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Prochain Synode : le cardinal Sarah dicte la ligne directrice
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Le 10.04.2024 -
E.S.M.
- Lors de la prochaine session du synode
mondial des évêques, convoqué par le Pape François à
Rome pour octobre, ce seront les évêques africains qui
seront les plus résolus à faire bloc contre les
innovations prônées par certains épiscopats du Nord :
diaconat féminin, prêtres mariés, nouvelle morale
sexuelle. C'est le
cardinal Sarah qui dicte la ligne directrice.
Sandro Magister
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Cardinal Sarah -
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Au prochain Synode, ce sera l’Afrique qui fera
barrage aux novateurs. Et le cardinal Sarah dicte la ligne directrice
Le 10 avril 2024 -
E.S.M. -
(s.m.) Lors de la prochaine session du synode mondial des évêques,
convoqué par le Pape François à Rome pour octobre, ce seront les
évêques africains qui seront les plus résolus à faire bloc contre
les innovations prônées par certains épiscopats du Nord : diaconat
féminin, prêtres mariés, nouvelle morale sexuelle. Exactement comme
c’était déjà d’Afrique que provenait déjà la résistance la plus
fermes contre la bénédiction des couples de même sexe, autorisée par
la déclaration vaticane « Fiducia
supplicans » de décembre dernier.
La personne qui a préparé cette bataille rangée des évêques africains
« en défense de la foi face aux tenants du relativisme culturel », et qui
l’a même inspirée et en a dicté la ligne directrice, c’est un cardinal,
africain lui aussi, Robert Sarah, critique sévère de « Fiducia
supplicans ».
Il est en visite au Cameroun pour une douzaine de jours (photo) et hier
matin, mardi 9 avril, au siège de la Conférence épiscopale à Mvolyé, sur les
collines surplombant Yaoundé, il a prononcé le discours programmatique
engagé dont nous reproduisons ci-dessous les passages essentiels.
Depuis Rome, le cercle du Pape et en particulier le cardinal argentin
Victor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi et
premier signataire de « Fiducia
supplicans », considèrent la résistance des
évêques africains à ces innovations comme l’expression d’une arriération
culturelle de leur part, qui avait d’ailleurs déjà été tournée en dérision
de manière fort peu élégante en 2014, à l’occasion du Synode sur la famille,
par le cardinal Walter Kasper, qui était à l’époque le théologien européen
avait les bonnes grâces du pape Jorge Mario Bergoglio.
Dans les prochains jours, le cardinal Sarah se rendra en Guinée, où il
est né il y a 78 ans et où il a été curé d’un village dans la savane avant
de devenir évêque de Conakry, la capitale, et un défenseur acharné des
libertés religieuses et civiques pendant les années de plomb d’une dictature
impitoyable, allant jusqu’à risquer sa vie.
Après des études de théologie à Rome et bibliques à Jérusalem, il avait
été appelé à Rome en 2001 par le Pape Jean-Paul II en tant que secrétaire de
la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples. En 2010, il a été créé
cardinal par Benoît XVI, qui le voulait comme président du conseil
pontifical « Cor Unum » pour soutenir les populations en détresses. Le 23
novembre 2014, le Pape François le nommait préfet de la Congrégation pour le
Culte divin et la discipline des sacrements, une charge dont il fut congédié
le 20 février 2021.
Il est l’auteur de livres publiés en plusieurs langues, d’un impact
spirituel majeur, comme on peut le constater également dans la partie
conclusive du présent discours, contre « l’athéisme fluide » qui envahit la
société contemporaine et s’insinue jusque dans l’Église.
*
Les Évêques d’Afrique, les défenseurs de
l’unité de la foi
de Robert Sarah
Chers frères Évêques du Cameroun, dans votre courageuse et prophétique
déclaration du 21 décembre dernier au sujet de l’homosexualité et de la
bénédiction des « couples homosexuels », en rappelant la doctrine catholique
à ce sujet vous avez servi grandement et profondément l’unité de l’Église !
Vous avez fait œuvre de charité pastorale en rappelant la vérité. […]
Certains, en Occident, ont voulu faire croire que vous aviez agi au nom
d’un particularisme culturel africain. C’est faux et ridicule de vous
attribuer de tels propos ! Certains ont affirmé, dans une logique de
néo-colonialisme intellectuel, que les africains n’étaient pas « encore »
prêts à bénir les couples homosexuels pour des raisons culturelles. Comme si
l’Occident avait de l’avance par rapport à des africains arriérés. Non !
Vous avez parlé pour toute l’Église : « au nom de la vérité de l’Évangile et
pour la dignité humaine et le Salut de l’humanité tout entière en Jésus
Christ. » Vous avez parlé au nom de l’unique Seigneur, de l’unique foi de
l’Eglise. Depuis quand la vérité de la foi, l’enseignement de l’Evangile
serait-il soumis aux cultures particulières ? Cette vision d’une foi adaptée
aux cultures révèle à quel point le relativisme divise et corrompt l’unité
de l’Église.
Chers frères Évêques, il y a là un point de grande vigilance à garder en
vue de la prochaine session du synode. Nous savons que certains, même s’ils
disent le contraire, vont y défendre un agenda de réforme. Parmi celles-ci
il y a l’idée destructrice que la vérité de la foi devrait être reçue de
manière différenciée selon les lieux, les cultures et les peuples.
Cette idée n’est qu’un déguisement de la dictature du relativisme si
fortement dénoncée par Benoît XVI. Elle vise à permettre des manques à la
doctrine et à la morale en certains lieu sous prétexte d’adaptation
culturelle. On voudrait permettre le diaconat féminin en Allemagne, les
prêtres mariés en Belgique, la confusion entre sacerdoce ordonné et
sacerdoce baptismal en Amazonie. Certains experts théologiens nommés
récemment ne se cachent pas de leurs projets. Alors on vous dira avec une
fausse gentillesse : « Rassurez-vous, en Afrique, on ne vous imposera pas ce
genre d’innovation. Vous n’êtes culturellement pas prêts ».
Mais nous, successeurs des Apôtres, nous ne sommes pas ordonnés pour
promouvoir et défendre nos cultures, mais l’unité universelle de la foi !
Nous agissons, selon vos mots, Évêques du Cameroun, « au nom de la vérité de
l’Évangile et pour la dignité humaine et le Salut de l’humanité tout entière
en Jésus Christ ». Cette vérité est la même partout, en Europe comme en
Afrique et aux Etats-Unis ! Comme la dignité humaine est la même partout.
Il semble que par un mystérieux dessein de la providence les épiscopats
africains sont désormais les défenseurs de l’universalité de la foi face aux
tenants d’une vérité morcelée ; les africains sont les défenseurs de l’unité
de la foi face aux tenants du relativisme culturel. Pourtant Jésus a été
explicite dans le mandat donné aux apôtres : « Allez ! De toutes les nations
faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt
28,18-19). C’est bien à toutes les nations que les Apôtres sont envoyés pour
prêcher et la foi et la morale évangélique.
A la prochaine session du Synode, il est capital que les évêques
africains parlent au nom de l’unité de la foi et non pas au nom de cultures
particulières. L’Église d’Afrique a porté avec force la défense de la
dignité de l’homme et de la femme créés par Dieu au dernier synode. Sa voix
a été ignorée et méprisée par ceux qui n’ont pour unique obsession que de
complaire aux lobbys occidentaux. L’Église d’Afrique aura bientôt à défendre
la vérité du sacerdoce et l’unité de la foi. L’Église d’Afrique est la voix
des pauvres, des simples et des petits. Elle est chargée de clamer la parole
de Dieu face à des chrétiens d’Occident qui, parce qu’ils sont riches, se
croient évolués, modernes et sages de la sagesse du monde. Mais « la folie
de Dieu est plus sage que les hommes. » (1Cor 1,25).
Il n’est donc pas surprenant que les évêques d’Afrique dans leur pauvreté
soient aujourd’hui les héraults de cette vérité divine face à la puissance
et à la richesse de certains épiscopats d’Occident car « ce qu’il y a de fou
dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui
est fort ; ce qui est d’origine modeste, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu
a choisi pour réduire à rien ce qui est » (1Cor 1,28).
Mais osera-t-on les écouter lors de la prochaine session du Synode sur la
synodalité ? Ou doit-on croire que, malgré les promesses d’écoute et de
respect, il ne sera tenu aucun compte de leurs avertissements comme on le
voit aujourd’hui ? Doit-on croire que le synode sera instrumentalisé par
ceux qui sous couvert d’écoute mutuelle et de « conversation dans l’Esprit »
servent un agenda de réformes mondaines ? Chaque successeur des apôtres doit
oser prendre au sérieux les paroles de Jésus : « Que votre parole soit oui
si c’est oui, non si c’est non. Tout ce qu’on ajoute vient du Mauvais » (Mt
5,35).
Chers frères Évêques, on nous dit parfois que nous n’avons pas compris
l’esprit de Vatican II qui imposerait une nouvelle approche de l’objectivité
de la foi. Certains nous disent que Vatican II, sans changer la foi
elle-même, aurait changer le rapport à la foi. Ils disent que désormais ce
qui serait le plus important pour un évêque serait l’accueil des individus
dans leur subjectivité plutôt que l’annonce du contenu du message révélé.
Tout devrait être relations et dialogue et on devrait reléguer au second
plan la proclamation du kérygme et l’annonce de la foi comme si ces réalités
étaient contraires au bien des personnes. […]
Je crois que ce sera une tâche majeure les années à venir, et
certainement d’un prochain pontificat, d’éclaircir définitivement cette
question. A la vérité, nous connaissons déjà la réponse. Mais le Magistère
devra l’enseigner avec une solennité définitive. Il y a derrière cette
question une sorte de peur psychologique qui a gagné l’Occident : la peur
d’être en contradiction avec le monde. Comme le disait Benoît XVI : « à
notre époque, l’Église demeure un signe de contradiction » (Lc 2,34) ; ce
n’est pas sans raison que le Pape Jean-Paul II, alors qu’il était encore
Cardinal, avait donné ce titre aux Exercices spirituels prêchés en 1976 au
Pape Paul VI et à la Curie romaine. Le Concile ne pouvait avoir l’intention
d’abolir cette contradiction de l’Évangile à l’égard des dangers et des
erreurs de l’homme. En revanche, “son intention était certainement d’écarter
les contradictions erronées ou superflues, pour présenter à notre monde
l’exigence de l’Évangile dans toute sa grandeur et sa portée » (lBenoit
XVI, 22 décembre 2005).
Mais de nombreux prélats occidentaux sont tétanisés à l’idée de s’opposer
au monde. Ils rêvent d’être aimés par le monde. Ils ont perdu le souci
d’être un signe de contradiction. Peut-être une trop grande richesse
matérielle entraine-t-elle une compromission avec les affaires du monde. La
pauvreté est un gage de liberté pour Dieu. Je crois que l’Eglise de notre
temps vit la tentation de l’athéisme. Non pas de l’athéisme intellectuel.
Mais cet état d’esprit subtil et dangereux : l’athéisme fluide et pratique.
Ce dernier est une maladie dangereuse même si ses premiers symptômes
semblent bénins. […]
Nous devons en prendre conscience : cet athéisme fluide coule dans les
veines de la culture contemporaine. Il ne dit jamais son nom mais s’infiltre
partout même dans les discours ecclésiastiques. Son premier effet est une
forme de léthargie de la foi. Il anesthésie notre capacité à réagir, à
reconnaître l’erreur, le danger. Il s’est répandu dans l’Église. […]
Qu’avons-nous à faire ? On vous dira peut-être que le monde est ainsi
fait. On ne peut y échapper. On vous dira peut-être que l’Église doit
s’adapter ou mourir. On vous dira peut-être que du moment que l’essentiel
est sauf, il faut être souple sur les détails. On vous dira peut-être que la
vérité est théorique mais que les cas particuliers lui échappent. Autant de
maximes qui confirment la grave maladie qui nous ronge tous !
Je voudrais plutôt vous inviter à raisonner autrement.
On ne compose pas
avec le mensonge ! Le propre de l’athéisme fluide est la promesse d’un
accommodement entre la vérité et le mensonge. C’est la tentation majeure de
notre temps ! Tous nous sommes coupables d’accommodements, de complicité
avec ce mensonge majeur qu’est l’athéisme fluide ! Nous faisons semblant
d’être des croyants chrétiens et des hommes de foi, nous célébrons des rites
religieux, mais de fait nous vivons en païens et en incroyants. Ne vous y
trompez pas, on ne se bat pas avec cet ennemi-là. Il finit toujours par vous
emporter. L’athéisme fluide est insaisissable et gluant. Si vous l’attaquez,
il vous engluera dans ses compromissions subtiles. Il est comme une toile
d’araignée, plus on se débat contre elle, et plus elle se resserre sur vous.
L’athéisme fluide est le piège ultime du Tentateur, de Satan.
Il vous attire sur son propre terrain. Si vous l’y suivez, vous serez
amenés à utiliser ses armes : le mensonge, la dissimulation et le compromis.
Il fomente autour de lui la confusion, la division, le ressentiment,
l’aigreur et l’esprit de parti. Regardez donc l’état de l’Église ! Partout
il n’y a que dissension et soupçon. L’athéisme fluide vit et se nourrit de
toutes nos petites faiblesses, de toutes nos capitulations et compromissions
avec son mensonge. […]
De tout mon cœur de pasteur, je veux vous inviter aujourd’hui à prendre
cette résolution. Nous n’avons pas à créer des partis dans l’Église. Nous
n’avons pas à nous proclamer les sauveurs de telle ou telle institution.
Tout cela contribuerait au jeu de l’adversaire. Mais chacun de nous peut
aujourd’hui décider : le mensonge de l’athéisme ne passera plus par moi. Je
ne veux plus renoncer à la lumière de la foi, je ne veux plus, par
commodité, par paresse ou conformisme faire cohabiter en moi la lumière et
les ténèbres. C’est une décision très simple, à la fois intérieure et
concrète. Elle changera notre vie. Il ne s’agit pas de partir en guerre. Il
ne s’agit pas de dénoncer des ennemis. Quand on ne peut changer le monde, on
peut se changer soi-même. Si chacun, humblement le décidait, alors le
système du mensonge s’écroulerait de lui-même, car sa seule force est la
place que nous lui faisons en nous. […]
Chers frères Évêques, en nous offrant la foi Dieu ouvre sa main pour que
nous y posions la nôtre et que nous nous laissions conduire par lui. De quoi
aurions-nous peur ? L’essentiel est de garder fermement notre main dans la
sienne ! Notre foi est ce lien profond avec Dieu lui-même. Je sais en qui
j’ai cru, dit Saint Paul (2Tm 1,12). C’est en Lui que nous avons mis notre
foi. Face à l’athéisme fluide, la foi acquiert une importance essentielle.
Elle est en même temps le trésor que nous voulons défendre, et la force qui
nous permet de nous défendre.
Garder l’esprit de foi, c’est renoncer à toute compromission, c’est
refuser de voir les choses autrement que par la foi. C’est garder notre main
dans la main de Dieu. Je crois profondément que c’est la seule source
possible de paix et de douceur. Garder notre main dans celle de Dieu est le
gage d’une vraie bienveillance sans complicité, d’une vraie douceur sans
lâcheté, d’une vraie force sans violence.
Je veux souligner aussi combien la foi est source de joie. Comment ne pas
être en joie quand nous sommes remis à Celui qui est la source de la joie.
Une attitude de foi est exigeante, mais elle n’est pas rigide et tendue.
Soyons heureux puisque nous lui donnons la main. La foi engendre tout
ensemble la force et la joie. « Le Seigneur est mon rempart, qui
craindrai-je ? » (Ps 27,1). L’Église se meure, infestée par l’aigreur et
l’esprit de parti. Seul l’esprit de foi peut fonder une authentique
bienveillance fraternelle. Le monde se meure, rongé par le mensonge et la
rivalité, seul l’esprit de foi peut lui apporter la paix.
Sandro Magister est vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.04.2024
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