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Benoît XVI souligne la priorité d'approcher les jeunes de
l'Evangile"
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Le 22 février 2007 -
E.S.M.
- Comme à
l'accoutumée en début de Carême, le Saint-Père Benoît XVI a rencontré ce
matin à 11h dans la salle des bénédictions, les prêtres de Rome et le
clergé romain à l'occasion de la Fête de la Chaire de Saint
Pierre.
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Le pape Benoît XVI rencontre
les prêtres du diocèse de Rome
Benoît XVI souligne la priorité d'approcher les jeunes de l'Evangile"
En la Fête de la Chaire de Saint Pierre
Le 22 février 2007 -
E.S.M. -
Comme à l'accoutumée en début de
Carême, le Saint-Père Benoît XVI a rencontré ce matin à 11h dans la salle
des bénédictions, les prêtres de Rome et le clergé romain à
l'occasion de la Fête de la Chaire de Saint Pierre. Le pape a répondu avec
simplicité et profondeur aux questions adressées par les prêtres.
Dans un climat de
joie et de communion, les paroissiens romains ont dialogué
avec le Souverain Pontife autour du sujet de l'annonce de l'Evangile dans un
monde chaque fois plus sécularisé, et sur le défi de la transmission de la
foi aux générations suivantes.
Neuf prêtres romains ont pris la
parole
pour poser à Benoît XVI des questions sur les matières relatives au sujet
de la pastorale des jeunes, l'importance des Sanctuaires, l'art sacré comme
instrument d'évangélisation, et le rôle des mouvements ecclésiaux.
Le
Saint Père a souligné que la mission fondamentale du clergé de la capitale
romaine est celle d' "approcher les nouvelles générations de l'Evangile".
Au cours de cet entretien où le pape Benoît XVI a annoncé qu’il signerait
bientôt l’Exhortation post-synodale sur l’Eucharistie qui devrait aider
"tant dans la célébration liturgique que dans la méditation personnelle, la
préparation des homélies, mais aussi dans la célébration de l’Eucharistie et
la revitalisation de la piété populaire".
"Il est important que les gens puissent voir que l’Eglise n’est pas un
organisme supranational, un corps administratif et de pouvoir.
Elle n’est pas plus une agence sociale, mais un corps
spirituel", a affirmé le pape. "En intériorisant cette vision,
nous pouvons aussi attirer notre peuple dans cette vision afin qu’il
comprenne que l’Eglise n’est pas une grande structure, une organisation
internationale. L’Eglise est corps du Christ
et donc une réalité spirituelle“, a expliqué le Saint Père.
Le pape a ainsi demandé aux prêtres de transmettre ce message: "dans les
homélies, nous devons donner cette vision". "L’homélie reste la
meilleure occasion pour être proche des gens et communiquer la spiritualité.
A travers elle, nous devons communiquer le contenu de la parole de Dieu".
Benoît XVI a également reconnu la difficulté pour les prêtres de s’adresser
aux jeunes qui, aujourd’hui, "vivent dans un contexte culturel qui rend
difficile la rencontre avec le Christ". En répondant à une question du
responsable diocésain de la pastorale de la jeunesse, le pape a ainsi
rappelé que la jeunesse "devait être une priorité dans le travail pastoral,
car les jeunes vivent dans un monde qui est éloigné de Dieu". "Moi,
malheureusement, je vis assez éloigné et je ne peux pas donner d’indication
concrète, a poursuivi Benoît XVI, mais il me semble que le premier élément
est l’accompagnement. On peut vivre la foi à notre époque, la foi n’est pas
une chose du passé, c’est quelque chose de bon aussi pour aujourd’hui".
"En Italie je vois comment la foi est encore
profondément enracinée dans le cœur de la société italienne, mais elle est
également menacée", a-t-il signalé.
Le pape a rappelé en répondant à une autre question, que l’art et la musique
sacrés devaient être des moyens de "communication de la foi" et être
utilisés dans la catéchèse. "C’est un devoir de bien de comprendre l’art,
pas seulement au niveau formel, comme les historiens de l’art, mais pour
faire revivre le contenu qui l’a inspiré. Ceci est une obligation pour la
formation des futurs prêtres : transformer en catéchèse vivante ce que l’art
représente".
Benoît XVI a souhaité "apprendre sur la
situation concrète et ainsi ne pas vivre dans un monde abstrait". Le pape
a été
très applaudi et n’a pas hésité à faire preuve d’humour dans ses réponses.
Ainsi, en répondant à une question sur "la spiritualité et le travail
quotidien des prêtres", il a voulu “confesser sa faiblesse". "La nuit, je ne
peux pas prier et je voudrais dormir. Cependant, il faut réellement un peu
de temps libre pour le Seigneur. La rencontre personnelle avec la Parole de
Dieu est importante. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais cherchons à
spiritualiser notre engagement".
Le Saint Siège, à travers Radio Vatican et le Bureau de Presse, rendra
publique, dans les prochains jours, la transcription complète de cette
audience
RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES DU
DIOCÈSE DE ROME
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Salle des Bénédictions
Jeudi 22 février 2007
La première question a
été posée par Mgr Pasquale Silla, Curé et Recteur du Sanctuaire du Divin
Amour à Castel di Leva, qui a évoqué la visite de Benoît XVI le 1 mai 2006 et
la consigne qu'il avait laissée à la communauté paroissiale: élever dans le
Sanctuaire et depuis le Sanctuaire une fervente prière pour l'Evêque de Rome,
pour ses collaborateurs, pour tout le clergé et les fidèles du diocèse. En
réponse à cette requête, la communauté du Divin Amour s'est engagée à encourager
le plus possible la prière sous toutes ses formes - en particulier la prière
liturgique - afin qu'elle soit assidue et partagée: l'un des fruits de cet
engagement est l'adoration eucharistique perpétuelle, qui débutera à partir du
25 mars prochain dans le Sanctuaire. En ce qui concerne la charité également, le
sanctuaire s'engage à élargir ses horizons, notamment dans le domaine de
l'accueil des mineurs, des familles, des personnes âgées. Dans cette
perspective, Mgr Silla a demandé à Benoît XVI des indications concrètes pour
pouvoir accomplir de manière toujours plus efficace la mission du sanctuaire
marial dans le diocèse.
Je voudrais
tout d'abord dire que je suis très heureux de me sentir ici réellement
l'Evêque d'un grand diocèse. Le Cardinal-Vicaire a dit que vous attendez une
lumière et un réconfort. Et je dois dire que voir de si nombreux prêtres de
toutes les générations est pour moi une lumière et un réconfort. Dès la
première question, j'ai moi-même surtout appris quelque chose: et cela me
semble également un élément essentiel de notre rencontre. Ici, je peux
entendre la voix vivante et concrète des prêtres, leurs expériences
pastorales, et ainsi, je peux surtout connaître moi aussi votre situation
concrète, les questions que vous vous posez, les expériences que vous
faites, les difficultés. Ainsi, je peux les vivre non seulement de manière
abstraite, mais dans le cadre d'un entretien concret avec la vie réelle des
paroisses.
J'en viens à
cette première question. Il me semble que vous avez donné pour l'essentiel
la réponse au sujet de ce que peut faire ce Sanctuaire... Je sais qu'il
s'agit du sanctuaire marial le plus aimé des Romains. Moi-même, en me
rendant plusieurs fois dans cet antique sanctuaire, j'ai fait l'expérience
de cette piété séculaire. L'on ressent la présence de la prière de
générations entières, l'on touche du doigt, en quelque sorte, la présence
maternelle de la Vierge. On peut réellement vivre une rencontre avec la
dévotion mariale le long des siècles, avec les désirs, les besoins, les
souffrances, et aussi les joies des générations dans la rencontre avec
Marie. Ainsi, ce sanctuaire, où les personnes se rendent avec leurs
espérances, leurs questions, leurs requêtes, leurs souffrances, est une
réalité essentielle pour le diocèse de Rome. Nous voyons toujours davantage
que les sanctuaires sont une source de vie et de foi dans l'Eglise
universelle, de même que dans l'Eglise de Rome. Dans mon pays, j'ai fait
l'expérience des pèlerinages à pied à notre sanctuaire national d'Altötting.
Il s'agit d'une grande mission populaire. Ce sont surtout les jeunes qui s'y
rendent et, en faisant un pèlerinage à pied de trois jours, ils vivent dans
l'atmosphère de la prière, de l'examen de conscience, ils redécouvrent en
quelque sorte leur conscience chrétienne de foi. Ces trois jours de
pèlerinage à pied sont des jours de confession, de prière, ils sont un
véritable chemin vers la Vierge, vers la famille de Dieu, puis vers
l'Eucharistie. Ils marchent, ils vont vers la Vierge et ils vont, avec la
Vierge, à la rencontre du Seigneur, à la rencontre eucharistique, en se
préparant à travers la confession au renouveau intérieur. Ils vivent de
nouveau la réalité eucharistique du Seigneur qui se donne lui-même, comme la
Vierge a donné sa propre chair au Seigneur, en ouvrant ainsi la porte à
l'Incarnation. La Vierge a donné sa chair pour l'Incarnation et elle a ainsi
rendu possible l'Eucharistie, dans laquelle nous recevons la Chair qui est
le Pain pour le monde. En allant à cette rencontre aux côtés de la Vierge,
les jeunes eux-mêmes apprennent à offrir leur propre chair, la vie de
chaque jour pour qu'elle soit remise au Seigneur. Et ils apprennent à
croire, à dire, peu à peu, "Oui" au Seigneur.
C'est pourquoi
je dirais, pour en revenir à la question, que le Sanctuaire en tant que tel,
en tant que lieu de prière, de confession, de célébration de l'Eucharistie,
est un grand service dans l'Eglise d'aujourd'hui, pour le diocèse de Rome.
Et donc, je pense que le service essentiel, dont vous avez d'ailleurs parlé
de façon concrète, est justement celui de s'offrir comme un lieu de prière,
de vie sacramentelle et de vie de charité réalisée. Si j'ai bien compris,
vous avez parlé de quatre dimensions de la prière. La première est la
dimension personnelle. Et ici, Marie nous montre la voie. Saint Luc nous dit
deux fois que la Vierge "conservait avec soin toutes ces choses, les
méditant en son cœur" (2, 19; cf. 2, 51). Elle était une personne en
dialogue avec Dieu, avec la Parole de Dieu, ainsi qu'avec les événements à
travers lesquels Dieu parlait avec elle. Le "Magnificat" est un "tissu" fait
de paroles de la Sainte Ecriture et il nous montre combien Marie a vécu dans
un dialogue permanent avec la Parole de Dieu, et ainsi, avec Dieu lui-même.
Naturellement, ensuite, dans la vie avec le Seigneur, elle a toujours été en
dialogue avec le Christ, avec le Fils de Dieu et avec le Dieu trinitaire.
Ainsi, nous apprenons de Marie à parler personnellement avec le Seigneur, en
traduisant et en conservant dans notre vie et dans notre cœur les paroles de
Dieu, afin qu'elles deviennent un aliment véritable pour chacun. Ainsi,
Marie nous guide dans une école de prière, dans un contact personnel et
profond avec Dieu.
La deuxième
dimension dont vous avez parlé est la prière liturgique. Dans la Liturgie,
le Seigneur nous enseigne à prier, d'abord en nous donnant sa Parole, puis
en nous introduisant dans la Prière eucharistique à la communion avec son
mystère de vie, de Croix et de Résurrection. Saint Paul a dit une fois que
"nous ne savons que demander pour prier comme il faut" (Rm 8, 26):
nous ne savons pas comment prier, ni que dire à Dieu. C'est pourquoi Dieu
nous a donné les paroles de la prière, que ce soit dans le Psautier, dans
les grandes prières de la sainte Liturgie, ou dans la Liturgie eucharistique
elle-même. Ici, il nous enseigne à prier. Nous entrons dans la prière qui
s'est formée au cours des siècles sous l'inspiration de l'Esprit Saint et
nous nous unissons au dialogue du Christ avec le Père. Ainsi la Liturgie
est surtout prière: d'abord écoute, puis réponse, que ce soit dans le
Psaume responsorial, dans la prière de l'Eglise ou dans la grande prière
eucharistique. Nous la célébrons correctement si nous la célébrons dans une
attitude d'"oraison", en nous unissant au mystère du Christ et à son
dialogue de Fils avec le Père. Si nous célébrons l'Eucharistie de cette
manière, d'abord comme écoute, puis comme réponse, et donc comme prière avec
les paroles indiquées par l'Esprit Saint, nous la célébrons bien. Et les
personnes sont attirées à travers notre prière commune dans le sein des
enfants de Dieu.
La troisième
dimension est celle de la piété populaire. Un important document de la
Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements parle de
cette piété populaire et nous indique comment la "guider". La piété
populaire est l'une de nos forces, parce que ce sont des prières
profondément enracinées dans le cœur des personnes. Même certaines personnes
un peu éloignées de la vie de l'Eglise et qui n'ont pas une grande
compréhension de la foi sont touchées au cœur par cette prière. L'on doit
seulement "éclairer" ces gestes, "purifier" cette tradition afin qu'elle
devienne la vie actuelle de l'Eglise.
Puis,
l'adoration eucharistique. Je suis très reconnaissant parce que l'adoration
eucharistique se renouvelle toujours davantage. Au cours du Synode sur
l'Eucharistie, les Evêques ont beaucoup parlé de leurs expériences, de la
façon dont une nouvelle vie renaît dans les communautés grâce à cette
adoration, également nocturne, et de la façon dont naissent également ainsi
de nouvelles vocations. Je peux dire que je signerai prochainement
l'Exhortation post-synodale sur l'Eucharistie, qui sera ensuite à la
disposition de l'Eglise. Il s'agit d'un Document qui s'offre véritablement à
la méditation. Il apportera une aide à la fois dans la célébration
liturgique, dans la réflexion personnelle, dans la préparation des homélies,
et dans la célébration de l'Eucharistie. Il servira également à guider,
éclairer et revitaliser la piété populaire.
Enfin, vous
nous avez parlé du Sanctuaire comme d'un lieu de la caritas. Cela me
semble très logique et nécessaire. J'ai relu il y a peu de temps ce que
saint Augustin dit dans le Livre X des Confessions: j'ai été tenté et à
présent je comprends qu'il s'agissait d'une tentation de m'enfermer dans la
vie contemplative, de rechercher la solitude avec Toi, Seigneur; mais tu
m'en as empêché, tu m'as entraîné dehors et tu m'as fait entendre la parole
de saint Paul: "Le Christ est mort pour tous. Ainsi, nous devons mourir
avec le Christ et vivre pour tous"; j'ai compris que je ne peux pas
m'enfermer dans la contemplation; Tu es mort pour tous, par conséquent je
dois, avec Toi, vivre pour tous et vivre ainsi les œuvres de la charité. La
vraie contemplation se démontre dans les œuvres de la charité. Par
conséquent, le signe que nous avons vraiment prié, que nous avons rencontré
le Christ, est que nous sommes "pour les autres". C'est ainsi que doit être
un prêtre. Et saint Augustin était un grand prêtre. Il dit: dans ma vie,
j'ai toujours voulu vivre à l'écoute de la Parole, dans la méditation, mais
à présent je dois - jour après jour, heure après heure - demeurer près de la
porte, où sonne toujours la cloche, où je dois consoler les affligés, aider
les pauvres, réprimander les personnes agressives, créer la paix, et ainsi
de suite. Saint Augustin énumère le travail d'un prêtre, parce qu'à cette
époque, l'Evêque était également ce qu'est aujourd'hui le Kadi dans les pays
musulmans. En ce qui concerne les questions de droit civil, disons qu'il
était juge de paix: il a dû favoriser la paix entre les personnes en
litige. Il a donc vécu une existence qui pour lui, un homme contemplatif, a
été très difficile. Mais il a compris cette vérité: ainsi, je suis avec le
Christ; en étant "pour les autres", je suis dans le Seigneur crucifié et
ressuscité.
Cela me semble
d'un grand réconfort pour les prêtres et pour les Evêques. S'il reste peu de
temps pour la contemplation, en étant "pour les autres", nous sommes avec le
Seigneur. Vous avez parlé des autres éléments concrets de la charité, qui
sont très importants. Ils sont aussi un signe pour notre société, en
particulier pour les enfants, pour les personnes âgées, pour les personnes
qui souffrent. Je pense donc qu'à travers ces quatre dimensions de la vie,
vous nous avez donné la réponse à la question: que devons-nous faire dans
notre Sanctuaire?
Est ensuite
intervenu dom Maurizio Secondo Mirilli, Vicaire paroissial de "Santa
Bernadette Soubirous" et rattaché au service pour la Pastorale des Jeunes du
Diocèse, qui a souligné la tâche difficile des prêtres dans la mission de
former à la foi les nouvelles générations. Dom Maurizio a demandé au Pape
une parole d'orientation et de conduite sur la manière de transmettre aux
jeunes la joie de la foi chrétienne, en particulier face aux défis culturels
d'aujourd'hui, et il l'a prié d'indiquer les thématiques sur lesquelles
investir le plus d'énergies pour aider les jeunes garçons et filles à
rencontrer concrètement le Christ.
Merci pour le
travail que vous accomplissez pour les adolescents. Nous savons que la
jeunesse doit être réellement une priorité de notre travail pastoral, parce
qu'elle vit dans un monde éloigné de Dieu. Et il est très difficile de
trouver dans notre contexte culturel la rencontre avec le Christ, la vie
chrétienne, la vie de la foi. Les jeunes ont besoin d'un profond
accompagnement pour pouvoir réellement trouver ce chemin. Je dirais - même
si malheureusement, je vis assez loin d'eux et donc que je ne peux pas
donner d'indications très concrètes - que le premier élément me semble
justement et surtout l'accompagnement. Ils doivent voir que l'on peut vivre
la foi dans ce temps, qu'il ne s'agit pas d'une chose du passé, mais qu'il
est possible de vivre aujourd'hui en chrétiens et de trouver ainsi
réellement le bien.
Je me souviens
d'un élément autobiographique dans les écrits de saint Cyprien. J'ai vécu
dans ce monde qui est le nôtre - écrit-il - totalement éloigné de Dieu,
parce que les divinités étaient mortes et Dieu n'était pas visible. Et en
voyant les chrétiens, j'ai pensé: c'est une vie impossible, il ne peut en
être ainsi dans notre monde! Mais par la suite, en rencontrant plusieurs
d'entre eux, en entrant dans leur compagnie, en me laissant guider dans le
catéchuménat, sur ce chemin de conversion vers Dieu, peu à peu, j'ai
compris: cela est possible! Et à présent, je suis heureux d'avoir trouvé la
vie. J'ai compris que l'autre vie n'était pas la vie, et en vérité -
confesse-t-il - je savais déjà auparavant que cela n'était pas la vraie vie.
Il me semble
très important que les jeunes trouvent des personnes - aussi bien de leur
âge que plus mûres - chez qui ils puissent voir que la vie chrétienne
aujourd'hui est possible et qu'elle est également raisonnable et réalisable.
Sur ces deux derniers éléments, il me semble que l'on nourrit de nombreux
doutes: sur son caractère réalisable, parce que les autres voies sont très
éloignées du mode de vie chrétien, et sur son caractère raisonnable, parce
qu'à première vue, il semble que la science nous dise des choses tout à fait
différentes et donc que l'on ne puisse pas engager un parcours raisonnable
vers la foi, afin de montrer que celle-ci est en harmonie avec notre époque
et avec la raison.
Le premier
point est donc l'expérience, qui ouvre ensuite également la porte à la
connaissance. En ce sens, le "catéchuménat" vécu d'une façon nouvelle -
c'est-à-dire comme un chemin commun de vie, comme une expérience commune du
fait qu'il est possible de vivre ainsi - est d'une grande importance. C'est
uniquement en faisant une certaine expérience que l'on peut ensuite
comprendre. Je me souviens d'un conseil que Pascal donnait à un ami
non-croyant. Il lui disait: essaie donc de faire les choses que fait un
croyant, et ensuite, grâce à cette expérience, tu constateras que tout cela
est logique et vrai.
Je dirais qu'un
aspect important nous est montré précisément en ce moment par le Carême.
Nous ne pouvons pas penser vivre immédiatement une vie chrétienne à cent
pour cent, sans doute et sans péchés. Nous devons reconnaître que nous
sommes en chemin, que nous devons et que nous pouvons apprendre, que nous
devons nous convertir peu à peu. Bien sûr, la conversion fondamentale est un
acte qui est pour toujours. Mais parvenir à la conversion est un acte de
vie, qui se réalise dans la patience d'une vie. C'est un acte dans lequel
nous ne devons pas perdre la confiance et le courage du chemin. C'est
précisément cela que nous devons reconnaître: nous ne pouvons pas faire de
nous-mêmes des chrétiens parfaits d'un jour à l'autre. Toutefois, il vaut la
peine d'aller de l'avant, de conserver la foi dans l'option fondamentale,
pour ainsi dire, et de poursuivre avec persévérance sur un chemin de
conversion qui devient parfois difficile. Il peut arriver, en effet, que je
me sente découragé, au point de tout vouloir abandonner et de tomber dans un
état de crise. Il ne faut pas immédiatement céder, mais avec courage, il
faut recommencer. Le Seigneur me guide, le Seigneur est généreux et avec son
pardon je vais de l'avant, en devenant, moi aussi, généreux avec les
autres. Ainsi, nous apprenons réellement l'amour pour le prochain et la vie
chrétienne, qui implique cette persévérance d'aller de l'avant.
Quant aux
grands thèmes, je dirais qu'il est important de connaître Dieu. Le thème de
"Dieu" est essentiel. Dans l'Epître aux Ephésiens, saint Paul dit:
"Rappelez-vous qu'en ce temps-là vous étiez sans Christ... n'ayant ni
espérance ni Dieu en ce monde. Or, voici à présent que dans le Christ Jésus,
vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches" (Ep 2, 12-13).
Ainsi, la vie a un sens qui me guide également dans les difficultés. Il faut
donc revenir à Dieu Créateur, au Dieu qui est la raison créatrice, et puis
trouver le Christ, qui est le Visage vivant de Dieu. Disons qu'il y a ici
une réciprocité. D'une part, la rencontre avec Jésus, avec cette figure
humaine, historique, réelle, m'aide à connaître peu à peu Dieu; et d'autre
part, connaître Dieu m'aide à comprendre la grandeur du mystère du Christ,
qui est le Visage de Dieu. C'est uniquement si nous réussissons à comprendre
que Jésus n'est pas un grand prophète, l'une des personnalités religieuses
du monde, mais le Visage de Dieu, qu'il est Dieu, qu'alors nous avons
découvert la grandeur du Christ et nous avons trouvé qui est Dieu. Dieu
n'est pas seulement une ombre lointaine, la "Cause première", mais il a un
Visage: c'est le Visage de la miséricorde, le Visage du pardon et de
l'amour, le Visage de la rencontre avec nous. Ces deux thèmes
s'interpénètrent donc réciproquement et ils doivent toujours aller ensemble.
Puis,
naturellement, nous devons comprendre que l'Eglise est la grande compagne
sur le chemin que nous entreprenons. En elle, la Parole de Dieu demeure
vivante et le Christ n'est pas seulement une figure du passé, mais il est
présent. Ainsi, nous devons redécouvrir la vie sacramentelle, le pardon
sacramentel, l'Eucharistie, le Baptême comme nouvelle naissance. Saint
Ambroise, lors de la Nuit pascale, lors de la dernière catéchèse
mystagogique, a dit: Jusqu'à présent, nous avons parlé des choses morales,
maintenant, c'est le moment de parler du Mystère. Il avait offert un guide à
l'expérience morale, naturellement à la lumière de Dieu, qui s'ouvre ensuite
au Mystère. Je pense qu'aujourd'hui, ces deux choses doivent aller de pair:
un chemin avec Jésus qui découvre toujours davantage la profondeur de son
Mystère. Ainsi, l'on apprend à vivre de manière chrétienne, on apprend la
grandeur du pardon et la grandeur du Seigneur qui se donne à nous dans
l'Eucharistie.
Sur ce chemin,
naturellement, les saints nous accompagnent. Ceux-ci, même avec de très
nombreux problèmes, ont vécu et ont été les "interprétations" vraies et
vivantes de l'Ecriture Sainte. Chacun a son saint, dont il peut apprendre ce
que signifie vivre en chrétien. Ce sont notamment les saints de notre temps.
Et puis naturellement, il y a toujours Marie, qui demeure la Mère de la
Parole. Redécouvrir Marie nous aide à aller de l'avant en chrétiens et à
connaître son Fils.
Le Père
Franco Incampo, Recteur de l'Eglise "Santa Lucia del Gonfalone", a
présenté l'expérience de la lecture intégrale de la Bible que sa Communauté
effectue avec l'Eglise vaudoise. "Nous nous sommes mis à l'écoute de la
Parole - a-t-il dit -. Il s'agit d'un vaste projet. Quelle est la valeur de
la Parole dans la Communauté ecclésiale? Pourquoi connaissons-nous aussi
peu la Bible? Comment promouvoir la connaissance de la Bible, afin que la
Parole forme la communauté également pour suivre un chemin œcuménique?".
Vous avez
certainement une expérience plus concrète dans la manière de procéder pour
cela. Je peux tout d'abord dire que le prochain Synode sur la Parole de Dieu
aura bientôt lieu. J'ai déjà pu voir les "Lineamenta" élaborés par
le Conseil du Synode et je pense que les différentes dimensions de la
présence de la Parole dans l'Eglise apparaîtront clairement.
Naturellement,
la Bible, dans son intégralité, est quelque chose d'immense et qu'il faut
découvrir peu à peu. Car si nous prenons seulement chaque partie séparément,
il peut souvent être difficile de comprendre qu'il s'agit de la Parole de
Dieu: je pense à certaines parties des Livres des Rois rapportant les
récits historiques et l'extermination des peuples existant en Terre Sainte.
Beaucoup d'autres choses sont difficiles. Le Qohélet (l'Ecclésiaste) peut
lui aussi être isolé et apparaître très difficile: il semble précisément
théoriser le désespoir, car rien ne demeure et, à la fin, le sage meurt lui
aussi avec les sots. Nous venons d'en avoir la lecture dans le Bréviaire.
Un premier
point me semble précisément celui de lire l'Ecriture Sainte dans son unité
et son intégralité. Chacune des parties appartient à un chemin et ce n'est
qu'en les voyant dans leur intégralité, comme un chemin unique, où une
partie explique l'autre, que nous pouvons le comprendre. Continuons par
exemple à étudier le Qohélet. Il y avait auparavant la Parole de la sagesse,
selon laquelle celui qui est bon vit également bien. C'est-à-dire que Dieu
récompense celui qui est bon. Et puis Job arrive et l'on voit qu'il n'en est
rien, et que c'est précisément celui qui est bon qui souffre le plus. Il
semble véritablement oublié de Dieu. Puis viennent les Psaumes de cette
époque, où il est dit: Dieu, mais que fais-tu? Les athées, les superbes
vivent bien, sont florissants, se nourrissent bien et rient de nous et
disent: mais où est Dieu? Il ne s'intéresse pas à nous et nous avons été
vendus comme des brebis destinées à l'abattoir. Que fais-tu de nous,
pourquoi en est-il ainsi? Le moment arrive où le Qohélet dit: mais, à la
fin, toute cette sagesse, où demeure-t-elle? Il s'agit d'un Livre presque
existentialiste, dans lequel on affirme que tout est vain. Ce premier chemin
ne perd pas de sa valeur, mais il s'ouvre à la nouvelle perspective qui, à
la fin, conduit à la croix du Christ, "le Saint de Dieu", comme le dit saint
Pierre au sixième chapitre de l'Evangile de Jean. Il finit avec la Croix.
C'est précisément ainsi qu'est démontrée la sagesse de Dieu, que nous
décrira ensuite saint Paul.
Et ce n'est
donc que si nous envisageons le tout comme un unique chemin, pas à pas, et
que si nous apprenons à lire l'Ecriture dans son unité, que nous pouvons
également réellement accéder à la beauté et à la richesse de l'Ecriture
Sainte. Donc tout lire, mais en gardant toujours présente à l'esprit la
totalité de l'Ecriture Sainte, où une partie explique l'autre, un pas du
chemin explique l'autre. Sur ce point, l'exégèse moderne peut également
apporter beaucoup. Prenons, par exemple, le Livre d'Isaïe, lorsque les
exégètes découvrirent qu'à partir du chapitre 40, l'auteur est un autre - le
"Deutéro-Isaïe", comme on l'a appelé à l'époque. Il y eut pour la théologie
catholique un moment de grande terreur. Certains pensèrent que l'on
détruisait ainsi Isaïe et qu'à la fin, dans le chapitre 53, la vision du
serviteur de Dieu n'était plus celle de l'Isaïe qui avait vécu il y a
presque 800 ans avant le Christ. Que devons-nous faire, se demanda-t-on?
Nous avons à présent compris que tout le Livre est un chemin de relectures
toujours nouvelles, où l'on entre toujours davantage dans le mystère proposé
au début et où l'on ouvre toujours plus ce qui était initialement présent,
mais encore fermé. Nous pouvons précisément comprendre dans un Livre tout le
chemin de l'Ecriture Sainte, qui est une relecture permanente, une meilleure
compréhension de ce qui a été dit auparavant. Pas à pas, la lumière s'allume
et le chrétien peut comprendre ce que le Seigneur a dit aux disciples
d'Emmaüs, en leur expliquant que tous les prophètes avaient parlé de Lui. Le
Seigneur nous ouvre la dernière relecture, le Christ est la clef de tout et
ce n'est qu'en s'unissant sur le chemin aux disciples d'Emmaüs, ce n'est
qu'en marchant avec le Christ, en relisant tout dans sa lumière, avec Lui
qui est crucifié et ressuscité, que nous entrons dans la richesse et dans la
beauté de l'Ecriture Sainte.
C'est pourquoi
je dirais que l'important est de ne pas diviser l'Ecriture Sainte. C'est
précisément la critique moderne, comme nous le voyons à présent, qui nous a
fait comprendre qu'il s'agit d'un chemin permanent. Et nous pouvons aussi
voir qu'il s'agit d'un chemin qui possède une direction et que le Christ est
réellement le point d'arrivée. En commençant par le Christ, nous pouvons
reprendre tout le chemin et entrer dans la profondeur de la Parole.
Je dirais, pour
résumer, que la lecture de l'Ecriture Sainte doit toujours être une lecture
à la lumière du Christ. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons lire et
comprendre, également dans notre contexte actuel, l'Ecriture Sainte et
recevoir réellement une lumière de l'Ecriture Sainte. Nous devons comprendre
cela: l'Ecriture Sainte est un chemin qui possède une direction. Celui qui
connaît le point d'arrivée peut également, encore à nouveau, accomplir tous
les pas et apprendre ainsi de manière plus profonde le mystère du Christ. En
comprenant cela, nous avons également compris l'aspect ecclésial de
l'Ecriture Sainte, car ces chemins, ces pas du chemin, sont les pas d'un
peuple. C'est le peuple de Dieu qui va de l'avant. Le véritable propriétaire
de la Parole est toujours le Peuple de Dieu, guidé par l'Esprit Saint, et
l'inspiration est un processus complexe: l'Esprit Saint guide, le peuple
reçoit.
C'est donc le
chemin d'un peuple, du peuple de Dieu. L'Ecriture Sainte doit toujours être
lue avec attention. Mais cela ne peut avoir lieu que si nous marchons au
sein de ce sujet qui est le peuple de Dieu qui vit, qui est renouvelé, qui
est fondé à nouveau par le Christ, mais qui conserve toujours son identité.
Je dirais
donc qu'il existe trois dimensions qui sont en relation entre elles. La
dimension historique, la dimension christologique et la dimension
ecclésiologique - du peuple en marche - s'interpénètrent. Une lecture
complète est celle dans laquelle les trois dimensions sont présentes. C'est
pourquoi la liturgie - la lecture commune, en prière, du peuple de Dieu -
reste le lieu privilégié pour la compréhension de la Parole, également car
c'est précisément là que la lecture devient prière et s'unit avec la prière
du Christ dans la prière eucharistique.
Je voudrais
encore ajouter un élément qu'ont souligné tous les Pères de l'Eglise. Je
pense surtout à un très beau texte de saint Ephrém et à un autre de saint
Augustin dans lequel on dit: si tu as peu compris, accepte-le, et ne pense
pas avoir tout compris. La Parole reste toujours plus grande que ce que tu
as pu comprendre. Et cela doit à présent être dit de manière critique à
l'égard d'une certaine partie de l'exégèse moderne, qui pense avoir tout
compris et, après l'interprétation qu'elle a élaborée, qu'on ne peut
désormais rien ajouter de plus. Cela n'est pas vrai. La Parole est toujours
plus grande que l'exégèse des Pères et que l'exégèse critique, car celle-ci
aussi ne comprend qu'une partie, je dirais même une partie minime. La Parole
est toujours plus grande, cela est d'un grand réconfort pour nous. D'une
part, il est bon de savoir que l'on n'a compris qu'une petite partie. Il est
bon de savoir qu'il y a encore un trésor intarissable et que chaque
génération nouvelle redécouvrira de nouveaux trésors et ira de l'avant avec
la grandeur de la Parole de Dieu, qui est toujours devant nous, qui nous
guide et qui est toujours plus grande. C'est en étant conscient de cela que
l'on doit lire l'Ecriture.
Saint Augustin
a dit: le lièvre et l'âne boivent à la fontaine. L'âne boit davantage, mais
chacun boit selon ses capacités. Que nous soyons des lièvres ou des ânes,
nous sommes reconnaissants que le Seigneur nous fasse boire de son eau.
Le thème des
Mouvements ecclésiaux et des Communautés nouvelles, comme don providentiel
pour notre époque, a été proposé par le Père Gerardo Raul Carcar, de
la Communauté des Pères de Schönstatt, d'Argentine, arrivé à Rome il y a six
mois, et aujourd'hui Vicaire coopérateur de la paroisse "San Girolamo a
Corviale". Il s'agit de réalités qui possèdent un élan créatif, qui vivent
la foi et qui cherchent de nouvelles formes de vie pour trouver leur juste
place missionnaire au sein de l'Eglise. Le religieux a demandé au Pape un
conseil sur la manière de s'insérer pour développer réellement un ministère
d'unité dans l'Eglise universelle.
Je vois donc
que je dois être plus bref. Merci pour cette question. Il me semble que vous
avez cité les sources essentielles de ce que je peux dire sur les
Mouvements. Dans ce sens, votre question est également une réponse.
Je voudrais
immédiatement préciser que ces mois-ci, je reçois les Evêques italiens en
visite "ad limina" et que je peux ainsi un peu mieux apprendre la géographie
de la foi en Italie. Je vois beaucoup de belles choses, en même temps que
les problèmes que nous connaissons tous. Je vois surtout que la foi est
encore profondément enracinée dans le cœur italien, même si, naturellement,
elle est menacée de nombreuses façons par les situations actuelles. Les
Mouvements acceptent également bien ma fonction paternelle de Pasteur.
D'autres sont plus critiques et disent que les Mouvements ne s'insèrent pas.
Je pense que les situations sont réellement différentes, tout dépend des
personnes en question.
Il me semble
que nous possédons deux règles fondamentales, dont vous avez parlé. La
première règle nous a été donnée par saint Paul dans la Première Lettre aux
Thessaloniciens: ne pas étouffer les charismes. Si le Seigneur nous donne
de nouveaux dons, nous devons être reconnaissants, même s'ils sont parfois
dérangeants. Et c'est une belle chose que, sans initiative de la hiérarchie,
à partir d'une initiative d'en bas, comme on dit, mais une initiative qui
est aussi réellement d'en-Haut, c'est-à-dire comme un don de l'Esprit Saint,
naissent de nouvelles formes de vie dans l'Eglise, qui du reste sont nées
tout au long des siècles.
Au début, elles
étaient toujours dérangeantes: même saint François était très dérangeant et
pour le Pape, il était très difficile de donner une forme canonique à une
réalité qui était beaucoup plus grande que les règlements juridiques. Pour
saint François c'était un très grand sacrifice de se laisser encadrer dans
cette structure juridique, mais à la fin est ainsi née une réalité qui vit
encore aujourd'hui et qui continuera d'exister: celle-ci donne de la force
et de nouveaux éléments à la vie de l'Eglise.
Je dirais
seulement ceci: à chaque siècle, des Mouvements sont nés. Même saint
Benoît, au début, était un Mouvement. Ils s'insèrent dans la vie de l'Eglise
non sans souffrances, non sans difficultés. Saint Benoît lui-même a dû
corriger la direction initiale du monachisme. Et à notre époque aussi, le
Seigneur, l'Esprit Saint, nous a donné de nouvelles initiatives avec de
nouveaux aspects de la vie chrétienne: étant vécues par des personnes
humaines, avec leurs limites, celles-ci créent également des difficultés.
La première
règle est donc de ne pas étouffer les charismes, d'être reconnaissants même
s'ils sont dérangeants. La deuxième règle est la suivante: l'Eglise est
une. Si les Mouvements sont réellement des dons de l'Esprit Saint, ils
s'insèrent et servent l'Eglise et, dans le dialogue patient entre pasteurs
et Mouvements, naît une forme féconde où ces éléments deviennent des
éléments édifiants pour l'Eglise d'aujourd'hui et de demain.
Ce dialogue se
déroule à tous les niveaux. A partir du curé, de l'Evêque et du Successeur
de Pierre est en cours la recherche de structures opportunes: dans de
nombreux cas, la recherche a déjà porté ses fruits. Dans d'autres, on est
encore en phase d'étude. On se demande, par exemple, si après cinq ans
d'expérience, on doit confirmer de façon définitive les Statuts du Chemin
néocatéchuménal, s'il y a encore besoin d'un temps d'expérimentation, ou si
l'on doit peut-être un peu retoucher certains éléments de cette structure.
Quoi qu'il en
soit, j'ai connu les Néocatéchumènes dès le début. Le chemin a été long,
pavé de nombreuses difficultés qui subsistent aujourd'hui encore, mais nous
avons trouvé une forme ecclésiale qui a déjà beaucoup amélioré la relation
entre le Pasteur et le Chemin. Allons de l'avant de cette façon! Cela vaut
également pour les autres Mouvements.
A présent,
comme synthèse des deux règles fondamentales, je dirais: gratitude,
patience et également acceptation des souffrances qui sont inévitables. Même
dans un mariage, il y a toujours des souffrances et des tensions. On va
cependant de l'avant et c'est ainsi que mûrit le véritable amour. La même
chose a lieu dans la communauté de l'Eglise: nous sommes patients ensemble.
Les différents niveaux de la hiérarchie - du curé, à l'Evêque, au Souverain
Pontife - doivent eux aussi entretenir un échange permanent d'idées, doivent
promouvoir le dialogue pour trouver ensemble la meilleure voie. Les
expériences des curés sont fondamentales, mais les expériences de l'Evêque
et, disons, la perspective universelle du Pape trouvent elles aussi leurs
lieux théologiques et pastoraux dans l'Eglise.
Cet ensemble de
divers niveaux de la hiérarchie, d'une part, et l'ensemble vécu dans les
paroisses, avec patience et ouverture, en obéissance au Seigneur, de
l'autre, créent réellement la nouvelle vitalité de l'Eglise.
Nous sommes
reconnaissants à l'Esprit Saint des dons qu'il nous a donnés. Nous sommes
obéissants à la voix de l'Esprit, mais nous sommes également clairs en
intégrant ces éléments dans la vie: ce critère sert, à la fin, l'Eglise
concrète et ainsi, avec patience, courage et générosité, le Seigneur nous
guidera et nous aidera assurément.
Dom
Angelo Mangano, Curé de "San Gelasio", paroisse confiée au soin pastoral
de la Communauté "Missione Chiesa Mondo" depuis 2003, a parlé de manière
significative de la pastorale en la fête de la Chaire de saint Pierre. Il a
indiqué l'importance de développer une unité entre la vie spirituelle et la
vie pastorale qui n'est pas une technique d'organisation mais qui coïncide
avec la vie même de l'Eglise. Jésus lui-même se fait synthèse, a dit le
prêtre qui a demandé au Saint-Père comment transmettre au Peuple de Dieu
l'idée de la pastorale comme vie véritable de l'Eglise et comment faire pour
que la pastorale se nourrisse toujours davantage de l'ecclésiologie
conciliaire.
Il y a, me
semble-t-il, plusieurs questions. Une question porte sur la manière
d'inspirer la paroisse à travers l'ecclésiologie conciliaire, faire vivre
par les fidèles cette ecclésiologie; l'autre porte sur la manière dont nous
devons agir et en nous-mêmes rendre le travail pastoral spirituel.
Commençons par cette deuxième question. Une certaine tension entre ce que
je dois absolument faire et les réserves spirituelles que je dois conserver,
demeure en permanence. Je le constate toujours quant à moi chez saint
Augustin, qui s'en plaint dans ses prédications. J'ai déjà cité: j'aimerais
tant vivre avec la Parole de Dieu, mais du matin au soir, je dois être avec
vous. Augustin trouve toutefois cet équilibre en étant toujours à
disposition, mais en se réservant également des moments de prière, de
méditation de la Parole sacrée, car autrement, il ne pourrait plus rien
dire. Je voudrais souligner ici en particulier ce que vous avez dit sur le
fait que la pastorale ne devrait jamais être une simple stratégie, un
travail administratif, mais toujours demeurer un travail spirituel.
Assurément, ces autres choses ne peuvent pas non plus totalement manquer,
parce que nous sommes sur cette terre et que ces problèmes existent:
comment bien administrer les comptes, etc. Cela aussi est un domaine qui ne
peut pas être totalement absent.
Mais l'accent
fondamental doit être précisément celui qu'être pasteur est en soi un acte
spirituel. Vous avez à juste titre évoqué l'Evangile de Jean, chap. 10, où
le Seigneur se définit comme le bon Pasteur. Et comme première définition,
Jésus dit que le Pasteur précède. C'est-à-dire qu'il montre le chemin, il
fait en premier ce que doivent faire les autres, il prend en premier le
chemin qui est le chemin pour les autres. Le Pasteur précède. Cela veut dire
que lui-même vit tout d'abord la Parole de Dieu: il est un homme de prière,
il est un homme de pardon, il est un homme qui reçoit et célèbre les
Sacrements comme actes de prière et de rencontre avec le Seigneur. C'est un
homme de charité, vécue et réalisée. Et ainsi, tous les actes simples de
dialogues, de rencontres, tout ce qu'il faut faire, tous ces actes
deviennent des actes spirituels en communion avec le Christ. Son "pro
omnibus" devient notre "pro meis".
Alors il
précède, et il me semble que dans cette manière de précéder, on a déjà dit
l'essentiel. Le chapitre 10 de saint Jean continue ensuite en rapportant que
Jésus nous précède en s'offrant lui-même à la Croix. Et cela est également
inévitable pour le prêtre. Cette offrande de soi-même est également une
participation à la Croix du Christ et c'est grâce à cela que nous pouvons
nous aussi, de manière crédible, réconforter les personnes qui souffrent,
être aux côtés des pauvres, des laissés-pour-compte, etc.
Par conséquent,
dans ce programme que vous avez développé, la spiritualisation du travail
quotidien de la pastorale est fondamentale. Cela est plus facile à dire qu'à
faire, mais nous devons essayer. Et pour pouvoir spiritualiser notre
travail, à nouveau, nous devons suivre le Seigneur. Les Evangiles nous
disent que le jour il travaillait, et la nuit, il était sur la montagne avec
le Père et il priait. Je dois confesser ici ma faiblesse. De nuit, je ne
peux pas prier, la nuit, je voudrais dormir. Mais, toutefois, un peu de
temps libre pour le Seigneur est réellement nécessaire: que ce soit pour la
célébration de la Messe, pour la prière de la Liturgie des Heures, et la
méditation quotidienne, même brève, en suivant la Liturgie, le Rosaire. Mais
ce dialogue personnel avec la Parole de Dieu est important. Et c'est
uniquement de cette manière que nous pouvons acquérir des réserves pour
répondre aux exigences de la vie pastorale.
Deuxième
point: vous avez à juste titre souligné l'ecclésiologie du Concile. Il me
semble que nous devons encore bien davantage intérioriser cette
ecclésiologie, aussi bien celle de
Lumen
Gentium que celle de
Ad gentes, qui est également un document ecclésiologique, ainsi que
celle des Documents mineurs, et enfin, celle de
Dei Verbum. Et, en intériorisant cette vision, nous pouvons
également attirer notre peuple vers cette vision, pour qu'il comprenne que
l'Eglise n'est pas simplement une grande structure, une de ces organisations
supranationales qui existent. L'Eglise, tout en étant un corps, est le corps
du Christ et donc un corps spirituel, comme le dit saint Paul. Elle est une
réalité spirituelle. Cela me semble très important: que les personnes
puissent voir que l'Eglise n'est pas une organisation supranationale, n'est
pas un corps administratif ou de pouvoir, n'est pas une institution sociale,
bien qu'elle accomplisse un travail social et supranational, mais qu'elle
est un corps spirituel.
Notre prière
avec le peuple, le fait d'écouter avec le peuple la Parole de Dieu, de
célébrer avec le peuple de Dieu les Sacrements, d'agir avec le Christ dans
la charité etc.: il me semble que c'est surtout dans les homélies que nous
devons diffuser cette vision. Il me semble, en ce sens, que l'homélie
demeure une occasion merveilleuse d'être proches des personnes et de
communiquer la spiritualité enseignée par le Concile. Et ainsi, il me semble
que si l'homélie a grandi dans la prière, dans l'écoute de la Parole de
Dieu, elle est une communication du contenu de la Parole de Dieu. Le Concile
parvient réellement à notre peuple. Non ces fragments de commentaires
journalistiques qui ont donné une image erronée du Concile. Mais la vraie
réalité spirituelle du Concile. Et ainsi, nous devons apprendre la Parole de
Dieu toujours et à nouveau avec le Concile et dans l'esprit du Concile, en
intériorisant sa vision. En faisant cela nous pouvons également communiquer
avec notre peuple et accomplir ainsi réellement un travail pastoral et
spirituel.
Dom
Alberto Pacini, Recteur de la Basilique Sainte-Anastasie, a parlé de
l'adoration eucharistique perpétuelle - en particulier de la possibilité
d'organiser des sessions nocturnes - et a demandé au Pape d'expliquer le
sens et la valeur de la réparation eucharistique face aux vols, aux actes
sacrilèges et aux sectes sataniques.
Nous ne parlons
plus en général de l'adoration eucharistique, qui a réellement pénétré dans
nos cœurs et qui pénètre dans le cœur du peuple. Vous avez posé cette
question spécifique sur la réparation eucharistique. Il s'agit d'un discours
qui est devenu difficile. Je me souviens, quand j'étais jeune, qu'à
l'occasion de la fête du Sacré-Cœur, nous disions une belle prière de Léon
XIII, puis une autre de Pie XI, dans laquelle la réparation occupait une
place particulière, précisément en référence, déjà à cette époque, aux actes
sacrilèges qui devaient être réparés.
Il me semble
que nous devons aller au fond des choses, parvenir au Seigneur lui-même qui
a offert la réparation pour le péché du monde, et nous efforcer de réparer:
disons qu'il faut équilibrer le surcroît de mal et le surcroît de bien.
Ainsi, dans la balance du monde, nous ne devons pas laisser ce grand
surcroît au négatif, mais accorder un poids au moins équivalent au bien.
Cette idée fondamentale s'appuie sur ce qui a été fait par le Christ. Tel
est, pour autant que je comprenne, le sens du sacrifice eucharistique.
Contre ce grand poids du mal qui existe dans le monde, le Seigneur place un
autre poids plus grand, celui de l'amour infini qui entre dans ce monde. Tel
est le point important: Dieu est toujours le bien absolu, mais ce bien
absolu entre précisément dans le jeu de l'histoire; le Christ devient ici
présent et subit jusqu'au bout les souffrances du mal, créant ainsi un
contrepoids d'une valeur absolue. Le surcroît du mal, qui existe toujours si
nous ne considérons de façon empirique que les proportions, est dépassé par
le surcroît immense du bien, de la souffrance du Fils de Dieu.
Dans ce sens,
la réparation existe, et elle est nécessaire. Il me semble qu'aujourd'hui,
il est un peu difficile de comprendre ces choses. Lorsque l'on voit le poids
du mal dans le monde, qui croît en permanence, qui semble exercer une
domination absolue dans l'histoire, on pourrait - comme le dit saint
Augustin dans une méditation - véritablement désespérer. Mais l'on
constate qu'il y a un surcroît encore plus grand dans le fait que Dieu
lui-même est entré dans l'histoire, a participé à l'histoire et a souffert
jusqu'au bout. Tel est le sens de la réparation. Ce surcroît du Seigneur est
pour nous un appel à nous ranger de son côté, à entrer dans ce grand
surcroît de l'amour et à le rendre présent, même avec nos faiblesses. Nous
savons que pour nous aussi, ce surcroît est nécessaire, car dans notre vie
aussi, le mal existe. Nous vivons toujours grâce au surcroît du Seigneur.
Mais il nous fait ce don afin que, comme le dit la Lettre aux Colossiens,
nous puissions nous associer à son abondance et, disons, faire croître
encore plus cette abondance de façon concrète à notre époque historique.
Il me semble
que la théologie devrait faire davantage pour comprendre encore mieux cette
réalité de la réparation. Il y avait également de fausses idées dans
l'histoire. Ces derniers jours, j'ai lu les discours théologiques de saint
Grégoire de Nazianze, qui, à un certain moment, parle de cet aspect et se
demande à qui le Seigneur a offert son sang. Il dit: le Père ne voulait pas
du sang du Fils, le Père n'est pas cruel, il n'est pas nécessaire
d'attribuer cela à la volonté du Père; mais c'est l'histoire qui le voulait,
ce sont les nécessités et les déséquilibres de l'histoire qui le voulaient.
L'on devrait entrer dans ces déséquilibres et là, recréer le véritable
équilibre. Cela est véritablement éclairant. Mais il me semble que nous ne
disposons pas du langage nécessaire pour que nous comprenions ce fait et que
nous le fassions également comprendre aux autres. Il ne faut pas offrir à un
Dieu cruel le sang de Dieu. Mais Dieu lui-même, par son amour, doit entrer
dans les souffrances de l'histoire pour créer non seulement un équilibre,
mais un surcroît d'amour qui est plus fort que l'abondance du mal qui
existe. C'est ce à quoi le Seigneur nous invite.
Cela me semble
une réalité typiquement catholique. Luther dit: nous ne pouvons rien
ajouter. Et cela est vrai. Puis il dit: donc, nos œuvres ne comptent
pas. Et cela n'est pas vrai. Car la générosité du Seigneur se révèle
précisément dans le fait qu'il nous invite à entrer et accorde également une
valeur au fait que nous soyons avec Lui. Nous devons mieux apprendre tout
cela et ressentir également la grandeur, la générosité du Seigneur et la
grandeur de notre vocation. Le Seigneur veut nous associer à son grand
surcroît. Si nous commençons à le comprendre, nous serons heureux que le
Seigneur nous invite à cela. Ce sera la grande joie d'être pris au sérieux
par l'amour du Seigneur.
La septième
intervention a été celle de Dom Francesco Tedeschi, professeur à la
Faculté de Missiologie de l'Université pontificale urbanienne, et qui prête
son service pastoral dans la basilique Saint Bartholomée sur l'Ile Tibérine,
lieu de mémoire des nouveaux martyrs du XX siècle. Plus qu'une question, Dom
Tedeschi a présenté une réflexion sur l'exemple et le pouvoir d'attraction
que représentent les figures des martyrs à l'égard des jeunes en
particulier. Ils dévoilent la beauté de la foi chrétienne et témoignent au
monde qu'il est possible de répondre au mal par le bien en fondant leur vie
sur la force de l'espérance. Le Pape n'a pas voulu ajouter de commentaires à
cette réflexion.
Les
applaudissements que nous avons entendus montrent que vous avez vous-même
déjà apporté toutes les réponses... C'est pourquoi, à votre question, je
pourrais simplement répondre: oui, il en est bien ainsi, comme vous l'avez
dit. Et méditons vos paroles.
Puis le
Père Krystzof Wendlik, Vicaire paroissial des Saints Urbain et Laurent à
Prima Porta, a parlé du problème du relativisme dans la culture
contemporaine et a demandé au Pape une parole d'explication sur le rapport
entre unité de foi et pluralisme en théologie.
C'est une
question importante! Lorsque j'étais encore membre de la Commission
théologique internationale, nous avons étudié pendant un an ce problème.
J'ai été le rapporteur, donc je m'en souviens assez bien. Et pourtant, je
reconnais que je suis incapable d'expliquer la question en quelques mots. Je
voudrais simplement dire que la théologie a toujours été multiple. Pensons
aux Pères, au Moyen-âge l'école franciscaine, l'école dominicaine, puis à la
fin du Moyen-âge, et ainsi de suite. Comme nous l'avons dit, la Parole de
Dieu est toujours plus grande que nous. C'est pourquoi nous ne pouvons
jamais venir à bout du rayonnement de cette Parole et c'est pourquoi
diverses approches, divers types de réflexions sont nécessaires.
Je voudrais
simplement dire: il est important que le théologien, d'une part, dans sa
responsabilité et dans sa capacité professionnelle, s'efforce de trouver des
pistes qui répondent aux exigences et aux défis de notre temps; et,
d'autre part, qu'il soit toujours conscient que tout cela est fondé sur
la foi de l'Eglise et doit donc toujours retourner à la foi de l'Eglise. Je
pense que si un théologien demeure personnellement et profondément dans la
foi et comprend que son travail est une réflexion sur la foi, il réussira à
concilier unité et pluralité.
La dernière
intervention a été celle de Dom Luigi Veturi, curé de Saint
Jean-Baptiste des Florentins, qui a consacré sa question au thème de l'art
sacré, en demandant au Pape si celui-ci ne devrait pas être mieux valorisé
comme moyen de communication de la foi.
La réponse
pourrait être très simple: oui! Je suis arrivé parmi vous avec un peu de
retard, car je me suis rendu auparavant dans la Chapelle pauline, qui fait
l'objet depuis plusieurs années de travaux de restauration. On m'a dit
qu'ils dureront encore deux ans. J'ai pu voir entre les échafaudages un peu
de cet art miraculeux. Et cela vaut la peine de bien la restaurer, afin
qu'elle soit rendue à sa splendeur originelle et qu'elle soit une catéchèse
vivante.
Avec cela, je
voulais rappeler que l'Italie est particulièrement riche d'art, et l'art est
un trésor de catéchèse inépuisable, incroyable. C'est également un devoir
pour nous de le connaître et de mieux le comprendre. Je ne sais pas comment
font parfois les historiens de l'art, pour l'interpréter uniquement de façon
formelle, selon la technique artistique. Nous devons au contraire entrer
dans le contenu et faire revivre le contenu qui a inspiré ce grand art. Cela
me semble réellement un devoir - également dans la formation des futurs
prêtres - de connaître ces trésors et d'être capables de transformer en
catéchèse vivante ce qui est présent en eux et nous parle aujourd'hui.
Ainsi, l'Eglise pourra elle aussi apparaître comme un organisme non pas
d'oppression ou de pouvoir - comme certains voudraient le faire croire -
mais d'une fécondité spirituelle unique dans l'histoire ou du moins,
oserais-je dire, qui n'a pas d'égal en dehors de l'Eglise catholique. C'est
également un signe de la vitalité de l'Eglise qui, avec toutes ses
faiblesses et également ses péchés, est toujours restée une grande réalité
spirituelle, une source d'inspiration qui nous a donné toute cette richesse.
C'est donc un
devoir pour nous d'entrer dans cette richesse et d'être capables de devenir
les interprètes de cet art. Cela vaut tant pour la peinture et la sculpture,
que pour la musique sacrée, qui est un domaine de l'art qui mérite d'être
vivifié. Je dirais que l'Evangile vécu de façon différente représente
aujourd'hui encore une puissante source d'inspiration qui nous donne et qui
nous donnera des œuvres d'art. Il existe également aujourd'hui surtout de
très belles sculptures, qui démontrent que la fécondité de la foi et de
l'Evangile ne s'est pas éteinte; il existe aujourd'hui aussi des
compositions musicales... Il me semble que l'on peut souligner une
situation, disons, contradictoire de l'art, une situation même un peu
désespérée de l'art. Aujourd'hui aussi l'Eglise inspire, car la foi et la
Parole de Dieu sont inépuisables. Et cela nous donne du courage à tous. Cela
nous donne l'espérance que le monde à venir aura lui aussi une nouvelle
vision de la foi, et, dans le même temps, la certitude que les deux mille
ans d'art chrétien déjà écoulés sont toujours vivants et sont toujours un
"aujourd'hui" de la foi.
Voilà, merci
de votre patience et de votre attention. Je vous présente tous mes vœux de
bon Carême!
Sources: © Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.02.2007 - BENOÎT XVI
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