Le pape Benoît XVI et la réforme de la réforme
liturgique |
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Le 16 février 2008 - Le pape Benoît XVI, quand il était cardinal préfet
de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, déclara que "la crise de
l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la
désintégration de la liturgie".
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L’honneur
rendu à Jésus-Christ et à l’auguste Trinité -
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Benoît XVI et la réforme de la réforme liturgique
Le pape
constate l’existence d’un écroulement de ce que l’Église considère comme son
sommet, avec des influences délétères sur toute la vie catholique.
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1)
Introduction :
Le magistère vivant de l’Église
2)
Le pape, guide de l’Église
universelle, successeur de saint Pierre :
Jésus a institué le collège apostolique
Deuxième partie : Conséquences, Applications
Première conséquence : Application de ces principes théologiques à la
question de la messe
§ 1. L’unité de culte, la variété des rites et le pouvoir de l’Église
L’unité de l’Église catholique est l’une de ses notes caractéristiques
essentielles, avec la sainteté, la catholicité et l’apostolicité. L’Église,
par conséquent, ne peut jamais perdre son unité,
(CEC 820) sous peine de cesser
d’exister. Et l’unité de l’Église est triple : unité de gouvernement — un
seul gouvernement, celui du Pontife Romain et des Évêques en communion avec
lui —, l’unité de la foi — une seule doctrine — et l’unité du culte rendu à
Dieu, surtout à travers les sacrements, spécialement la Très Sainte
Eucharistie.
Le Code de droit canonique actuel définit ainsi la Très Sainte Eucharistie,
comme sacrement et comme sacrifice :
« Le Sacrement le plus vénérable est la très sainte Eucharistie, dans
laquelle le Christ Seigneur lui-même est contenu, offert et reçu, et par
laquelle l’Église vit et croît continuellement. Le Sacrifice eucharistique,
mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, dans lequel le
Sacrifice de la croix est perpétué au long des siècles, est le sommet et la
source de tout le culte et de toute la vie chrétienne, par lequel est
signifiée et réalisée l’unité du peuple de Dieu et s’achève la construction
du Corps du Christ. En effet, les autres sacrements et toutes les oeuvres
d’apostolat de l’Église sont étroitement liés à la très sainte Eucharistie
et y sont ordonnés » (CODE
DE DROIT CANONIQUE, can. 897).
L’Eucharistie est, pour ainsi dire, le centre, la caractéristique et
l’identité de l’Église catholique. Mais pour sa célébration, il existe
diverses formes ou rites. « Les diverses traditions liturgiques, ou rites,
légitimement reconnues, parce qu’elles signifient et communiquent le même
Mystère du Christ, manifestent la catholicité de l’Église ».
(CEC, n° 1208)
La diversité liturgique, quand elle est légitime, est source
d’enrichissement et ne porte pas préjudice à l’unité de l’Église.
(Cf. CEC, n° 1206) Et
l’Église catholique compte des dizaines de rites différents, orientaux et
latins, tous étant des expressions différentes du même culte catholique
rendu à Dieu.
L’Église a le pouvoir de créer et de modifier ses rites. Ainsi, sur « le
pouvoir de l’Église concernant l’administration du sacrement de l’Eucharistie
», le concile de Trente déclare expressément que « l’Église a toujours eu le
pouvoir, dans l’administration des sacrements, leur substance étant sauve,
de déterminer et de changer les choses qu’elle juge convenable à l’utilité
de ceux qui les reçoivent ou à la vénération de ces sacrements, selon la
variété des choses, des temps et des lieux ». [concile de Trente, session XXI, chap. 2 (Denz.-Sch. DzSch
1728)]
Le pape Pie XII nous enseigne, dans sa célèbre encyclique sur la sainte
liturgie : « De tout temps, la hiérarchie ecclésiastique a usé de ce droit
sur les choses de la liturgie ; elle a organisé et réglé le culte divin,
rehaussant son éclat de dignité et de splendeurs nouvelles, pour la gloire
de Dieu et le profit spirituel des chrétiens. Et, de plus, elle n’a pas
hésité — tout en sauvegardant l’intégrité substantielle du sacrifice
eucharistique et des sacrements — à modifier ce qu’elle jugeait n’être pas
parfaitement convenable et à ajouter ce qui lui paraissait plus apte à
accroître l’honneur rendu à Jésus-Christ et à l’auguste Trinité, et à
instruire et stimuler le peuple chrétien de façon plus bienfaisante.
En effet, la sainte liturgie est formée d’éléments humains et d’éléments
divins ; ceux-ci, évidemment, ayant été établis par le divin Rédempteur,
ne
peuvent en aucune façon être changés par les hommes ; les premiers, au
contraire, peuvent subir des modifications diverses, selon que les
nécessités des temps, des choses et des âmes les demandent, et que la
hiérarchie ecclésiastique, forte de l’aide de l’Esprit-Saint, les aura
approuvées. De là vient l’admirable variété des rites orientaux et
occidentaux ». [(Pie XII, Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947, n° 44 & 45 [N.d.T.
: Orig.
lat. : AAS, 1947, p. 541-542 ; Trad. franç. : Documents Pontificaux de S.S.
Pie XII,
1947, p. 371-372. Pour la présente édition française, on renvoie en outre à
la suite du
même texte, Section V : « C’est pourquoi au seul Souverain Pontife
appartient le droit
de reconnaître et établir tout usage concernant le culte divin,
d’introduire
et approuver
de nouveaux rites, de modifier ceux mêmes qu’il aurait jugés devoir être
changés ».
Cf. aussi l’allocution de Pie XII aux congressistes d’Assise, du 22
septembre 1956 : «
On trouve dans la liturgie des éléments immuables, un contenu sacré qui
transcende le temps, mais aussi des éléments variables, transitoires,
parfois même défectueux. »]
Et seule l’autorité de l’Église peut déclarer ce qui est légitime ou non
dans la célébration des sacrements, spécialement de la Très Sainte
Eucharistie.
Le droit canonique nous enseigne qu’il revient à l’autorité de l’Église de
déterminer ce qui est valide et licite dans la célébration, l’administration
et la réception des sacrements, vu qu’ils sont les mêmes pour toute l’Église
et appartiennent au dépôt divin (cf. CDC, can. 841
[CIC 83, can. 841 : « Les sacrements étant les mêmes pour
l’Église tout
entière et
faisant partie du dépôt divin, il revient à la seule autorité suprême de
l’Église
d’approuver ou de déterminer ce qui est requis pour leur validité ; et il
appartient à
cette même autorité suprême ou à toute autre autorité compétente, selon le
can. 838, §
3 et 4, de fixer ce qui a trait à la licéité de leur célébration, de leur
administration et de
leur réception, ainsi qu’au rite à observer dans leur célébration ».]).
Quant à la liturgie romaine traditionnelle, dite de saint Pie V, établie par
la Bulle Quo primum tempore, que certains pensent ne jamais pouvoir être
modifiée pas même par un pape postérieur, il existe une réponse officielle
de la Congrégation du Culte divin, du 11 juin 1999, que nous citons : « “Un
pape peut-il fixer un rite pour toujours ?” [Réponse :] Non. A propos du
“pouvoir de l’Église concernant la dispensation du sacrement de l’Eucharistie”,
le concile de Trente déclare expressément : “Dans l’administration des
sacrements, il y eut toujours dans l’Église le pouvoir de décider ou de
modifier, la substance de ces sacrements étant sauve, ce qu’elle jugerait
mieux convenir à l’utilité de ceux qui les reçoivent ou au respect des
sacrements eux-mêmes, selon la diversité des choses, des temps et des lieux”
(DzSch 1728). Au point de vue canonique, on doit dire que, quand un pape
écrit “Nous concédons à perpétuité”, on doit toujours sous-entendre “jusqu’à
ce qu’il soit pourvu autrement”. C’est le propre de l’autorité souveraine du
Pontife romain de ne pas être liée aux lois purement ecclésiastiques, de
même qu’aux dispositions de ses prédécesseurs. Il est lié seulement à
l’immutabilité de la loi divine et naturelle, et à la constitution même de
l’Église ».
[N.d.T. : Congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements, 11 juin
1999, Réponse Prot. 947/99/L, à Mgr Gaetano Bonicelli, archevêque de Sienne
;
traduite par nos soins.] Dom Antônio de Castro Mayer était opposé à
l’argument pour
continuer la messe traditionnelle tiré de l’immutabilité supposée de la
Bulle Quo
primum tempore de s. Pie V. Il utilisait la même argumentation que celle
dont se
servit la Congrégation pour le Culte divin dans la réponse citée ci-dessus.
Les expressions de perpétuité et de prohibition de modification utilisées
par saint Pie V dans la Bulle quo primum tempore, par laquelle il publia le
Missel, sont identiques à celles que lui-même utilisa dans la Bulle Quod a nobis, par laquelle il publia le Bréviaire Romain. Malgré cela, saint Pie X
modifia ce bréviaire par la Bulle Divino afflatu, utilisant à son tour les
mêmes expressions consacrées solennelles de perpétuité et de prohibition de
modification, interdiction qui évidemment n’atteignit pas le pape Pie XII
quand il le modifia par la Lettre apostolique In cotidianis precibus, tout
comme le bienheureux pape Jean XXIII, quand il modifia les rubriques du
Bréviaire, en même temps que celles du Missel, par la Lettre apostolique
Rubricarum instructum, modifications adoptées par tout le monde
traditionaliste.
§ 2. La réforme liturgique postérieure au concile Vatican II
Le pape Benoît XVI, quand il était cardinal préfet de la Congrégation pour
la Doctrine de la Foi, déclara que « la crise de l’Église que nous vivons
aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ».[Cardinal Joseph Ratzinger, Ma vie. Souvenirs, 1927-1977, Paris,
Fayard,
1998, p. 135.] Le
pape constate par conséquent l’existence d’un écroulement de ce que l’Église
considère comme son sommet, avec des influences délétères sur toute la vie
catholique.
Ainsi, tout comme le concile Vatican II, la réforme liturgique qui en
provient se produisit en une période troublée de vaste crise dans l’Église,
et servit d’occasion et de prétexte pour d’amples abus et erreurs, commis et
propagés en leur nom.
Ont émis des réserves et des critiques quant à la manière dont fut faite la
réforme liturgique postérieure à Vatican II, spécialement dans son
application pratique, des personnes autorisées, parmi lesquelles divers
théologiens et liturgistes, par exemple le cardinal Ratzinger, notre pape
actuel, [Parlant à propos de la liturgie comme fruit d’ ’un développement, le
card. Joseph
Ratzinger écrit : « Ce qui s’est passé après le concile signifie
tout autre chose :
à la place de la liturgie fruit d’un développement continu, on a mis une
liturgie
fabriquée. On est sorti du processus vivant de croissance et de devenir pour
entrer
dans la fabrication ». Et s’exprimant à propos des abus consécutifs, il se
plaint en ces
termes : « on a une liturgie dégénérée en “show”, où l’on essaie de rendre
la religion
intéressante à l’aide de bêtises à la mode … avec des succès momentanés
dans le
groupe des fabricants liturgiques » (Introduction au livre de Mgr
Klaus Gamber, La Réforme liturgique en question, trad. franç., Le Barroux,
éditions Sainte-Madeleine, 1992, p. 8 et 6), le cardinal Ferdinando Antonelli, qui avait été le secrétaire
de la Commission conciliaire pour la Liturgie, [Sur le «
Consilium », il écrit : « Je ne suis pas enthousiaste des
travaux. La
manière dont la Commission a été changée me déplaît : elle réunit des
personnes qui
vont encore plus loin dans le sens des nouveautés, et qui, pour beaucoup
d’entre
elles, sont incompétentes ». Et encore : « J’’ai l’impression que l’on a
beaucoup
concédé, surtout en matière de sacrements, à la mentalité protestante… [Le
Père Annibale Bugnini] a introduit dans le travail qui lui était imparti des gens
habiles et de
tendances théologiques progressistes » (Nicola Giampietro, O.F.M. Cap., Il
Card.
Ferdinando Antonelli e gli sviluppi della riforma liturgica dal 1948 al
1970, Studia
Anselmiana, Roma, p. 228 et 264 [trad. franç. : Le cardinal Ferdinando
Antonelli et
les développements de la réforme liturgique de 1948 à 1970, Versailles, APOC
– Le Forum, 2004, p. 306 & 362-363]), et le cardinal Édouard
Gagnon, [alors] président du Comité pontifical pour les Congrès
eucharistiques internationaux. [« On ne peut cependant pas
ignorer que la réforme (liturgique) a donné origine à
de nombreux abus et a conduit dans une certaine mesure à la disparition du
respect dû
au sacré. Ce fait doit être malheureusement reconnu et excuse un bon nombre
des
personnes qui se sont écartées de notre Église ou de leur ancienne
communauté
paroissiale […] » (cardinal Édouard Gagnon, Integrismo e conservatismo,
interview «
Offerten Zitung – Römisches, nov.-déc. 1993, p. 35).
c [N.d.T. Orig. lat. : AAS, 1980, 113-148 ; trad. franç. : DC, 1980,
301-312].
C’est dans cette même ligne que le Saint-Père le pape Jean-Paul II écrivit :
« Je voudrais demander pardon — en mon nom et en votre nom à tous, vénérés
et chers Frères dans l’épiscopat — pour tout ce qui, en raison de quelque
faiblesse humaine, impatience, négligence que ce soit, par suite également
d’une application parfois partielle, unilatérale, erronée des prescriptions
du concile Vatican II, peut avoir suscité scandale et malaise au sujet de
l’interprétation de la doctrine et de la vénération qui est due à ce grand
sacrement. Et je prie le Seigneur Jésus afin que désormais, dans notre façon
de traiter ce mystère sacré, soit évité ce qui peut affaiblir ou désorienter
d’une manière quelconque le sens du respect et de l’amour chez nos fidèles.
» (LETTRE
DOMINICAE CENAE, n° 12).
Le Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin récemment nommé, Mgr
Albert Malcolm Ranjith Patabendige Don, s’est exprimé récemment sur les
déviations en matière liturgique au sein de l’Église. Analysant
l’aggiornamento demandé par le concile Vatican II, il a déclaré que «
malheureusement, après le concile, certains changements peu réfléchis ont
été faits, dans la rapidité, dans l’enthousiasme, dans le rejet de certaines
exagérations du passé. Ceci a amené à une situation opposée à celle que l’on
souhaitait ».
Et il en donne des exemples : « On voit que la liturgie a pris des
directions erronées comme l’abandon du sacré et de la mystique, la confusion
entre le sacerdoce commun et le sacerdoce consacré avec un appel spécifique.
En d’autres mots, la confusion des rôles entre les laïcs et les prêtres. Il
y a aussi la vision du concept d’Eucharistie comme un banquet commun plutôt
que l’accentuation sur la mémoire du sacrifice du Christ au calvaire et sur
son efficacité sacramentelle pour le salut, ou encore certains changements
comme d’avoir vidé les églises en les “protestantisant”… Ces changements de
mentalité ont affaibli le rôle de la liturgie plutôt que de le renforcer.
[…]. Ceci a causé d’autres résultats négatifs pour la vie de l’Église.
Ainsi, pour faire face à la progression du sécularisme dans le monde, il ne
fallait pas devenir nous aussi sécularistes. Il fallait que nous
approfondissions encore plus, car le monde a toujours plus besoin de
l’Esprit, de l’intériorité. […] On voit bien, chez des jeunes d’aujourd’hui,
y compris chez de jeunes prêtres, une nostalgie du passé, une nostalgie pour
certains aspects perdus. Il y a, en Europe, un réveil très positif ».
(la
validité du missel de St Pie V)
Comme ce qui nous intéresse, c’est le bien de toute l’Église, nous appuyons
l’idée, soutenue par le Saint-Père actuel, d’entreprendre la réforme de la
réforme liturgique, corrigeant plus efficacement les abus et corrigeant tout
ce qui, dans les normes liturgiques, peut donner prise à ceux-ci. Le même
Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des
Sacrements, Mgr Albert Malcolm Ranjith Don affirme : « on peut parler d’une
nécessaire correction, d’une réforme dans la réforme ».[Ibidem.]
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Quand Benoît XVI nous parle de la beauté et de
la profondeur du missel de saint Pie V
Sources: www.barroux.org
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.02.2008 - BENOÎT XVI
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