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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : La loi de la surabondance

Le 07 avril 2023 - E.S.M. -  Seul l'homme qui accepte de recevoir gratuitement, peut se trouver lui-même. Ainsi l'examen attentif de la « justice » de l'homme nous renvoie à la justice de Dieu, dont la surabondance s'appelle Jésus-Christ. Jésus-Christ est la justice de Dieu, qui va bien au-delà de ce qui est requis, qui ne calcule pas, qui est vraiment débordante ; il est le « malgré tout » de l'amour plus grand de Dieu, par lequel Celui-ci surmonte infiniment la défaillance de l'homme.

 il a été dit aux Anciens... mais Moi je vous dis - Pour agrandir l'image ► Cliquer   

Benoît XVI : La loi de la surabondance

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4) La loi de la surabondance

*  Dans les énoncés éthiques du Nouveau Testament,
existe une tension qui paraît insurmontable : entre grâce et ethos, entre pardon total et exigence totale, entre le fait que l'homme reçoit avec une entière gratuité, étant incapable de rien faire lui-même, et le fait qu'il doit se donner entièrement, jusqu'à cette exigence inouïe : « Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait » (Mt 5, 48). Si l'on cherche cependant, dans cette opposition troublante des deux pôles, un point de liaison, on retrouvera sans cesse dans la théologie paulinienne et dans les Synoptiques, le mot de «.surabondance » (περίσσεμα) dans lequel le thème de la grâce et celui de l'exigence se rejoignent et se confondent.

*** Pour arriver à nous faire une idée du principe invoqué, prenons dans le Sermon sur la Montagne, ce passage central qui est comme le titre et la présentation condensée des six grandes antithèses (« il a été dit aux Anciens... mais Moi je vous dis... ») où Jésus propose une nouvelle rédaction de la deuxième des tables de la Loi. Voici le texte : « Car je vous le dis, si dans votre justice il n'y a pas plus de surabondance que dans celle des scribes et des pharisiens vous n'entrerez certainement pas dans le royaume des cieux » (Mt 5,20). Cela veut dire tout d'abord que toute justice humaine est prouvée insuffisante. Qui pourrait en effet honnêtement se vanter de s'être pénétré réellement et sans réticence, jusque dans les profondeurs de son âme, du sens de chacune des différentes obligations ? qui pourrait se vanter de les avoir accomplies parfaitement, du fond du cœur, à plus forte raison de les avoir accomplies avec surabondance ? Il est vrai qu'il existe dans l'Église un « état de perfection », où l'on s'engage à aller au-delà de ce qui est commandé, où l'on s'oblige à la surabondance. Mais ceux qui appartiennent à cet état seront les derniers à nier qu'ils n'en sont toujours encore qu'au commencement, et qu'ils sont pleins d'imperfections. « L'état de perfection » est en réalité la plus dramatique manifestation de l'imperfection permanente de l'homme.

**  Celui qui trouve cette indication générale insuffisante, n'aura qu'à lire les versets suivants du Sermon sur la Montagne (5, 21-48), pour se voir acculé à un examen de conscience accablant. Ces versets révèlent ce que représentent, si on les prend pleinement au sérieux, les prescriptions apparemment simples de la deuxième table du Décalogue. Trois d'entre elles sont expliquées ici : « Tu ne tueras pas. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne parjureras pas. » A première vue, il ne semble pas bien difficile de se sentir en règle sous ce rapport. Après tout, on n'a tué personne ; on n'a pas commis d'adultère ; on n'a pas de parjure sur la conscience. Mais lorsque Jésus fait voir toute la profondeur de ces exigences, il apparaît à quel point l'homme agit dans ce sens par ses colères, ses haines, ses refus de pardonner, ses jalousies et ses convoitises. Il apparaît combien l'homme, dans sa prétendue justice, est de connivence avec les injustices de ce monde. Quand on médite sérieusement les paroles du Sermon sur la Montagne, on fait la même expérience que l'homme qui passe de la vision apologétique de son parti à la réalité. Le net partage entre blanc et noir, d'après lequel on est habitué à classer les hommes, tourne à la grisaille d'une pénombre générale. Il devient clair qu'il n'y a pas de séparation «blanc-noir» entre les hommes et que tous, malgré des gradations et nuances multiples, se retrouvent d'une certaine manière dans la pénombre. Pour employer une autre image, on pourrait dire : si dans le domaine «.macroscopique.»
[ndlr : Qui se voit à l'œil nu]  les différences morales des hommes sont nettement tranchées, on obtient une image beaucoup plus nuancée, quand on les soumet à un examen «.microphysique » [ndlr : Physique s'occupant des phénomènes microscopiques] et « micromoral » [ndlr :Définissons la micro moralité comme les règles éthiques qui s'appliquent aux individus] ; les différences commencent alors à devenir très problématiques ; de toute façon, il ne saurait plus être question d'une justice surabondante.

*** Si donc cela dépendait de l'homme, personne ne pourrait entrer dans le royaume des cieux, c'est-à-dire dans la sphère de la justice pleine et parfaite. Le royaume des cieux demeurerait pure utopie. En fait, il reste nécessairement pure utopie tant que cela dépend uniquement de la bonne volonté de l'homme. Bien souvent on nous dit : il suffirait d'un peu de bonne volonté pour que tout aille au mieux dans le monde. C'est vrai, un brin de bonne volonté suffirait ; mais hélas ! c'est là le côté tragique de l'humanité, les forces lui manquent justement pour cela. Faut-il alors donner raison à Camus, lorsqu'il prend pour symbole de l'humanité Sisyphe, essayant toujours à nouveau de rouler sa pierre jusqu'au haut de la montagne, pour la voir redescendre aussitôt ? La Bible, en ce qui concerne les possibilités de l'homme, est aussi réaliste que Camus mais elle dépasse son scepticisme. Pour elle, la limite de la justice de l'homme, et d'une façon générale de ses capacités, devient l'expression de sa dépendance par rapport au don gratuit et imprévisible de l'amour qui s'ouvre à lui, qui l'ouvre lui-même, et sans lequel, en dépit de toute sa justice, il resterait renfermé et injuste. Seul l'homme qui accepte de recevoir gratuitement, peut se trouver lui-même. Ainsi l'examen attentif de la « justice » de l'homme nous renvoie à la justice de Dieu, dont la surabondance s'appelle Jésus-Christ. Jésus-Christ est la justice de Dieu, qui va bien au-delà de ce qui est requis, qui ne calcule pas, qui est vraiment débordante ; il est le « malgré tout » de l'amour plus grand de Dieu, par lequel Celui-ci surmonte infiniment la défaillance de l'homme.

**  On se tromperait pourtant du tout au tout, si l'on voulait conclure de là à une dévaluation de l'homme et dire : dans ce cas, tout se vaut en fin de compte, toute recherche de justice et de perfection est vaine devant Dieu. Il n'en est rien, car malgré tout, et au regard justement de ce qui vient d'être dit, l'exigence de surabondance demeure, même si l'homme est incapable de réaliser la justice intégrale. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? N'y a-t-il pas là contradiction ? Cela veut dire, en un mot, que celui-là n'est pas encore chrétien qui calcule sans cesse pour faire le juste nécessaire et pouvoir, à l'aide de quelques astuces casuistiques, se considérer comme un homme au vêtement blanc. Et celui-là aussi qui calcule où s'arrête le devoir et où l'on peut, par un opus supererogatorium, par une œuvre surérogatoire
[ndlr : Qui est fait en plus, supplémentaire], acquérir un excédent de mérites, est un pharisien, non un chrétien. Être chrétien ne consiste pas à s'acquitter de certaines obligations, et peut-être, pour quelqu'un qui est spécialement parfait, à dépasser même la limite du devoir à assurer. Un chrétien, c'est un homme qui sait que de toute façon il vivra toujours d'abord du don gratuit, un homme dont toute la justice consiste à donner à son tour, comme le mendiant qui, reconnaissant du don reçu, le partage lui-même généreusement avec les autres. Celui qui n'est que juste, qui calcule et prévoit, qui croit pouvoir se procurer le vêtement blanc par ses propres forces, être lui-même l'artisan de sa perfection, est en fait « injuste ». La justice humaine ne peut se réaliser que dans le renoncement aux prétentions propres et dans la magnanimité à l'égard de l'homme et de Dieu. C'est la justice du : « Pardonne-nous, comme nous pardonnons aussi », une demande qui s'avère être la véritable formule pour la conception chrétienne de la justice humaine. Pour le chrétien, la justice humaine consiste à pardonner à son tour, parce que soi-même l'on vit essentiellement du pardon reçu 42.
*    Mais le thème de la surabondance dans le Nouveau Testament nous indique encore une autre piste, qui achève de nous en révéler le sens. On retrouve le mot dans le contexte du miracle de la multiplication des pains, où il est question d'une « surabondance » de sept corbeilles (Mc 8, 8). Cette évocation de l'idée et de la réalité de la « surabondance », du plus-que-nécessaire, appartient au cœur même du récit de la multiplication des pains. Celui-ci nous fait penser d'ailleurs immédiatement à un miracle similaire que Jean nous a rapporté : le changement de l'eau en vin aux
noces de Cana (Jn 2, 1-11). Si le mot même de « surabondance » n'y apparaît pas, la réalité s'y trouve d'autant plus clairement : la quantité du vin obtenu atteint, selon l'indication de l'Évangile, le chiffre bien extraordinaire pour une fête privée, de 480/700 litres ! Or les deux récits ont rapport, dans l'intention des évangélistes, à la forme centrale du culte chrétien, à l'eucharistie. Ils présentent celle-ci comme la surabondance divine, qui dépasse infiniment tout ce qui serait stricte exigence et demande justifiée.

*   Mais par ce rapport à l'eucharistie, les deux récits concernent le Christ lui-même et renvoient finalement à lui : le Christ est l'infinie prodigalité de Dieu. Et tous deux renvoient, comme nous l'avons vu aussi pour le principe du « pour », à une loi fondamentale de la création, où la vie gaspille des millions de germes, pour assurer l'existence d'un être vivant, où tout un univers est gaspillé pour y préparer quelque part une place à l'esprit, à l'homme. La surabondance est la marque de Dieu dans sa création ; car « Dieu ne mesure pas ses dons », selon l'expression des Pères. Mais la surabondance est également le véritable principe et la forme de l'histoire du salut ; celle-ci n'est finalement rien d'autre que le fait vraiment stupéfiant, d'un Dieu qui dans son incompréhensible prodigalité, non seulement dépense un univers, mais se prodigue lui-même, pour conduire au salut ce grain de poussière qu'est l'homme. La surabondance est donc - répétons-le - la véritable définition de l'histoire du salut. Celui qui ne fait que calculer, trouvera éternellement absurde que pour l'intérêt de l'homme, Dieu lui-même soit mis à contribution. Seul celui qui aime peut comprendre la folie d'un amour pour lequel la prodigalité est la loi, et la surabondance le seul suffisant. Mais alors, s'il est vrai que l'univers vit de la surabondance, que l'homme est l'être pour qui le surplus est le nécessaire, comment s'étonner que la révélation soit le surplus et par là même le nécessaire, le divin, l'amour dans lequel s'accomplit le sens de l'univers ?

Note :
42. C'est en partant de là surtout qu'il faudrait Étudier le thème de la loi et de l'évangile ; cf. O. SÖHNOEN, Gesetz und Evangelium, Freiburg, 1957, pp. 12-22.

TABLE DES CHAPITRES :

1) L'individu et le tout
2) Le principe « pour »
3) La loi de l'incognito
4) La loi de la surabondance

5) Accomplissement et espérance
6)
Le primat de l'accueil et la positivité chrétienne
7)
Résumé : l'essence du christianisme

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 01.04.2023

 

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