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Benoît XVI : La question sur l'origine de Jésus
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Le 17 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Devant un texte tel qu'un texte biblique, explique le
pape Benoit XVI, dont l'ultime et le plus profond auteur,
selon notre foi, est Dieu lui-même, la question du rapport du passé
avec le présent fait immanquablement partie de l'interprétation
elle-même.
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Avant
qu'Abraham ait existé, moi, JE SUIS -
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Benoît
XVI : La question sur l'origine de Jésus
Avant-propos
Le 17 janvier 2023 - E. S. M. -
Je peux, note Benoit XVI, enfin mettre entre les mains du lecteur le petit livre promis depuis
longtemps sur les récits de l'enfance de Jésus. Il ne s'agit pas d'un
troisième volume, mais d'une porte d'entrée à mes deux précédents ouvrages
consacrés à la figure et au message de Jésus de Nazareth. J'ai cherché à
interpréter, en dialoguant avec des exégètes d'hier et d'aujourd'hui, ce que
Matthieu et Luc racontent, au début de leurs Évangiles, sur l'enfance de
Jésus.
Une interprétation juste, selon moi, requiert deux étapes. D'abord, il faut
se demander ce qu'ont voulu dire, à leur époque, les auteurs de ces textes -
c'est la composante historique de l'exégèse. Mais il ne faut pas laisser le
texte dans le passé, en l'archivant parmi les événements arrivés il y a
longtemps. La seconde question doit être : « Ce qui est dit est-il vrai ?
Cela me regarde-t-il ? Et si cela me regarde, de quelle façon ? » Devant un
texte tel qu'un texte biblique, dont l'ultime et le plus profond auteur,
selon notre foi, est Dieu lui-même, la question du rapport du passé avec le
présent fait immanquablement partie de l'interprétation elle-même. En cela
le sérieux de la recherche historique n'est en rien diminué, mais augmenté.
C'est en ce sens que je me suis attaché à entrer en dialogue avec les
textes. Je suis bien conscient que cet entretien au croisement entre passé,
présent et futur ne pourra jamais être achevé, et que toute interprétation
reste en deçà de la grandeur du texte biblique. J'espère que ce petit livre,
malgré ses limites, pourra aider de nombreuses personnes dans leur chemin
vers et avec Jésus.
Chapitre premier «D'où es-tu?» (Jn 19, 9)
La question sur l'origine de Jésus comme question sur son être et sa mission
Au beau milieu de l'interrogatoire de Jésus, Pilate, à l'improviste, pose
cette question à l'accusé : « D'où es-tu ? » Les accusateurs avaient
dramatisé leur requête de condamnation à mort de Jésus en déclarant que
Jésus se serait fait passer pour Fils de Dieu, un délit pour lequel la Loi
prévoyait la peine de mort. Le rationaliste juge romain, qui avait déjà
exprimé son scepticisme devant la question sur la vérité (cf. Jn 18,38),
aurait pu considérer comme ridicule cette prétention de l'accusé. Cependant
il s'effraya. L'accusé avait déclaré précédemment être un roi, en précisant
toutefois que son règne n'était pas « de ce monde » (Jn 18, 36). Puis il
avait fait allusion à un mystérieux « d'où » et « pourquoi », lorsqu'il
avait dit : « Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde que pour
rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37).
Tout cela devait sembler une rêverie au juge romain. Cependant il n'arrivait
pas à se soustraire à l'impression mystérieuse laissée par cet homme, qui
était différent des autres connus de lui qui combattaient contre la
domination romaine et pour la restauration du royaume d'Israël. Le juge
romain interroge sur l'origine de Jésus pour comprendre qui il est vraiment
et ce qu'il veut.
La question sur le « d'où est-il » de Jésus, comme question sur son origine
profonde et donc sur sa vraie nature, émerge aussi en d'autres points de
l'Evangile de Jean et est également importante dans les Évangiles
synoptiques. Chez Jean comme chez les synoptiques, elle se trouve en un
étrange paradoxe. D'un côté, contre Jésus et sa prétention de mission, parle
le fait qu'on s'est renseigné de façon précise sur son origine : il ne vient
pas du ciel, du « Père », « d'en haut », comme il le soutient (Jn 8, 23).
Non : « Celui-là, n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous
connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : "Je suis
descendu du ciel" ? » (Jn 6, 42).
Les synoptiques rapportent une discussion très similaire dans la synagogue
de Nazareth, le village de Jésus. Jésus avait interprété les paroles de la
Sainte Ecriture non d'une manière habituelle, mais, avec une autorité qui
dépassait les limites de toute interprétation, il les avait rapportées à
lui-même et à sa mission (cf. Lc 4, 21). Les auditeurs — bien naturellement
— s'effraient de ce rapport avec l'Écriture, de sa prétention à être
lui-même le point d'intersection de référence et la clé d'interprétation des
paroles sacrées. La frayeur se transforme en opposition : « "Celui-là
n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de
Joset, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?"
Et ils étaient choqués à son sujet » (Mc 6, 3).
On sait justement très bien qui est Jésus et d'où il vient — un homme parmi
d'autres. Un homme comme nous. Sa prétention ne peut être que présomption.
Puis on ajoute le fait que Nazareth n'était pas un lieu pour lequel il
existait une promesse de ce genre. Jean raconte que Philippe dit à Nathanaël
: « Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous
l'avons trouvé ! C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » La réponse
de Nathanaël est bien connue : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose
de bon ? » (Jn 1, 45 sq.}. La normalité de Jésus, l'ouvrier de la province,
ne semble celer aucun mystère. Sa provenance le révèle comme un homme égal à
tous les autres.
Mais il existe aussi l'argument opposé à l'autorité de Jésus, et précisément
dans la discussion sur « l'aveugle-né » guéri, qui a recouvré la vue : « Nous
savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse; mais celui-là [Jésus] nous ne
savons pas d'où il est » (Jn 9, 29).
Les Nazaréens avaient dit quelque chose de très semblable après le discours
dans la synagogue, avant de disqualifier Jésus reconnu comme quelqu'un de
connu et d'égal à eux. « D'où cela lui vient-il ? Et qu'est-ce que cette
sagesse qui lui a été donnée et ces grands miracles qui se font par ses
mains ? » (Mc 6, 2). Ici encore la question est : « D'où est-il ? » - même
si ensuite elle est résolue par le renvoi à sa parenté.
L'origine de Jésus est à la fois connue et ignorée, elle est apparemment
facile à expliquer et pourtant, elle n'est pas ici traitée de manière
exhaustive. À Césarée de Philippe, Jésus interrogera ses disciples en disant
: «Qui suis-je au dire des gens? [...] Mais pour vous, qui suis-je ? » (Mc
8, 27 sq.}. Qui est Jésus ? D'où vient-il ? Les deux questions sont
inséparables.
Le but des quatre Évangiles est de répondre à ces questions. Ils ont été
écrits justement pour leur donner une réponse. Quand Matthieu commence son
Évangile par la généalogie de Jésus, il veut dès le début mettre dans la
juste lumière la question sur l'origine de Jésus ; la généalogie se présente
comme une sorte de titre à l'Évangile tout entier.
Luc, au contraire, a placé la généalogie de Jésus au début de sa vie
publique, presque comme une présentation publique de Jésus, pour répondre
avec des accentuations différentes à la même question — anticipant ce que
l'Évangile tout entier développera par la suite. Cherchons maintenant à
mieux comprendre l'intention essentielle des deux généalogies.
Pour Matthieu, deux noms sont déterminants pour comprendre le « d'où
vient-il » de Jésus : Abraham et David.
Avec Abraham — après la dispersion de l'humanité à la suite de la
construction de la tour de Babel - commence l'histoire de la promesse.
Abraham renvoie par anticipation à ce qui doit venir. Celui-ci est pèlerin
non seulement du pays de ses origines vers la Terre promise, mais il est
pèlerin aussi dans le fait de sortir du présent pour s'acheminer vers
l'avenir. Toute sa vie renvoie en avant, elle est une dynamique de la marche
sur la route de ce qui doit arriver. Avec raison donc, la Lettre aux Hébreux
le présente comme pèlerin de la foi fondée sur la promesse : « C'est qu'il
attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le
constructeur» (11, 10). La promesse pour Abraham se rapporte tout d'abord à
son descendant, mais va au-delà : « Par lui se béniront
toutes les nations de la terre » (Gn 18, 18). Ainsi, dans toute l'histoire
qui commence avec Abraham et est dirigée vers Jésus, le regard embrasse
l'ensemble — à travers Abraham doit venir une bénédiction pour tous.
Donc, dès le début de la généalogie le regard se tourne déjà vers la
conclusion de l'Évangile, où le Ressuscité dit à ses disciples : « De toutes
les nations faites des disciples» (Mt 28, 19). Quoi qu'il en soit, dans
l'histoire particulière présentée par la généalogie, est présente depuis le
début la tension vers la totalité ; l'universalité de la mission de Jésus
est comprise dans son « d'où vient-il ».
La structure de la généalogie, et de l'histoire racontée par elle, est
cependant déterminée totalement par la figure de David, de ce roi à qui
avait été faite la promesse d'un règne éternel : « Ton trône sera affermi à
jamais » (2 S 7, 16). La généalogie que Matthieu propose est modelée sur la
base de cette promesse. Elle est structurée en trois groupes de quatorze
générations, montant d'abord d'Abraham à David, puis descendant de Salomon
jusqu'à l'exil babylonien pour ensuite monter à nouveau jusqu'à Jésus en qui
la promesse atteint son terme. Apparaît alors le roi qui demeurera à jamais
— complètement différent cependant de ce qu'on aurait voulu imaginer en
référence au modèle de David.
Cette articulation est encore plus claire si on se rappelle que les lettres
hébraïques du nom de David donnent la valeur numérique de
quatorze et ainsi,
en partant du symbolisme des nombres, David, son nom et sa promesse
caractérisent le chemin d'Abraham à Jésus. Compte tenu de cela on pourrait
dire que la généalogie avec ses trois groupes de quatorze générations
est un
véritable Evangile du Christ-Roi : toute l'histoire regarde vers Lui, dont
le trône subsistera à jamais.
La généalogie chez Matthieu est une généalogie des hommes dans laquelle
toutefois, avant Marie, avec qui la généalogie se termine, sont mentionnées
quatre femmes : Tamar, Rahab, Ruth et « la femme d'Urie ». Pourquoi ces
femmes apparaissent-elles dans la généalogie ? Selon quel critère ont-elles
été choisies ?
On a dit que ces quatre femmes auraient été des pécheresses. Ainsi, leur
mention impliquerait l'indication que Jésus aurait pris sur lui les péchés
et, avec eux, le péché du monde, et que sa mission aurait été la
justification des pécheurs. Mais cela ne peut avoir été l'aspect déterminant
du choix, surtout parce qu'il n'est pas applicable aux quatre femmes. Plus
important est le fait qu'aucune de ces femmes n'était juive. Par leur
entremise donc, le monde des païens entre dans la généalogie de Jésus - est
rendue visible sa mission envers les juifs et les païens.
Mais surtout, la généalogie finit avec une femme : Marie qui, en réalité,
est un nouveau commencement et relativise toute la généalogie. À travers
toutes les générations, cette généalogie s'était déroulée selon le schéma :
« Abraham engendra Isaac... » Mais à la fin apparaît une chose bien
différente. À propos de Jésus, il n'est plus parlé de génération, mais il
est dit : « Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit
Jésus, que l'on appelle Christ » (Mt 1, 16). Dans le récit de la naissance
de Jésus qui suit, Matthieu nous dit que Joseph n'était pas le père de Jésus
et que celui-ci entendait répudier Marie en secret à cause de l'adultère
présumé. C'est alors que lui fut dit : « Ce qui a été engendré en elle vient
de l'Esprit Saint » (Mt 1, 20). Ainsi, la dernière phrase donne une nouvelle
formulation de toute la généalogie. Marie est un nouveau commencement. Son
enfant ne vient d'aucun homme mais il est une nouvelle création, il a été
conçu par l'opération du Saint-Esprit.
La généalogie demeure importante : Joseph est juridiquement le père de
Jésus. Par son intermédiaire, il appartient selon la Loi, « légalement », à
la tribu de David. Cependant il vient d'ailleurs, « d'en haut » - de Dieu
lui-même. Le mystère du « d'où vient-il », de la double origine, nous est
proposé sur un mode très concret : son origine peut être établie et pourtant
elle est un mystère. Seul Dieu est au sens propre son « Père ». La
généalogie des hommes a son importance par rapport à l'histoire du monde. Et
malgré cela, à la fin, il y a Marie, l'humble vierge de Nazareth, celle en
qui arrive un nouveau commencement, celle en qui recommence de façon
nouvelle le fait d'être une personne humaine.
À présent, jetons encore un regard sur la généalogie présente dans
l'Évangile de Luc (cf. 3, 23-38). Certaines différences sont frappantes par
rapport à la succession des ascendants en saint Matthieu.
Nous avions déjà remarqué qu'ici la généalogie introduisait la vie publique
de Jésus, l'authentifiait, pour ainsi dire, dans sa mission publique ;
Matthieu au contraire présente la généalogie comme un début vrai et
approprié de l'Evangile, il passe de la généalogie au récit de la conception
et de la naissance de Jésus et développe la question du « d'où vient-il »
dans son double sens.
Ensuite on est frappé de ce que Matthieu et Luc ne s'accordent que sur peu
de noms seulement, ils n'ont pas même en commun le nom du père de Joseph.
Comment expliquer cela ? Abstraction faite des éléments tirés de l'Ancien
Testament, les deux auteurs ont travaillé à partir de traditions dont nous
ne sommes pas en mesure de reconstituer les sources. J'estime simplement
inutile d'avancer des hypothèses à ce sujet. Pour les deux évangélistes les
noms particuliers ne comptent pas, mais bien plutôt la structure symbolique
dans laquelle apparaît la place de Jésus dans l'histoire : son être imbriqué
sur les chemins historiques de la promesse et le nouveau commencement qui,
paradoxalement, avec la continuité de l'action historique de Dieu,
caractérise l'origine de Jésus.
Une autre différence consiste dans le fait que Luc ne monte pas, comme
Matthieu, à partir des débuts - de la racine - jusqu'au présent, au faîte de
« l'arbre », mais inversement descend de la « cime » Jésus vers les racines,
pour montrer en tout état de cause à la fin que la dernière racine ne se
trouve pas dans les profondeurs, mais au contraire « en haut » — c'est Dieu
qui est à l'origine de l'être humain : « Énos, fils de Seth, fils d'Adam,
fils de Dieu » (Lc 3, 38).
Le fait qu'avec Joseph la généalogie s'interrompt et se détache est commun à
Matthieu et à Luc : « Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans,
et il était, à ce qu'on croyait, fils de Joseph » (Le 3, 23). Juridiquement
il était fils de Joseph, nous dit Luc. Quelle que fût sa véritable origine,
il l'avait déjà exposée précédemment dans les deux premiers chapitres
de son Évangile.
Tandis que Matthieu, avec trois séries de quatorze générations, donne à sa
généalogie une structure clairement théologico-symbolique, Luc présente ses
soixante-seize noms sans aucune articulation extérieurement reconnaissable.
Toutefois, là encore on peut reconnaître une structure symbolique du temps
historique : la généalogie contient onze fois sept éléments. Peut-être Luc
connaissait-il le schéma apocalyptique qui articule l'histoire universelle
en douze périodes et, à la fin, est composé de onze fois sept générations.
De cette façon on aurait ici une allusion très discrète au fait qu'avec
Jésus est arrivée « la plénitude des temps » ; qu'avec Lui commence l'heure
décisive de l'histoire universelle : II est le nouvel Adam qui encore une
fois vient « de Dieu » - d'une façon plus radicale que le premier, il
n'existe pas seulement grâce à un souffle de Dieu, mais il est vraiment son
« Fils ». Si chez Matthieu c'est la promesse davidique qui caractérise
l'organisation symbolique du temps, Luc — remontant à Adam — entend montrer
qu'en Jésus l'humanité commence de nouveau. La généalogie est l'expression
d'une promesse qui concerne toute l'humanité.
Dans ce contexte, une autre interprétation de la généalogie selon Luc est à
signaler ; nous la trouvons chez saint Irénée. Lui lisait dans son texte non
pas soixante-seize mais soixante-douze noms. Soixante-douze (ou
soixante-dix) était le nombre — tiré de Ex 1, 5 — des peuples du monde, un
nombre qui apparaît dans la tradition lucanienne à propos des soixante-douze
(ou soixante-dix) disciples que Jésus plaça aux côtés des douze apôtres.
Irénée écrit : « Par là, Luc montre que la généalogie, qui de la conception
du Seigneur remonte jusqu'à Adam, comprend soixante-douze générations. Il
relie la fin au commencement et fait comprendre que Jésus récapitule tout en
lui à partir d'Adam, tous les peuples dispersés depuis Adam, toutes les
langues, ou mieux, l'humanité tout entière comme telle. Pour cette raison
Adam a été qualifié par Paul comme la "figure" de Celui qui devait venir »
(Adv. haer. III 22, 3).
Même si dans le texte original de Luc n'apparaît pas sur ce point le
symbolisme du nombre soixante-dix, sur lequel se fonde l'exégèse de saint
Irénée, dans ces paroles la véritable intention de la généalogie lucanienne
est cependant correctement comprise. Jésus assume en lui toute l'humanité,
toute l'histoire de l'humanité, et lui fait prendre un nouveau tournant,
décisif, vers une nouvelle façon d'être une personne humaine.
L'évangéliste Jean, qui à maintes reprises laisse transparaître la question
sur l'origine de Jésus, n'a pas mis au début de son Evangile une généalogie,
mais dans le Prologue de son Évangile il a présenté de façon explicite et
grandiose la réponse à la question à propos du « d'où vient-il ». En même
temps il a élargi la réponse à la question sur l'origine de Jésus, en en
faisant une définition de l'existence chrétienne ; à partir du « d'où vient
Jésus » il a défini l'identité des siens.
« Au commencement le Verbe était et le Verbe était avec Dieu et le Verbe
était Dieu [...]. Et le Verbe s'est fait chair et il a campé parmi nous
»
(1, 1-14). L'homme Jésus est le « campement » du Verbe, de l'éternel
Logos
divin en ce monde. La « chair » de Jésus, son existence humaine, est la «
tente » du Verbe ; l'allusion à la tente sacrée d'Israël en marche est
évidente. Jésus est, pour ainsi dire, la tente de la rencontre — il est
d'une façon très réelle ce dont la tente, et par la suite le Temple, pouvait
n'être que la préfiguration. L'origine de Jésus, son « d'où vient-il », est
le « principe » même — la cause première de laquelle tout vient ; la «
lumière » qui fait du monde un cosmos. Lui vient de Dieu. Il est Dieu. Ce «
principe » venu à nous inaugure - comme principe - une nouvelle façon d'être
homme. « Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné le pouvoir de
devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux qui ne furent
engendrés ni du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme,
mais de Dieu » (1, 12 sq.).
Une partie de la tradition manuscrite lit cette phrase non au pluriel, mais
au singulier : « celui qui ne fut engendré ni par le sang... ». De cette
façon la phrase deviendrait une référence claire à la conception et à la
naissance virginales de Jésus. L'origine divine de Jésus, dans le sens de la
tradition documentée chez Matthieu et Luc, serait encore une fois soulignée
concrètement. Mais c'est seulement une interprétation secondaire ; le texte
authentique de l'Évangile parle ici très clairement de ceux qui croient au
nom du Christ et qui pour cette raison reçoivent une nouvelle origine.
Néanmoins, le rapprochement avec la profession de la naissance de la Vierge
Marie est indéniablement présent : qui croit en Jésus entre, par la foi,
dans l'origine personnelle et nouvelle de Jésus, reçoit cette origine comme
origine propre. En eux-mêmes, tous ces croyants ont été avant tout «
engendrés par le sang et la volonté de l'homme ». Mais la foi leur confère
une nouvelle naissance : ils entrent dans l'origine de Jésus-Christ, qui
désormais devient leur origine même. En vertu du Christ, par la foi en Lui,
ils sont à présent engendrés par Dieu.
Ainsi, Jean a résumé la signification la plus profonde des généalogies et
nous a enseigné à les comprendre également comme explication de notre
origine même, de notre vraie « généalogie ». Comme les généalogies
s'interrompent à la fin, parce que Jésus n'a pas été engendré par Joseph
mais très réellement est né de la Vierge Marie par l'opération du
Saint-Esprit, de la même façon cela vaut à présent aussi pour nous : notre
vraie « généalogie » est la foi en Jésus, qui nous donne une nouvelle
origine, nous fait naître « de Dieu ».
Avant-propos - Jésus de
Nazareth Tome III ►Benoît XVI
Chapitre 1 « D'où es-tu ?
» (Jn 19, 9)
La question sur l'origine de Jésus comme question sur son être et sa mission
►Benoît XVI
Chapitre 2
L'annonce de la naissance de Jean-Baptiste et de la naissance de Jésus
La caractéristique littéraire des textes
L'annonce de la naissance de Jean
L'annonce à Marie
Conception et naissance de Jésus selon Matthieu
L'enfantement virginal : mythe ou vérité historique ?
Chapitre 3
La naissance de Jésus à Bethléem
Le cadre historique et théologique du récit de la naissance dans l'Évangile
de Luc
La naissance de Jésus
La présentation de Jésus au Temple
Chapitre 4
Les Mages d'Orient et la fuite en Egypte
Le cadre historique et géographique du récit
Qui étaient les « Mages » ?
L'étoile
Étape intermédiaire à Jérusalem
L'adoration des Mages devant Jésus
La fuite en Egypte et le retour dans la Terre d'Israël
Épilogue
Jésus âgé de douze ans dans le Temple
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netteté
Benoit XVI : méditation sur le mystère de l’origine de Jésus
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.01.2023
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