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Pape François, un schisme pragmatique en cours ?
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Le 26 décembre 2023 -
E.S.M.
- Après dix ans de pontificat, la
transition générationnelle est terminée. La mort de
Benoît XVI a également clôturé une époque. Le pape
François a ainsi amené Victor Manuel Fernández de la
périphérie au centre, l'a créé cardinal et l'a mis à la
tête du Dicastère de la Doctrine de la Foi, mettant noir
sur blanc certaines méthodes utilisées dans le passé par
le Le dicastère ne devrait plus être utilisé.
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Pape François, un schisme pragmatique en cours ?
Le 26 décembre 2023 -
E.S.M. -
Dès 2017, le site italien
Campari & De Maistre soulignait la possibilité
d’un schisme. Ils ont cependant noté que le danger de division ne se
trouvait pas en Allemagne, malgré toutes les pressions déjà exercées
par l’Église allemande. Au lieu de cela, nous devions rechercher le
danger venant de l’Amérique latine.
L’Amérique latine – soutenait l’article – connaissait une évolution
socio-politique substantielle, dans laquelle une fondation
territoriale homogène se transformait en un discours théologique
potentiellement schismatique.
Aujourd’hui, ce raisonnement sur le schisme de l’Église
latino-américaine semble dramatiquement pertinent. Cela m’est
soudain venu à l’esprit en repensant à l’incroyable activisme du
Dicastère de la Doctrine de la Foi dirigé par le cardinal Víctor
Manuel Fernandez.
Le dernier document du Dicastère est
Fiducia supplicans. En 45 points, avec – comme toujours – des
citations du magistère du pape François, mais rarement des citations
des Pères de l'Église ou du Catéchisme, le document grimpe sur un
terrain accidenté : la bénédiction des couples irréguliers, qu'ils
soient divorcés remariés ou ceux constitués par des personnes du
même sexe.
Le raisonnement final est que non, on ne
peut bénir autre chose qu’un mariage, et aucune union autre qu’un
mariage entre un homme et une femme ouverts à la vie n’est acceptée
par l’Église catholique. Cependant, les bénédictions
individuelles sont autorisées car celui qui demande une bénédiction
demande la grâce de Dieu. Ce n’est pas l’union qui est bénie, mais
le peuple, même celui qui est en état de péché.
Bien entendu, tout cela relève du bon sens. Comme d’habitude, le bon
sens était d’éviter de donner des bénédictions publiques à des
unions autres que le mariage, de gérer certaines situations limites
en privé et de laisser la décision sur ce qu’il fallait faire et
comment le faire au discernement du prêtre. Après tout, il était
évident que le prêtre agirait selon la doctrine et une conscience
correctes, en restant fidèle au dépôt de la foi, sans pour autant
manquer d'accompagner toute situation problématique.
Le texte du Dicastère pour la Doctrine de la Foi est écrit avec des
arguments peu clairs. Comme le disait le dominicain français Thomas
Michelet : « Cela manque de précision ». Il n’y a jamais le
mot « conversion » ; il n'y a jamais, dans le texte, une
description de ce qu'est le péché. En fin de compte, il n’y a
aucune idée de vocation chrétienne. Pour cette vocation, nous
essayons de vivre selon des critères précis appelés doctrine. C'est
à travers cette vocation que la possibilité du péché est mise en
évidence. C'est pour cette vocation que l'on se confesse.
Cependant, le manque de précision du texte réside précisément dans
la différence de mentalité entre la théologie classique et la
théologie latino-américaine.
Voici deux approches différentes, la seconde certainement plus
pragmatique et moins fondée sur la pensée philosophique. À tel point
que les idées philosophiques employées par la théologie
latino-américaine ont toujours été empruntées au monde occidental.
La théologie de la libération, par exemple, est née des catégories
marxistes que les théologiens latino-américains ont apprises en
Europe (Boff a étudié en Allemagne, Gutierrez en France).
Le pape François a apporté cette mentalité aux dirigeants de
l’Église catholique.
Dès le début, le pape a alterné une approche populiste (l'image du
berger parmi le peuple, qui paie son hôtel même s'il devient pape,
qui porte personnellement son sac dans l'avion, qui utilise une
croix en argent et non en or) avec le désir de mettre au centre une
série de questions qui, depuis l'Amérique latine, semblaient
sous-estimées.
« C’est depuis la périphérie que l’on voit le mieux le centre
», a souvent dit le pape François. De cette manière, il affirmait
qu’il existait un monde qui non seulement n’était pas compris mais
qui était même négligé par Rome et que c’était Rome qui ne
comprenait pas. Dans d’autres cas, le pape François a souligné que
la théologie latino-américaine est appelée à devenir une « théologie
source », et c’est également une affirmation importante car la
pensée théologique n’est pas appelée à évoluer mais à être un
exemple.
Sous ce pontificat, le Pape a alors mis en œuvre une sorte de
révolution culturelle fondée sur le pragmatisme, comme le démontre
la dernière réforme de l'Académie pontificale de théologie, où il
est clairement dit qu'il ne faut pas avoir peur d'emprunter des
catégories à d'autres disciplines. Par les étapes ultérieures – le
Pape a commencé par demander la multidisciplinarité et une approche
de la personne humaine non limitée à certains principes mais ouverte
aux exigences sociales – le Pape François a ainsi amené l’idée
latino-américaine au centre de l’Église.
Le pape François n’a pas que des références culturelles
latino-américaines. Pourtant, de manière générale, il semble que le
pape ait été surinterprété dans ses racines intellectuelles. C'est
un jésuite qui n'a jamais terminé son doctorat, qui est issu
d'études techniques et qui, de toute façon, a vécu une réalité
compliquée où l'action passait avant la vision.
Il ne faut pas le sous-estimer.
Mais jusqu’à présent, la vision du Pape s’harmonisait, ou du moins
entrait en dialogue, avec une vision institutionnelle différente de
l’Église liée à l’histoire et aux traditions. Le pape François avait
modifié quelque chose qui le concernait personnellement, comme le
protocole d'accueil des chefs d'État divorcés et remariés, ou,
depuis le début de son pontificat, son refus de porter la mozzetta
rouge, qui a toujours fait partie de la tenue vestimentaire papale,
et qui a été associé à tort à un symbole de pouvoir temporel.
Mais après dix ans de pontificat, la transition générationnelle est
terminée. La mort de Benoît XVI a également clôturé une époque. Le
pape François a ainsi amené Victor Manuel Fernández de la périphérie
au centre, l'a créé cardinal et l'a mis à la tête du Dicastère de la
Doctrine de la Foi, mettant noir sur blanc certaines méthodes
utilisées dans le passé par le Le dicastère ne devrait plus être
utilisé.
Non seulement le pape s'est vengé de la curie, qui n'a pas approuvé
son choix de Fernández comme recteur de l'Université catholique,
mais il a aussi revendiqué la nécessité de rompre avec l'histoire,
sauf que le présent peut aussi être considéré avec préjugé.
Depuis son arrivée, Fernández a apporté la lecture latino-américaine
de la situation ecclésiale. Il l'a fait avec des responsa ad dubia
fréquemment publiées, répondant à des questions qui semblaient
évidentes car, en général, tout a toujours été laissé au
discernement des évêques et des prêtres.
Vous pouvez faire le tour des paroisses : les cas de communion
refusée aux mères célibataires sont très rares et s'inscrivent dans
une situation particulière car on n'a jamais pensé à refuser
simplement la communion même lorsque les situations sont difficiles
; les bénédictions n’ont jamais été refusées à personne ; la
rigidité de pensée n'a jamais été un véritable discriminant, et il
faut dire qu'elle concernait les fidèles plus que les pasteurs.
Ensuite, il y a des cas particuliers et des abus. Cependant, ces
situations n'affectent pas le tableau général de l'histoire.
Après tout, avant, il n’y avait pas besoin de réponse car ces
questions relevaient d’une mentalité typique et d’un langage commun.
Mais ce que nous essayons de faire maintenant, c’est de changer le
langage et, ce faisant, de changer la nature de l’Église. Une vision
du monde s'impose, tandis que le Pape accuse d'arriération tous ceux
qui s'opposent à cette nouvelle vision du monde et rend même la vie
difficile aux traditionalistes.
Nous nous sommes souvent demandé pourquoi bon nombre des choix du
pape, bien que logiques et pas trop dévastateurs, ont eu un impact
aussi désastreux, du moins aux yeux des gens. Et la réponse réside
justement dans le langage, dans la vision imposée du monde. Ce n’est
pas le fait mais la vision du monde qui détermine la crainte pour
l’avenir de l’Église sous le pape François.
Il ne s’agit pas d’antipapisme, mais de l’incompréhension d’une
envie particulière qui est perçue chaque fois que le Pape décrit des
situations qu’il ne partage pas. Et les descriptions sont parfois
injustes car nourries des préjugés de la périphérie, qui se sent
marginalisée.
Ce faisant, un schisme est confirmé et le schisme pratique formé en
Amérique latine est ramené au centre de l’Église. Il s’agit d’un
schisme qui naît d’une vision populaire et populiste, de la
nécessité de répondre à une société formée sans structure
philosophique, avec une mentalité à la fois néocoloniale et
colonisée.
C’est une révolte de ceux qui se sentaient esclaves et qui peuvent
désormais prendre les décisions. Cependant, ils n’ont pas élevé leur
niveau culturel ni appris une nouvelle langue. Ils ont exigé que les
institutions s'habituent à leur langue.
Sauf qu’une langue a besoin de profondeur pour être perçue et vécue.
Il lui faut de l’histoire ; Il a besoin d’être nourri de substance.
Ce n’est pas une idée abstraite ni une théorie mais elle vit dans
l’histoire de l’Église. On dira que le langage du Pape est concret
alors que celui de l’Église s’est cantonné à un empyrée. Je trouve
que c'est tout le contraire.
Les textes du Pape, la réponse de Fernández, sont pleins
d’expressions idiomatiques qui demandent à être expliquées, parfois
même vagues. Par ailleurs, le pape François a mené une véritable
bataille idéologique contre le néo-gnosticisme et le
néo-pélagianisme, même si la manière dont il explique ce retour aux
hérésies antiques est tout à fait personnelle. Dans certains cas,
les questions sont décontextualisées, comme lorsque le Pape parle de
mondanité spirituelle.
Des questions pour un débat intellectuel ? Peut-être. Mais lorsque
le Pape parle, le débat intellectuel ne peut être ignoré. Le langage
du Pape ne signale pas une nouvelle façon de décrire le monde.
Pourtant, l’imposition d’une vision différente, peut-être négligée
ces dernières années, n’est certainement pas essentielle pour
comprendre les choses de l’Église.
Jusqu’à présent, ce schisme pratique n’était vécu qu’en
Amérique latine, mais il est désormais porté au cœur de l’Église.
L’état d’un synode permanent souhaité par le pape François alimente
la confusion car, d’un côté, chacun estime avoir le droit d’être
entendu, mais de l’autre, l’Église a besoin d’une unité de vues. Le
fait est que cette unité ne peut exister lorsque la langue change
d’une manière aussi soudaine et presque brutale.
Ce sont tous des sujets à réfléchir, avec sérénité, en essayant
également de tirer le meilleur parti de cette approche du Pape, mais
sans nier qu'il y ait des problèmes.
Bref, le changement de langage permet aussi la perpétuation d’une
idéologie qui veut changer la façon dont l’Église se perçoit. Mais
l’Église n’est pas le préjugé signalé. L’Église n’a jamais été aussi
loin qu’elle le croit. L’Église n’a jamais été seulement porteuse de
préjugés. Et il est frappant de constater qu’au sein de l’Église,
les préjugés sont acceptés comme un fait et qu’on s’efforce de s’en
débarrasser en utilisant non pas la vérité mais la publicité.
Ou, comme dirait le Pape, en offrant un sacrifice «
sur l’autel de l’hypocrisie
».
By
Andrea Gagliarducci
- Traduction
E.S.M
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Sources
: mondayvatican-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.12.2023
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