Benoît XVI, guide de l’Église universelle,
successeur de saint Pierre |
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Le 14 février 2008 - Comme guide de l’Église universelle, nous avons le pape
Benoît XVI, successeur
de saint Pierre. Comme guide des Églises particulières (diocèses,
prélatures, Administrations apostoliques, ordinariats, etc.) nous avons les
Évêques, successeurs des Apôtres.
Il est faux, par conséquent, de penser que l’assistance de l’Esprit Saint de
Dieu à l’Église puisse être intermittent, autrement dit, être absent durant
une quelconque période de son histoire.
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“J’ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas
; et quand tu seras revenu, affermis tes frères”
(Lc
22, 32) -
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Benoît XVI, guide de l’Église universelle, successeur de saint Pierre
Pour nous guider, Jésus a institué le collège apostolique, avec saint Pierre
comme chef, et ses successeurs, guides vivants et perpétuels, jusqu’à la fin
du monde. (Missel
Romain, Préface des Apôtres.)
Extraits du livre de
Mgr Rifan que vous pouvez-vous procurer dans la boutique en ligne sur ►
www.barroux.org
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Introduction :
Le magistère vivant de l’Église
Partie Introductive I. Objectif de cette orientation pastorale
La crise actuelle que traverse la Sainte Église, comme le furent toutes les
autres de son histoire, est une épreuve pour notre foi et peut devenir une
tentation et une occasion de chute pour beaucoup de catholiques. Et,
malheureusement, elle a fait des victimes, tant du côté dit « progressiste »
que du côté nommé « traditionaliste », causant des blessures doctrinales
chez beaucoup de catholiques de tous les milieux.
J’écris pour les prêtres et les fidèles de notre Administration apostolique,
cette portion du peuple de Dieu, équivalente à un diocèse, dont le soin
pastoral me fut confié par le Souverain Pontife, au nom de qui je la
gouverne. (Cf. Code de droit canonique (CDC), canons (can.) 368
et 371 § 2. Je m’adresse par conséquent aux catholiques de tendance plutôt
conservatrice. De ce fait, la finalité de la présente Orientation n’est pas
proprement de traiter des nombreux abus et erreurs que l’on rencontre dans
l’aile progressiste de l’Église, mais plutôt, outre de conforter et d’animer
ceux qui luttent pour la tradition doctrinale, liturgique et disciplinaire
catholique, de les mettre en garde en même temps contre les erreurs qui
s’infiltrent jusque dans les tendances les plus conservatrices, et
ce, afin que la position de ces fidèles catholiques soit mise en parfaite
syntonie avec la théologie catholique. «
Celui qui veut corriger le monde doit commencer par lui-même », affirme le
dicton.
[N.d.T. En français, on dirait peut-être : « Médecin, guéris-toi toi-même
».]
Par conséquent, pour que nous soyons des instruments utiles à l’Église dans
la crise présente, nous devons commencer par observer et corriger nos
propres faux-pas et incorrections.
Une des principales erreurs qui atteignent les deux aires, et de façon
spéciale les traditionalistes, concerne le Magistère vivant de l’Église. Il
existe un danger de protestantisation des deux côtés. Si, d’un côté, nous
nous plaignons de la protestantisation liturgique au sein de l’aile la plus
progressiste, nous regrettons aussi profondément une infiltration du
principe protestant du « libre examen » dans les milieux traditionalistes.
Beaucoup ne font aucun cas des documents du Magistère actuel, et ne les
lisent même pas. Beaucoup se posent de façon absurde en juges du Magistère
voire en juges à la place du Magistère.
Notre objectif est donc, je le répète, de purifier notre « traditionalisme
», en en corrigeant les distorsions, les imprécisions et jusqu’aux
déviations doctrinales, afin que, ainsi purifiés, nous puissions réellement
rendre service à la Hiérarchie de l’Église, en combattant efficacement, à
son côté et sous son autorité, l’« autodémolition » de l’Église, dont se
plaignit le pape Paul VI. [Paul VI, Allocution au Séminaire lombard, du 7 décembre 1968] Ainsi nous sauverons beaucoup d’âmes,
spécialement les nôtres. La « fumée de Satan » tellement dénoncée par ce
pape et qui a pénétré dans le temple de Dieu [Paul VI, Homélie du 29 juin 1972 [orig. ital. : L’Osservatore Romano
(OR), 30
juin-1er juillet 1972] a fait mal aux yeux de
beaucoup de catholiques, progressistes et conservateurs. Ma fonction
d’Évêque est d’alerter, de donner l’alarme comme sentinelle placée par Dieu
pour protéger son troupeau, lui montrant le droit chemin dans ces moments de
crise. J’espère qu’il m’entendra, chacun pour le bien de son âme.
Première Partie : Principes sur le magistère vivant
III. L’institution du Magistère vivant
Dans le chemin du bien et de la vérité il ne peut y avoir d’erreurs ou de
tromperies, vu qu’est en jeu notre salut éternel. Pour cette raison, Notre
Seigneur, dans sa sagesse divine, pour nous conduire avec sécurité, a laissé
non seulement les sources de la Révélation
(la Sainte Écriture et la
Tradition orale), mais aussi des guides vivants, susceptibles de nous
orienter à leur sujet, sur leur authenticité, leur véracité et leur
interprétation. Des guides vivants devant accompagner le cheminement de
l’Église jusqu’à la consommation des siècles.
« Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. »
(Mt 28,20). « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui
me rejette rejette Celui qui m’a envoyé. » (Lc 10,16).
Le pape Pie XII nous enseigne : « La norme prochaine et universelle de la
vérité » est le « Magistère de l’Église », « car le Christ Seigneur lui a
confié tout le dépôt de la foi, à savoir l’Écriture sainte et la “tradition”
divine, à garder, à défendre et à interpréter ». [Pie XII, Encyclique Humani
generis, 12 août 1950, n° 18] « Le Sauveur, en effet,
a confié l’explication des doctrines contenues dans le dépôt de la foi, non
pas au jugement privé, mais au Magistère ecclésiastique ».[Lettre
du Saint-Office à l’Archevêque de Boston, 8 août 1949, Denzinger-
Schönmetzer (= DzSch) 3866]
Pour cette raison, saint Augustin écrivait : « Je ne croirais pas à
l’Évangile, si ne m’y portait l’autorité de l’Église catholique ». [cf. Catéchisme de l’Église catholique (CEC), n° 119.]
Le libre examen, en d’autres termes l’interprétation privée que chacun
ferait des sources de la Révélation, serait une plus grande source de
divisions : « autant de têtes, autant d’opinions ». [Cf. Léon XIII, Encyclique Satis cognitum,
29 juin 1896, n° 13]
Martin Luther, avec son principe du libre examen et de la « sola Scriptura
», citait l’Épître aux Romains contre la doctrine catholique : la Bible sans
le Magistère et contre lui ; « le Christ, oui, l’Église, non ! » [Cf. Pie XII, Allocution Nel contemplare du 12 octobre 1952, à l’Union
des
hommes de l’Action catholique italienne] Il créa
ainsi le protestantisme, lequel se fragmente en sectes chaque jour plus
nombreuses, toutes avec la Bible à la main. En outre, les protestants
actuels citent saint Bernard et saint Thomas d’Aquin contre la doctrine de
l’Église sur l’Immaculée-Conception de Notre-Dame : c’est la Tradition sans
le Magistère et contre lui.
Malheureusement, ce principe protestant du « libre examen » a pénétré dans
les milieux catholiques liés à la Tradition. Contre ce principe nous
avertissait Dom Antônio de Castro Mayer quand il écrivait : «
Personne n’a
le droit de juger la parole du pape, en ne l’acceptant que s’il l’approuve »
(Veritas, avril-mail 1980, p. 8).
Mais au contraire, selon le Magistère lui-même, « “la charge d’interpréter
de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise a été confiée au
seul Magistère vivant de l’Église, dont l’autorité s’exerce au nom de
Jésus-Christ”, c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de
Pierre, l’évêque de Rome » ; [CEC 85, citant le concile OEcuménique Vatican II, Constitution
dogmatique Dei
Verbum, 10, et résumé dans CEC 100.] « la sainte Tradition, la sainte Écriture
et le magistère de l’Église, par une très sage disposition de Dieu, sont
tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne
subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous
l’action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes.
» [Dei Verbum, 10.]
Saint Thomas d’Aquin nous enseignait déjà : « Ce qui fait autorité au plus
haut degré, c’est la coutume de l’Église. C’est toujours l’Église qu’il faut
suivre en toutes choses. Car l’enseignement même des Docteurs catholiques
tient son autorité de l’Église. Il faut donc s’en tenir plus à l’autorité de
l’Église qu’à celle d’un Augustin ou d’un Jérôme ou de quelque Docteur que
ce soit ». [Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologica, II-II, q. 10, a. 12.]
D’où la réflexion de Dom Antônio de Castro Mayer :« Nous ne comprenons donc
pas comment on peut former des catholiques en ignorant totalement la source
la plus prochaine de la vérité révélée, laquelle est le Magistère vivant.
Rien que par une telle attitude les fauteurs d’un nouveau christianisme
deviennent suspects. » [Dom Antônio de Castro Mayer, Lettre pastorale sur la préservation de la
foi et
des bonnes moeurs, 2 février 1967, paragraphe « Le Magistère non infaillible
».]
De la sorte, le Magistère que le Christ a institué est un Magistère vivant,
constitué de personnes vivantes, destinées à nous guider perpétuellement à
tous les instants, à nous accompagner sur le chemin, à interpréter les
principes pérennes et à les appliquer dans les diverses circonstances qui se
présenteraient.
Le pape Léon XIII a enseigné : « Il est donc évident […] que Jésus-Christ a
institué dans l’Église un magistère vivant, authentique et, de plus,
perpétuel, qu’il a investi de sa propre autorité, revêtu de l’Esprit de
vérité, confirmé par des miracles, et il a voulu et très sévèrement ordonné
que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les
siens propres. » [Léon XIII, Encyclique Satis cognitum, 29
juin 1896, n° 20.]
IV. Qu’est-ce qu’un Magistère vivant ?
« Un magistère vivant, c’est-à-dire qui s’exerce continuellement dans
l’Église par la communication de la doctrine révélée. Ce magistère est
vivant, en tant qu’il s’oppose au magistère encore exercé actuellement dans
l’Église par des hommes qui ont disparu, mais auxquels leurs ouvrages ont
survécu. Les protestants admettent que les Apôtres exercent encore
actuellement dans l’Église un magistère, mais seulement par l’influence de
leurs écrits : ils n’admettent donc qu’un magistère pour ainsi dire posthume
». [H. Pérennès, art. « Tradition et Magistère », § III,
3, 1]
« Magistère […] vivant, c’est-à-dire qui demeure toujours dans des maîtres
vivants et s’exprime par leur bouche, et non pas ce Magistère, divin sans
doute, mais mort, que les protestants cherchent dans l’Écriture ». [Auguste-Alexis
Goupil, s.j., La Règle de la Foi, t. I, Laval, Goupil, 1953, 3e éd. p. 20]
« On a l’habitude de diviser le Magistère en écrit et vivant. Le magistère
purement écrit est celui que n’importe quel auteur exerce par ses écrits
même après sa mort. Tel est, par exemple, le magistère qu’Aristote exerce
encore actuellement par ses oeuvres. On appelle vivant le magistère exercé
par des actes vitaux et conscients d’hommes, que le maître se serve ou non
d’écrits ». [Joaquín Salaverri, s.j., Sacrae Theologiae Summa]
V. Magistère continu, sans interruption
« Allez, enseignez toutes les nations… »
(Mt 28,20). « Qui vous écoute,
m’écoute » (Lc 10,16). « L’Esprit de Vérité demeurera éternellement avec
vous » — « L’Esprit Saint vous enseignera toutes choses »
(Jn 14, 16.26).
Pour nous guider, Jésus a institué le collège apostolique, avec saint Pierre
comme chef, et ses successeurs, guides vivants et perpétuels, jusqu’à la fin
du monde : « … Ut iisdem rectoribus gubernetur, quos operis tui vicarios
eidem contulisti praeesse pastores » « Afin qu’il [ton troupeau]
soit
gouverné par les mêmes responsables que ceux que tu as placés à sa tête pour
le régir comme tes lieutenants dans ton oeuvre ». [Missel
Romain, Préface des Apôtres.]
Ainsi, comme guide de l’Église universelle, nous avons le pape, successeur
de saint Pierre. Comme guide des Églises particulières (diocèses,
prélatures, Administrations apostoliques, ordinariats, etc.) nous avons les
Évêques, successeurs des Apôtres.
Il est faux, par conséquent, de penser que l’assistance de l’Esprit Saint de
Dieu à l’Église puisse être intermittent, autrement dit, être absent durant
une quelconque période de son histoire.
Le concile Vatican I, dans la Constitution dogmatique Pastor aeternus nous
enseigne que
« Saint Pierre, jusqu’à aujourd’hui et toujours, vit, gouverne et juge dans
ses successeurs. » (DzSch 3056).
Et le Catéchisme de l’Église catholique précise :« Le pontife romain et les
évêques en “docteurs authentiques, pourvus de l’autorité du Christ, prêchent
au peuple à eux confié la foi qui doit être crue et appliquée dans les
moeurs” (LG 25). Le magistère ordinaire et universel du pape et des évêques
en communion avec lui enseigne aux fidèles la vérité à croire, la charité à
pratiquer, la béatitude à espérer ». [CEC 2034.]
VI. Garantie de l’assistance divine
contre l’erreur
Dieu l’Esprit Saint, qui assiste continuellement et sans interruption
l’Église, comme Notre Seigneur l’a promis et l’accomplit, ne permet pas que
les papes inventent des doctrines nouvelles ou cessent de garder
correctement le dépôt de la foi. C’est ce qu’enseigne la Constitution
dogmatique Pastor aeternus du concile Vatican I : « En effet, le
Saint-Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils
fassent connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine, mais pour
qu’avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la
Révélation transmise par les apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi. Et
leur doctrine apostolique a été embrassée par tous les vénérables pères,
vénérée et suivie par les saints docteurs orthodoxes ; ils savaient
parfaitement que ce siège de saint Pierre demeure toujours pur de toute
erreur, aux termes de la promesse divine de notre Seigneur et Sauveur au
chef de ses disciples : “J’ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas
; et quand tu seras revenu, affermis tes frères”
[Lc 22, 32]. » (DzSch
3070).
À quoi fera écho le Catéchisme de l’Église catholique :« Le degré suprême
dans la participation à l’autorité du Christ est assuré par le charisme de
l’infaillibilité. Celle-ci s’étend aussi loin que le dépôt de la Révélation
divine (cf. LG 25) ; elle s’étend encore à tous les éléments de doctrine, y
compris morale, sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent
être gardées, exposées ou observées ». [CEC 2035.]
Et cette garantie d’infaillibilité assiste le pape et l’épiscopat universel
en union avec lui. Un évêque, pris isolément, ou même plusieurs, y compris
l’épiscopat entier d’une nation, peuvent errer, même en matière de foi. Mais
l’épiscopat de l’Église uni au pape ne peut pas tomber tout entier dans
l’erreur.
Ainsi, le critère pour dirimer les doutes sera toujours le Magistère de
l’Église, conformément à ce que nous enseigne Pie XII, que nous citions plus
haut : « La norme prochaine et universelle de la vérité est le Magistère de
l’Église ». [Pie XII, Encyclique Humani generis, 12 août 1950, n. ° 18.]
La crise actuelle dans l’Église, bien que grande, a ses limites, posées par
Dieu. Voici ce que dit saint Thomas : « Si on considère la Providence divine
qui dirige son Église par l’Esprit Saint pour qu’elle n’erre pas, comme
lui-même l’a promis en Jn 14,26, [disant] que l’Esprit, quand il viendrait
enseignerait toute la vérité, c’est-à-dire ce qui concerne les choses
nécessaires au salut, il est certain qu’il est impossible que le jugement de
l’Église universelle se trompe sur les choses relatives à la foi ». [Saint
Thomas d’Aquin, Quodl. IX, q. 8, a. 1.]
De la même manière, saint Robert Bellarmin : « Si tous les évêques se
trompaient, toute l’Église se tromperait, or le peuple est tenu de suivre
ses Pasteurs, comme le dit Jésus en Luc 10,16 : “Qui vous écoute, m’écoute”
et Matthieu 23,3 : “Faites tout ce qu’ils vous diront” ». [Saint
Robert Bellarmin, Controversiarum de conciliis Liber tertius qui
est deDe
Ecclesia militante…, Liber III, cap. XIV]
Dom Antônio en tirait la conclusion : « Au cas où toute la hiérarchie
viendrait à défaillir, ce serait la parole de Jésus-Christ qui aurait
failli, puisque le Divin Sauveur à confié à la hiérarchie le gouvernement et
la direction de son Église jusqu’à la fin des siècles, et, qui plus est, son
assistance pour qu’elle ne défaille pas ». [Dom Antônio de Castro Mayer, Monitor Campista, 26/1/1986.]
Et Pie VI déclarait déjà solennellement :« 1. La proposition qui affirme :
“Dans ces derniers siècles un obscurcissement général a été répandu sur des
vérités de grande importance relatives à la religion et qui sont la base de
la foi et de la doctrine morale de Jésus Christ” (est) hérétique. » (1ère
proposition condamnée dans le synode janséniste de Pistoie). [Pie VI, Constitution Auctorem fidei, 28 août 1794, Denz-Sch 2601.]
VII. Assentiment au Magistère, même non infaillible
Même en dehors du domaine de l’infaillibilité, nous devons suivre le
Magistère vivant et les pasteurs placés par Notre Seigneur pour nous
guider.Les situations dans lesquelles le guide vivant n’est pas infaillible,
comme c’est le cas du père de famille ou du curé uni à son évêque, ne
signifient pas que nous ne devons pas le suivre. C’est seulement dans
l’hypothèse d’une opposition frontale à la Loi de Dieu que nous devons lui
refuser notre soumission.
La Constitution dogmatique Pastor aeternus du concile Vatican I proclame : «
Ainsi donc, Nous enseignons et déclarons que l’Église romaine, par
disposition du Seigneur, possède sur toutes les autres une primauté de
pouvoir ordinaire et que ce pouvoir de juridiction du pontife romain, qui
est vraiment épiscopal, est immédiat. Les pasteurs de tous rites et de tous
rangs ainsi que les fidèles, tant chacun séparément que tous ensemble, sont
tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non
seulement dans les questions qui concernent la foi et les moeurs, mais aussi
dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l‘Église
répandue dans le monde entier ; de telle manière que, en gardant l’unité de
communion et de profession de foi avec le pontife romain, l’Église est un
seul troupeau sous un seul pasteur suprême Jn 10,16. Telle est la doctrine
de la vérité catholique, dont personne ne peut s’écarter sans danger pour la
foi et le salut. » (DzSch 3060).
Plus récemment, le Catéchisme de l’Église catholique explique :« Le
magistère des pasteurs de l’Église en matière morale s’exerce ordinairement
dans la catéchèse et dans la prédication, avec l’aide des oeuvres des
théologiens et des auteurs spirituels. Ainsi s’est transmis de génération en
génération, sous l’égide et la vigilance des pasteurs, le “dépôt” de la
morale chrétienne, composé d’un ensemble caractéristique de règles, de
commandements et de vertus procédant de la foi au Christ et vivifiés par la
charité. Cette catéchèse a traditionnellement pris pour base, à côté du
Credo et du Pater, le Décalogue, qui énonce les principes de la vie morale
valables pour tous les hommes ». [CEC 2033.]
Selon la théologie, d’ailleurs : « Vu que l’enseignement non infaillible de
l’Église, même si ce n’est pas de manière absolue, est cependant assisté par
le Saint-Esprit, il se tromperait beaucoup, celui qui croirait qu’il nous
laisse entièrement libres d’y assentir ou non. Ne pas obliger sous peine
d’hérésie est loin d’équivaloir à ne pas obliger du tout, comme l’enseigne
le concile Vatican I : “il ne suffit pas d’éviter la perversité de l’hérésie
si l’on ne fait aussi très attention à fuir les erreurs qui en sont plus ou
moins proches” (DzSch 3045). S. Pie X condamna ceux qui prétendaient
exempter de toute faute morale ceux qui ne tenaient pas compte des censures
décrétées par les Congrégations romaines (DzSch 3408). Il revient à l’Église
non seulement de proposer la vérité révélée, mais encore de montrer ce qui —
directement ou indirectement — y mène ou en écarte. Et il ne suffit pas
d’accueillir cet enseignement avec un silence respectueux ;
une adhésion
intellectuelle s’impose (Clément XI, DzSch 2390 ; S. Pie X, DzSch 3407)
». [R.P. M. Teixeira-Leite Penido, Le Mystère de l’’Église, VII : Le
pouvoir du magistère, p. 294]
Écoutons encore Dom Antônio : « Il est certain que le concile Vatican I a
défini que le Magistère du Pontife Romain est infaillible dans des
conditions déterminées… Cependant, il serait absurde d’en conclure que le
pape se trompe toujours quand il ne fait pas usage de sa prérogative
d’infaillibilité. Au contraire, nous devons supposer qu’il a raison, vu que
normalement il agit avec prudence et n’émet pas son opinion avant de bien
peser les choses. Sans parler des grâces spéciales par lesquelles le Saint-
Esprit l’assiste. » [Dom Antônio de Castro Mayer, Lettre pastorale sur la préservation de la
foi et
des bonnes moeurs, V.]
Pie XII avait déjà affirmé :« Il ne faut pas estimer non plus que ce qui est
proposé dans les encycliques ne demande pas de soi l’assentiment, les papes
n’y exerçant pas le pouvoir suprême de leur Magistère. Cet enseignement est
celui du Magistère ordinaire, auquel s’applique aussi la parole : “qui vous
écoute, m’écoute” [Lc 10, 16] ». [Pie XII, Encyclique Humani
generis, 12 août 1950, n° 20
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi rappelait naguère à ce propos :«
La volonté d’acquiescement loyal à cet enseignement du Magistère en matière
de soi non irréformable doit être la règle. […]. Dans ce domaine des
interventions d’ordre prudentiel, il est arrivé que des documents
magistériels ne soient pas exempts de déficiences. Les pasteurs n’ont pas
toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d’une
question. Mais il serait contraire à la vérité de conclure, à partir de
certains cas déterminés, que le Magistère de l’Église puisse se tromper
habituellement dans ses jugements prudentiels, ou qu’il ne jouisse pas de
l’assistance divine dans l’exercice intégral de sa mission ». [Congrégation
pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum veritatis,
sur la
vocation ecclésiale du théologien, 24 mai 1990, n° 24]
VIII. Le Guide oriente dans les diverses circonstances
Ainsi, selon nos explications, Jésus a institué un Magistère vivant, des
guides vivants pour nos âmes. Un guide vivant applique les principes
éternels aux circonstances actuelles. Il interprète les lois et les
principes, les appliquant à telle occasion.
Ainsi saint Paul, tout en défendant le principe proclamé dans le concile de
Jérusalem, lequel avait aboli la circoncision (Act 15, 1-29 ; 1 Cor 7,
18.24) et tout en résistant à saint Pierre pour ce motif
(Gal 2, 11-14),
conseilla-t-il à Timothée de se faire circoncire. Bien plus, c’est lui-même
qui circoncit Timothée, « en considération des Juifs » (Act 16,3). Mêmes
principes, mais circonstances différentes. Saint Paul, Apôtre, guide vivant,
en jugea et agit ainsi. Quelqu’un de mauvais esprit pourrait vouloir jouer
saint Paul contre saint Paul et l’accuser d’opportunisme.
Mais saint Grégoire loue la discrétion de saint Paul : « Souvent on perd une
vertu pour la vouloir conserver avec trop d’indiscrétion, au lieu qu’on la
conserve mieux en l’interrompant avec prudence ».
(S. Grégoire le Grand, Morales sur Job, livre XXVIII, chap. VIII.)
Et saint Jean Chrysostome, expliquant le cas de saint Paul faisant
circoncire Timothée, attribua les conversions si nombreuses (décrites au
verset 5 du même chapitre) à l’effort de saint Paul en vue de la concorde
(cf.
Cornelius a Lapide, commentaire sur ce passage).
Saint Pie X, même s’il ne s’agit pas d’un usage de l’infaillibilité,
autorisa l’usage de la médaille comme substitut du scapulaire carmélitain de
laine. Cela ne serait pas du bon esprit catholique de citer contre lui saint
Simon Stock ou le pape Jean XXII, qui reçurent les apparitions de Notre-Dame
en parlant seulement du scapulaire de laine. [Une
situation analogue s’est présentée quand, selon nos informations, un pape
postérieur demanda qu’on évitât l’expression utilisée par saint Pie X de «
Vierge
Prêtre », pour ne pas causer d’ambiguïtés : ce ne serait pas du sens
catholique
authentique de contester ce pape en citant saint Pie X.]
Un autre exemple est celui de la suggestion du pape Jean-Paul II
que l’on
ajoute au Rosaire les mystères lumineux, comme enrichissement de la
méditation de la vie de Jésus-Christ.
Ainsi, ce ne serait pas du bon esprit catholique, par exemple, d’en rester à
citer seulement les papes antérieurs comme s’ils étaient le pape actuel. Ou
seulement les évêques antérieurs, comme s’ils étaient l’évêque actuel. Ce
serait une négation du Magistère vivant et l’institution d’un Magistère
posthume, dans le style protestant.
IX. Le danger d’un « magistère »
parallèle
Le Magistère de l’Église, l’Église enseignante, est constituée du pape et
des évêques en communion avec lui. Les simples prêtres et les laïcs
appartiennent à l’Église enseignée et ne font pas partie du Magistère de
l’Église. Dans les époques de crise, il existe toujours le péril de
s’éloigner du Magistère vivant de l’Église, de recourir à la direction de
laïcs comme orientant l’orthodoxie, sous le prétexte que le Magistère de
l’Église aurait défailli. Sur ce sujet, Dom Antônio de Castro Mayer
avertissait : « C’est une subversion hérétique, par défiance envers la
hiérarchie, de suivre habituellement comme porte-parole et arbitre de
l’orthodoxie quelqu’un qui n’est pas membre de la hiérarchie ».
Cet avertissement coïncide exactement avec l’enseignement du pape Pie XII :
« Ce n’est pas sans un motif grave que Nous avons voulu donner devant vous,
vénérables frères, ces avertissements. En effet, il arrive malheureusement
que certains professeurs cherchent trop peu la liaison avec le magistère
vivant de l’Église […]. Récemment […] s’est fait jour çà et là, et a
commencé à se répandre ce qu’on appelle une théologie laïque et on a vu
naître une catégorie de théologiens laïques qui se déclarent autonomes ;
cette théologie tient des cours, imprime des écrits, a des cercles, des
chaires, de professeurs. Ceux-ci distinguent leur magistère du Magistère
public de l’Église, et l’opposent en quelque manière au sien […]. Il faut
cependant retenir en sens opposé qu’i n’y eut jamais, qu’il n’y a pas, et
qu’il n’y aura jamais dans l’Église de magistère légitime des laïcs
soustrait par Dieu à l’autorité, à la conduite et à la vigilance du
Magistère sacré ; bien plus, le refus même de se soumettre fournit un
argument convaincant et un critère sûr : les laïcs qui parlent et agissent
de la sorte ne sont pas conduits par l’Esprit de Dieu et du Christ. » [Pie XII,
Allocution aux cardinaux et évêques, 31 mai 1954]
+
Fernando Arêas Rifan
Évêque titulaire de Cedamusa, Administrateur Apostolique.
© Éditions Sainte-Madeleine - 2007
(A suivre) : deuxième partie : Conséquences,
Application de ces principes théologiques à la question de la messe
►
Le pape Benoît XVI et la réforme de la réforme liturgique - 16.02.08
(3)
►
Quand Benoît XVI nous parle de la beauté et de la profondeur du missel de
saint Pie V (4)
Sources: www.barroux.org
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.02.2008 - BENOÎT XVI
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