platon en une sorte de religion, dont le but à la fin était de créer une grande apologie du polythéisme grec et de retourner, après le succès du christianisme, à l'antique religion grecque. Il voulait démontrer que, en réalité, les divinités étaient les forces en œuvre dans le cosmos. La conséquence était que l'on devait considérer plus vrai le polythéisme que le monothéisme, avec un unique Dieu créateur. C'était un grand système cosmique de divinités, de forces mystérieuses, celui que nous montre Proclus, pour qui dans ce cosmos déifié l'homme pouvait trouver l'accès à la divinité. Cependant, il distinguait les voies pour les simples, qui n'étaient pas en mesure de s'élever aux sommets de la vérité - pour eux certains rites même superstitieux pouvaient être suffisants - et les voies pour les sages, qui en revanche devaient se purifier pour arriver à la pure lumière.

Cette pensée, comme on le voit, est profondément antichrétienne. C'est une réaction tardive contre la victoire du christianisme. Un usage antichrétien de Platon, alors qu'était déjà en cours un usage chrétien du grand philosophe. Il est intéressant que ce Pseudo-Denys ait osé se servir précisément de cette pensée pour montrer la vérité du Christ ; transformer cet univers polythéiste en un cosmos créé par Dieu, dans l'harmonie du cosmos de Dieu où toutes les forces sont une louange à Dieu, et montrer cette grande harmonie, cette symphonie du cosmos qui va des séraphins, aux anges et aux archanges, à l'homme et à toutes les créatures qui ensemble reflètent la beauté de Dieu et sont une louange à Dieu. Il transformait ainsi l'image polythéiste en une louange du Créateur et de sa créature. Nous pouvons de cette manière découvrir les caractéristiques essentielles de sa pensée : elle est tout d'abord une louange cosmique. Toute la création parle de Dieu et est une louange de Dieu. La créature étant une louange de Dieu, la théologie du Pseudo-Denys devient une théologie liturgique : Dieu se trouve surtout en le louant, pas seulement en réfléchissant ; et la liturgie n'est pas quelque chose que nous avons construit, quelque chose d'inventé pour faire une expérience religieuse au cours d'une certaine période de temps ; elle est un chant avec le chœur des créatures et l'entrée dans la réalité cosmique elle-même. Et précisément ainsi la liturgie, apparemment seulement ecclésiastique, devient vaste et grande, elle devient notre union avec le langage de toutes les créatures. Il dit : on ne peut pas parler de Dieu de manière abstraite ; parler de Dieu est toujours - dit-il avec un mot grec - un « hymnein », un chant pour Dieu avec le grand chant des créatures, qui se reflète et se concrétise dans la louange liturgique. Toutefois, bien que sa théologie soit cosmique, ecclésiale et liturgique, elle est également profondément personnelle. Il créa la première grande théologie mystique. Le mot « mystique » acquiert même avec lui une nouvelle signification. Jusqu'à cette époque, pour les chrétiens, ce mot était équivalent au mot « sacramentel », c'est-à-dire ce qui appartient au « mysterion », au sacrement. La parole « mystique » devient avec lui plus personnelle, plus intime : elle exprime le chemin de l'âme vers Dieu. Et comment trouver Dieu ? Nous observons de nouveau ici un élément important dans son dialogue entre la philosophie grecque et le christianisme, en particulier la foi biblique. Apparemment, ce que dit Platon et ce que dit la grande philosophie sur Dieu est beaucoup plus élevé, est beaucoup plus vrai ; la Bible apparaît assez « barbare », simple, précritique dirait-on aujourd'hui; mais lui remarque que c'est justement ce qui est nécessaire parce qu'ainsi nous pouvons comprendre que les concepts les plus élevés sur Dieu n'arrivent jamais jusqu'à sa vraie grandeur ; ils sont toujours inappropriés. En réalité, ces images nous font comprendre que Dieu est au-delà de tous les concepts ; dans la simplicité des images, nous trouvons plus de vérité que dans les grands concepts. Le visage de Dieu est notre incapacité d'exprimer réellement ce qu'Il est. Aussi parle-t-on - comme le fait Pseudo-Denys - d'une « théologie négative ». Nous pouvons plus facilement dire ce que Dieu n'est pas, qu'exprimer ce qu'Il est véritablement. Ce n'est qu'à travers ces images que nous pouvons deviner son vrai visage, et de l'autre côté, ce visage de Dieu est très concret : c'est Jésus Christ. Et bien que Denys nous montre, en suivant en cela Proclus, l'harmonie des chœurs célestes, de telle façon qu'il nous semble que tous dépendent de tous, il est vrai que notre chemin vers Dieu reste fort éloigné de Lui ; Pseudo-Denys nous montre que, finalement, la route vers Dieu est Dieu lui-même, Lequel se rapproche de nous en Jésus Christ.

C'est ainsi qu'une théologie tellement grande et mystérieuse devient également très concrète autant dans l'interprétation de la liturgie que dans le discours tenu sur Jésus Christ : avec tout cela, Denys l'Aréopagite eut une grande influence sur toute la théologie médiévale, sur toute la théologie mystique autant en Orient qu'en Occident, il fut presque redécouvert au treizième siècle notamment par saint Bonaventure, le grand théologien franciscain qui dans cette théologie mystique trouva le moyen conceptuel d'interpréter l'héritage tellement simple et profond de saint François: le « poverello » avec Denys nous dit finalement que l'amour voit plus que la raison. Là où se trouve la lumière de l'amour on ne souffre plus des ténèbres de la raison ; l'amour voit, l'amour est un œil et l'expérience nous donne plus que la réflexion. Quelle que soit cette expérience, Bonaventure le vit en saint François : c'est l'expérience d'un cheminement très humble, très réaliste, jour après jour, c'est cela aller avec le Christ, en acceptant sa croix. Dans cette pauvreté et dans cette humilité, dans l'humilité que l'on vit également dans l'Eglise, on fait une expérience de Dieu qui est plus élevée que celle que l'on atteint par la réflexion : à travers elle, nous touchons réellement le cœur de Dieu.

Aujourd'hui, il existe un nouveau côté actuel de Denys l'Aréopagite : il apparaît comme un grand médiateur dans le dialogue moderne entre le christianisme et les théologies mystiques de l'Asie, dont la caractéristique la plus connue est la conviction qu'on ne peut pas dire qui est Dieu ; on ne peut parler de Lui que sous forme négative ; on ne peut parler de Dieu qu'avec le « ne pas », et ce n'est qu'en entrant dans cette expérience du « ne pas » qu'on Le rejoint. On voit ici une proximité entre la pensée de l'Aréopagite et celle des religions asiatiques : il peut être aujourd'hui un médiateur comme il le fut entre l'esprit grec et l'Évangile.

On voit ainsi que le dialogue n'accepte pas la superficialité. C'est précisément quand quelqu'un entre dans la profondeur de la rencontre avec le Christ que s'ouvre également le vaste espace pour le dialogue. Quand quelqu'un rencontre la lumière de la vérité, on s'aperçoit qu'il est une lumière pour tous ; les polémiques disparaissent et il devient possible de se comprendre l'un l'autre ou au moins de parler l'un avec l'autre, de se rapprocher. Le chemin du dialogue est justement la proximité dans le Christ à Dieu dans la profondeur de la rencontre avec Lui, dans l'expérience de la vérité qui nous ouvre à la lumière et nous aide à aller à la rencontre des autres : la lumière de la vérité, la lumière de l'amour. Et il nous dit en fin de compte : prenez la voie de l'expérience, de l'expérience humble de la foi, chaque jour. Le cœur devient alors grand et peut voir et illuminer également la raison pour qu'elle voit la beauté de Dieu. Prions le Seigneur pour qu'il nous aide aujourd'hui aussi à mettre au service de l'Évangile la sagesse de notre époque, en découvrant de nouveau la beauté de la foi, la rencontre avec Dieu dans le Christ.

Les œuvres complètes du Pseudo Denys en traduction française, à télécharger sur le site jumelé, Docteur Angélique : (ici)

Le pape Benoît XVI accueille les pèlerins francophones présents à l'audience

Texte original du discours du Saint Père UDIENZA GENERALE

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Italien ou en français

Sources :  www.vatican.va 080514 (320) - E.S.M.

© Copyright 2008 du texte original - Libreria Editrice Vatican

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 14.05.2008 - T/Benoît XVI

 

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