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De François ou de Mgr Gänswein, qui faut-il croire ?
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Le 04 avril 2024 -
E.S.M.
- Dans son livre, le pape revient sur ses
relations avec son prédécesseur, contre le secrétaire de
Ratzinger, Mgr Gänswein, qui avait nié la "légende" de l'harmonie entre les deux papes. Il s'exprime aussi sur
le conclave de 2005, mais les témoignages ne concordent pas.
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Mgr Georg Gänswein et Bergoglio -
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De François ou de Mgr Gänswein, qui faut-il croire ? (Ndlr : notre opinion
est déjà faite !)
De
Nico Spuntoni
sur la Nuova Bussola Quotidiana sur
belgicatho
Le 04 avril 2024 -
E.S.M. -
Dans son livre, le pape revient sur ses relations avec son
prédécesseur, contre le secrétaire de Ratzinger qui avait nié la
"légende" de l'harmonie entre les deux papes. Il s'exprime aussi sur
le conclave de 2005, mais les témoignages ne concordent pas.
La revanche de François sur Gänswein est pleine d'inexactitudes
Tout en appelant à la paix pour le monde, François ouvre de nouveaux
fronts de guerre dans l'Église. Il l'a fait avec des déclarations
accordées au journaliste espagnol Javier Martinez-Brocal dans le
livre-interview 'El sucesor'. Dans les avant-premières diffusées ces
heures-ci, le pape s'est exprimé sur la relation avec Benoît XVI
sans épargner les critiques sévères à l'égard de Monseigneur Georg
Gänswein.
On
peut reprocher au fidèle secrétaire privé de Ratzinger d'avoir réfuté une
fois pour toutes dans son livre 'Rien que la vérité' le récit d'une
cohabitation harmonieuse entre le pontife régnant et son prédécesseur retiré
au monastère Mater Ecclesiae. Commentant le contenu du livre écrit à quatre
mains par Gänswein avec le journaliste Saverio Gaeta, Bergoglio a d'une part
affiché sa supériorité en affirmant que "bien sûr, cela ne m'affecte pas,
dans le sens où cela ne me conditionne pas", tandis que d'autre part il a
exprimé toute sa colère parce que ce livre "le mettrait sens dessus dessous,
en racontant des choses qui ne sont pas vraies".
'Rien que la vérité' a dévoilé le contexte dans lequel Mgr Gänswein a été
limogé en 2020 de son poste de préfet de la Maison pontificale, prétendument
pour ne pas avoir empêché Benoît XVI de publier un texte de défense du
sacerdoce dans le désormais célèbre 'From the Depths of Our Heart' (Cantagalli
publisher) écrit par le cardinal Robert Sarah peu après le Synode sur
l'Amazonie. Mgr Gänswein a raconté que le pape n'avait pas écouté la demande
de son prédécesseur de le réintégrer en tant que préfet de la Maison
pontificale. Les faits confirment que Gänswein, après l'éclatement de
l'affaire Sarah, n'est plus revenu aux côtés du pape régnant lors des
audiences publiques, tout en conservant formellement son poste.
Toujours à l'encontre de l'archevêque allemand, François a déclaré à
Martinez-Brocal qu'il avait "vécu comme un manque de noblesse et d'humanité"
la diffusion en avant-première de Rien que la vérité le jour des
funérailles.
Au-delà de la critique elle-même, il ne faut pas cacher la stupéfaction de
ceux qui n'oublient pas l'attitude de François pendant les jours
d'exposition et d'enterrement de son prédécesseur. Il ne s'est pas rendu à
la basilique Saint-Pierre pour prier devant le corps, il s'est entêté à
confirmer l'audience générale du mercredi dans la salle Paul VI malgré les
conseils des cardinaux et des collaborateurs qui ont à peine réussi à le
convaincre de reporter les funérailles de quelques jours pour permettre aux
cardinaux du monde entier d'arriver à Rome à temps. Tout le monde se
souvient alors de l'homélie courte et dépersonnalisée ainsi que de la
précipitation du Pape lors des funérailles.
Au-delà du jugement sur les questions doctrinales et pastorales du
pontificat en cours, c'est à ce moment-là qu'est apparue cette composante du
caractère qui a souvent conduit François à prendre des décisions amèrement
incompréhensibles au cours de ces onze années. L'expulsion de Mgr Gänswein
du Vatican un mois plus tard, sans autre affectation, a clos le tableau.
Depuis quelque temps, au mépris de l'évidence et parfois du ridicule,
certains ont dû conseiller au pape de présenter un récit très différent de
sa relation avec Ratzinger, en distinguant ce dernier des "ratzingeriens"
qui l'auraient utilisé contre lui. Même Mgr Gänswein, l'homme qui a été à
ses côtés jusqu'à la fin et qui a été son exécuteur testamentaire, s'est
retrouvé dans ce cercle. Dans le livre d'entretiens 'El sucesor', cette
volonté de présenter une relation probablement différente de la réalité est
peut-être à l'origine des quelques contradictions de l'interviewé. François
n'a pas hésité à rendre public son récit du conclave de 2005.<
L'image d'un pape qui entreprend de révéler les détails des deux derniers
conclaves - d'ailleurs l'un de ses sujets de prédilection auprès des
journalistes et des biographes - en vertu de sa qualité de 'legibus solutus'
(affranchi des lois) n'est en soi guère rassurante. Pire encore si
ces prétendues révélations entrent en conflit avec des informations
existantes et des déclarations faites antérieurement par lui-même.
Bergoglio a affirmé qu'il avait été "utilisé" par les cardinaux qui
voulaient bloquer l'élection du favori Ratzinger après la mort de Jean-Paul
II, et qu'il avait favorisé ce dernier en se retirant après avoir recueilli
40 préférences. Grâce au récit détaillé du conclave d'il y a 19 ans publié
dans 'Limes' par le vaticaniste Lucio Brunelli - un admirateur de Bergoglio
et l'un des rares à avoir prédit son élection en 2013 - nous savons que le
cardinal argentin de l'époque a effectivement recueilli 40 voix lors du
troisième tour de scrutin. Le pape a dit à Martinez-Brocal que "s'ils
avaient continué à voter pour moi, [Ratzinger] n'aurait pas pu atteindre les
deux tiers nécessaires pour être élu pape". À ce moment-là, selon sa
version, l'Argentin aurait dit au cardinal Darío Castrillón Hoyos : "Ne
plaisantez pas avec ma candidature, parce que maintenant je dis que je
n'accepterai pas, hein ? Laissez-moi ici". Et c'est là que Benoît a été
élu". Ainsi, selon le souverain pontife, son retrait aurait été décisif pour
débloquer la situation et permettre l'élection de Ratzinger.
Mais cette version soulève plus d'un doute. En effet, selon le journal du
cardinal anonyme publié par Brunelli, il semblerait qu'au quatrième tour de
scrutin les voix pour Bergoglio ne soient pas tombées à zéro, comme un
retrait " annoncé " du candidat aurait pu le laisser penser, mais qu'elles
soient tombées à 26 préférences, les restantes allant au favori allemand qui
est ainsi devenu pape. Qu'autour de Bergoglio il y ait eu une réelle
candidature dès 2005 et que sa défaite n'ait pas été l'effet d'un retrait
volontaire semble être attesté par le commentaire amer du cardinal belge,
son soutien, Godfried Danneels au quotidien flamand De Morgen auquel il a
déclaré que le conclave avait "montré que ce n'était pas encore le moment
d'avoir un pape latino-américain". De plus, il semble très improbable que le
cardinal Castrillón Hoyos, l'un des membres les plus conservateurs de tout
le collège et ensuite bras droit de Benoît XVI dans le dialogue avec la
Fraternité Saint-Pie X, puisse être considéré comme un porte-drapeau de la
faction anti-Ratzinger.
Une
autre inexactitude est celle concernant les "deux tiers des voix nécessaires
pour être élu" que l'Allemand n'aurait pas obtenus si Bergoglio ne s'était
pas retiré. En effet, la constitution apostolique 'Universi Dominici Gregis'
en vigueur depuis 1996 avait supprimé le quorum de la majorité des deux
tiers (rétabli par Benoît en 2007) : ainsi, si les anti-Ratzingue avaient
résisté, il aurait suffi à ses partisans d'aller jusqu'au 34e tour de
scrutin pour l'emporter à la majorité absolue. Le pape a 87 ans et près de
vingt ans se sont écoulés depuis ce conclave, la mémoire lui a peut-être
joué un tour.
Une
autre anticipation du livre 'El sucesor' destinée à faire débat est celle
concernant la défense que Benoît XVI, aujourd'hui émérite, aurait faite de
son successeur auprès de certains cardinaux qui s'étaient plaints auprès de
lui des déclarations bergogliennes sur les unions civiles. Voici les paroles
du pape : "J'ai eu une conversation très agréable avec lui lorsque certains
cardinaux sont allés le rencontrer, surpris par mes paroles sur le mariage,
et il a été très clair avec eux, il les a aidés à faire la part des choses
(...) il m'a donc défendu". L'allusion est probablement faite à la
controverse déclenchée par un extrait d'interview diffusé dans un
documentaire du réalisateur Evgeny Afineevsky dans lequel le souverain
pontife s'ouvrait à une loi sur les unions civiles. Le fait que Benoît, âgé
et désormais émérite, soit d'accord avec son successeur et que les cardinaux
qui lui rendent visite se plaignent auprès de lui semble presque un topo que
François a déjà utilisé, par exemple lors du vol de retour d'Arménie, en
répondant à une question de la journaliste Elisabetta Piqué. Le voyage
apostolique, cependant, remonte à 2016, soit 4 ans avant le blizzard sur les
mots du documentaire. Le pape émérite a-t-il expulsé plus d'une fois les
cardinaux "critiques" de la Mater Ecclesiae afin de défendre son successeur,
ou est-ce plutôt un artifice narratif (...). Comment le souverain pontife
connaît-il le contenu de ces prétendues conversations de Benoît XVI avec
certains cardinaux ? Le fait d'évoquer une conversation "très agréable"
qu'il aurait eue avec lui à l'époque de ce prétendu épisode semble faire
allusion au fait que c'est Benoît XVI lui-même qui le lui aurait dit.
Difficile à imaginer puisque, pour autant que l'on sache, Ratzinger n'a
cessé, lors de son passage au monastère Mater Ecclesiae, de rencontrer et
d'écouter les cardinaux les plus mal à l'aise avec l'actuel pontificat. En
tout cas, en ce qui concerne les lois sur les unions civiles, plus d'un
épisode a rapporté de relato, plus d'un an après la mort de la personne
concernée, ce que Joseph Ratzinger a écrit en 2003 dans un document officiel
de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - les Considérations sur les
projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles -
où il est dit que "l'on doit s'abstenir de tout type de coopération formelle
à la promulgation ou à l'application de lois si gravement injustes ainsi
que, dans la mesure du possible, de toute coopération matérielle sur le plan
de l'application".
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Sources
: belgicatho
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.04.2024
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