Le Cardinal Vingt-Trois au sujet de
la levée par Benoît XVI des excommunications |
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Le 01 février 2009 -
(E.S.M.)
- Une semaine après l’annonce par le Vatican de la levée de
l’excommunication des quatre évêques intégristes, dont l’un, Richard
Williamson, nie la Shoah, la polémique ne retombe pas, particulièrement
en France.
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Le cardinal Vingt-Trois
Interview du Cardinal Vingt-Trois au Parisien au sujet de la levée des
excommunications
Le 01 février 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Une semaine après l’annonce par le Vatican de la levée de l’excommunication
des quatre évêques intégristes, dont l’un, Richard Williamson, nie la Shoah,
la polémique ne retombe pas, particulièrement en France. « Je crois qu’il
n’y a pas eu de chambres à gaz », avait déclaré le 21 janvier le prélat
britannique à la télévision suédoise. Hier, le grand rabbin de France,
Gilles Bernheim qui sera investi dans ses fonctions cet après-midi a
qualifié de « propos abjects » les propos négationnistes de Williamson. Dans
une interview exclusive accordée à notre journal, le cardinal-archevêque de
Paris, Mgr André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de
France, explique la décision de réintégrer les dissidents intégristes prise
par Benoît XVI, qui a par ailleurs nommé hier un évêque auxiliaire
ultraconservateur en Autriche. Mais il affirme aussi partager « le trouble
et l’indignation » des Français
Comprenez-vous le trouble et l’indignation que suscite chez les catholiques
l’annulation de l’excommunication des quatre évêques intégristes, dont celle
de Richard Williamson ?
Mgr André Vingt-Trois. Bien sûr, et je les partage. Mais ce que je trouve
indigne, ce n’est pas que le pape lève une mesure disciplinaire pour ouvrir
une porte à une évolution, si possible, des personnes concernées. Ce que je
trouve inacceptable, ce sont les propos négationnistes de Richard
Williamson. Ces mots suscitent l’horreur ! Mais la décision du pape ne
concerne pas les idées de Williamson. Elle est une mesure pour ouvrir une
discussion.
Que pensez-vous des « regrets sincères » exprimés vendredi par Williamson,
qui n’a toutefois pas retiré ses propos ?
Je ne suis pas juge des consciences pour savoir si ses regrets sont sincères
ou non. La question n’est d’ailleurs pas celle de sa sincérité mais de la
vérité historique. On attend de lui et de ses semblables qu’ils
reconnaissent la réalité historique des camps d’extermination et qu’ils le
disent.
Partagez-vous l’inquiétude de très nombreux catholiques qui ne comprennent
pas que le pape tende la main à des schismatiques réputés proches de
l’extrême droite ?
Le schisme n’est pas un choix politique. C’est une attitude religieuse. La
décision du pape n’est pas une main tendue vers des choix politiques, et
encore moins leur approbation. Sa mission est de travailler à l’unité de
l’Eglise. En levant les excommunications, il supprime un barrage et rend
possible un travail sur le fond. C’est maintenant aux intéressés de dire
s’ils sont décidés à retrouver leur place dans l’Eglise.
Aujourd’hui, diriez-vous au pape que Vatican II (liberté religieuse,
dialogue interreligieux…) n’est pas négociable face aux intégristes qui
émettent toujours des « réserves » sur ce sujet ?
Je n’ai pas besoin de dire au pape que le concile Vatican II n’est pas
négociable. Il en est assez convaincu lui-même et il l’a dit à nouveau
mercredi. Mais si cela peut l’aider, je suis tout disposé à lui dire que
nous partageons son avis. Le concile Vatican II, qui a rajeuni et revigoré
l’Eglise, a été un grand moment.
Pourquoi l’intervention de Benoît XVI - qui a dit mercredi sa « solidarité »
avec les juifs - n’a-t-elle pas suffi à apaiser la polémique ?
Je n’ai pas d’explication particulière. Peut-être que nous nous trouvons
devant un emballement et un climat passionnel dans lequel les arguments
raisonnables ne sont pas reconnus. Les propos du pape, mercredi dernier (sur
la condamnation de la négation de la Shoah) étaient clairs et sans
ambiguïté. Il faut sans doute laisser du temps pour qu’ils soient entendus
et compris.
Vous êtes le successeur du cardinal Jean-Marie Lustiger, dont la mère est
morte à Auschwitz. Qu’aurait-il pensé de cette affaire ?
Je n’aime pas faire parler les morts. Je suis convaincu qu’il n’avait que
dégoût pour tout ce qui touche au négationnisme de près ou de loin.
Quel message adressez-vous à la communauté juive de France, qui investit
aujourd’hui son nouveau grand rabbin, Gilles Bernheim ?
Mon absence de Paris ne me permettra pas d’assister à l’investiture du grand
rabbin Gilles Bernheim et je le regrette d’autant plus dans la situation
actuelle. Notre Eglise sera évidemment présente. Nous entretenons en France
des relations cordiales et fraternelles avec la communauté juive. A tous les
juifs rassemblés aujourd’hui, je veux dire combien les propos négationnistes
de Williamson, et d’autres, reflètent peu la position de la quasi-unanimité
des catholiques et, certainement pas celle de l’Eglise. Ils nous font
horreur. Ce qui blesse les juifs blesse aujourd’hui aussi les chrétiens.
Le dialogue entre juifs et catholiques ne risque-t-il pas d’en souffrir
durablement ?
Je voudrais demander à la communauté juive de ne pas condamner l’Eglise
catholique sur des propos extrêmement minoritaires de quelqu’un qui n’a
aucun statut et aucune mission dans notre Eglise. Le chemin que nous avons
parcouru ensemble et qui s’ouvre devant nous est trop important pour que
nous nous laissions manipuler par des ultras.
Propos recueillis par Philippe Baverel
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Sources :
catholique-paris
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.02.2009 -
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