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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : le pape de la vertu de foi

Le 13 mai 2024 - E.S.M. -  Joseph Ratzinger possédait plus que quiconque une acuité visuelle sur la réalité du monde contemporain, ses manquements et ses peurs, ses forces cachées et ses grandeurs, ses révolutions futures et ses défis de demain. La perte du sens commun et l'éclatement des sociétés déracinées, les menaces islamistes et la crise des mondes politiques, le transhumanisme et l'homme artificiel, l'explosion des inégalités sociales...

Benoît XVI  … seulement préoccupé de proclamer au monde entier la présence vivante du Christ. 

Christocentrisme


Extrait d'un paragraphe de l'excellent livre de Christophe Dickès "L'héritage de Benoît XVI".
    Au final, écrit-il, Joseph Ratzinger aura crevé bien des abcès en laissant une œuvre certes inachevée (n'est-ce pas le cas de tous les successeurs de Pierre ?) mais en donnant un élan réformateur, marqué par la volonté de retourner au centre : « Les vrais problèmes de l'Église, fait-il clairement savoir, ne résident pas dans l'affaiblissement de ses effectifs, mais dans l'étiolement de la foi. C'est l'extinction de la conscience chrétienne qui est à l'origine de la crise, de la tiédeur de la prière et de l'office, du désintérêt pour la mission de l'Église. Pour lui, la vraie réforme doit être de l'ordre d'un renouveau intérieur, de l'embrasement des cœurs. Proclamer ce que l'on peut savoir et croire d'une connaissance assurée à propos du Christ, telle est à ses yeux la priorité absolue.»( Benoît XVI, Dernières conversations, citation tirée de la préface de Peter Seewald, op. cit., p. 13.) Ici, le centre n'est pas à égale distance de la droite et de la gauche, du traditionalisme et du progressisme, du conservatisme ou du réformisme, mais « un retour à l'essentiel dans un temps qui se disperse » (.Cardinal Paul Poupard dans Valeurs actuelles, 14 février 2013.) Un prélat romain exprimait cette idée d'une façon très simple : « La réforme de l'Église qu'il a voulue est un retour au centre, et ce centre, c'est le Christ (Mgr Bruno Forte).» Le ton et le sens du pontificat visaient à redéfinir ou plutôt expliquer à nouveau le cœur de la foi et réaffirmer l'enracinement judéo-chrétien de l'Europe. Benoît XVI a voulu encourager le croyant à vivre sa foi à partir du cœur en redécouvrant le Christ, à créer comme une dynamique, grâce à son Église. Tel fut le « ciment du pontificat » (Benoît XVI, Dernières conversations, op. cit.). Quand les commentateurs disent de lui qu'il fut un pape professeur ou un pape théologien, Benoît XVI préfère répondre qu'il a « surtout cherché à être un berger » ou même un « confesseur » de la foi (Ibid.) Dans l'histoire de l'Église, le confesseur est un personnage qui a souffert à cause de sa foi en la proclamant contre vents et marée, en dépit des oppositions et des dangers. Le titre apparaît au IVe siècle après le temps des martyrs. Les confesseurs sont ces érudits qui, à l'instar de saint Maxime, ont dû faire face au pouvoir civil en défendant l'orthodoxie : « J'avais avant tout pris la résolution positive d'accorder une place centrale au thème de Dieu et de la foi. Pour moi, il était également essentiel de placer les Saintes Écritures au premier plan. Après tout, je venais de la théologie et je savais que ma force, si j'en avais une, était d'annoncer positivement la foi. Je voulais donc, avant toute autre chose, donner un enseignement issu de la plénitude des Saintes Écritures et de la tradition » (Ibid.)
    Benoît XVI savait séduire son auditoire parce qu'il parlait à l'intimité de l'âme. Mais, à l'élan de l'âme, il souhaitait associer l'intelligence de la foi. Pour cette raison, il fut le pape de l'intériorité de l'Église. Dans le quartier du Borgo, à l'occasion d'une conversation informelle, l'ancien correspondant de l'AFP à Rome, Jean-Louis de La Vaissière, estimait que Benoît XVI avait été un homme d'une grande probité, cultivant une rigueur théologique mais aussi une grande douceur et une certaine ingénuité. L'ingénu, dans le droit romain, est un homme né libre par opposition à l'esclave ou l'affranchi. Il est aussi celui qui a une sincérité innocente, une naïveté sans malice. Un homme doux aussi, ce que résumait Jean Vanier dans l'hebdomadaire La Vie : « Un jour, quelqu'un m'a dit que les cardinaux, en votant pour Joseph Ratzinger, pensaient élire un chêne. Mais ils ont choisi un agneau. » (« Le monde est en feu », in Benoît XVI, maître spirituel) L'orgueil de vouloir réformer à tout prix l'Église contre elle-même ne l'habitait pas. Il souhaitait humblement poser des jalons pour que les catholiques se réapproprient leur foi dans le silence de leur cœur. (Samuel Lieven dans Pèlerin, 13 février 2013.) Nul calcul politique chez cet homme hostile à la mondanité, éloignée des coteries de la curie et pour lequel seul le devoir d'État et le travail comptaient. Ses seules armes étaient « la simplicité, l'humilité et la profondeur ». (Anne Ponce dans Pèlerin, 13 février 2013.) Dieu, considérait-il ensuite, ferait le reste. En outre, il cultivait une confiance inébranlable en la providence divine et entretenait une espérance sans faille, dans le sens théologique du terme. En 2007, il y consacrera une encyclique, Spe Salvi qui, fait exceptionnel, fut entièrement écrite de sa main. (Entretien avec le directeur de L'Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, Rome, 25 janvier 2014). Les premières lignes sont consacrées aux écrits évangéliques dans lesquels le mot espérance est intimement lié à celui de foi au point d'être interchangeable. L'auteur y écrit par ailleurs : « Se cacher devant les hommes par esprit de crainte par rapport à eux conduit à la "perdition" (He 10,39). "Ce n'est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de sagesse" - c'est ainsi que, par une belle expression, la Seconde lettre à Timothée (1,7) caractérise l'attitude fondamentale du chrétien.» (Spe Salvi, op. cit., § 9). Ces quelques mots résument à eux seuls l'identité profonde de ce pontificat qui n'a pas souhaité se cacher. Rarement un esprit ose être ce qu'il est, disait Nicolas Boileau. Benoît XVI, lui, n'a pas renoncé à ce qu'il avait toujours été, à sa vocation profonde : être un défenseur de la foi et de l'Église.
    Joseph Ratzinger possédait également plus que quiconque une acuité visuelle sur la réalité du monde contemporain, ses manquements et ses peurs, ses forces cachées et ses grandeurs, ses révolutions futures et ses défis de demain. La perte du sens commun et l'éclatement des sociétés déracinées, les menaces islamistes et la crise des mondes politiques, le transhumanisme et l'homme artificiel, l'explosion des inégalités sociales... Tous ces thèmes se retrouvent dans les leçons érudites de Joseph Ratzinger comme autant de signes annonciateurs d'une crise majeure de l'Occident. C'est pourquoi l'histoire en fera non pas un homme du passé mais un prophète. A l'homme sans Dieu ou à la tentation d'un homme privé du divin, Benoît propose, lui, un homme « relié » au sens propre : religare qui a donné le mot religion25.(Il existe un vieux débat sur l'étymologie du mot religion. Nous avons retenu ici une des deux hypothèses, l'autre donnant comme origine le mot relegere, c'est-à-dire « relier ».) À la fin de l'année 2005, plus de huit mois après son élection, devant la place Saint-Pierre noire de monde, il lança à la ville et au monde le message suivant en forme d'appel : « Éveille-toi, homme du troisième millénaire ! À Noël, le Tout-Puissant s'est fait petit enfant et il demande aide et protection ; sa façon d'être Dieu provoque notre façon d'être hommes ; le fait qu'il frappe à nos portes nous interpelle, interpelle notre liberté et nous demande de revoir notre rapport à la vie et notre façon de l'envisager. L'époque moderne est souvent présentée comme une période de réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l'humanité à la lumière, émergeant ainsi d'une période obscure. Néanmoins, sans le Christ, la lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l'homme et le monde. C'est pourquoi la parole évangélique du jour de Noël - "La lumière véritable qui éclaire tout homme en venant dans le monde" (Jn 1,9) - retentit plus que jamais comme une annonce du salut pour tous. "Le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné" (const. Gaudium et spes,n° 22). »

Entre Grégoire et Léon

    J'ai commencé cet ouvrage en expliquant que le pontificat de Benoît XVI semblait « coincé » entre le règne hors norme de Jean-Paul II et celui de François qui bénéficie d'une aura médiatique et politique sans précédent. Pourtant, plusieurs interprétations ont souhaité placer l'œuvre du pape théologien dans le cadre d'un triptyque, un exercice qui possède ses limites mais qui peut éclairer notre réflexion sur l'Église depuis la fin des années 1970, c'est-à-dire sur le temps long. Un vaticaniste affirmait ainsi que Jean-Paul II avait été le pape de la visibilité de l'Église, Benoît XVI celui de son identité et que François serait celui de sa maternité. Une autre interprétation renvoie aux trois vertus théologales et aux personnes de la Trinité : Jean-Paul II apparaît comme le pape de l'Espérance et d'une Église renouvelée après les années de crises sous le pontificat de Paul VI. Comme un père, il a pris par la main son peuple en lui indiquant le chemin par ces quelques mots : « N'ayez pas peur. » Benoît XVI fut, lui, le pape de la vertu de foi, en replaçant en son centre la figure de Jésus de Nazareth  à travers notamment une trilogie (Tome 1, Tome 2, Tome 3) qui est peut-être sa plus grande contribution à la pensée théologique contemporaine. Un pape enseignant qui nous renvoie à la troisième personne de la Trinité, au souffle de l'Esprit et de ses sept dons (sagesse, intelligence, conseil, force, connaissance, piété et crainte de Dieu). Enfin, François apparaît comme le pape de l'amour de Dieu, de la miséricorde évangélique du Christ qui vient panser les blessures de la vie. Une dernière interprétation vise à décrire la façon dont les peuples ont été touchés par leur parole respective : Jean-Paul II parlait aux foules aux quatre coins de la terre, Benoît parlait, lui, à l'âme et à l'intelligence et François au cœur.
    Cette lecture qui peut paraître simpliste à celui qui travaille dans le détail de chacun des pontificats révèle néanmoins sur le temps long plus qu'une tendance, comme un nouvel âge. En 1969, le journaliste Jacques Duquesne faisait un état des lieux du catholicisme dans un article de l'hebdomadaire L'Express. Les fidèles, écrivait-il, «osent à peine dire qu'ils croient en Dieu. Ils ont abandonné tout prosélytisme. Ils subissent simplement celui des autres : les idéologies, les modes, les slogans. Lorsqu'ils se tournent vers leurs prêtres, ils découvrent des hommes hantés par l'idée d'accéder à ce monde du travail qu'eux, laïcs, connaissent bien. Et qu'ils jugent monotone. Ils se comprennent déjà mal. Pourtant, ils ont le sentiment de garder dans le secret de leur cœur un jeu de valeurs, une explication du monde plus solide qu'on ne le croit. Mais ils ne savent comment les formuler. Plus qu'une crise de la foi, c'est une crise du langage. Les mots ne transmettent plus rien ».(Jacques Duquesne, « Paul VI, le changement en douceur », L'Express, 13 octobre 1969.) Un peu moins de cinquante ans après ce constat de déclin, le mouvement de décadence ne s'est-il pas inversé ? Comme le montrait Albert O. Hischmann, après le temps du libéralisme où dominent les intérêts négociables, le monde ne va-t-il pas entrer dans le temps des valeurs ? (Albert O. Hischmann, Les Passions et les intérêts, justifications politiques du capitalisme avant son apogée, Paris, PUF, 2011.) Le pontificat de Benoît XVI n'est-il pas l'illustration d'une Église entrée dans une ère nouvelle, à l'aube d'un nouveau printemps décrit récemment par le philosophe français Jean-Luc Marion ou par le théologien George Weigel dans son livre Le Catholicisme évangélique ? L'auteur américain y décrit un catholicisme missionnaire beaucoup plus exigeant que le catholicisme de la Contre-Réforme parce que, dans le contexte de déchristianisation, « il demande plus d'efforts de la part de prêtres et des évêques, des consacrés et des laïcs ». En tête de ce chapitre, j'ai repris cette phrase de Benoît XVI si caractéristique de cette époque entre deux mondes : « Je n'appartiens plus au vieux monde mais, en réalité, le nouveau monde n'a pas encore commencé. [...] Je me situerai plutôt entre les temps. » (George Weigel, Le Catholicisme évangélique, Paris, DDE, 2015, p. 33. Voir aussi George Weigel, « Benedict's Legacy », National Review, 19 février 2013. Jean-Luc Marion, Brève apologie pour un moment catholique, Paris, Grasset, 2017.)
    Comme Grégoire le Grand ( 604), Benoît vit la fin d'un monde et les prémices d'un autre. La culture chrétienne dont Grégoire le Grand a été l'inspirateur était « une culture de la foi et de la lutte chrétiennes, mises à l'épreuve des crises de l'histoire. Ce n'est pas du tout une culture de l'assurance et encore moins du triomphe de l'Église. [...] Grégoire [vivait] de façon dramatique une époque dramatique ». Il fut pourtant considéré comme un des pères de la chrétienté occidentale et de sa culture, révélant là aussi le paradoxe d'un christianisme sachant renaître de sa propre passion comme le Christ en croix. Ce que Joseph Ratzinger expliquait à travers les paraboles de l'Évangile au cours d'une conférence en 2000 : « La nouvelle évangélisation doit se soumettre au mystère du grain de sénevé et ne doit pas prétendre produire tout de suite le grand arbre. Nous vivons tantôt dans la trop grande sécurité du grand arbre déjà existant, tantôt dans l'impatience d'avoir un arbre plus grand et plus vigoureux ; nous devons au contraire accepter le mystère que l'Église est à la fois le grand arbre et le grain minuscule.» Benoît, comme Grégoire, semble avoir exercé son pontificat sous le signe de la souffrance et dans la fragilité du grain de sénevé mais avec un réalisme spirituel que les sceptiques et les pessimistes ont de la peine à se représenter. Persuadé que l'Église n'a jamais été aussi forte, crucifiée la tête en bas, à l'image de saint Pierre. Un paradoxe que soulignait Marcel Gauchet dans le Désenchantement du monde en 1985. En effet, pour le philosophe, la sortie d'un monde structuré par la religion aiguisait « la réactivation du facteur religieux comme forme de l'identité ». (George Weigel, «The Legacy of Benedict XVI», www.first-things.com, 24 février 2013.) C'est pour cette raison que l'œuvre de Benoît XVI me semble aussi comparable à celle de Léon le Grand, mue par une belle espérance alors que des pans entiers de l'Empire romain s'écroulaient autour de lui. Une œuvre charnière, un moment pivot de l'histoire de l'Église. Le lien entre ces trois personnalités - Léon, Grégoire et Benoît XVI - n'est pas anodin. En effet, dans la longue histoire de l'Église, Léon et Grégoire sont les deux seuls papes à avoir été proclamé docteur. Benoît XVI sera-t-il lui-même un jour proclamé docteur de l'Église ? Fera-t-il mentir le cardinal Umberto Betti qui estimait que les papes ne pouvaient le devenir ? «  II paraît problématique d'attribuer le titre de docteur de l'Église universelle à un saint qui a été pontife romain. En effet les documents de son magistère font autorité non pas du fait de la eminens doctrina qu'il possède comme don de grâce personnel, mais en vertu de la charge qui a fait de lui le suprême pasteur et docteur de tous les fidèles » (Giandomenico Mucci). Se poser la question, c'est se pencher sur le charisme propre à ces penseurs de Dieu.
    Dans la théologie catholique, le charisme est un don particulier conféré par la grâce divine, un don gratuit. Une définition plus juridique établit que c'est le droit canonique qui a transformé le « charisme personnel » en « charisme de charge », c'est-à-dire la charge pontificale. Dans la culture contemporaine, depuis Max Weber, le terme a évolué afin de désigner de façon plus générale l'influence suscitée par une personnalité exceptionnelle. Selon Weber, une domination est charismatique lorsqu'elle « repose sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur sacrée d'une personne.

 

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Sources : Extraits du Testament spirituel de Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 13.05.2024
 

 

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