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Benoît XVI : Structures de la réalité chrétienne
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Le 04 avril 2023 -
E.S.M.
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Benoît XVI nous rappelait que la théologie manque à son devoir
lorsqu'elle se contente de s'enfermer en elle-même et dans sa propre
érudition ; mais elle y manque encore bien plus, lorsqu'elle invente
« des doctrines au gré de ses passions » (2 Tm 4, 3) et offre des
pierres au lieu de pain : ses propres discours au lieu de la parole
de Dieu.
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Jésus-Christ au centre de la vie
chrétienne -
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Benoît XVI : Structures de la réalité chrétienne
1) L'individu et le tout
Avant de voir en détail les différents énoncés
christologiques du Symbole, qui suivent dans le texte la confession de foi
fondamentale en Jésus reconnu pour le Christ, il sera bon, estime
Benoît XVI,
de nous arrêter
encore un instant. En traitant les questions particulières, on perd trop
facilement la vue de l'ensemble. Or aujourd'hui précisément, où l'on
s'efforce d'entrer en dialogue avec les incroyants, nous sentons combien
cette vue d'ensemble nous serait nécessaire. Parfois on a l'impression, en
voyant la situation de la théologie moderne, qu'elle est heureuse de ses
progrès œcuméniques - certes très louables - et qu'elle est bien aise de
pouvoir enlever de vieilles bornes (pour les replacer, il est vrai, bien
souvent à d'autres endroits) au point qu'elle ne remarque plus suffisamment
les problèmes immédiats de l'homme d'aujourd'hui,
qui n'ont souvent que très peu de rapports avec les traditionnels points de
discussion entre les Confessions. Qui est capable d'expliquer brièvement à
un interlocuteur, de façon compréhensible, ce que veut dire véritablement
être « chrétien » ?
Qui peut expliquer clairement à l'autre pourquoi il
croit, et lui indiquer quelle est l'orientation élémentaire, le cœur de la
décision de foi ?
* Mais là où, ces derniers temps, on
commence tout de même à aborder largement ces questions, on en arrive bien
souvent à dissoudre la réalité chrétienne dans des généralités agréables,
qui certes flattent les oreilles de nos contemporains (comp. 2 Tm
4, 3) mais les privent de la nourriture
substantielle à laquelle ils ont droit. La
théologie manque à son devoir lorsqu'elle se contente de s'enfermer en
elle-même et dans sa propre érudition ; mais elle y manque encore bien plus,
lorsqu'elle invente « des doctrines au gré
de ses passions » (2 Tm 4, 3)
et offre des pierres au lieu de pain : ses
propres discours au lieu de la parole de Dieu.
La tâche qui s'offre à
elle — entre Charybde et Scylla [ndlr :
qui signifie « aller de mal en pis »] -
est donc immense. Essayons, malgré cela ou plutôt à cause de cela, de
réfléchir dans ce sens et de résumer la structure fondamentale de la réalité
chrétienne en quelques propositions claires et simples. Même si le résultat
se révèle insuffisant, il aura peut-être quand même l'avantage de susciter
chez d'autres une recherche ultérieure, et par là de nouveaux progrès
34.
1) L'individu et le tout
* Pour nous, hommes d'aujourd'hui,
ajoute Benoît XVI,
le scandale fondamental du christianisme consiste tout d'abord simplement
dans l'extériorité dont la réalité religieuse paraît affectée.
C'est pour nous un scandale que Dieu doive être
communiqué par tout un appareil extérieur : l'Église, les sacrements, le
dogme, ou même simplement la prédication (kérygme),
dans laquelle on se réfugie volontiers pour atténuer
le scandale, et qui cependant est aussi quelque chose d'extérieur.
Face à tout cela se pose la question : Dieu
habite-t-il donc dans des institutions, des événements ou des paroles.? Est-ce que l'Éternel n'atteint pas chacun de nous de
l'intérieur
?
A cela, il faut d'abord répondre simplement par
l'affirmative, en ajoutant : s'il n'y avait que Dieu et une somme
d'individus, on n'aurait que faire du christianisme. Le salut de l'individu,
en tant qu'individu, peut et pourrait
être opéré par Dieu directement et immédiatement,
et c'est bien ce qui arrive sans cesse.
Dieu n'a pas
besoin d'intermédiaire pour pénétrer dans l'âme de l'individu, auquel il est
plus intime que celui-ci ne l'est à lui-même
; rien ne saurait pénétrer plus profondément
dans l'homme que lui, qui atteint cette créature au plus intime de son
intériorité. Pour ne sauver qu'un individu, on n'aurait besoin
ni d'une Église, ni d'une histoire du salut, ni d'une incarnation, ni d'une
passion de Dieu dans le monde. Mais c'est ici précisément qu'il faut ajouter
l'affirmation ultérieure : la foi chrétienne ne part pas de l'individu
atomisé, elle procède de la constatation que l'individu pur et simple
n'existe pas, que l'homme ne devient lui-même que par
son insertion dans le tout : dans l'humanité, dans l'histoire, dans le
cosmos, comme il convient et comme il est essentiel à un «
esprit dans un corps.».
Le principe « corps » et « corporalité » qui régit la
condition humaine signifie deux choses : d'une part,
le corps sépare les hommes les uns des autres,
les rend impénétrables les uns aux autres.
Le corps, en tant que
forme remplissant un espace et posant des limites, empêche que l'un soit
entièrement dans l'autre ; il dresse une ligne de séparation, qui signifie
distance et limite, il nous condamne à vivre
séparés les uns des autres et de ce point de vue,
il est un principe de dissociation.
Mais en même temps, être dans la corporalité implique
nécessairement aussi histoire et communauté ; car si le pur esprit
peut, à la rigueur, être conçu comme étant pour soi, la corporalité, elle,
implique l'origine à partir d'un autre : les hommes vivent, dans un sens
très réel et en même temps très complexe, les uns des autres. Car si la
dépendance mutuelle est entendue tout d'abord au sens physique (depuis la
naissance jusqu'aux multiples réseaux de l'assistance matérielle
réciproque), elle signifie, pour celui qui est esprit
incarné, que l'esprit lui aussi - donc tout l'homme - est marqué très
profondément par son appartenance à l'ensemble de l'humanité, de l'unique
« Adam
».
Ainsi l'homme apparaît comme un être qui ne peut exister
qu'en dépendance d'un autre ; ou pour reprendre un mot du grand théologien Möhler
de Tübingen : « L'homme, en tant qu'être
totalement relationnel, ne se réalise pas par lui-même, quoique non plus
sans lui-même 35
» Franz von Baader, contemporain de Möhler,
a exprimé la même chose d'une manière encore plus nette, en disant qu'il
était aussi insensé « de déduire la connaissance de Dieu, et de tous les
êtres doués ou non d'intelligence, à partir de la connaissance de soi (de
la conscience de soi), que de vouloir déduire tout amour de l'amour
de soi 36
». Ici est repoussé catégoriquement le principe de Descartes qui, en fondant
la philosophie sur la conscience (cogito, ergo sum :
je pense, donc je suis), a déterminé le destin
de la pensée moderne jusque dans les formes actuelles de la philosophie
transcendantale. De même que l'amour de soi n'est pas la forme originelle de
l'amour, mais tout au plus une forme dérivée, de même que l'on ne peut
arriver à saisir le propre de l'amour qu'en le
concevant comme relation, c'est-à-dire à partir de l'autre, de même
la connaissance humaine n'est réalité que dans le sens de « être connu », «
être amené à connaître », c'est-à-dire là aussi « à partir de l'autre ».
L'homme véritable n'entre même pas dans mon champ de vision, si je ne fais
que sonder la solitude du Moi, de la perception que j'ai de moi, car alors
j'élimine d'emblée le point de départ de la possibilité de devenir moi-même,
et par le fait même sa caractéristique essentielle. C'est pourquoi Baader a
délibérément transformé, et sans doute avec raison, le « cogito, ergo sum
» de Descartes en un « cogitor, ergo sum », non pas : « Je pense,
donc je suis, » mais, « Je suis pensé, c'est
pourquoi je suis ». Connaître, pour
l'homme, c'est d'abord être connu ; c'est de là qu'il faut
nécessairement partir si l'on veut comprendre sa connaissance et le
comprendre lui-même.
Faisons un pas
de plus : être-homme, c'est « être-avec » (Mit-Sein), et cela dans
tous les sens ; en tout homme, il y a non seulement le présent hic et
nunc, mais aussi à la fois le passé et l'avenir de l'humanité, celle-ci
se révélant de plus en plus, lorsqu'on y regarde de près, comme un unique «
Adam ». Nous ne pouvons entrer ici dans les détails. Contentons-nous de
quelques indications. Il suffit de penser que toute la vie de notre esprit
dépend du langage, en ajoutant que le langage ne date pas d'aujourd'hui : il
vient de loin, toute l'histoire a contribué à le tisser et elle s'introduit
en nous, grâce à lui, comme présupposé indispensable de notre présent, et
même comme élément permanent de ce présent. Inversement, l'homme est l'être
tendu vers l'avenir qui, dans le « souci
»,
se projette sans cesse au-delà
du moment présent et qui serait incapable d'exister plus longtemps, s'il se
voyait subitement privé d'avenir
37». Nous devons donc dire que le
simple individu, l'homme-monade [ndlr :
qui vient du mot μόνος, « unique »] de la Renaissance, l'être qui serait pur «
cogito-ergo-sum » n'existe pas. L'homme n'est vraiment homme qu'à
l'intérieur de la trame totale de l'histoire qui affecte, à travers le
langage et la communication sociale, chaque individu, celui-ci, de son côté,
trouvant de quoi réaliser son existence dans ce modèle collectif, où il est
par avance déjà compris et qui constitue la sphère de son épanouissement.
Il
n'est pas vrai que chaque homme se construit à neuf,
à partir du point zéro
de sa liberté, comme le voulait l'idéalisme allemand. Il n'est pas un être
qui recommence toujours au point zéro ; il ne peut réaliser ce qu'il a de
propre et de neuf qu'en s'intégrant dans la totalité du donné humain qui le
précède, le marque et le façonne.
* Par là nous revenons à la question de départ et nous
pouvons maintenant affirmer : l'Église et le christianisme ont affaire à
l'homme ainsi compris. Ils n'auraient pas de raison d'être, s'il n'y avait
que la monade-homme, l'être du cogito-ergo-sum. Ils sont ordonnés à
l'homme, qui est « être-avec
» et qui n'existe que dans les interrelations
collectives découlant du principe de la corporalité. L'Église et le
christianisme en général sont là à cause de l'histoire, à cause de la trame
des rapports collectifs qui façonnent l'homme. C'est à ce niveau qu'il faut
les comprendre. Leur sens, c'est d'être au service de l'histoire en tant
qu'histoire, de percer ou de transformer la grille collective qui forme le
lieu de l'existence humaine. Selon la lettre aux Éphésiens,
l'œuvre de salut
accomplie par le Christ a consisté dans l'asservissement des principautés et
des puissances, lesquelles, selon l'interprétation développée d'Origène,
sont les puissances collectives qui enserrent l'homme : la puissance du
milieu ambiant, de la tradition nationale, cet « on » qui pèse sur
l'homme et le
détruit
38.
Des catégories telles que péché originel, résurrection de la chair, jugement
universel, ne peuvent se comprendre que dans cette optique. Le péché
originel réside précisément dans ce filet collectif qui précède l'existence
individuelle comme donnée morale préalable, et non pas dans une certaine
hérédité biologique entre individus totalement isolés par ailleurs. Parler
du péché originel, c'est dire que nul homme ne peut plus commencer au point
zéro, dans un « status integritatis », un état d'intégrité (= non
affecté par l'histoire). Nul ne se trouve dans cet état initial d'intégrité,
où il n'aurait qu'à s'épanouir et à entreprendre le bien qu'il projette ;
chacun vit dans un réseau de relations qui constituent une partie de son
existence. Le jugement universel, de son côté, est la réponse à ces
interrelations collectives. La résurrection exprime l'idée que l'immortalité
de l'homme ne peut exister et être conçue que dans la communion des hommes,
dans l'homme en tant qu'être communautaire, comme nous aurons encore à le
voir de plus près. Enfin le concept de rédemption, comme nous l'avons déjà
dit, n'a de sens qu'à ce niveau ; il ne se rapporte pas à un destin monadique
et isolé de l'individu. S'il faut donc
chercher là le niveau de réalité du christianisme, dans ce que, faute d'un
mot plus adéquat, nous appellerons en résumé le domaine de l'historicité,
nous pouvons ajouter pour préciser : être chrétien, c'est, comme orientation
première, non pas un charisme individuel mais social ; on n'est pas chrétien
parce que seuls les chrétiens seront sauvés, mais on est chrétien parce que,
pour l'histoire, la diaconie chrétienne a un sens et est indispensable.
* Ici se présente une nouvelle donnée très importante qui,
à première vue, semble aller exactement en sens contraire, mais qui est en
réalité conséquence nécessaire des réflexions précédentes. En effet, si l'on
est chrétien pour participer à une diaconie en faveur de la collectivité,
cela signifie en même temps qu'à cause justement de cette relation à
l'ensemble, le christianisme vit de l'individu et pour l'individu ; car c'est
à partir de l'individu seulement que peut se réaliser la transformation de
l'histoire et la rupture de la dictature du milieu ambiant. A mon sens,
c'est là que se trouve le fondement de ce qui, pour les autres religions et
l'homme d'aujourd'hui, demeure incompréhensible ; à savoir que dans le
christianisme, tout
en définitive, dépend
d'un seul,
de l'homme Jésus de Nazareth, celui que le milieu ambiant - l'opinion
publique - a crucifié et qui, sur la croix, a brisé la puissance du « on »,
la puissance de l'anonymat, dont l'homme est prisonnier.
Face à cette puissance se dresse désormais
le nom de cet homme particulier Jésus-Christ,
qui appelle
les hommes à le suivre, c'est-à-dire à porter comme lui la croix, à
triompher du monde sur la croix et à contribuer au renouvellement de
l'histoire. C'est parce que le christianisme envisage l'histoire en son
entier que l'appel du Christ s'adresse radicalement à l'individu ; c'est pour
cette raison que le christianisme dépend entièrement de l'homme particulier
et unique en qui s'est réalisée la trouée à travers l'état d'asservissement
aux puissances et aux principautés. Autrement dit : parce que le
christianisme est ordonné à l'ensemble, et ne peut être conçu qu'à partir de
la communauté et pour elle, parce qu'il n'est pas salut pour l'individu
isolé, mais service de l'ensemble auquel l'individu ne peut ni ne doit se
dérober, pour cette raison même, il comporte un principe du «
particulier ».
Le scandale inouï, qu'un individu unique et particulier, Jésus-Christ,
soit reconnu par la foi comme le salut du monde, trouve ici le fondement de
sa nécessité interne. L'individu particulier est le salut de
l'ensemble, et l'ensemble ne reçoit son salut que de cet homme particulier
qui est véritablement le salut et qui par là-même cesse d'être pour lui seul. A mon
avis, poursuit Benoît XVI, on peut comprendre aussi à partir de là qu'il n'y ait pas un pareil
recours à l'individu particulier dans d'autres religions. L'hindouisme ne
vise pas en fin de compte l'ensemble, mais l'individu qui opère son salut
personnel, en s'évadant hors du monde, hors de la roue de la Maya. Parce que
dans son intention la plus profonde, il ne cherche pas l'ensemble, mais
voudrait seulement arracher l'individu à la perdition, il ne peut
reconnaître un autre
individu
particulier qui ait pour moi
une
signification et un rôle de salut décisifs. En dévalorisant le tout, il en
vient ainsi à dévaloriser également l'individu, parce que la catégorie du «
pour » disparaît 39.
En résumé, les réflexions précédentes
nous auront permis de constater que le christianisme procède du principe de
« corporalité » (historicité) ; qu'il doit être pensé au plan de l'ensemble
et n'a de sens qu'à ce niveau-là, mais que pour cette raison même, il pose
et doit poser un principe du « particulier
», qui constitue son scandale et qui pourtant apparaît ici intrinsèquement
nécessaire et rationnel.
Notes :
34. Dans les pages qui suivent, je reprends
largement des idées développées d'abord dans mon petit livre Vom Sinn des
Christseins, München, 1966, et j'essaye de les
systématiser et de les incorporer dans le contexte des réflexions de ce
livre.
35. C'est ainsi que J. R. Geiselmann,
reproduit, en les résumant, les idées développées par MÖHLER
dans Theolotische Quartalschriƒt,
1830, pp. 582 s, : J. R. GEISELMANN, Die Heiiige Schriƒt
und die Tradition, Freiburg, 1962, p. 56.
36. D'après J. R. GEISELMANN, ibld., p. 56: - F. VON BAADER, « Vorlesungen
über spéculative Dogmatik » (1830), p. 7, dans
Werke, VIII p. 231 ; - cf. MÖHLER, op.
cit.
37. Cf. à ce propos la remarque de E. MOUNIER
dans : Esprit, (janvier 1947) :Un speaker de la Radio n'avait que
trop bien réussi à évoquer la catastrophe de la fin du monde. Sommet de
l'absurdité : des hommes se suicidèrent, pour ne pas mourir. Ce réflexe
manifestement insensé prouve que nous vivons bien plus d'avenir que de
présent. Un homme qui se voit subitement privé d'avenir, est un homme qui
est déjà privé de la vie elle-même. - Pour le thème indiqué, cf. M.
HEIDEGGER, « Sein des Daseins als Sorge », Sein und Zeit, Tübingen,
1967, pp. 191-196.
38. Cf. J. RATZINGER, « Menschheit und
Staatenbau in der Sicht der frühen Kirche », dans
Studium générale, 14 (1961), pp. 664-682, surtout 666-674; - H.
SCHLIER, Mächte und Gewalten im Neuen Testament,
Freiburg, 1958, surtout pp. 23 s., 27,29. - Pour le « on » (« man
») cf. HEIDEGGER, Sein und Zeit, Tübingen,
1967, pp. 126-130.
39. Cf. à ce sujet, l'enquête instructive de
J. NEUNER, « Religion und Riten. Die Opferlebre der Bhagavadgita »,
dans Zeitschriƒt fur katholische Théologie,
73 (1951). pp. 170-213.
TABLE DES CHAPITRES :
1)
L'individu et le tout
2)
Le principe « pour »
3)
La loi de l'incognito
4)
La loi de la surabondance
5)
Accomplissement et espérance
6)
Le primat de l'accueil et la positivité chrétienne
7)
Résumé : l'essence du christianisme
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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit
XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.04.2023
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