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L’Italie ne fait plus exception. Ce sont les vieux qui vont à la
messe, et bientôt même plus eux
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Le 25.03.2024 -
E.S.M.
- « Sine dominico non possumus », sans la messe du dimanche nous ne
pouvons pas vivre, disaient les martyrs d’Abitène arrêtés en 305
pour avoir défié l’interdit impérial de célébrer l’eucharistie.
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L’Italie ne fait plus exception. Ce sont les vieux qui vont à la messe, et
bientôt même plus eux
Le 25 mars 2024 -
E.S.M. -
« Sine dominico non possumus », sans la messe du dimanche nous ne
pouvons pas vivre, disaient les martyrs d’Abitène arrêtés en 305
pour avoir défié l’interdit impérial de célébrer l’eucharistie.
Les chrétiens ne formaient alors qu’une petite minorité des citoyens de
l’empire. Et ils le sont encore aujourd’hui, dans un Occident toujours plus
sécularisé. Mais tandis qu’à l’époque ils étaient en pleine croissance,
c’est aujourd’hui tout le contraire, leur nombre se réduit sans cesse
davantage.
Il se réduit également en Italie, qui est l’un des pays les plus étudié
par les spécialistes du fait de son lien très spécial avec le pape, et l’on
considérait encore au début de ce siècle l’Italie comme une « exception » à
contre-courant de la tendance générale à la désaffection pour la foi
chrétienne.
Et c’est précisément cette chute de la participation des italiens à la
messe dominicale qui vient de faire l’objet d’une étude réalisée par le
professeur Luca Diotallevi, de l’Université de Rome Trois, dans son dernier
livre «
La messa è sbiadita. La partecipazione ai riti religiosi in Italia dal 1993
al 2019 », paru aux éditions Rubbettino. Le professeur Diotallevi,
disciple du grand
Niklas
Luhmann, est l’un des sociologues de la religion les plus éminents et
originaux.
La messe dominicale est l’indicateur sociologique le plus naturel de la
participation à la vie de l’Église. Et même en Italie, il n’y a pas d’ «
exception » qui tienne. La présence à la messe est en chute libre sur
l’ensemble de la période étudiée par le professeur Diotallevi, qui s’est
basé sur les chiffres annuels de l’ISTAT, l’institut national de statistique
: entre 1993 et 2019, avec une accélération du déclin à partir de 2005 et
une baisse supplémentaire en 2020 et en 2021.
En chiffres, on passe de 37,3% de la population qui assistait à la messe
du dimanche en 1993 à 23,7% en 2019, avec une chute d’un tiers et
l’avertissement que les participations déclarées à la messe sont plus
nombreuses que les participations réelles.
En croisant ces données générales avec le sexe et l’âge, le déclin
apparaît encore plus marqué.
Les femmes, qui ont toujours été plus nombreuses que les hommes à
assister à la messe du dimanche, sont en train de la déserter à un rythme
encore plus rapide, à tel point que dans les tranches d’âge les plus jeunes
et au début de l’âge adulte, il n’y a désormais plus de différence numérique
entre les deux sexes.
Quant à l’âge de ceux qui assistent à la messe, c’étaient autrefois les
tranches d’âge correspondant à l’enfance et à l’adolescence qui étaient le
plus représentées, avec une baisse au début de l’âge adulte et un retour à
l’église à un âge plus avancé.
Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le déclin initial survient
toujours plus tôt et plus rapidement, aussi bien pour les hommes que pour
les femmes, et le pic négatif qui suit se fait plus précoce, plus profond et
surtout plus durable, étant donné que la reprise de la pratique à la messe
est désormais ténue, si pas inexistante, chez ceux qui sont nés après 1950.
Avec comme résultat que si aujourd’hui ce sont les personnes âgées, et
surtout les femmes, qui ont encore une présence significative et visible à
la messe dominicale, dans un futur proche ce ne sera plus le cas. Une fois
que cette génération de personnes âgées sera partie, celles qui la
remplacera sera bien moins nombreuse. À tel point que le professeur
Diotallevi prévoit que très bientôt, en Italie, la présence à la messe du
dimanche « se réduira à une valeur approchant les 10% de la population, ce
qui dans de nombreuses régions du pays correspond à une valeur effective à
un seul chiffre ».
Et ce n’est pas tout, parce que la chute numérique de la participation à
la messe dominicale s’accompagne également d’une mutation des rites proposés
aux fidèles. Diotallevi les appelle « performance-centered rituals » et
écrit que « pour les liturgiques catholiques, ce phénomène a pu être
accéléré par la mise en scène des liturgies vaticanes auquel on a assisté au
cours des trois derniers pontificats, par la dérégulation importante de pans
de plus en plus vastes de l’offre liturgique, comme également par de
nombreuses solutions adoptées par le clergé pendant le confinement décrété
pour lutter contre la pandémie de Covid ».
Tout cela s’inscrit, selon le professeur Diotallevi, dans une évolution
du catholicisme italien vers « une forme de religion à basse intensité »,
dépourvue d’impact extra-religieux dans le domaine politique, économique,
scientifique, académique, à l’exception de l’engagement dans l’une ou
l’autre activité caritative de volontariat par certains pratiquants actuels
de la messe du dimanche.
Tout cela sur fond de « relâchement des liens communautaires de type
ecclésial, au profit d’une dérive congrégationaliste et d’une
‘democratization of religion’ ».
En particulier, Diotallevi soutient qu’en Italie, le récent abandon de la
structure territoriale des paroisses au profit d’une multiplication des
propositions religieuses d’un autre genre, par exemple les mouvements
ecclésiaux souvent en compétition entre eux, dans une sorte de
multiplication des « catholicismes », n’a pas été un remède mais bien l’une
des causes du déclin de la participation à la messe.
Dans le livre du professeur Diotallevi, ces considérations critiques sont
résumées en quelques lignes. Et pourtant, elles sont d’un grand intérêt et
méritent d’être approfondies si l’on veut analyser ce « cas italien d’une
grande valeur scientifique ».
Sandro Magister est vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.03.2024
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