1. Le but de la
Constitution sur l’Église
Le Christ est la lumière des peuples ; réuni
dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc
ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne
nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la
clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église
(cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en
quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe
et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de
tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une
plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier,
en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles,
sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui
est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une
nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais
plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux,
techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité
dans le Christ.
2. Le dessein
universel de salut du Père éternel
Le Père éternel par la disposition
absolument libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté
a créé l’univers ; il a voulu élever les hommes à la
participation de la vie divine ; devenus pécheurs en Adam,
il ne les a pas abandonnés, leur apportant sans cesse les
secours salutaires, en considération du Christ rédempteur, «
qui est l’image du Dieu invisible, premier-né de toute la
création » (Col 1, 15). Tous ceux qu’il a choisis, le
Père, avant tous les siècles, les « a distingués et
prédestinés à reproduire l’image de son Fils qui devient
ainsi l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8, 29).
Et tous ceux qui croient au Christ, il a voulu les convoquer
dans la sainte Église qui, annoncée en figure dès l’origine
du monde, merveilleusement préparée dans l’histoire du
peuple d’Israël et de l’ancienne Alliance [1],
établie enfin dans ces temps qui sont les derniers, s’est
manifestée grâce à l’effusion de l’Esprit Saint et, au terme
des siècles, se consommera dans la gloire. Alors, comme on
peut le lire dans les saints Pères, tous les justes depuis
Adam, « depuis Abel le juste jusqu’au dernier élu [2]
» se trouveront rassemblés auprès du Père dans l’Église
universelle.
3. La mission et
l’œuvre du Fils
Ainsi le Fils vint, envoyé par le Père qui
nous avait choisis en lui avant la création du monde et
prédestinés à l’adoption filiale, selon son libre dessein de
tout rassembler en lui (cf. Ep 1, 4-5.10). C’est
pourquoi le Christ, pour accomplir la volonté du Père,
inaugura le Royaume des cieux sur la terre, tout en nous
révélant son mystère et, par son obéissance, effectua la
rédemption. L’Église, qui est le règne de Dieu déjà
mystérieusement présent, opère dans le monde, par la vertu
de Dieu, sa croissance visible. Commencement et
développement que signifient le sang et l’eau sortant du
côté ouvert de Jésus crucifié (cf. Jn 19, 34) et que
prophétisent les paroles du Seigneur disant de sa mort en
croix : « Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai tous les hommes » (Jn 12, 32 grec).
Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le
Christ notre pâque a été immolé (1 Co 5, 7) se
célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre Rédemption s’opère. En
même temps, par le sacrement du pain eucharistique, est
représentée et réalisée l’unité des fidèles qui, dans le
Christ, forment un seul corps (cf. 1 Co 10, 17). À
cette union avec le Christ, lumière du monde, de qui nous
procédons, par qui nous vivons, vers qui nous tendons, tous
les hommes sont appelés.
4. La sanctification
de l’Église par le Saint-Esprit
Une fois achevée l’œuvre que le Père avait
chargé son Fils d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17,
4), le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui
devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi
aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès
auprès du Père (cf. Ep 2, 18). C’est lui, l’Esprit de
vie, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle (cf.
Jn 4, 14 ; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie
aux hommes que le péché avait tués, en attendant de
ressusciter dans le Christ leur corps mortel (cf. Rm
8, 10-11). L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des
fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6,
19), en eux il prie et atteste leur condition de fils de
Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6 ; Rm 8,
15-16.26). Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout
entière (cf. Jn 16, 13), et à laquelle il assure
l’unité de la communauté et du ministère, il bâtit et la
dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et
charismatiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4,
11-12 ; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la vertu
de l’Évangile, il fait la jeunesse de l’Église et la
renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec
son époux [3].
L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : «
Viens» (cf. Ap 22, 17). Ainsi l’Église universelle
apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du
Père et du Fils et de l’Esprit Saint [4]
».
5. Le Royaume de Dieu
Le mystère de l’Église sainte se manifeste
en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus posa le
commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle,
l’avènement du règne de Dieu promis dans les Écritures
depuis les siècles : « que les temps sont accomplis et que
le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt 4,
17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la
parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du
Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans
un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et
sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32)
ont accueilli le Royaume lui-même ; puis, par sa propre
vertu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la
moisson (cf. Mc 4, 26-29). Les miracles de Jésus
confirment également que le Royaume est déjà venu sur la
terre : « si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les
démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé parmi
vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cependant,
le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ,
Fils de Dieu et Fils de l’homme, « venu pour servir et
donner sa vie en rançon d’une multitude » (Mc 10,
45).
Et quand Jésus, ayant souffert pour les
hommes la mort de la croix, fut ressuscité, il apparut que
Dieu l’avait fait Seigneur, Christ et Prêtre pour l’éternité
(cf. Ac 2, 36 ; He 5, 6 ; 7, 17-21), et il
répandit sur ses disciples l’Esprit promis par le Père (cf.
Ac 2, 33). Aussi l’Église, pourvue des dons de son
fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de
charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit mission
d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer
dans toutes les nations, formant de ce Royaume le germe et
le commencement sur la terre. Cependant, tandis que peu à
peu elle s’accroît, elle-même aspire à l’achèvement de ce
Royaume, espérant de toutes ses forces et appelant de ses
vœux l’heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi.
6. Les diverses
images de l’Église
Tout comme dans l’Ancien Testament la
révélation du Royaume est souvent présentée sous des
figures, de même maintenant c’est sous des images variées
que la nature intime de l’Église nous est montrée, images
tirées soit de la vie pastorale ou de la vie des champs,
soit du travail de construction ou encore de la famille et
des épousailles, et qui se trouvent ébauchées déjà dans les
livres des prophètes.
L’Église, en effet, est le bercail
dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn
10, 1- 10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé
lui-même à l’avance qu’il serait le pasteur (cf. Is
40, 11 ; Ez 34, 11s.), et dont les brebis,
quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont
cependant continuellement conduites et nourries par le
Christ même, Bon Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn
10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses brebis
(cf. Jn 10, 11-15).
L’Église est le terrain de culture,
le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît
l’antique olivier dont les patriarches furent la racine
sainte et en lequel s’opère et s’opérera la réconciliation
entre Juifs et Gentils (Rm 11, 13-26). Elle fut
plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (Mt
21, 33-43 par. ; Is 5, 1 s.). La Vigne véritable,
c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité aux
rameaux que nous sommes : par l’Église nous demeurons en
lui, sans qui nous ne pouvons rien faire (Jn
15, 1-5).
Bien souvent aussi, l’Église est dite la
construction de Dieu (1 Co 3, 9). Le Seigneur
lui-même s’est comparé à la pierre rejetée par les
bâtisseurs et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42
par. ; Ac 4, 11 ; 1 P 2, 7 ; Ps 117,
22). Sur ce fondement, l’Église est construite par les
Apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce fondement elle
reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est décorée
d’appellations diverses : la maison de Dieu (1 Tm 3,
15), celle dans laquelle habite la famille,
l’habitation de Dieu dans l’Esprit (Ep 2, 19-22), la
demeure de Dieu chez les hommes (Ap 21, 3), et
surtout le temple saint, lequel, représenté par des
sanctuaires de pierres, est l’objet de la louange des saints
Pères et comparé à juste titre dans la liturgie à la Cité
sainte, la nouvelle Jérusalem [5].
En effet, nous sommes en elle sur la terre comme les pierres
vivantes qui entrent dans la construction (1 P 2, 5).
Cette Cité sainte, Jean la contemple descendant du ciel
d’auprès de Dieu à l’heure où se renouvellera le monde,
prête comme une fiancée parée pour son époux (Ap 21,
1 s.).
L’Église s’appelle encore « la Jérusalem
d’en haut » et « notre mère » (Ga 4, 26 ; cf. Ap
12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse immaculée de
l’Agneau immaculé (Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que
le Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la
sanctifier » (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un
pacte indissoluble, qu’il ne cesse de « nourrir et
d’entourer de soins » (Ep 5, 29) ; l’ayant purifiée,
il a voulu se l’unir et se la soumettre dans l’amour et la
fidélité (cf. Ep 5, 24), la comblant enfin et pour
l’éternité des biens célestes, pour que nous puissions
comprendre l’amour envers nous de Dieu et du Christ, amour
qui défie toute connaissance (cf. Ep 3, 19). Tant
qu’elle chemine sur cette terre, loin du Seigneur (cf. 2
Co 5, 6), l’Église se considère comme exilée, en sorte
qu’elle est en quête des choses d’en haut et en garde le
goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à la droite
de Dieu, là où la vie de l’Église est cachée avec le Christ
en Dieu, attendant l’heure où, avec son époux, elle
apparaîtra dans la gloire (cf. Col 3, 1- 4).
7. L’Église, corps
mystique du Christ
Le Fils de Dieu, dans la nature humaine
qu’il s’est unie, a racheté l’homme en triomphant de la mort
par sa mort et sa résurrection, et il l’a transformé en une
créature nouvelle (cf. Ga 6, 15 ; 2 Co 5, 17).
En effet, en communiquant son Esprit à ses frères, qu’il
rassemblait de toutes les nations, il les a constitués,
mystiquement, comme son corps.
Dans ce corps, la vie du Christ se répand à
travers les croyants que les sacrements, d’une manière
mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et
glorifié [6].
Par le baptême, en effet, nous sommes rendus semblables au
Christ : « Car nous avons tous été baptisés en un seul
Esprit pour n’être qu’un seul corps » (1 Co 12, 13).
Par ce rite sacré est signifiée et réalisée l’union avec la
mort et la résurrection du Christ. « Nous avons été mis au
tombeau avec lui par le baptême qui nous plonge en sa mort»,
et « si nous sommes devenus avec lui un même être par une
mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une
semblable résurrection » (Rm 6, 4-5). Participant
réellement au Corps du Seigneur dans la fraction du pain
eucharistique, nous sommes élevés à la communion avec lui et
entre nous. Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, à nous tous
nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce
pain unique » (1 Co 10, 17). Nous devenons ainsi les
membres de ce corps (cf. 1 Co 12, 27), « étant chacun
pour sa part membres les uns des autres» (Rm 12, 5).
Mais comme tous les membres du corps humain,
malgré leur multiplicité, ne forment cependant qu’un seul
corps, ainsi les fidèles dans le Christ (cf. 1 Co 12,
12). Dans l’édification du Corps du Christ règne également
une diversité de membres et de fonctions. Unique est
l’Esprit qui distribue des dons variés pour le bien de
l’Église à la mesure de ses richesses et des exigences des
services (cf. 1 Co 12, 11). Parmi ces dons, la grâce
accordée aux Apôtres tient la première place : l’Esprit
lui-même soumet à leur autorité jusqu’aux bénéficiaires des
charismes (cf. 1 Co 14). Le même Esprit qui est par
lui-même principe d’unité dans le corps où s’exerce sa vertu
et où il réalise la connexion intérieure des membres,
produit et stimule entre les fidèles la charité. Aussi un
membre ne peut souffrir, que tous les membres ne souffrent,
un membre ne peut être à l’honneur, que tous les membres ne
se réjouissent avec lui (cf. 1 Co 12, 26).
De ce corps le Christ est la tête. Il est
l’image du Dieu invisible et en lui toutes choses ont été
créées. Il est antérieur à tous et l’univers subsiste en
lui. Il est la tête du corps qu’est l’Église. Il est
Principe, premier-né d’entre les morts, afin d’exercer en
tout la primauté (cf. Col. 1, 15-18). Sa grande
puissance lui donne domination sur les choses du ciel et
celles de la terre et, par sa perfection et son action
souveraine, il comble des richesses de sa gloire le corps
tout entier (cf. Ep 1, 18-23) [7].
Tous les membres doivent se conformer à lui
jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux (cf. Ga 4, 19).
C’est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa
vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa
résurrection, en attendant de l’être à son règne (cf. Ph
3, 21 ; 2 Tm 2, 11 ; Ep 2, 6 ; Col
2, 12, etc.). Encore en pèlerinage sur la terre, mettant nos
pas dans la trace des siens, à travers la tribulation et la
persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le
corps à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa
gloire (cf. Rm 8, 17). De lui « le corps tout entier,
par les ligaments et jointures, tire nourriture et cohésion
pour opérer sa croissance en Dieu » (Col 2, 19). Dans
son corps, c’est-à-dire dans l’Église, il dispose
continuellement les dons des ministères par lesquels nous
nous apportons mutuellement, grâce à sa vertu, les services
nécessaires au salut, en sorte que, par la pratique d’une
charité sincère nous puissions grandir de toutes manières
vers celui qui est notre tête (cf. Ep 4, 11-16
grec) Pour que nous puissions nous renouveler en lui
sans cesse (cf. Ep 4, 23) , il nous fait part de son
Esprit qui, unique et présent, identique à lui-même dans la
tête et dans les membres, vivifie le corps entier, l’unifie
et le meut, si bien que son action a pu être comparée par
les saints Pères à la fonction que remplit dans le corps
humain, l’âme, principe de vie [8].
Le Christ aime l'Eglise comme son épouse, se
faisant le modèle de l'époux qui aime son épouse comme son
propre corps (cf. Ep 5,25-28). Quant à l'Eglise elle
est soumise à son chef (5, 23-24). « Puisqu'en lui habite
corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col
2,9 ), il emplit de ses dons divins l'Eglise qui est son
corps et sa plénitude (cf. Ep 1,22-23) pour qu'elle
tende et parvienne à la plénitude totale de Dieu (cf. Ep
33,19).
8. L’Église, à la
fois visible et spirituelle
Le Christ, unique médiateur, crée et
continuellement soutient sur la terre, comme un tout
visible, son Église sainte, communauté de foi, d’espérance
et de charité, par laquelle il répand, à l’intention de
tous, la vérité et la grâce [9].
Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le
corps mystique d’autre part, l’ensemble discernable aux yeux
et la communauté spirituelle, l’Église terrestre et l’Église
enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées
comme deux choses, elles constituent au contraire une seule
réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin
[10].
C’est pourquoi, en vertu d’une analogie qui n’est pas sans
valeur, on la compare au mystère du Verbe incarné. Tout
comme en effet la nature prise par le Verbe divin est à son
service comme un organe vivant de salut qui lui est
indissolublement uni, de même le tout social que constitue
l’Église est au service de l’Esprit du Christ qui lui donne
la vie, en vue de la croissance du corps (cf. Ep 4,
16) [11].
C’est là l’unique Église du Christ, dont
nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la
catholicité et l’apostolicité [12],
cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit
à Pierre pour qu’il en soit le pasteur (Jn 21, 17),
qu’il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la
répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont
il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la
vérité » (1 Tm 3, 15). Cette Église comme société
constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église
catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de
Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui [13],
bien que des éléments nombreux de sanctification et de
vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui,
appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du
Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique.
Mais, comme c’est dans la pauvreté et la
persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église
elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour
communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus
« qui était de condition divine s’anéantit lui-même prenant
condition d’esclave » (Ph 2, 6), pour nous « il s’est
fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9).
Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa
mission de ressources humaines, n’est pas faite pour
chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son
exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été
envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux
pauvres, ... guérir les cœurs meurtris » (Lc 4, 18),
« chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10)
: de même l’Église enveloppe de son amour ceux que
l’infirmité humaine afflige, bien plus, dans les pauvres et
les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur
pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère
et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. Mais tandis
que le Christ saint, innocent, sans tache (He 7, 26)
ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seulement expier
les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle,
enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à
la fois sainte et toujours appelée à se purifier,
poursuivant constamment son effort de pénitence et de
renouvellement.
« L’Église avance dans son pèlerinage à
travers les persécutions du monde et les consolations de
Dieu [14],
annonçant la croix et la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il
vienne (cf. 1 Co 11, 26). La vertu du Seigneur
ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans
la patience et la charité les afflictions et les difficultés
qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de
révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du
Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où,
finalement, il éclatera dans la pleine lumière.
CHAPITRE II :
Le Peuple de Dieu
9. La Nouvelle
Alliance et le Peuple nouveau
À toute époque, à la vérité, et en toute
nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et
pratique la justice (cf. Ac 10, 35). Cependant le bon
vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la
sanctification et le salut séparément, hors de tout lien
mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait
selon la vérité et le servirait dans la sainteté. C’est
pourquoi il s’est choisi Israël pour être son peuple avec
qui il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit,
se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire de
ce peuple et se l’attachant dans la sainteté. Tout cela
cependant n’était que pour préparer et figurer l’Alliance
Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et
la révélation plus totale qui serait transmise par le Verbe
de Dieu lui-même, fait chair. « Voici venir les jours, dit
le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la
maison de Juda une Alliance Nouvelle... Je mettrai ma loi au
fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je
serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me
connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand, dit le
Seigneur » (Jr 31, 31-34). Cette alliance nouvelle,
le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans
son sang (cf. 1 Co 11, 25), il appelle la foule des
hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils, pour
former un tout non selon la chair mais dans l’Esprit et
devenir le nouveau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui
croient au Christ, qui sont « re-nés » non d’un germe
corruptible mais du germe incorruptible qui est la parole du
Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de
l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là
constituent finalement « une race élue, un sacerdoce royal,
une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui
autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple
de Dieu » (1 P 2, 9-10).
Ce peuple messianique a pour chef le Christ,
« livré pour nos péchés, ressuscité pour notre justification
» (Rm 4, 25), possesseur désormais du Nom qui est
au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les
cieux. Le statut de ce peuple, c’est la dignité et la
liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un
temple, habite l’Esprit Saint. Sa loi, c’est le commandement
nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf.
Jn 13, 34). Sa destinée enfin, c’est le Royaume de
Dieu, inauguré sur la terre par Dieu même, qui doit se
dilater encore plus loin jusqu’à ce que, à la fin des
siècles, il reçoive enfin de Dieu son achèvement, lorsque le
Christ notre vie sera apparu (cf. Col 3, 4) et que «
la création elle-même sera affranchie de l’esclavage de la
corruption pour connaître la glorieuse liberté des enfants
de Dieu » (Rm 8, 21). C’est pourquoi ce peuple
messianique, bien qu’il ne comprenne pas encore
effectivement l’universalité des hommes et qu’il garde
souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue
cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le
plus sûr d’unité, d’espérance et de salut. Établi par le
Christ pour communier à la vie, à la charité et à la vérité,
il est entre ses mains l’instrument de la Rédemption de tous
les hommes ; au monde entier il est envoyé comme lumière du
monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13-16).
Et tout comme l’Israël selon la chair
cheminant dans le désert reçoit déjà le nom d’Église de Dieu
(Ne 13, 1 ; cf. Nb 20, 4 ; Dt 23, 1 s.)
ainsi le nouvel Israël qui s’avance dans le siècle présent
en quête de la cité future, celle-là permanente (cf. He
13, 14), est appelé lui aussi : l’Église du Christ (cf.
Mt 16, 18) : c’est le Christ, en effet, qui l’a acheté
de son sang (cf. Ac 20, 28), empli de son Esprit et
pourvu des moyens adaptés pour son unité visible et sociale.
L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus,
auteur du salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a
appelés, il en a fait l’Église, pour qu’elle soit, pour tous
et pour chacun, le sacrement visible de cette unité
salutaire [15].
Destinée à s’étendre à toutes les parties du monde, elle
prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit en
même temps transcendante aux limites des peuples dans le
temps et dans l’espace. Marchant à travers les tentations,
les tribulations, l’Église est soutenue par la vertu de la
grâce de Dieu, à elle promise par le Seigneur pour que, du
fait de son infirmité charnelle, elle ne défaille pas à la
perfection de sa fidélité mais reste de son Seigneur la
digne Épouse, se renouvelant sans cesse sous l’action de
l’Esprit Saint jusqu’à ce que, par la croix, elle arrive à
la lumière sans couchant.
10. Le sacerdoce
commun
Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les
hommes (cf. He 5, 1-5) 1-5) a fait du peuple nouveau
« un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père » (Ap
1, 6 ; 5, 9-10). Les baptisés, en effet, par la régénération
et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une
demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à
offrir, par toutes les activités du chrétien, autant
d’hosties spirituelles, en proclamant les merveilles de
celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable
lumière (cf. 1 P 2, 4-10). C’est pourquoi tous les
disciples du Christ, persévérant dans la prière et la
louange de Dieu (cf. Ac 2, 42-47), doivent s’offrir
en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm
12, 1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de
la terre, et rendre raison, sur toute requête, de
l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle (cf. 1 P
3, 15).
Le sacerdoce commun des fidèles et le
sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une
différence essentielle et non seulement de degré, sont
cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en
effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique
sacerdoce du Christ [16].
Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir
sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour
faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et
l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles
eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à
l’offrande de l’Eucharistie [17]
et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements,
la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie
sainte, leur renoncement et leur charité effective.
11. L’exercice du
sacerdoce commun dans les sacrements
Le caractère sacré et organique de la
communauté sacerdotale entre en action par les sacrements et
les vertus. Les fidèles incorporés à l’Église par le baptême
ont reçu un caractère qui les délègue pour le culte
religieux chrétien ; devenus fils de Dieu par une
régénération, ils sont tenus de professer devant les hommes
la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu [18].
Par le sacrement de confirmation, leur lien avec l’Église
est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force
spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement
tout à la fois à répandre et défendre la foi par la parole
et par l’action en vrais témoins du Christ [19].
Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de
toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime
divine et s’offrent eux-mêmes avec elle [20]
; ainsi, tant par l’oblation que par la sainte communion,
tous, non pas indifféremment mais chacun à sa manière,
prennent leur part originale dans l’action liturgique. Il
s’ensuit sous une forme concrète qu’ils manifestent, ayant
été renouvelés par le Corps du Christ au cours de la sainte
liturgie eucharistique, l’unité du Peuple de Dieu que ce
grand sacrement signifie en perfection et réalise
admirablement.
Ceux qui s’approchent du sacrement de
Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de
l’offense qu’ils lui ont faite et du même coup sont
réconciliés avec l’Église que leur péché a blessée et qui,
par la charité, l’exemple, les prières, travaille à leur
conversion. Par la sainte onction des malades et la prière
des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recommande les
malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les
soulage et les sauve (cf. (cf. Jc 5, 14-16) ; bien
mieux, elle les exhorte de s’associer librement à la passion
et à la mort du Christ (cf. Rm 8, 17 ; Col 1,
24 ; 2 Tm 2, 11-12 ; 1 P 4, 13) afin
d’apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu. Quant à
ceux parmi les fidèles qui reçoivent l’honneur de l’ordre
sacré, c’est pour être par la parole et la grâce de Dieu les
pasteurs de l’Église qu’ils sont institués au nom du Christ.
Enfin, par la vertu du sacrement de mariage, qui leur donne
de signifier en y participant le mystère de l’unité et de
l’amour fécond entre le Christ et l’Église (cf. Ep 5,
32), les époux chrétiens s’aident mutuellement à se
sanctifier dans la vie conjugale, par l’accueil et
l’éducation des enfants ; en leur état de vie et leur ordre,
ils ont ainsi dans le Peuple de Dieu leurs dons propres (cf.
1 Co 7, 7) [21].
De leur union, en effet, procède la famille où naissent des
membres nouveaux de la cité des hommes, dont la grâce de
l’Esprit Saint fera par le baptême des fils de Dieu pour que
le Peuple de Dieu se perpétue tout au long des siècles. Il
faut que par la parole et par l’exemple, dans cette sorte
d’Église qu’est le foyer, les parents soient pour leurs
enfants les premiers hérauts de la foi, au service de la
vocation propre de chacun et tout spécialement de la
vocation sacrée.
Pourvus de moyens salutaires d’une telle
abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au
Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie,
sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté
dont la perfection est celle même du Père.
12. Le sens de la
foi et les charismes dans le peuple chrétien
Le Peuple saint de Dieu participe aussi de
la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant
témoignage avant tout par une vie de foi et de charité, il
offre à Dieu un sacrifice de louange, le fruit de lèvres qui
célèbrent son Nom (cf. He 13, 15). La collectivité
des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn
2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don
particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le
sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier,
lorsque, « des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs
[22]
», elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs
un consentement universel. Grâce en effet à ce sens de la
foi qui est éveillé et soutenu par l’Esprit de vérité, et
sous la conduite du magistère sacré, pourvu qu’il lui
obéisse fidèlement, le Peuple de Dieu reçoit non plus une
parole humaine, mais véritablement la Parole de Dieu (cf.
1 Th 2, 13), il s’attache indéfectiblement à la foi
transmise aux saints une fois pour toutes (cf. Jude
3), il y pénètre plus profondément par un jugement droit et
la met plus parfaitement en œuvre dans sa vie.
Mais le même Esprit Saint ne se borne pas à
sanctifier le Peuple de Dieu par les sacrements et les
ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des
vertus, il distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres,
« répartissant ses dons à son gré en chacun » (1 Co
12, 11), les grâces spéciales qui rendent apte et disponible
pour assumer les diverses charges et offices utiles au
renouvellement et au développement de l’Église, suivant ce
qu’il est dit : « C’est toujours pour le bien commun que le
don de l’Esprit se manifeste dans un homme » (1 Co
12, 7). Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et
aux plus largement diffusées, doivent être reçues avec
action de grâce et apporter consolation, étant avant tout
ajustées aux nécessités de l’Église et destinées à y
répondre. Mais les dons extraordinaires ne doivent pas être
témérairement recherchés ; ce n’est pas de ce côté qu’il
faut espérer présomptueusement le fruit des œuvres
apostoliques ; c’est à ceux qui ont la charge de l’Église de
porter un jugement sur l’authenticité de ces dons et sur
leur usage bien ordonné. C’est à eux qu’il convient
spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout
éprouver pour retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5,
12.19-21).
13. L’universalité
ou « catholicité » de l’unique Peuple de Dieu
À faire partie du Peuple de Dieu, tous les
hommes sont appelés. C’est pourquoi ce peuple, demeurant uni
et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de
l’univers entier et à toute la suite des siècles pour que
s’accomplisse ce que s’est proposé la volonté de Dieu créant
à l’origine la nature humaine dans l’unité, et décidant de
rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés (cf. Jn
11, 52). C’est dans ce but que Dieu envoya son Fils dont il
fit l’héritier de l’univers (cf. He 1, 2), pour être
à l’égard de tous Maître, Roi et Prêtre, chef du peuple
nouveau et universel des fils de Dieu. C’est pour cela enfin
que Dieu envoya l’Esprit de son Fils, l’Esprit souverain et
vivifant, qui est, pour l’Église entière, pour tous et
chacun des croyants, le principe de leur rassemblement et de
leur unité dans la doctrine des Apôtres, et la communion
fraternelle, dans la fraction du pain et les prières (cf.
Ac 2, 42 grec).
Ainsi, l’unique Peuple de Dieu est présent à
tous les peuples de la terre, empruntant à tous les peuples
ses propres citoyens, citoyens d’un Royaume dont le
caractère n’est pas de nature terrestre mais céleste. Tous
les fidèles, en effet, dispersés à travers le monde, sont,
dans l’Esprit Saint, en communion avec les autres, et, de la
sorte « celui qui réside à Rome sait que ceux des Indes sont
pour lui un membre [23]
». Mais comme le Royaume du Christ n’est pas de ce monde
(cf. Jn 18, 36), l’Église, Peuple de Dieu par qui ce
Royaume prend corps, ne retire rien aux richesses
temporelles de quelque peuple que ce soit, au contraire,
elle sert et assume toutes les capacités, les ressources et
les formes de vie des peuples en ce qu’elles ont de bon ; en
les assumant, elle les purifie, elle les renforce, elle les
élève. Elle se souvient en effet qu’il lui faut faire office
de rassembleur avec ce Roi à qui les nations ont été données
en héritage (cf. Ps 2, 8) et dans la cité duquel on
apporte dons et présents (cf. Ps 71 [72], 10 ; Is
60, 4-7 ; Ap 21, 24). Ce caractère d’universalité qui
brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur
lui-même, grâce auquel l’Église catholique, efficacement et
perpétuellement, tend à récapituler l’humanité entière avec
tout ce qu’elle comporte de bien sous le Christ chef, dans
l’unité de son Esprit [24].
En vertu de cette catholicité, chacune des
parties apporte aux autres et à toute l’Église le bénéfice
de ses propres dons, en sorte que le tout et chacune des
parties s’accroissent par un échange mutuel universel et par
un effort commun vers une plénitude dans l’unité. C’est
pourquoi le Peuple de Dieu ne se constitue pas seulement par
le rassemblement des peuples divers, mais jusqu’en lui-même,
il se construit dans la variété des fonctions. En effet,
entre ses membres règne une diversité qui est, soit celle
des charges, certains exerçant le ministère sacré pour le
bien de leurs frères, soit celle de la condition et du mode
de vie, beaucoup étant, de par l’état religieux qui leur
fait poursuivre la sainteté par une voie plus étroite, un
exemple stimulant pour leurs frères. C’est pourquoi encore
il existe légitimement, au sein de la communion de l’Église,
des Églises particulières jouissant de leurs traditions
propres – sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre
qui préside à l’assemblée universelle de la charité [25],
garantit les légitimes diversités et veille à ce que, loin
de porter préjudice à l’unité, les particularités, au
contraire, lui soient profitables. De là, enfin, entre les
diverses parties de l’Église, les liens de communion intime
quant aux richesses spirituelles, quant au partage des
ouvriers apostoliques et des ressources matérielles. Les
membres du Peuple de Dieu sont appelés en effet à partager
leurs biens et à chacune des Églises s’appliquent également
les paroles de l’Apôtre : « Que chacun mette au service des
autres le don qu’il a reçu, comme il sied à de bons
dispensateurs de la grâce divine qui est si diverse » (1
P 4, 10).
Ainsi donc, à cette unité catholique du
Peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix universelle,
tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent
sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles
catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le
Christ, et finalement tous les hommes sans exception que la
grâce de Dieu appelle au salut.
14. Les fidèles
catholiques
C’est vers les fidèles catholiques que le
saint Concile tourne en premier lieu sa pensée. Appuyé sur
la Sainte Écriture et sur la Tradition, il enseigne que
cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut.
Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut :
or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ;
et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et
du baptême (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), c’est la
nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes
entrent par la porte du baptême, qu’il nous a confirmée en
même temps. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit
d’entrer dans l’Église catholique, soit d’y persévérer,
alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus Christ
comme nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être sauvés.
Sont incorporés pleinement à la société
qu’est l’Église ceux qui, ayant l’Esprit du Christ,
acceptent intégralement son organisation et les moyens de
salut qui lui ont été donnés, et qui, en outre, grâce aux
liens constitués par la profession de foi, les sacrements,
le gouvernement ecclésiastique et la communion, sont unis,
dans l’ensemble visible de l’Église, avec le Christ qui la
dirige par le Souverain Pontife et les évêques.
L’incorporation à l’Église, cependant, n’assurerait pas le
salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité,
reste bien « de corps » au sein de l’Église, mais pas « de
cœur» [26].
Tous les fils de l’Église doivent d’ailleurs se souvenir que
la grandeur de leur condition doit être rapportée non à
leurs mérites, mais à une grâce particulière du Christ ;
s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et
l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur vaudra, mais un
plus sévère jugement [27].
Quant aux catéchumènes qui, sous l’action de
l’Esprit Saint demandent par un acte explicite de leur
volonté à être incorporés à l’Église, par le fait même de ce
vœu, ils lui sont unis, et l’Église, maternelle, les
enveloppe déjà dans son amour en prenant soin d’eux.
15. Les liens de
l’Église avec les chrétiens non catholiques
Avec ceux qui, étant baptisés, portent le
beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement
la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le
Successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de
multiples raisons [28].
Il en est beaucoup, en effet, qui tiennent la Sainte
Écriture pour leur règle de foi et de vie, manifestent un
zèle religieux sincère, croient de tout leur cœur au Dieu
Père tout-puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur [29],
sont marqués par le baptême qui les unit au Christ, et même
reconnaissent et reçoivent d’autres sacrements dans leurs
propres Églises ou dans leurs communautés ecclésiales.
Plusieurs d’entre eux jouissent même de l’épiscopat,
célèbrent la sainte Eucharistie et entourent de leur piété
la Vierge Mère de Dieu [30].
À cela s’ajoute la communion dans la prière et dans les
autres bienfaits spirituels, bien mieux, une véritable union
dans l’Esprit Saint, qui, par ses dons et ses grâces, opère
en eux aussi son action sanctifiante et dont la force a
permis à certains d’entre eux d’aller jusqu’à verser leur
sang. Ainsi, l’Esprit suscite en tous les disciples du
Christ le désir et les initiatives qui tendent à l’union
pacifique de tous, suivant la manière que le Christ a
voulue, en un troupeau unique sous l’unique Pasteur [31].
À cette fin, l’Église notre Mère ne cesse de prier,
d’espérer et d’agir, exhortant ses fils à se purifier et à
se renouveler pour que, sur le visage de l’Église, le signe
du Christ brille avec plus de clarté.
16. Les
non-chrétiens
Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore reçu
l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont
ordonnés au Peuple de Dieu [32]
et, en premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et
les promesses, et dont le Christ est issu selon la chair
(cf. Rm 9, 4-5), peuple très aimé du point de vue de
l’élection, à cause des Pères, car Dieu ne regrette rien de
ses dons ni de son appel (cf. Rm 11, 28-29). Mais le
dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent
le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui,
professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu
unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier
jour. Et même des autres, qui cherchent encore dans les
ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, de
ceux-là mêmes Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui
donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17,
25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les
hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux qui,
sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du
Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur
sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir
de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la
leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au
salut éternel [33].
À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas
encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais
travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie
droite, la divine Providence ne refuse pas les secours
nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux,
peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère
comme une préparation évangélique [34]
et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que,
finalement, il ait la vie. Bien souvent, malheureusement,
les hommes, trompés par le démon, se sont égarés dans leurs
raisonnements, ils ont délaissé le vrai Dieu pour des êtres
de mensonge, servi la créature au lieu du Créateur (cf.
Rm 1, 21.25) 21.25) ou bien, vivant et mourant sans Dieu
dans ce monde, ils sont exposés aux extrémités du désespoir.
C’est pourquoi l’Église, soucieuse de la gloire de Dieu et
du salut de tous ces hommes, se souvenant du commandement du
Seigneur : « Prêchez l’Évangile à toutes créatures» (Mc
16, 16), met tout son soin à encourager et soutenir les
missions.
17. Le caractère
missionnaire de l’Église
En effet tout comme il a été envoyé par le
Père, le Fils lui-même a envoyé ses Apôtres (cf. Jn
20, 21) en disant : « Allez donc, enseignez toutes les
nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous
ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la consommation des temps » (Mt 28, 19-20).
Ce solennel commandement du Christ d’annoncer la vérité du
salut, l’Église l’a reçu des Apôtres pour en poursuivre
l’accomplissement jusqu’aux extrémités de la terre (cf.
Ac 1, 8). C’est pourquoi elle fait siennes les paroles
de l’Apôtre : « Malheur à moi si je ne prêchais pas
l’Évangile » (1 Co 9, 16) : elle continue donc
inlassablement à envoyer les hérauts de l’Évangile jusqu’à
ce que les jeunes Églises soient pleinement établies et en
état de poursuivre elles aussi l’œuvre de l’évangélisation.
L’Esprit Saint la pousse à coopérer à la réalisation totale
du dessein de Dieu qui a fait du Christ le principe du salut
pour le monde tout entier. En prêchant l’Évangile, l’Église
dispose ceux qui l’entendent à croire et à confesser la foi,
elle les prépare au baptême, les arrache à l’esclavage de
l’erreur et les incorpore au Christ pour croître en lui par
la charité jusqu’à ce que soit atteinte la plénitude. Son
activité a le résultat non seulement de ne pas se laisser
perdre tout ce qu’il y a de germe de bien dans le cœur et la
pensée des hommes ou de leurs rites propres et leur culture
; mais de le guérir, l’élever, l’achever pour la gloire de
Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme. À tout
disciple du Christ incombe pour sa part la charge de
l’expansion de la foi [35].
Mais si le baptême peut être donné aux croyants par
n’importe qui, c’est aux prêtres cependant qu’il revient de
procurer l’édification du Corps par le sacrifice
eucharistique en accomplissant les paroles de Dieu quand il
dit par la voix du prophète : « De l’Orient jusqu’au
couchant, mon Nom est grand parmi les nations, et en tous
lieux est offert à mon Nom un sacrifice et une offrande pure
» (Ml 1, 11) [36].
Ainsi, l’Église unit prière et travail pour que le monde
entier dans tout son être soit transformé en Peuple de Dieu,
en Corps du Seigneur et temple du Saint-Esprit, et que
soient rendus dans le Christ, chef de tous, au Créateur et
Père de l’univers, tout honneur et toute gloire.
CHAPITRE III
:
La constitution hiérarchique et l’épiscopat
18. Introduction
Le Christ Seigneur, pour assurer au Peuple
de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a
institué dans son Église divers ministères qui tendent au
bien de tout le corps. En effet, les ministres qui disposent
du pouvoir sacré sont au service de leurs frères, pour que
tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu et jouissent
par conséquent, en toute vérité, de la dignité chrétienne,
puissent parvenir au salut, dans leur effort commun, libre
et ordonné, vers une même fin.
Ce saint Concile, s’engageant sur les traces
du premier Concile du Vatican, enseigne et déclare avec lui
que Jésus Christ, Pasteur éternel, a édifié la sainte Église
en envoyant ses Apôtres, comme lui-même avait été envoyé par
le Père (cf. Jn 20, 21) ; il a voulu que les
successeurs de ces Apôtres, c’est-à-dire les évêques, soient
dans l’Église, pasteurs jusqu’à la consommation des siècles.
Mais, pour que l’épiscopat lui-même fût un et indivis, il a
mis saint Pierre à la tête des autres Apôtres, instituant,
dans sa personne, un principe et un fondement perpétuels et
visibles d’unité de la foi et de communion [37].
Cette doctrine du primat du Pontife romain et de son
infaillible magistère, quant à son institution, à sa
perpétuité, à sa force et à sa conception, le saint Concile
à nouveau la propose à tous les fidèles comme objet certain
de foi. De plus, poursuivant la tâche commencée, il veut,
devant tous, énoncer et expliciter la doctrine en ce qui
concerne les évêques, successeurs des Apôtres qui, avec le
successeur de Pierre, vicaire du Christ [38],
et chef visible de toute l’Église, ont charge de diriger la
maison du Dieu vivant.
19. L’institution
des Douze
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement
prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua
douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le
Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à
cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il
donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe
stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf.
Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël
d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour
que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les
peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les
gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ;
Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi
l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du
Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la
consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de
Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette
mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du
Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit
Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux
extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant
partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par
ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les
Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a
fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre,
leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême
d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep
2, 20) [39].
20. Les évêques,
successeurs des Apôtres
La mission divine confiée par le Christ aux
Apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles (cf.
Mt 28, 20), étant donné que l’Évangile qu’ils doivent
transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour
toute la durée du temps. C’est pourquoi les Apôtres prirent
soin d’instituer, dans cette société hiérarchiquement
ordonnée, des successeurs.
En effet, ils n’eurent pas seulement pour
leur ministère des auxiliaires divers [40],
mais, pour que la mission qui leur avait été confiée pût se
continuer après leur mort, ils donnèrent mandat, comme par
testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur
tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux [41],
leur recommandant de prendre garde à tout le troupeau dans
lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître
l’Église de Dieu (cf. Ac 20, 28). Ils instituèrent donc des
hommes, de ce genre, leur donnant pour la suite charge
d’ordonner qu’après leur mort des hommes éprouvés
recueillent leur ministère [42].
Parmi les différents ministères qui s’exercent dans l’Église
depuis les premiers temps, la première place, au témoignage
de la Tradition, appartient à la fonction de ceux qui,
établis dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis
les origines [43],
sont les instruments* de transmission de la semence
apostolique [44].
Ainsi, selon le témoignage de saint Irénée, c’est la
Tradition apostolique qui se manifeste [45]
et se conserve dans le monde entier par ceux que les Apôtres
ont faits évêques et par leurs successeurs jusqu’à nous [46].
Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour
l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres, le
ministère de la communauté [47].
Ils président à la place de Dieu le troupeau [48],
dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le
sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement [49].
De même que la charge confiée personnellement par le
Seigneur à Pierre, le premier des Apôtres, et destinée à
être transmise à ses successeurs, constitue une charge
permanente, permanente est également la charge confiée aux
Apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge à exercer
sans interruption par l’ordre sacré des évêques [50].
C’est pourquoi le saint Concile enseigne que les évêques, en
vertu de l’institution divine, succèdent aux Apôtres [51],
comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute,
écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et
celui qui a envoyé le Christ (cf. Lc 10, 16) [52].
21. La
sacramentalité de l’épiscopat
Ainsi donc en la personne des évêques
assistés des prêtres, c’est le Seigneur Jésus Christ,
Pontife suprême, qui est présent au milieu des croyants.
Assis à la droite de Dieu le Père, il ne fait pas défaut au
corps des pontifes [53].
C’est par eux en tout premier lieu, par leur service
éminent, qu’il prêche la Parole de Dieu à toutes les nations
et administre continuellement aux croyants les sacrements de
la foi ; c’est par leur paternelle fonction (cf. 1 Co
4, 15) qu’il intègre à son Corps par la régénération
surnaturelle des membres nouveaux ; c’est enfin par leur
sagesse et leur prudence qu’il dirige et oriente le peuple
du Nouveau Testament dans son pèlerinage vers l’éternelle
béatitude. Choisis comme pasteurs pour paître le troupeau du
Seigneur, ils sont les ministres du Christ et les
dispensateurs des mystères de Dieu (cf. 1 Co 4, 1). À
eux a été confiée la charge de rendre témoignage de
l’Évangile de la grâce de Dieu (cf. Rm 15, 16 ; Ac
20, 24) et d’exercer le ministère glorieux de l’Esprit
et de la justice dans la gloire (cf. 2 Co 3, 8-9).
Pour remplir de si hautes charges, les
Apôtres furent enrichis par le Christ d’une effusion de
l’Esprit Saint descendant sur eux (cf. Ac 1, 8 ; 2, 4
; Jn 20, 22-23) ; eux-mêmes, par l’imposition des
mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel
(cf. 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6-7) qui s’est
communiqué jusqu’à nous à travers la consécration
épiscopale. Le saint Concile enseigne que, par la
consécration épiscopale [54],
est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la
coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères
désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême, la
réalité totale du ministère sacré [55].
La consécration épiscopale, en même temps que la charge de
sanctification, confère aussi les charges d’enseigner et de
gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne
peuvent s’exercer que dans la communion hiérarchique avec le
chef du collège et ses membres. En effet, la Tradition qui
s’exprime surtout par les rites liturgiques et par l’usage
de l’Église, tant orientale qu’occidentale, montre à
l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de
la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée [56]
et le caractère sacré imprimé [57],
de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et
patente, tiennent la place du Christ lui-même, Maître,
Pasteur et Pontife et agissent en sa personne [58].
Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacrement de
l’Ordre, de nouveaux élus dans le corps épiscopal.
22. Le collège
épiscopal et son chef
De même que saint Pierre et les autres
Apôtres constituent, de par l’institution du Seigneur, un
seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain,
successeur de Pierre et les évêques successeurs des Apôtres,
forment entre eux un tout. Déjà la plus antique discipline
en vertu de laquelle les évêques établis dans le monde
entier vivaient en communion entre eux et avec l’évêque de
Rome par le lien de l’unité, de la charité et de la paix [59],
et de même la réunion de Conciles [60],
où l’on décidait en commun de toutes les questions les plus
importantes [61],
par une décision que l’avis de l’ensemble permettait
d’équilibrer [62],
tout cela signifie le caractère et la nature collégiale de
l’ordre épiscopal ; elle se trouve manifestement prouvée par
le fait des Conciles œcuméniques tenus tout le long des
siècles. On la trouve évoquée dans l’usage qui s’est
introduit de très bonne heure d’appeler plusieurs évêques
pour coopérer à l’élévation d’un nouvel élu au ministère
sacerdotal le plus élevé. C’est en vertu de la consécration
sacramentelle et par la communion hiérarchique avec le chef
du collège et ses membres que quelqu’un est fait membre du
corps épiscopal.
Mais le collège ou corps épiscopal n’a
d’autorité que si on l’entend comme uni au Pontife romain,
successeur de Pierre, comme à son chef et sans préjudice
pour le pouvoir du primat qui s’étend à tous, pasteurs et
fidèles. En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en
vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de
toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel
qu’il peut toujours exercer librement. L’ordre des évêques,
qui succède au collège apostolique dans le magistère et le
gouvernement pastoral, bien mieux dans lequel le corps
apostolique se perpétue sans interruption constitue, lui
aussi, en union avec le Pontife romain, son chef, et jamais
en dehors de ce chef, le sujet du pouvoir suprême et plénier
sur toute l’Église [63],
pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le
consentement du Pontife romain. Le Seigneur a fait du seul
Simon la pierre de son Église, à lui seul il en a remis les
clés (cf. Mt 16, 18-19) ; il l’a institué pasteur de
tout son troupeau (cf. Jn 21, 15 s.), mais cette
charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre (Mt
16, 19) a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des
Apôtres unis à son chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20) [64].
Par sa composition multiple, ce collège exprime, par son
rassemblement sous un seul chef, l’unité du troupeau du
Christ. Dans ce collège, les évêques, fidèles à observer le
primat et l’autorité de leur chef, jouissent pour le bien de
leurs fidèles et même de toute l’Église, d’un pouvoir
propre, l’Esprit Saint assurant par l’action continue de sa
force, la structure et la concorde dans l’organisme. Le
pouvoir suprême dont jouit ce collège à l’égard de l’Église
universelle s’exerce solennellement dans le Concile
œcuménique. Il n’y a point de Concile œcuménique s’il n’est
pas comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le
successeur de Pierre : au Pontife romain appartient la
prérogative de convoquer ces conciles, de les présider et de
les confirmer [65].
Le pouvoir collégial peut être exercé en union avec le pape
par les évêques résidant sur la surface de la terre, pourvu
que le chef du collège les appelle à agir collégialement ou
du moins qu’il donne à cette action commune des évêques
dispersés son approbation ou sa libre acceptation pour en
faire un véritable acte collégial.
23. Les relations à l’intérieur du
collège
L’unité collégiale apparaît aussi dans les
relations mutuelles de chacun des évêques avec les Églises
particulières et avec l’Église universelle. Le pontife
romain, comme successeur de Pierre, est le principe
perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie
entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles [66].
Les évêques sont, chacun pour sa part, le principe et le
fondement de l’unité dans leurs Églises particulières [67]
; celles-ci sont formées à l’image de l’Église universelle,
c’est en elles et par elles qu’existe l’Église catholique
une et unique [68].
C’est pourquoi chaque évêque représente son Église, et, tous
ensemble, avec le pape, représentent l’Église universelle
dans le lien de la paix, de l’amour et de l’unité.
Les évêques, pris à part, placés à la tête
de chacune des Églises particulières, exercent leur autorité
pastorale sur la portion du Peuple de Dieu qui leur a été
confiée, et non sur les autres Églises ni sur l’Église
universelle. Mais, comme membres du collège épiscopal et
légitimes successeurs des Apôtres, ils sont tous tenus, à
l’égard de l’Église universelle, de par l’institution et le
précepte du Christ, à cette sollicitude [69]
qui est, pour l’Église universelle, éminemment profitable,
même si elle ne s’exerce pas par un acte de juridiction.
Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et servir
l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de
l’Église, former les fidèles à l’amour envers tout le Corps
mystique du Christ, surtout envers ses membres pauvres,
souffrants, et envers ceux qui souffrent persécution pour la
justice (cf. Mt 5, 10), ils doivent enfin promouvoir
toute l’activité qui est commune à l’ensemble de l’Église,
surtout en vue du progrès de la foi et pour que la lumière
de la pleine vérité se lève sur tous les hommes. D’ailleurs,
il est bien établi que, en gouvernant leur propre Église
comme une portion de l’Église universelle, ils contribuent
efficacement au bien de tout le Corps mystique qui est aussi
le Corps des Églises [70].
Le soin d’annoncer l’Évangile sur toute la
terre revient au corps des pasteurs : à eux tous, en commun,
le Christ a donné mandat en leur imposant un devoir commun,
selon ce que déjà le pape Célestin rappelait aux Pères du
Concile d’Ephèse [71].
C’est pourquoi les évêques, chacun pour sa part, dans toute
la mesure où l’accomplissement de sa propre charge le lui
permet, doivent accepter d’entrer en communauté d’effort
entre eux et avec le successeur de Pierre, à qui a été
confiée, à titre singulier, la charge considérable de
propager le nom chrétien [72].
C’est pourquoi ils doivent, de toutes leurs forces,
contribuer à fournir aux missions, et des ouvriers de la
moisson et les secours spirituels et matériels, tant par
eux-mêmes directement qu’en suscitant la fervente
coopération des fidèles. Il faut enfin que les évêques se
prêtent volontiers, selon l’antique et vénérable exemple, à
fournir, dans la communion universelle de la charité, un
secours fraternel aux autres Églises, surtout les plus
proches et les plus dépourvues.
La divine Providence a voulu que les Églises
diverses établies en divers lieux par les Apôtres et leurs
successeurs se rassemblent au cours des temps en plusieurs
groupes organiquement réunis, qui, sans préjudice pour
l’unité de la foi et pour l’unique constitution divine de
l’Église universelle, jouissent de leur propre discipline,
de leur propre usage liturgique, de leur patrimoine
théologique et spirituel. Certaines, parmi elles, notamment
les antiques Églises patriarcales, jouèrent le rôle de
sources de foi en engendrant d’autres Églises, comme leurs
filles, avec lesquelles, jusqu’aujourd’hui, un lien plus
étroit de charité les relie dans la vie sacramentelle et
dans le respect mutuel des droits et des devoirs [73].
Cette variété des Églises locales montre avec plus d’éclat,
par leur convergence dans l’unité, la catholicité de
l’Église indivise. De même, les Conférences épiscopales
peuvent, aujourd’hui, contribuer de façons multiples et
fécondes à ce que le sentiment collégial se réalise
concrètement.
24. Le ministère
épiscopal
Les évêques étant successeurs des Apôtres
reçoivent du Seigneur, à qui tout pouvoir a été donné dans
le ciel et sur la terre, la mission d’enseigner toutes les
nations et de prêcher l’Évangile à toute créature, afin que
tous les hommes, par la foi, le baptême et l’accomplissement
des commandements, obtiennent le salut (cf. Mt 28, 18
; Mc 16, 15- 16 ; Ac 26, 17 s.). Pour remplir
cette mission, le Christ Seigneur a promis aux Apôtres
l’Esprit Saint, et, le jour de Pentecôte, l’a envoyé du ciel
pour que, grâce à sa vertu, les Apôtres soient ses témoins
jusqu’à l’extrémité de la terre devant les nations, les
peuples et les rois (cf. Ac 1, 8 ; 2, 1 s. ; 9, 15).
Cette charge, confiée par le Seigneur aux pasteurs de son
peuple, est un véritable service : dans la Sainte Écriture,
il est appelé expressément « diakonia » ou ministère (cf.
Ac 1, 17.25 ; 21, 19 ; Rm 11, 13 ; 1 Tm 1,
12).
La mission canonique des évêques peut être
donnée, soit par le moyen des coutumes légitimes que le
pouvoir suprême et universel de l’Église n’a pas révoquées,
ou par le moyen des lois que cette même autorité a portées
ou reconnues, ou directement par le successeur de Pierre
lui-même ; si celui-ci s’y oppose ou refuse la communion
apostolique, les évêques ne peuvent pas être mis en charge [74].
25. La fonction
d’enseignement des évêques
Parmi les charges principales des évêques,
la prédication de l’Évangile est la première [75].
Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, amenant
au Christ de nouveaux disciples, et les docteurs
authentiques, c’est-à-dire pourvus de l’autorité du Christ,
prêchant au peuple qui leur est confié la foi qui doit
régler leur pensée et leur conduite, faisant rayonner cette
foi sous la lumière de l’Esprit Saint, dégageant du trésor
de la Révélation le neuf et l’ancien (cf. Mt 13, 52),
faisant fructifier la foi, attentifs à écarter toutes les
erreurs qui menacent leur troupeau (cf. 2 Tm 4, 1-4).
Les évêques qui enseignent en communion avec le Pontife
romain ont droit, de la part de tous, au respect qui
convient à des témoins de la vérité divine et catholique ;
les fidèles doivent s’attacher à la pensée que leurs évêques
expriment, au nom du Christ, en matière de foi et de mœurs,
et ils doivent lui donner l’assentiment religieux de leur
esprit. Cet assentiment religieux de la volonté et de
l’intelligence est dû, à un titre singulier, au Souverain
Pontife en son magistère authentique, même lorsqu’il ne
parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance
respectueuse de son suprême magistère, et l’adhésion sincère
à ses affirmations, en conformité à ce qu’il manifeste de sa
pensée et de sa volonté et que l’on peut déduire en
particulier du caractère des documents, ou de l’insistance à
proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de
s’exprimer.
Quoique les évêques, pris un à un, ne
jouissent pas de la prérogative de l’infaillibilité,
cependant, lorsque, même dispersés à travers le monde, mais
gardant entre eux et avec le successeur de Pierre le lien de
la communion, ils s’accordent pour enseigner authentiquement
qu’une doctrine concernant la foi et les mœurs s’impose de
manière absolue, alors, c’est la doctrine du Christ
qu’infailliblement ils expriment [76].
La chose est encore plus manifeste quand, dans le Concile
œcuménique qui les rassemble, ils font, pour l’ensemble de
l’Église, en matière de foi et de mœurs, acte de docteurs et
de juges, aux définitions desquels il faut adhérer dans
l’obéissance de la foi [77].
Cette infaillibilité, dont le divin
Rédempteur a voulu pourvoir son Église pour définir la
doctrine concernant la foi et les mœurs, s’étend aussi loin
que le dépôt lui-même de la Révélation divine à conserver
saintement et à exposer fidèlement. De cette in
faillibilité, le Pontife romain, chef du collège des
évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que
pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de
confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 32) , il
proclame, par un acte définitif, un point de doctrine
touchant la foi et les mœurs [78].
C’est pourquoi les définitions qu’il prononce sont dites, à
juste titre, irréformables par elles-mêmes et non en vertu
du consentement de l’Église, étant prononcées sous
l’assistance du Saint-Esprit à lui promise en la personne de
saint Pierre, n’ayant pas besoin, par conséquent, d’une
approbation d’autrui, de même qu’elles ne peuvent comporter
d’appel à un autre jugement. Alors, en effet, le Pontife
romain ne prononce pas une sentence en tant que personne
privée, mais il expose et défend la doctrine de la foi
catholique [79],
en tant qu’il est, à l’égard de l’Église universelle, le
maître suprême en qui réside, à titre singulier, le charisme
d’infaillibilité qui est celui de l’Église elle-même.
L’infaillibilité promise à l’Église réside aussi dans le
corps des évêques quand il exerce son magistère suprême en
union avec le successeur de Pierre. À ces définitions,
l’assentiment de l’Église ne peut jamais faire défaut, étant
donné l’action du même Esprit Saint qui conserve et fait
progresser le troupeau entier du Christ dans l’unité de la
foi [80].
Lorsque le Pontife romain, ou le corps des
évêques avec lui, porte une définition, ils le font
conformément à la Révélation elle-même à laquelle tous
doivent se tenir et se conformer, Révélation qui est
transmise intégralement, sous forme écrite ou par tradition,
par la succession légitime des évêques, et, avant tout, par
le soin du Pontife romain lui-même ; cette Révélation à la
lumière de l’Esprit de vérité est scrupuleusement conservée
dans l’Église et fidèlement présentée [81].
Le Pontife romain et les évêques s’appliquent avec zèle à
scruter consciencieusement et à énoncer correctement cette
Révélation, dans la conscience de leur devoir et de la
gravité de la chose, en ayant recours aux moyens appropriés
[82]
; mais ils ne reçoivent, comme appartenant au dépôt divin de
la foi, aucune nouvelle révélation publique [83].
26. La fonction de
sanctification des évêques
L’évêque, revêtu de la plénitude du
sacrement de l’Ordre, porte « la responsabilité de dispenser
la grâce du suprême sacerdoce [84]
», en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou
dont il assure l’oblation [85],
et d’où vient à l’Église continuellement vie et croissance.
Cette Église du Christ est vraiment présente en toutes les
légitimes assemblées locales de fidèles qui, unies à leurs
pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aussi,
le nom d’Églises [86].
Elles sont, en effet, chacune à sa place, le peuple nouveau
appelé par Dieu dans l’Esprit Saint et dans une grande
assurance (cf. 1 Th 1, 5). En elles, les fidèles sont
rassemblés par la prédication de l’Évangile du Christ, le
mystère de la Cène du Seigneur est célébré « pour que, par
le moyen de la Chair et du Sang du Seigneur, se resserre, en
un seul Corps, toute la fraternité [87]
». Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise, en
dépendance du ministère sacré de l’évêque [88],
se manifeste le symbole de cette charité et « de cette unité
du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible
[89]
». Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles
puissent être souvent ou dispersées, le Christ est présent
par la vertu duquel se constitue l’Église une, sainte,
catholique et apostolique [90].
Car « la participation au Corps et au Sang du Christ n’a pas
d’autre effet que de nous transformer en ce que nous
recevons [91]
».
Mais toute célébration légitime de
l’Eucharistie est dirigée par l’évêque à qui a été confiée
la charge de présenter à la Majesté divine le culte de la
religion chrétienne, de le régler selon les préceptes du
Seigneur et selon les lois de l’Église, auxquelles il
apporte, pour son diocèse, par son jugement particulier, les
déterminations ultérieures.
Aussi, les évêques, en priant et travaillant
pour leur peuple, répandent sur lui en abondance et sous des
formes diverses ce qui vient de la plénitude de la sainteté
du Christ. Par le ministère de la Parole, ils communiquent
aux croyants, en vue de leur sa lut (cf. Rm 1, 16),
la vertu de Dieu et, par les sacrements dont ils organisent,
par leur autorité, la distribution régulière et féconde [92],
ils sanctifient les fidèles. Ils règlent la célébration du
baptême, où est donnée participation au sacerdoce royal du
Christ. Ils sont les ministres originaires de la
confirmation ; ce sont eux qui donnent les saints ordres et
règlent la discipline de la pénitence et s’emploient avec
zèle, par l’exhortation et l’instruction, à ce que leurs
peuples prennent, dans la foi et le respect, la part qui est
la leur dans la liturgie et surtout dans le saint sacrifice
de la messe. Ils doivent enfin donner à ceux à la tête
desquels ils sont placés, le bénéfice de leur exemple,
s’abstenant dans leur conduite de tout ce qui est mal, et
réformant leur conduite autant qu’ils le peuvent, avec
l’aide de Dieu, dans le sens du bien, en sorte qu’ils
puissent parvenir, avec le troupeau qui leur est confié,
jusqu’à la vie éternelle [93].
27. La fonction de
gouvernement des évêques
Chargés des Églises particulières qui leur
sont confiées, les évêques les dirigent [94]
comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils,
leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur
autorité et par l’exercice du pouvoir sacré, dont l’usage
cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en
vérité et en sainteté de leur troupeau, se souvenant que
celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et
celui qui commande, le serviteur (cf. Lc 22, 26-27).
Ce pouvoir qu’ils exercent personnellement
au nom du Christ est un pouvoir propre, ordinaire et
immédiat : il est soumis cependant dans son exercice à la
régulation dernière qui lui vient de l’autorité suprême de
l’Église et, en considération de l’utilité de l’Église ou
des fidèles, il peut être, par cette autorité, resserré en
certaines limites. En vertu de ce pouvoir, les évêques ont
le droit sacré, et devant Dieu le devoir, de porter des lois
obligatoires pour leurs sujets, de rendre les jugements et
de régler tout ce qui concerne l’ordre du culte et de
l’apostolat.
La charge pastorale, c’est-à-dire le soin
habituel et quotidien de leurs brebis, leur est pleinement
remise ; on ne doit pas les considérer comme les vicaires
des Pontifes romains, car ils exercent un pouvoir qui leur
est propre et, en toute vérité, sont, pour les peuples
qu’ils dirigent, des chefs [95].
Ainsi, leur pouvoir n’est nullement effacé par le pouvoir
suprême et universel ; au contraire, il est affermi,
renforcé et défendu par lui [96],
la forme établie par le Christ Seigneur pour le gouvernement
de son Église étant indéfectiblement assurée par l’Esprit
Saint.
Envoyé par le père de famille pour gouverner
les siens, l’évêque doit garder devant ses yeux l’exemple du
bon Pasteur venu, non pas pour se faire servir, mais servir
(cf. Mt 20, 28 ; Mc 10, 45), et donner sa vie
pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). Pris parmi les
hommes et enveloppé de faiblesse, il peut se montrer
indulgent envers les ignorants et les égarés (cf. He
5, 1-2). Qu’il ne répugne pas à écouter ceux qui dépendent
de lui, les entourant comme de vrais fils et les exhortant à
travailler avec lui dans l’allégresse. Appelé à rendre
compte à Dieu de leurs âmes (cf. He 13, 17), que sa
sollicitude s’étende, par la prière, la prédication et
toutes les œuvres de charité, soit à eux, soit également à
ceux qui ne sont pas encore de l’unique troupeau et qu’il
doit considérer comme lui étant confiés dans le Seigneur.
Étant comme l’apôtre Paul débiteur à l’égard de tous, qu’il
soit prompt à annoncer l’Évangile à tous (cf. Rm 1,
14-15) en engageant tous ses fidèles à une activité
apostolique et missionnaire. Quant aux fidèles, ils doivent
s’attacher à leur évêque comme l’Église à Jésus Christ et
comme Jésus Christ à son Père, afin que toutes choses
conspirent dans l’unité [97]
et soient fécondes pour la gloire de Dieu (cf. 2 Co
4, 15).
28. Les prêtres dans
leur relation au Christ, aux évêques, au presbyterium et au
peuple chrétien
Le Christ, que le Père a consacré et envoyé
dans le monde (Jn 10, 36) , a fait les évêques
successeurs des Apôtres et, par ces Apôtres eux-mêmes,
participants de sa consécration et de sa mission [98].
À leur tour, les évêques ont transmis légitimement dans
l’Église la charge de leur ministère selon divers degrés à
divers sujets. C’est ainsi que le ministère ecclésiastique,
institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres
par ceux que déjà depuis l’Antiquité on appelle évêques,
prêtres, diacres [99].
Tout en n’ayant pas la charge suprême du pontificat et tout
en dépendant des évêques dans l’exercice de leurs pouvoirs,
les prêtres leur sont cependant unis dans la dignité
sacerdotale [100]
; et par la vertu du sacrement de l’Ordre [101],
à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (He 5,
1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), ils sont consacrés pour prêcher
l’Évangile et pour être les pasteurs des fidèles et célébrer
le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament [102].
Participant, à leur niveau de ministère, de la charge de
l’unique Médiateur qui est le Christ (1 Tm 2, 5), ils
annoncent à tous la Parole de Dieu. C’est dans le culte ou
synaxe eucharistique que s’exerce par excellence leur charge
sacrée : là, agissant en la personne du Christ [103]
et proclamant son mystère, ils réunissent les vœux des
fidèles au sacrifice de leur chef, représentant et
appliquant dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le
Seigneur vienne (cf. 1 Co 11, 26), l’unique sacrifice
du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois
pour toutes à son Père en victime immaculée (cf. He
9, 11-28) [104].
En faveur des fidèles pénitents ou malades, ils remplissent,
à un titre éminent, le ministère de la réconciliation et du
soulagement ; ils présentent à Dieu le Père les besoins et
les prières des fidèles (cf. He 5, 1-4). Exerçant,
pour la part d’autorité qui est la leur, la charge du
Christ, pasteur et chef [105],
ils rassemblent la famille de Dieu, fraternité qui n’a
qu’une âme [106],
et, par le Christ, dans l’Esprit, ils la conduisent à Dieu
le Père. Ils rendent à Dieu le Père, au milieu de leur
troupeau, l’adoration en esprit et en vérité (cf. Jn
4, 24). Enfin, ils peinent à la parole et à l’enseignement
(cf. 1 Tm 5, 17), croyant ce qu’ils lisent et
méditent dans la loi du Seigneur, enseignant ce qu’ils
croient, pratiquant ce qu’ils enseignent [107].
Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal [108]
dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le
Peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque,
un seul presbyterium [109]
aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une
communauté de fidèles, ils rendent d’une certaine façon
présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant
et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa
sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci
quotidien des fidèles. Sanctifiant et dirigeant, sous
l’autorité de l’évêque, la portion du troupeau du Seigneur
qui leur est confiée, c’est l’Église universelle qu’ils
rendent visible aux lieux où ils sont, et c’est le Corps
entier du Christ à l’édification duquel (cf. Ep 4,
12) ils contribuent efficacement. Sans cesse tendus vers ce
qui est le bien des fils de Dieu, ils doivent mettre leur
zèle à contribuer aussi à l’œuvre pastorale du diocèse
entier, bien mieux, de toute l’Église. En raison de cette
participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque,
les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui
obéir respectueusement. L’évêque, lui, doit considérer les
prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout
comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs,
mais amis (cf. Jn 15, 15). Tous les prêtres, par
conséquent, tant diocésains que religieux, en raison de
l’ordre et du ministère, sont articulés sur le corps des
évêques et, selon leur vocation et leur grâce, sont au
service du bien de l’Église entière.
Une intime fraternité lie entre eux tous les
prêtres en raison de la communauté d’ordination et de
mission : cette fraternité doit se manifester spontanément
et volontiers sous forme d’aide mutuelle, tant spirituelle
que matérielle, tant pastorale que personnelle, dans les
réunions et la communion de vie, de travail et de charité.
De leurs fidèles, qu’ils ont engendrés spirituellement par
le baptême et l’enseignement (cf. 1 Co 4, 15 ; 1 P
1, 23), les prêtres doivent avoir, dans le Christ, un
souci paternel. Se faisant généreusement l’exemple du
troupeau (1 P 5, 3), ils doivent diriger et servir
leurs communautés locales, de telle sorte qu’elles puissent
être dignes de recevoir le nom qui marque l’unique Peuple de
Dieu en sa totalité : l’Église de Dieu (cf. 1 Co 1, 2
; 2 Co 1, 1 ; et passim). Qu’ils se
souviennent qu’ils doivent, par leur comportement quotidien
et dans leur sollicitude, montrer aux fidèles et aux
infidèles, aux catholiques et aux non-catholiques, le visage
d’un ministère vraiment sacerdotal et pastoral, et rendre à
tous le témoignage de la vérité et de la vie ; être
également comme de bons pasteurs en quête (cf. Lc 15,
4-7) de ceux qui, malgré le baptême reçu dans l’Église
catholique, ont abandonné la pratique des sacrements ou même
la foi.
Et comme le genre humain, aujourd’hui de
plus en plus, tend à l’unité civile, économique et sociale,
les prêtres ont le devoir d’autant plus pressant d’unir
leurs préoccupations et leurs moyens sous la conduite des
évêques et du Souverain Pontife, pour écarter toute forme de
division et amener le genre humain tout entier à l’unité de
la famille de Dieu.
29. Les diacres
Au degré inférieur de la hiérarchie se
trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains « non
pas en vue du sacerdoce, mais en vue du ministère [110]
». La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force
nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la « diaconie
» de la liturgie, de la parole et de la charité, en
communion avec l’évêque et son presbyterium. Selon les
dispositions à prendre par l’autorité qualifiée, il
appartient aux diacres d’administrer solennellement le
baptême, de conserver et de distribuer l’Eucharistie,
d’assister, au nom de l’Église, au mariage et de le bénir,
de porter le viatique aux mourants, de donner lecture aux
fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire et exhorter le
peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles,
d’être ministres des sacramentaux, de présider aux rites
funèbres et à la sépulture. Consacrés aux offices de charité
et d’administration, les diacres ont à se souvenir de
l’avertissement de saint Polycarpe : « Être miséricordieux,
zélés, marcher selon la vérité du Seigneur qui s’est fait le
serviteur de tous [111].
»
CHAPITRE IV :
Les laïcs
30. Introduction
Le saint Concile, ayant précisé les
fonctions de la hiérarchie, se plaît à tourner sa pensée
vers la condition de ces chrétiens qui portent le nom de
laïcs. Si, en effet, tout ce qui a été dit du Peuple de Dieu
concerne à titre égal laïcs, religieux et clercs, cependant
aux laïcs, hommes et femmes, en raison de leur condition et
de leur mission, reviennent en particulier un certain nombre
de choses dont les circonstances spéciales à notre temps
obligent d’étudier de plus près les fondements. Les pasteurs
sacrés savent bien l’importance de la contribution des laïcs
au bien de l’Église entière. Ils savent qu’ils n’ont pas été
eux-mêmes institués par le Christ pour assumer à eux seuls
tout l’ensemble de la mission salutaire de l’Église à
l’égard du monde, leur tâche magnifique consistant à
comprendre leur mission de pasteurs à l’égard des fidèles et
à reconnaître les services et les charismes propres à
ceux-ci, de telle sorte que tout le monde à sa façon et dans
l’unité apporte son concours à l’œuvre commune. « Il faut,
en effet, que tous, par la pratique d’une charité sincère,
nous grandissions de toutes manières vers celui qui est la
tête, le Christ dont le corps tout entier, grâce à tous les
ligaments qui le desservent, tire cohésion et unité et, par
l’activité assignée à chacun de ses organes, opère sa propre
croissance pour s’édifier lui-même dans la charité» (Ep
4, 15-16).
31. Qui est visé ici
par le terme « laïc »?
Sous le nom de laïcs, on entend ici tous les
fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et de l’état
religieux reconnu dans l’Église qui, étant incorporés au
Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu, et
participants à leur manière de la fonction sacerdotale,
prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part,
dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de
tout le peuple chrétien.
Le caractère séculier est le caractère
propre et particulier des laïcs. En effet, les membres de
l’ordre sacré bien qu’ils puissent se trouver engagés dans
les choses du siècle, même en exerçant une profession
séculière, restent, en raison de leur vocation particulière,
principalement et expressément ordonnés au ministère sacré ;
les religieux, de leur côté, en vertu de leur état,
attestent d’une manière éclatante et exceptionnelle que
lemonde ne peut se transfigurer et être offert à Dieu en
dehors de l’esprit des Béatitudes. La vocation propre des
laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à
travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent
selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire
engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde,
dans les conditions ordinaires de la vie familiale et
sociale dont leur existence est comme tissée. À cette place,
ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à
la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en
exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit
évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant
tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi,
d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une
manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les
réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis,
de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment
selon le Christ et soient à la louange du Créateur et
Rédempteur.
32. La dignité des
laïcs comme membres du Peuple de Dieu
L’Église sainte, de par l’institution
divine, est organisée et dirigée suivant une variété
merveilleuse. « Car, de même qu’en un seul corps nous avons
plusieurs membres et que tous les membres n’ont pas tous
même fonction, ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps
dans le Christ, étant chacun pour sa part, membres les uns
des autres » (Rm 12, 4-5).
Il n’y a donc qu’un Peuple de Dieu choisi
par Lui : « Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un baptême » (Ep
4, 5). Commune est la dignité des membres du fait de
leur régénération dans le Christ ; commune la grâce
d’adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ;
il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité
indivisible. Il n’y a donc, dans le Christ et dans l’Église,
aucune inégalité qui viendrait de la race ou de la nation,
de la condition sociale ou du sexe, car « il n’y a ni Juif
ni Grec, il y a ni esclave ni homme libre, ni homme ni
femme, vous n’êtes tous qu’un dans le Christ Jésus » (Ga
3 ; 28 grec ; cf. Col 3, 11).
Si donc, dans l’Église, tous ne marchent pas
par le même chemin, tous, cependant, sont appelés à la
sainteté et ont reçu une foi qui les rends égaux dans la
justice du Christ (cf. 2 P 1, 1). Même si certains,
par la volonté du Christ, sont institués docteurs,
dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des
autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité
commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du
Christ, il règne entre tous une véritable égalité. Car la
différence même que le Seigneur a mise entre les ministres
sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte en soi union,
étant donné que les pasteurs et les autres fidèles se
trouvent liés les uns aux autres par une communauté de
rapports, les pasteurs de l’Église qui suivent l’exemple du
Seigneur étant au service les uns des autres et au service
des autres fidèles, lesquels apportent de leur côté aux
pasteurs et aux docteurs le concours joyeux de leur aide.
Ainsi, dans la diversité même, tous rendent témoignage de
l’admirable dignité qui règne dans le Corps du Christ : en
effet, la diversité même des grâces, des ministères et des
opérations contribue à lier les fils de Dieu en un tout. Car
« tout cela, c’est l’œuvre d’un seul et même Esprit » (1
Co 12, 11).
Ainsi donc, tout comme, par la bienveillance
de Dieu, ils ont pour frère le Christ, venu non pour être
servi, mais pour servir (cf. Mt 20, 28), alors qu’il
est le Maître de tout, ainsi les laïcs ont aussi pour frères
ceux qui, appliqués au sacré ministère, font près de la
famille de Dieu office de pasteurs, enseignant, sanctifiant,
dirigeant par l’autorité du Christ pour que le commandement
nouveau de la charité soit accompli par tous. Saint Augustin
dit à ce sujet ces très belles paroles : « D’être là pour
vous me remplit de terreur ; mais d’être là avec vous me
rassure. Car pour vous, je suis évêque ; avec vous je suis
chrétien. Cela exprime un devoir, ceci est une grâce ; cela
évoque un péril, ceci est le salut [112].
»
33. La vie salutaire
et apostolique des laïcs
Les laïcs, réunis dans le Peuple de Dieu et
constituant un seul Corps du Christ sous un seul Chef, sont
appelés, quels qu’ils soient, à coopérer comme des membres
vivants au progrès de l’Église et à sa sanctification
permanente, en y appliquant toutes les forces qu’ils ont
reçues du bienfait du Créateur et de la grâce du Rédempteur.
L’apostolat des laïcs est une participation
à la mission salutaire elle-même de l’Église : à cet
apostolat, tous sont destinés par le Seigneur lui-même en
vertu du baptême et de la confirmation. Les sacrements,
surtout la sainte Eucharistie, communiquent et entretiennent
cette charité envers Dieu et les hommes, qui est l’âme de
tout l’apostolat. Les laïcs sont appelés tout spécialement à
assurer la présence et l’action de l’Église dans les lieux
et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que
par eux le sel de la terre [113].
Ainsi, tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits,
constitue un témoin et en même temps un instrument vivant de
la mission de l’Église elle-même, « à la mesure du don du
Christ » (Ep 4, 7).
En plus de cet apostolat, qui concerne tous
les fidèles, les laïcs peuvent en outre, de diverses
manières, être appelés à coopérer plus immédiatement avec
l’apostolat de la hiérarchie [114],
à la façon de ces hommes et de ces femmes qui étaient des
auxiliaires de l’apôtre Paul dans l’Évangile, et, dans le
Seigneur, dépensaient un grand labeur (cf. Ph 4, 3 ;
Rm 16, 3 s.). En outre, ils ont en eux une aptitude à
être assumés par la hiérarchie en vue de certaines fonctions
ecclésiastiques à but spirituel.
À tous les laïcs, par conséquent, incombe la
noble charge de travailler à ce que le dessein divin de
salut parvienne de plus en plus à tous les hommes de tous
les temps et de toute la terre. La voie doit donc leur être
ouverte de toutes parts pour que, selon leurs forces et
selon les nécessités des temps, ils puissent activement
participer, eux aussi, à l’œuvre de salut qui est celle de
l’Église.
34. La participation
des laïcs au sacerdoce commun et au culte
Voulant poursuivre également, par le moyen
des laïcs, son témoignage et son service, le Christ Jésus,
prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son
Esprit, et les pousse inlassablement à réaliser tout bien et
toute perfection.
À ceux qu’il s’unit intimement dans sa vie
et dans sa mission, il accorde, en outre, une part dans sa
charge sacerdotale pour l’exercice du culte spirituel en vue
de la glorification de Dieu et du salut des hommes. C’est
pourquoi les laïcs, en vertu de leur consécration au Christ
et de l’onction de l’Esprit Saint, reçoivent la vocation
admirable et les moyens qui permettent à l’Esprit de
produire en eux des fruits toujours plus abondants. En
effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs
entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale,
leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de
corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même
les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment
supportées, tout cela devient « offrandes spirituelles,
agréables à Dieu par Jésus Christ » (cf. 1 P 2, 5),
et dans la célébration eucharistique, rejoint l’oblation du
Corps du Seigneur pour être offert en toute piété au Père.
C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde
lui-même, rendant partout à Dieu par la sainteté de leur vie
un culte d’adoration.
35. La participation
des laïcs à la fonction prophétique du Christ et au
témoignage
Le Christ, grand prophète, qui par le
témoignage de sa vie et la vertu de sa parole a proclamé le
Royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu’à
la pleine manifestation de la gloire, non seulement par la
hiérarchie qui enseigne en son nom et avec son pouvoir, mais
aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en
les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole
(cf. Ac 2, 17-18 ; Ap 19, 10), afin que brille
dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la vertu de
l’Évangile. Ils se présentent comme les fils de la promesse,
lorsque, fermes dans la foi et dans l’espérance, ils mettent
à profit le moment présent (cf. Ep 5, 16 ; Col
4, 5), et attendent avec constance la gloire à venir (cf.
Rm 8, 25). Cette espérance, ils ne doivent pas la cacher
dans le secret de leur cœur, mais l’exprimer aussi à travers
les structures de la vie du siècle par un effort continu de
conversion, en luttant « contre les souverains de ce monde
des ténèbres, contre les esprits du mal » (Ep 6, 12).
Tout comme les sacrements de la loi
nouvelle, où s’alimentent la vie et l’apostolat des fidèles,
préfigurent le ciel nouveau et la nouvelle terre (cf. Ap
21, 1) , ainsi les laïcs deviennent les hérauts puissants de
la foi en ce qu’on espère (cf. He 11, 1) s’ils
unissent, sans hésitation, à une vie animée par la foi la
profession de cette même foi. Cette action évangélisatrice,
c’est-à-dire cette annonce du Christ faite par le témoignage
de la vie et par la parole, prend un caractère spécifique et
une particulière efficacité du fait qu’elle s’accomplit dans
les conditions communes du siècle.
Dans cet ordre de fonctions apparaît la
haute valeur de cet état de vie que sanctifie un sacrement
spécial, à savoir la vie du mariage et de la famille. Le
terrain d’exercice et l’école par excellence de l’apostolat
des laïcs se trouvent là, dans la famille où la religion
chrétienne pénètre toute l’organisation de la vie et la
transforme chaque jour davantage. Là, les époux trouvent
leur vocation propre : être l’un pour l’autre et pour leurs
enfants témoins de la foi et de l’amour du Christ. La
famille chrétienne proclame hautement à la fois les vertus
du Royaume de Dieu et l’espoir de la vie bienheureuse.
Ainsi, par son exemple et par son témoignage, elle est la
condamnation du monde pécheur et la lumière pour ceux qui
cherchent la vérité.
Par conséquent, les laïcs peuvent et
doivent, même occupés par leurs soucis temporels, exercer
pour l’évangélisation du monde une action précieuse.
Certains d’entre eux, suivant leurs moyens, apportent, à
défaut de ministres sacrés, ou quand ceux-ci sont réduits à
l’impuissance par un régime de persécutions, un concours de
suppléance pour certains offices sacrés ; de nombreux autres
dépensent toutes leurs forces dans l’action apostolique ;
mais, à tous, le devoir s’impose de coopérer à l’extension
et au progrès du règne du Christ dans le monde. C’est
pourquoi les laïcs doivent chercher à connaître toujours
plus profondément la vérité révélée, et demander instamment
à Dieu le don de sagesse.
36. La participation
des laïcs au service royal
Le Christ, s’étant fait obéissant jusqu’à la
mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf.
Ph 2, 8-9), est entré dans la gloire de son Royaume ; à
lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette
à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout
en tous (cf. 1 Co 15, 27-28). Ce pouvoir, il l’a
communiqué à ses disciples pour qu’ils soient eux aussi
établis dans la liberté royale, pour qu’ils arrachent au
péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la
sainteté de leur vie (cf. Rm 6, 12), bien mieux, pour
que, servant le Christ également dans les autres, ils
puissent, dans l’humilité et la patience, conduire leurs
frères jusqu’au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des
rois. En effet, le Seigneur désire étendre son règne
également avec le concours des fidèles laïcs ; son règne qui
est règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de
grâce, règne de justice, d’amour et de paix [115],
règne où la création elle-même sera affranchie de
l’esclavage de la corruption pour connaître la liberté
glorieuse des fils de Dieu (cf. Rm 8, 21). Grande
vraiment est la promesse, grand le commandement donné aux
disciples : « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et
le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 23).
Les fidèles doivent donc reconnaître la
nature profonde de toute la création, sa valeur et sa
finalité qui est la gloire de Dieu ; ils doivent, à travers
les travaux même temporels, s’aider en vue d’une vie plus
sainte, afin que le monde s’imprègne de l’Esprit du Christ
et dans la justice, la charité et la paix atteigne plus
efficacement sa fin. Dans l’accomplissement universel de ce
devoir, les laïcs ont la première place. Par leur compétence
dans les disciplines profanes et par leurs activités que la
grâce du Christ élève au-dedans, qu’ils s’appliquent de
toutes leurs forces à obtenir que les valeurs de la création
soient cultivées dans l’intérêt absolument de tous les
hommes, selon les fins du Créateur et la lumière de son
Verbe, grâce au travail de l’homme, à la technique et à la
culture, à obtenir aussi que ces biens soient mieux
distribués entre les hommes et acheminent selon leur nature
à un progrès universel dans la liberté humaine et
chrétienne. Le Christ ainsi, à travers les membres de
l’Église, éclairera la société humaine tout entière, et de
plus en plus, de sa lumière qui sauve.
Que les laïcs, en outre, unissent leurs
forces pour apporter aux institutions et aux conditions de
vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les
assainissements convenables, pour qu’elles deviennent toutes
conformes aux règles de la justice et favorisent l’exercice
des vertus au lieu d’y faire obstacle. En agissant ainsi,
ils imprégneront de valeur morale la culture et les œuvres
humaines. Par là aussi, le champ du monde se trouve mieux
préparé pour accueillir la semence de la Parole de Dieu, et
les portes par lesquelles le message de paix entre dans le
monde s’ouvrent plus largement à l’Église.
Conformément à l’économie elle-même du
salut, les fidèles doivent apprendre à distinguer avec soin
entre les droits et les devoirs qui leur incombent en tant
que membres de l’Église et ceux qui leur reviennent comme
membres de la société humaine. Qu’ils s’efforcent d’accorder
les uns et les autres entre eux, harmonieusement, se
souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide
en tous domaines temporels, car aucune activité humaine,
fût-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à
l’empire de Dieu. Aux temps où nous sommes, il est
extrêmement nécessaire que, dans la façon d’agir des
fidèles, brillent à la fois clairement et cette distinction
et cette harmonie, pour que la mission de l’Église puisse
répondre plus pleinement aux conditions particulières du
monde d’aujourd’hui. De même, en effet, qu’il faut
reconnaître à la cité terrestre, légitimement appliquée aux
soucis du siècle, le droit d’être régie par ses propres
principes, de même, c’est à juste titre qu’est rejetée la
doctrine néfaste qui prétend construire la société sans
aucune considération pour la religion et s’attaque à la
liberté religieuse des citoyens pour l’éliminer [116].
37. Relation des
laïcs avec la hiérarchie
Les laïcs, comme tous les chrétiens, ont le
droit de recevoir en abondance des pasteurs sacrés les
ressources qui viennent des trésors spirituels de l’Église,
en particulier les secours de la Parole de Dieu et des
sacrements [117];
ils ont le droit de s’ouvrir à ces mêmes pasteurs avec toute
la liberté et la confiance qui conviennent à des fils de
Dieu et à des frères dans le Christ de leurs besoins et de
leurs vœux. Dans la mesure de leurs connaissances, de leurs
compétences et de leur situation, ils ont la faculté et même
parfois le devoir de manifester leur sentiment en ce qui
concerne le bien de l’Église [118].
Cela doit se faire, le cas échéant, par le moyen des
institutions que l’Église a établies pour cela, et toujours
dans la sincérité, le courage et la prudence, avec le
respect et la charité qu’on doit à ceux qui, en raison de
leurs charges sacrées, tiennent la place du Christ.
Les laïcs, comme tous les fidèles, doivent
embrasser, dans la promptitude de l’obéissance chrétienne,
ce que les pasteurs sacrés représentant le Christ décident
au nom de leur magistère et de leur autorité dans l’Église ;
en cela, c’est l’exemple du Christ qu’ils suivent, lui qui,
en obéissant jusqu’à la mort, a ouvert aux hommes la voie
bienheureuse de la liberté des fils de Dieu. Qu’ils ne
manquent pas de recommander à Dieu, dans la prière, leurs
chefs qui veillent sur nos âmes comme devant en rendre
compte, afin qu’ils puissent le faire avec joie et non en
gémissant (cf. He 13, 17).
Les pasteurs, de leur côté, doivent
reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité
des laïcs dans l’Église ; ayant volontiers recours à la
prudence de leurs conseils, leur remettant avec confiance
des charges au service de l’Église, leur laissant la liberté
et la marge d’action, stimulant même leur courage pour
entreprendre de leur propre mouvement. Qu’ils accordent avec
un amour paternel attention et considération dans le Christ
aux essais, vœux et désirs proposés par les laïcs [119],
qu’ils respectent et reconnaissent la juste liberté qui
appartient à tous dans la cité terrestre.
De ce commerce familier entre laïcs et
pasteurs il faut attendre pour l’Église toutes sortes de
biens : par là en effet s’affirme chez les laïcs le sens de
leurs responsabilités propres, leur ardeur s’entretient et
les forces des laïcs viennent plus facilement s’associer à
l’action des pasteurs. Ceux-ci, avec l’aide de l’expérience
des laïcs, sont mis en état de juger plus distinctement et
plus exactement en matière spirituelle aussi bien que
temporelle, et c’est toute l’Église qui pourra ainsi,
renforcée par tous ses membres, remplir pour la vie du monde
plus efficacement sa mission.
38. Conclusion
Chacun des laïcs doit devant le monde être
le témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus
et signe du Dieu vivant. Tous ensemble et chacun pour sa
part doivent nourrir le monde des fruits spirituels (cf.
Ga 5, 22) et répandre sur lui cet esprit qui anime les
pauvres, les doux, les pacifiques que le Seigneur dans
l’Évangile a proclamés bienheureux (cf. Mt 5, 3-9).
En un mot « ce que l’âme est dans le corps, il faut que les
chrétiens le soient dans le monde [120]
».
CHAPITRE V :
La vocation universelle à la sainteté dans l’Église
39. Introduction
L’Église, dont le saint Concile présente le
mystère, est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En
effet, le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et
l’Esprit, est proclamé « le seul Saint [121]
», a aimé l’Église comme son épouse, il s’est livré pour
elle afin de la sanctifier (cf. Ep 5, 25-26), il se
l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit
Saint pour la gloire de Dieu. Aussi dans l’Église, tous,
qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis
par elle, sont appelés à la sainteté selon la parole de
l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre
sanctification » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4).
Cette sainteté de l’Église se manifeste en permanence et
doit se manifester par les fruits de grâce que l’Esprit
produit dans les fidèles ; sous toutes sortes de formes,
elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité
parfaite, dans leur ligne propre de vie, en édifiant les
autres ; elle apparaît d’une manière particulière dans la
pratique des conseils qu’on a coutume d’appeler
évangéliques. Cette pratique des conseils assumée sous
l’impulsion de l’Esprit Saint par un grand nombre de
chrétiens, soit à titre privé, soit dans une condition ou un
état sanctionnés par l’Église, apporte dans le monde et doit
y apporter un lumineux témoignage et un exemple de sainteté.
40. L’appel
universel à la sainteté
Maître divin et modèle de toute perfection,
le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses
disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de
vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur :
« Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait » (Mt 5, 48) [122].
Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour les mouvoir
de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur
âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces
(cf. Mc 12, 30), et aussi à s’aimer mutuellement
comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12).
Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre
de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur,
les disciples du Christ sont véritablement devenus par le
baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature
divine et, par la même, réellement saints. Cette
sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la
grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est
l’apôtre qui les avertit de vivre « comme il convient à des
saints » (Ep 5,3) , de revêtir « comme des élus de
Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de
bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col
3, 12), portant les fruits de l’Esprit pour leur
sanctification (cf. Ga 5, 22 ; Rm 6, 22).
Cependant comme nous nous rendons tous fautifs en bien des
points (cf. Jc 3, 2), nous avons constamment besoin
de la miséricorde de Dieu et nous devons tous les jours dire
dans notre prière : « Pardonne-nous nos offenses » (Mt
6, 12) [123].
Il est donc bien évident pour tous que
l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la
perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient
au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie [124]
; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté
contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions
d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs
forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette
perfection, afin que, marchant sur ses traces et se
conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du
Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de
Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple
de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne
avec éclat à travers la vie de tant de saints l’histoire de
l’Église.
41. Les formes
multiples d’exercice de l’unique sainteté
À travers les formes diverses de vie et les
charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée
par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant
à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en
vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et
chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de
sa gloire. Chacun doit inlassablement avancer, selon ses
propres dons et fonctions, par la voie d’une foi vivante,
génératrice d’espérance et ouvrière de charité.
Ceux qui ont reçu la charge de pasteurs à
l’égard du troupeau du Christ doivent tout les premiers, à
l’image du grand Prêtre éternel, Pasteur et Évêque de nos
âmes, remplir leur ministère dans la sainteté et l’ardeur,
l’humilité et la force : accompli dans ces conditions, il
sera pour eux-mêmes un moyen puissant de sanctification.
Choisis pour recevoir la plénitude du sacerdoce, ils
bénéficient de la grâce sacramentelle pour exercer en
perfection la charge de la charité pastorale [125]
par la prière, le sacrifice, la prédication, et sous toutes
ses formes, le soin et le service épiscopal, acceptant sans
crainte de donner leur vie pour leurs brebis et devenant un
modèle pour leur troupeau (cf. 1 P 5, 3), aidant
enfin l’Église par leur exemple à avancer chaque jour en
sainteté.
À la ressemblance de l’ordre des évêques
dont ils constituent la couronne spirituelle [126],
et à la grâce de qui ils participent par le Christ, éternel
et unique Médiateur, les prêtres doivent grandir en amour
pour Dieu et le prochain par l’exercice quotidien de leur
tâche, garder entre eux le lien de la communion sacerdotale,
être riches de tous les biens spirituels et offrir à tous un
vivant témoignage de Dieu [127],
émules de ces prêtres, qui le long des temps ont laissé, par
leur service souvent humble et obscur, un éclatant exemple
de sainteté. L’Église de Dieu proclame leur louange. Offrant
pour leur peuple et pour tout le Peuple de Dieu, au titre
même de leur charge, la prière et le sacrifice, conscients
de ce qu’ils font et se conformant aux mystères qu’ils
accomplissent [128],
bien loin d’être entravés par les soucis, les périls et les
épreuves apostoliques, ils doivent par là au contraire
s’élever à une plus haute sainteté, en cherchant dans
l’abondance de la contemplation de quoi nourrir et soutenir
leur activité, pour apporter leur encouragement à l’Église
entière de Dieu. Que tous les prêtres et ceux-là
spécialement qui, au titre particulier de leur ordination,
portent le nom de prêtres diocésains, se souviennent de ce
que leur sainteté peut gagner à leur union fidèle et à leur
généreuse coopération avec leur évêque.
À la mission et à la grâce du Souverain
Prêtre participent aussi d’une façon spéciale les ministres
de l’ordre inférieur ; et d’abord les diacres qui doivent,
en servant le mystère du Christ et de l’Église [129],
se garder purs de tous vices, chercher à plaire à Dieu et à
être devant les hommes les instruments de tout bien possible
(cf. 1 Tm 3, 8-10.12-13). Les clercs, qui, appelés
par Dieu et réservés pour être la part de Dieu, se préparent
aux charges du ministère sous la vigilance des pasteurs, ont
le devoir de mettre leur esprit et leur cœur en accord avec
une si haute vocation en se montrant assidus à la prière,
fervents en charité, n’ayant d’autre pensée que ce qui est
vrai, juste et honorable, faisant tout pour la gloire et
l’honneur de Dieu. Il faut y ajouter les laïcs choisis par
Dieu qui, pour se livrer pleinement aux travaux de
l’apostolat, sont appelés par l’évêque et travaillent sur le
champ du Seigneur, en y faisant beaucoup de fruits [130].
Quant aux époux et aux parents chrétiens, il
leur faut, en suivant leur propre route, s’aider
mutuellement dans la fidélité de l’amour avec l’aide de la
grâce, tout le long de leur vie, inculquant aux enfants
qu’ils ont reçus de Dieu, avec amour, les vérités
chrétiennes et les vertus de l’Évangile. Par là, en effet,
ils donnent à tous l’exemple d’un amour inlassable et
généreux, ils contribuent à l’édification de la charité
fraternelle et apportent à la fécondité de l’Église notre
Mère, leur témoignage et leur coopération, en signe et
participation de l’amour que le Christ a eu pour son Epouse
et qui l’a fait se livrer pour elle [131].
Un exemple semblable est donné par les veuves et les
célibataires dont le concours peut être pour la sainteté et
l’activité dans l’Église de grande valeur. Pour ceux qui se
livrent à des travaux souvent pénibles, leur activité
d’homme doit les enrichir personnellement, leur permettre
d’aider leurs concitoyens et de contribuer à élever le
niveau de la société tout entière et de la création, à
imiter enfin, par une charité active, le Christ qui a voulu
pratiquer le travail manuel et qui, avec son Père, ne cesse
d’agir pour le salut de tous, cela dans une joyeuse
espérance, s’aidant mutuellement à porter leurs fardeaux,
montant par leur travail quotidien à une sainteté toujours
plus haute, même sous la forme apostolique.
Qu’ils se sachent eux aussi unis tout
spécialement au Christ souffrant pour le salut du monde,
ceux sur qui pèsent la pauvreté, l’infirmité, la maladie,
les épreuves diverses, ou qui souffrent persécution pour la
justice : le Seigneur dans l’Évangile les a déclarés
bienheureux et « le Dieu de toute grâce qui nous a appelés
dans le Christ à sa gloire éternelle, après une courte
épreuve, les rétablira lui-même, les affermira et les rendra
inébranlables » (1 P 5, 10).
Ainsi donc tous ceux qui croient au Christ
iront en se sanctifiant toujours plus dans les conditions,
les charges et les circonstances qui sont celles de leur vie
et grâce à elles, si cependant ils reçoivent avec foi toutes
choses de la main du Père céleste et coopèrent à
l’accomplissement de la volonté de Dieu, en faisant paraître
aux yeux de tous, dans leur service temporel lui-même, la
charité avec laquelle Dieu a aimé le monde.
42. Voies et moyens
de la sainteté
«Dieu est charité et celui qui demeure dans
la charité demeure en Dieu et Dieu en lui» (cf. 1 Jn
4, 16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos cœurs par
l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). La
charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le
prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et
le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon
grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit
s’ouvrir volontiers à la Parole de Dieu et, avec l’aide de
sa grâce, mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment
aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions
sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à
l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et
à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet,
étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi
(cf. Col 3, 14 ; Rm 13, 10), oriente tous les
moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit
à leur fin [132].
C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui
marque le véritable disciple du Christ.
Jésus, le Fils de Dieu, ayant manifesté sa
charité en donnant sa vie pour nous, personne ne peut aimer
davantage qu’en donnant sa vie pour lui et pour ses frères
(cf. 1 Jn 3, 16 ; Jn 15, 13). À ce témoignage
suprême d’amour rendu devant tous et surtout devant les
persécuteurs, depuis la première heure, quelques-uns parmi
les chrétiens ont été appelés et d’autres y seront appelés
sans cesse. C’est pourquoi le martyre dans lequel le
disciple est assimilé à son maître, acceptant librement la
mort pour le salut du monde, et rendu semblable à lui dans
l’effusion de son sang, est considéré par l’Église comme une
grâce éminente et la preuve suprême de la charité. Que si
cela n’est donné qu’à un petit nombre, tous cependant
doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes
et à le suivre sur le chemin de la croix, à travers les
persécutions qui ne manquent jamais à l’Église.
La sainteté de l’Église est entretenue
spécialement par les conseils, sous des formes multiples,
que le Seigneur, dans l’Évangile, a proposés à l’observation
de ses disciples [133].
Parmi ces conseils, en première place, il y a ce don
précieux de grâce fait par le Père à certains (cf. Mt
19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se vouer à Dieu seul plus
facilement sans partage du cœur, dans la virginité ou le
célibat (cf. 1 Co 7, 32-34) [134].
Cette continence parfaite à cause du règne de Dieu a
toujours été l’objet de la part de l’Église d’un honneur
spécial, comme signe et stimulant de la charité et comme une
source particulière de fécondité spirituelle dans le monde.
L’Église se remémore l’avertissement de
l’apôtre qui provoque les fidèles à la charité et les
exhorte à éprouver en eux cela même qui fut dans le Christ,
lequel « s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave
[...] se faisant obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2,
7-8), et se faisant pour nous « pauvre, de riche qu’il était
» (2 Co 8, 9). L’imitation et le témoignage de cette
charité et humilité du Christ s’imposent en vérité aux
disciples en permanence ; c’est pourquoi l’Église notre Mère
se réjouit de ce qu’il se trouve dans son sein, en grand
nombre, des hommes et des femmes pour vouloir suivre de plus
près et manifester plus clairement l’anéantissement du
Sauveur, en assumant, dans la liberté des fils de Dieu, la
pauvreté et en renonçant à leur propre volonté, pour se
soumettre à cause de Dieu à une créature humaine, en matière
de perfection, allant aussi au-delà de ce qu’exige le
précepte, afin de se conformer plus pleinement au Christ
obéissant [135].
Tous les fidèles du Christ sont donc invités
et tenus à chercher et à atteindre la sainteté et la
perfection propres à leur état. Que tous s'appliquent donc à
régler leurs sentiments en toute rectitude, pour que l'usage
des choses du monde et un attachement aux richesses
contraire à l'esprit de pauvreté évangélique ne les
empèchent pas de rechercher la charité parfaite, selon
l'avertissement de l'Apôtre : " Que ceux qui usent de ce
monde ne s'y arrêtent pas ; car la figure de ce monde passe
" (cf. 1 Co 7, 31) [*].
CHAPITRE VI :
Les religieux
43. La profession
des conseils évangéliques dans un état de vie reconnu dans
l’Église
Les conseils évangéliques de chasteté vouée
à Dieu, de pauvreté et d’obéissance, étant fondés sur les
paroles et les exemples du Seigneur, ayant la recommandation
des Apôtres, des Pères, des docteurs et pasteurs de
l’Église, constituent un don divin que l’Église a reçu de
son Seigneur et que, par sa grâce, elle conserve toujours.
L’autorité de l’Église, sous la conduite de l’Esprit Saint,
a veillé elle-même à en fixer la doctrine et en régler la
pratique, en instituant même des formes de vie stables sur
la base de ces conseils. Comme un arbre qui se ramifie de
façon admirable et multiple dans le champ du Seigneur, à
partir d’un germe semé par Dieu, naquirent et se
développèrent ainsi des formes variées de vie solitaire ou
commune, des familles diverses dont le capital spirituel
profite à la fois aux membres de ces familles et au bien de
tout le Corps du Christ [136].
Ces familles assurent à leurs membres les secours d’une plus
grande stabilité dans leur forme de vie, d’une doctrine
éprouvée pour tendre à la perfection, d’une communion
fraternelle dans le combat pour le Christ, d’une liberté
fortifiée par l’obéissance afin de pouvoir remplir avec
sécurité et garder fidèlement les exigences de leur
profession religieuse en avançant dans la joie spirituelle
sur la route de la charité [137].
Cet état de vie, compte tenu de la
constitution divine et hiérarchique de l’Église, ne se situe
pas entre la condition du clerc et celle du laïc. Dieu y
appelle des fidèles du Christ de l’une et de l’autre
condition pour jouir dans la vie de l’Église de ce don
spécial et servir à la mission salutaire de l’Église, chacun
à sa manière [138].
44. Nature et
importance de l’état religieux dans l’Église
Par les vœux (ou d’autres engagements sacrés
assimilés aux vœux par leur nature même), le fidèle du
Christ s’oblige à la pratique des trois conseils
évangéliques susdits ; il est livré entièrement à Dieu,
qu’il aime par-dessus tout, et ainsi il est ordonné au
service du Seigneur et à son honneur à un titre nouveau et
particulier. Le baptême déjà l’avait fait mourir au péché et
consacré à Dieu, mais pour pouvoir recueillir en plus grande
abondance le fruit de la grâce baptismale, il veut, par la
profession faite dans l’Église des conseils évangélique, se
libérer des surcharges qui pourraient le retenir dans sa
recherche d’une charité fervente et d’un culte parfait à
rendre à Dieu, et se consacrer plus intimement au service
divin [139].
Cette consécration sera d’autant plus parfaite que des liens
plus fermes et plus stables reproduiront davantage l’image
du Christ uni à l’Église son Epouse par un lien
indissoluble.
Mais comme les conseils évangéliques, grâce
à la charité à laquelle ils conduisent [140],
unissent de manière spéciale ceux qui les pratiquent à
l’Église et à son mystère, leur vie spirituelle doit se
vouer également au bien de toute l’Église. D’où le devoir de
travailler, chacun selon ses forces et selon la forme de sa
propre vocation, soit par la prière, soit aussi par son
activité effective, pour le règne du Christ à enraciner et à
renforcer dans les âmes, à répandre par tout l’univers.
C’est pourquoi l’Église protège et soutient le caractère
propre des divers instituts religieux.
La profession des conseils évangéliques
apparaît en conséquence comme un signe qui peut et doit
exercer une influence efficace sur tous les membres de
l’Église dans l’accomplissement courageux des devoirs de
leur vocation chrétienne. En effet, le Peuple de Dieu n’a
pas ici-bas de cité permanente, il est en quête de la cité
future, or l’état religieux, qui assure aux siens une
liberté plus grande à l’égard des charges terrestres,
manifeste aussi davantage aux yeux de tous les croyants les
biens célestes déjà présents en ce temps, il atteste
l’existence d’une vie nouvelle et éternelle acquise par la
Rédemption du Christ, il annonce enfin la résurrection à
venir et la gloire du Royaume des cieux. De plus, il
s’efforce d’imiter de plus près et il représente
continuellement dans l’Église cette forme de vie que le Fils
de Dieu a prise en venant au monde pour faire la volonté du
Père et qu’il a proposée aux disciples qui le suivaient. Il
fait voir enfin d’une manière particulière comment le règne
de Dieu est élevé au-dessus de toutes les choses terrestres
et combien ses nécessités sont suprêmes ; il montre à tous
les hommes la suréminente grandeur de la puissance du Christ
régnant et la puissance de l’Esprit Saint en action dans
l’Église de façon admirable.
L’état de vie constitué par la profession
des conseils évangéliques, s’il ne concerne pas la structure
hiérarchique de l’Église, appartient donc cependant sans
conteste à sa vie et à sa sainteté.
45. L’autorité de
l’Église à l’égard des religieux
La fonction de la hiérarchie dans l’Église
étant celle du pasteur qui conduit le Peuple de Dieu aux
riches pâturages (cf. Ez 34, 14), c’est à elle qu’il
revient d’instituer des lois qui régleront sagement la
pratique des conseils évangéliques, instrument singulier au
service de la charité parfaite envers Dieu et envers le
prochain [141].
Suivant avec docilité les impulsions de l’Esprit Saint, elle
accueille les règles proposées par des hommes ou des femmes
de premier ordre et, après les avoir encore plus
parfaitement ordonnés, elle leur donne une approbation
authentique ; enfin, avec autorité elle est là pour veiller
et étendre sa protection sur les instituts créés un peu
partout en vue de l’édification du Corps du Christ afin que,
dans la fidélité à l’esprit de leurs fondateurs, ils
croissent et fleurissent.
Par ailleurs, pour qu’il soit mieux pourvu
aux nécessités du troupeau du Seigneur dans son ensemble, le
Souverain Pontife peut, en raison du primat qui est le sien
sur l’Église universelle, et en considération de l’intérêt
commun, soustraire tout institut de perfection et chacun de
ses sujets à la juridiction de l’Ordinaire du lieu et se le
subordonner à soi seul [142].
De même peuvent-ils être laissés ou confiés à la charge de
leur propre autorité patriarcale. Quant aux membres des
instituts, ils doivent, dans l’accomplissement de leurs
devoirs envers l’Église selon leur forme particulière de
vie, observer à l’égard des évêques, selon les lois
canoniques, la révérence et l’obéissance qui leur sont dues
à cause de leur autorité pastorale sur les Églises
particulières et à cause, dans le travail apostolique, de la
nécessité de l’unité et de la concorde [143].
L’Église n’apporte pas seulement à la
profession religieuse la sanction qui lui donne la dignité
d’un état canonique de vie ; par son action liturgique
elle-même, elle la présente comme un état de consécration à
Dieu. Elle reçoit elle-même, au nom de l’autorité que Dieu
lui a confiée, les vœux des profès ; elle demande à Dieu
pour eux dans la prière publique les secours et la grâce,
elle les recommande à Dieu et leur accorde une bénédiction
spirituelle en associant leur offrande au sacrifice
eucharistique.
46. Grandeur de la
profession des conseils évangéliques
Les religieux doivent tendre de tout leur
effort à ce que, par eux, chaque jour de mieux en mieux,
l’Église manifeste le Christ aux fidèles comme aux infidèles
: soit dans sa contemplation sur la montagne, soit dans son
annonce aux foules du Royaume de Dieu, soit encore quand il
guérit les malades et les infirmes et convertit les pécheurs
à une vie féconde, quand il bénit les enfants et répand sur
tout ses bienfaits, accomplissant en tout cela, dans
l’obéissance, la volonté du Père qui l’envoya [144]
. Que tous enfin soient persuadés que la profession des
conseils évangéliques, tout en comportant renonciation à des
biens qui méritent indiscutablement l’estime, ne fait
cependant nullement obstacle au progrès de la personne
humaine, mais au contraire, de par sa nature, lui est du
plus grand profit. En effet, les conseils, volontairement
acceptés selon la vocation personnelle de chacun,
contribuent considérablement à la purification du cœur et à
la liberté spirituelle ; ils stimulent en permanence la
ferveur de la charité et surtout sont capables d’assurer aux
chrétiens une conformité plus grande avec la condition de
virginité et de pauvreté que le Christ Seigneur a voulue
pour lui-même et qu’a embrassée la Vierge sa Mère, ainsi que
le prouve l’exemple de tant de saints fondateurs. Nul ne
doit penser que les religieux par leur consécration
deviennent étrangers aux hommes ou inutiles dans la cité
terrestre. Car s’ils ne sont pas toujours directement
présents aux côtés de leurs contemporains, ils leur sont
présents plus profondément dans le cœur du Christ, coopérant
spirituellement avec eux, pour que la construction de la
cité terrestre ait toujours son fondement dans le Seigneur
et soit orientée vers lui, afin que ceux qui bâtissent ne
risquent pas de peiner en vain [145].
C’est pourquoi enfin le saint Concile approuve et loue ces
hommes et ces femmes, ces frères et ces sœurs qui, dans les
monastères, dans les écoles et les hôpitaux, dans les
missions, apportent à l’Epouse du Christ la parure d’une
constante et humble fidélité à leur consécration, et à tous
les hommes leurs services aussi généreux que divers.
47. Conclusion
Quant à tous ceux qui sont appelés à la
profession des conseils, il leur appartient de veiller avec
soin à persévérer dans la vocation, quelle qu’elle soit, à
laquelle ils ont été appelés, à y progresser sans cesse pour
une plus grande sainteté de l’Église, pour la plus grande
gloire de l’unique et indivisible Trinité qui, dans le
Christ et par le Christ, est de toute sainteté la source et
l’origine.
CHAPITRE VII
:
Le caractère eschatologique de l’Église
en pèlerinage et son union avec l’Église du ciel
48. Caractère
eschatologique de la vocation chrétienne
L’Église, à laquelle dans le Christ Jésus
nous sommes tous appelés et dans laquelle par la grâce de
Dieu nous acquérons la sainteté, n’aura que dans la gloire
céleste sa consommation, lorsque viendra le temps où sont
renouvelées toutes choses (Ac 3, 1) et que, avec le
genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec
l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le
Christ sa définitive perfection (cf. Ep 1, 10 ;
Col 1, 20 ; 2 P 3, 10-13).
Le Christ élevé de terre a tiré à lui tous
les hommes (cf. Jn 12, 32 grec) ; ressuscité
des morts (cf. Rm 6, 9), il a envoyé sur ses Apôtres
son Esprit de vie et par lui a constitué son Corps, qui est
l’Église, comme le sacrement universel du salut ; assis à la
droite du Père, il exerce continuellement son action dans le
monde pour conduire les hommes vers l’Église, se les unir
par elle plus étroitement et leur faire part de sa vie
glorieuse en leur donnant pour nourriture son propre Corps
et son Sang. La nouvelle condition promise et espérée a déjà
reçu dans le Christ son premier commencement ; l’envoi du
Saint-Esprit lui a donné son élan et par lui elle se
continue dans l’Église où la foi nous instruit sur la
signification même de notre vie temporelle, dès lors que
nous menons à bonne fin, avec l’espérance des biens futurs,
la tâche qui nous a été confiée par le Père et que nous
faisons ainsi notre salut (cf. Ph 2, 12).
Ainsi donc déjà les derniers temps sont
arrivés pour nous (cf. 1 Co 10, 11) . Le
renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en
réalité, anticipé dès maintenant : en effet, déjà sur terre
l’Église est parée d’une sainteté encore imparfaite mais
déjà véritable. Cependant, jusqu’à l’heure où seront
réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la
justice habite (cf. 2 P 3, 13), l’Église en
pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions,
qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ;
elle a sa place parmi les créatures qui gémissent
présentement encore dans les douleurs de l’enfantement,
attendant la manifestation des fils de Dieu (cf. Rm
8, 19- 22).
Ainsi donc, unis au Christ dans l’Église et
marqués de l’Esprit Saint, « gages de notre héritage» (Ep
1, 14), en toute vérité nous sommes appelés enfants de Dieu,
et nous le sommes (cf. 1 Jn 3, 1) ; mais l’heure
n’est pas encore venue où nous paraîtrons avec le Christ
dans la gloire (cf. Col 3, 4), devenus semblables à
Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est (cf. 1 Jn
3, 2). « Tant que nous demeurons dans ce corps, nous sommes
en exil loin du Seigneur » (2 Co 5, 6), possédant les
prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement (cf.
Rm 8, 23) et nous aspirons à être avec le Christ (cf.
Ph 1, 23). La même charité nous presse du désir de vivre
davantage pour lui, qui est mort pour nous et ressuscité
(cf. 2 Co 5, 15). Nous avons donc à cœur de plaire au
Seigneur en toutes choses (cf. 2 Co 5, 9) et nous
endossons l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir contre les
embûches du démon et lui résister au jour mauvais (cf. Ep
6, 11-13). Ignorants du jour et de l’heure, il faut que,
suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions
constamment vigilants pour pouvoir, quand s’achèvera le
cours unique de notre vie terrestre (cf. He 9, 27),
être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de
Dieu (cf. Mt 25, 31-46), au lieu d’être, comme les
mauvais et les paresseux serviteurs (cf. Mt 25, 26)
écartés par l’ordre de Dieu vers le feu éternel (cf. Mt
25, 41), vers ces ténèbres du dehors où « seront les pleurs
et les grincements de dents » (Mt 22, 13 ; 25, 30).
En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, tous nous
devrons être mis un jour « devant le tribunal du Christ,
pour que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait
pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en
mal » (2 Co 5, 10) ; et à la fin du monde « les
hommes sortiront du tombeau, ceux qui auront fait le bien
pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal
pour une résurrection de condamnation « (Jn 5, 29 ;
cf. Mt 25, 46). « C’est pourquoi, estimant qu’il n’y
a pas de proportion entre les peines du présent et la gloire
qui doit se manifester en nous » (Rm 8, 18 ; cf. 2
Tm 2, 11-12), « nous attendons, solides dans la foi, la
bienheureuse espérance et la manifestation glorieuse de
notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus» (Tt 2,
13) « qui transformera notre corps de misère en un corps
semblable à son corps de gloire » (Ph 3, 21), et qui
viendra « pour être glorifié dans ses saints et admiré en
tous ceux qui auront cru » (2 Th 1, 10).
49. La communion
entre l’Église céleste et l’Église sur terre
Ainsi donc, en attendant que le Seigneur
soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (cf.
Mt 25, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été
soumis (cf. 1 Co 15, 26-27), les uns parmi ses
disciples continuent sur terre leur pèlerinage ; d’autres,
ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin
sont dans la gloire, contemplant « dans la pleine lumière,
tel qu’il est, le Dieu un en trois Personnes [146]
». Tous cependant, à des degrés et sous des formes diverses,
nous communions dans la même charité envers Dieu et envers
le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne de gloire.
En effet, tous ceux qui sont du Christ et possèdent son
Esprit, constituent une seule Église et se tiennent
mutuellement comme un tout dans le Christ (cf. Ep 4,
16). Donc, l’union de ceux qui sont encore en chemin, avec
leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ, ne
connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon
la foi constante de l’Église, cette union est renforcée par
l’échange des biens spirituels [147].
Étant en effet liés plus intimement avec le Christ, les
habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement
l’Église en sainteté, ils ajoutent à la grandeur du culte
que l’Église rend à Dieu sur la terre et de multiples façons
l’aident à se construire plus largement (cf. 1 Co 12,
12-27) [148].
Admis dans la patrie et présents au Seigneur (cf. 2 Co
5, 8), par lui, avec lui et en lui, ils ne cessent
d’intercéder pour nous auprès du Père [149],
offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique
Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (cf. 1
Tm 2, 5), servant le Seigneur en toutes choses et
complétant en leur chair ce qui manque aux souffrances du
Christ en faveur de son Corps qui est l’Église (cf. Col
1, 24). Ainsi leur sollicitude fraternelle est pour notre
infirmité du plus grand secours [150].
50. Les rapports de
l’Église de la terre avec l’Église du ciel
Reconnaissant dès l’abord cette communion
qui existe à l’intérieur du Corps mystique de Jésus Christ,
l’Église, en ses membres qui cheminent sur la terre dès les
premiers temps du christianisme, a entouré de beaucoup de
piété la mémoire des défunts [151]
en offrant aussi pour eux ses suffrages, car « la pensée de
prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs
péchés, est une pensée sainte et pieuse » (2 M 12,
45). Quant aux Apôtres et aux martyrs du Christ, qui
donnèrent le témoignage suprême de la foi et de la charité
dans l’effusion de leur sang, l’Église a toujours cru qu’ils
se trouvaient dans le Christ plus étroitement unis avec nous
; en même temps que la bienheureuse Vierge Marie et les
saints anges, elle les a entourés d’une particulière ferveur
[152],
sollicitant pieusement le secours de leur intercession. À
ceux-là s’en ajoutèrent bientôt d’autres, ceux qui avaient
choisi d’imiter de plus près la virginité et la pauvreté du
Christ [153],
d’autres enfin que l’exercice plus éclatant des vertus
chrétiennes [154]
et les grâces insignes de Dieu recommandaient à la pieuse
dévotion et à l’imitation des fidèles [155].
En effet, de contempler la vie des hommes
qui ont suivi fidèlement le Christ, est un nouveau stimulant
à rechercher la Cité à venir (cf. He 13, 14 ; 11,
10), et en même temps nous apprenons par là à connaître le
chemin par lequel, à propos des vicissitudes du monde, selon
l’état et la condition propres à chacun, il nous sera
possible de parvenir à l’union parfaite avec le Christ,
c’est-à-dire à la sainteté [156].
Dans la vie de nos compagnons d’humanité plus parfaitement
transformés à l’image du Christ (cf. 2 Co 3, 18),
Dieu manifeste aux hommes dans une vive lumière sa présence
et son visage. En eux, Dieu lui-même nous parle, il nous
donne un signe de son Royaume [157]
et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de
témoins qui nous enveloppe (cf. He 12, 1) et tant la
vérité de l’Évangile se trouve attestée.
Mais nous ne vénérons pas seulement au titre
de leur exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous
cherchons bien davantage par là à renforcer (grâce à
l’exercice de la charité fraternelle) l’union de toute
l’Église dans l’Esprit (cf. Ep 4, 1-6). Car tout
comme la communion entre les chrétiens de la terre nous
approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec
les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de
leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du
Peuple de Dieu lui-même [158].
Il est donc au plus haut point convenable que nous aimions
ces amis et cohéritiers de Jésus Christ, nos frères aussi et
nos insignes bienfaiteurs, que nous rendions à Dieu pour eux
les grâces qui leur sont dues [159],
« les invoquant avec ardeur, recourant à leurs prières, à
leur secours et à leur aide pour obtenir de Dieu par son
Fils Jésus Christ, notre Seigneur, notre seul Rédempteur et
Sauveur, les bienfaits que nous désirons [160]
». Car tout témoignage authentique d’amour présenté par nous
aux habitants du ciel, par sa nature même, tend, comme vers
son terme au Christ « couronne de tous les saints [161]
» et par lui à Dieu qui est admirable en ses saints et
glorifié en eux [162].
C’est surtout dans la sainte liturgie que se
réalise de la façon la plus haute notre union avec l’Église
du ciel : là en effet, par les signes sacramentels s’exerce
sur nous la vertu de l’Esprit Saint ; là nous proclamons,
dans une joie commune, la louange de la divine Majesté [163]
; tous, rachetés dans le sang du Christ, de toute tribu,
langue, peuple ou nation (cf. Ap 5, 9) et rassemblés
en l’unique Église, nous glorifions, dans un chant unanime
de louange, le Dieu un en trois Personnes. La célébration du
sacrifice eucharistique est le moyen suprême de notre union
au culte de l’Église du ciel, tandis que, « unis dans une
même communion, nous vénérons d’abord la mémoire de la
glorieuse Marie toujours vierge, de saint Joseph, des
bienheureux Apôtres et martyrs, et de tous les saints [164]
».
51. Directives
pastorales
Cette foi vénérable de nos pères en la
communion de vie qui existe avec nos frères déjà en
possession de la gloire céleste, ou en voie de purification
après leur mort, le saint Concile la recueille avec piété ;
il propose à nouveau les décrets des saints Conciles : le
deuxième de Nicée [165],
celui de Florence [166],
celui de Trente [167].
En même temps, dans sa sollicitude pastorale, il exhorte
tous les responsables, au cas où des abus, des excès ou des
manques auraient pu ici où là s’introduire, à y porter avec
zèle remède, en écartant ou corrigeant le mal, et en
restaurant toutes choses de façon que le Christ et Dieu
soient plus parfaitement loués. Qu’ils enseignent aux
fidèles que le culte authentique des saints ne consiste pas
tant à multiplier les actes extérieurs, mais plutôt à
pratiquer un amour fervent et effectif, cherchant, pour
notre plus grand bien et celui de l’Église, « à fréquenter
les saints pour les imiter, à nous unir à eux pour avoir
part à leur sort, à obtenir le secours de leur intercession
[168]
». Par ailleurs, qu’on montre bien aux fidèles que la
fréquentation des habitants du ciel, si elle est conçue
selon la pleine lumière de la foi, bien loin de diminuer le
culte d’adoration rendu à Dieu le Père par le Christ dans
l’Esprit, l’enrichit au contraire plus généreusement [169].
En effet lorsque la charité mutuelle et la
louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font
communier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne
faisons dans le Christ qu’une seule famille (cf. He
3, 6), nous répondons à la vocation profonde de l’Église, et
nous prenons par avance une part déjà savoureuse à la
liturgie de la gloire parfaite [170].
À l’heure où le Christ apparaîtra, quand se réalisera la
glorieuse résurrection des morts, la clarté de Dieu
illuminera la Cité céleste et l’Agneau sera son flambeau
(cf. Ap 21, 24). Alors l’Église des saints tout
entière, dans la joie suprême de la charité, adorera Dieu et
« l’Agneau qui a été égorgé » (Ap 5, 12), proclamant
d’une seule voix : « À celui qui siège sur le trône et à
l’Agneau, louange, honneur, gloire et domination dans les
siècles des siècles » (Ap 5, 13-14).
CHAPITRE VIII
:
La bienheureuse Vierge Marie,
mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église
I. Introduction
52. La Sainte Vierge
dans le mystère du Christ
Ayant résolu, dans sa très grande bonté et
sagesse, d’opérer la rédemption du monde, Dieu « quand vint
la plénitude du temps, envoya son Fils né d’une femme...
pour faire de nous des fils adoptifs » (Ga 4, 4-5).
C’est ainsi que son Fils, « à cause de nous les hommes et
pour notre salut, descendit du ciel et prit chair de la
Vierge Marie par l’action du Saint-Esprit [171]
». Ce divin mystère de salut se révèle pour nous et se
continue dans l’Église, que le Seigneur a établie comme son
Corps et dans laquelle les croyants, attachés au Christ chef
et unis dans une même communion avec tous ses saints, se
doivent de vénérer, « en tout premier lieu la mémoire de la
glorieuse Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et
Seigneur Jésus Christ [172].
53. La Sainte Vierge
et l’Église
La Vierge Marie en effet, qui, lors de
l’Annonciation angélique, reçut le Verbe de Dieu à la fois
dans son cœur et dans son corps, et présenta au monde la
Vie, est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu
et du Rédempteur. Rachetée de façon éminente en
considération des mérites de son Fils, unie à lui par un
lien étroit et indissoluble, elle reçoit cette immense
charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu, et, par
conséquent, la fille de prédilection du Père et le
sanctuaire du Saint-Esprit, don exceptionnel de grâce qui la
met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel
et sur la terre. Mais elle se trouve aussi réunie, comme
descendante d’Adam, à l’ensemble de l’humanité qui a besoin
de salut ; bien mieux, elle est vraiment « Mère des membres
[du Christ]... ayant coopéré par sa charité à la naissance
dans l’Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef [173]
». C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre
suréminent et absolument unique de l’Église, modèle et
exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la
charité, objet de la part de l’Église catholique, instruite
par l’Esprit Saint, d’un sentiment filial de piété, comme il
convient pour une mère très aimante.
54. L’intention du
Concile
Aussi, présentant la doctrine de l’Église en
laquelle le divin Rédempteur opère notre salut, le saint
Concile se propose de mettre avec soin en lumière, d’une
part le rôle de la bienheureuse Vierge dans le mystère du
Verbe incarné et du Corps mystique, et d’autre part les
devoirs des hommes rachetés envers la Mère de Dieu, Mère du
Christ et Mère des hommes, des croyants en premier lieu ; le
Concile toutefois n’a pas l’intention de faire au sujet de
Marie un exposé doctrinal complet, ni de trancher les
questions que le travail des théologiens n’a pu encore
amener à une lumière totale. Par conséquent, les opinions
demeurent légitimes qui sont librement proposées dans les
écoles catholiques au sujet de celle qui occupe dans la
Sainte Église la place la plus élevée au-dessous du Christ,
et nous est toute proche [174].
II. Rôle de la Sainte Vierge dans l’économie du salut
55. La Mère du
Messie dans l’Ancien Testament
Les Saintes Écritures de l’Ancien et du
Nouveau Testament et la Tradition vénérable mettent dans une
lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère du sauveur
dans l’économie du salut et le proposent pour ainsi dire à
notre contemplation. Les livres de l’Ancien Testament, en
effet, décrivent l’histoire du salut et la lente préparation
de la venue du Christ au monde. Ces documents primitifs,
tels qu’ils sont lus dans l’Église et compris à la lumière
de la révélation postérieure et complète, font apparaître
progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de
la femme, Mère du Rédempteur. Dans cette clarté, celle-ci se
trouve prophétiquement esquissée dans la promesse (faite à
nos premiers parents après la chute) d’une victoire sur le
serpent (cf. Gn 3, 15). De même, c’est elle, la
Vierge, qui concevra et enfantera un fils auquel sera donné
le nom d’Emmanuel (cf. Is 7, 14 ; cf. Mi 5,
2-3 ; Mt 1, 22-23). Elle occupe la première place
parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et
reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle,
la fille de Sion par excellence, après la longue attente de
la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure
l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu, par elle, prit
la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les
mystères de sa chair.
56. Marie à
l’Annonciation
Mais il plut au Père des miséricordes que
l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de
cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant
contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât
aussi à la vie. Ce qui est vrai à un titre exceptionnel de
la Mère de Jésus qui donna au monde la vie destinée à tout
renouveler, et fut pourvue par Dieu de dons à la mesure
d’une si grande tâche. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce
que l’usage se soit établi chez les saints Pères, d’appeler
la Mère de Dieu la Toute Sainte, indemne de toute tache de
péché, ayant été comme pétrie par l’Esprit Saint, et formée
comme une nouvelle créature [175].
Enrichie dès le premier instant de sa conception d’une
sainteté éclatante absolument unique, la Vierge de Nazareth
est saluée par l’ange de l’Annonciation, qui parle au nom de
Dieu, comme « pleine de grâce» (cf. Lc 1, 28).
Messager céleste auquel elle fait cette réponse : « Voici la
servante du Seigneur, qu’il en soit de moi selon ta parole »
(Lc 1, 38). Ainsi Marie, fille d’Adam, donnant à la
Parole de Dieu son consentement, devint Mère de Jésus et,
épousant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la
volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement,
comme la servante du Seigneur, à la personne et à l’œuvre de
son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par
la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption.
C’est donc à juste titre que les saints Pères considèrent
Marie non pas simplement comme un instrument passif aux
mains de Dieu, mais comme apportant au salut des hommes la
coopération de sa libre foi et de son obéissance. En effet,
comme dit saint Irénée, « par son obéissance elle est
devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause
du salut [176]
». Aussi avec lui, un bon nombre d’anciens Pères disent
volontiers dans leurs prédications : « Le nœud dû à la
désobéissance d’Ève s’est dénoué par l’obéissance de Marie ;
ce qu’Ève la vierge avait noué par son incrédulité, la
Vierge Marie l’a dénoué par sa foi [177]
» ; comparant Marie avec Ève, ils appellent Marie « la Mère
des vivants [178]
» et déclarent souvent : « Par Ève la mort, par Marie la vie
[179].»
57. La Sainte Vierge
et l’enfance de Jésus
Cette union de la Mère avec son Fils dans
l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception
virginale du Christ jusqu’à sa mort ; et d’abord quand
Marie, partant en hâte pour visiter Élisabeth, est saluée
par elle du nom de bienheureuse pour avoir cru au salut
promis, tandis que le Précurseur tressaillait au sein de sa
mère (cf. Lc 1, 41-45) ; lors de la Nativité ensuite,
quand la Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et
aux mages son Fils premier-né, dont la naissance était non
la perte mais la consécration de son intégrité virginale [180].
Puis lorsque, dans le Temple, après avoir fait l’offrande
des pauvres, elle présenta son Fils au Seigneur, elle
entendit Siméon prophétiser en même temps que le Fils serait
un signe de contradiction, et que l’âme de la mère serait
transpercée d’un glaive : ainsi se révéleraient les pensées
intimes d’un grand nombre (cf. Lc 2, 34-35). Ayant
perdu l’Enfant Jésus et l’ayant cherché avec angoisse, ses
parents le trouvèrent au Temple occupé dans la maison de son
Père, et la parole du Fils ne fut pas comprise par eux. Sa
mère cependant gardait tout cela dans son cœur et le
méditait (cf. Lc 2, 41-51).
58. La Sainte Vierge
et le ministère public de Jésus
Pendant la vie publique de Jésus, sa mère
apparaît expressément, et dès le début, quand aux noces de
Cana en Galilée, touchée de pitié, elle provoque par son
intercession le premier signe de Jésus le Messie (cf. Jn
2, 1-11) . Au cours de la prédication de Jésus, elle
accueillit les paroles par lesquelles le Fils, mettant le
Royaume au-delà des considérations et des liens de la chair
et du sang, proclamait bienheureux ceux qui écoutent et
observent la Parole de Dieu (cf. Mc 3, 35 par. et
Lc 11, 27-28), comme elle le faisait fidèlement
elle-même (cf. Lc 2, 19.51). Ainsi la bienheureuse
Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement
l’union avec son Fils jusqu’à la croix où, non sans un
dessein divin, elle était debout (cf. Jn 19, 25),
souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un
cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la
victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour
être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la croix,
donnée comme sa Mère au disciple par ces mots : « Femme,
voici ton Fils [181]
» (cf. Jn 19, 26-27).
59. La Sainte Vierge
après l’Ascension
Mais Dieu ayant voulu que le mystère du
salut des hommes ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure
où il répandrait l’Esprit promis par le Christ, on voit les
Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un même
cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de
Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit
Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit
qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son
ombre. Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de
toute souillure de la faute originelle [182],
ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée
corps et âme à la gloire du ciel [183],
et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour
être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur
des seigneurs (cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et
de la mort [184].
III. La Vierge et l’Église
60. Marie, servante
du Seigneur
Unique est notre Médiateur selon les paroles
de l’Apôtre : « Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi
qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus,
homme lui-même, qui s’est donné en rançon pour tous » (1
Tm 2, 5-6). Mais le rôle maternel de Marie à l’égard des
hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique
médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu.
Car toute influence salutaire de la part de
la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une
disposition purement gratuite de Dieu : elle ne naît pas
d’une nécessité objective, mais découle de la surabondance
des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont
elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu ;
l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve
en aucune manière empêchée, mais au contraire favorisée.
61. Marie,
l’associée du Seigneur
La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute
éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe,
pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une
disposition de la Providence divine, l’aimable Mère du divin
Rédempteur, généreusement associée à son œuvre à un titre
absolument unique, humble servante du Seigneur. En concevant
le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le
présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son
Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du
Sauveur une coopération absolument sans pareille par son
obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour
que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi
elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre
Mère.
62. Marie, Mère de
la grâce
À partir du consentement qu’elle apporta par
sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint sous la
croix dans sa fermeté, cette maternité de Marie dans
l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à
la consommation définitive de tous les élus. En effet, après
l’Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt
pas : par son intercession multiple, elle continue à nous
obtenir les dons qui assurent notre salut éternel [185].
Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils
dont le pèlerinage n’est pas achevé, et qui se trouvent
engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils
parviennent à la patrie bienheureuse. C’est pourquoi la
bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les
titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice [186],
tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle
dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité
et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ [187]
.
Aucune créature en effet ne peut jamais être
mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur.
Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous
des formes diverses, tant par les ministres que par le
peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se
répand réellement sous des formes diverses dans les
créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut
pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la
part des créatures, en dépendance de l’unique source.
Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le
professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire
l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles pour
que cet appui et ce secours maternels les aident à
s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur.
63. Marie, modèle de
l’Église
La bienheureuse Vierge, de par le don et la
charge de sa maternité divine qui l’unissent à son fils, le
Rédempteur, et de par les grâces et les fonctions
singulières qui sont siennes, se trouve également en intime
union avec l’Église : de l’Église, comme l’ enseignait déjà
saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre
de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ [188].
En effet, dans le mystère de l’Église, qui reçoit elle aussi
à juste titre le nom de Mère et de Vierge, la bienheureuse
Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre
éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère [189]
: par sa foi et son obéissance, elle a engendré sur la terre
le Fils lui-même du Père, sans connaître d’homme, enveloppée
par l’Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui donne, non à
l’antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que nul
doute n’altère. Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait le
premier-né parmi beaucoup de frères (Rm 8, 29),
c’est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à
l’éducation desquels elle apporte la coopération de son
amour maternel.
64. L’Église, Mère
et Vierge
Mais en contemplant la sainteté mystérieuse
de la Vierge et en imitant sa charité, en accomplissant
fidèlement la volonté du Père, l’Église (grâce à la Parole
de Dieu qu’elle reçoit dans la foi) devient à son tour Mère
: par la prédication en effet, et par le baptême, elle
engendre à une vie nouvelle et immortelle des fils conçus du
Saint-Esprit et nés de Dieu. Elle aussi est vierge, ayant
donné à son Epoux sa foi, qu’elle garde intègre et pure ;
imitant la Mère de son Seigneur, elle conserve, par la vertu
du Saint- Esprit, dans leur pureté virginale une foi
intègre, une ferme espérance, une charité sincère [190].
65. L’Église et
l’imitation des vertus de Marie
Cependant, si l’Église en la personne de la
bienheureuse Vierge atteint déjà à la perfection sans tache
ni ride (cf. Ep 5, 27), les fidèles du Christ, eux,
sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté
par la victoire sur le péché : c’est pourquoi ils lèvent
leurs yeux vers Marie exemplaire de vertu qui rayonne sur
toute la communauté des élus. En se recueillant avec piété
dans la pensée de Marie, qu’elle contemple dans la lumière
du Verbe fait homme, l’Église pénètre avec respect plus
avant dans le mystère suprême de l’Incarnation et devient
sans cesse plus conforme à son Époux. En effet intimement
entrée dans l’histoire du salut, Marie rassemble et reflète
en elle-même d’une certaine façon les requêtes suprêmes de
la foi et lorsqu’on la prêche et l’honore, elle renvoie les
croyants à son Fils et à son sacrifice, ainsi qu’à l’amour
du Père. L’Église, à son tour, poursuivant la gloire du
Christ, se fait de plus en plus semblable à son grand modèle
en progressant continuellement dans la foi, l’espérance et
la charité, en recherchant et accomplissant en tout la
divine volonté. C’est pourquoi, dans l’exercice de son
apostolat, l’Église regarde à juste titre vers celle qui
engendra le Christ, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge
précisément afin de naître et de grandir aussi par l’Église
dans le cœur des fidèles. La Vierge a été par sa vie le
modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous
ceux qui, associés à la mission apostolique de l’Église,
coopèrent pour la régénération des hommes.
IV. Le
culte de la Vierge dans l’Église
66. Nature et
fondement du culte de la Sainte Vierge
Ayant pris part, comme la Mère très sainte
de Dieu, aux mystères du Christ, élevée par la grâce de
Dieu, après son Fils, au-dessus de tous les anges et les
hommes, Marie est légitimement honorée par l’Église d’un
culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus
reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de
« Mère de Dieu » ; et les fidèles se réfugient sous sa
protection, l’implorant dans tous les dangers et leurs
besoins [191].
Surtout depuis le Concile d’Ephèse, le culte du Peuple de
Dieu envers Marie a connu un merveilleux accroissement, sous
les formes de la vénération et de l’amour, de l’invocation
et de l’imitation, réalisant ses propres paroles
prophétiques : « Toutes les générations m’appelleront
bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes
choses » (Lc 1, 48). Ce culte, tel qu’il a toujours
existé dans l’Église, présente un caractère absolument
unique ; il n’en est pas moins essentiellement différent du
culte d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au
Père et à l’Esprit Saint ; il est éminemment apte à le
servir. En effet, les formes diverses de piété envers la
Mère de Dieu, que l’Église approuve (maintenues dans les
limites d’une saine doctrine orthodoxe) en respectant les
conditions de temps et de lieu, le tempérament et le génie
des peuples fidèles, font que, à travers l’honneur rendu à
sa Mère, le Fils, pour qui tout existe (cf. Col 1,
15-16) et en qui il a plu au Père éternel « de faire habiter
toute la plénitude » (Col 1, 19), peut être comme il
le doit, connu, aimé, glorifié et obéi dans ses
commandements.
67. L’esprit de la
prédication et du culte de la Sainte Vierge
Cette doctrine catholique, le saint Concile
l’enseigne formellement. Il invite en même temps les fils de
l’Église à apporter un concours généreux au culte, surtout
liturgique, envers la bienheureuse Vierge, à faire grand cas
des pratiques et exercices de piété envers elle, que le
magistère a recommandés au cours des siècles et à conserver
religieusement toutes les règles portées dans le passé au
sujet du culte des images du Christ, de la bienheureuse
Vierge et des saints [192].
Il exhorte vivement les théologiens et ceux qui portent la
Parole de Dieu à s’abstenir avec le plus grand soin, quand
la dignité unique de la Mère de Dieu est en cause, à la fois
de tout excès contraire à la vérité et non moins d’une
étroitesse injustifiée [193].
L’application à la Sainte Écriture, aux écrits des Pères et
des docteurs, à l’étude des liturgies de l’Église, sous la
conduite du magistère, doit leur faire mettre dans une juste
lumière le rôle et les privilèges de la bienheureuse Vierge,
lesquels sont toujours orientés vers le Christ, source de
toute vérité, sainteté et piété. Qu’ils se gardent avec le
plus grand soin de toute parole ou de tout geste
susceptibles d’induire en erreur (sur la véritable doctrine
de l’Église) soit nos frères séparés, soit toute autre
personne. Que les fidèles se souviennent en outre qu’une
véritable dévotion ne consiste nullement dans un mouvement
stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une
vaine crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi,
qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la
Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour
filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus.
V. Marie, signe d’espérance et de consolation pour le Peuple
de Dieu en marche
68. Marie, signe
d’espérance
Cependant, tout comme dans le ciel où elle
est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente
et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur,
de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du
Seigneur (cf. 2 P 3, 10), elle brille déjà devant le
Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance
assurée et de consolation.
69. Marie et l’union
des chrétiens
Le saint Concile trouve une grande joie et
consolation au fait que, parmi nos frères séparés, il n’en
manque pas qui rendent à la Mère de notre Seigneur et
Sauveur l’honneur qui lui est dû, chez les Orientaux en
particulier, lesquels vont, d’un élan fervent et d’une âme
toute dévouée, vers la Mère de Dieu toujours Vierge pour lui
rendre leur culte [194].
Il faut que tous les fidèles croyants adressent à la Mère de
Dieu et la Mère des hommes d’instantes supplications, afin
qu’après avoir assisté de ses prières l’Église naissante,
maintenant encore, exaltée dans le ciel au-dessus de tous
les bienheureux et des anges, elle continue d’intercéder
près de son Fils dans la communion de tous les saints,
jusqu’à ce que toutes les familles des peuples, qu’ils
soient déjà marqués du beau nom de chrétiens ou qu’ils
ignorent encore leur Sauveur, soient enfin heureusement
rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de
Dieu à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité.
Tout l’ensemble et chacun des points qui ont
été édictés dans cette constitution dogmatique ont plu aux
Pères. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous
tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous
les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit,
et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile
soit promulgué pour la gloire de Dieu.
Rome, à Saint-Pierre, le 21 novembre
1964.
Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.
(Suivent les signatures des Pères)
Extraits des actes du Concile
Notifications
Faites par le secrétaire général du Concile
au cours de la 123e congrégation générale, le 16
novembre 1964 [195].
On a demandé quelle devait être la
qualification théologique de la doctrine exposée dans le
schéma sur l’Église et soumise au vote. À cette question la
commission doctrinale a donné la réponse suivante : « Comme
il est évident de soi, un texte de Concile doit toujours
être interprété suivant les règles générales que tous
connaissent. À ce propos la commission doctrinale renvoie à
sa déclaration du 6 mars 1964, dont nous transcrivons ici le
texte. «Compte tenu de l’usage des conciles et du but
pastoral du Concile actuel, celui-ci ne définit comme devant
être tenus par l’Église que les seuls points concernant la
foi et les mœurs qu’il aura clairement déclarés tels. «Quant
aux autres points proposés par le Concile, en tant qu’ils
sont l’enseignement du magistère suprême de l’Église, tous
et chacun des fidèles doivent les recevoir et les entendre
selon l’esprit du Concile lui-même qui ressort soit de la
matière traitée, soit de la manière dont il s’exprime, selon
les normes de l’interprétation théologique. »
De par l’autorité supérieure est communiquée
aux Pères une note explicative préliminaire au sujet des «
modi » concernant le
chapitre 3 du schéma sur l’Église. La doctrine exposée
dans ce
chapitre 3 doit être expliquée et comprise selon
l’esprit et le libellé de cette note.
Note explicative préliminaire
La commission a décidé de faire précéder
l’examen des « modi [196]
» par les observations générales qui suivent :
1. Collège n’est pas pris au sens
strictement juridique, c’est-à-dire d’un groupe d’égaux
qui délégueraient leur pouvoir à leur président, mais d’un
groupe stable, dont la structure et l’autorité doivent être
déduites de la Révélation.
C’est pourquoi la réponse au modus 12 dit
explicitement des Douze que le Seigneur les a établis à la
manière d’un collège ou groupe stable [197]
. Voir aussi le modus 53 c.
Pour la même raison on emploie aussi çà et
là au sujet du collège épiscopal les termes d’ordre et de
corps. Le parallélisme entre Pierre et les autres Apôtres
d’une part, et le Souverain Pontife et les évêques d’autre
part, n’implique pas la transmission du pouvoir
extraordinaire des Apôtres à leurs successeurs, ni – c’est
évident – l’égalité entre le chef et les membres du
collège, mais seulement une proportionnalité entre le
premier rapport (Pierre-Apôtres) et le second
(pape-évêques). Aussi la commission a-telle décidé d’écrire
au
n° 22, non pas de la même manière mais d’une manière
semblable (cf. modus 57) [198].
2. On devient membre du collège en
vertu de la consécration épiscopale et par la communion
hiérarchique avec le chef du collège et ses membres (cf.
n° 22, § 2 à la fin) [199].
Dans la consécration est donnée la
participation ontologique aux fonctions (munera)
sacrées comme il ressort de façon indubitable de la
Tradition et aussi de la tradition liturgique. De propos
délibéré on emploie le terme de fonctions (munera) et
non pas celui de pouvoir (potestas), parce que ce
dernier pourrait s’entendre d’un pouvoir apte à s’exercer
en acte. Mais pour qu’un tel pouvoir apte à s’exercer
existe, doit intervenir la détermination canonique ou
juridique de la part de l’autorité hiérarchique.
Cette détermination du pouvoir peut consister dans la
concession particulière d’une fonction ou dans l’assignation
de sujets, et elle est donnée selon les normes approuvées
par l’autorité suprême. Une telle norme ultérieure est
requise par la nature de la chose, parce qu’il s’agit
de fonctions qui doivent être exercées par plusieurs
sujets qui, de par la volonté du Christ, coopèrent de
façon hiérarchique. Il est évident que cette « communion » a
été appliquée dans la vie de l’Église suivant les
circonstances des temps avant d’avoir été comme codifiée
dans le droit.
C’est pourquoi on dit expressément qu’est
requise la communion hiérarchique avec le chef et les
membres de l’Église. La communion est une notion
tenue en grand honneur dans l’ancienne Église (comme
aujourd’hui encore, notamment en Orient). On ne l’entend pas
de quelque vague sentiment, mais d’une réalité
organique, qui exige une forme juridique et est animée
en même temps par la charité. Aussi, d’un consentement
presque unanime, la commission a-t-elle décidé qu’il fallait
écrire : « En communion hiérarchique » (cf. modus 40
et aussi ce qui est dit de la mission canonique au
n° 24) [200].
Les documents des Souverains Pontifes
récents au sujet de la juridiction des évêques doivent être
interprétés d’après cette détermination nécessaire des
pouvoirs.
3. Du collège, qui n’existe pas sans son
chef, on dit : « qu’il est aussi sujet du pouvoir suprême
et plénier dans l’Église universelle ». Il faut admettre
nécessairement cela pour ne pas mettre en question la
plénitude du pouvoir du Pontife romain. En effet le collège
s’entend nécessairement et toujours avec son chef, qui
dans le collège garde intégralement sa charge de vicaire du
Christ et de pasteur de l’Église universelle. En
d’autres termes, la distinction n’est pas entre le Pontife
romain et les évêques pris ensemble, mais entre le Pontife
romain seul et le Pontife romain ensemble avec les évêques.
Parce qu’il est le chef du collège, le Souverain
Pontife seul peut poser certains actes qui ne reviennent
d’aucune manière aux évêques, par exemple convoquer le
collège et le diriger, approuver les normes d’action, etc.
(cf. modus 81). Il relève du jugement du Souverain Pontife,
à qui a été confié le soin de tout le troupeau du Christ, de
déterminer, selon les besoins de l’Église qui varient au
cours des temps, de quelle manière il convient de rendre
effectif ce soin, soit de manière personnelle, soit de
manière collégiale. Pour régler, promouvoir et approuver
l’exercice collégial, le Souverain Pontife procède suivant
sa propre discrétion, en considération du bien de l’Église.
4. En tant que Pasteur suprême de l’Église,
le Souverain Pontife peut exercer à son gré son pouvoir en
tout temps, comme cela est requis par sa charge même. Quant
au collège, il existe bien toujours, mais il n’agit pas pour
autant en permanence par une action strictement
collégiale, ainsi qu’il ressort de la Tradition de
l’Église. En d’autres termes, il n’est pas toujours « en
plein exercice », bien plus ce n’est que par intervalle
qu’il agit dans un acte strictement collégial et si ce n’est
avec le consentement de son chef. On dit « avec le
consentement de son chef », pour qu’on ne pense pas à
une dépendance comme à l’égard de quelqu’un d’étranger
; le terme de « consentement », évoque au contraire la
communion entre le chef et les membres et implique la
nécessité de l’acte qui revient en propre au chef. La chose
est affirmée explicitement au
n° 22, § 2 et expliquée à la fin du même numéro [201].
La formule négative si ce n’est comprend tous les cas, d’où
il est évident que les normes approuvées par
l’autorité suprême doivent toujours être observées (cf.
modus 84).
En tout cela il apparaît donc qu’il s’agit
d’une union étroite des évêques avec leur chef
et jamais d’une action des évêques indépendamment du pape.
Dans ce cas, quand l’action du chef fait défaut, les évêques
ne peuvent pas agir en tant que collège, ainsi qu’il ressort
de la notion de « collège ». Cette communion hiérarchique de
tous les évêques avec le Souverain Pontife est certainement
habituelle dans la Tradition.
N. B. Sans la communion hiérarchique la
fonction sacramentelle ontologique, qu’il faut distinguer de
l’aspect canonique-juridique, ne peut être exercée.
Mais la commission a estimé qu’il n’y avait pas lieu
d’entrer dans les questions de licéité et de
validité ; elles sont laissées à la discussion des
théologiens, spécialement pour ce qui concerne le pouvoir
qui est exercé de fait chez les Orientaux séparés, et pour
l’explication duquel existent des opinions diverses.
Pericles Felici
Archevêque titulaire de Samosate,
secrétaire général du IIe Concile œcuménique du
Vatican
[1]
Cf. Saint Cyprien, Épître 64, 4 : PL 3, 1017 ;
csel (Hartel) III B, p. 720. – Saint Hilaire de Poitiers, In
Mt. 23 : PL 9, 1047. – Saint Augustin, passim.
– Saint Cyrille d’Alexandrie, Glaph. in Gen. 2, 10 :
PG 69, 110 A.
[2]
Cf. Saint Grégoire le Grand, Hom. in Evang. 19, 1 :
PL 76, 1154 B. – Saint Augustin, Sermon 341, 9, 11 :
PL 39, 1499s. – Saint Jean Damascène, Adv. Iconocl.
11 ; PG 96, 1357.
[3]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 24, 1 : PG
7, 966 B ; Harvey 2, 131 ; Sagnard, Sources chr., p.
398.
[4]
Saint Cyprien, De Orat. Dom. 23 : PL 4, 553 ;
csel (Hartel) III A, p. 285. – Saint Augustin, Sermon
71, 20, 33 : PL 38, 463s. – Saint Jean Damascène,
Adv. Iconocl. 12 : PG 96, 1358 D.
[5]
Cf. Origène, in Mt. 16, 21 : PG 13, 1443 C. –
Tertullien, Adv. Marc. 3, 7 : PL 2, 357 C ;
csel 47, 3, p. 386. – Pour les documents liturgiques : cf.
Sacramentarium Gregorianum : PL 78, 160 B. C.
Mohlberg, Liber Sacramentorum romanae ecclesiae,
Rome, 1960, p. 111, XC : « Dieu qui par le rassemblement des
saints construit pour toi une demeure éternelle » – Hymne
Urbs Ierusalem beata, dans le Bréviaire monastique, et
Coelestis urbs Ierusalem, dans le Bréviaire romain.
[6]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 62, a. 5, ad 1.
[7]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29 juin 1943/AAS 35 (1943),
p. 208.
[8]
Cf. Léon XIII, Encycl. Divinum illud, 9 mai 1897 :
ASS 29 (1896-1897), p. 650. – Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, I, c., p. 219-220 ; Denz. 2288
(3808). – Saint Augustin, Sermon 268, 2 : PL
38, 1232. – Saint Jean Chrysostome, In Eph. Hom. 9, 3
: PG 62, 72. – Didyme d’Alexandrie, Trin. 2, 1
: PG 39, 449s. – Saint Thomas, In Col. 1, 18,
lect. 5, éd. Marietti, II, n. 46 : « comme de l’unité de
l’âme se constitue un corps un, de même en va-t-il par
l’unité de l’Esprit pour l’Église... ».
[9]
Léon XIII, Encycl.
Sapientiae christianae, 10 janvier 1890 : ASS
22 (1889-1890), p.392. – Id. Encycl. Satis cognitum,
29 juin 1896 : ASS 28 (1895-1896), p. 710 et 724 s. –
Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, l. c., p. 199- 200.
[10]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, l. c., p. 221s. – Id., Encycl.
Humani generis, 12 août 1950 : AAS 42 (1950)
p. 571.
[11]
Léon XII, encycl. Satis cognitum, l. c., p. 713.
[12]
Cf. Symbolum Apostolicum : Denz. 6-9 (10-13). – Symb.
Nic. Const. : Denz. 86 (150) – Coll. Prof. fidei Trid.
: Denz. 994 et 999 (1862 et 1868)
[13]
Dicitur « Sancta (catholica apostolica) Romana Ecclesia » :
in Prof. fidei Trid., l. c. et Conc. Vat. I, sess. 3,
Const. dogm. « De fide cath.», Dei Filius : Denz.
1782 (3001).
[14]
Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, 51, 2 : PL
41, 614.
[15]
Cf. Saint Cyprien, Épître 69, 6 : PL 3, 1142 B ; csel
(Hartel) 3 B, p. 774 : « inseparabile unitatis
sacramentum ».
[16]
Cf. Pie XII, Alloc.Magnificate Dominum, 2 novembre
1954 : AAS 46 (1954), p. 669. – Encycl. Mediator
Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39 (1947), p. 555.
[17]
Cf. Pie XI, Encycl. Miserentissimus Redemptor, 8 mai
1928 : AAS 20 (1928), p. 171s. – Pie XII, Alloc.Vous
nous avez, 22 septembre 1956 : AAS 48 (1956), p.
714.
[18]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 63, a. 2.
[19]
Cf. Saint Cyrille de Jérusalem, Catéch. 17. De
Spiritu Sancto, II, 35-37 : PG 33, 1009-1012. –
Nic. Cabasilas, De vita in Christo, liv. III, De
utilitate chrismatis : PG 150, p. 569-580. –
Saint Thomas, Somme théologique III, q. 65, a. 3 et
q. 72, a. 1 et 5.
[20]
Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 ;
AAS 39 (1947), praesertim p. 552s.
[21]
1 Co 7, 7 : « Chacun reçoit de Dieu son don
particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. » cf. Saint
Augustin, De Dono Persev. 14, 37 : PL 45,
1015s. : « Ce n’est pas la continence seule qui est don de
Dieu, mais aussi la chasteté des époux.»
[22]
Cf. Saint Augustin, De Praed. Sanct. 14, 27 : PL
44, 980.
[23]
Cf. Saint Jean Chrysostome, In Io., Hom. 65, 1 :
PG 59, 361.
[24]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 16, 6 ; III, 22,
1-3 : PG 7, 925 C-926 A et 955 C-958 A ; Harvey 2, 87
s. et 120-123 ; Sagnard, Sources chr., p. 290-292 et
372 s.
[25]
Cf. Saint Ignace, Ad Rom., préf. : Funk I, p. 252.
[26]
Cf. Saint Augustin, Bapt. c. Donat. V, 28, 39 : PL
43, 197 : « Il est bien évident que, si l’on dit dans et
hors de l’Église, cela doit s’entendre du cœur et non du
corps. » – Cf. ibid. III, 19, 26 : col. 152 ; V, 18,
24 : col. 189; In. Io. Tr. 61, 2 : PL 35, 1800, et
alibi saepe.
[27]
Cf. Lc 12, 48 : « À qui on aura beaucoup donné, il
sera beaucoup demandé. » – Cf. aussi Mt 5, 19-20 ; 7,
21-22 ; 25, 41-46 ; Jc 2, 14.
[28]
Cf. Léon XIII, épître apost. Praeclara gratulationis, 20
juin 1894 : ASS 26 (1893-1894), p. 707.
[29]
Cf. Léon XIII, encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 : ASS 28
(1895-1896), p. 738. – Encycl.Caritatis studium, 25 juillet
1898 : ASS 31 (1898-1899), p. 11. – Pie XII, Message
radioph. Nell’alba, 24 décembre 1941 : AAS 34 (1942), p. 21.
[30]
Cf. Pie XI, Encycl. Rerum Orientalium, 8 septembre
1928 : AAS 20 (1928), p. 287. – Pie XII, Encycl.
Orientalis Ecclesiae, 9 avril 1944 : AAS 36
(1944), p. 137.
[31]
Cf. Instruc. de la Sacrée Congrégation du Saint-Office, 20
décembre 1949 : AAS 42 (1950), p. 142.
[32]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 8, a. 3,
ad 1.
[33]
Cf. Lettre de la Sacrée Congrégation du Saint-Office à
l’archevêque de Boston. : Denz. 3869-72.
[34]
Cf. Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, 1, 1 :
PG 21, 28 AB.
[35]
Cf. Benoît XV, épître apost. Maximum illud : AAS
11 (1919), p. 440, praesertim p. 451 s. – Pie XI,
Encycl. Rerum Ecclesiae : AAS 18 (1926), p.
68-69. – Pie XII, encycl. Fidei donum, 21 avril 1957
: AAS 49 (1957), p. 236-237.
[36]
Cf. Didachè, 14 : Funk I, p. 32. – Saint Justin,
Dial. 41 : PG 6, 564. – Saint Irénée, Adv. Haer.
IV, 17, 5 : PG 7, 1023 ; Harvey, 2, p. 199s. – Conc. de
Trente, sess. 22, chap. 1 : Denz. 939 (1742).
[37]
Cf. Conc. Vat. I, sess. 4, Const. dogm. Pastor Aeternus
: Denz. 1821 (3050s.).
[38]
Cf. Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz.
694 (1307) et Conc. Vat. I, ibid. : Denz. 1826
(3059).
[39]
Cf. Liber sacramentorum. – Saint Grégoire, Praef. in
natali S. Matthiae et S. Thomae : PL 78, 51 et 152 ;
cf. Cod. Vat. lat. 3548, f. 18. – Saint Hilaire, In Ps.
67, 10 : PL 9, 450 ; csel 22, p. 286. – Saint
Jérôme, Adv. Iovin, 1, 26 : PL 23, 247 A. –
Saint Augustin, In Ps. 86, 4 : PL 37, 1103. –
Saint Grégoire le Grand, Mor. in Iob XXVIII, V :
PL 76, 455-456. – Primasius, Comm. in Apoc. V :
PL 68, 924 BC. – Paschase Radbert, In Mt. L.
VIII, chap. 16 : PL 120, 561 C. – Cf. Léon XIII,
épître Et sane, 17 décembre 1888 : ASS 21
(1888), p. 321.
[40]
Cf. Ac 6, 2-6 ; 11, 30 ; 13, 1 : 14, 23 ; 20, 17 ;
1 Th 5, 12-13 ; Ph 1, 1 ; Col. 4, 11 et passim.
[41]
Cf. Ac 20, 25-27 ; 2 Tm 4, 6 s., coll. c. 1
Tm 5, 22 ; 2 Tm 2, 2 ; Tt 1, 5. – Saint
Clément de Rome, Ad Cor. 44, 3 ; Funk I, p. 156.
[42]
Saint Clément de Rome, Ad Cor., 44, 2 ; Funk
I, p. 154s.
[43]
Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32 : PL 2, 52
s. – Saint Ignace, passim. * Le latin évoque l’image
du marcottage.
[44]
Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32, PL 2, 53.
[45]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 3, 1 : PG 7,
848 A ; Harvey 2, 8 ; Sagnard, Sources chr., p. 100
s. : « manifestatam».
[46]
Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 2, 2 : PG 7,
847 ; Harvey 2, 7 ; Sagnard, ibid., p. 100 : «
custoditur » ; cf. ibid., IV, 26, 2 : col. 1053 ;
Harvey 2, 236 necnon IV, 33, 8 ; col. 1077 ; Harvey 2, 262.
[47]
Saint Ignace, Philad. préf. : Funk I, p. 264.
[48]
Ibid., 1, 1 ; Magn. 6, 1 : Funk I, p. 264 et
234.
[49]
Saint Clément de Rome, l. c. 42, 3-4 ; 44, 3-4 ; 57, 1-2 :
Funk I, 152, 156, 171 s. – Saint Ignace, Philad. 2 ;
Smyrn. 8, Magn. 3 ; Trall. 7 : Funk I,
p. 265 ; 282 ; 232 ; 246 s., etc. – Saint Justin, Apoll.
1, 65 ; PG 6, 428. – Saint Cyprien, Épître,
passim.
[50]
Cf. Léon XIII, Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 :
ASS 28 (1895-1896), p. 732.
[51]
Cf. Conc. de Trente, sess. 23, décret De sacr. Ordinis,
chap. 4 : Denz. 960 (1768). – Concile Vatican I, sess. 4,
Const. Dogm. 1 De Ecclesia Christi, chap. 3 : Denz.
1828 (3061). – Pie XII, Encycl. Mystici corporis, 29
juin 1943, AAS 35 (1943), p. 209 et 212. – Cod. Iur.
Can., c. 329 § 1.
[52]
Cf. Léon XIII, épître Et sane, 17 décembre 1888 :
ASS 21 (1888), p. 321 s.
[53]
Saint Léon le Grand, Sermon 5, 3 : PL 54, 154.
[54]
Le concile de Trente, sess. 23, chap. 3 cite les paroles de
2 Tm 1, 6-7 pour prouver que l’Ordre est un véritable
sacrement : Denz., 959 (1766).
[55]
In Trad. Apost. 3 : Botte, Sources chr., p.
27-30, Episcopo tribuitur « primatus sacerdotii » ; cf.
Sacramentarium Leonianum : C. Mohlberg,
Sacramentarium Veronense, Rome, 1955, p. 119 : « Au
ministère du sacerdoce suprême... Accomplis dans les prêtres
la réalité totale de ton mystère = ministère ». Idem,
Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae, Rome, 1960, p.
121-122 : « Donne-leur, Seigneur, la chaire épiscopale pour
qu’ils dirigent l’Église et tout le peuple » : cf. PL
78, 224.
[56]
Trad. apost. 2 ; Botte, p. 27.
[57]
Conc. de Trente, sess. 23, chap. 4 (le Concile de Trente
enseigne que le sacrement de l’Ordre imprime un caractère
indélébile : Denz. 960 (1767). – Cf. Jean XXIII, alloc.
Iubilate Deo, 8 mai 1960 : AAS 52 (1960), p. 466.
– Paul VI, hom. in Bas. Vatic., 20 octobre 1963 :
AAS 55 (1963), p. 1014.
[58]
Saint Cyprien, Épître 63, 14 : PL 4, 386 ;
csel (Hartel) III B, p. 713 : « Le prêtre agit véritablement
à la place du Christ ». – Saint Jean Chrysostome, In 2
Tim, Hom. 2, 4 : PG 62, 612 : Le sacerdoce est «
symbolon » du Christ. – Saint Ambroise, In Ps. 38,
25-26 : PL 14, 1051-52 ; csel 64, 203-204. –
Ambrosiaster, In 1 Tm 5, 19 PL 17, 479 C et
In Eph. 4, 11-12 : col. 387 C – Theodore Mops., Hom.
Catech. XV, 21 et 24 : Tonneau, p. 497 et 503. –
Hesychius de Jérusalem, In Lev. L. 2, 9, 23 : PG 93,
894 B.
[59]
Cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 24, 10 : GCS II, I, p. 495
; Bardy, Sources chr., II, p. 69. – Dionysius, chez Eusèbe,
ibid. VII, 5, 2 : GCS II, 2, p. 638 s., Bardy, II, p. 168s.
[60]
Sur les anciens conciles, cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 23-24 :
GCS II, I, p. 488 s. Bardy, II, p. 66 s. et passim. – Conc.
de Nicée, Can. 5 : Conc. Œc. Decr., p. 7.
[61]
Tertullien, De Ieiunio, 13 : PL 2, 972 B ;
csel 20, p. 292, lin. 13-16.
[62]
Saint Cyprien, Épître 56, 3 : csel (Hartel) III B, p.
650 ; Bayard, p. 154.
[63]
Cf. Zinelli, in Conc. Vat. I : Mansi 52, 1109 C.
[64]
Cf. Conc. Vat. I, Schema Const. dogm. II, de Ecclesia
Christi, c. 4 : Mansi 53, 310. – Cf.relatio Kleutgen de
Schemate reformato : Mansi 53, 321 B, 322 B et Zinelli :
Mansi 52, 1110 A. – Voir aussi saint Léon le Grand,
Sermon 4, 3 : PL 54, 151 A.
[65]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 227.
[66]
Cf. Conc. Vat. I, Const. Dogm. Pastor Aeternus :
Denz. 1821 (3050s.)
[67]
Cf. Saint Cyprien, Épître 66, 8 : csel (Hartel) III,
2, p. 733 : « L’évêque est dans l’Église, et l’Église est
dans l’évêque.»
[68]
Cf. Saint Cyprien, Épître 55, 24 : csel (Hartel), p.
642, lin. 13 : « L’Église une, répartie à travers le monde
entier en une multitude de membres. » – Épître 36, 4
: csel (Hartel), p.575, lin. 20-21.
[69]
Cf. Pie XII, Encycl. Fidei donum, 21 avril 1957 :
AAS 49 (1957), p. 237.
[70]
Cf. Saint Hilaire de Poitiers, In Ps. 14, 3 : PL
9, 206 ; csel 22, p. 86. – Saint Grégoire le Grand,
Moral. IV, 7, 12 : PL 75, 643 C. – Ps. Basile,
In Is. 15, 296, PG 30, 637 c.
[71]
Saint Célestin, Épître 18, 1-2, ad Conc. d’Éphèse :
PL 50, 505 AB ; Schwartz, Acta Conc. Œc. I, 1,
1, p. 22. Cf. Benoît XV, Épître apost. Maximum illud AAS
II (1919), p. 440. Pie XII, Encycl. Fidei donum,
l. c.
[72]
Léon XIII, Encycl. Grande munus, 30 septembre 1880 :
ASS 13 (1880), p. 145. – Cf. Cod. Iur. Can., c. 1327
; c. 1350 § 2.
[73]
Sur les droits des Églises patriarcales, cf. Conc. de Nicée,
can. 6 d’Alexandrie et Antioche et can. 7 de Jérusalem :
Conc. Œc. Decr., p. 8 – Conc. de Latran IV, année 1215,
Constitut. V : De dignitate Patriarcharum : ibid.,
p. 212 – Conc. de Ferrare-Florence : ibid., p. 504.
[74]
Cf. Cod. Iuris pro Eccl. Orient., c. 216-314 : de
Patriarchis ; c. 324-339 : de Archiepiscopis maioribus
; c. 362-391 : de aliis dignitariis ; in specie, c.
238 § 3 ; 216, 240, 251, 255 : de Episcopis a Patriarcha
nominandis.
[75]
Cf. Conc. de Trente, Décr. de reform., sess. 5, c. 2,
n. 9 et sess. 24, can. 4 ; Conc. Œc. Decr., p. 645 et
739.
[76]
Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Dei Filius, 3 : Denz.
1712 (3011).– Cf. nota adiecta ad schema I de Eccl.
(desumpta ex S. Rob. Bellarmino) : Mansi 51, 579 C ; necnon
Schema reformatum Const. II de Ecclesia Christi, cum
commentario Kleutgen : Mansi 53, 313 AB. – Pie IX, épître
Tuas libenter : Denz. 1683 (2879).
[77]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 1322-1323.
[78]
Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus :
Denz. 1839 (3074).
[79]
Cf. explicatio Gasser in Conc. Vat. I : Mansi 152, 1213 AC.
[80]
Gasser, ibid. : Mansi 1214 A.
[81]
Gasser, ibid. : Mansi 1215 CD, 1216-1217 A.
[82]
Gasser, ibid. : Mansi 1213.
[83]
Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus, 4 : Denz.
1836 (3070).
[84]
Oraison sur la consécration épiscopale dans le rite byzantin
: Euchologion to mega, Rome, 1873, p. 139.
[85]
Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 : Funk I, p. 282.
[86]
Cf. Ac 8, 1 ; 14, 22-23 ; 20, 17 et passim.
[87]
Cf. Oratio mozarabica : PL 96, 759 B.
[88]
Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 ; Funk I, p. 282.
[89]
Saint Thomas, Somme théologique III, q. 73, a. 3.
[90]
Cf. Saint Augustin, C. Faustum, 12, 20 : PL
42, 265 ; Sermon 57, 7 : PL 38, 389, etc.
[91]
Saint Léon le Grand, Sermon 63, 7 : PL 54, 357
C.
[92]
Traditio Apostolica, Saint Hippolyte 2-3 ; Botte, p.
26-30.
[93]
Cf. Texte de l’examen au début de la consécration
épiscopale et oraison à la fin de la messe de la
consécration épiscopale.
[94]
Benoît XIV, Br. Romana Ecclesia, 5 octobre 1752, § 1
: Bullarium Benedicti XIV, t. IV, Rome, 1758, 21 : «
l’évêque représente la figure du Christ et accomplit sa
fonction. » – Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 1. c., p. 211 : « Les évêques
paissent et régissent les troupeaux qui leur sont confiés,
chacun le sien.»
[95]
Léon XIII, Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896 :
ASS 28 (1895-1896), p. 732. – Idem, épître Officio
sanctissimo, 22 décembre 1887 ; ASS 20 (1887), p.
264. – Pie IX, Lettre apostolique aux Églises d’Allemagne,
12 mars 1875, et Alloc. consist., 15 mars 1875 : Denz.
3112-3117, in nova ed. tantum.
[96]
Conc. Vat. I, Constit. dogm. Pastor Aeternus, 3 :
Denz. 1828 (3061). – Cf. Zinelli : Mansi 52, 1114 D.
[97]
Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 5, 1 : Funk I, p. 216.
[98]
Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 6, 1 ; Funk I, p. 218.
[99]
Cf. Conc. de Trente, sess. 23, De sacr. Ord., c. 2 : Denz.
958 (1765) ; et can. 6 : Denz. 966 (1776).
[100]
Cf. Innocent Ier, Epist. ad Decentium :
PL 20, 554 A ; Mansi 3, 1029 ; Denz. 98 (215) : « Tout
en appartenant au sacerdoce au titre du second ordre, les
prêtres n’ont pas la charge suprême du pontificat. » – Saint
Cyprien, Épître 61, 3 : csel (Hartel), p. 696.
[101]
Cf. Conc. de Trente, l. c. : Denz. 956a-968 (1763-1778),
et in specie can. 7 : Denz. 967 (1777). – Pie XII,
Const. apost. Sacramentum Ordinis : Denz. 2301
(3857-3861).
[102]
Cf. Innocent I, 1. c. Saint Grégoire de Naziance, Apol. II,
22 : PG 35, 432 B. – Pseudo-Denys, Eccl. Hier. 1, 2 : PG 3,
372 D.
[103]
Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 940 (1743). – Pie XII,
Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39
(1947), p. 553 ; Denz. 2300 (3850).
[104]
Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 938 (1739-1740). –
Conc. Vat. II, const.
Sacrosanctum concilium, n. 7 et n. 47.
[105]
Cf. Pie XII, encycl. Mediator Dei, l. c., sub. n. 67.
[106]
Cf. Saint Cyprien, Épître 11, 3 : PL 4, 242 B
; csel (Hartel) II, 2, p.
[107]
« Ordination des prêtres, à l’imposition des vêtements. »
[108]
« Ordination des prêtres, préface consécratoire. »
[109]
Cf. Saint Ignace, Philad. 4 : Funk I, p. 266. – Saint
Corneille Ier, chez Saint Cyprien, Épître
48, 2 : csel (Hartel) III, 2, p. 610.
[110]
Constitutiones Ecclesiae aegyptiacae, III, 2 : Funk,
Didascalia, II, p. 103 – Statuta Eccl. Ant. :
37-41 ; Mansi 3, 954.
[111]
Saint Polycarpe, Ad Ph. 5, 2 : Funk I, p. 300
(l’auteur dit : « Le Christ s’est fait le diacre – serviteur
– de tous »). Cf. Didachè, 15, 1 : ibid., p.
32, I, p. 530. – Saint Ignace, Trall. 2, 3 : ibid.,
p. 242. – Constitutiones Apostolorum, 8, 28, 4 :
Funk, Didascalia, I, p. 530.
[112]
Saint Augustin, Sermon 340, 1 : PL 38, 1483.
[113]
Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno, 15 mai 1931 :
AAS 23 (1931), p. 221 s. – Pie XII, Alloc. De
quelle consolation, 14 octobre 1951 : AAS 43
(1951), p. 790s.
[114]Cf.
Pie XII, alloc. Six ans se sont écoulés, 5 octobre
1957 : AAS 49 (1957), p. 927.
[115]
Tiré de la préface pour la fête du Christ-Roi.
[116]Cf.
Léon XIII, encycl.
Immortale Dei, 1er novembre 1885 : ASS
18 (1885), p. 166s. – Idem, Encycl.
Sapientiae christianae, 10 janvier 1890 : ASS
22 (1889-1890), p. 397s. – Pie XII, Alloc. Alla vostra
filiale, 23 mars 1958 : AAS 50 (1958), p. 220 : «
La légitime saine laïcité de l’État.»
[117]
Cod. Iur. Can., can. 682.
[118]
Cf. Pie XII, Alloc. De quelle consolation, l. c., p.
789 : « Dans les batailles décisives, c’est parfois du front
que partent les plus heureuses initiatives... » – Idem,
Alloc. L’importance de la presse catholique, 17
février 1950 : AAS 42 (1950), p. 256.
[119]
Cf. 1 Th 5, 19 et 1 Jn 4, 1.
[120]
Epist. ad Diognetum, 6 : Funk I, p. 400. – Cf. Saint
Jean Chrysostome, In Mt., Hom. 46 (47) 2 : PG
58, 478, de fermento in massa.
[121]
Missel romain, Gloria in excelsis. Cf. Lc 1,
35 ; Mc 1, 24 ; Lc 4, 34 ; Jn 6, 69 (ho
hagios tou Theou) ; Ac 3, 14 ; 4, 27.30 ; He
7, 26 ; 1 Jn 2, 20 ; Ap 3, 7.
[122]
Cf. Origène, Comm. Rom. 7, 7 : PG 14, 1122 B.
– Ps.-Macarius, De Oratione, 11 : PG 34, 861,
AB. – Saint Thomas, Somme théologique IIa
IIae, q. 184, a. 3.
[123]
Cf. Saint Augustin, Retract. II, 18 : PL 32,
637 s. – Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29 juin 1943 ; AAS 35
(1943), p. 225.
[124]
Cf. Pie XI, Encycl. Rerum omnium, 26 janvier 1923 :
AAS 15 (1923), p. 50 et 59-60. – Id. Encycl. Casti
Connubii, 31 décembre 1930 : AAS 22 (1930), p.
548. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, 2 février 1947 : AAS 39
(1947), p. 117. – Alloc. Annus sacer, 8 décembre 1950
: AAS 43 (1951), p. 27-28. – Alloc. Nel darvi,
1er juillet 1956 : AAS 48 (1956), p. 574.
[125]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique IIa IIae,
q. 184, a. 5 et 6 ; De perf. vitae spir., c. 18. –
Origène, in Is., Hom. 6, 1 : PG 13, 239.
[126]
Cf. Saint Ignace, Magn. 13, 1 : Funk I, p. 241.
[127]
Cf. Saint Pie X, exhort. Haerent animo, 4 août 1908 :
ASS 41 (1908), p. 560s. – Cod. Iur. Can., can. 124. –
Pie XI, Encycl.
Ad catholici sacerdotii, 20 décembre 1935 : AAS 28
(1936), p. 22s.
[128]
Ordo consecrationis sacerdotalis, in exhortatione
initiali.
[129]
Cf. Saint Ignace, Trall. 2, 3 : Funk I, p. 244.
[130]
Cf. Pie XII, Alloc. Sous la maternelle protection, 9
décembre 1957 : AAS 50 (1958), p.36.
[131]
Pie XI, encycl.
Casti Connubii, 31 décembre 1930 : AAS 22
(1930), p. 548s. – Cf. Saint Jean Chrysostome, In Ephes.,
Hom. 20, 2 : PG 62, 136s.
[132]
Cf. Saint Augustin, Enchir. 121, 32 : PL 40,
288. – Saint Thomas, Somme théologique IIa
IIae, q. 184, a. 1. – Pie XII, adhort. apost.
Menti nostrae, 23 septembre 1950 : AAS 42 (1950),
p. 660.
[133]
Sur les conseils en général, cf. Origène, Comm. Rom. X, 14 :
PG 14, 1275 B. – Saint Augustin, De S. Virginitate,
15, 15 : PL 40, 403. – Saint Thomas, Somme
théologique I-II, q.100 a. 2 c (in fine) ; IIa
IIae q. 44, a. 4 ad. 3.
[134]
Sur l’excellence de la virginité consacrée, cf. Tertullien,
Exhort. Cast. 10 : PL 2, 925 C. – Saint
Cyprien, Hab. Virg. 3 et 22 : PL 4, 443 B et
461 As. – Saint Athanase (?), De Virg. : PG 28, 252s.
– Saint Jean Chrysostome, De Virg. : PG 48,
533s.
[135]
Sur la pauvreté spirituelle, cf. Mt 5, 3 et 19, 21 ;
Mc 10, 21 ; Lc 18, 22 ; sur l’obéissance
l’exemple du Christ est donné en Jn 4, 34 et 6, 38 ;
Ph 2, 8-10 ; He 10,5-7. Les Pères et les
fondateurs d’ordres en parlent très souvent.
[*]
Sur la pratique effective des conseils qui n'est pas imposée
à tous, cf. Jean Chrysostome, In Mt. Hom 7, 7 : PG
57, 81 s. Ambroise, De Viduis 4, 23 : PL 16, 241 s.
[136] Cf.
Rosweydus, Vitae Patrum, Anvers, 1628. – Apophtegmata
Patrum : PG 65. – Palladius, Historia Lausiaca
: PG 34, 995 s. : éd. C. Butler, Cambridge 1898
(1904). – Pie XI, Const. apost. Umbratilem, 8 juillet
1924 : AAS 16 (1924), p. 386-387. – Pie XII, alloc.
Nous sommes heureux, 11 avril 1958 : AAS 50
(1958), p. 283.
[137]
Paul VI, Alloc. Magno gaudio, 23 mai 1964 : AAS
56 (1964), p. 566.
[138]
Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488. – Pie XII, Alloc.
Annus sacer, 8 décembre 1950 : AAS 43 (1951), p.
27 a. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, 2 février 1947 : AAS 39 (947),
p. 120 s.
[139]
Paul VI, l. c., p. 567.
[140]
Cf. Saint Thomas, Somme théologique IIa IIae,
q. 184, a. 3 et q. 188, a. 2. – Saint Bonaventure, Opusc.
XI, Apologia Pauperum, c. 3, 3 : Quaracchi, t. 8,
1898, p. 245 a.
[141]
Cf. Conc. Vat. I, schema De Ecclesia Christi, chap.
XV, et annot. 48 : Mansi 51, 549 s. et 619 s. – Léon XIII,
épître Au milieu des consolations, 23 décembre 1900 :
ASS 33 (1900-1901) p. 361. – Pie XII, Const. apost.
Provida Mater, I. c., p. 114s.
[142]
Cf. Léon XIII,. Const. Romanos Pontifices, 8 mai 1881
: ASS 13 (1880-1881), p. 483. – Pie XII. Alloc.
Annus sacer, 8 décembre 1950 : AAS 43 (1951), p.
28 s.
[143]
Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c. p. 28. – Pie
XII, Const. apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956 :
AAS 48 (1956), p. 355. – Paul VI, l. c. p. 570-571.
[144]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29 juin 1943 : AAS 35
(1943), p. 214 s.
[145]
Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c., p. 30. –
Alloc. Sous la maternelle protection, 9 décembre 1957
: AAS 50 (1958), p. 39 s.
[146]
Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693
(1305).
[147]
Outre les documents plus anciens contre toute forme
d’évocation des esprits, à partir d’Alexandre IV (27
septembre 1258), cf. Sacrée Congrégation du Saint-Office,
De magnetismi abusu : 4 août 1856 : ASS (1865),
p. 177-178, Denz. 1653-1654 (2823-2825) ; réponse de la
Sacrée Congrégation du Saint-Office, 24 avril 1917 : AAS
9 (1917) p. 268, Denz. 2182 (3642).
[148]
Voir l’exposé synthétique de cette doctrine paulinienne dans
: Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis : AAS 35 (1943), p. 200
et passim.
[149]
Cf. i.a., Saint Augustin, Enarr. in Ps. 85, 24
: PL 37, 1099. –Saint Jérôme, Liber contra Vigilantium,
6 ; PL 23, 344. – Saint Thomas, In 4 m Sent.,
d. 45 q. 3. a. 2. – Saint Bonaventure, In 4m Sent., d. 45 a.
3, q. 2, etc.
[150]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis
: AAS 35 (1943), p. 245.
[151]
Cf. De nombreuses inscriptions dans les catacombes romaines.
[152]
Cf. Gélase I, Decretalis De libris recipiendis, 3 :
PL 59, 160, Denz. 165 (353).
[153]
Cf. Saint Méthode, Symposion, VII, 3 : GCS
(Bonwetsch), p. 74.
[154]
Cf. Benoît XV, Decretum approbationis virtutum in Causa
beatificationis et canonizationis Servi Dei Ioannis
Nepomuceni Neumann : AAS 14 (1922) p. 23. –
Alloc. Pie XI de Sanctis : Inviti all’eroismo :
Discorsi..., t. I-III, Rome, 1941-1942, passim. – Pie
XII, Discours et messages radioph., t. 10, 1949, p.
37-43.
[155]
Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei : AAS 39
(1947), p. 581.
[156]
Cf. He 13,7 ; Encycl. 44-50 ; He 11, 3-40. –
Cf. aussi Pie XII, Encycl. Mediator Dei : ASS
39 (1947), p. 582- 583.
[157]
Cf. Conc. Vat. I, Const. De fide catholica, chap. 3,
Denz. 1794 (3013).
[158]
Cf. Pie XIII, encycl.Mystici
Corporis
: AAS 35 (1943), p. 216.
[159]
Au sujet de la reconnaissance envers les saints eux-mêmes,
cf. E. Diehl, Inscriptiones latinae christianae veteres,
I. Berolini, 1925, n. 2008, 2382 et passim.
[160]
Conc. de Trente, sess. 25, De invocatione... Sanctorum
: Denz. 984 (1821).
[161]
Bréviaire romain, Invitatorium in festo Sanctorum Omnium.
[162]
Cf. v. g., 2 Th 1, 10.
[163]
Conc. Vat. II, Const.
De Sacra Liturgia, chap. 5, n. 104.
[164]
Canon de la messe romaine.
[165]
Conc. Nicée II, Act. VII : Denz. 302 (600).
[166]
Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693
(1304).
[167]
Conc. de Trente, sess. 25, De invocatione, veneratione et
reliquiis Sanctorum et sacris imaginibus : Denz. 984-988
(1821-1824) ; sess. 25, Decretum de Purgatorio :
Denz. 983 (1820) ; sess. 6, Decretum de iustificatione,
can. 30 : Denz. 840 (1580).
[168]
Missel romain, préface pour la fête des saints accordée à
certains diocèses.
[169]
Cf. Saint Pierre Canisius, Catechismus Maior seu Summa
Doctrinae christianae, chap. III (éd. crit. F.
Streicher), Ire partie, p. 15-16, n. 44 et p.
100-101, n. 49.
[170]
Cf. Concile Vatican II, Const.
Sacrosanctum concilium, chap. 1, n. 8.
[171]
Credo de la messe romaine : Symbolum Constantinopolitanum
: Mansi 3, 566. – Cf. Conc. d’Éphèse, ibid., 4,
1130 (necnon ibid. 2, 665 et 4, 1071). – Conc. de
Chalcédoine, ibid., 7, 111-116. – Conc. Const. II,
ibid., 9, 375-396.
[172]
Canon de la messe romaine.
[173]
Saint Augustin, De S. Virginitate, 6 : PL 40,
399.
[174]
Cf. Paul VI, Alloc. au Concile, le 4 décembre 1963 : AAS
56 (1964), p. 37.
[175]
Cf. Saint Germain de Constantinople, Hom. in Annunt.
Deiparae : PG 98, 328 A ; In Dorm. 2 :
col.357. – Anastase d’Antioche, Sermon 2 de Annunt.,
2 : PG 89, 1377 AB ; Sermon 3, 2 : col.1388 C.
– Saint André de Crète, Can. in B. V. Nat. 4 : PG
97, 1321 B ; In B. V. Nat., 1 : col. 812 A ; Hom.
in dorm. 1 : col. 1068 C. Saint Sophrone, Or. 2 in
Annunt., 18 : PG 87 (3) 3237 BD.
[176]
Saint Irénée, Adv. Haer. III 22, 4 : PG 7, 959
A ; Harvey 2, 123.
[177]
Ibid. ; Harvey 2, 124.
[178]
Saint Épiphane, Haer. 78, 18 : PG 42, 728 CD – 729.
[179]
Saint Jérôme, Épître 22, 21 : PL 22, 408. – Cf. Saint
Augustin, Sermon 51, 2, 3 : PL 38, 335 ;
Sermon 232, 2 col. 1108. – Saint Cyrille de Jérusalem,
Catech. 12, 15 : PG 33, 741 AB. – Saint Jean
Chrysostome, In Ps 44, 7 : PG 55, 193. – Saint Jean
Damascène, Hom. 2 in dorm. B.M.V., 3 : PG 96,
728.
[180]
Cf. Conc. de Latran, année 649, can. 3 : Mansi 10, 1151. –
Saint Léon le Grand, Epist. ad Flav. : PL 54,
759. – Conc. de Chalcédoine : Mansi 7, 462. – Saint
Ambroise, De instit. virg. : PL 16, 320.
[181]
Cf. Pie XII, Encycl.
Mystici Corporis, 29 juin 1943 : AAS 35
(1943), p. 247-248.
[182]
Cf. Pie IX, bulle Ineffabilis, 8 décembre 1854 : Acta Pii
IX, 1, I, p. 616 ; Denz. 1641 (2803).
[183]
Cf. Pie XII, Const. apost. Munificenissimus, 1er
novembre 1950 : AAS 42 (1950) ; Denz. 2333 (3903).
Cf. Saint Jean Damascène, Enc. in dorm. Dei genitricis,
hom. 2 et 3 : PG 96, 721-761, speciatim col. 728 B. –
Saint Germain de Constantinople, in S. Dei gen. dorm.,
Sermon 1 : PG 98 (6)340-348 ; Sermon 3,
col. 361. – Saint Modeste de Jérusalem, In dorm. SS.
Deiparae : PG 86 (2), 3277-3312.
[184]
Cf. Pie XII, encycl. Ad coeli Reginam, 11 octobre
1954 : AAS 46 (1954), p. 633-636 ; Denz. 3913 s. –
Cf. André de Crète, Hom. 3 in dorm. SS. Deiparae :
PG 97, 1089-1109. – Saint Jean Damascène, De fide
orth., IV, 14 : PG 94, 1153-1161.
[185]
Cf. Kleutgen, textus reformatus De mysterio Verbi
incarnati, chap. IV : Mansi 53, 290. – Cf. Saint André
de Crète, in nat. Mariae, Sermon 4 : PG 97,
865 A. – Saint Germain de Constantinople, In annunt.
Deiparae, PG 98, 321 BC ; In dorm. Deiparae,
III : col. 361 D – Saint Jean Damascène, in dorm. B.
V. Mariae, hom. 1, 8 : PG 96, 712 BC – 713 A.
[186]
Cf. Léon XIII, Encycl. Adiutricem populi, 3 septembre
1895 : ASS 15 (1895-1896) p. 303. – Saint Pie X,
Encycl.
Ad diem illum, 2 février 1904 : Acta, I, p. 154 ;
Denz. 1978 a (3370). – Pie XI, Encycl. Miserentissimus,
8 mai 1928 : AAS 20 (1928), p. 178. Pie XII, Message
radioph., 13 mai 1946 ; AAS 38 (1946), p. 266.
[187]
Saint Ambroise, Épître 63 : PL 16, 1218.
[188]
Saint Ambroise, Expos. Lc. II, 7 : PL 15,
1555.
[189]
Cf. Ps. Pierre Dam., Sermon 63 : PL 144, 861
AB. – Godefroid à Saint Victor, In nat. B. M., Ms.
Paris, Mazarine, 1002, fol. 109 r. – Gerhoh de Reichersberg,
De gloria et honore Filii hominis, 10 : PL
194, 1105 AB.
[190]
Saint Ambroise, l., c. et Expos. Lc X, 24-25 : PL
15, 1810. – Saint Augustin, In Io Tr. 13, 12 : PL
35, 1499. Cf. Sermon 191, 2, 3 : PL 38, 1010 ; etc. –
Cf. aussi Bède le Vénérable, In Lc Expos. I, chap. 2
: PL 92, 330. – Isaac de l’Étoile, Sermon 51 :
PL 1 94, 1863 A.
[191]
« Sub tuum praesidium. »
[192]
Conc. Nicée II, année 787 : Mansi 13, 378-379 ; Denz. 302
(600-601). – Conc. de Trente, sess. 25 : Mansi 33, 171-172.
[193]
Cf. Pie XII, Message radioph., 24 octobre 1954 : AAS
46 (1954), p. 679. – Encycl. Ad coeli Reginam, 11
octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 637.
[194]
Cf. Pie XI, Encycl. Ecclesiam Dei, 12 novembre 1923 :
AAS 15 (1923), p. 581. – Pie XII, Encycl. Fulgens
corona, 8 septembre 1953 : AAS 45 (1953), p.
590-591.
[195]
Ces deux notifications, extraites des Actes du Concile, ont
été faites aux Pères pour éclairer leur vote. Elles sont
importantes pour l’interprétation de cette Constitution ;
Paul VI le souligne dans son discours aux Pères lors de la
clôture à la troisième session du Concile, le 21 novembre
1964, au moment où il promulgue la Constitution sur
l’Église, à propos de la doctrine sur l’épiscopat : « ... en
tenant compte des explications fournies soit pour
l’interprétation à donner aux termes en usage, soit pour la
qualification théologique que ce Concile entend attribuer à
la doctrine traitée. Nous n’hésitons pas, avec l’aide de
Dieu, à promulguer la présente Constitution Lumen gentium
» (Doc. cath. LXI, 6 décembre 1964, col. 1589). La
traduction de ces notifications a été faite par les Éditions
du Centurion.
[196]
Les modi sont les amendements proposés par les Pères
à la commission doctrinale.
[197]
Cf. Const. dogm.
Lumen gentium, n. 19.
[198]
Ibid., n. 22.
[199]
Ibid., n. 22.
[200]
Ibid., n. 24.
[201]
Ibid., n. 22.
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