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Mort du Pape
Benoît XVI, son secrétaire Mgr Georg Gänswein est expulsé
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Le 14 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Les règlements de compte se poursuivent au Vatican.
L’hebdomadaire Die Zeit
écrit que le secrétaire privé de Benoît XVI, Mgr Gänswein, a été prié de quitter le
monastère Mater Ecclesiae avant le 1er février prochain. Un ordre
qui vient directement du Pape François avec une note manuscrite.
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Mgr Georg Gänswein -
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Mort du Pape
Benoît XVI, son secrétaire Mgr Georg Gänswein est expulsé
Avis d’expulsion signé du Pape pour Georg Gänswein
Le 14 janvier 2023 - E.
S. M. - Mgr Grorg Gänswein sera bientôt « expulsé » du monastère
Mater Ecclesiae, écrit Die Zeit. Ce pourrait être l’épilogue de la
polémique déclenchée par la publication du livre de l’archevêque, secrétaire de
Benoît XVI, qui
entre-temps, a démenti le récit de la pleine continuité entre les
deux pontificats.
L’hebdomadaire Die Zeit
écrit que le secrétaire privé du pape Benoît XVI a été prié de quitter le
monastère Mater Ecclesiae avant le 1er février prochain. Un ordre qui venait
directement du Pape François avec une note manuscrite, une antique coutume
des successeurs de Pierre non abandonnée par l’actuel.
Ce pourrait être l’épilogue retentissant de l’épreuve de force à
distance qui s’est déroulée entre les deux hommes au lendemain du
décèst
du pape Benoît XVI, l’archevêque émettant des soupçons sur une
cohabitation qui n’a pas toujours été facile depuis sa
démission en
2013 et François prompt à lui répondre indirectement dans des
discours publics en l’appelant à cesser les « bavardages mortels ».
Nient’altro che la verità, Rien d'autre que la vérité, le livre-bombe que le préfet de la Maison
pontificale a signé avec le journaliste Saverio Gaeta, est sorti
officiellement ce 12 janvier et est déjà un best-seller. Presque inévitable
compte tenu de la dynamique de la participation collective au décès
de Benoît XVI et de la polémique suscitée par la sortie des
premières anticipations. En le lisant, on a l’impression que le
secrétaire du pape émérite a parlé à cœur ouvert, racontant les
coulisses de certaines des pages les plus importantes de l’histoire
des deux derniers pontificats.
Il est en effet inexact de dire que le texte de Mgr Gänswein est contre
le pape François ou même qu’il sert à en faire le chef de file de ses
opposants. Pour exclure cette dernière reconstruction, en
particulier, il suffirait de noter que l’auteur n’est pas du tout
tendre avec plusieurs personnalités superficiellement comptées par
un certain type de presse et d’essais dans les rangs des anti-Bergogliens
: Dans la version rapportée de l’affaire concernant la sortie de Des
profondeurs de nos coeurs avec une contribution de Benoît XVI peu
avant la publication de l’exhortation sur le Synode d’Amazonie,
Mgr Gänswein n’a assurément pas été indulgent avec le cardinal Robert
Sarah auquel il attribue en quelque sorte la responsabilité d’avoir
voulu forcer la main du Pape émérite dans la gestion de cette
opération d’édition et aussi de la controverse qui a suivi.
L’initiative de publier le livre de défense du célibat sacerdotal
avec une double signature a été considérée comme une aubaine par le
monde catholique préoccupé par les positions qui ont émergé au
Synode sur l’Amazonie, mais le secrétaire particulier – qui attribue
la même pensée au Pape émérite – a avoué dans son livre son
opposition à cette époque précise parce qu’il voulait éviter de
donner l’idée que Benoît XVI faisait pression sur son successeur.
Une révélation, donc, qui ne lui fait certainement pas une bonne « publicité »
sur ce front que – selon des dizaines d’articles publiés ces
jours-ci – il aspirerait à diriger.
Il faut ensuite dire que les confessions du secrétaire particulier
ne concernent pas seulement des faits postérieurs à mars 2013 mais
touchent aussi à des points saillants du pontificat de Benoît XVI :
dans le récit de la nomination du secrétaire d’État, par exemple,
l’auteur ne donne pas vraiment le beau rôle au cardinal Tarcisio
Bertone dont il présente la « soif » d’accéder à ce poste, lui
attribuant même les commentaires ironiques de Ratzinger sur
l’ambition de son collaborateur de longue date. Tout aussi peu
flatteur est le jugement que Gänswein porte sur l’expérience de
Bertone au gouvernement.
Et au sujet de l’ex-secrétaire d’État, le préfet de la Maison
pontificale donne également sa version de la défiance à l’égard
d‘Ettore Gotti Tedeschi de l’ Ior, communiquée à Benoît XVI par le
Premier ministre, le cardinal
Bertone lui-même et que le Pontife régnant de l’époque – selon
lui – « avait explicitement approuvée ». Une reconstruction
très différente de celle que connaît le banquier, qui, au cours de
ces presque dix années, n’a pas caché son lien profond avec le
pontificat de Ratzinger et son malaise dans la saison bergoglienne.
Bien que Gotti Tedeschi ait répondu en toute courtoisie dans
Stilum Curiae, en réaffirmant son affection pour Gänswein et en
rappelant une ancienne interview de ce dernier au quotidien Il
Messaggero dans laquelle il parlait de la surprise de Benoît XVI
face à l’acte de défiance (sur lequel, selon l’archevêque, il y
avait eu « une mauvaise interprétation » de la part de
l’intervieweur), on peut imaginer que ce qui a été publié dans
Nient’altro che la verità, Rien d'autre que la vérité, n’a
probablement pas plu à un autre des adversaires présumés de
Bergoglio.
À la lumière de tout cela, il est bien évident que présenter le
livre écrit avec Saverio Gaeta comme une sorte de descente sur le
terrain contre François pour compacter les soi-disant Ratzingeriens
est non seulement superficiel, mais aussi erroné.
Gänswein a simplement donné sa version de la vérité des faits. S’il
ne l’avait fait qu’à propos des années du pontificat de Ratzinger,
peut-être n’y aurait-il pas eu ce niveau de controverse avec des
scénarios décrits comme une guerre civile dans l’Église. Ce qui
dérange, c’est que le secrétaire particulier a également donné son
avis sur la relation avec le pape actuellement régnant, avec lequel
il a travaillé étroitement jusqu’en janvier 2020 en tant que préfet
de la maison papale.
Le portrait de François qui se dégage des parties relatives à leurs
rencontres est celui d’un Pontife décideur, parfaitement conscient
du pouvoir qu’il exerce. Par exemple, après l’affaire du livre de
Sarah, Bergoglio a ordonné à son subordonné de ne plus se présenter
au travail, même s’il pouvait officiellement conserver son emploi.
Mgr Gänswein, sous le choc, a répondu qu’il ne l’acceptait pas
humainement mais qu’il s’adapterait dans l’obéissance. « C’est
une bonne parole. Je le sais parce que mon expérience personnelle
est que l’acceptation dans l’obéissance est une bonne chose », a
répondu François. Ou encore, lorsque le préfet s’est plaint de ne
pas avoir été souhaité lors de la visite de Sant’Egidio et que le
pape s’est excusé, non sans ajouter que « les humiliations font
beaucoup de bien ».
Bref, le récit de l’archevêque confirme que les deux hommes ne
s’appréciaient pas vraiment. Il n’était pas facile, par ailleurs,
pour une personnalité aussi identifiée au pape précédent – qui était
toujours vivant et au Vatican – de devenir un fidèle de son
successeur qui présente – comme l’a dit Ratzinger – « des
différences de style et de tempérament ». Toutefois, il faut
reconnaître à François que, dans ce cas, il a fait preuve de
sensibilité à l’égard de son prédécesseur, en maintenant son
secrétaire particulier à ce poste pourtant important de la Curie,
malgré le fait que – comme il est évident – il ne l’aimait pas.
Cette situation a été maintenue non sans difficulté jusqu’en janvier
2020 et l’éclatement de l’affaire Sarah, lorsque Mgr Gänswein est
devenu un « préfet réduit de moitié » et a été affecté
exclusivement à l’assistance de Benoît XVI. « Servez de bouclier »,
lui ordonna emblématiquement François, et Benoît XVI, en
l’apprenant, commenta avec son habituelle ironie bavaroise (« Il
semble que le pape François ne me fasse plus confiance et souhaite
que vous soyez mon tuteur »). Il ne s’est pas limité à cela mais
a pris un stylo et du papier et a écrit à son successeur pour
demander une intervention en faveur de son secrétaire particulier.
Qui n’est pas venue. Ce n’est pas la seule occasion où, selon
l’auteur, Ratzinger a fait ce que l’on pourrait appeler des
objections à son successeur.
On peut débattre de l’opportunité de les rendre publiques maintenant
et non à la fin du pontificat, lorsque la relation entre le régnant
et l’émérite sera une affaire d’historiens plutôt que de partisans.
Il a lui-même dû avoir des doutes sur le choix du moment s’il est
vrai, comme l’ « ami » Die Tagespost l’a écrit hier,
que l’archevêque a essayé de persuader l’éditeur de bloquer la
publication rapide du livre [peut-être aussi sur ordre de François,
ndt]. Et pourtant, Gänswein n’a dit que sa vérité, il n’a pas
attaqué le pape.
C’est pourquoi les attaques dont il fait l’objet ces jours-ci,
presque centrées sur la volonté de lui dénier le droit de le faire
et visant même à exiger une punition ad personam pour l’avoir fait,
apparaissent comme l’expression d’une manière de concevoir l’Église
très éloignée de ce « chemin de franchise » rappelé par François.
L’audience qui lui a été accordée lundi par le Pape aura
probablement été l’occasion d’une confrontation sous le signe de la
parresia entre les deux et nous verrons dans les semaines ou mois à
venir quel avenir sera décidé pour l’ancien secrétaire particulier
de Benoît XVI.
Entre-temps, le livre de Gänswein semble avoir produit un fait
objectif avec lequel toutes les personnes impliquées devront compter
: la personne la plus proche de Ratzinger a démenti la
représentation de deux pontificats en pleine continuité. Il s’agit
d’un élément qui ne doit pas être laissé en pâture aux « fans » –
aussi parce que la discontinuité est légitime dans l’enceinte de
Pierre, mais la circonstance exceptionnelle d’un ex-pape vivant et
parlant a évidemment rendu problématique son affirmation – mais qui
ne peut être passé sous silence.
Nico Spuntoni
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Sources : Benoit-et-moi
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.01.2023
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